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Règlement de comptes à QDC corral?

"... Issus d’une vendange très riche, ils manquaient cruellement (du moins pour ma sensibilité) de pureté, de fraîcheur et surtout d’expression précise du millésime et du terroir.J’ai du mal à comprendre les commentaires dithyrambiques de certains experts à leur sujet, sauf à admettre que nous ne sommes pas d’accord sur ce que nous appelons pourriture noble ! La viticulture et la vinification risquent d’être plus rigoureuses et soignées à l’avenir !..."

Petite entorse à ma volonté de ne pas vouloir polémiquer sur mon Blog, mais il est des petites phrases assassines et un peu pourries qui manquent singulièrement de noblesse également!

De quoi-t'est-ce qu'il retourne exactement? De l'appréciation que Michel Bettane porte sur le Château de Suronde, dans les Quarts-de-Chaume, et plus particulièrement sur les années Poirel, qui se sont achevées fin 2005 avec la vente du domaine. Francis Poirel, "vigneron idéaliste et idéalisé " par ses fans, soignait pourtant plutôt bien sa viticulture, certainement mieux que d'autres domaines de l'appellation au top du palmarès bettanien. Et en matière d'expression précise du terroir et du millésime, Francis se posait plutôt là, ne cherchant pas à corriger technologiquement les déficiences de la nature! Comment un dégustateur aussi chevronné que Michel Bettane peut-il passer autant au travers de la qualité des vins d'un tel domaine et d'un tel vigneron, voilà un mystère qui n'est pas prêt d'être éclairci! En tout cas, je ne goûte décidément pas ces vins-là comme lui, c'est normal, vous me direz, je ne suis qu'un modeste amateur idolâtre!

Ce qu'en pense M. Bettane:
2003 : 10/20 ("oxydation, boisé intempestif et vulgaire...")
2002 : 11/10 ("notes plus jurassiennes que ligériennes, boisé pas complètement net...")
1999 : 10/20 ("nez de pomme pas très net, noyé sous le boisé, acidulé, impur...")
1998 : 16/20 (ouf !)
1997 : 10/20 ("bouquet de pomme amère, absence de finesse et de pureté...")

(P.S.:merci à Luc Javaux à qui j'ai emprunté sans le lui dire sa petite synthèse des notes de M.B.. Tu ne m'en veux pas, hein, Luc? grinning smiley)
(P.S.2: je viens seulement de relever les notes jurassiennes qui ne valent que 11/20!)

Et ce que j'en ai pensé, lors de l'intégrale réalisée lors des Rencontres Vendéennes en 2004:

Quarts-de-Chaume 1995:*****

Année très sèche à l'origine d'un passerillage des raisins. La robe est dorée, brillante. Le nez est intense, terpénique débutant et confit, abricot sec, pâte de coing. La bouche est vive, portée par une belle acidité, longue. Minéralité et fruits secs s'expriment en rétro-olfaction. Très longue persistance! La barre est placée très haut pour une entrée en matière!

Quarts-de-Chaume 1996:*****

Année à botrytis. Si la robe est similaire, le nez est moins aromatique, plus minéral (graphite). S'y ajoutent des notes de coing. La bouche est un peu plus molle mais plus intense, plus profonde et plus grasse. La richesse se révèle dans le temps et dans la finale. Difficile de trancher entre 95 et 96! Lequel préférer? Sans aucun doute les deux, qui reflètent magnifiquement les différences entre millésimes.

Quarts-de-Chaume 1997:******

Ce millésime est en fait la somme des deux, puisque la chaleur de l'été a fait passeriller les raisins qui se sont gorgés à nouveau d'eau avec les pluies de septembre et le botrytis s'est finalement installé par la suite. Le nez d'abord un peu réservé, se livre par petites touches, hésitant entre la minéralité, le confit et le botrytis. Ce qui ne fait que le rendre plus complexe, en fait. La bouche est onctueuse mais fraîche, s'amplifie progressivement, la liqueur s'étale pour se fondre dans une finale en queue de paon. J'en suis bouche bée! Un vin grandissime qui ne souffre certainement pas d'un excès de manque de soufre!

Quarts-de-Chaume 1998:***

Année pluvieuse dans laquelle produire un vin liquoreux s'est révélé être un tour de force! Le nez est très original, pour ne pas dire surprenant, sur des notes de cake au rhum et aux raisins. Une vraie gourmandise qui évolue par la suite sur de la quinquina et de l'orange amère. La bouche est légèrement déséquilibrée avec une perception du sucre trop importante, mais dans le contexte, c'est un vin plus qu'honorable.

Quarts-de-Chaume 1999:****

Nez frais, légèrement mentholé, sur la cire et le miel. Une grande richesse en glycérol, donc, mais une fraîcheur bien présente grâce au menthol et à l'acidité.

Quarts-de-Chaume 2000:**

Encore un nouveau nez, pas le plus réussi, mais le millésime fut assez calamiteux. Des notes iodées, pharmaceutiques s'imposent à moi et ne me quittent plus. La bouche est épicée, un peu alcooleuse avec une finale dissociée et une rétro iodée.

Quarts-de-Chaume 2001:*****

Très acidulé, limite citronné, on décèle déjà de la minéralité (mine de crayon) et des notes confites d'abricot. La bouche est encore un peu dissociée mais la liqueur est belle. A attendre et ça devrait être très beau!

Quarts-de-Chaume 2002:****(*)

Echantillon tiré du fût. La robe est à peine trouble et le nez s'ouvre sur des notes fermentaires de pomme de bois. La liqueur est rafraîchissante et la finale très acidulée.

Quarts-de-Chaume 2003:****(*)

Tiré du fût également, la robe est trouble, le nez également fermentaire, sur la pomme, le cidre. A l'oreille, on entend la mer! Le vin pétille joyeusement. La bouche est grasse, riche et onctueuse, très concentrée avec une belle acidité et une finale fraîche. Un vin impressionnant qui devrait faire un malheur dans quelque temps!

Quarts-de-Chaume 2003, cuvée Victor et Joseph:******

Le coeur des Quarts, 29° potentiel! Liquoreux de l'extrême, 360 g de SR, 6° d'alcool, il possède une richesse énorme et la bouche reste fraîche malgré tout ce sucre! Un véritable PMG dans les Quarts!

Et lors d'une dégustation récente du millésime 2002:

Quarts de Chaume 2002, Château de Suronde

Dsc02476La robe est joliment dorée, comme une botte de paille en plein été. Le nez est d’une grande pureté, confit, botrytisé, et en même temps d’une grande minéralité. La bouche est droite, pure, sur le zeste de fruits confits, citron et orange, à la manière d’un florentin, mais sans le chocolat. Un équilibre éblouissant, d’une fraîcheur intense. Si j’avais été seigneur moyen-âgeux en Anjou, je me serais battu pour en avoir, de ce « quart de la récolte pendante sur le revers du coteau exposé au midi», et particulièrement dans ce millésime 2002,Dsc02478 l’antepénultième de Francis Poirel au Château de Suronde. Souhaitons-lui bonne chance pour la suite, et également bonne chance à son successeur qui devrait travailler dans le même esprit.

 




Je me demande si je ne vais pas ouvrir un 2003 bientôt, moi!

Olif

Commentaires

  • Olif,

    tu sais quand un vigneron fait des Sauvignon qui ne sentent pas le Sauvignon, ce n'est pas étonnant qu'il fasse des botrytis qui ne sentent pas le botrytis.
    Pour ce qui est de l'avenir l'on verra les commentaires et l'on pourra juger des critères de jugement de ce Mr.
    C'est trés facile de tirer sur l'ambulance....

    Saint-Vernier

  • 2002 : 11/10 ("notes plus jurassiennes que ligériennes, boisé pas complètement net...")

    11/10 donc plus que parfait. Finalement vous êtes d'accord sur la qualités des notes jurassiennes :-))

    Amitiés,
    Hamitan

  • C'est vrai que 11/10, comme note, c'est pas mal! :-) Mais le commentaire, hein! Le commentaire! Y a pas que les notes, dans la vie d'un dégustateur! :-) Tout ça, c'est la faute à Luc!

    Personnellement, j'ai l'impression que MB a tout faux depuis le début, avec Francis Poirel, et qu'il est trop fier pour avoir envie de faire marche arrière!

    J'ai eu la chance de faire le tour des Quarts avec Francis en 2003, les Quarts historiques, qui correspondent grosso modo à la parcelle de Suronde. J'ai eu le sentiment, même si je me défends d'avoir un avis autorisé dans ce domaine, que la bonne viticulture, elle se situait à l'époque à Suronde, et certainement pas à Bellerive la voisine! Nous en avions largement discuté alors! Dire que la viticulture chez Poirel est approximative, qu'il n'y a pas de respect du terroir et du millésime dans les vins de Suronde, c'est à mon sens refuser d'adhérer à la démarche qualitative du vigneron pour des raisons qui me sont totalement étrangères et qui me semblent totalement erronnées, impossibles à cautionner. Difficile à admettre de la part d'un dégustateur comme Michel Bettane! Et je ne comprends toujours pas pourquoi il s'enfonce à ce sujet!

  • Salut Olif,

    je ne suis pas sûr que Michel Bettane reproche un manque dans la viticulture à Francis Poirel. Plutôt, si j'ai bien compris pour en avoir un peu discuté en privé, un manque de rigueur dans la vinif et l'élevage.
    Je ne partage pas son avis, mais je pense aussi que Bettane déguste avec une autre grille que la nôtre et qu'une frange croissante de "nouveaux" passionnés ne se reconnaissent plus dans cette grille de lecture.
    Mais c'est une première impression qui demande à être étayée.

    @mitiés
    Phil

  • Ah aussi, décidément, tu as un bien plus grand talent que moi pour exprimer ton point de vue. Ma colère sur LPV n'a pas forcément servi Francis Poirel tout en blessant peut-être inutilement l'intégrité d'un grand crtitique (malgré nos désaccords et des faces d'ombre) et je le regrette sincèrement.
    Bravo à toi !

  • Pas d'inquiétude Ptitphilou.
    Ton avis sur la Loire, nous aimons l'avoir. Il est gracieux, sérieux, fiable et accessoirement gratos.
    Que demande le peuple ?

    Amitiés,
    Hamitan

  • Merci pour ces compliments qui me vont droit au coeur !
    Phil

  • Je ne peux qu'abonder dans le sens d'Hamitan, Ptitphilou! Et je rajouterais en plus que ton engagement en faveur des vins de Loire a l'accent de la sincérité, ce qui ne me semble pas être le cas de tout le monde dans cette affaire!

    Si MB ne reprochait pas un manque de rigueur et de soin dans la viticulture à Suronde, alors comment faut-il interpréter la dernière phrase du paragraphe que j'ai cité?

  • Beaucoup de questions et peu de réponses.
    Moi aussi, la semaine prochaine après un oral de concours, j'ouvre un QdC 03, que je viens de recevoir.
    @mitiés
    Phil

  • Pour une raison qui m'échappe en partie, mais que je pense liée au fait qu'il sent qu'il "existe" médiatiquement de moins en moins, M.B. est de plus en plus souvent à côté de la plaque. Je crois sincèrement qu'il y a une part d'aigreur dans tout cela et c'est bien dommage.
    J'ai déjeuné avec Francis Poirel mercredi dernier et il m'a longuement parlé de ses rapports avec M.B. J'ai trouvé Francis assez "zen" sur les derniers développements et je m'en réjouis car à mon sens on ne doit pas tirer sur une ambulance, surtout quand elle vire à l'aigreur et à la méchanceté, signe d'une détresse personnelle évidente.

    Philippe.

  • Et je viens de discuter au téléphone longuement avec Richard Leroy : quel homme-vigneron passionnant ! et éclairant.
    Phil

  • Eh! oui! Ptitphilou! Il ne va pas falloir manquer les prochaines Rencontres Vendéennes pour apprécier pleinement Richard Leroy et ses vins! Un excellent dégustateur, très fin dans son jugement, gébéreux, et des vins qui ne le sont pas moins (excellents, généreux et fins!).

  • Un Poirel, j'en connais un autre, mais il est fromager. Un grand Monsieur du fromage même...

  • Chers Amis dégustateurs,
    merci tout d'abord pour ces commentaires sur les vins de Francis Poirel.
    Concernant Michel Bettane et Francis Poirel (je précise que Francis est devenu un ami), je pense que vous oubliez une chose évidente qui malheureusement altère souvent le jugement des critiques de vins français (et pourtant j'admire Michel Bettane et notamment sa connaissance de la Bourgogne): Michel Bettane est ou a été en affaires avec le Château de Fesles à Bonnezeaux et est très copain avec Le Château Pierre Bise. Mais cela, il ne le dit pas quand il s'exprime à propos des autres vins liquoreux de la région ...

    Pour le reste, la vérité est dans le verre.

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