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château chalon

  • Jura is the new gold

    Jaune, comme un ciel breton photoshopé par un nuage lusitanien.

    Jaune, comme les feuilles de vigne qui virevoltent dans le foehn d'octobre.

    Jaune, comme le vin que l'on produit sous le piton rocheux de Château Chalon.

    John, comme un footballeur écossais et uruguayen dénommé Harley.

    Jaune, la couleur du temps et celle du moment.

    En face, la Côte est d'or, mais le vin n'est pas jaune.

    Ici, l'été indien a un autre nom. On l'appelle automne jurassien.

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  • Le Le Château Chalon

    Janvier, mois du blanc, comme chaque année. Avec des chiffres au plancher, autant en ce qui concerne les soldes litières que l'enneigement des pistes de ski jurassiennes.

     

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    Février, mois du jaune, comme chaque année aussi. Avec des chiffres au plafond, en ce qui concerne la plus importante manifestation viticole du Jura, la célèbre Percée du vin jaune.

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    Crédit photo

    Il faut bien l'avouer, il y a jaune et jaune. Celui qu'on siphonne du côté de Marseille, un bob Ricard ou Pastis sur la tête, en taquinant les boules de son voisin. Du jaune 51, généralement consommé dans un petit verre conique, avec ou sans eau, mais surtout beaucoup de glaçons. Ce n'est pas celui qui nous intéresse, non.

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    Et puis le vrai jaune, le seul, l'unique, le jaune 62, que l'on consomme dans un verre à vin normal*, généralement sans glace. Quoique...

     

     

    Les 1er et 2 février 2014 se tiendra donc la 18ème Percée du vin jaune à Perrigny et Conliège, villages de la banlieue lédonienne. Une Percée placée sous la présidence de Marie-Florence Pignier, qui a choisi de mettre en avant les pratiques biologiques et biodynamiques au travers d'une conférence et d'une exposition qui se tiendront, l'une à Conliège (le dimanche 2 février à 14 heures), l'autre à Perrigny (tout le week-end).

     

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    Et pour tous ceux qui souhaiteraient réviser un peu avant leur séjour jurassien, je leur conseille de se plonger avec délectation dans l'ouvrage majuscule qui vient de sortir, consacré au roi des breuvages ictériques, j'ai nommé  Le Château Chalon. Pour tout savoir sur le vin, son terroir, les hommes qui le produisent. Une bible, coordonnée par Jean Berthet-Bondet et Marie-Jeanne Roulière-Lambert aux éditions MétaJura, qui ne dépareillera pas dans une bonne bibliothèque ou une bonne cave.

     

    Olif

     

    * un verre à vin normal est un verre en verre, généralement à pied, qui ne sert pas à boire du Coca-Cola.

     

    P.S.: Olif est habillé par Pontarlier-Anis, l'autre jaune du massif du Jura.

     

    P.S.2: le Château Chalon massacré dans la vidéo est un 2003 de Jean-Claude Crédoz. Un vin très frais, même sans glaçons, pour un millésime soi-disant solaire. Il ne méritait pas ça. Chémonemi...

     

    P.S.3: la piscine a été immortalisée dans une capsule par la plus adorable des québecoises qui boit sur le web, malheureusement devenue très discrète depuis plus d'une année.

     

    P.S.4: le vin jaune, ça peut se picoler, comme aime à le dire Stéphane Tissot. Servi un peu frais (mais sans glaçons), ça gouleye un max! De là à le consommer en long drink...

     

  • Phoremidable!

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    2013, année de l'amphore dans le Jura. Tant pis pour la rime. L'une d'entre elle a fait son apparition chez un futur producteur d'Octavin de France du Jura. D'autres sont venues grossir les rangs du pionnier jurassien en la matière, Stéphane Tissot. Rejointes par une qvevri géorgienne, enterrée dans la cave pendant les vendanges, à côté des foudres du DD, et qui est désormais remplie de 1000 litres de trousseau dont on est impatient de découvrir ce que ça va bien pouvoir donner.

     

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    Avant de tâter de l'amphore, un peu de bulle, avec BBF et Indigène, puis de la barrique, avec les sélections parcellaires de Chardonnay du domaine. Toujours aussi bien définies par leur terroir, même si la Mailloche mailloche de moins en moins. Elle gagne en finesse tout en perdant sa rusticité fumée et épicée. On peut s'en réjouir comme le regretter. En 2011, elle a de surcroît fauté dans la Tour de Curon, pour apporter un équilibre inédit au domaine. Curon l'emporte, avec sa puissance, mais sa fougue a été domptée. Les Amants vont pouvoir s'endormir à la cave, sans craindre l'outrage du temps. Ne pas hésiter à les réveiller si le cœur vous en dit! Derrière, le Savagnin 2012 Amphore ne se laisse pas conter fleurette. Il est tout simplement formidable, à la hauteur des 3 millésimes précédents.

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    Et puis, flash-back. En Barberon 2000, premier blanc sans soufre de Stéphane Tissot. Depuis le millésime 2005, la cuvée est légèrement sulfitée à la mise, suite à des déboires sur le millésime 2004. Joli nez de chardo évolué, mais pur et précis. Le passage en carafe lui procure l'oxygène nécessaire à son épanouissement. Contrairement aux idées reçues, sans soufre ne rime pas avec vieillissement prématuré et oxydation. Au contraire, ce sont des vins qui demandent souvent du temps. Cet exemplaire en est la preuve toujours bien vivante.

     

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    Après un Poulsard DD 2012 hautement buvable, mais un peu plus ferme (sans accent) que le 2011, sans doute du fait de la présence de 20% de trousseau, le Trousseau Amphore en impose. Temps fort! Totalement différent du 2011, plus structuré et tannique, il va demander du temps. Un vin tout simplement formidable!

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    Et puis, vint En Barberon. Pinot noir 2012, 100% grappes entières, en infusion. Le top du top. Sans doute le meilleur jamais produit par Stéphane. Un summum de finesse et de délicatesse, la quintessence d'un grand pinot. Mais, le pinot noir, dans le Jura, t'oublies! De toute façon, il n'y en aura pas pour tout le monde.

    Après un Traminer 2012 qui nous a emmené l'espace d'un instant en Alsace (petite nouveauté avec ce millésime, le passage d'une petite proportion du vin en fût, pour étoffer la structure), le Jaune 2006 des Bruyères nous ramène du côté d'Arbois. Avant de repartir à peine plus au Sud, pour la dégustation en avant-première du Château Chalon 2007, premier du nom au domaine. Assemblage de deux pièces, prélevées au dzi, alors qu'il y en a cinq. Partagées entre cave fraîche et cave plus chaude, pour ne pas en faire un Château Chalon arboisien. La claque du jaune avec la finesse castelchalonnaise. On en reparlera avant longtemps, même si ce n'est qu'un petit aperçu de ce qu'il pourra donner une fois mis en clavelin!

    À quand le premier vin jaune en amphore?

     

    Olif

     

    P.S.: phoremidable ne rime certainement pas avec phore minable, mais c'est le bonus qui s'impose. Forcément!

     

  • La sueur de la vigne

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    Les femmes de ménage célestes ayant tout juste fini de récurer le sol du sang de la vigne qui l'entachait, voilà qu'un coin de ciel bleu daigna faire son apparition au dessus du rocher de Château Chalon. Pour mieux sécher les raisins et les marnes, bleues également, encore un peu détrempées et qui collent aux chaussures du randonneur de passage. On n'arrête pas le Progrès et c'est à la demande d'un des journalistes du quotidien jurassien que j'ai pris la route du vignoble, dans l'indifférence générale (Pierre Arditi étant parti tourner un peu plus loin). Pour une rencontre vigneronne doublée d'une interview, où il n'a absolument pas été question du meilleur vin blanc du Jura de l'année du monde. Tout ça dans le cadre d'une grande thématique vin à paraître quotidiennement début octobre, pendant les vendanges. On n'arrête pas le Progrès! Des vendanges 2013 dont le ban ne devrait pas tarder à être annoncé, sans doute la semaine prochaine pour les crémants. Derniers coups de rotofil sur les terrasses du Puits Saint-Pierre, là où la pente est particulièrement raide, juste sous l'abbatiale. Ce qui n'empêchera pas les futurs vendangeurs de bien suer dans la vigne.

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    Le marcheur qui entame l'ascension a le choix entre la route et le rang de vigne pour grimper vers le ciel. Le VTTiste suivra préférentiellement le balisage, qui ne manque pas de dénivelé avant le ravitaillement du sommet. De quoi programmer une belle escapade jurassienne pour le week-end. Là aussi en y laissant de la sueur, mais qui nourrira à peine le sol, imperméable aux pluies comme à la détresse physique humaine.

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    Et pendant ce temps, le savagnin verdit (il mûrit, quoi, rapport à sa couleur!).


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    Avant de suer sang et eau dans la vigne, il avait bien fallu s'hydrater un peu. Tout d'abord grâce à quelques produits locaux, cultivés et élevés dans le grand respect d'une tradition ancestrale, chez Gabrielle Rizzi. Des vins d'un classicisme exemplaire, empreints d'une relative rusticité de bon aloi. Mention particulière au Chardonnay 2010 de ce micro domaine familial, d'un seul petit hectare, dont une centaine d'ares en Château Chalon, pile sous  le rocher. Toute la (petite) récolte bientôt vendue directement aux particuliers et aux touristes, le petit caveau sis rue Saint-Jean va bientôt fermer, être démonté et consciencieusement rangé, afin de laisser la place à une cave plus vaste destinée à accueillir le tracteur en prévision des prochaines vendanges. Encore de la sueur en perspective!

     

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    À Château Chalon, la sueur n'a pourtant pas attendu le randonneur ou le vendangeur de passage pour couler. Il fut un temps où le sentier de petite randonnée vibrait sous les pas des vignerons qui l'empruntait pour aller travailler la vigne du Puits Saint-Pierre. Surtout ne pas oublier de leur rendre hommage, au vu du service rendu.

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    En débouchant une bonne bouteille avec la première fondue automnale du soir, par exemple. Un 2003 en train de virer vers des notes pétrolées au nez, mais d'une fraîcheur de structure à faire pâlir de jalousie un sculpteur sur glace.

     

     

    Olif

     

     

  • Saint-Glou 2012, Jurassic good trip...

     

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    Jura: vignoble dont on a fait une montagne. Accessoirement, département immatriculé 39, de couleur plutôt verte. Par ailleurs, bouteille spécifique de forme un peu particulière, destinée à accueillir du vin du Jura, quelle que soit sa couleur, sauf jaune.

    Entièrement situé dans le département du Jura, adossé au massif du Jura, le vignoble du Jura est une simple bande de terre de 80 km de long qui s'étend sur les coteaux du Revermont, de Salins les Bains jusqu'à Saint-Amour, aux portes de la Bresse, en passant par Arbois, Château Chalon et Rotalier. Reposant sur des sols argilo-calcaires qui sont à l'origine de certaines de ses particularités, ce petit bout de vigne affiche une sacrée personnalité. Séparé de la Bourgogne voisine par la large vallée de la Saône, il ne craint désormais plus l'ombre portée par le prestigieux voisin. Les marnes du Lias et du Trias ont permis l'épanouissement de cépages autochtones originaux particulièrement adaptés à ce type de sols, cépages que l'on ne retrouve nulle part ailleurs ou presque. Savagnin, poulsard (ou ploussard, peu importe, l'important, c'est d'en boire) et trousseau résistent bien au développement croissant du chardonnay et du pinot noir, cultivés aussi de longue date, mais vraisemblablement importés de Bourgogne. La renommée du vin du Jura lui vient en grande partie de l'un de ses produits-phare, le vin jaune. Cet accident oenologique, élevé pendant 6 ans dans un fût en vidange, sous un voile de levures qui le protègent d'une transformation en vinaigre, en ménageant son oxydation, donne un vin hors norme que le néophyte ne sera pas toujours à même d'apprécier à sa juste valeur. Les arômes caractéristiques de noix qu'il dégage font souvent fuir l'amateur de vins non-initié, autant qu'ils attirent comme des mouches ceux qui sont rompus à la dégustation de ce breuvage.

    Outre de grands vins, le Jura a également donné naissance à de grands hommes. Le plus célèbre d'entre eux est sans nul doute Louis Pasteur, qui a effectué une grande partie de ses travaux sur la fermentation alcoolique dans la petite ville d'Arbois. On ne le remerciera jamais assez d'avoir considéré le vin comme étant la plus saine et la plus hygiénique des boissons, mais on déplorera tout le mal causé aux fromages au lait cru par la pasteurisation. Le plus injustement méconnu des inventeurs jurassiens est sans conteste Charles Sauria, né à Saint-Lothain, dont l'éclairage fut plutôt bienvenu à l'intérieur des caves, une fois qu’il eût inventé l’allumette à friction.

    Les vins du Jura sont fort justement considérés par les Jurassiens comme les meilleurs des vins produits au monde.

     

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    Salins-les-Bains: cité thermale, d'art et d'histoire, ville sinueuse se faufilant entre les montagnes, en suivant le lit tourmenté de la Furieuse, Salins-les-Bains ne manque pas de sel. En 52 avant Jésus-Christ, Salins-les-Bains a failli devenir célèbre, en manquant de peu le siège de la bataille d'Alésia, qui s'est déroulée à une trentaine de kilomètres de là, du côté de Champagnole et Chaux des Crotenay. Le Jura, terre de défaite, mais pas tout le temps non plus, faudrait voir à ne pas trop pousser le bouchon. On murmure même que Rouget de Lisle, illustre natif de Lons-le-Saunier, a failli appeler son hymne national victorieux la Juraseillaise. C'est dire. En 2012 après Jésus-Christ, Salins-les-Bains est devenue totalement mythique, pour avoir accueilli le camp de base des adorateurs de Saint-Glou, qui, comme chacun sait désormais, se fête avec tous les autres Saints. Glou, saint patron des buveurs, a donc élu domicile temporaire au pied du Mont Poupet, haut-lieu du vol libre et, désormais, du vin libre. Pour une canonisation rituelle et annuelle dans les règles de l'art, une large et belle victoire digne de Jules César. "La Saint-Glou 2012, j'y étais!" pourront dire en 2052, la larme à l'oeil, les survivants, encore poilus ou pas.

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    Pour profiter pleinement d'un séjour, il faut bien dormir, c'est une évidence. La Maison Salines, qui a ouvert ses portes en juillet cet année, ne manque pas d'atouts. Cet ancien hôtel particulier, rénové avec classe et avec goût, dans le respect du style de l'habitation, possède tout le confort moderne. Ses immenses salons favorisent la bonne convivialité, les afters prolongés et les debriefings passionnants. Possédant 5 belles chambres, aux lits confortables, indispensables à la bonne récupération des glouglouteurs, elle permet de loger une dizaine de personnes, ce qui peut nécessiter de réserver des annexes, pour contenir l'invasion de la Séquanie par des hordes de Belges assoiffés, le tire-bouchon entre les dents, qui ignorent encore que la guerre des Gaules est terminée, depuis une certaine bataille qui s'est déroulée pas très loin d'ici (voir plus haut). Une fois les participants excédentaires logés, qui dans un petit gîte attenant, qui à l'Hôtel voisin des Deux Forts (tirant son nom de la présence toute proche du fort Belin et du fort Saint-André, surplombant la ville, rien à voir donc avec la corpulence des gaillards qui y dorment), la Saint-Glou peut officiellement débuter. Direction Arbois, aux Jardins de Saint-Vincent, pour une soirée apéritive autour de la relève vigneronne arboisienne.

     

    Les Jardins de Saint-Vincent, Arbois: quel autre endroit pourrait être plus indiqué pour découvrir les jeunes vignerons jurassiens? Le jardinier Stéphane Planche en mission sommellerie dans le Mâconnais, c'est Julien qui est aux manettes, solidement épaulé par une triplette vigneronne, eux-même parfois assistés de leur secrétariat de direction.

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    Au menu, des jus de 2012, en avant-première mais pas en primeur, le Plouplou nouveau n'ayant pas encore fait suffisamment école pour se contenter d'élevage aussi bref. Charles Dagand, du domaine de L'Octavin a le privilège de l'ancienneté. Tout auréolé d'une bonne et belle assurance, il n'a pas tremblé, lorsqu'il s'est agi de faire goûter ses jus. Encore un bien joli travail sur l'enzymatique, pour la cuvée 2012 du trousseau des Corvées, dite cuvée du nain, une macération carbonique complètement maîtrisée. Pamina 2009, le chardonnay de la Mailloche, se boit comme du petit lait.

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    Renaud Bruyère n'en est qu'à son deuxième millésime, mais n'a déjà plus rien à vendre. Petit domaine, petite production et un travail à temps partiel chez Stéphane Tissot. Depuis qu'Adeline a quitté le GAEC Houillon pour le rejoindre, l'idée est effectivement de s'agrandir. Les 2012, blancs comme les rouges, sont déjà superbes et donnent envie d'en boire. L'ultime bouteille d'Arbois blanc 2011, miraculeusement sauvée de la cave des Jardins pour l'occasion, a fait des étincelles.

     

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    Alexis Porteret a démarré l'aventure des Bodines avec le millésime 2010. Secondé par sa femme Émilie, il continue de travailler au domaine de la Pinte, tout en produisant quelques fabuleux jus de trousseau, poulsard, chardonnay ou savagnin. Les rouges 2012 promettent de belles choses et confirment haut la main la très bonne impression déjà laissée par les deux millésimes antérieurs.

     

    Stéphane Tissot, Montigny-les-Arsures:

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    Quand Stéphane Tissot montre la Mailloche, le Saint-Glouglouteur photographie le doigt...

     

    On ne présente plus la star du vignoble arboisien, chargé d'ouvrir le bal du Savagnin day. Ou, comment tenter de faire appréhender la complexité, la grandeur et le potentiel de ce cépage en une seule journée. Le savagnin dans tous ses états, ou presque, pour un remake in situ d'une certaine dégustation vendéenne... Pendant des décennies, on a voulu faire croire au peuple que l'arôme typique de ce cépage était la noix et que cela correspondait parfaitement au goût du Jura. Une question de mode et de loi du marché, essentiellement local, pour ce breuvage exclusivement caractérisé par une typicité d'élevage.

     

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    À peine le temps d'un BBF apéritif, départ en courant pour profiter d'une éclaircie, direction En Muzard, pour une petite leçon de terroir, méthode Assimil accélérée. L'élément-clé du terroir jurassien, ce sont évidemment les marnes. Rouges, jaunes, bleues, blanches, irisées. Les rouges proviennent du trias. Ce sont géologiquement les plus anciennes et elles conviennent particulièrement bien au trousseau. Montigny en est fort bien dotée, ce qui lui a valu le titre de Capitale mondiale du trousseau. On ne demande qu'à vérifier, même en jour "savagnin".

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    Retour au caveau, donc. Et, en théorie, au savagnin. Après quelques chardonnays, quand même, pour une dégustation en jour "racines et des ailes*". Graviers, En Barberon et Clos de la Tour de Curon 10 témoignent de la belle expression du millésime, après des 09 un peu plus riches. Et puis un superbe et juvénile Clos de la Tour de Curon 2004, le premier millésime de cette parcelle exclusivement calcaire, pour mieux cerner la problématique calcaire vs argile. Et aussi En Barberon blanc 2000, la première cuvée sans soufre en blanc du domaine. Un peu de rouge, pour continuer de se faire la bouche, dont le poulsard du DD 2012, une véritable carbo en foudre, mais qui n'en a pas l'air, et qui se sirote à grandes lampées, et un impressionnant Trousseau 2011, en jour "amphore", la première tentative d'élevage dans ce contenant sur un rouge au domaine. Et puis le savagnin, enfin. En commençant par un Traminer 11, parti à la recherche de ses racines alsaciennes. Et enfin, avant de passer au jaune, ce vin orange totalement envoûtant, magnifié par la terre cuite, dans le millésime 2011.

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    Les blancs de macération, dits blancs cuvés, semblent être une très ancienne tradition arboisienne, inconnue de tous, y compris des arboisiens. La première expérience de Stéphane Tissot remonte à 1992, sur un savagnin, justement. Élevé pendant 6 ans sous voile. Le premier vin jaune orange au monde, en fait. On en a profité pour le goûter, pendant qu'on y était. Réellement étonnante cette petite sensation tannique finale apportée par la macération. La transition toute trouvée pour basculer dans le monde de l'oxydatif, une indéniable tradition jurassienne. Un petit tour dans la cave à jaunes, située à l'étage (il en existe une deuxième, plus fraiche, pour jouer sur le style des vins) permet d'appréhender visuellement le voile et de le humer. Hummmm! Des flaveurs complètement différentes selon les fûts et/ou le millésime, entre malt et épices, mais sans la noix. Et, en bouche, une expression complètement différente en fonction du terroir, puisque Stéphane pratique des vinifications parcellaires sur ses jaunes depuis 2003. Les Bruyères, En Spois, la Vasée, et, prochainement, la Mailloche, bénéficient donc d'un enclavelinage séparé.

     

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    Séance shooting pour vin orange en carafe...


    Et en guise de conclusion, l'apothéose finale avec la cuvée Mélody 2004, savagnin de glace récolté le 22 décembre par -11°C. L'unique vin de ce type produit ici, sur une parcelle laissée volontairement en surmaturité, mais que les conditions climatiques automnales n'ont pas permis de vendanger tardivement dans de bonnes conditions. Ultime chance: que l'hiver rattrape le coup, ce qui fut fait de fort belle façon. Un vin d'exception, à l'équilibre magique et glacé, dont on ne se lasse pas.


    Cancoillotte, Mont d'Or, Morteau, pommes de terre et pitits gâteaux conticiniens

     

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    Le savagnin, ça donne faim, surtout après 4 heures de dégustation. Il était grand temps de rentrer à la Maison Salines pour un déjeuner franc-comtois roboratif, constitué de produits du cru et du meilleur de la pâtisserie parisienne. La cancoillotte maison a été élaborée à partir de metton de la maison Poitrey et il a fallu touiller, ça c'est sûr! Le tout accompagné de quelques vins de vignobles voisins, conviés à table. La cuvée des Gueux 2009, un beau Chignin collaboratif, bien rond, élaboré par la famille Berlioz, n'a pas été trop dépaysée par l'accord fromager.


    Laurent Macle, Château Chalon:

    C'est le ventre bien rempli que les pélerins de la Saint-Glou ont alors pris le chemin de Château Chalon, à la nuit tombante et sous une pluie battante, pour pénétrer dans le Saint des Saints, une cave fraîche à vin jaune.

     

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    Ici, d'ailleurs, on ne fait pas de vin jaune. Uniquement du Château Chalon, le seul et unique grand cru de cette couleur, même si ce n'est pas officiel. Appellation modèle, qui essaie de tirer l'ensemble des viticulteurs vers le haut pour valoriser le cru (déclassement complet d'une récolte lorsque le degré n'est pas au rendez-vous, comme en 2001, par exemple). Pour se faire la bouche, comme il est désormais de coutume lorque l'on déguste en compagnie de Laurent Macle, un chardonnay ouillé, celui des Vendanges à Manue. Millésime 2010 et une jolie fraîcheur acidulée. Le tradition 2009 est pour l'instant encore un peu sous influence du millésime, avec richesse et rondeur. Beaucoup plus tranchant, le 2008 remporte les suffrages. Même décalage entre Château Chalon 2005 et 2004. Le Côtes du Jura 1979 et le Château Chalon 1982 arrivent à point pour faire juge de paix et donner des envies de coq!

     

    La Balance, Mets et vins, Arbois:

    Ça balance pas mal, à Arbois, ça Balance. Thierry Moyne y veille depuis un certain nombre d'années, maintenant. L'idée, pour prolonger le Savagnin day jusqu'au bout de la nuit, c'était finir sur un coq. Au vin jaune, évidemment. Celui de la Balance est mijoté et servi en cocotte. Du bonheur pour un coq. Quasiment en pâte. Avec quelques vieux jaunes pour l'accompagner, j'en ai bien peur. Après un ou deux magnums de Pupillin 2011 du domaine Overnoy-Houillon pour se préparer le palais et étancher la soif, il est vrai.

     

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    De gauche à droite, par ordre d'apparition sur la table:

    -L'Étoile 1990 du domaine de Montbourgeau: une vinification signée du père de Nicole Deriau, Monsieur Jean Gros, absolument rien à voir avec moi, donc. Une grande émotion pour le bistrotier du fond à gauche, qui a assidument fréquenté le domaine à cette époque. De la finesse dans l'oxydation et une jolie acidité qui maintient le vin encore largement debout.

    - Arbois 1987 Camille Loye: celui-là, il est encore parfaitement juvénile, loin de la retraite, contrairement à Monsieur Camille, qui a cessé son activité et vendu ses vignes en 1990. Un vin taillé pour une (encore) très longue garde, à l'image des 79 et 82 qui se donnent à fond actuellement.

    -Château Chalon 1986, Domaine Berthet-Bondet: le vin d'Eva, même s'il fait beaucoup moins jeune qu'elle. On approche déjà la quintessence d'expression d'un jaune un peu évolué. Miel, épices, morilles, un chouïa de noix, aussi. Mais pas trop. Très bon.

    -Arbois Vin jaune 1988, Jacques Puffeney: le vin d'un gars du métier. Plus claquant que le Château Chalon, mais aussi plus réservé. Un vrai jaune d'Arbois, massif et puissant, qui aurait encore mérité de longues années de garde.

    -Arbois Vin jaune 1996, Domaine de la Tournelle: plus fin que puissant, c'est toutefois une petite déception, du fait d'un déséquilibre sur l'acidité. A revoir ou à attendre..?

    -Arbois 1999, Michel Gahier: la grosse claque de la soirée, côté jaune. Un maillot pas volé, tellement il se boit avec délectation et gourmandise. Déjà bon très jeune, il est encore meilleur maintenant et le sera sans doute toujours plus tard, mais il est surtout doté d'un fort coefficient de torchabilité, ce qui n'est pas si courant pour un jaune.

     

    Maison Pierre Overnoy, Pupillin:

     

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    Pupillin, 11 heures du matin, dans l'antre de Maître Yoda, malheureusement absent pour cause de mission sanitaire. Anne et Emmanuel Houillon sont là pour nous accueillir. Dans le contrejour de la grande salle à manger de Pierre Overnoy, le ploussard 2011 (deuxième mise) resplendit dans les verres. De couleur très pelure d'oignon, ce n'en est pas pour autant un rosé, avec ses petits tanins fins, ses notes d'orange confite et d'épices. Pour Manu, il se rapproche des vins de Guy, frère de Pierre, qui s'épanouissent toujours en finesse. Il n'en subsiste que de très vieux millésimes dans la cave du domaine, goûtés de temps en temps lors de séances de dégustation organisées par Pierre.

    Aujourd'hui, malgré l'absence du maître de maison, également Maître loyal de ce genre d'exercice gustatif, la mission reste identique. Vins servis à l'aveugle, 0,8 seconde pour prendre le premier nez. Cépage, millésime, producteur et éventuellement la marque des roues du tracteur qui a transporté la vendange. Avec une question subsidiaire pour les plus pointus, la couleur des marnes où sont plantées les vignes.

     

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    0,8 seconde pour le premier nez, pas une de plus!

     

    De cette dégustation d'anthologie, vécue de façon purement hédoniste, sans aucune prise de notes, il faut forcément retenir quelques bouteilles, qui émergent à la surface de la mémoire. Comme cet énormissime vin jaune 1999, le premier à être produit depuis le mémorable 1989. Exception faite néanmoins du 93, qui, lui, ne sera jamais commercialisé. Presque 20 ans sous voile. Du jus de concentration de quintessence d'essence de jaune. Les anges se sont gavés, mais le dé à coudre qu'ils ont laissé permet d'entrevoir le caractère ultime du processus. Des notes épicées d'une infinie douceur, une rondeur suave en bouche et un alcool puissant mais fondu. On croirait boire un vieux rhum patiné par le fût et les ans. Et encore ce ploussard 91, toujours debout, dans un tout petit millésime que tous les vignerons voudraient avoir oublié, mais qui, ici, refuse de mourir. Tout au plus une petite faiblesse au nez, compensée par une bouche qui a encore de l'allant.

     

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    Avec moult terrines, puis saucisses vigneronnes, cuites au vin sur des sarments, les bouchons ont continué de sauter. En magnum de préférence, mais pas que. Anglore au foulard rouge, Clos des Vignes du Mayne, pinot noir alsacien de Bruno Schueller et même du persan de Nicolas Gonin en Balmes Dauphinoises. Avant un petit morceau de gâteau très conticinien d'Édouard Hirsinger, suivi d'une petite promenade digestive au belvédère du vignoble pour les plus courageux, les autres se contentant d'un petit tour en monte-charges à la cave.

     

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    Malgré son absence temporaire, Maître Yoda n'a jamais été bien loin de nous...

     

    Chocolaterie Hirsinger, Arbois:

    Rendez-vous avait été pris à 18 heures chez Édouard Hirsinger, Meilleur Ouvrier de France et Meilleur Chocolatier du Cosmos. On a failli être en retard. La faute aux bouchons entre Pupillin et Arbois, c'est une évidence. Quatrième génération de chocolatier, toujours dans la même maison, sur la place de la liberté en Arbois, Édouard Hirsinger poursuit le destin familial de la plus belle des manières.

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    En une grosse demi-heure, montre en main, tous les secrets de la fabrication d'un chocolat vivant nous ont été révélés. Avec, enfin, la réponse à cette angoissante question: mais comment font-ils pour réussir à mettre la ganache à l'intérieur du chocolat?

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    Et quelle est donc la clé de la réussite d'un véritable marron glacé? Le confisage maison, c'est une évidence. Lent, long et fastidieux, c'est néanmoins un savoir-faire qu'il ne faut pas perdre. À l'heure où 90% des marrons glacés sont confits industriellement, ici, tout est fait à la main, avec les meilleurs marrons du Var ou d'Ardèche, de l'épluchage jusqu'au glaçage. Un point d'honneur pour Édouard, qui accorde à juste titre une très grande valeur à la collerette bleu blanc rouge qui orne sa tunique.

    La visite de l'atelier se cloture traditionnellement par celle du musée du Chocolat, dans la cave de la maison. Là sont pieusement conservées les reliques d'un savoir-faire ancestral qu'il est désormais primordial de ne plus jamais oublier.

     

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    Restaurant Jean-Paul Jeunet, Arbois:

     

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    Impossible d'imaginer un séjour œno-gastro-touristique sans faire une halte chez Nadine et Jean-Paul Jeunet, le graal de tout gastronome affamé de Jura. Accueillis sur le perron par le grand chef en personne, le festival des saveurs peut se poursuivre en beauté. Homme de goût ouvert et cultivé, Jean-Paul Jeunet n'hésite pas à recommander un excellent brasseur belge aux Bruxellois de passage. Cantillon, pour ne pas la nommer. Ça tombe bien, ils en avaient rempli le coffre avant de venir. Ardent défenseur de l'identité du terroir, même dans les mets les plus simples, il nous a brillamment démontré la nécessité absolue de servir de la Morteau avec la choucroute, là où les Alsaciens recourent habituellement à la Strasbourg et où les Bruxellois n'hésitent pas à faire appel aux bulots.

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    À table, les mets sont d'une finesse remarquable, construits autour d'une alliance harmonieuse de saveurs et de textures. Parmi les choses les plus simples, les plus surprenantes et goûteuses de la soirée, dans un menu en 5 services qui valait largement 2 étoiles, figurent ces 3 petits cylindres de beurre. Et plus particulièrement celui du milieu. Parfumé à la saucisse de Morteau, une absolue petite tuerie, à tartiner avec immodération, en l'absence d'hypercholestérolémie, sur les divers petits pains arômatisés présentés. La Morteau aura donc été le véritable fil d'Ariane de cette Saint-Glou franc-comtoise. Il n'y a qu'au dessert que nous n'en avons pas mangé...

    Carte blanche à Alain Guillou pour le service des vins. Choix argumentés, parfois controvérsés, mais pleinement assumés par le sommelier, le meilleur pour l'année 2013 selon le Gault et Millau. Mention particulière au Crémant du Jura de Michel Gahier servi à l'apéritif, au Vin de Pays de Franche-Comté rouge 2010 du domaine des Cavarodes servi avec la terrine de colvert en strates de foie gras aux trompettes de la mort, ainsi qu'à l'accord, pour moi idéal, mais diversement apprécié, entre Spirale 2002 de Stéphane Tissot et la figue de Solliès rôtie.

     

     

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    Et ce fut le retour à la Maison Salines, pour un after traditionnel autour d'un verre de Cantillon, assorti d'un reste de pomme de terre trempé dans la cancoillotte, pour celle qui avait encore un peu faim...

     

    Jean-François Ganevat, La Combe de Rotalier:

    Mettre un pied dans la Combe, c'est l'assurance de finir par les avoir les deux. Les Saint-Glouglouteurs ne pensaient plus pouvoir être impressionnés par le Jura, ils allaient voir ce qu'ils allaient voir!

     

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    Fanfan (vous permettez que je l'appelle Fanfan? C'est un copain!) absent, retenu prisonnier en Batavie, ce ne sont pas une, ni deux bouteilles qu'il fallait goûter pour tenter d'appréhender un des plus grands domaines jurassiens,  mais pas loin de 50 bouchons que Anne, sa sœur Anne (ne vois-tu rien venir, à part une bande de Saint Glouglouteurs?), à qui Fanfan avait confié les rênes de la dégustation, allait devoir dégoupiller.

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    Au menu, des blancs pour l'apéro, de 2010 à 2000, des rouges pour la table, de 2011 à 2000, des jaunes pour le fromage, de 2004 à 2003, tout ça pour finir Sul Q au dessert. Et, côté solide, les mets préparés par Pierre-Ivan Boos, l'alchimiste de Pontarlier, qui avait fait le déplacement depuis ses montagnes pour l'occasion. Le chien Schiste, grand amateur de bellota, l'attendait d'ailleurs de pied ferme.

     

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    Les blancs 2010 font encore un pas en avant vers la félicité absolue. Le millésime s'y prête bien, avec son équilibre plus fin et digeste que 2009. Superbes acidités, vins vibrants, avec une préférence aujourd'hui pour Florine, les "jeunes vignes" des Chalasses, plantées en 1986. Le chardonnay des Grands Teppes est paradoxalement plus accessible que celui des Chalasses vieilles vignes, alors que c'est le contraire d'ordinaire, dans la période de jeunesse. Le travail du sol effectué sur la parcelle de Grusse commence à porter ses fruits, le vin gagne en dynamisme et tonicité d'année en année. En 2008, Marguerite fait toujours le bonheur de tous en offrant son cœur, sans pour autant prendre le melon. La queue rouge de cette variété de chardonnay y est sans doute pour quelque chose.

     

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    Pour faire la transition, quelques bulles de vieux cépages 2007 ont fait un grand 8 éphémère dans la bouche. Non dosées, fraiches, désaltérantes et extrêmement confidentielles, limite il n'y en a déjà plus une seule bouteille au monde.

     

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    À table, les rouges 2011 font des merveilles. Glissants, digestes, de faible degré alcoolique, salins et hautement buvables. Mention particulière au Pinot noir de Grusse, vinifié à part (après tri grain par grain et section du pédicelle au ras du raisin) et finalement embouteillé à part, tant il s'exprime différemment du Pinot noir Cuvée Julien habituel. De bien jolis tanins croquants complètement craquants. Superbe! Des vins dans la lignée des 2010, déjà hautement recommandables, mais pas à tout le monde ou n'importe qui... On fera l'impasse sur la dégustation des 2008 et 2009, pour ne pas abuser et mieux apprécier J'en veux 2000, qui a gardé encore pas mal de choses dans sa culotte. Le culte du vieux cépage ne sont pour Fanfan ni une lubie, ni une passade!

     

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    ©Mme Olif, toute reproduction interdite

     

    Repos du guerrier, Salins-les-Bains:

     

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    Dimanche soir, quelques potes ont repris la route, d'autres le train, mais certains sont restés au coin du feu. Pour un pot-au-feu d'adieu, dans l'ambiance cosy de la Maison Salines, autour d'ultimes quilles, les dernières cartouches de cette Saint-Glou 2012. Tous les participants peuvent être fiers d'eux et ce sera sans doute l'œil humide, que, dans une ou deux dizaines d'années, ils raconteront le Jura à leurs enfants ou petits enfants, en leur disant, des sanglots dans la voix:  "La Saint-Glou jurassienne 2012? J'y étais!"

     

    Dans le Jura, finalement, "on est des privilégiés!", comme le dit Édouard Hirsinger à la journaliste de France 3, dans l'émission "Des racines et des ailes"*. Pas mieux comme mot de la fin!

     

    Vivement la prochaine!

     

    Olif

     

    Des racines et des ailes a pris ses quartiers dans le Jura dès l'automne 2011, chez Edouard Hirsinger et Stéphane Tissot, notamment, pour une émission diffusée sur France 3 le 7 novembre 2012. La Saint-Glou a en partie marché et volé sur ses traces à la Toussaint 2012.

     

  • Saint-Glou 2012, Jurassic good trip, Jour 2...


    Saint-Glou:  tournante où l'on regarde sous les robes des quilles et au cours de laquelle on canonise le patron des buveurs. Une fête qui se souhaite avec celle de tous les Saints, début novembre, et qui réunit la fine fleur de la Bloglouglou. Le Jura a eu le privilège d'accueillir le millésime 2012 de ce saint patronage.


    Stéphane Tissot, Montigny-les-Arsures:

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    Quand Stéphane Tissot montre la Mailloche, le Saint-Glouglouteur photographie le doigt...

     

    On ne présente plus la star du vignoble arboisien, chargé d'ouvrir le bal du Savagnin day. Ou, comment tenter de faire appréhender la complexité, la grandeur et le potentiel de ce cépage en une seule journée. Le savagnin dans tous ses états, ou presque, pour un remake in situ d'une certaine dégustation vendéenne... Pendant des décennies, on a voulu faire croire au peuple que l'arôme typique de ce cépage était la noix et que cela correspondait parfaitement au goût du Jura. Une question de mode et de loi du marché, essentiellement local, pour ce breuvage exclusivement caractérisé par une typicité d'élevage.

     

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    À peine le temps d'un BBF apéritif, départ en courant pour profiter d'une éclaircie, direction En Muzard, pour une petite leçon de terroir, méthode Assimil accélérée. L'élément-clé du terroir jurassien, ce sont évidemment les marnes. Rouges, jaunes, bleues, blanches, irisées. Les rouges proviennent du trias. Ce sont géologiquement les plus anciennes et elles conviennent particulièrement bien au trousseau. Montigny en est fort bien dotée, ce qui lui a valu le titre de Capitale mondiale du trousseau. On ne demande qu'à vérifier, même en jour "savagnin".

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    Retour au caveau, donc. Et, en théorie, au savagnin. Après quelques chardonnays, quand même, pour une dégustation en jour "racines et des ailes*". Graviers, En Barberon et Clos de la Tour de Curon 10 témoignent de la belle expression du millésime, après des 09 un peu plus riches. Et puis un superbe et juvénile Clos de la Tour de Curon 2004, le premier millésime de cette parcelle exclusivement calcaire, pour mieux cerner la problématique calcaire vs argile. Et aussi En Barberon blanc 2000, la première cuvée sans soufre en blanc du domaine. Un peu de rouge, pour continuer de se faire la bouche, dont le poulsard du DD 2012, une véritable carbo en foudre, mais qui n'en a pas l'air, et qui se sirote à grandes lampées, et un impressionnant Trousseau 2011, en jour "amphore", la première tentative d'élevage dans ce contenant sur un rouge au domaine. Et puis le savagnin, enfin. En commençant par un Traminer 11, parti à la recherche de ses racines alsaciennes. Et enfin, avant de passer au jaune, ce vin orange totalement envoûtant, magnifié par la terre cuite, dans le millésime 2011.

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    Les blancs de macération, dits blancs cuvés, semblent être une très ancienne tradition arboisienne, inconnue de tous, y compris des arboisiens. La première expérience de Stéphane Tissot remonte à 1992, sur un savagnin, justement. Élevé pendant 6 ans sous voile. Le premier vin jaune orange au monde, en fait. On en a profité pour le goûter, pendant qu'on y était. Réellement étonnante cette petite sensation tannique finale apportée par la macération. La transition toute trouvée pour basculer dans le monde de l'oxydatif, une indéniable tradition jurassienne. Un petit tour dans la cave à jaunes, située à l'étage (il en existe une deuxième, plus fraiche, pour jouer sur le style des vins) permet d'appréhender visuellement le voile et de le humer. Hummmm! Des flaveurs complètement différentes selon les fûts et/ou le millésime, entre malt et épices, mais sans la noix. Et, en bouche, une expression complètement différente en fonction du terroir, puisque Stéphane pratique des vinifications parcellaires sur ses jaunes depuis 2003. Les Bruyères, En Spois, la Vasée, et, prochainement, la Mailloche, bénéficient donc d'un enclavelinage séparé.

     

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    Séance shooting pour vin orange en carafe...


    Et en guise de conclusion, l'apothéose finale avec la cuvée Mélody 2004, savagnin de glace récolté le 22 décembre par -11°C. L'unique vin de ce type produit ici, sur une parcelle laissée volontairement en surmaturité, mais que les conditions climatiques automnales n'ont pas permis de vendanger tardivement dans de bonnes conditions. Ultime chance: que l'hiver rattrape le coup, ce qui fut fait de fort belle façon. Un vin d'exception, à l'équilibre magique et glacé, dont on ne se lasse pas.


    Cancoillotte, Mont d'Or, Morteau, pommes de terre et pitits gâteaux conticiniens

     

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    Le savagnin, ça donne faim, surtout après 4 heures de dégustation. Il était grand temps de rentrer à la Maison Salines pour un déjeuner franc-comtois roboratif, constitué de produits du cru et du meilleur de la pâtisserie parisienne. La cancoillotte maison a été élaborée à partir de metton de la maison Poitrey et il a fallu touiller, ça c'est sûr! Le tout accompagné de quelques vins de vignobles voisins, conviés à table. La cuvée des Gueux 2009, un beau Chignin collaboratif, bien rond, élaboré par la famille Berlioz, n'a pas été trop dépaysée par l'accord fromager.


    Laurent Macle, Château Chalon:

    C'est le ventre bien rempli que les pélerins de la Saint-Glou ont alors pris le chemin de Château Chalon, à la nuit tombante et sous une pluie battante, pour pénétrer dans le Saint des Saints, une cave fraîche à vin jaune.

     

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    Ici, d'ailleurs, on ne fait pas de vin jaune. Uniquement du Château Chalon, le seul et unique grand cru de cette couleur, même si ce n'est pas officiel. Appellation modèle, qui essaie de tirer l'ensemble des viticulteurs vers le haut pour valoriser le cru (déclassement complet d'une récolte lorsque le degré n'est pas au rendez-vous, comme en 2001, par exemple). Pour se faire la bouche, comme il est désormais de coutume lorque l'on déguste en compagnie de Laurent Macle, un chardonnay ouillé, celui des Vendanges à Manue. Millésime 2010 et une jolie fraîcheur acidulée. Le tradition 2009 est pour l'instant encore un peu sous influence du millésime, avec richesse et rondeur. Beaucoup plus tranchant, le 2008 remporte les suffrages. Même décalage entre Château Chalon 2005 et 2004. Le Côtes du Jura 1979 et le Château Chalon 1982 arrivent à point pour faire juge de paix et donner des envies de coq!

     

    La Balance, Mets et vins, Arbois:

    Ça balance pas mal, à Arbois, ça Balance. Thierry Moyne y veille depuis un certain nombre d'années, maintenant. L'idée, pour prolonger le Savagnin day jusqu'au bout de la nuit, c'était finir sur un coq. Au vin jaune, évidemment. Celui de la Balance est mijoté et servi en cocotte. Du bonheur pour un coq. Quasiment en pâte. Avec quelques vieux jaunes pour l'accompagner, j'en ai bien peur. Après un ou deux magnums de Pupillin 2011 du domaine Overnoy-Houillon pour se préparer le palais et étancher la soif, il est vrai.

     

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    De gauche à droite, par ordre d'apparition sur la table:

    -L'Étoile 1990 du domaine de Montbourgeau: une vinification signée du père de Nicole Deriau, Monsieur Jean Gros, absolument rien à voir avec moi, donc. Une grande émotion pour le bistrotier du fond à gauche, qui a assidument fréquenté le domaine à cette époque. De la finesse dans l'oxydation et une jolie acidité qui maintient le vin encore largement debout.

    - Arbois 1987 Camille Loye: celui-là, il est encore parfaitement juvénile, loin de la retraite, contrairement à Monsieur Camille, qui a cessé son activité et vendu ses vignes en 1990. Un vin taillé pour une (encore) très longue garde, à l'image des 79 et 82 qui se donnent à fond actuellement.

    -Château Chalon 1986, Domaine Berthet-Bondet: le vin d'Eva, même s'il fait beaucoup moins jeune qu'elle. On approche déjà la quintessence d'expression d'un jaune un peu évolué. Miel, épices, morilles, un chouïa de noix, aussi. Mais pas trop. Très bon.

    -Arbois Vin jaune 1988, Jacques Puffeney: le vin d'un gars du métier. Plus claquant que le Château Chalon, mais aussi plus réservé. Un vrai jaune d'Arbois, massif et puissant, qui aurait encore mérité de longues années de garde.

    -Arbois Vin jaune 1996, Domaine de la Tournelle: plus fin que puissant, c'est toutefois une petite déception, du fait d'un déséquilibre sur l'acidité. A revoir ou à attendre..?

    -Arbois 1999, Michel Gahier: la grosse claque de la soirée, côté jaune. Un maillot pas volé, tellement il se boit avec délectation et gourmandise. Déjà bon très jeune, il est encore meilleur maintenant et le sera sans doute toujours plus tard, mais il est surtout doté d'un fort coefficient de torchabilité, ce qui n'est pas si courant pour un jaune.

     

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    Olif

     

    Des racines et des ailes a pris ses quartiers dans le Jura dès l'automne 2011 pour une émission diffusée sur France 3 le 7 novembre 2012. La Saint-Glou a en partie marché sur ses traces à la Toussaint.

  • L'Égrappé

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    Souvenirs d'enfance. Origami, lâcher de ballons, en grappes légères. Rose, la couleur des filles. Ça tombe bien, la petite Jeanne est née il y a tout juste un an. Ça se fête! Lâcher de bulles. Roses. Légères. Aériennes. Fruitées, gourmandes, acidulées, sur un dosage peut-être un peu trop marqué, mais c'est une première mouture, susceptible d'être modifiée. Élaboré à la façon d'un Crémant, ce poulsard pétillant est commercialisé en vin de table.

     

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    L'étiquette est signée Mme Olif, dont la cote devrait désormais grimper en flêche auprès des œnographilistes, des placomusophiles, des amateurs d'art amateur, voire des amateurs de vin tout court, surtout si l'on ajoute qu'elle vient de gagner à nouveau un prix au plus grand concours de peinture urbaine du Haut-Doubs (le deuxième, cette fois, car elle sait faire preuve de modestie, en plus). L'étiquette pour le vin du domaine Macle est une œuvre de commande, mais cette gouache originale et rafraichissante ajoute au plaisir de la dégustation de la toute nouvelle cuvée proposée par Laurent Macle. À la santé de sa petite Jeanne...

     

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    La cuvée "Carmen" 2007 avait ouvert une brèche dans la tradition familiale et révélé le talent de vinificateur de Laurent Macle et sa maîtrise de l'ouillage du chardonnay. Une voie différente et complémentaire, inhabituelle pour le domaine, qu'il serait dommage de ne pas exploiter. Les amateurs de vin et de peinture ont tout à y gagner.

     

    Olif

     

     

    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.

  • Galant comme du vin cuit…

    Propriétaires d’une grande partie des vignes du village, au cours du XVIe siècle, les Dames Abbesses de Château Chalon ne se régalaient pas que de vin jaune. Elles avaient mis au point une recette particulièrement originale pour un vin savoureux, en exerçant leur droit de cuisson chez les vignerons du célèbre rocher. « C’est notre vin galant », disaient-elles en sirotant leur vin cuit aux épices.

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     Abbatiale de Château-Chalon (photo Olif)

     

    Le vin cuit n’est pas un vin fini, arrivé en bout de course, auquel personne n’a cru. Il n’est pas non plus issu de raisins complètement brûlés au soleil d’une année caniculaire. Le vin cuit est une tradition provençale qu’il ne faut surtout pas confondre avec les vins mutés à l’alcool. Le vin cuit cuit. Dans un chaudron sur le fourneau. Parfaitement !

     

    La suite, c'est sur Fureur des vivres ...

  • Galant comme du vin cuit…

     

    Propriétaires d’une grande partie des vignes du village, au cours du XVIe siècle, les Dames Abbesses de Château Chalon ne se régalaient pas que de vin jaune. Elles avaient mis au point une recette particulièrement originale pour un vin savoureux, en exerçant leur droit de cuisson chez les vignerons du célèbre rocher. « C’est notre vin galant », disaient-elles en sirotant leur vin cuit aux épices.

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     Abbatiale de Château-Chalon (photo Olif)

     

    Le vin cuit n’est pas un vin fini, arrivé en bout de course, auquel personne n’a cru. Il n’est pas non plus issu de raisins complètement brûlés au soleil d’une année caniculaire. Le vin cuit est une tradition provençale qu’il ne faut surtout pas confondre avec les vins mutés à l’alcool. Le vin cuit cuit. Dans un chaudron sur le fourneau. Parfaitement ! L’oisillon aussi, mais pas de la même façon et cela n’a rien avoir avec le sujet qui nous préoccupe. L’élaboration du vin cuit est un procédé original qui fait intervenir une concentration des moûts par cuisson avant fermentation. Son équilibre alcoolique se stabilise alors généralement autour de 15-16° pour environ 90g de sucres résiduels. Le vin cuit est un vin d’apéritif particulièrement apprécié des belles-mères, notamment la mienne. Tout le monde peut néanmoins en boire, avec modération toutefois, sous peine de se retrouver complètement cuit.

    On prête également au vin cuit des vertus aphrodisiaques Les abbesses de Château Chalon en avaient-elles fait leur « vin galant » pour cette raison ? La recette originale, tenue secrète pour les raisons que l’on devine, est tombée dans l’escarcelle de la maison Jean Bourdy, qui la conserve jalousement dans un coffre-fort dont la clé a été jetée au fond du puits Saint-Pierre de Château Chalon. Le moût de raisin fraîchement pressé est mis à cuire avec 25 épices pesées au gramme près, avant d’être assemblé à 1/3 d’eau-de-vie de marc de Franche-Comté, ce qui le différencie complètement de ses congénères provençaux. Ce galant breuvage est l’ancêtre du Macvin, vin d’apéritif jurassien muté à l’alcool, qui ne fait plus intervenir la cuisson des moûts. Désormais mis au ban de l’AOC, le Galant effectue pourtant un retour en force, chaque vigneron ayant à cœur de réhabiliter la recette familiale de la vieille tante ou de la grand-mère Philomène. On peut trouver du vin galant aux Caves Jean Bourdy et chez Jacques Tissot, en Arbois. L’élixir de la grand-mère Philomène de Lucien Aviet, dit Bacchus, n’est pas commercialisé, mais il en reste toujours un petit fond dans une bouteille ouverte, que l’on goûte généralement par galanterie, pour clore la dégustation, lorsque l’on passe faire une visite au domaine.

     

    Olif

     

  • VDV#32: le tire-bouchon et la plume

    Vendredisduvin

    32ème session des Vendredis du vin. Après le rock de la précédente édition, il va falloir sortir le rocking-chair et le mettre devant la cheminée. Pour la mise en condition, allumer le feu (mais pas avec son bouquin!), déboucher une belle bouteille et s'en servir une bonne rasade, tremper ses lèvres dans le verre, afin d'humecter sa bouche puis son doigt, quitte à jaunir les pages en les tournant. Les presbytes auront pris soin de chausser leur lorgnons au préalable, cela va de soi. Hub l'Œnothèque nous convie donc à une partie de lecture commune et partagée. Des litres et des lettres, les copies sont ramassées ce vendredi. C'est parti!

     

    "Pochouse avait débouché la bouteille, il commençait à remplir deux beaux verres sortis de nulle part. (...)

    - Liu, vous êtes déjà entrée dans une salle où vient d'avoir lieu une dégustation de vin jaune?

    Liu fit non de la tête.

    - C'est quelque chose d'unique, vous avez l'impression d'entrer dans un nuage et de vous envoler avec. De toute façon, rien n'est comme ailleurs avec ce vin.

    (...)

    Au bout de quelques minutes, il passa un doigt à la surface du vin et le fit glisser sur les lèvres de Liu. Après quelques secondes, un joli sourire s'y étalait. Elle reprit son verre. Alors qu'elle savourait une première gorgée, Pochouse commençait à lui parler de ce vin vendangé en 1909 "sous le gouvernement Aristide Briand, un grand homme oublié, comme Waldeck-Rousseau et tant d'autres. Cette année-là, Faber a gagné le Tour de France".(...)

    Pochouse parlait, Liu dégustait à petites gorgées. Pochouse se demandait à quelles époques tous les arômes du vin s'étaient glissés dans le fût puis dans la bouteille. "Vous croyez qu'ils arrivent tous en même temps ou est-ce qu'il y a une sorte d'ordre protocolaire?" Liu ne savait que répondre."

     

    Pas de 1909 sous la main, alors je me suis rabattu sur un Château Chalon 1955 de Léon Cartier pour accompagner ce savoureux extrait de Panique dans les vignes du Jura, de l'excellent Jean-Claude Barbeaux, dont j'ai déjà parlé ici et qui est paru aux Éditions Cabédita.

    Oui, alors? Quand est-ce qu'ils sont arrivés dans la bouteille, le miel et les épices? Et le houblon? Et le marc? En quelle année et à quel moment? Toujours est-il qu'ils sont bien là, définitivement assis et d'une infinie douceur. Entre le vin et le livre, mon rocking-chair balance...

     

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    Olif

     

    P.S.1: la Percée du Vin Jaune arrive à grands pas et elle se déroulera cette année les 5 et 6 février dans la bonne ville d'Arbois, ce qui promet une ambiance du tonnerre dans les rues et les caveaux. Que tous ceux qui veulent avoir le nez dans le jaune se le disent!

     

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    P.S.2: définitivement bien assis, je le fus également, dans ce superbe fauteuil "Plaisir solitaire", avec la petite encoche qui fait tout, réalisé sur mesure par Christophe Lorenzoni à partir de fûts recyclés, récupérés chez de bien bons vignerons. 225 litres de pur bonheur totalement confortables!

  • Le savagnin est son Credoz...

     

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    Pontarlier? Une ville à la montagne, une ville à la campagne. Supercomice oblige, les plus belles vaches laitières montbéliardes de tout le département se sont données rendez-vous dans la capitale du Haut-Doubs pour parfumer le bitume. La plus grosse bouse n'est pourtant pas venue d'où l'on pensait. L'électoralisme déverse des effluves parfois bien pis.

     


    Si j'ai manqué la plus grosse vache du comice, je n'ai pas manqué d'aller me réapprovisionner en fromages à la Crèmerie Marcel Petite, l'ancien Trou de souris pontissalien, désormais tenu à la perfection par Sandra et Marie-Christine, un souriant duo de choc qui monte gentiment en puissance et propose la meilleure sélection de fromages de divers horizons que l'on puisse trouver dans le Haut-Doubs.

     

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    Avec en option une sélection de jolis vins du Jura et d'ailleurs. Ganevat, La Tournelle, Clos des Grives et Jean-Claude Crédoz. Justement, le vigneron est là pour faire découvrir ses vins, une opportunité pour qui ne les connait pas, moi le premier. Personne n'est parfait.

     

     

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    Jean-Claude a repris seul une partie des vignes de son frère Daniel, qui a cessé son activité en 2006. L'autre partie a été reprise par Stéphane Tissot, en même temps que le solde des stocks de vins du domaine qui sont désormais commercialisés sous l'étiquette des Caves de la Reine Jeanne.

     

     

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    5 cuvées au programme, à commencer par une cuvée de chardonnay 2007 légèrement marqué oxydatif, très fin et agréablement fruité. Des vignes de chardonnay sur une parcelle en appellation Château Chalon, qui ne peuvent donc revendiquer leur statut. La cuvée Sélection 2007 est un assemblage de chardonnay et savagnin dans des proportions 85-15, un grand classique jurassien. Bien marqué par sa typicité d'élevage, c'est un joli vin qui ne manque pas de profondeur. Le Savagnin 2006, c'est du nanan pour les amateurs de vins "typés" Jura, ceux qui se complaisent à croire que le cépage sent la noix. Quand on goûte au Château Chalon 2003, on se dit qu'il est dommage que le précédent ne soit pas allé au bout de son processus de vieillissement sous voile. Une grande finesse dans les arômes, majoritairement malt et épices, que Jean-Claude impute à de bonnes levures indigènes que l'on a opportunément laissé travailler. Le vin de Paille 2006, 1/3 poulsard, 1/3 savagnin, 1/3 chardonnay, bien équilibré, se laisse boire délicieusement. Le Macvin est une petite merveille d'équilibre, parfaitement dosée côté marc.

    5 cuvées et autant de jolies bouteilles, voilà un domaine qui mérite de l'attention. Il faudra aller vérifier tout cela sur place à la première occasion. Dès que j'aurai recoiffé ma queue de cheval comtois, en fait!

     

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    Olif

  • Du pamplemousse à la noix...

    ... en 3 leçons, 2 heures et même pas 1 cinquantenaire:

     

    - Savagnin 2010 brut de cuve, domaine Macle: du vrai beau jus de savagnin qui fleure bon le pamplemousse bien mûr au nez comme en bouche, avec cette belle amertume et cette grande acidité qui le caractérisent dans sa jeunesse. Les fermentations alcooliques se sont achevées très rapidement cette année, les cuves sont prêtes à être débourbées pour que la malo-lactique puisse s'enclencher le plus rapidement dans les meilleures conditions. Ensuite, ce sera le fût et l'appartion du mystérieux voile...

     

    - Château Chalon 2003, domaine Macle: goûté sur les deux lots qui sont successivement proposés à la vente. Le lot 01 (information écrite en petit sur le côté de l'étiquette) arrive bientôt au bout. La noix se fait rare, presque absente. Des notes de fruits blancs ressortent sur une rondeur alcooleuse bien mûre. Plutôt haut en éthanal dans sa jeunesse, celui-ci ne se ressent que fort peu, le sotolon ayant probablement commencé son œuvre pour apporter complexité et dimension supérieure à la noix de base. Le lot 02, qui sera bientôt proposé à la vente, a donc connu un élevage en fût plus long. Il goûte plus sur la minéralité et des notes maltées, ne possédant pas la rondeur du précédent. A ce stade, il a plus d'éclat, même si au vieillissement, il est fort à parier que les deux se rejoignent.

     

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    - Château Chalon antérieur à 1965, Auguste Macle: une bouteille du grand-père de Laurent Macle, Auguste, qui n'était pas étiquetée. Forcément antérieure à 1965, mais millésime impossible à déterminer avec certitude. La robe est ambrée, couleur vieil or, digne d'un vieux Cognac hors d'âge. Le nez est profond, d'une grande douceur. Des notes miellées se mêlent aux épices et au malt tourbé. La noix est aux abonnés absents. Il n'y a qu'à se laisser charmer et porter par les effluves de ce breuvage qui est loin d'avoir fini de remonter le temps. La magie des vieux Château Chalon...

     

    Et la noix, dans tout ça? La quoi? Le prochain qui me dit encore que le savagnin sent la noix, je lui fais avaler les siennes d'un grand coup de latte.

     

    Olif

     

    P.S.: je rigole!

     

  • Cuisine gastronomictérique

     

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    « La cuisine au vin jaune », de Betty Nevers, Arbois, 2003

     

    Fleuron du terroir jurassien, le Vin jaune trouve souvent son épanouissement en association en cuisine avec des mets qui le mettent en valeur. C'est un vin de gastronomie. Tout de suite, on pense  poularde, coq, poulet, selon la saison et ses moyens. Et aux morilles qui vont avec, forcément. Voire aux champignons de Paris, selon la saison et surtout ses moyens. Pourtant, il est possible de se faire plaisir en l'associant à d'autres mets, plus marins, même d'eau douce, sans se ruiner.

     

    La suite, c'est sur Fureur des vivres...

     

    Oncle Olif

  • Cuisine gastronomictérique

     

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    « La cuisine au vin jaune », de Betty Nevers, Arbois, 2003

     

    Fleuron du terroir jurassien, le Vin jaune trouve souvent son épanouissement en association en cuisine avec des mets qui le mettent en valeur. C'est un vin de gastronomie. Tout de suite, on pense  poularde, coq, poulet, selon la saison et ses moyens. Et aux morilles qui vont avec, forcément. Voire aux champignons de Paris, selon la saison et surtout ses moyens. Pourtant, il est possible de se faire plaisir en l'associant à d'autres mets, plus marins, même d'eau douce, sans se ruiner. Une petite giclette dans la poêle en fin de cuisson de la sole, des filets de perche ou des cuisses de grenouille au beurre, et le plat est transformé. Crème en supplément pour les gourmands normolipidémiques. Pas plus difficile que ça, la cuisine au Vin jaune, en fait. Un léger déglaçage final et le tour est joué. Les plus grands spécialistes de la question vous le diront : surtout ne pas faire cuire le vin, les esters se volatilisent à 80°C. Et alors, pfffuittt ! Envolés les jolis arômes de noix, d'épices et de curry qui font swinguer le palais, affoler le palpitant et convulser le cortex, déclenchant même une légère érection chez les sujets sensibilisés au préalable. Seule restera l'acidité, qui ne parviendra qu'à constricter les gencives, déchausser les prémolaires et parfois rendre impuissant, ravalant alors le sublime Jaune au rang d'un quelconque vin blanc de cuisine.

     

    Betty Nevers, épouse d'un vigneron jurassien, a édité cet opuscule pour « les maîtresses de maison - surtout celles qui n'aiment pas faire la cuisine ou qui croient n'en avoir ni le temps, ni les capacités ». Tout à fait moi, ça !   « Elles pourront faire une cuisine savoureuse et peu onéreuse, le vin jaune les aidant à devenir des grands chefs ».  Futur Top Chef, l'Oncle Olif !

     

    À titre d'exemple, voici, cuisiné vite fait et d'inspiration libre entre deux ou trois gorgées de Château-Chalon 2003 du domaine Macle, des Filets de perche du lac au Château Chalon, risotto aux truffes. Servis en terrasse, s'il vous plait, malgré une légère bise vivifiante.

     

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    Dans une poêle, faites fondre du beurre. Laissez griller les filets de perche le temps qu'il faudra, mais pas plus. Réservez. Déglacez le gosier, puis la poêle, avec une lichette de Château Chalon. Nappez-en les filets. Servez et mangez aussitôt, avant que ça ne refroidisse. Pour le risotto, faites pour le mieux. Et surtout, finissez la bouteille de Château Chalon.

     

     

    Oncle Olif

     

     

     

     

     

     

  • Château Chalon: Jean Macle à la puissance 10!

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    A l'occasion de la sortie annoncée des grenouilles d'automne (de mignons batraciens qui profitent des jours humides pour transhumer du marais jusqu'au bois (à moins que ce ne soit l'inverse?), se laissant volontiers ramasser par le grenouilleur quand ils ne font pas écraser sur la route), une date fut retenue pour se sustenter autour de quelques flacons que l'on a voulu jaunes, trapus et timbrés. Dix clavelins estampillés Château Chalon. Plus précisément marqués d'un M, comme Macle, la prestigieuse marque jaune castelchalonnaise. Tous antérieurs aux années nonante, en provenance de caves personnelles, où ils ont été conservés pieusement pendant toutes ces années, suite à leur acquisition en direct du domaine. Une vraie verticale pour Jurassiens montagnards, dans leur auberge favorite, celle des Montagnards, là où l'on mange les meilleures cuisses de grenouilles de tout le cosmos, et même au-delà.

    Les clavelins ont été débouchés entre 4 et 10 heures au préalable (une moyenne honorable de 2 à l'heure!) et ont été dégustés à découvert, par ordre décroissant des millésimes, avant d'être en grande partie achevés tranquillement au cours du repas qui a suivi.

    En l'honneur du grand absent de la soirée, Laurent Macle, retenu ailleurs par d'autres obligations, on s'est fait la bouche avec son fort joli Côtes du Jura, pas encore commercialisé, un Chardonnay ouillé 2007, frais et vif, citronné, à la belle minéralité jurassienne sous-jacente.

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    Place aux clavelins élaborés par Jean Macle, après une deuxième mise en bouche, par un aïeul qui ne fait pas son âge:

    - Château Chalon 1951, Georges Bury: nez très nettement rancio, avec de l'orange amère, des notes de sous-bois, de champignon, de fruits secs. Très changeant au niveau de la palette aromatique, il faut le prendre comme il vient. La bouche possède une relative finesse, avec de la douceur et du moelleux en son milieu. La finale redevient sèche, légèrement fuyante. Un passionnant voyage dans le temps!

    - Château Chalon Jean Macle 1990: le plus jeune de tous, réellement et potentiellement. Plutôt fermé au nez, il laisse pudiquement échapper quelques notes pétrolées. De la minéralité, un côté chaleureux témoignant de sa richesse en alcool et puis une longueur exceptionnelle, qui s'étire autant que faire se peut. A enfermer dans un coffre dont la clé à été jetée au fond d'un puits, pour être sûr de ne pas y toucher avant une bonne décennie.

    - Château Chalon Jean Macle 1989: nez d'une grande finesse, ouvert, légèrement surmaturé, dans lequel on retrouve des épices, de l'écorce d'orange confite et du pétrole. Bouche d'une grande jeunesse, épurée, tendue, enveloppant le palais. Déjà beaucoup de plaisir dans ce clavelin doté d'un énorme potentiel.


    - Château Chalon Jean Macle 1988: le deuxième grand absent de la soirée, pour cause d'année de mariage. Les 2 exemplaires restants en cave seront consommés pendant la nuit de noces d'or par les heureux récipiendaires. Nous n'aurons donc pas pu faire le grand chelem des eighties!


    - Château Chalon Jean Macle 1987: 12 ans et on commence à sentir l'évolution au nez. Miel, moka, et toujours ces notes pétrolées caractéristiques de l'évolution des vins de Jean Macle au vieillissement. L'attaque est presque doucereuse, laissant la place à une tension acidulée prononcée. La bouche est fuselée, dans un registre très fin, sans excès ni caractère démonstratif. Son versant acide marqué et très sec en finale ne l'avantage pas par rapport aux autres millésimes, mais il sait néanmoins bien se tenir.


    - Château Chalon Jean Macle 1986: avec celui-ci, on pénètre dans toute la complexité du Cru. Toute sa richesse, également, mais aussi sa finesse et sa subtilité. L'orange confite s'impose au nez comme en bouche, domainant les épices et le curry, enrobant la belle acidité qui se prolonge jusque dans une finale salivante. Nickel! Une très grande bouteille!


    - Château Chalon Jean Macle 1985: un cran en dessous, mais sur le même registre d'épices et d'écorce d'orange. La bouche possède une certaine rondeur alcooleuse et une pointe d'acidité finale, pas complètement fondue, ni totalement harmonieuse.


    - Château Chalon Jean Macle 1983: les arômes d'évolution révélés par l'âge sont désormais bien présents. Moka, épices, orange amère sont sur le devant de la scène. Le vin s'épanouit dans le verre, joue sur la séduction, se laisse cajoler et boire avec délectation.


    - Château Chalon Jean Macle 1982: un millésime dilué, d'une manière générale, qui rend les vins plus simples et faciles d'accès. Celui-ci ne déroge pas à la règle. On est sur l'évolution, avec des notes hyrocarbures bien présentes. La complexité est moindre. Sa structure sphérique fait qu'il manque de longueur, finissant court sur une légère amertume qui me dérange un peu.


    - Château Chalon Jean Macle 1981: un échantillon légèrement défectueux, au nez perturbé par une petite note liégeuse, n'altérant pourtant en rien la structure du vin. Les notes de pétrole sont toujours présentes. A revoir sur un autre échantillon, au grand regret des jeunots  de l'assistance, nés la même année!


    - Château Chalon Jean Macle 1979: 30 ans et des notes d'évolution pourtant très discrètes au nez. Moka, caramel au lait, épices, curry, champignon, truffe même, pour certains. Le sotolon fait son œuvre en bouche, démultipliant les arômes. C'est complexe, c'est bon, c'est une grande bouteille!


    - Château Chalon Jean Macle 1976: le nez est complexe, confit, sur des notes douces d'écorce d'orange, d'épices, de cannelle, de miel. L'acidité est toujours là, mais arrondie, comme patinée par le temps. Une tension sous-jacente maintient le vin en bouche et prolonge la finale. Magnifique! Une nouvelle vie s'ouvre devant lui, celle de la maturité pour encore longtemps.

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    La cerise sur le gâteau, ce fut cette bouteille sans étiquette ne ressemblant pas à un clavelin et qui s'est avérée être un vieux Macvin antediluvien du domaine Macle, non millésimé mais probablement lui aussi des eighties, si ce n'est plus. Les notes de marc se sont magnifiquement intégrées à celles du raisin de Corinthe, l'équilibre est somptueux, le vin n'est que douceur et séduction, ça se boit comme du petit lait. Clap de fin. Château Chalon est vraiment le roi des vins, dans des mains aussi expertes que celles de Jean Macle. Dans 10 ans, on s'est promis de refaire la même, version nineties, pour confirmer que Laurent Macle a parfaitement digéré et intégré l'héritage du père.

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    Olif


  • Bientôt une cuvée des Rachais sous voile?

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    Pour quelle autre raison l'ami Francis Boulard chercherait-il à percer tous les secrets du Château Chalon en soumettant Laurent Macle à la question? Hein, pourquoi?

    Un week-end riche en surprises, orchestré par l'indispensable Jeanne, et Francis est aux anges, ne leur laissant pas sa propre part de savagnin.


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    Le nez scotché dans son verre de 2009, Francis n'a pas réussi à y déceler d'arômes de noix. Mais du pamplemousse frais pressé du jour sur une trame acidulée droite et tranchante. Un superbe millésime en perspective, à n'en pas douter. Forcément, une année en 9..!

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    Laurent Macle délaissant un temps la guillette pour la pipette, voilà qui est inhabituel, mais ses micro-cuvées de chardonnay et de savagnin ouillés, en 2007 comme en 2008, valent le détour et sont destinées à être bien plus qu'une curiosité et/ou une expérience sans lendemain.

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    Olif

    P.S.: Francis, tu pourras publier des photos du Jura sur ton blog! Je ne t'en veux pas d'être venu à Château Chalon sans me prévenir!  :depelle:
  • Arômes à la noix!

    "- Dis, Oncle Olif, il est bizarre, ton vin, il sent la noix!

    - Il n'est pas bizarre, Toto*, c'est même tout à fait normal. Laisse-moi plutôt te raconter la fabuleuse histoire ... du Vin jaune!"



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    Dans la série des Plus belles histoires de l'oncle Olif, aujourd'hui, nous allons tenter de percer le secret d'un des vins les plus mystérieux qui soient, le Vin jaune. Encore trop de personnes, y compris dans le monde des amateurs, ont tendance à croire que ce parfois puissant arôme de noix perçu dans le Vin jaune provient du cépage utilisé pour son élaboration, le Savagnin. Non. Mille fois non. Le Savagnin est un cépage typiquement jurassien, certes, mais qui offre de beaux arômes acidulés d'agrumes et de fruits exotiques, lorsqu'on le vinifie comme un vin blanc standard. C'est à dire en prenant la précaution de remplir régulièrement le tonneau avec du vin de même origine, une opération dénommée ouillage.

    Plus grave encore, d'aucunes mauvaises langues pensent que le Vin jaune est élaboré peu ou brou à partir de noix fraiches. Que nenni! Je m'inscris en faux! Je m'insurge! Je vitupère! Le vin que l'on obtient en faisant macérer des noix fraiches dans du vin et de l'alcool s'appelle du vin de noix. Il n'est pas jaune, il est marron foncé. Il sent effectivement la noix et pas grand chose d'autre. C'est un apéritif sympathique mais ce n'est pas lui qui nous intéresse aujourd'hui.


    - Mais alors, Oncle Olif, si le vin est jaune, qu'est-ce qui donne ce goût de noix à mon verre?

    - L'éthanal et le sotolon, petit! L'éthanal et le sotolon!


    C'est l'élevage sous voile, également appelé élevage oxydatif, qui va apporter au Vin jaune son lot aromatique de noix et de fruits secs. On approche ainsi une partie du mystère du voile. Pas celui qui recouvre avec grâce la chevelure des Abbesses de Château Chalon, non, mais le voile de levures qui se développe à la surface du vin dans le fût de Savagnin, lorsque l'on oublie volontairement de l'ouiller pendant 6 longues années. A ce propos, petite digression et parenthèse sémantique, le "ou" du mot ouillé n'est pas un "ou" aspiré, comme le "h" du haricot. Quand on dit d'une barrique de vin qu'on l'ouille, on ne la remplit pas de charbon, non! On ne doit donc pas dire qu'on la (h)ouille!  Ouille ouille ouille, car si point tu n'ouilles, poil aux genoux. A cause de l'évaporation, la fameuse "part des anges". Euh..., fin de la digression grammaticale.

    L'apparition de ce voile de levures va entrainer la transformation de l'éthanol en éthanal. Bonjour les arômes de pomme et de noix fraiche! Nouvelle parenthèse et petit paradoxe furieux: la noix peut simultanément être un fruit sec et un fruit frais. Sec et frais! Etonnant, non? Fin de la parenthèse paradoxale et oxymorale. Plus ce taux d'éthanal est élevé, plus le vin développera le fameux "goût de jaune" qui fait fuir autant d'amateurs qu'il n'en attire. Point trop n'en faut, pourtant, de cet arôme volontiers qualifié de "typé Jura"! Sinon, adieu finesse! La complexité d'un Vin jaune, elle arrive lors du vieillissement, au fur et à mesure de l'apparition du sotolon. Une alchimie silencieuse au cours de laquelle ce composé s'épanouit, par transformation chimique d'un acide aminé en présence d'éthanal. Et alors, de subtiles flaveurs de noix mûre et de fruits secs, mais aussi de curry, d'épices orientales, quand ce n'est pas du malt et du houblon, viennent caresser les naseaux du dégustateur. Le sotolon, il saute au long des papilles, au fur et à mesure de l'oxydation ménagée, ce lent et long processus qui aboutit à l'apothéose ictérique, évitant la transformation du vin en vinaigre. C'est heureux et magique. Plus prosaïquement, c'est purement chimique. Il est intéressant de noter que le taux d'éthanal ne varie plus une fois le vin en clavelin, contrairement à celui du sotolon, qui va continuer à se modifier. C'est également l'augmentation du taux de sotolon dans un vin blanc sec non élevé sous voile qui est à l'origine de son vieillissement prématuré et de son oxydation en bouteille**. Ce qui est bon en Jura ne l'est pas forcément au-delà!

     

    - Merci, Oncle Olif, je vais pouvoir aller me coucher plus intelligent qu'hier.

    - Bonne nuit, petit garnement, et fais de beaux rêves! Pom popopo pom pom...


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    Oncle Olif

    * Toto est un grand garçon majeur. Depuis pas plus tard qu'hier. De quoi rassurer tout plein les parangons des ligues de vertu.

    ** Lire à se sujet la thèse d'Alexandre Pons de la faculté de Bordeaux


    N.B.: ce billet a été écrit pour Fureur des Vivres en septembre 2009.

  • Extrême Château Chalon

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    A la Une de la décidément toujours passionnante revue Le Rouge & le Blanc, Château Chalon, son piton rocheux et son vin de l'extrême. Extrême par son mode d'élaboration, son non-sens économique et tous les mystères biochimiques qui l'entourent. Extrême surtout, par le plaisir qu'il procure à ses adeptes. Un panorama très complet de l'appellation, des pistes de dégustation intéressantes à suivre et un petit coin du voile soulevé par Julien Marron, auteur de l'article. Même si le Vin Jaune continuera certainement de garder une grande part de ses secrets. Pour le plus grand plaisir des amateurs, qui sont loin d'avoir fini d'en cerner tous les contours.

    En bonus, sur le blog, vous trouverez ci-dessous mes propres commentaires de dégustation de la superbe verticale que Jean Macle avait concocté pour l'occasion, courant octobre 2008,  et à laquelle je fus fort gentiment convié par les œno-enquêteurs du Rouge & le Blanc. Que ce modeste prolongement bloguesque de leur article soit le témoignage de mes remerciements.

    - Côtes du Jura 2005 tradition: 80% chardonnay, 20% savagnin, sous voile, le standard du domaine, quasiment immuable. Richesse et équilibre, puissance et longueur, du fruit bien présent, quelques notes levuriennes type massepain, beaucoup de fraicheur et une belle persistance. Un grand classique pour Jean Macle, l'archétype de "son" Côtes du Jura.

    - Côtes du Jura 2005, 100% Chardonnay: une variante, sans le Savagnin. Une des nouvelles pistes explorées par Laurent Macle, pour diversifier la production du domaine. Jean Macle n'est pas totalement conquis, mais il a le mérite de nous le présenter, même s'il le fait de manière orientée, pour  tenter de prouver que cette approche ne vaut pas la "tradition". Acidulé et frais, l'oxydation ménagée dans ce qu'elle a de plus fin et élégant. L'élevage bois marque à peine plus à ce stade que sur la cuvée Tradition, de manière très fine, parce que le vin joue dans un registre plus délicat. Cet effet non recherché s'estompera vraisemblablement très rapidement. Un adorable Chardonnay sous voile, digne des plus grands.

    - Côtes du Jura 2003 Tradition: nez  "typé, marqué sur l'alcool, anisé, réglissé. Rond et compact, son équilibre est cohérent, avec suffisamment de fraicheur pour estomper l'effet millésime.

    - Côtes du Jura 2001, 100% Savagnin: une cuvée collector, non commercialisée, 100% Savagnin. Du Château Chalon déclassé, millésime oblige (ce fut le cas pour toute l'appellation), élevé 3 ans sous voile. Marqué éthanal, sur l'alcool à brûler, il possède de la rondeur en attaque, celle de l'alcool, puis plus de droiture en finale. Longueur correcte, inversement exponentielle à la durée de l'élevage. Pas un "petit" Château Chalon, dont il ne possède ni l'élégance , ni la finesse, mais un vrai Côtes du Jura Savagnin, pour amateurs de vins "typés".

    - Château Chalon 2000: malt, épices douces, safran, fruits jaunes se prolongeant dans une longue finale rémanente, un modèle de Château Chalon.

    - Château Chalon 1999: poivré et épicé au nez, avec de jolies notes de gingembre. Une bouche pleine et harmonieuse, riche. Ce vin a tout. Tout pour plaire, maintenant et pour les siècles des siècles. La perfection faite Château Chalon, très certainement. Il va falloir arrêter de le goûter et en garder pour les générations futures, désormais!

    - Château Chalon 1990: nez très fin, ouvert, sur le moka, l'orange confite. Bouche minérale, légèrement terpénique (hydrocarbures), avec beaucoup d'acidité (pH=2,90, pour 14° d'alcool), longue finale salivante. Un vin superbe, en train de se révéler, exprimant toute la patte et le savoir-faire de Jean Macle en matière d'élaboration de vin jaune.

    - Château Chalon 1988: nez complexe, sur un mode tertiaire. Croûte de Comté, puis hydrocarbure, humus, praline. Bouche minérale et fraiche, sapide, d'une grande longueur.

    - Château Chalon 1989: une trilogie de haut niveau servie dans le désordre. Des 3, ce 89 me semble le plus épanoui, le plus harmonieux, le plus fondu. Un registre toujours élégant, racé. Moka, puis hydrocarbure, une constante retrouvée au vieillissement sur les vins du domaine.

    - Château Chalon 1983: on poursuit le voyage dans le temps, pour de nouvelles sensations. A ce côté hydrocarbures et moka, commence à s'ajouter des notes miellées apportant de la douceur en bouche, sans pour autant diminuer la sensation minérale et la vivacité. La finale reste fraiche, laissant le dégustateur rêveur. Le silence qui s'ensuit, c'est encore du Jean Macle!

    - Château Chalon 1976: on retrouve au premier nez cette note de croûte de Comté. Une sensation un peu lactique qui pourrait paraitre dérangeante mais qui s'estompe en fait très vite pour laisser la place à des arômes plus profonds et envoûtants d'orange confite. Une sensation de rôti, comme sur les grands Sauternes. Suave en bouche, presque doucereux, il ne possède évidemment aucun sucre résiduel. Tout cela est harmonieux, enivrant, très pregnant.

    - Macvin 2004: un pur chardonnay muté avec un Marc de 5 ans, resté 3 ans en fût, et récompensé dans différents concours. Jean Macle en est fier, parce que le Macvin, c'est vraiment l'autre grande spécialité du domaine. Un produit très recherché localement, qui témoigne du savoir faire jurassien et qui permet d'utiliser les grandes quantités de Marc produites et de moins en moins consommées en l'état. Celui-ci possède une couleur claire (pur chardonnay), un très joli fruité, de la fraicheur et une acidité finale savoureuse. Très enthousiasmant, iltrouvera aisément sa place à l'apéritif, en accompagnement d'un melon voire même dans la grande gastronomie pour élaborer des mets sophistiqués.

    - Macvin 2000: tiré du fût. Il y est toujours depuis 8 ans. Rond, plein, puissant et harmonieux, le mariage vin-alcool est à son apogée. Un Macvin d'anthologie, qui sera probablement millésimé, ce qui est peu usité pour un Macvin, réservé aux cuvées d'exception. Le dernier en date était 1990, si ma mémoire est bonne.

    Un numéro du Rouge & le Blanc qui se doit de figurer en bonne place dans la la bibliothèque des œnophiles de l'extrême, au milieu des albums de Blake et Mortimer!

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    ©www.leblogdolif.com


    Olif

  • VDV 22: duel dans l'oued et sous la neige!

     

    VendredisduvinVoici donc la 22ème session des Vendredis du vin, session pour laquelle il va falloir jouer à la fois de La Pipette et de la fourchette, à la demande de PhR, qui sait si prendre pour nous faire mettre à table.

    Duel ou duo à table, deux accords à tester après être passé en cuisine. Ou éventuellement avoir été invité, ce qui évite les préliminaires aux fourneaux. Coïncidence, ce soir-là, on était vendredi. Deux bouteilles antinomiques, en vue d'un accord, possible ou non. Alors, demande en mariage ou divorce immédiat? La Pipette et Meetic, même combat? C'est parti pour un duel en hiver, sous la neige, en accompagnement d'un des plus sublimes couscous haut-doubien qu'il me fut donné de manger. Une oasis en plein hiver, avec boulettes de viande maison, roulées sous les aisselles, et merguez hallal, ah la la!, j'en salive encore. Le couscous fut donc royal, les pois, chiches, mais également délicieux, et l'accord novateur, presque parfait. Merci Manu, merci Laurent!

    Il était une fois dans l'Est dans l'Oued dans l'Ouest, harmonica en option...

     


    Quoi boire avec un couscous aussi bon que là-bas, dis!, sinon un rouge solaire et chaleureux? Le rouge en question ne provenait pas de l'oued, mais du Rhône, et sur le papier, cela pouvait le faire. Gigondas Oratorio 2006 de la maison de négoce castelpapale Ogier, désormais filiale du groupe Jeanjean, le négociant qui écrit depuis 5 générations l'histoire des vins du Languedocguedoc. Mou du consensus, destiné à plaire au plus grand nombre, vil, flagorneur et sucraillon, pas vraiment du style à émoustiller des papilles aguerries à la minéralité et aux vins natures! Alors, quoi d'autre boire, avec ce couscous? Et pourquoi pas un Château Chalon 2000 de la propriété castelchalonnaise Macle, le pape du Château, débouché préalablement lors d'un apéritif dégustatif?

    Couscous Oratorio!Couscous Château!

    Couscous royal!

     

    Un CC 2000 connu presque sur le bout des ongles, très arrondi, déjà plaisant, qu'il ne faut évidemment pas hésiter à garder en cave, mais qui fait déjà danser le ventre et se tortiller le nombril. La puissance du Château Chalon lui permet de ne pas se faire écraser par le plat, à condition de ne pas l'avoir noyé d'harissa. Ça fonctionne! Et puis, le vin est tellement bon! Et le couscous aussi!

    En guise de préliminaire, en avant-première, car non présenté à la Percée, le Château Chalon 2002 est déjà dans une phase très amène. Il devrait bientôt être commercialisé.

    Vivent les 3 C: Couscous Château Chalon!

     

    Olif

  • Quand Laurent Macle jardine en Arbois...

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    Les Jardins de Saint-Vincent à l'heure castel-chalonnaise! Carte blanche à Laurent Macle pour l'occasion, devant un parterre de groupies où la corporation vigneronne était fort bien représentée. Les arboisiens auraient-ils envie de s'inspirer du savoir faire sudiste jurassien? La dégustation n'en fut que plus passionnante, un de ces grands moments offerts par Stéphane-Saint Vernier-Planche, le sommelier-caviste qui renvoie Voltaire et son Candide à leurs chères études. Il faut cultiver notre Jardin arboisien...

    Une descente de Savagnin à laquelle nous commençons à être coutumiers, mais on ne s'en lasse guère, bien au contraire. Parvenir à capter le moment où tout bascule, suivre la progression du process qui aboutit à la formation du voile, puis du Château Chalon, voilà bien un travail pratique passionnant et enrichissant qui ferait aimer l'école au plus las des cancres.

    On commence par goûter les tout premiers jus de 2008 en exclusivité mondiale, avant d'entamer une lente et exceptionnelle remontée dans le temps, du Savagnin au Château Chalon!

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    - Savagnin 2008: 12,4°, 2,85 de pH. Vendangé le lundi 13 octobre 2008. Déjà sec, d'une très grande acidité, sur des notes de pamplemousse d'une grande netteté. Une structure impressionnante, pour un millésime qui sera néanmoins très acide. La notion d'équilibre sera donc prépondérante!

    - Savagnin 2007: en fût de puis le mois de mai 2008, ensemencé naturellement. Le fût est en vidange mais n'a pas encore de voile. Déjà très pur et net, avec du gras, des notes beurrées et réglissées, une petite touche de fruits secs en finale. Pas encore vraiment oxydatif et pourtant déjà tellement bon qu'on en boirait! Certains ont suggéré une mise en bouteille rapide pour profiter de cette fraicheur magnifique, mais ils se sont vite fait rappeler à l'ordre. Il est encore long le chemin qui mène à Château Chalon!

    - Savagnin 2006: sur le fil, on sent que la bascule vers l'oxydation ne saurait tarder. Beau nez complexe, fruité, avec des notes de colle blanche. Bouche droite, finement oxydative, élégante et fraiche.

    - Savagnin 2005: nez très fin et complexe, bouche riche et puissante, avec des notes d'écale de noix verte, d'épices, de gingembre, de poivre. La longueur s'affirme, s'accordant avec la richesse du millésime.

    - Savagnin 2004: nez sur la croûte de Comté. La bouche gagne en longueur et en persistance. L'oxydation ménagée est bien là. Droit, acidulé et tendu, frais et fin, il traduit à merveille son millésime de haut rendement (50 hl/ha contre 30 habituellement).

    - Savagnin 2003: un millésime à part, affirmé. Riche, beaucoup d'alcool, compact, il sait garder une pointe de fraicheur dans un coin pour donner un vin réellement digne d'intérêt, qui transcende les écueils de la nature.

    - Savagnin 2002: quasi du Château Chalon nouveau, celui qui sera mis en perce en février 2009. Un échantillon prélevé sur un fût de cave moins fraiche que les précédents, d'où quelques différences de style, qui ne conviennent guère à Laurent Macle. Pourtant...
    Trame droite, longue et acidulée, sur des flaveurs d'épices, de gentiane, de noix verte.

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    - Château Chalon 2000: aromatiquement en retrait. Bouche droite, tendue, presque austère. Un peu recroquevillé sur lui-même, à attendre.

    - Château Chalon 1990: nez envoûtant, riche, complexe, sur le moka, le malt, évoluant vers de petites touches d'hydrocarbures. Pas aussi prononcées que dans la cuve à mazout du grand-père de notre vieux copain Le Seb, absent de marque de la soirée (aux Antipodes mais si près de nous quand même), à qui nous dédions cette bouteille. Malgré ce chouïa de pétrole, un vin plutôt très raffiné, fin et élégant. Bouche moelleuse et arrondie, avec du volume, soutenu par une sacrée acidité. Grand millésime, grande bouteille procurant déjà un grand plaisir.

    - Château Chalon 1986: moka, écorce d'orange, anis, miel, la quintessence d'un grand Château Chalon qui arrive à maturité et qui livre ses secrets. Encore très jeune, il est tellement fondu et harmonieux que c'en est un régal.

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    Pour cloturer cette dégustation d'anthologie, une rareté et un collector hors commerce, un Vin de Paille du domaine Macle. 1/3 Poulsard, 1/3 Chardonnay, 1/3 Savagnin, la complexité et la complémentarité des trois cépages assemblés: fraise, raisin de Corinthe, mine de crayon, un équilibre de Paille exemplaire, bâti sur une droiture et une acidité magistrales, laissant la bouche propre et nette.

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    Stéphane-Saint Vernier-Planche, le sommelier-caviste qui jamais ne vous rase avec ses commentaires de dégustation!

    Olif