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jardins de saint-vincent

  • Vins natures dans la nature et aux Jardins: après la Mailloche, un tour aux Tourillons!

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    Stéphane Planche, le caviste-sommelier des Jardins de Saint-Vincent en Arbois, le vin nature, c'est son jardin et une seconde nature. Un double concept qui a désormais fait ses preuves: déguster du vin nature à même la parcelle qui l'a produit. Après En Chaudot (pour une dégustation mémorable au milieu des vaches), Château Chalon (et l'embrasement du Puits Saint-Pierre) et la Mailloche il y a deux ans (les pieds dans la marne jaune, avec une jolie perspective sur le domaine de l'Octavin, une dégustation mystérieusement portée disparue du blog au creux de l'été 2012), les Tourillons ont eu le privilège de recevoir la quatrième édition de ces "Vins natures dans la nature", orchestrée par le jardinier de Saint-Vincent. Les Tourillons, là où tout a commencé pour Renaud Bruyère et Adeline Houillon. Sans doute pas l'un des plus beaux terroirs arboisiens, mais un terroir avec vue. Depuis cette parcelle complantée de chardonnay, savagnin et trousseau, la soirée fut particulièrement bien jardinée et organisée par Stéphane Planche et Renaud Bruyère.

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    Une fois le cadre posé, dans le soleil couchant et le nez dans le verre, il n'y avait qu'à se laisser porter par l'enchaînement des cuvées et des millésimes. Prometteur Arbois blanc 2013, assemblage de chardonnay et de savagnin dans les proportions de la parcelle des Tourillons, tiré sur fût, encore sur des notes fermentaires. Le même, en 2011, déjà bien posé, et, pour finir les blancs, un Arbois-Pupillin 2012, pur chardonnay majuscule, à la grande dimension argileuse pupillanaise.

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    Quel plus beau spectacle qu'un verre de ploussard dans le soleil couchant? Et quel ploussard! Cet Arbois-Pupillin 2012 presque orange, c'est du rouge, avec de magnifiques petits tanins fluides, qui glissent dans le gosier en laissant néanmoins leur empreinte sur les papilles. Vin de soif, donc, mais pas uniquement, car doté d'une grande personnalité. Dans un autre style, avec une robe plutôt groseille, l'Arbois trousseau 2012 détonne et étonne. Du jus de grenade bio qui te pète à la gueule, avec une petite astringence rustique que j'aime beaucoup et qui accroche au palais. On en boirait presque au petit déjeuner! Le 2011 est un ours polaire (© Du Morgon dans les veines), dont il ne reste plus beaucoup d'exemplaires. Heureux les chanceux qui en ont gardé un peu, c'est juste magnifique. D'ailleurs, je crois qu'il m'en reste une ou deux bouteilles.

     

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    En bonus, un rouge 2013 tiré du fût, supposé problématique car parti d'emblée sur l'acétate. ll revient pourtant très bien, même s'il ne devrait pas être commercialisé et plutôt destiné à devenir le vin des vendanges 2014. Ce qui devrait d'ailleurs attirer un maximum de vendangeurs chez Adeline et Renaud cette année, à l'heure du repas. Et puis, Les oubliés de Paname, cette  fameuse cuvée de vendanges tardives faite par Renaud avec les raisins "oubliés" par les vendangeurs parisiens de Stéphane Tissot en 2009. Dans le genre surmaturé (presque) sec, une petite merveille.

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    Vins natures dans la nature, quatrième, et un concept toujours aussi séduisant. À pratiquer de préférence par une belle soirée ensoleillée du mois de juin pour mieux profiter du paysage et des vins, avant de danser autour d'un feu de la Saint-Jean.

     

    Olif

     

    P.S.: en bonus photo, Vins natures dans la nature 2012, ou Arbois vu depuis la Mailloche, versant Octavin. De bien belles images qui se passent de commentaires!

     

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  • Saint-Glou 2012, Jurassic good trip...

     

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    Jura: vignoble dont on a fait une montagne. Accessoirement, département immatriculé 39, de couleur plutôt verte. Par ailleurs, bouteille spécifique de forme un peu particulière, destinée à accueillir du vin du Jura, quelle que soit sa couleur, sauf jaune.

    Entièrement situé dans le département du Jura, adossé au massif du Jura, le vignoble du Jura est une simple bande de terre de 80 km de long qui s'étend sur les coteaux du Revermont, de Salins les Bains jusqu'à Saint-Amour, aux portes de la Bresse, en passant par Arbois, Château Chalon et Rotalier. Reposant sur des sols argilo-calcaires qui sont à l'origine de certaines de ses particularités, ce petit bout de vigne affiche une sacrée personnalité. Séparé de la Bourgogne voisine par la large vallée de la Saône, il ne craint désormais plus l'ombre portée par le prestigieux voisin. Les marnes du Lias et du Trias ont permis l'épanouissement de cépages autochtones originaux particulièrement adaptés à ce type de sols, cépages que l'on ne retrouve nulle part ailleurs ou presque. Savagnin, poulsard (ou ploussard, peu importe, l'important, c'est d'en boire) et trousseau résistent bien au développement croissant du chardonnay et du pinot noir, cultivés aussi de longue date, mais vraisemblablement importés de Bourgogne. La renommée du vin du Jura lui vient en grande partie de l'un de ses produits-phare, le vin jaune. Cet accident oenologique, élevé pendant 6 ans dans un fût en vidange, sous un voile de levures qui le protègent d'une transformation en vinaigre, en ménageant son oxydation, donne un vin hors norme que le néophyte ne sera pas toujours à même d'apprécier à sa juste valeur. Les arômes caractéristiques de noix qu'il dégage font souvent fuir l'amateur de vins non-initié, autant qu'ils attirent comme des mouches ceux qui sont rompus à la dégustation de ce breuvage.

    Outre de grands vins, le Jura a également donné naissance à de grands hommes. Le plus célèbre d'entre eux est sans nul doute Louis Pasteur, qui a effectué une grande partie de ses travaux sur la fermentation alcoolique dans la petite ville d'Arbois. On ne le remerciera jamais assez d'avoir considéré le vin comme étant la plus saine et la plus hygiénique des boissons, mais on déplorera tout le mal causé aux fromages au lait cru par la pasteurisation. Le plus injustement méconnu des inventeurs jurassiens est sans conteste Charles Sauria, né à Saint-Lothain, dont l'éclairage fut plutôt bienvenu à l'intérieur des caves, une fois qu’il eût inventé l’allumette à friction.

    Les vins du Jura sont fort justement considérés par les Jurassiens comme les meilleurs des vins produits au monde.

     

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    Salins-les-Bains: cité thermale, d'art et d'histoire, ville sinueuse se faufilant entre les montagnes, en suivant le lit tourmenté de la Furieuse, Salins-les-Bains ne manque pas de sel. En 52 avant Jésus-Christ, Salins-les-Bains a failli devenir célèbre, en manquant de peu le siège de la bataille d'Alésia, qui s'est déroulée à une trentaine de kilomètres de là, du côté de Champagnole et Chaux des Crotenay. Le Jura, terre de défaite, mais pas tout le temps non plus, faudrait voir à ne pas trop pousser le bouchon. On murmure même que Rouget de Lisle, illustre natif de Lons-le-Saunier, a failli appeler son hymne national victorieux la Juraseillaise. C'est dire. En 2012 après Jésus-Christ, Salins-les-Bains est devenue totalement mythique, pour avoir accueilli le camp de base des adorateurs de Saint-Glou, qui, comme chacun sait désormais, se fête avec tous les autres Saints. Glou, saint patron des buveurs, a donc élu domicile temporaire au pied du Mont Poupet, haut-lieu du vol libre et, désormais, du vin libre. Pour une canonisation rituelle et annuelle dans les règles de l'art, une large et belle victoire digne de Jules César. "La Saint-Glou 2012, j'y étais!" pourront dire en 2052, la larme à l'oeil, les survivants, encore poilus ou pas.

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    Pour profiter pleinement d'un séjour, il faut bien dormir, c'est une évidence. La Maison Salines, qui a ouvert ses portes en juillet cet année, ne manque pas d'atouts. Cet ancien hôtel particulier, rénové avec classe et avec goût, dans le respect du style de l'habitation, possède tout le confort moderne. Ses immenses salons favorisent la bonne convivialité, les afters prolongés et les debriefings passionnants. Possédant 5 belles chambres, aux lits confortables, indispensables à la bonne récupération des glouglouteurs, elle permet de loger une dizaine de personnes, ce qui peut nécessiter de réserver des annexes, pour contenir l'invasion de la Séquanie par des hordes de Belges assoiffés, le tire-bouchon entre les dents, qui ignorent encore que la guerre des Gaules est terminée, depuis une certaine bataille qui s'est déroulée pas très loin d'ici (voir plus haut). Une fois les participants excédentaires logés, qui dans un petit gîte attenant, qui à l'Hôtel voisin des Deux Forts (tirant son nom de la présence toute proche du fort Belin et du fort Saint-André, surplombant la ville, rien à voir donc avec la corpulence des gaillards qui y dorment), la Saint-Glou peut officiellement débuter. Direction Arbois, aux Jardins de Saint-Vincent, pour une soirée apéritive autour de la relève vigneronne arboisienne.

     

    Les Jardins de Saint-Vincent, Arbois: quel autre endroit pourrait être plus indiqué pour découvrir les jeunes vignerons jurassiens? Le jardinier Stéphane Planche en mission sommellerie dans le Mâconnais, c'est Julien qui est aux manettes, solidement épaulé par une triplette vigneronne, eux-même parfois assistés de leur secrétariat de direction.

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    Au menu, des jus de 2012, en avant-première mais pas en primeur, le Plouplou nouveau n'ayant pas encore fait suffisamment école pour se contenter d'élevage aussi bref. Charles Dagand, du domaine de L'Octavin a le privilège de l'ancienneté. Tout auréolé d'une bonne et belle assurance, il n'a pas tremblé, lorsqu'il s'est agi de faire goûter ses jus. Encore un bien joli travail sur l'enzymatique, pour la cuvée 2012 du trousseau des Corvées, dite cuvée du nain, une macération carbonique complètement maîtrisée. Pamina 2009, le chardonnay de la Mailloche, se boit comme du petit lait.

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    Renaud Bruyère n'en est qu'à son deuxième millésime, mais n'a déjà plus rien à vendre. Petit domaine, petite production et un travail à temps partiel chez Stéphane Tissot. Depuis qu'Adeline a quitté le GAEC Houillon pour le rejoindre, l'idée est effectivement de s'agrandir. Les 2012, blancs comme les rouges, sont déjà superbes et donnent envie d'en boire. L'ultime bouteille d'Arbois blanc 2011, miraculeusement sauvée de la cave des Jardins pour l'occasion, a fait des étincelles.

     

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    Alexis Porteret a démarré l'aventure des Bodines avec le millésime 2010. Secondé par sa femme Émilie, il continue de travailler au domaine de la Pinte, tout en produisant quelques fabuleux jus de trousseau, poulsard, chardonnay ou savagnin. Les rouges 2012 promettent de belles choses et confirment haut la main la très bonne impression déjà laissée par les deux millésimes antérieurs.

     

    Stéphane Tissot, Montigny-les-Arsures:

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    Quand Stéphane Tissot montre la Mailloche, le Saint-Glouglouteur photographie le doigt...

     

    On ne présente plus la star du vignoble arboisien, chargé d'ouvrir le bal du Savagnin day. Ou, comment tenter de faire appréhender la complexité, la grandeur et le potentiel de ce cépage en une seule journée. Le savagnin dans tous ses états, ou presque, pour un remake in situ d'une certaine dégustation vendéenne... Pendant des décennies, on a voulu faire croire au peuple que l'arôme typique de ce cépage était la noix et que cela correspondait parfaitement au goût du Jura. Une question de mode et de loi du marché, essentiellement local, pour ce breuvage exclusivement caractérisé par une typicité d'élevage.

     

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    À peine le temps d'un BBF apéritif, départ en courant pour profiter d'une éclaircie, direction En Muzard, pour une petite leçon de terroir, méthode Assimil accélérée. L'élément-clé du terroir jurassien, ce sont évidemment les marnes. Rouges, jaunes, bleues, blanches, irisées. Les rouges proviennent du trias. Ce sont géologiquement les plus anciennes et elles conviennent particulièrement bien au trousseau. Montigny en est fort bien dotée, ce qui lui a valu le titre de Capitale mondiale du trousseau. On ne demande qu'à vérifier, même en jour "savagnin".

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    Retour au caveau, donc. Et, en théorie, au savagnin. Après quelques chardonnays, quand même, pour une dégustation en jour "racines et des ailes*". Graviers, En Barberon et Clos de la Tour de Curon 10 témoignent de la belle expression du millésime, après des 09 un peu plus riches. Et puis un superbe et juvénile Clos de la Tour de Curon 2004, le premier millésime de cette parcelle exclusivement calcaire, pour mieux cerner la problématique calcaire vs argile. Et aussi En Barberon blanc 2000, la première cuvée sans soufre en blanc du domaine. Un peu de rouge, pour continuer de se faire la bouche, dont le poulsard du DD 2012, une véritable carbo en foudre, mais qui n'en a pas l'air, et qui se sirote à grandes lampées, et un impressionnant Trousseau 2011, en jour "amphore", la première tentative d'élevage dans ce contenant sur un rouge au domaine. Et puis le savagnin, enfin. En commençant par un Traminer 11, parti à la recherche de ses racines alsaciennes. Et enfin, avant de passer au jaune, ce vin orange totalement envoûtant, magnifié par la terre cuite, dans le millésime 2011.

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    Les blancs de macération, dits blancs cuvés, semblent être une très ancienne tradition arboisienne, inconnue de tous, y compris des arboisiens. La première expérience de Stéphane Tissot remonte à 1992, sur un savagnin, justement. Élevé pendant 6 ans sous voile. Le premier vin jaune orange au monde, en fait. On en a profité pour le goûter, pendant qu'on y était. Réellement étonnante cette petite sensation tannique finale apportée par la macération. La transition toute trouvée pour basculer dans le monde de l'oxydatif, une indéniable tradition jurassienne. Un petit tour dans la cave à jaunes, située à l'étage (il en existe une deuxième, plus fraiche, pour jouer sur le style des vins) permet d'appréhender visuellement le voile et de le humer. Hummmm! Des flaveurs complètement différentes selon les fûts et/ou le millésime, entre malt et épices, mais sans la noix. Et, en bouche, une expression complètement différente en fonction du terroir, puisque Stéphane pratique des vinifications parcellaires sur ses jaunes depuis 2003. Les Bruyères, En Spois, la Vasée, et, prochainement, la Mailloche, bénéficient donc d'un enclavelinage séparé.

     

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    Séance shooting pour vin orange en carafe...


    Et en guise de conclusion, l'apothéose finale avec la cuvée Mélody 2004, savagnin de glace récolté le 22 décembre par -11°C. L'unique vin de ce type produit ici, sur une parcelle laissée volontairement en surmaturité, mais que les conditions climatiques automnales n'ont pas permis de vendanger tardivement dans de bonnes conditions. Ultime chance: que l'hiver rattrape le coup, ce qui fut fait de fort belle façon. Un vin d'exception, à l'équilibre magique et glacé, dont on ne se lasse pas.


    Cancoillotte, Mont d'Or, Morteau, pommes de terre et pitits gâteaux conticiniens

     

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    Le savagnin, ça donne faim, surtout après 4 heures de dégustation. Il était grand temps de rentrer à la Maison Salines pour un déjeuner franc-comtois roboratif, constitué de produits du cru et du meilleur de la pâtisserie parisienne. La cancoillotte maison a été élaborée à partir de metton de la maison Poitrey et il a fallu touiller, ça c'est sûr! Le tout accompagné de quelques vins de vignobles voisins, conviés à table. La cuvée des Gueux 2009, un beau Chignin collaboratif, bien rond, élaboré par la famille Berlioz, n'a pas été trop dépaysée par l'accord fromager.


    Laurent Macle, Château Chalon:

    C'est le ventre bien rempli que les pélerins de la Saint-Glou ont alors pris le chemin de Château Chalon, à la nuit tombante et sous une pluie battante, pour pénétrer dans le Saint des Saints, une cave fraîche à vin jaune.

     

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    Ici, d'ailleurs, on ne fait pas de vin jaune. Uniquement du Château Chalon, le seul et unique grand cru de cette couleur, même si ce n'est pas officiel. Appellation modèle, qui essaie de tirer l'ensemble des viticulteurs vers le haut pour valoriser le cru (déclassement complet d'une récolte lorsque le degré n'est pas au rendez-vous, comme en 2001, par exemple). Pour se faire la bouche, comme il est désormais de coutume lorque l'on déguste en compagnie de Laurent Macle, un chardonnay ouillé, celui des Vendanges à Manue. Millésime 2010 et une jolie fraîcheur acidulée. Le tradition 2009 est pour l'instant encore un peu sous influence du millésime, avec richesse et rondeur. Beaucoup plus tranchant, le 2008 remporte les suffrages. Même décalage entre Château Chalon 2005 et 2004. Le Côtes du Jura 1979 et le Château Chalon 1982 arrivent à point pour faire juge de paix et donner des envies de coq!

     

    La Balance, Mets et vins, Arbois:

    Ça balance pas mal, à Arbois, ça Balance. Thierry Moyne y veille depuis un certain nombre d'années, maintenant. L'idée, pour prolonger le Savagnin day jusqu'au bout de la nuit, c'était finir sur un coq. Au vin jaune, évidemment. Celui de la Balance est mijoté et servi en cocotte. Du bonheur pour un coq. Quasiment en pâte. Avec quelques vieux jaunes pour l'accompagner, j'en ai bien peur. Après un ou deux magnums de Pupillin 2011 du domaine Overnoy-Houillon pour se préparer le palais et étancher la soif, il est vrai.

     

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    De gauche à droite, par ordre d'apparition sur la table:

    -L'Étoile 1990 du domaine de Montbourgeau: une vinification signée du père de Nicole Deriau, Monsieur Jean Gros, absolument rien à voir avec moi, donc. Une grande émotion pour le bistrotier du fond à gauche, qui a assidument fréquenté le domaine à cette époque. De la finesse dans l'oxydation et une jolie acidité qui maintient le vin encore largement debout.

    - Arbois 1987 Camille Loye: celui-là, il est encore parfaitement juvénile, loin de la retraite, contrairement à Monsieur Camille, qui a cessé son activité et vendu ses vignes en 1990. Un vin taillé pour une (encore) très longue garde, à l'image des 79 et 82 qui se donnent à fond actuellement.

    -Château Chalon 1986, Domaine Berthet-Bondet: le vin d'Eva, même s'il fait beaucoup moins jeune qu'elle. On approche déjà la quintessence d'expression d'un jaune un peu évolué. Miel, épices, morilles, un chouïa de noix, aussi. Mais pas trop. Très bon.

    -Arbois Vin jaune 1988, Jacques Puffeney: le vin d'un gars du métier. Plus claquant que le Château Chalon, mais aussi plus réservé. Un vrai jaune d'Arbois, massif et puissant, qui aurait encore mérité de longues années de garde.

    -Arbois Vin jaune 1996, Domaine de la Tournelle: plus fin que puissant, c'est toutefois une petite déception, du fait d'un déséquilibre sur l'acidité. A revoir ou à attendre..?

    -Arbois 1999, Michel Gahier: la grosse claque de la soirée, côté jaune. Un maillot pas volé, tellement il se boit avec délectation et gourmandise. Déjà bon très jeune, il est encore meilleur maintenant et le sera sans doute toujours plus tard, mais il est surtout doté d'un fort coefficient de torchabilité, ce qui n'est pas si courant pour un jaune.

     

    Maison Pierre Overnoy, Pupillin:

     

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    Pupillin, 11 heures du matin, dans l'antre de Maître Yoda, malheureusement absent pour cause de mission sanitaire. Anne et Emmanuel Houillon sont là pour nous accueillir. Dans le contrejour de la grande salle à manger de Pierre Overnoy, le ploussard 2011 (deuxième mise) resplendit dans les verres. De couleur très pelure d'oignon, ce n'en est pas pour autant un rosé, avec ses petits tanins fins, ses notes d'orange confite et d'épices. Pour Manu, il se rapproche des vins de Guy, frère de Pierre, qui s'épanouissent toujours en finesse. Il n'en subsiste que de très vieux millésimes dans la cave du domaine, goûtés de temps en temps lors de séances de dégustation organisées par Pierre.

    Aujourd'hui, malgré l'absence du maître de maison, également Maître loyal de ce genre d'exercice gustatif, la mission reste identique. Vins servis à l'aveugle, 0,8 seconde pour prendre le premier nez. Cépage, millésime, producteur et éventuellement la marque des roues du tracteur qui a transporté la vendange. Avec une question subsidiaire pour les plus pointus, la couleur des marnes où sont plantées les vignes.

     

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    0,8 seconde pour le premier nez, pas une de plus!

     

    De cette dégustation d'anthologie, vécue de façon purement hédoniste, sans aucune prise de notes, il faut forcément retenir quelques bouteilles, qui émergent à la surface de la mémoire. Comme cet énormissime vin jaune 1999, le premier à être produit depuis le mémorable 1989. Exception faite néanmoins du 93, qui, lui, ne sera jamais commercialisé. Presque 20 ans sous voile. Du jus de concentration de quintessence d'essence de jaune. Les anges se sont gavés, mais le dé à coudre qu'ils ont laissé permet d'entrevoir le caractère ultime du processus. Des notes épicées d'une infinie douceur, une rondeur suave en bouche et un alcool puissant mais fondu. On croirait boire un vieux rhum patiné par le fût et les ans. Et encore ce ploussard 91, toujours debout, dans un tout petit millésime que tous les vignerons voudraient avoir oublié, mais qui, ici, refuse de mourir. Tout au plus une petite faiblesse au nez, compensée par une bouche qui a encore de l'allant.

     

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    Avec moult terrines, puis saucisses vigneronnes, cuites au vin sur des sarments, les bouchons ont continué de sauter. En magnum de préférence, mais pas que. Anglore au foulard rouge, Clos des Vignes du Mayne, pinot noir alsacien de Bruno Schueller et même du persan de Nicolas Gonin en Balmes Dauphinoises. Avant un petit morceau de gâteau très conticinien d'Édouard Hirsinger, suivi d'une petite promenade digestive au belvédère du vignoble pour les plus courageux, les autres se contentant d'un petit tour en monte-charges à la cave.

     

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    Malgré son absence temporaire, Maître Yoda n'a jamais été bien loin de nous...

     

    Chocolaterie Hirsinger, Arbois:

    Rendez-vous avait été pris à 18 heures chez Édouard Hirsinger, Meilleur Ouvrier de France et Meilleur Chocolatier du Cosmos. On a failli être en retard. La faute aux bouchons entre Pupillin et Arbois, c'est une évidence. Quatrième génération de chocolatier, toujours dans la même maison, sur la place de la liberté en Arbois, Édouard Hirsinger poursuit le destin familial de la plus belle des manières.

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    En une grosse demi-heure, montre en main, tous les secrets de la fabrication d'un chocolat vivant nous ont été révélés. Avec, enfin, la réponse à cette angoissante question: mais comment font-ils pour réussir à mettre la ganache à l'intérieur du chocolat?

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    Et quelle est donc la clé de la réussite d'un véritable marron glacé? Le confisage maison, c'est une évidence. Lent, long et fastidieux, c'est néanmoins un savoir-faire qu'il ne faut pas perdre. À l'heure où 90% des marrons glacés sont confits industriellement, ici, tout est fait à la main, avec les meilleurs marrons du Var ou d'Ardèche, de l'épluchage jusqu'au glaçage. Un point d'honneur pour Édouard, qui accorde à juste titre une très grande valeur à la collerette bleu blanc rouge qui orne sa tunique.

    La visite de l'atelier se cloture traditionnellement par celle du musée du Chocolat, dans la cave de la maison. Là sont pieusement conservées les reliques d'un savoir-faire ancestral qu'il est désormais primordial de ne plus jamais oublier.

     

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    Restaurant Jean-Paul Jeunet, Arbois:

     

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    Impossible d'imaginer un séjour œno-gastro-touristique sans faire une halte chez Nadine et Jean-Paul Jeunet, le graal de tout gastronome affamé de Jura. Accueillis sur le perron par le grand chef en personne, le festival des saveurs peut se poursuivre en beauté. Homme de goût ouvert et cultivé, Jean-Paul Jeunet n'hésite pas à recommander un excellent brasseur belge aux Bruxellois de passage. Cantillon, pour ne pas la nommer. Ça tombe bien, ils en avaient rempli le coffre avant de venir. Ardent défenseur de l'identité du terroir, même dans les mets les plus simples, il nous a brillamment démontré la nécessité absolue de servir de la Morteau avec la choucroute, là où les Alsaciens recourent habituellement à la Strasbourg et où les Bruxellois n'hésitent pas à faire appel aux bulots.

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    À table, les mets sont d'une finesse remarquable, construits autour d'une alliance harmonieuse de saveurs et de textures. Parmi les choses les plus simples, les plus surprenantes et goûteuses de la soirée, dans un menu en 5 services qui valait largement 2 étoiles, figurent ces 3 petits cylindres de beurre. Et plus particulièrement celui du milieu. Parfumé à la saucisse de Morteau, une absolue petite tuerie, à tartiner avec immodération, en l'absence d'hypercholestérolémie, sur les divers petits pains arômatisés présentés. La Morteau aura donc été le véritable fil d'Ariane de cette Saint-Glou franc-comtoise. Il n'y a qu'au dessert que nous n'en avons pas mangé...

    Carte blanche à Alain Guillou pour le service des vins. Choix argumentés, parfois controvérsés, mais pleinement assumés par le sommelier, le meilleur pour l'année 2013 selon le Gault et Millau. Mention particulière au Crémant du Jura de Michel Gahier servi à l'apéritif, au Vin de Pays de Franche-Comté rouge 2010 du domaine des Cavarodes servi avec la terrine de colvert en strates de foie gras aux trompettes de la mort, ainsi qu'à l'accord, pour moi idéal, mais diversement apprécié, entre Spirale 2002 de Stéphane Tissot et la figue de Solliès rôtie.

     

     

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    Et ce fut le retour à la Maison Salines, pour un after traditionnel autour d'un verre de Cantillon, assorti d'un reste de pomme de terre trempé dans la cancoillotte, pour celle qui avait encore un peu faim...

     

    Jean-François Ganevat, La Combe de Rotalier:

    Mettre un pied dans la Combe, c'est l'assurance de finir par les avoir les deux. Les Saint-Glouglouteurs ne pensaient plus pouvoir être impressionnés par le Jura, ils allaient voir ce qu'ils allaient voir!

     

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    Fanfan (vous permettez que je l'appelle Fanfan? C'est un copain!) absent, retenu prisonnier en Batavie, ce ne sont pas une, ni deux bouteilles qu'il fallait goûter pour tenter d'appréhender un des plus grands domaines jurassiens,  mais pas loin de 50 bouchons que Anne, sa sœur Anne (ne vois-tu rien venir, à part une bande de Saint Glouglouteurs?), à qui Fanfan avait confié les rênes de la dégustation, allait devoir dégoupiller.

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    Au menu, des blancs pour l'apéro, de 2010 à 2000, des rouges pour la table, de 2011 à 2000, des jaunes pour le fromage, de 2004 à 2003, tout ça pour finir Sul Q au dessert. Et, côté solide, les mets préparés par Pierre-Ivan Boos, l'alchimiste de Pontarlier, qui avait fait le déplacement depuis ses montagnes pour l'occasion. Le chien Schiste, grand amateur de bellota, l'attendait d'ailleurs de pied ferme.

     

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    Les blancs 2010 font encore un pas en avant vers la félicité absolue. Le millésime s'y prête bien, avec son équilibre plus fin et digeste que 2009. Superbes acidités, vins vibrants, avec une préférence aujourd'hui pour Florine, les "jeunes vignes" des Chalasses, plantées en 1986. Le chardonnay des Grands Teppes est paradoxalement plus accessible que celui des Chalasses vieilles vignes, alors que c'est le contraire d'ordinaire, dans la période de jeunesse. Le travail du sol effectué sur la parcelle de Grusse commence à porter ses fruits, le vin gagne en dynamisme et tonicité d'année en année. En 2008, Marguerite fait toujours le bonheur de tous en offrant son cœur, sans pour autant prendre le melon. La queue rouge de cette variété de chardonnay y est sans doute pour quelque chose.

     

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    Pour faire la transition, quelques bulles de vieux cépages 2007 ont fait un grand 8 éphémère dans la bouche. Non dosées, fraiches, désaltérantes et extrêmement confidentielles, limite il n'y en a déjà plus une seule bouteille au monde.

     

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    À table, les rouges 2011 font des merveilles. Glissants, digestes, de faible degré alcoolique, salins et hautement buvables. Mention particulière au Pinot noir de Grusse, vinifié à part (après tri grain par grain et section du pédicelle au ras du raisin) et finalement embouteillé à part, tant il s'exprime différemment du Pinot noir Cuvée Julien habituel. De bien jolis tanins croquants complètement craquants. Superbe! Des vins dans la lignée des 2010, déjà hautement recommandables, mais pas à tout le monde ou n'importe qui... On fera l'impasse sur la dégustation des 2008 et 2009, pour ne pas abuser et mieux apprécier J'en veux 2000, qui a gardé encore pas mal de choses dans sa culotte. Le culte du vieux cépage ne sont pour Fanfan ni une lubie, ni une passade!

     

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    ©Mme Olif, toute reproduction interdite

     

    Repos du guerrier, Salins-les-Bains:

     

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    Dimanche soir, quelques potes ont repris la route, d'autres le train, mais certains sont restés au coin du feu. Pour un pot-au-feu d'adieu, dans l'ambiance cosy de la Maison Salines, autour d'ultimes quilles, les dernières cartouches de cette Saint-Glou 2012. Tous les participants peuvent être fiers d'eux et ce sera sans doute l'œil humide, que, dans une ou deux dizaines d'années, ils raconteront le Jura à leurs enfants ou petits enfants, en leur disant, des sanglots dans la voix:  "La Saint-Glou jurassienne 2012? J'y étais!"

     

    Dans le Jura, finalement, "on est des privilégiés!", comme le dit Édouard Hirsinger à la journaliste de France 3, dans l'émission "Des racines et des ailes"*. Pas mieux comme mot de la fin!

     

    Vivement la prochaine!

     

    Olif

     

    Des racines et des ailes a pris ses quartiers dans le Jura dès l'automne 2011, chez Edouard Hirsinger et Stéphane Tissot, notamment, pour une émission diffusée sur France 3 le 7 novembre 2012. La Saint-Glou a en partie marché et volé sur ses traces à la Toussaint 2012.

     

  • Saint-Glou 2012, Jurassic good trip, Jour 1...

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    Jura: vignoble dont on a fait une montagne. Accessoirement, département immatriculé 39, de couleur plutôt verte. Par ailleurs, bouteille spécifique de forme un peu particulière, destinée à accueillir du vin du Jura, quelle que soit sa couleur, sauf jaune.

    Entièrement situé dans le département du Jura, adossé au massif du Jura, le vignoble du Jura est une simple bande de terre de 80 km de long qui s'étend sur les coteaux du Revermont, de Salins les Bains jusqu'à Saint-Amour, aux portes de la Bresse, en passant par Arbois, Château Chalon et Rotalier. Reposant sur des sols argilo-calcaires qui sont à l'origine de certaines de ses particularités, ce petit bout de vigne affiche une sacrée personnalité. Séparé de la Bourgogne voisine par la large vallée de la Saône, il ne craint désormais plus l'ombre portée par le prestigieux voisin. Les marnes du Lias et du Trias ont permis l'épanouissement de cépages autochtones originaux particulièrement adaptés à ce type de sols, cépages que l'on ne retrouve nulle part ailleurs ou presque. Savagnin, poulsard (ou ploussard, peu importe, l'important, c'est d'en boire) et trousseau résistent bien au développement croissant du chardonnay et du pinot noir, cultivés aussi de longue date, mais vraisemblablement importés de Bourgogne. La renommée du vin du Jura lui vient en grande partie de l'un de ses produits-phare, le vin jaune. Cet accident oenologique, élevé pendant 6 ans dans un fût en vidange, sous un voile de levures qui le protègent d'une transformation en vinaigre, en ménageant son oxydation, donne un vin hors norme que le néophyte ne sera pas toujours à même d'apprécier à sa juste valeur. Les arômes caractéristiques de noix qu'il dégage font souvent fuir l'amateur de vins non-initié, autant qu'ils attirent comme des mouches ceux qui sont rompus à la dégustation de ce breuvage.

    Outre de grands vins, le Jura a également donné naissance à de grands hommes. Le plus célèbre d'entre eux est sans nul doute Louis Pasteur, qui a effectué une grande partie de ses travaux sur la fermentation alcoolique dans la petite ville d'Arbois. On ne le remerciera jamais assez d'avoir considéré le vin comme étant la plus saine et la plus hygiénique des boissons, mais on déplorera tout le mal causé aux fromages au lait cru par la pasteurisation. Le plus injustement méconnu des inventeurs jurassiens est sans conteste Charles Sauria, né à Saint-Lothain, dont l'éclairage fut plutôt bienvenu à l'intérieur des caves, une fois qu’il eût inventé l’allumette à friction.

    Les vins du Jura sont fort justement considérés par les Jurassiens comme les meilleurs des vins produits au monde.

     

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    Salins-les-Bains:

    Cité thermale, d'art et d'histoire, ville sinueuse se faufilant entre les montagnes, en suivant le lit tourmenté de la Furieuse, Salins-les-Bains ne manque pas de sel. En 52 avant Jésus-Christ, Salins-les-Bains a failli devenir célèbre, en manquant de peu le siège de la bataille d'Alésia, qui s'est déroulée à une trentaine de kilomètres de là, du côté de Champagnole et Chaux des Crotenay. Le Jura, terre de défaite, mais pas tout le temps non plus, faudrait voir à ne pas trop pousser le bouchon. On murmure même que Rouget de Lisle, illustre natif de Lons-le-Saunier, a failli appeler son hymne national victorieux la Juraseillaise. C'est dire. En 2012 après Jésus-Christ, Salins-les-Bains est devenue totalement mythique, pour avoir accueilli le camp de base des adorateurs de Saint-Glou, qui, comme chacun sait désormais, se fête avec tous les autres Saints. Glou, saint patron des buveurs, a donc élu domicile temporaire au pied du Mont Poupet, haut-lieu du vol libre et, désormais, du vin libre. Pour une canonisation rituelle et annuelle dans les règles de l'art, une large et belle victoire digne de Jules César. "La Saint-Glou 2012, j'y étais!" pourront dire en 2052, la larme à l'oeil, les survivants, encore poilus ou pas.

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    Pour profiter pleinement d'un séjour, il faut bien dormir, c'est une évidence. La Maison Salines, qui a ouvert ses portes en juillet de cette année, ne manque pas d'atouts. Cet ancien hôtel particulier, rénové avec classe et avec goût, dans le respect du style de l'habitation, possède tout le confort moderne. Ses immenses salons favorisent la bonne convivialité, les afters prolongés et les debriefings pointus. Possédant 5 belles chambres, aux lits confortables, indispensables à la bonne récupération des glouglouteurs, elle permet de loger une dizaine de personnes, ce qui peut nécessiter de prévoir des annexes pour contenir l'invasion de la Séquanie par des hordes de Belges assoiffés, le tire-bouchon entre les dents, ignorant encore que la guerre des Gaules est terminée depuis une certaine bataille qui s'est déroulée pas très loin d'ici (voir plus haut). Une fois les participants excédentaires logés, qui dans un petit gîte attenant, qui à l'Hôtel voisin des Deux Forts (tirant son nom de la présence toute proche du fort Belin et du fort Saint-André, surplombant la ville, rien à voir donc avec la corpulence des gaillards qui y dorment), la Saint-Glou peut officiellement débuter. Direction Arbois, aux Jardins de Saint-Vincent, pour une soirée apéritive autour de la relève vigneronne arboisienne.

     

    Les Jardins de Saint-Vincent, Arbois:

    Quel autre endroit pourrait être plus indiqué pour découvrir les jeunes vignerons jurassiens? Le jardinier Stéphane Planche en mission sommellerie dans le Mâconnais, c'est Julien qui est aux manettes, solidement épaulé par une triplette vigneronne, eux-même parfois assistés de leur secrétariat de direction.

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    Au menu, des jus de 2012, en avant-première mais pas en primeur, le Plouplou nouveau n'ayant pas encore fait suffisamment école pour se contenter d'élevage aussi bref. Charles Dagand, du domaine de L'Octavin a le privilège de l'ancienneté. Tout auréolé d'une bonne et belle assurance, il n'a pas tremblé, lorsqu'il s'est agi de faire goûter ses jus. Encore un bien joli travail sur l'enzymatique, pour la cuvée 2012 du trousseau des Corvées, dite cuvée du nain, une macération carbonique complètement maîtrisée. Pamina 2009, le chardonnay de la Mailloche, se boit comme du petit lait.

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    Renaud Bruyère n'en est qu'à son deuxième millésime, mais n'a déjà plus rien à vendre. Petit domaine, petite production et un travail à temps partiel chez Stéphane Tissot. Depuis qu'Adeline a quitté le GAEC Houillon pour le rejoindre, l'idée est effectivement de s'agrandir. Les 2012, blancs comme les rouges, sont déjà superbes et donnent envie d'en boire. L'ultime bouteille d'Arbois blanc 2011, miraculeusement sauvée de la cave des Jardins pour l'occasion, a fait des étincelles.

     

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    Alexis Porteret a démarré l'aventure des Bodines avec le millésime 2010. Secondé par sa femme Émilie, il continue de travailler au domaine de la Pinte, tout en produisant quelques fabuleux jus de trousseau, poulsard, chardonnay ou savagnin. Les rouges 2012 promettent de belles choses et confirment haut la main la très bonne impression déjà laissée par les deux millésimes antérieurs.

     

    ...

     

    Olif

     

    P.S.: tous ces vignerons sont membres de l'association le Nez dans le vert, qui tiendra salon les 24 et 25 mars 2013, au domaine de la Pinte. Un retour de la Saint-Glou en perspective?

     

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    P.S.2: la Saint-Glou, ça se vit et ça se raconte. Eva en a écrit les 10 ou 11 commandements et Samia, visiblement traumatisée, a cherché à s'en exorciser au plus vite...

  • Le Noël des Jardins

    Noëls avant l'heure, Noël après l'heure... Le Père Noël des Jardins, Stéphane "Saint-Vernier" Planche, est pourtant passé à l'heure mais le temps a manqué pour retranscrire cette soirée de fête organisée en grandes pompes, mais pas du 45. La neige était au rendez-vous, jusqu'en plaine, à l'origine de quelques désistements de dernière minute, ce dont les participants ne se sont pas plaint, leurs verres l'étant plus, pleins.

     

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    Soirée festive et grandes bouteilles, de tous âges et tous styles, pour tous les goûts, de préférence bons, dégustées à l'aveugle, comme de bien entendu, sans à priori. C'est parti!

     

    IMGP0126.JPG- Crémant du Jura Extra-brut 1999, Stéphane Tissot: nez très mûr, fruité, brioché, avec des notes de noisette. En bouche, fraicheur, bulle fine, élégante, qui évoque Selosse à certains participants, et pas des moindres. Personne ne s'est vu en Jura, mais plutôt dans la belle Champagne vigneronne. Faut-il prendre cela pour un compliment? Évidemment, et il est réciproque. Une superbe entrée en matière qui démontre que la Champagne n'a pas l'exclusivité des bulles de qualité mais qu'elle reste néanmoins la référence. Quand un Crémant est aussi bon, on le situe d'office en Champagne à l'aveugle!

     

    IMGP0127.JPG- Champagne Krug 1998: un vin carafé juste avant le service, qui perle encore légèrement dans le verre. Le nez est superbe. Un vieux chardo évolué, empyreumatique, sur le moka, la fumée, la brioche. La bouche est tonique et acidulée, du fait d'une légère présence de gaz. À ce stade, on ne peut plus parler de bulle! 20 ans d'âge au nez, 6 mois en bouche! Un grand vin qui a gardé la mémoire de la bulle, pour la mettre à son service. Présente à l'attaque, évanescente ensuite, sa disparition a été accélérée par le carafage. Il ne reste dans le verre qu'un grand vin de chardonnay, ce qui n'est pas rien. Il n'a pas pour autant éclipsé le Crémant du Jura, ce qui est quasiment une prouesse, mais dans quel sens?

     

    IMGP0128.JPG- Chassagne-Montrachet 1er cru 1998 Boudriottes, Domaine Ramonet: le premier nez est pétrolé, mais fugace. Il égare! Pas suffisamment hydrocarbure pour un riesling, il m'entraine  par erreur en direction des montagnes de Savoie. Il développe ensuite des notes d'écorce d'orange confite, témoignant d'une belle maturité de fruit. La bouche reste fraiche et acidulée, portant le vin assez loin, mais malheureusement, il sèche un peu en finale, ce que l'on mettra (à tort ou pas?) sur le compte d'un sulfitage généreux. Une belle bouteille devant laquelle il serait néanmoins malvenu de bouder et faire la fine bouche.

     

    IMGP0130.JPG- Côtes du Jura 1998 Le Monceau, Domaine Labet: après un premier échantillon malheureusement défectueux, une deuxième bouteille a été carafée à la volée, ce qui pourrait constituer un handicap par rapport à la précédente. Que nenni! Le nez est fin, élégant, quoique un peu discret. La minéralité éclate en bouche, très jurassienne dans son expression. Généreux, large et puissant, il ne trompe personne sur ses origines. La marque des grands terroirs, une expression très distincte des autres parcellaires du domaine Labet. Sa grande profondeur le place indubitablement un cran au-dessus de son sparring partner, ce qui est évidemment parfaitement subjectif.

     

    IMGP0129.JPG- Arbois Trousseau 1969 Saint Paul, Camille Loye: pas facile à placer, la grande bouteille de la dégustation. Elle aurait logiquement dû venir plus tôt, pour permettre de l'apprécier au mieux. Comment allait-elle se comporter derrière ces 4 grands vins blancs à forte personnalité? Changement de couleur, donc, et passage au rouge, mais un rouge orange tuilé. Le nez est fin, délicat et complexe: orange confite, brioche, un rien terreux. La bouche est d'un soyeux rare, comme une étoffe délicate. Une pointe de menthol pour la fraicheur, une finale sur l'orange amère et le cacao. Le fond de verre est particulièrement envoûtant, sur le tabac blond et le pomelos. Un ange passe... Finalement, Dieu existe. Il s'appelle Camille Loye. Un 69 d'équilibriste, parfaitement extatique.

     

    IMGP0131.JPG- Pouilly-Fuissé 2003 Clos Reyssié, Domaine Valette: retour au blanc pour une bouteille magistrale, alliant fruité, puissance, minéralité et richesse. Un nez d'une exquise finesse et d'une grande complexité. En bouche, la profondeur d'un grand vin, élevé longuement en fût (pas loin de 60 mois). L'effet millésime n'existe plus à ce stade de perfection.

     

    IMGP0133.JPG- Pommard Premier cru 2001 Pézerolles, Domaine de Montille: robe rubis, nez qui pinote, sur la cerise griotte, très charnel. Le grain est fin, serré mais soyeux, avec des petits tanins finement enveloppés. Petite pointe d'amertume finale, mais beaucoup de finesse pour ce vin situé plutôt du côté de Chambolle par la majorité des dégustateurs. Très belle bouteille.

     

    IMGP0134.JPG- Côte rotie 1997, Domaine Jamet: robe sombre, homogène. Nez très poivré, lardé, tapenade, évoquant sans nul doute la syrah septentrionale. En bouche, du fruit, de la fraicheur, de la chair, de la sève. P..., c'est bon, ça! Ouvert, fin, riche et puissant en même temps, la quintessence d'une grande syrah!

     

    IMGP0136.JPG- Klein Constancia 2002, Vin de Constance, Afrique du Sud: robe dorée, nez muscaté, litchi, menthol. Très aromatique (trop?), il finit sur le sucre, ne laissant pas la bouche parfaitement fraiche. 80% muscat de Hambourg, 20% chenin, c'est une vraie curiosité, à défaut d'être le grand liquoreux que l'on serait en droit d'attendre.

     

    IMGP0138.JPG- Coteaux du Layon-Faye 1997 L'Aubépine, Domaine des Sablonnettes: robe abricot, nez typique de chenin, mûr et bien fruité, avec une pointe carbonifère. Finale acidulée sur le graphite, belle fraicheur, grande longueur. Superbe!

     

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    Grande soirée, grandes bouteilles, mâchon amélioré, à la hauteur des bouteilles, le Père Noël est bel et bien passé aux Jardins ce soir-là. Le retour fût un peu laborieux, pour cause de tempête de neige, mais se déroula IMGP0144.JPGfinalement sans encombres, la majorité des automobilistes bien disciplinés ayant IMGP0142.JPGrespecté les consignes de ne pas prendre leur véhicule. Vivement l'année prochaine aux Jardins!

     

     

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    Olif

     

  • Beaujolais surtout pas nouveau ... aux Jardins!

     

     

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    Image retravaillée et piquée au Saint-Jus lyonnais, d'après P-U-R

     

     

    En ce troisième jeudi de novembre, c'est la fête au Bojo. Une date devenue aussi mythique sur le calendrier des postes de l'amateur de vins que le premier week-end de février dans le Jura ou l'Ascension à Saint-Jean de Monts. C'est dire! Halleluiah! Il est né le divin dit vin Nouveau. Il est curieux de constater à quel point les aficionados de la première heure, qui ont adulé le  Beaujolais Nouveau au point d'en faire une fête à neuneus avinés, sont les plus prompts à balancer leurs piques vachardes contre ce soit-disant anti-vin, pourtant antidote à la morosité ambiante. Ils le vilipendent, ça fout les boules, ça fout les glandes, les crottes de nez qui pendent. Tandis que dans le même temps, bon nombre d'amateurs, initialement réfractaires à la soulographie primitive et collective du mois de novembre, redécouvrent ce vin simple et festif, frais et gourmand, à partir du moment où il est véritablement redevenu du vin, dans les mains de vignerons artisans, respectueux du vrai et du bon. Exit la panoplie thermo-technico-bananesque, vive le bon Beaujolais gouleyant, au goût de raisin. Vive le Bojo, vive le Nouvo, vive le Bojo Nouvo!

     

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    Beaujolais surtout pas nouveau d'abord, même si évidemment on l'aime, parce que la dégustation successive d'une dizaine de vins primeurs n'aurait pas eu un intérêt fondamental pour l'amateur de base que nous sommes. Laissons cette prérogative punitive aux prestigieux sélectionneurs de vins français pour hard-discounters, qui sont désormais aussi indispensables à la critique vinique que TéléZ l'est au télespectateur d'ARTE ou à l'amateur d'opéra. Les Nouveaux que l'on a bus, ils avaient déjà été testés au préalable et approuvés par le jardinier Stéphane "Saint-Vernier" Planche, avec une modeste contribution du Blog d'Olif.

    C'est parti pour une petite série de 8 vins, à l'aveugle, les anciens avant le(s) Nouveau(x).

     

    IMGP0069.JPG- Beaujolais Blanc P-U-R 2009: nez finement grillé, qui vire au silex et au minéral. Un vin aiguisé, digeste et frais. 300 bouteilles de ce Chardonnay ont été produites par Cyril Alonso et Florian Looze chez Nicolas Testard. Bienheureux ceux qui auront la chance d'y goûter!

     

    IMGP0071.JPG- Mélodie d'Automne 2009, Michel Guignier: après une petite note de réduction primaire, le nez se révèle frais et fruité, avec une sensation de bon végétal, sur la rafle. La bouche est joliment croquante, avec de tout petits tanins soyeux et gourmands. C'est très bon, on en boirait une sapine, mais il faut savoir être raisonnable. Sous cette étiquette mélodique autant qu'automnale, se cache en fait le Beaujolais nouveau 2009 de Michel Guignier. Ce qui incite vraiment, après l'euphorie de la fête, à laisser ces vins nouveaux poursuivre un peu leur processus de vieillissement  en bouteille. Du vin, réellement, et du bon!

     

    IMGP0072.JPG- Beaujolais-Village Les Lapins 2009, Nicolas Testard: robe burlat, plutôt soutenue. Réduction nasale marquée mais la bouche est nette, avec de la matière et de jolis tanins. Un vin qui claque et qui réjouit, une fois l'écueil éventuel du nez passé. Pourtant, ça pue comme j'aime et comme a aimé une grande majorité de l'assemblée. De biens jolis petits lapinous, encore bien jeunes et pas tout à fait propres, mais on se réjouit d'en goûter une cuisse d'ici quelque temps!

     

    IMGP0074.JPG- Chiroubles 2008, F et H Gonnet: robe burlat, nez propre et net, sur la cerise. C'est rond, c'est bon, c'est bien fait et bien carré. Un Chiroubles qui remplit la quadrature du cercle, en fait, et qui devrait séduire les amateurs de vin clean, élaborés dans un excellent esprit. Une aventure désormais terminée, pour ce néo-vigneron qui a vinifié 3 millésimes pour son propre compte (2008, 2009 et 2010), avant de jeter l'éponge. Une bien jolie parenthèse vinique.

     

    IMGP0075.JPG- Beaujolais-Village Hors normes 2009, P-U-R: un vin dense et soyeux, plein, séveux, épicé, poivré, velouté et frais. Grosse concentration pour un Beaujolais hors normes, issu d'une parcelle de vieilles vignes  de gamay miraculeusement préservées du temps et des affres du monde moderne,  complètement perdue au milieu des bois. Chapeau! Ce vin est une grosse bouffée d'air P-U-R dans le monde des Beaujolais standardisés, une grande bouteille potentielle.

     

    IMGP0077.JPG- Fleurie 2008, Yvon Métras: un vin impressionnant par sa verticalité et sa longitidunalité, qui développe une "amplitude en longueur" et un profil plutôt serré, tirant le vin très loin. Il est encore loin de révéler tout son potentiel!

     

     

    IMGP0078.JPG- Morgon Corcelette 2006, Jean Foillard: suave et végétal, soyeux, rond, il est relativement massif, à peine chaud, manquant d'un soupçon de fluidité qui donne "envie d'en reboire". Un Morgon qui appelle plus à manger qu'à reboire, de l'avis général. J'ai ressenti la même impression sur ce vin une année plus tôt, ce qui fait que je l'ai identifié à l'aveugle. Aucune gloire à cela, probablement de la chance, et le vin reste bien plus qu'honorable. Mais il lui manque néanmoins un peu de fougue et de personnalité.

     

    IMGP0079.JPG- Le Jambon blanc, La Grande Bruyère 2007, Vin de table, Philippe Jambon: un blanc pour finir, de grande expression, long, très fin, très mûr, de grande classe. On ne dira jamais assez de bien des vins de Philippe Jambon, des vins à ne pas mettre dans toutes les bouches tellement ils peuvent surprendre et dérouter, mais qui témoignent d'un véritable savoir-faire du vigneron, doublé d'un feeling et d'une réelle expression du sol dont ils sont issus. Le sort s'acharne sur le domaine (troisième année de grêle consécutive, touché à + de 90% cette année), mais la résistance s'organise sans aucune concession à la facilité et à la modernité. Un vrai vin "zéro-zéro", sans aucune déviance œnologique d'aucune sorte, l'image fantasmatique de ce que peut être un grand vin blanc de chardonnay. Produit à Chasselas, Saône-et-Loire, à la limite du Beaujolais et du Mâconnais. Du Chasselas comme ça, au bon goût de chardonnay, on ne demande qu'à en boire plus souvent!

     

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    Olif

  • Les vieilleries des Jardins...

     

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    Nouveau. Vieux. Nouveau. Après les nouveautés des Jardins et avant le Beaujolais (surtout pas) nouveau, Stéphane "Saint-Vernier" Planche, le jardinier de Saint-Vincent, nous a convié à une séquence nostalgie. Petit coup d'œil dans le rétro, pour goûter à quelques trésors oubliés au fond de la cave. Pas obligatoirement dégustés au préalable lors des différentes sessions qui ont précédé,  pas obligatoirement très vieux, simplement quelques flacons légèrement patinés par le temps, qui arrivent à leur optimum. Dégustation à l'aveugle total, est-il encore besoin de le préciser?

     

    IMGP9894.JPG- Singulier 2006, Montlouis, Lise et Bertrand Jousset: un nez fermé de prime abord, peu expressif, puis de jolies notes de poire et de pomme, arrondies par l'alcool. Un beau volume en bouche mais de la fraicheur, accentuée par de beaux amers. Non situé en Loire à l'aveugle, c'est pourtant un véritable 100% chenin qui devrait être très à son aise sur un beau poisson de rivière.

     

    IMGP9895.JPG- Vie on y est 2007, Domaine Gramenon: cette fois, le nez est très ouvert, sur l'abricot et la pomme au four. Un épanouissement total, venant surligner une belle trame minérale fraîche et acidulée, autant que gourmande. C'est beau, c'est bon, c'est la vie, on y est. En plein dedans! Un petit miracle d'équilibre pour un cépage dont je ne raffole pourtant pas habituellement, le trouvant volontiers pataud. Le millésime 2009, goûté cet été chez Josette et Gérard Alonso était déjà épatant.

     

    IMGP9896.JPG- Vin de pays de l'Hérault 2000, Léon Barral: 80% terret bourret, va-z-y-Léon! Robe ambrée, vieux Cognac, légèrement oxydatif, forcément. cire d'abeille et fruits secs. Une petite pointe métallique apporte de la fraîcheur à une belle bouche droite, fine et élégante, autant que déroutante. Un vin d'initié, qui a parfaitement évolué et se goûte à merveille. J'adore!

     

    IMGP9898.JPG- Pinot noir Rot Murlé 2002, Domaine Frick: une robe diaphane et un nez évanescent, d'une élégance folle, floral, avec une touche de bois vert. Du bon végétal qui cède la place à de l'écorce d'orange confite, avec un léger perlant pour la fraîcheur. Une onctuosité assez typique d'un vin "zéro-zéro", sans sulfites ajoutés.  Un vin complètement craquant, le pinot noir dans toute sa splendeur.

     

    IMGP9899.JPG- Saint-Joseph Guillamy 2006, À la Tâche: robe burlat, nez gourmand, épicé et poivré. Tanins fins et serrés, mais croquants, avec une belle définition et une grande pureté de fruit. Un vin excellent, qui se lâche progressivement, très évocateur d'une belle syrah, même si certains (dont moi) ont penché pour le gamay par son côté poivré. Les deux tâcherons font un excellent boulot personnel en plus d'aider les autres à bien faire.

     

    IMGP9900.JPG- Vin d'œillade 2002, Thierry Navarre: une des grosses cotes de la soirée. Du cinsault vinifié comme un vin primeur: 3 mois de cuve, mise en bouteilles et basta! Une cuvée collector  quasiment hors commerce, que seuls quelques chanceux ont pu goûter à l'époque. Et elle tient encore la route! Encore construit autour de l'alcool, avec une rondeur séduisante, un côté "noyau", il possède des tanins suave et frais, avec de la puissance. Pas fatigué pour un sou, il n'en finit pas de faire de l'œillade.

     

    IMGP9901.JPG- Côtes du Rhône 2001, L'Anglore: des notes de pruneau au nez, certes, mais encore une relative puissance, de la matière, sur des tanins grenus qui te collent la chair de poule avant de devenir légèrement séchards en finale. Un des premiers millésimes d'Éric Pfifferling en Rhône, une bouteille qui arrive en bout de course.

     

    IMGP9902.JPG- Saumur-Champigny 2001, La Marginale, Domaine des Roches neuves: mon apport personnel, le genre de vieillerie qu'on aurait pu déguster aux Jardins il y a de nombreuses années, puisque, à l'époque, on s'était régalé de L'Insolite 2001, du même Thierry Germain. Le style des Jardins a beaucoup changé depuis, celui de Thierry Germain aussi. Les récents millésimes dégustés à Angers cette année ont montré une évolution vers moins de puissance et d'extraction, au profit d'une plus grande élégance et d'une incroyable gourmandise. Ce 2001, "old style", est assez massif et puissant, strict, avec une austérité encore bien marquée. Une belle et grosse matière qui ne procure pas une sensation d'épanouissement, tant elle semble contenue dans une gangue tannique. C'est hautement buvable quand même, ne faisons pas trop les difficiles.

     

    Le mois prochain, c'est à dire pas plus tard que demain (c'est fou comme le temps passe!), ce sera "Retour vers la nouveauté", avec une dégustation de Beaujolais surtout pas nouveaux. Mais on compte bien qu'il y en ait une petite série avec le traditionnel mâchon qui suivra. Il ne manquerait plus que cela qu'il n'y en ait pas, d'ailleurs!

     

    Olif

     

     

     

  • Les nouveautés, côté Jardins...

     

     

     

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    Çela faisait un petit bail que Stéphane "Saint-Vernier" Planche, le jardinier de Saint-Vincent ne nous avait pas invité à parcourir les allées de sa carte, sabots aux pieds, au rythme d'une dégustation à l'aveugle. Plein de raisons à cela. En premier lieu la nouveauté. Nouvelle coupe de cheveux, nouveau site web, nouveau concept, nouvelle tête, nouveaux vins. Pas encore de nouveau Bojo, mais ça ne devrait plus trop tarder, plus qu'un bon mois à patienter.

     

    La nouvelle tête, c'est Rachel, sommelière de formation, qui tient la boutique pendant que Saint-Vernier court et vole, de vignoble en vignoble. Le nouveau concept, c'est la formule bar à vins, qui a bien fonctionné tout l'été. Saucissonnage à toute heure (ou presque), arrosé de deux ou trois bons canons sélectionnés par le patron. Du grignotage simple et bon, soigneusement sélectionné, parfaite mise en bouche avant d'aller se remplir plus copieusement la panse dans les restaurants arboisiens tout proches. Le nouveau site web, c'est toujours le même, mais relooké et plus aisé de navigation. Il n'attend plus que les commandes massives des internautes ébahis par tant de belles références en provenance de la France entière, et même du Jura, aussi, un peu. La nouvelle coupe, c'était pas plus tard que la veille de la soirée,  il y avait longtemps que l'on n'avait pas vu Stéphane avec les cheveux aussi courts, why not?

     

     

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    Bien plus important, finalement, ce sont les dernières cuvées rentrées, qu'il nous fallait découvrir à l'aveugle, décrypter, commenter, décortiquer, apprécier (ou pas)) et ne surtout pas noter (why note?). Après une mise en bouche vive et sympathique, un Blanc d'Argile de Vouette et Sorbée à la bulle réjouissante, plus d'excuse pour ne pas être là.

     

    IMGP9832.JPG- Arbois Cul Rond 2009, Domaine de l'Octavin: robe légèrement trouble, nez encore fermentaire, sur le jus de pomme. Mais y'a aut'chose! La bouche possède une petite arête minérale incisive en son milieu, mais y'a aut'chose! La finale s'élargit et se pavane, deviendrait presque tannique. Déconcertant, et une nouvelle fois, je passe à travers et ne m'en rend compte qu'une fois la bouteille dévoilée. Pas encore tout à fait en place, mais il y vient tout doucement. Ce Cul Rond, joliment illustré par Thierry Moyne, le chef de la Balance, est une réalisation d'Alice et Charles: du poulsard du lieu-dit En Curon, vinifié en blanc et 100% nature. Le genre de quille qui vous troue le Curon, pour parler un peu crûment mais orthographiquement correct. Encore un peu de temps et il devrait se mettre progressivement mieux en place.

     

    IMGP9835.JPG- Autrement 2008, Roussette de Savoie, Jacques Maillet: nez cristallin, citronné, frais. Bouche nette et précise, d'une grande pureté, finissants sur de beaux amers salivants et une sensation désaltérante. Devant tant d'élégance, l'assemblée reste bouche bée. La tentation de situer cette bouteille en Jura fut grande, mais le secret espoir déçu se transforma en sourire jubilatoire une fois l'anonymat levé. Même les Savoyards de service s'y sont laissés prendre et cela confirme l'exceptionnelle qualité des vins de Savoie lorsque le vigneron s'en donne la peine.

    Jacques Maillet, la Savoie Autrement, une certaine forme de jardinage à la vigne qui ne peut évidemment qu'être plébiscitée ici.

     

    IMGP9837.JPG- Le Ddréorse 2008, La Sorga: cette fois, on donne dans le bigarré! Robe rubis clair. Nez chewing-gum aux fruits, petite prune, fruits rouges. La bouche possède un tactile soyeux croquant incomparable, d'une sphéricité presque parfaite. La finale s'étire un peu, apportant de la fraicheur. L'alcool, bien perçu en milieu de bouche, se fait plus discret. Cela aurait pu être un rouge clair, c'est un rosé foncé de mourvèdre, pas apte à séduire tous les palais, mais qui n'est pas sans rappeler le Tavel de l'Anglore. Une certaine maitrise du zéro soufre qui fait que le Tortul ne s'est une nouvelle fois pas retrouvé sur le dos.

     

    IMGP9838.JPG- Autrement 2007, Chautagne, Jacques Maillet: assemblage de pinot, gamay et mondeuse, à la robe rouge rubis foncé. C'est un vrai vin de terroir avec un brin de rusticité qui lui sied au teint, des tanins qui accrochent, presque encore un peu compacts, mais le végétal croquant apporte la fraicheur. Pas immensément long ni complexe, c'est un canon de partage, qui accompagnera parfaitement des plats simples et de la charcuterie.

     

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    - Soir d'hiver 2009, Coteaux du languedoc Cabrières, Clos Romain: cette nouveauté-là, c'était la mienne, arrivée de fraiche date dans le Jura. Une robe burlat, un nez gorgé de fruits noirs, plein de franchise. La bouche développe des tanins soyeux, veloutés et gourmands. C'est un vin relativement riche, doté d'une bonne fraicheur et d'un excellent coefficient de buvabilité. Le cinsault dans toute sa splendeur, tout sur le fruit, à siroter un soir, d'hiver ou d'automne. Surtout ne pas se priver s'il en reste pour le lendemain midi.

     

    IMGP9841.JPG- La Vigne Haute 2009, Jean-François Coutelou, Vin de table français du Languedoc: wouah! Le nez séduit, malgré son côté animal; Les phéromones, sans doute! Au delà, le fruit noir exulte, porté par des tanins veloutés très frais, malgré la puissance et la concentration. 100% syrah, 100% nature et un équilibre déjà majestueux. Une grosse découverte également que ce Mas Coutelou!

     

    IMGP9842.JPG- Séguret 1999, domaine du Pourra, cuvée Mont Bayon: un vin sérieux, avec un peu d'évolution, mais entamant sa phase de maturité. Grenache, syrah et mourvèdre. Beaucoup de puissance, un peu d'alcool, des notes kirschées et une bouche métallique, avec des tanins finissant amers. Un vin qui serait plus à son aise à table qu'en fin de dégustation.

     

    IMGP9843.JPG- La Béa...titube 2009, La Sorga: une douceur finale signée Anthony Tortul, de La Sorga. Du muscat petits grains de Saint-Jean de Minervois, passerillé et botrytisé. La bouche est "hallucinante", de la bouche même de l'un des participants. Incroyable fraicheur mentholée sur des notes muscatées, avec une touche de garrigue et de lavande. Équilibre de fou avec une bouche qui confine presque au sec malgré 128 g de sucres résiduels. Devant une telle prouesse, la Béa ne peut que tituber et les dégustateurs peinent encore à s'en remettre.

     

     

    Une seule solution, pour clore la soirée: le traditionnel mâchon, désormais maison. La trancheuse à jambon a turbiné grave pour rassasier la horde des apprentis jardiniers.

     

     

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    Le mois prochain, on s'attaque aux vieilleries des Jardins. Peut-être même bien qu'il en reste dans ma cave, pas encore bues et loin d'être mortes. Ça promet déjà...

     

    Olif

  • Le domaine des Cavarodes, côté Jardins.

    Le domaine des Cavarodes, c'est Etienne Thiébaud, un d'jeun, avec des dreads, et c'est une des grandes révélations-coqueluches-sensations vigneronnes jurassiennes de ces dernières années (ne biffez rien, aucune mention n'est inutile). Fraichement installé en 2007, basé à Liesle, dans le Doubs, 2-5, le département le plus improbable pour y produire du bon vin (mais pas pour le boire NDLR), Etienne s'est déja fait un nom et plusieurs prénoms. Etienne, Thiébaud et Cavarodes. L'inviter à cultiver son Jardin à la Saint-Vincent (approximativement) fut une grande idée de Stéphane-Saint Vernier-Planche et de loin l'événement viticole incontournable de ce mois de mars 2010, même en pleine période de Grands Jours Bourguignons.

     

     

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    Une création de domaine, d'emblée en conversion biologique, en valorisant de vieux cépages oubliés, sur un département de réputation non viticole, depuis la grande crise phylloxérique, voilà décidément une grande bolée de sang neuf dans le landerneau franc-comtois. Etienne possède des vignes éparpillées, réparties sur 4,5 ha (+ 1 ha en plantation), dont un certain nombre dans le Jura voisin, qui lui permettent de bénéficier de l'AOC Arbois pour un certain nombres de ses cuvées. Des vins en culture bio, donc, avec l'usage le plus modéré possible de sulfites à la cave, qui possèdent une belle franchise et une belle buvabilité, doublées d'une grande personnalité.

     

    - Arbois 2008, Poulsard des Gruyères: une macération semi-carbonique de poulsard, qui donne un vin frais, à la robe brique orangée, légèrement turbide. L'élevage court en cuve a préservé la sensation de fruité et de fraicheur, sur de discrètes notes d'autolyse première. Léger renard, donc, pour un vin qui en a la robe, mais de l'acidité et du croquant, légèrement perlant, sur une texture veloutée et soyeuse extrêment digeste. Fluide et léger dans l'esprit, c'est un vrai vin de soif, qu'on sifflerait à grande lampées (modérées, la taille des grandes lampées, cela va de soi, Mr le directeur de la Santé publique).

     

    - Vin de Pays de Franche-Comté 2008, rouge: une cuvée collector de vieux cépages rouges doubiens, vestiges témoins de la viticulture pré-phylloxérique qui avait cours ici, comme un peu partout ailleurs en Franche-Comté. 1/3 Pinot noir, 1/3 Trousseau, le dernier 1/3 en Gamay, Poulsard, Pinot meunier, Argant, Portugais bleu, Enfariné, Mézy. Que de la balle! Vinification en semi-carbonique, élevage de 10 mois en vieilles pièces. Le fruit claque, griotte en tête, d'une gourmandise folle, sur des tanins légèrement rustiques mais drôlement séducteurs. La finale est acidulée, presque effilée, donnant envie d'une nouvelle gorgée. Du canon de première bourre, comme une vérité terrienne ancestrale.

     

    - Vin de Pays de Franche-Comté blanc 2008: du chardonnay associé à une petite proportion de savagnin et de sauvignonnasse, un autre vieux cépage qui n'a rien de péjoratif si ce n'est le nom. Ue cuvée déjà largement appréciée, même au delà des frontières régionales. Premier nez grillé, sur l'autolyse (élevage sur lies), puis citronné, voire pamplemoussé. Finale salivante, grande droiture d'expression, celle d'une minéralité de terroir calcaire. On en raffole toujours autant!

     

     

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    - Vin de Pays de Franche-Comté blanc 2009, prélevé sur fût: premier nez sur la poire william, bouche plus riche que le précédent, finale sur de beaux amers.

     

    - Arbois Chardonnay 2008, prélevé sur fût: nez franc, avec une légère pointe vanillée en provenance du fût (un échantillon prélevé sur un seul fût). En bouche, de la rondeur et de la longueur, sur un bel équilibre, avec une longue finale.

     

    - Arbois Savagnin pressé 2008, prélevé sur fût: une mise prochaine pour cette cuvée ouillée, et on s'en réjouit. Un modèle de définition du cépage, sur le pamplemousse, avec une belle acidité liée à l'amertume. Du vin, dense et tendu, à la jolie finale acidulée.

     

    - Arbois Savagnin pressé 2007: il s'agit de la deuxième mise, la première ayant été épuisée rapidement. Un léger caractère oxydatif malgré l'ouillage, sur des notes de pomme, de curry, de noix verte. En bouche, de l'amplitude et une finale sur de beaux amers bien salivants.

     

    De bien beaux vins, comme on aimerait en boire plus souvent. Et pour un bien plus beau compte-rendu de cette soirée, comme on aimerait en lire plus souvent, il ne faut pas hésiter à se plonger dans les annotations de Tophe, le Crazy Yellow man, qui s'est fendu en plus d'une petite recherche historique sur le vignoble de Liesle. On ne saurait faire mieux!

     

    Comme que comme, une visite des coteaux franc-comtois de Liesle est d'ores et déjà inscrite au programme.

     

    Olif

     

  • Noël aux Jardins...

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    Noël était en avance, en 2009, aux Jardins de Saint-Vincent. Le compte-rendu de la soirée, lui, par contre, est très en retard. Tout le monde ce soir-là était pourtant sur son 31 24 15. Le jardinier lui-même, Stéphane-Saint Vernier-Planche avait vêtu son joli costume rouge et sa barbe blanche. Noël avant l'heure dans les verres. Dégustation à l'aveugle complet, comme il se doit, avant les douze coups de minuit.

     

    - Champagne Initial brut, Selosse: mousse crémeuse au service, puis bulle fine. Fruit mûr et solaire, miel et abricot. Un vin riche porté par une belle acidité, l'onctuosité initiale laissant la place à une belle tension et de jolis amers finaux. Un beau Champagne vineux, avec une bulle véritablement au service du vin.

     

    - Côtes du Jura Poulsard Vieilles Vignes 1976, Alain Labet: un rouge pour suivre, à la robe encore brillante, colorée, mais légèrement tuilée. Poulsard sur le visuel, sans aucun doute. Le premier nez est puissant, intense, complexe, sur des notes de cuir, de pamplemousse, d'agrumes, de menthol. La bouche est riche et fraiche, acidulée, avec une certaine rondeur due à l'alcool encore bien présent. Seule la longueur fait un peu défaut, la finale étant un peu asséchante et végétale. Somme toute, ce vin est sur l'âge et tient encore debout. Ploussard de Pupillin, c'est possible, mais tout faux, en fait! Poulsard du Sud-Revermont d'Alain Labet! Pas mal, pour un petit rouge du Jura! La classe, même!

     

    - Arbois-Pupillin 1999, Emmanuel Houillon: retour au blanc avec ce vin aux jolies notes de moka évoquant un vieux Champagne. Légèrement pétrolé, une pointe d'iode, du pamplemousse et une petite touche anisée. Complexité et évolution, tout le monde part sur une grande bouteille, d'autant que la bouche suit sans problème. Minérale, acidulée, épicée, une trame tendue toute en longueur, avec une finale sur des amers d'une grande pureté. Personne n'a reconnu le Chardonnay de Viandrix. Mais c'est une grande bouteille, c'est certain! On aurait presque pu le prendre pour un Montrachet!

     

    - Montrachet 1997, Morey-Blanc: la robe est d'un beau doré soutenu, brillante. Le premier nez est pregnant, sur le moka et les épices, toujours fruités, avec une petite note de champignon, limite truffe.La bouche est ample en attaque, puissante, riche et longue, revenant sur l'acidité dans une finale salivante et tonique, aux accents d'écorce d'orange. Grandiose! On aurait presque pu le prendre pour un Chardonnay de Viandrix! Il s'agit d'une bouteille provenant de l'activité de négoce de Pierre Morey, ex-régisseur du domaine Leflaive.

     

    - Côte Rôtie 1995, Domaine Jamet: le premier nez est lacté et chocolaté, Ovomaltine© pour certains. 8 secondes pour le prendre! La bouche possède une trame végétale avec des tanins un peu durs et séchants en finale. Une petite déception, pour un vin néanmoins plus que correct, peut-être simplement dans une mauvaise phase.

     

    - L'air du Temps 2003, Christophe Abbet, Valais: une bouteille magique dont le sorcier Abbet a le secret. Pralin, orange amère confite, rondeur de l'alcool magnifiquement affiné par l'élevage oxydatif. Un équilibre magique, improbable, intemporel, bien dans l'air du temps.

     

    - The Picrate, Eric Calcutt, Oxygène: une bouteille collector et mythique pour amateurs avertis et extravertis. Un premier échantillon légèrement défectueux conduit à l'ouverture d'une seconde bouteille. Beaucoup d'acidité volatile pour équilibrer ce vin riche en alcool, aux notes de poire william, loin d'être consensuel. Ce soir-là, j'avoue ne pas l'avoir très bien goûté, mais c'est un véritable OVNI.

     

     

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    Ensuite, les lumières se sont éteintes, le Père Noël est passé, tout le monde a ouvert ses cadeaux puis s'est fait la bise, en se donnant rendez-vous l'année prochaine. Histoire de voir si les Jardins sont toujours à la même place...

     

    Olif

  • Philippe Bornard, ou un demi-siècle de grands vins d'Arbois, côté Jardins!

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    Une soirée spéciale concoctée par notre jardinier favori: la venue de Philippe Bornard aux Jardins de Saint-Vincent, pour une dégustation de vieux millésimes d'Arbois-Pupillin. Des vins qui n'ont pas été produits sous son nom, puisque la création de son domaine remonte à 2005 (le premier millésime qu'il a commercialisé), mais des bouteilles qui traînent dans sa cave depuis un bon bout de temps. Une soirée résolument placée sous le signe du rouge en général et du ploussard en particulier.

     

    Préambule. Oui, dans le Jura, on fait du vin rouge. Et du rouge qui se boit. Et du rouge qui vieillit bien, de surcroît. A l'instar des plus grands vins. "Plus le vin vieillit, plus il s'éloigne de sa mère", un vieil adage jurassien qui signifie qu'avec le temps, le cépage devient plus difficile à identifier, le terroir prenant le dessus. Tout ce qu'on attend d'un grand vin d'Arbois.

     

    Les vins sont goûtés à l'aveugle, avec pour mission ludique de déterminer le cépage et le millésime. Forcément évident, non? On va bien voir!

     

     

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    - Arbois-Pupillin Ploussard 1976: robe brique, orangée, lumineuse et d'encore une belle brillance. Le nez est sur l'évolution, moka, épices, écorce d'orange. Très fin, tout en dentelle. Comme la bouche, aux tanins presque diaphanes, mais encore bien là, complètement fondus. De la tenue et de la longueur, avec une finale qui a encore la force de s'étirer. La délicatesse d'un grand ploussard! 33 ans aujourd'hui, mais il ne faut pas s'attendre à une résurrection, il n'est pas encore mort!

     

    - Arbois-Pupillin Ploussard 1986: robe orangée, légèrement plus soutenue que celle du précédent. Le nez présente un défaut évident, mais néanmoins non rédhibitoire. Légèrement liégeux, mais pas complètement bouchonné. La bouche est ronde, riche, opulente, portée par un certain degré alcoolique, presque solaire, mais tout en gardant beaucoup de fraicheur. La finale est marquée par une amertume qui n'est pas sans rappeler la note olfactive initiale. De la matière, du volume, encore du potentiel, dommage que la dégustation soit altérée par ce défaut de bouchon vraisemblable.

     

    - Arbois-Pupillin Ploussard 1992: robe rubis soutenu, brillante. Nez qui pinote (cerise) puis part sur des notes chocolatées. La bouche est éclatante, aux tanins parfaits, possédant beaucoup d'énergie, de la fraicheur, de la rondeur, du velouté. Une magnifique bouteille dans un millésime pourtant peu réputé. Celui de l'après-gel! Une année très productive, qui a fait que cette parcelle de vieilles vignes a été vendangée 3 semaines après les autres. Tout le monde est parti sur un trousseau ou un pinot noir. Le ploussard, quand même...

     

     

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    - Arbois-Pupillin Pinot noir 1990: la robe est rubis foncé. Le tout premier nez, sur le moka, laisse augurer d'un vin suave en bouche. Effectivement! Un vin riche, avec une finale chaleureuse et persistante, qui possède une jolie fraicheur acidulée pour bien l'équilibrer. Très jeune dans l'esprit, et j'aurais parié sur un trousseau!

     

    - Arbois-Pupillin Ploussard 1990: le nez est puissant, épicé, riche. La bouche est soyeuse, tactile et dynamique, avec des tanins veloutés, arrondis par l'alcool. Sans déséquilibre, car le vin est long et tonique. Très beau! J'aurais bien parié sur un Pinot!

     

    - Arbois-Pupillin Pinot noir 1990: le même que précédemment, mais pas tout à fait le même! Après une petite réduction première, apparaissent des épices et de la griotte. L'ensemble reste un peu fermé, sur la retenue, malgré la suavité des tanins et la richesse de la bouche. Du potentiel, une grande jeunesse, mais un vin peut-être pas complètement abouti, comparativement à la première bouteille de pinot. "Jus de presse" versus "jus de canne", non assemblés, ce qui, pour Philippe Bornard, est une erreur. Les deux auraient dû être assemblés, pour une belle complémentarité.

     

    - Arbois-Pupillin Trousseau 1988: la robe est à peine trouble, la bouche est acide et mordante, possède une légère amertume finale. Un peu bancal et mal fichu, moins fondu, il n'a pas vieilli harmonieusement. Premier trousseau de la soirée, je l'attendais, mais je crois que j'ai dit pinot!

     

    - Arbois-Pupillin Ploussard 1995: le nez est superbe mais la bouche est en dedans. Serrée, à peine mordante, avec de l'acidité et de l'alcool, mais une finale asséchante. Le parfait reflet du millésime 95, un millésime dur, qui le restera sans doute.

     

    - Arbois-Pupillin Trousseau 1999: belle robe rubis, d'un bel éclat. Nez fruité, cerise, griotte, qui pinote allègrement. Belle bouche aux tanins enrobés, d'une grande jeunesse, presque encore en devenir. Un très beau vin, qui malgré sa relative jeunesse, ne fait encore pas son âge. Il s'agit d'une récolte issue de troisième feuille, avec des rendements de 15 hl/ha.

     

    - Arbois-Pupillin Ploussard Point Barre 2006: floral, épicé, fruité et digeste, avec une petite amertume végétale finale qui ne dérange pas plus que cela dans ce style de vin, au contraire. Elle accentue la buvabilité! Back to the future. Le saut dans le temps est évident. Une semi-carbonique (puisque le raisin est égrappé manuellement), sans soufre. Du raisin mis dans une cuve, point barre! Et ce n'est pas devenu du vinaigre, loin de là!

     

    Arbois-Pupillin Trousseau Le garde-corps 1985: carafé à l'avance, car généralement à son optimum le lendemain. Fruité et épicé, riche et plein, velouté et persistant, complexe et réservé, d'une grande longueur, voilà un vin exponentiel et magnifique. Particulièrement bon le jour même, nul doute qu'il soit exceptionnel le lendemain, mais ce soir-là, il n'y en aura plus pour le vérifier! De vieilles vignes de trousseau plantées sur argile, ce qui n'est pas courant. Mais les Anciens du pays savaient déjà depuis longtemps que c'est à cet endroit-là que l'on produisait les plus beaux vins de trousseau à Pupillin. Les petits gars de Montigny en restent le nez scotché au verre!

     

     

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    - Arbois-Pupillin Melon 1969: du vrai melon d'Arbois, celui d'avant la généralisation des clones de chardonnay. Toujours du fruit derrière la crème catalane passée au fer chaud, avec des notes grillées et du moka. La bouche garde de la fraicheur. "Pas loin de basculer", mais il tient toujours debout. 69, "le millésime du marchand de bonheur", loin d'être le plus difficile à avaler!

     

    - Arbois-Pupillin Savagnin 1998: un raisin surmûri, vendangé fin novembre, élevé sous voile, sans avoir fini tous ses sucres, et mis en bouteilles au bout de 8 années. Un petit miracle œnologique qui donne au final un croisement improbable entre vin jaune, vin de paille et macvin. Nez sur le raisin de Corinthe, le marc. Bouche avec un petit air de vin muté (l'alcool!) et de surmaturé sec (même s'il reste du sucre résiduel à peine perceptible). Ce vin m'a rappelé L'air du Temps de Christophe Abbet, dont on compare volontiers certains de ses vins à ceux des Jurassiens. Comme un effet boomerang!

     

    Avec le traditionnel mâchon, quelques quilles supplémentaires, dont un Vin de Pays des Gaules 2008 de Marcel Lapierre que je n'ai pas trop apprécié (végétal exacerbé) et ce sentiment de Plénitude 2006. Ou comment le Pinot noir de Concise (NE) réussit à séduire des palais jurassiens par son naturel fruité, charnu et pulpeux. Une belle bouteille signée Christophe Landry, l'Helvète Underground et vigneron de Travers!

     

     

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    Olif

  • Vins natures dans la Nature... et aux Jardins, bis

     

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    Pour la deuxième soirée de l'année aux Jardins de Saint-Vincent, Stéphane « Saint-Vernier » Planche n'a pas hésité à délocaliser. Le souvenir de la première du genre, en Chaudot et en compagnie de Pierre Overnoy, est encore dans toute les mémoires. Il fallait récidiver ! Direction, cette fois, le Puits Saint-Pierre, à l'ombre de l'abbatiale de Château Chalon, dans le fief de Laurent Macle. Sous un noyer et sur une parcelle appartenant à Grégory Monnier, destinée à être prochainement replantée. Idéale pour ce genre d'exercice, car plane et abritée. Aveugle complet, comme toujours, parce qu'au royaume des borgnes de la dégustation, les aveugles sont roi !

    -    You are so fine 2007, Vouvray, Vins de Nana et Cie : une séduisante production de négoce initiée par Nathalie Chaussard sous le vocable de Vins de Nanas. L'attaque est tonique et vive, perlante. Un vin construit sur un socle d'amers, qui laisse la bouche nette. Minéral, frais et tonique.


    -    Autrement, Altesse 2007, Jacques Maillet, vin de Savoie : une bouteille qui réussit l'exploit d'allier caractère oxydatif, plus ou moins recherché mais inéluctable du fait de la vinification, à la minéralité de l'altesse, cépage savoyard roi. Des notes de pomme au nez, mais une fraicheur et une netteté de première. Un vin vraiment marquant !


    -    La Begou 2007, Maxime Magnon, Vin de Pays de la Vallée du Paradis : premier nez malté, original et intéressant. Bouche patinée et ronde, avec de la fraicheur et de l'acidité. Chaleur et fraicheur en même temps, ce n'est pas la moindre des prouesses de cette cuvée en passe de devenir emblématique des nouveaux blancs du Sud, qui savent aller puiser dans leurs racines un caractère septentrional certain, tout en préservant leurs origines sudistes.

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    -    You are so nice, Vins de Nanas et Cie :  assemblage de Cot et Gamay, au nez poivré, végétal et épicé. Frais en bouche, avec ses notes de céleri en branche et ses tanins croquants. Simple, direct et franc, le vin idéal pour attaquer les rouges !


    -    Moulin à Vent 2007, Domaine des Côtes de la Molière : nez très mûr, complexe, dans un registre à la fois animal et végétal, fourrure, clou de girofle. Bouche soyeuse, ronde, bien calibrée, un peu sur le fil de la volatile, mais c'est très bon, digeste et buvable. Je suis un peu confus de ne l'avoir pas reconnu, moi qui l'ai tant vanté jusqu'à présent, d'autant plus que je m'attendais un peu à ce qu'il figure au programme de la soirée.


    -   Lulu 2007, Patrick Boujut, Gamay d'Auvergne : complexité aromatique olfactive, avec du fruit, des épices, des notes balsamiques. En bouche, c'est pure gourmandise, un vin charnu et épicé. Bâti comme un Adonis, Lulu !


    -    Champagne Rosé zéro, Tarlant : carafé juste avant le service, pour tenter d'atténuer une bulle profuse. La nuit commençait à tomber, difficile d'apprécier la belle robe rose-orangée comme il se doit (tu l'auras voulu, Benoit!). Nez éclatant, fin et élégant, sur les agrumes, la gelée de coing et les épices. Waoow ! La bouche est en léger décalage, moins flatteuse du fait de l'absence de dosage. Stricte et acidulée, mais avec de la tenue et une belle longueur. Un Champagne qui décoiffe, Rosé Nature à boire dans la nature. 85% Chardonnay, 15% Pinot noir.


    -    Festejar, Pétillant naturel d'Auvergne, Patrick Boujut : que la fête soit ! Plus gourmand que ça, impossible ! Plus gouleyant que ça, impossible aussi !  Plus vineux que ça pour un Pet'Nat', impossible toujours ! Plus ...., comment, il n'y en a déjà plus ?

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    En bonus sous le noyer, le vin a continué de couler, avant l'embrasement du Puits-Saint-Pierre. Tout d'abord, un épatant Maury 2007 du Domaine des Soulanes, d'un soyeux rare, puis un Côtes du Jura 2007 de Grégory Monnier, qui digère tranquillement son élevage pour asseoir sa minéralité, suivi du Château Chalon 2002 du domaine Macle, qui, malgré sa jeunesse, se laisse aborder gentiment, surtout lorsqu'un morceau de vieux Comté pointe le bout de son nez, et enfin l'Elixir des Abbesses 2005 de Grégory Monnier, un vin passerillé sur paille, à l'équilibre frais et original, différent d'un Paille traditionnel mais pas moins bon.

     

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    Le vin nature dans la nature, finalement, il n'y a que ça de vrai !

    Olif

  • En mai, fais ce qu'il te plait ... aux Jardins !

     

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    Rentrée scolaire dégustative tardive aux Jardins de Saint-Vincent, avec comme un petit air soixante-huitard. Ecole de dégustation, oui, parce que l'on y apprend à décrypter un vin et le comprendre, plutôt que de le décortiquer et l'analyser. Ecole de dégustation, encore oui, parce que le public s'y trouve spontanément mixé, entre vignerons, amateurs « éclairés », gens de goût, néophytes, pour un melting-pot convivial et instructif. Avec en fil rouge, les dernières découvertes ou acquisitions de Stéphane « Saint-Vernier » Planche, désormais ex-sommelier de Jean-Paul Jeunet et jardinier de Saint-Vincent à temps plein, quand il ne fait pas autre chose en plus. Dégustation en aveugle complet, comme il se doit, parce qu'il n'est pire sourd de la compregnotte vinique que celui qui veut voir ce qu'il boit.

    -    Saint-Bris 2007, Alice et Olivier de Moor : la toute dernière des AOC bourguignonnes, qui consacre le sauvignon dans le fief du chardonnay. Ce qui est certain, c'est qu'avec les vins des De Moor, il n'y aucune raison de faire la tête ! Le nez de celui-ci est légèrement fumé, avec une petite note d'élevage sans interférence avec sa structure. Il est tellement jeune qu'on la lui pardonnera bien volontiers. La bouche possède une belle vivacité, de la droiture, une finale salivante et acidulée, avec de beaux amers pour conclure. Un vin d'une grande richesse, mais porté par une si belle acidité qu'il en devient aérien.

    -    Saint-Véran 2008, domaine des Côtes de la Molière : une bouteille coup de cœur ce printemps, qu'il fallait partager avec le plus grand nombre. Premier nez sur la pomme verte, puis apparaissent des notes de grande maturité, avec de l'orange amère, et une belle minéralité. La bouche est cristalline, d'une grande pureté, avec un caractère acidulé marqué en finale, d'une grande fraicheur. Confirmation  d'une très beau vin, faisant l'unanimité des dégustateurs présents. Dire que la commission d'agrément a encore du mal à s'en remettre !

     

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    -    Alsace Riesling Steinert 2005, Pierre Frick : celui-ci ne trompe pas son monde. Orange confite, pamplemousse, pointe d'hydrocarbure. Grande et belle acidité, enrobée, classieuse, tout en finesse. Alsace, forcément. Riesling, obligatoirement. Jean-Pierre Frick, évidemment.

    -    Gilbourg 2007, Vin de Table, Benoit Courault : du chenin au nez un peu en vrac, avec un côté réductif. La bouche possède du gras, de la richesse, de l'alcool, mais manque globalement d'un peu de nerf, avec une finale très levurienne. Un vin flasque, dissocié et pas en place. Mauvaise phase ? Mauvaise bouteille ? Il mérite pleinement le bénéfice du doute parce que sur les dégustations précédentes de Saint-Vernier, ce chenin surmaturé sec vaut beaucoup plus que cela. A revoir et/ou à attendre.

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    -   Pouilly sur Loire 1970, Jean-Claude Dagueneau : une antiquité dénichée par Le Seb, qui ne savait pas trop quoi en faire. Alors on l'a ouverte. Qui dit AOC Pouilly sur Loire dit chasselas. De cet âge vénérable, ce n'est déjà pas banal ! Nez sur l 'évolution, grillé, notes de moka, de tabac à pipe, de cendrier froid un lendemain de fête chez Philip Morris. Pas inintéressant, mais un peu « space ». En bouche, ça se gâte encore plus. Un peu plate, pour tout dire. Malgré un soupçon d'acidité résiduelle qui amène un peu de nerf en finale. A vécu ! R.I.P.

    -    Arbois Trousseau 2007, Michel Gahier : pas son jour aussi, à ce Trousseau 2007 de Michel. En principe une petite bombe de fruits rouges, et là, il nous la joue végétal et colle blanche, sur des tanins durs en finale. A revoir ultérieurement, donc, parce que d'ordinaire, on l'aime plutôt bien, ce vin-là, comme tous les vins de Michel Gahier en général.

    -    Rouge de Causse, VDT 2006 du Petit Domaine de Gimios : nez poivré, tutti frutti en bouche, finale un rien végétale pour la fraicheur. « Ça sent le raisin entier! », entendra-t-on dans l'assemblée. Un vin mâchu et croquant, pour toutes les occasions. L'occasion de saluer le travail d'Anne-Marie Lavaysse, réputée pour ses Muscats de Saint-Jean de Minervois biodynamiques et natures, et qui nous offre là un original et excellent rouge, comportant pas moins de 16 cépages (parcelle en complantation). Pour en savoir un peu plus sur le domaine, on lira avec émotion le joli billet écrit par Jean-Marc Gatteron dans le numéro 93 du Rouge & le Blanc.

     

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    -    Sylvaner 2004 moelleux, Pierre Frick : nez miellé, bouche riche et équilibrée, dans un registre moelleux. La finale se fait sur un retour des acidités et des amers. Un vin entre tension et richesse, une expression particulièrement originale et passionnante du sylvaner.


    Fin de la dégustation officielle, place au off et au petit mâchon, l'occasion de finir les restes précédents, puis d'ouvrir et de goûter quelques canons supplémentaires, stylo éteint. Vivement la prochaine, une immersion in vivo, au milieu des vignes, qui sera à n'en pas douter un moment d'exception.


    Olif

  • Illumination de Noël aux Jardins

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    Noël! Montjoie! Saint-Denis! Arbois! Saint-Vincent! Même la neige était au rendez-vous! Stéphane-Saint Vernier-Planche avait revêtu, par dessus  son costard 3 pièces, sa barbe blanche et son bonnet de Père Noël. Et qui c'était les gâtés? Toujours les mêmes, comme d'habitude. Enfin non, pas toujours les mêmes, la relève des apprentis jardiniers est perpétuelle, laissant ainsi la place à de nouvelles têtes à chaque séance.

    Pour cette soirée festive, il fallait s'attendre à du sérieux et du lourd! On a été servis. Deux vins pour se faire la bouche (mais quelle bouche!) avant le monument de la soirée. Un vin que l'on ne boit qu'une fois dans sa vie, si l'on a la chance d'être au bon endroit au bon moment. Et cette chance, il ne fallait pas la louper!

    Aveugle complet, comme à l'accoutumée, et ça va partir dans tous les sens:

    - Champagne Vieille Vigne de Cramant 2004, Larmandier-Bernier: joli nez un peu brioché, évoquant des notes d'évolution sur un chardonnay. Riche et élégant à l'olfaction, il offre une bouche tranchante et droite. Schlak! Comme un coup de couteau en pleine langue! Minéral et affûté, incisif et ciselé, voilà un beau Champagne appétant, 100% chardo non dosé. "C'est pas de la limonade!", c'est même la bulle qui tient le vin et lui donne sa droiture.

    - Alsace Pinot Gris Zellberg 1998, André Ostertag, "What's in a bird": la bulle à peine coincée, on enchaine tranquille. Le nez est magnifique, ouvert, épanoui, mentholé, anisé, fruité, torréfié, grillé. On le quitte avec peine pour porter le vin en bouche. Une bouche très belle, mais en décalage. Nette et pure, mais d'une grande acidité, très minérale, avec une finale hypersalivante, sur des notes subliminales d'hydrocarbures. Un vin incompris par beaucoup de dégustateurs dans sa jeunesse, qui est en passe de se sublimer au vieillissement. Au petit jeu de l'identification, l'Alsace fut évoquée, mais ça ne rieslinguait guère! Roussette de Savoie? Chenin? Perdu! Personne ne serait allé jusqu'à évoquer un Pinot Gris!  Dommage! What's in a bird? Désormais, j'ai la réponse!


    - Arbois Trousseau Saint-Paul 1959, Camille Loye: la robe est tuilée, orangée, mais non dépouillée. Elle brille encore de mille feux dans la fraicheur de la nuit arboisienne. Le nez est délicat, il faut le humer avec précaution, sans perdre les 0,8 premières secondes, riches d'enseignement. On passe du Banania, poudre de cacao, au pruneau, en passant par la fraise et la cerise. La bouche est nette, sans bavures, pinotant joliment tout en évoquant la rondeur du trousseau. Les tanins sont lisses et fondus, mais frais et toniques. Un vin "sur l'âge", mais pas un vieux vin. Une droiture de jeune homme pour un vin qui se donne. La grandeur d'un terroir ("sans aptitude au vieillissement, il ne peut y avoir de grand terroir!") et d'une appellation. Et vivent les vins rouges d'assemblage en Arbois? Parce que l'on sait désormais que si les Arbois Trousseau de Camille sont si charpentés et aptes à la garde, c'est qu'il existe une proportion non négligeable de pieds de Pinot Noir, éparpillés au milieu des vignes de Saint-Paul. Sacré Camille, va!
    Quoiqu'il en soit, une bouteille d'anthologie, une "grande quille", servie au moment opportun. Merci Stéphane!

    - Côte Rotie 1998, Domaine Jamet: notes de fruits noirs, de torréfaction, de camphre, d'olive noire. C'est à la fois fruité et "viandeux",  lardé. Un archétype de syrah, dans le bon sens du terme, la définition même de ce cépage sur un grand terroir. La bouche est enrobée, fraiche, acidulée, avec de beaux tanins, support du vin. Pas une ride, beaucoup de belles promesses pour l'avenir, un grand et beau vin!

    - Lynch-Bages 1986, Pauillac: premier nez capté à ma gauche dans les 0,8 premières secondes: croûte de Comté! Je n'ai pas été aussi prompt au départ. J'y retrouve par la suite de la myrtille, des épices, du poivron bien mûr, mais toutes ces notes semblent comme en retrait. En bouche, les tannins sont serrés, presque revêches. Too straight, too strong pour nos palais sensuels et délicats, habitués aux rondeurs fruitées du Pinot noir, du grenache, du trousseau, de la syrah, tendance nature... Finale asséchante et dure, presque astringente. Malheureusement peu de plaisir procuré par cette référence bordelaise. Un style et des méthodes de vinification désormais totalement "has been" du côté des Jardins? J'insiste sur le fait qu'il s'agit bel et bien d'une dégustation à l'aveugle, sans a priori, et que, même si la majorité de l'assemblée s'est orientée vers Bordeaux et Pauillac quasiment d'entrée de jeu, beaucoup ont été fortement déçus par le vin, loin d'être à son avantage.

    - Mâcon Villages Botrytis 2001, Jean Thévenet: une première douceur et un nez acidulé, élégant, riche et miellé. Bouche riche à l'équilibre moelleux, mais la finale se fait sur l'amertume, un peu trop cassante pour l'instant. Il y manque du fondu et de l'harmonie.

    - Côteaux du Layon Clos des Bonnes Blanches 1996, Jo Pithon : robe ambrée, nez sur la tarte tatin caramélisée, la banane flambée, le vieux Rhum martiniquais. Un caractère oxydatif indéniable en bouche, avec des notes de fruits secs, de coing, de raisins de Corinthe à l'alcool, d'orange confite. Chenin, évidemment, et au final, un équilibre magistral, hyperséduisant pour une superbe bouteille de clôture. Il valait mieux rester là-dessus!

    Tout le monde a reçu ses cadeaux, merci Père Noël des Jardins. Smack! Smack! et à l'année prochaine!

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    Olif

  • Beaujolais, surtout pas nouveau, côté Jardins

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    Un vrai temps de cochon, à l'occasion de la traditionnelle soirée "Beaujolais surtout pas nouveau" organisée aux Jardins de Saint-Vincent par Stéphane-Saint Vernier-Planche. Ça se passe aussi le troisième jeudi de novembre, devant un parterre de fidèles de chez fidèle, peu enclins à la nouveauté. Les vins primeurs, "ça se boit, ça se pisse!", comme dit Marcel Lapierre, pas la peine d'envisager une dissertation là-dessus!

    Un temps à ne pas mettre un cochon dehors mais la cochonaille était de sortie pour le petit mâchon final. N'anticipons pas mais régalons nous à l'avance. Tous les vins sont dégustés à l'aveugle, comme à l'accoutumée, même si on commence à avoir une petite idée de ce que notre ami le jardinier a en cave.

    On attaque par de la bonne cochonnaille beaujolaise:

    - Les Ganivets 2007, Philippe Jambon, Vin de Table: robe légèrement turbide, mais c'est du bon raisin! Une note fugace de griotte laisse la place à des arômes légèrement animaux, mélangés à de la pâte de coing. Oui, de la pâte de coing! Mais pas sucrée. Finale acidulée, tonique, avec une pointe d'amertume. Un vin qui a la banane, sans en avoir les arômes!

    - Roche Noire 2007, Philippe Jambon, Vin de Table: la robe est parfaitement claire et brillante. C'est encore du bon raisin. Nez agréable,  riche et complexe, fruité et fumé, avec une petite touche mentholée. Bouche nette et parfaitement bien définie, claquante, structurée et droite. C'est très bon! Déjà goûté la semaine précédente in situ, mais je ne l'ai pas reconnu. Juste un gros doute...

    - Lulu 2006, Patrick Bouju, Vin de Table d'Auvergne: le pirate amené par notre ami le banquier, lui-même ami du vin et des vignerons. Bravo, cela mérite d'être signalé :hat:. "Ça pue comme j'aime!", un cri du cœur lâché par beaucoup! Que celui qui n'a jamais pris plaisir à se humer les aisselles transpirantes après un match de tennis (ou autre sport, même en chambre) me jette la première pierre. Une bonne réduction, animale  mais distinguée, qui s'efface derrière la cerise à l'aération. Bouche croquante, acidulée et fraiche, avec une finale évoquant la prunelle. Un vin vivant, énergétique, dynamique et revigorant, pour tous ceux qui ne s'arrêtent pas à la bestialité du premier nez.

    - Brouilly 2005, Georges Descombes: on change de style avec un vin plus coloré et plus carré. Epicé, fruité, sa facture de gamay plus classique n'en est pas moins dénuée de croquant, avec un grain de vin très fin et précis. Finale tendre et gourmande. Très beau!

    - Morgon 2006 nature, Marcel Lapierre: la version sans soufre, au nez d'abord lactique, évoquant le beurre frais. Bouche lisse et veloutée, à peine chaude en finale, avec des notes de bâton de réglisse à mâcher. Encore un peu marqué par son élevage, il demande certainement un peu de temps pour s'arrondir et s'harmoniser.

    - Fleurie Ultime 2005, Yvon Métras: un vin qui fait débat. Le premier nez est cuir, mais de façon fugace. En bouche, la matière est dense, serrée, concentrée et riche, un peu fermée et compacte, avec des notes métalliques en finale. Dans une phase fermée et austère, sans grande finesse actuellement.

    - Mâcon 2005 L'ancestra, Cyril Alonso: premier nez lactique et fromager, encore un peu sur l'élevage. Bouche clean, droite, avec de la chair et du velouté, ramenant un peu de fraicheur dans ce monde de gamays brutaux. Plutôt bien!

    Fin de la série des anciens, cochonnaille qui s'en dédit et place au Nouveau 2008, signé Marcel Lapierre. A petite dose, car comme l'assemblée était restreinte, on a pu regoûter à loisir et avec plaisir tous les précédents.

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    Olif

  • Quand Laurent Macle jardine en Arbois...

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    Les Jardins de Saint-Vincent à l'heure castel-chalonnaise! Carte blanche à Laurent Macle pour l'occasion, devant un parterre de groupies où la corporation vigneronne était fort bien représentée. Les arboisiens auraient-ils envie de s'inspirer du savoir faire sudiste jurassien? La dégustation n'en fut que plus passionnante, un de ces grands moments offerts par Stéphane-Saint Vernier-Planche, le sommelier-caviste qui renvoie Voltaire et son Candide à leurs chères études. Il faut cultiver notre Jardin arboisien...

    Une descente de Savagnin à laquelle nous commençons à être coutumiers, mais on ne s'en lasse guère, bien au contraire. Parvenir à capter le moment où tout bascule, suivre la progression du process qui aboutit à la formation du voile, puis du Château Chalon, voilà bien un travail pratique passionnant et enrichissant qui ferait aimer l'école au plus las des cancres.

    On commence par goûter les tout premiers jus de 2008 en exclusivité mondiale, avant d'entamer une lente et exceptionnelle remontée dans le temps, du Savagnin au Château Chalon!

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    - Savagnin 2008: 12,4°, 2,85 de pH. Vendangé le lundi 13 octobre 2008. Déjà sec, d'une très grande acidité, sur des notes de pamplemousse d'une grande netteté. Une structure impressionnante, pour un millésime qui sera néanmoins très acide. La notion d'équilibre sera donc prépondérante!

    - Savagnin 2007: en fût de puis le mois de mai 2008, ensemencé naturellement. Le fût est en vidange mais n'a pas encore de voile. Déjà très pur et net, avec du gras, des notes beurrées et réglissées, une petite touche de fruits secs en finale. Pas encore vraiment oxydatif et pourtant déjà tellement bon qu'on en boirait! Certains ont suggéré une mise en bouteille rapide pour profiter de cette fraicheur magnifique, mais ils se sont vite fait rappeler à l'ordre. Il est encore long le chemin qui mène à Château Chalon!

    - Savagnin 2006: sur le fil, on sent que la bascule vers l'oxydation ne saurait tarder. Beau nez complexe, fruité, avec des notes de colle blanche. Bouche droite, finement oxydative, élégante et fraiche.

    - Savagnin 2005: nez très fin et complexe, bouche riche et puissante, avec des notes d'écale de noix verte, d'épices, de gingembre, de poivre. La longueur s'affirme, s'accordant avec la richesse du millésime.

    - Savagnin 2004: nez sur la croûte de Comté. La bouche gagne en longueur et en persistance. L'oxydation ménagée est bien là. Droit, acidulé et tendu, frais et fin, il traduit à merveille son millésime de haut rendement (50 hl/ha contre 30 habituellement).

    - Savagnin 2003: un millésime à part, affirmé. Riche, beaucoup d'alcool, compact, il sait garder une pointe de fraicheur dans un coin pour donner un vin réellement digne d'intérêt, qui transcende les écueils de la nature.

    - Savagnin 2002: quasi du Château Chalon nouveau, celui qui sera mis en perce en février 2009. Un échantillon prélevé sur un fût de cave moins fraiche que les précédents, d'où quelques différences de style, qui ne conviennent guère à Laurent Macle. Pourtant...
    Trame droite, longue et acidulée, sur des flaveurs d'épices, de gentiane, de noix verte.

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    - Château Chalon 2000: aromatiquement en retrait. Bouche droite, tendue, presque austère. Un peu recroquevillé sur lui-même, à attendre.

    - Château Chalon 1990: nez envoûtant, riche, complexe, sur le moka, le malt, évoluant vers de petites touches d'hydrocarbures. Pas aussi prononcées que dans la cuve à mazout du grand-père de notre vieux copain Le Seb, absent de marque de la soirée (aux Antipodes mais si près de nous quand même), à qui nous dédions cette bouteille. Malgré ce chouïa de pétrole, un vin plutôt très raffiné, fin et élégant. Bouche moelleuse et arrondie, avec du volume, soutenu par une sacrée acidité. Grand millésime, grande bouteille procurant déjà un grand plaisir.

    - Château Chalon 1986: moka, écorce d'orange, anis, miel, la quintessence d'un grand Château Chalon qui arrive à maturité et qui livre ses secrets. Encore très jeune, il est tellement fondu et harmonieux que c'en est un régal.

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    Pour cloturer cette dégustation d'anthologie, une rareté et un collector hors commerce, un Vin de Paille du domaine Macle. 1/3 Poulsard, 1/3 Chardonnay, 1/3 Savagnin, la complexité et la complémentarité des trois cépages assemblés: fraise, raisin de Corinthe, mine de crayon, un équilibre de Paille exemplaire, bâti sur une droiture et une acidité magistrales, laissant la bouche propre et nette.

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    Stéphane-Saint Vernier-Planche, le sommelier-caviste qui jamais ne vous rase avec ses commentaires de dégustation!

    Olif


  • L'été indien aux Jardins

    Première neige non éternelle jurassienne

    Tandis que la neige fait sa réapparition sur le Massif du Jura, blanchissant la crête du Mont d'Or et tempérant les ardeurs des champignons les plus vélléitaires à cette période, l'été joue les prolongations aux Jardins de Saint-Vincent, grâce à une sélection de bouteilles effectuée par Stéphane-"Saint-Vernier"-Planche, le bouillonnant sommelier-caviste arboisien, toujours à l'affût d'un bon vin, de préférence bien élevé, c'est à dire le plus naturellement possible. La neige, c'était ce samedi 4 octobre, la dégustation le jeudi 25 septembre. Entre l'été indien des Jardins et l'hiver haut-doubien, à peine plus d'une semaine! Brrr....!

    "Tu sais, je n'ai jamais été aussi heureux que ce soir-là
    Nous dégustions dans un caveau un peu comme celui-ci
    C'était l'automne, un automne où il faisait beau
    Une saison qui n'existe que dans le Nord du Jurassique
    Là-bas on l'appelle l'été indien
    Mais c'était tout simplement le nôtre
    Avec ta barbe de 4 jours tu ressemblais
    A un portrait de Serge Gainsbourg
    Et je me souviens, je me souviens très bien
    De ce que j'ai bu ce soir-là
    Il y a un an, y a un siècle, chez Saint-Vernier

    On boira où tu voudras, quand tu voudras
    Et on dégustera encore, tant que le vin sera bon
    Toute la vie sera pareille à ces Jardins
    Aux couleurs de l'été indien"

     

    Hmm hmm... :embarras:

    Ambiance décontractée, donc, pour cette session de rentrée, avec une petite foule et une dégustation en petites foulées. Que du bon, aussi bien du côté des vins que des participants. A l'aveugle complet, évidemment, pour une thématique très ouverte.

    - Vouvray Pétillant naturel 2006, La Dilettante, Catherine et Pierre Breton: nez mûr et fruité, riche. Bulle fine, savoureuse, avec un léger léger sucre, malgré un équilibre plutôt sec. Jolie mise en bouche apportée par François.

    - Côtes du Jura Les Chalasses VV 2006, Jean-François Ganevat: nez jeune, fruité, minéral, droit, pur et précis, d'une subtilité désarmante. En bouche, de la tension, du gras, du soyeux avec une belle rémanence finale du fruit, dans une superbe acidité salivante. Bravo Fanfan! Identifié Chardonnay du Jura, Sud-Revermont, dans un millésime récent, je suis déçu de ne pas avoir poussé plus loin mon raisonnement, car peu de vignerons dans le Jura sont capables de produire un tel vin, bâti sur cette minéralité et cette tension.  A vrai dire, je n'en connais que deux: Stéphane Tissot en Arbois et Fanfan Ganevat à Rotalier. J'avoue avoir plutôt pensé à Julien Labet, mais là bien y réfléchir, son style est quand même différent. L'aveugle complet est un exercice vraiment difficile. Ce qui est rassurant, c'est la connotation jurassienne évidente de ce vin, malgré son approche bourguignonne. Le terroir parle donc toujours, et plutôt bien, même!

    - Vin de Pays de la Vallée du Paradis 2007, La Bégou, Maxime Magnon: premier nez lactique et anisé. Bouche ronde, du fait d'un alcool certain, mais compacte. Finale un peu dure, qui finit sur l'alcool. Loin d'être déplaisant, mais un équilbre plutôt sudiste qui a du mal derrière le caractère tranchant du Côtes-du-Jura. Un vin tout à fait recommandable, à regoûter dans un autre contexte.

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    - Le Nerveux 2007, La Glacière, Vin de table : premier rouge, apporté par Bibi, à la robe rouge groseille, qui, après une réduction passagère, développe des notes de bourgeon de cassis et de cacao, avec une pointe animale. Frais, friand, un peu rustique, dans le bon sens du terme, voilà un vin authentique et plaisant, 100% Cinsault, élaboré à l'ancienne, dans le Gard et de la façon la plus naturelle possible. Vin étonnant, non?

    -Mouressipe 2007, Cuvée Càcous, Alain Allier: pur hasard, on se retrouve également dans le Gard. Du fruit en liberté, un autre vin sans fard, avec une bouche ronde et fruitée, soyeuse et fraiche, malgré une finale à peine chaleureuse. Une belle découverte signée Saint-Vernier.

    -Vin de Pays de la Vallée du Paradis, Mont Redon 2007, Maxime Magnon: Sur le fruit primaire, droit et serré en bouche, avec des petits tanins légèrement accrocheurs, dus à l'élevage, ressentis en finale. L'alcool ressort à peine, incitant à attendre un peu ce vin, comme toutes les cuvées de Maxime, d'ailleurs, qui se goûtent généralement bien mieux après une ou deux années de cave.

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    - Le Petit Domaine de Gimios, Moelleux de Muscat, Vin de table: nez muscaté, sur la menthe poivrée, la bière blanche sans la rondelle de citron. Frais, simple et désaltérant, un vin éminemment sympathique à boire pour lui-même ou sur une petite soupe d'agrumes en dessert.

    - Le Petit Domaine de Gimios, Petits grains, Muscat de Saint-Jean de Minervois: nez sur le caramel au lait, la pomme tatin, les fruits secs, avant d'évoluer sur des notes muscatées, légèrement masquées par un caractère surmaturé et oxydatif. Ample et riche, un bel équilibre n'excluant pas la fraicheur. Un domaine culte, qui nous offre là deux bien beaux vins.

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    Place au petit mâchon, avec les dernières bouteilles de La Tranche 2007, de Catherine et Philippe Jambon, durement touchés par les aléas météo, notamment la grêle cette année. On pense bien à eux en cette période de vendanges!

    Olif
  • Les Côtes du Jura du Sud Revermont, côté Jardins!

    Date: le 18/03/2005 à 23:44

    Une soirée spéciale aux Jardins, ce jeudi 17 mars, consacrée à une exploration du Sud Revermont à travers ses terroirs, avec la participation exceptionnelle de Julien Labet, dans le rôle du collectif Labet à lui tout seul. Une soirée qui aurait également pu s'intituler « L'Evangile des terroirs selon Monsieur Labet », car l'objectif avoué était bel et bien de nous expliquer et nous faire comprendre les particularismes parcellaires jurassiens à travers les différentes cuvées du domaine Labet.

     

     

    Une expédition passionnante au coeur du vignoble du Sud Revermont, à ne pas manquer, assurément, et pour laquelle la Belgique n'a pas hésité à dépêcher un de ses meilleurs éléments!


    Mais laissons déjà  la parole à  Julien Labet, pour une petite présentation du domaine et de ses convictions de vigneron.

     

     

    Le domaine Labet, constitué de 10 ha de vignes situées dans la combe de Rotalier, au Sud de Lons le Saunier, est actuellement géré par un collectif familial, comprenant père, mère, frère et soeur, dont la préoccupation est de rester « paysan » , proche de la terre, en la respectant. En utilisant pour cela le moins de produits de synthèse possibles, même si le domaine ne peut revendiquer le label bio. Un credo dans une certaine expression du vin, qui correspond à une esthétique revendiquée, tout en conservant de la cohérence: cohérence de style, entre les différentes cuvées, cohérence économique par respect du client, au travers d'une sage politique de prix.

    L'originalité du domaine, c'est de posséder beaucoup de parcelles plantées en vieilles vignes de chardonnay, des parcelles vinifiées séparément de longue date, en foudres non ouillés jusqu'en 1991, puis en pièces non ouillées de 1992 à 1996, et enfin en pièces ouillées depuis 1997. Toutes les pièces sont vinifiées de façon identique, de quoi se livrer à un petit exercice de style pour mieux comprendre le terroir jurassien et la façon dont il est susceptible de marquer les vins.

    Fleur de Savagnin 2001
    2001, un millésime réputé difficile, d'une manière générale, qui possède pourtant une acidité fine et beaucoup d'élégance. Celui-ci en est un très beau représentant, à la robe brillante et au nez très aromatique. Une belle définition du savagnin ouillé, sur les agrumes et les fruits exotiques, possédant une belle acidité apéritive, pour un plaisir assez immédiat.

    Fleurs 2001
    Avec un « S », cette cuvée-ci, assemblage de plusieurs vignes de chardonnay de 30 ans, complémentaires, l'une apportant l'esprit, l'autre la chair, et la troisième les os (la minéralité), dixit Julien!

    Et de fait, cette cuvée semble plutôt bien constituée, avec un nez plutôt floral, très finement toasté, plus en rapport avec les lies qu'avec un boisage excessif, et une bouche assez ample, riche, avec du gras, une certaine largeur et de la rondeur. L'antithèse du précédent, dont la structure, propre au savagnin, était plutôt droite et tendue.

    Fleur de Chardonnay 2002
    Il s'agit d'une vinification parcellaire d'une vigne située sur le haut du lieu-dit « Les Varrons ». Un sol presque exclusivement calcaire, la terre ayant glissé sur les flancs de la bosse constituant le lieu-dit, qui donne naissance à un vin à la minéralité prononcée. La minéralité selon Julien Labet, c'est un petit caillou chauffé au soleil qui persiste en fin de bouche, à l'arrière de la langue, lorsque l'on a dégluti le vin.
    Et il est vrai que cette minéralité se ressent sur ce vin, malgré la grande maturité des raisins, caractéristique du millésime. On ressent également au nez des notes lactiques, presque beurrées, partant ensuite sur les fruits blancs, la mirabelle. Jolie tension minérale sur une bouche ample, au grain plutôt serré, et belle persistance finale.

    Fusion 2001
    Une cuvée particulière en ce millésime 2001, issue d'un assemblage d'une pièce de chacune des différentes cuvées « Fleur ». Fleur de marne, donc terrain argileux! Le nez est puissant et complexe, fumé, toasté, évoquant la minéralité soyeuse de la marne, droite, enrobée, non asséchante, et dotée d'une grande profondeur.

    Chalasse 2001
    Un nez élégant et aérien, légèrement acidulé et citronné, pour une double minéralité, argileuse et calcaire, celle d'un terroir d'exception, à l'équilibre presque parfait. Une bouteille à l'énorme potentiel, que Julien trouve encore un peu dissociée à ce stade. Une dissociation que pourraient lui envier bien des vins harmonieux, à mon avis!

    Le Montceau 2001
    Un secteur à plus forte maturité en raison d'une exposition Sud-Ouest, à l'abri du vent. De ce fait, le boisage est généralement un peu plus important que sur les autres cuvées, Julien recourant à des fûts de 2 et 3 vins, ouillés pendant 18 mois. En 2001, la récolte a produit 2 pièces, donc un fût de 2 et un fût de 3 vins! Rien d'excessif, apparemment!
    Le nez est puissant, ne laissant pas indifférent, certains étant totalement séduits, d'autres le trouvant un peu lourd et insistant. Un vin solaire, de grande maturité, exhalant le caramel, l'abricot, le menthol, les fruits blancs, au détriment de la minéralité. En bouche, du gras, de la plénitude et une grande richesse en alcool, qui ne crée pourtant pas de déséquilibre. Toute petite amertume finale.
    Un « vin de chair », pour Julien.

    La Bardette 2001
    Nez très pur, soyeux, réglissé, miellé, sur les fruits blancs, d'une grande et belle précision aromatique. L'attaque en bouche est patinée, la finale est par contre un peu dure, avec sensation métallique qui vient titiller le bout de la langue. L'harmonie n'est pas encore totalement au rendez-vous, mais que le potentiel de ce « vin d'esprit » est grand, l'antithèse complète du précédent!

    La Bardette 2001, sous voile
    Une particularité de cette année 2001, après 2 ans d'élevage identique avec ouillage, une pièce de Bardette a été laissée en vidange et a développé le voile. Le nez est bien celui d'un oxydatif, un peu miellé, un peu épicé, très mûr, avec beaucoup de finesse. Une parenté certaine de structure avec le vin précédent même si le mode d'élevage les sépare. Il n'est pas dit qu'au bout d'une dizaine d'années de garde, les deux jumelles finissent par se rejoindre, lorsque le terroir aura repris le dessus. Rendez-vous dans 10 ans!

    La Reine 1998
    Une bouteille mystère de Saint-Vernier, dégustée à l'aveugle, mais pas le nez bouché! Croûte de fromage, caoutchouc, de la réduction ou de l'autolyse? La différence est subtile et pas évidente à faire! A l'aération, ce Chardonnay de voile développe une puissance alcooleuse un peu lourde en finale, sur la colle blanche, l'amande amère. L'oxydation ménagée semble plutôt fine, mai le vin a besoin de temps pour se révéler.

    La Bardette 1998
    Dans une phase actuelle de fermeture, cette Bardette 1998 ne se livre que fort peu au nez, hormis une perception alcooleuse, évoquant le dissolvant ou la colle de bois. D'une grande droiture structurelle en bouche, elle est d'une longueur remarquable, donnant la sensation qu'elle ne s'arrêtera jamais, tout en se retenant encore énormément. Bon, il vaut mieux l'oublier en cave, alors!

    La Bardette 2003
    Prélevée sur fût, elle exprime beaucoup de fruit, mirabelle, abricot, sur une petite perle, qui apporte de la fraîcheur et un côté incisif bienvenu dans ce millésime solaire.

     

    Fin de la partie didactique et place à un petit mâchon, où seront goûtés encore un certain nombre de vins, en off, le stylo sur l'oreille, dont un étonnant Schieferterrassen 2002, Heymann-Lowenstein apporté par Marc, plusieurs Côtes du Rhône 2004 particulièrement alcooleux (Richaud, L'Anglore, Poignée de Raisins de Gramenon), un Savagnin 2004, premier millésime d'un jeune et nouveau vigneron de Pupillin, dont on reparlera, j'espère, et, en bonus, La Bardette 2004 et un superbe Vin de Paille 2000, apporté par Julien.

    Après une soirée pareille, l'Evangile des terroirs, moi, j'y crois plus que jamais!

     


    Amen!


    Frère Olif