Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

domaine labet

  • Le Noël des Jardins

    Noëls avant l'heure, Noël après l'heure... Le Père Noël des Jardins, Stéphane "Saint-Vernier" Planche, est pourtant passé à l'heure mais le temps a manqué pour retranscrire cette soirée de fête organisée en grandes pompes, mais pas du 45. La neige était au rendez-vous, jusqu'en plaine, à l'origine de quelques désistements de dernière minute, ce dont les participants ne se sont pas plaint, leurs verres l'étant plus, pleins.

     

    IMGP0140.JPG

     

    Soirée festive et grandes bouteilles, de tous âges et tous styles, pour tous les goûts, de préférence bons, dégustées à l'aveugle, comme de bien entendu, sans à priori. C'est parti!

     

    IMGP0126.JPG- Crémant du Jura Extra-brut 1999, Stéphane Tissot: nez très mûr, fruité, brioché, avec des notes de noisette. En bouche, fraicheur, bulle fine, élégante, qui évoque Selosse à certains participants, et pas des moindres. Personne ne s'est vu en Jura, mais plutôt dans la belle Champagne vigneronne. Faut-il prendre cela pour un compliment? Évidemment, et il est réciproque. Une superbe entrée en matière qui démontre que la Champagne n'a pas l'exclusivité des bulles de qualité mais qu'elle reste néanmoins la référence. Quand un Crémant est aussi bon, on le situe d'office en Champagne à l'aveugle!

     

    IMGP0127.JPG- Champagne Krug 1998: un vin carafé juste avant le service, qui perle encore légèrement dans le verre. Le nez est superbe. Un vieux chardo évolué, empyreumatique, sur le moka, la fumée, la brioche. La bouche est tonique et acidulée, du fait d'une légère présence de gaz. À ce stade, on ne peut plus parler de bulle! 20 ans d'âge au nez, 6 mois en bouche! Un grand vin qui a gardé la mémoire de la bulle, pour la mettre à son service. Présente à l'attaque, évanescente ensuite, sa disparition a été accélérée par le carafage. Il ne reste dans le verre qu'un grand vin de chardonnay, ce qui n'est pas rien. Il n'a pas pour autant éclipsé le Crémant du Jura, ce qui est quasiment une prouesse, mais dans quel sens?

     

    IMGP0128.JPG- Chassagne-Montrachet 1er cru 1998 Boudriottes, Domaine Ramonet: le premier nez est pétrolé, mais fugace. Il égare! Pas suffisamment hydrocarbure pour un riesling, il m'entraine  par erreur en direction des montagnes de Savoie. Il développe ensuite des notes d'écorce d'orange confite, témoignant d'une belle maturité de fruit. La bouche reste fraiche et acidulée, portant le vin assez loin, mais malheureusement, il sèche un peu en finale, ce que l'on mettra (à tort ou pas?) sur le compte d'un sulfitage généreux. Une belle bouteille devant laquelle il serait néanmoins malvenu de bouder et faire la fine bouche.

     

    IMGP0130.JPG- Côtes du Jura 1998 Le Monceau, Domaine Labet: après un premier échantillon malheureusement défectueux, une deuxième bouteille a été carafée à la volée, ce qui pourrait constituer un handicap par rapport à la précédente. Que nenni! Le nez est fin, élégant, quoique un peu discret. La minéralité éclate en bouche, très jurassienne dans son expression. Généreux, large et puissant, il ne trompe personne sur ses origines. La marque des grands terroirs, une expression très distincte des autres parcellaires du domaine Labet. Sa grande profondeur le place indubitablement un cran au-dessus de son sparring partner, ce qui est évidemment parfaitement subjectif.

     

    IMGP0129.JPG- Arbois Trousseau 1969 Saint Paul, Camille Loye: pas facile à placer, la grande bouteille de la dégustation. Elle aurait logiquement dû venir plus tôt, pour permettre de l'apprécier au mieux. Comment allait-elle se comporter derrière ces 4 grands vins blancs à forte personnalité? Changement de couleur, donc, et passage au rouge, mais un rouge orange tuilé. Le nez est fin, délicat et complexe: orange confite, brioche, un rien terreux. La bouche est d'un soyeux rare, comme une étoffe délicate. Une pointe de menthol pour la fraicheur, une finale sur l'orange amère et le cacao. Le fond de verre est particulièrement envoûtant, sur le tabac blond et le pomelos. Un ange passe... Finalement, Dieu existe. Il s'appelle Camille Loye. Un 69 d'équilibriste, parfaitement extatique.

     

    IMGP0131.JPG- Pouilly-Fuissé 2003 Clos Reyssié, Domaine Valette: retour au blanc pour une bouteille magistrale, alliant fruité, puissance, minéralité et richesse. Un nez d'une exquise finesse et d'une grande complexité. En bouche, la profondeur d'un grand vin, élevé longuement en fût (pas loin de 60 mois). L'effet millésime n'existe plus à ce stade de perfection.

     

    IMGP0133.JPG- Pommard Premier cru 2001 Pézerolles, Domaine de Montille: robe rubis, nez qui pinote, sur la cerise griotte, très charnel. Le grain est fin, serré mais soyeux, avec des petits tanins finement enveloppés. Petite pointe d'amertume finale, mais beaucoup de finesse pour ce vin situé plutôt du côté de Chambolle par la majorité des dégustateurs. Très belle bouteille.

     

    IMGP0134.JPG- Côte rotie 1997, Domaine Jamet: robe sombre, homogène. Nez très poivré, lardé, tapenade, évoquant sans nul doute la syrah septentrionale. En bouche, du fruit, de la fraicheur, de la chair, de la sève. P..., c'est bon, ça! Ouvert, fin, riche et puissant en même temps, la quintessence d'une grande syrah!

     

    IMGP0136.JPG- Klein Constancia 2002, Vin de Constance, Afrique du Sud: robe dorée, nez muscaté, litchi, menthol. Très aromatique (trop?), il finit sur le sucre, ne laissant pas la bouche parfaitement fraiche. 80% muscat de Hambourg, 20% chenin, c'est une vraie curiosité, à défaut d'être le grand liquoreux que l'on serait en droit d'attendre.

     

    IMGP0138.JPG- Coteaux du Layon-Faye 1997 L'Aubépine, Domaine des Sablonnettes: robe abricot, nez typique de chenin, mûr et bien fruité, avec une pointe carbonifère. Finale acidulée sur le graphite, belle fraicheur, grande longueur. Superbe!

     

    IMGP0143.JPG

    Grande soirée, grandes bouteilles, mâchon amélioré, à la hauteur des bouteilles, le Père Noël est bel et bien passé aux Jardins ce soir-là. Le retour fût un peu laborieux, pour cause de tempête de neige, mais se déroula IMGP0144.JPGfinalement sans encombres, la majorité des automobilistes bien disciplinés ayant IMGP0142.JPGrespecté les consignes de ne pas prendre leur véhicule. Vivement l'année prochaine aux Jardins!

     

     

    IMGP0135.JPG

    Olif

     

  • Noël aux Jardins...

    IMGP0260.JPG

     

    Noël était en avance, en 2009, aux Jardins de Saint-Vincent. Le compte-rendu de la soirée, lui, par contre, est très en retard. Tout le monde ce soir-là était pourtant sur son 31 24 15. Le jardinier lui-même, Stéphane-Saint Vernier-Planche avait vêtu son joli costume rouge et sa barbe blanche. Noël avant l'heure dans les verres. Dégustation à l'aveugle complet, comme il se doit, avant les douze coups de minuit.

     

    - Champagne Initial brut, Selosse: mousse crémeuse au service, puis bulle fine. Fruit mûr et solaire, miel et abricot. Un vin riche porté par une belle acidité, l'onctuosité initiale laissant la place à une belle tension et de jolis amers finaux. Un beau Champagne vineux, avec une bulle véritablement au service du vin.

     

    - Côtes du Jura Poulsard Vieilles Vignes 1976, Alain Labet: un rouge pour suivre, à la robe encore brillante, colorée, mais légèrement tuilée. Poulsard sur le visuel, sans aucun doute. Le premier nez est puissant, intense, complexe, sur des notes de cuir, de pamplemousse, d'agrumes, de menthol. La bouche est riche et fraiche, acidulée, avec une certaine rondeur due à l'alcool encore bien présent. Seule la longueur fait un peu défaut, la finale étant un peu asséchante et végétale. Somme toute, ce vin est sur l'âge et tient encore debout. Ploussard de Pupillin, c'est possible, mais tout faux, en fait! Poulsard du Sud-Revermont d'Alain Labet! Pas mal, pour un petit rouge du Jura! La classe, même!

     

    - Arbois-Pupillin 1999, Emmanuel Houillon: retour au blanc avec ce vin aux jolies notes de moka évoquant un vieux Champagne. Légèrement pétrolé, une pointe d'iode, du pamplemousse et une petite touche anisée. Complexité et évolution, tout le monde part sur une grande bouteille, d'autant que la bouche suit sans problème. Minérale, acidulée, épicée, une trame tendue toute en longueur, avec une finale sur des amers d'une grande pureté. Personne n'a reconnu le Chardonnay de Viandrix. Mais c'est une grande bouteille, c'est certain! On aurait presque pu le prendre pour un Montrachet!

     

    - Montrachet 1997, Morey-Blanc: la robe est d'un beau doré soutenu, brillante. Le premier nez est pregnant, sur le moka et les épices, toujours fruités, avec une petite note de champignon, limite truffe.La bouche est ample en attaque, puissante, riche et longue, revenant sur l'acidité dans une finale salivante et tonique, aux accents d'écorce d'orange. Grandiose! On aurait presque pu le prendre pour un Chardonnay de Viandrix! Il s'agit d'une bouteille provenant de l'activité de négoce de Pierre Morey, ex-régisseur du domaine Leflaive.

     

    - Côte Rôtie 1995, Domaine Jamet: le premier nez est lacté et chocolaté, Ovomaltine© pour certains. 8 secondes pour le prendre! La bouche possède une trame végétale avec des tanins un peu durs et séchants en finale. Une petite déception, pour un vin néanmoins plus que correct, peut-être simplement dans une mauvaise phase.

     

    - L'air du Temps 2003, Christophe Abbet, Valais: une bouteille magique dont le sorcier Abbet a le secret. Pralin, orange amère confite, rondeur de l'alcool magnifiquement affiné par l'élevage oxydatif. Un équilibre magique, improbable, intemporel, bien dans l'air du temps.

     

    - The Picrate, Eric Calcutt, Oxygène: une bouteille collector et mythique pour amateurs avertis et extravertis. Un premier échantillon légèrement défectueux conduit à l'ouverture d'une seconde bouteille. Beaucoup d'acidité volatile pour équilibrer ce vin riche en alcool, aux notes de poire william, loin d'être consensuel. Ce soir-là, j'avoue ne pas l'avoir très bien goûté, mais c'est un véritable OVNI.

     

     

    IMGP0259.JPG

    Ensuite, les lumières se sont éteintes, le Père Noël est passé, tout le monde a ouvert ses cadeaux puis s'est fait la bise, en se donnant rendez-vous l'année prochaine. Histoire de voir si les Jardins sont toujours à la même place...

     

    Olif

  • Flamboyante dégustation à Rotalier

    IMGP7429.JPG

    L'orage a beau avoir grondé toute la journée, l'Ouest lointain a fini par s'embraser, donnant un caractère doublement flamboyant à cette dégustation crépusculaire autant que prometteuse. A l'invitation de Julien Labet, nous nous sommes retrouvés une poignée sous un mélèze rotalien à déguster jusqu'au bout de la nuit le millésime 2007 en horizontale, suivi d'une incursion en 2005 puis 2002. Beaucoup de vins blancs à goûter, donc, avant de se reconstituer grâce à une sublime côte de bœuf et quelques vins rouges du cru.

    Le domaine Labet, situé à Rotalier, c'est avant tout un collectif: les parents, Alain et Josie, ainsi que trois enfants, Julien, Romain et Charline. Précurseur dans les élevages parcellaires de vins ouillés, Alain Labet a peu à peu confié la direction des opérations en cave à Julien, qui possède en outre son domaine en propre, sur des parcelles parfois contigües à celles du domaine familial. Les éventuelles différences entre les cuvées viendront de la vinification, Julien expérimentant un peu plus sur la production de son domaine personnel, notamment en diminuant les doses de soufre. Les vins sont servis rafraichis, à l'aveugle, l'identification du cépage et du terroir n'étant pas forcément si évidente que cela, même pour un grand vigneron comme Alain Labet. Tous sont en appellation Côtes du Jura, évidemment!

    IMGP7425.JPG

    - Fleur de savagnin En Chalasse 2007: une vigne plantée en 2003 et des raisins récoltés en légère surmaturité, avec 12,7° de potentiel. Un vin riche, puissant, minéral, légèrement anisé, porté par une très grande acidité.

    - Fleur de savagnin En Chalasse 2006: récolté avec un peu moins de botrytis qu'en 2007, il possède pourtant une grande douceur en vouche. Une sensation presque voluptueuse. Riche et puissant, il termine sur une sensation rafraichissante d'agrumes et de beaux amers, signe de sa grande acidité.

    - Savagnin 2006: une cuvée spéciale de savagnin gros vert récolté au lieu-dit La Bardette et élevé 28 mois en fût. La robe est dorée, le nez est confit, sur l'écorce d'orange. La bouche est parfaitement calibrée, large et longue, avec une finale très épicée. Superbe!

    Place au Chardonnay sur les cuvées suivantes:

    - Fleur de Chardonnay 2007: nez frais et minéral, légèrement iodé avec une pointe de lactique. Tonique (du gaz!), acidulé et frais. Cette cuvée, issue de vignes de 45 ans provenant du sommet des Varrons, est élevée sur lies, en mode réductif qui apporte des notes de menthol et un caractère végétal. Le sommet de la butte des Varrons, c'est du "caillou", un sol purement calcaire.

    - Les Varrons 2007: nez légèrement anisé, avec des notes de pêche blanche. Relative rondeur, minéralité marquée, un peu rèche, bouche large et finale un peu chaude. A ce stade, il manque un peu d'éclat.

    Les Varrons 2007, Julien Labet: une parcelle distincte, exploitée par Julien, indépendamment de celle du domaine, et embouteillée sous son nom. Nez très anisé, fenouil, vivacité en bouche dès l'attaque. Un vin dynamique à la finale acidulée sur une belle amertume. Beaucoup moins de SO2 (8 mg) que dans la cuvée du domaine et une bouteille qui remporte tous les suffrages.

    - La Reine 2007: une toute petite parcelle d'argiles rouges qui ne produit que 2 pièces. Le nez est grillé, très fin, mais ce n'est pas de la réduction car l'élevage ne se fait pas sur lies. Bouche vive, d'une classe folle, élégante, acidulée en finale. Un vin absolument superbe, d'une définition irréprochable.

    - En Chalasse 2007: nez très fruit (pêche), gourmand, même si Alain Labet n'apprécie que moyennement ce qualificatif passe-partout. La bouche est en léger décalage, acidulée, avec une finale un chouïa amère, moins gourmande que ne le laissait supposer le nez. Pas mal de raisins en surmaturité à la vendange, dans cette cuvée.

    - Le Montceau 2007: nez fin, légèrement lacté, praliné. Bouche élégante et racée, à la texture délicate et soyeuse. Finale d'une grande douceur, suave, soutenu par un trait acidulé. Un magnifique vin, issu de sols calcaires blancs du Batonien. Alain Labet est épaté, retrouve la grandeur du Montceau, pour lui disparue depuis quelques millésimes.

    - La Bardette 2007: petite déception car elle ne se goûte pas bien. De la réduction qui amène de l'amertume, malgré la pointe de gaz. Elle n'est pas en place, mais ça viendra probablement, elle demande du temps, la Bardette, en principe.

    - En Chalasse 2007, VV de 70 ans: nez retenu, bouche fondue, calibrée, bien structurée, sur une longue finale salivante. Un vin apaisant, avec de la chair, qui laisse tout le monde béat d'admiration, même si le coucher de soleil commençait à s'éteindre.

    IMGP7432.JPG
    Une petite lampe, au chevet du coucher de soleil éteint!

    - La Beaumette 2005: nez sur les agrumes qui se prolonge par un ananas somptueux en bouche. Un peu de gaz, une belle tonicité, prolongée par une grande acidité. Comme du Gros Manseng, mais dans le Jura, il franchit le mur du "nçon".

    - Les Varrons 2005: nez caramel au lait, breton sur les bords, c'est à dire un peu salé. Iodé, large en bouche, puissant, pas détendu. Il ne se livre pas complètement, quoi, même si le côté caramel lui vient apparemment du terroir.

    - La Reine 2005: nez discret, mais une bouche fuselée et élégante, tendue en finale. Un vin scintillant!

    - La Bardette 2005: le nez est très fin, comme retenu, discret mais élégant, tout en dentelle. Le fruit perce en bouche, cette Bardette saura se livrer dans le futur à qui aura la patience de l'attendre.

    - Fleur de Chardonnay 2002:  une bouche un peu taillée à la serpe, incisive, qui possède beaucoup d'acidité, plutôt tartrique, et une rusticité toute jurassienne, ce qui n'a évidemment rien de péjoratif pour un vin positionné en entrée de gamme, avec 7 années de cave.

    - La Bardette 2002: un vin paradoxal, à l'élevage un peu particulier. Mis en bouteille avec des levures de fermentation alcoolique, non terminée alors, ce qui lui donne un caractère oxydatif involontaire, sans signes d'oxydation véritable. Un peu compliqué à appréhender sur cette bouteille, tandis qu'une autre, goûtée il y a un mois au restaurant s'était avérée somptueuse. Pas reconnu, du coup!

    - Le Montceau 2002: nez superbe, intense, plein, un peu miellé. Bouche à la fois riche et contenue, se livrant par petites touches successives, mais, au final, se donnant totalement. Magnifique vin! Et Alain Labet n'en finit pas de retrouver ce Montceau qu'il aime tant et qu'il avait un peu perdu de vue depuis quelques millésimes. Une petite merveille emplie de fraicheur.

    - En Chalasse 2002: nez puissant, enrobé, miellé, encaustique. Un vin riche, au caractère légèrement oxydatif, à la finale légèrement amère, peut-être pas tout à fait en place actuellement. A revoir, surtout qu'il s'agit en théorie d'un des vins les plus prometteurs produits par le domaine.

    - Les Varrons 2002: nez légèrement grillé, caramel au lait, la marque du terroir. "Sur l'âge", mais sans évolution marquée, il laisse la bouche nette, tout en imposant son caractère et sa minéralité calcaire. Longue finale et très belle bouteille.


    Réputé pour ses blancs, le domaine produit également quelques rouges considérés comme anecdotiques par Alain et Julien Labet. Il n'en est rien, évidemment. Modestie, quand tu nous tiens! Les poulsards du Sud-Revermont, à l'instar de ceux de Fanfan Ganevat, n'ont rien à envier aux meilleurs du nord du département. "Le 98, c'était même du Rayas, à la vendange", d'après Alain Labet. C'est en tout cas ce qu'il imaginait faire au vu de la qualité des raisins, quasiment exceptionnelle. Au bout de plus de 10 années, ce n'est peut-être pas Rayas quand même, mais un vin néanmoins sublime, qui défie le temps. D'une jeunesse à toute épreuve, des tanins soyeux (bon, pas ceux de Rayas!) et toujours beaucoup de fruit. La côte de bœuf ne s'est pas plainte, loin de là.


    Pour ce qui est de prolonger sa connaissance de l'appellation Côtes du Jura, on n'hésitera pas à se référer à l'excellent article d'Emmanuel Zanni, dans le dernier numéro du Rouge & le Blanc, la revue de référence de l'amateur du rouge et du blanc. Et du jaune aussi, parce qu'apparemment, ils sont tombés sous le charme de la région, les petits gars du Rouge & le Blanc. Ça fait quand même plaisir que des journalistes qui écrivent sur le vin s'intéressent véritablement au vin et aux vignerons, finalement.



    couv_no_93.jpg

    Olif

  • Les Côtes du Jura du Sud Revermont, côté Jardins!

    Date: le 18/03/2005 à 23:44

    Une soirée spéciale aux Jardins, ce jeudi 17 mars, consacrée à une exploration du Sud Revermont à travers ses terroirs, avec la participation exceptionnelle de Julien Labet, dans le rôle du collectif Labet à lui tout seul. Une soirée qui aurait également pu s'intituler « L'Evangile des terroirs selon Monsieur Labet », car l'objectif avoué était bel et bien de nous expliquer et nous faire comprendre les particularismes parcellaires jurassiens à travers les différentes cuvées du domaine Labet.

     

     

    Une expédition passionnante au coeur du vignoble du Sud Revermont, à ne pas manquer, assurément, et pour laquelle la Belgique n'a pas hésité à dépêcher un de ses meilleurs éléments!


    Mais laissons déjà  la parole à  Julien Labet, pour une petite présentation du domaine et de ses convictions de vigneron.

     

     

    Le domaine Labet, constitué de 10 ha de vignes situées dans la combe de Rotalier, au Sud de Lons le Saunier, est actuellement géré par un collectif familial, comprenant père, mère, frère et soeur, dont la préoccupation est de rester « paysan » , proche de la terre, en la respectant. En utilisant pour cela le moins de produits de synthèse possibles, même si le domaine ne peut revendiquer le label bio. Un credo dans une certaine expression du vin, qui correspond à une esthétique revendiquée, tout en conservant de la cohérence: cohérence de style, entre les différentes cuvées, cohérence économique par respect du client, au travers d'une sage politique de prix.

    L'originalité du domaine, c'est de posséder beaucoup de parcelles plantées en vieilles vignes de chardonnay, des parcelles vinifiées séparément de longue date, en foudres non ouillés jusqu'en 1991, puis en pièces non ouillées de 1992 à 1996, et enfin en pièces ouillées depuis 1997. Toutes les pièces sont vinifiées de façon identique, de quoi se livrer à un petit exercice de style pour mieux comprendre le terroir jurassien et la façon dont il est susceptible de marquer les vins.

    Fleur de Savagnin 2001
    2001, un millésime réputé difficile, d'une manière générale, qui possède pourtant une acidité fine et beaucoup d'élégance. Celui-ci en est un très beau représentant, à la robe brillante et au nez très aromatique. Une belle définition du savagnin ouillé, sur les agrumes et les fruits exotiques, possédant une belle acidité apéritive, pour un plaisir assez immédiat.

    Fleurs 2001
    Avec un « S », cette cuvée-ci, assemblage de plusieurs vignes de chardonnay de 30 ans, complémentaires, l'une apportant l'esprit, l'autre la chair, et la troisième les os (la minéralité), dixit Julien!

    Et de fait, cette cuvée semble plutôt bien constituée, avec un nez plutôt floral, très finement toasté, plus en rapport avec les lies qu'avec un boisage excessif, et une bouche assez ample, riche, avec du gras, une certaine largeur et de la rondeur. L'antithèse du précédent, dont la structure, propre au savagnin, était plutôt droite et tendue.

    Fleur de Chardonnay 2002
    Il s'agit d'une vinification parcellaire d'une vigne située sur le haut du lieu-dit « Les Varrons ». Un sol presque exclusivement calcaire, la terre ayant glissé sur les flancs de la bosse constituant le lieu-dit, qui donne naissance à un vin à la minéralité prononcée. La minéralité selon Julien Labet, c'est un petit caillou chauffé au soleil qui persiste en fin de bouche, à l'arrière de la langue, lorsque l'on a dégluti le vin.
    Et il est vrai que cette minéralité se ressent sur ce vin, malgré la grande maturité des raisins, caractéristique du millésime. On ressent également au nez des notes lactiques, presque beurrées, partant ensuite sur les fruits blancs, la mirabelle. Jolie tension minérale sur une bouche ample, au grain plutôt serré, et belle persistance finale.

    Fusion 2001
    Une cuvée particulière en ce millésime 2001, issue d'un assemblage d'une pièce de chacune des différentes cuvées « Fleur ». Fleur de marne, donc terrain argileux! Le nez est puissant et complexe, fumé, toasté, évoquant la minéralité soyeuse de la marne, droite, enrobée, non asséchante, et dotée d'une grande profondeur.

    Chalasse 2001
    Un nez élégant et aérien, légèrement acidulé et citronné, pour une double minéralité, argileuse et calcaire, celle d'un terroir d'exception, à l'équilibre presque parfait. Une bouteille à l'énorme potentiel, que Julien trouve encore un peu dissociée à ce stade. Une dissociation que pourraient lui envier bien des vins harmonieux, à mon avis!

    Le Montceau 2001
    Un secteur à plus forte maturité en raison d'une exposition Sud-Ouest, à l'abri du vent. De ce fait, le boisage est généralement un peu plus important que sur les autres cuvées, Julien recourant à des fûts de 2 et 3 vins, ouillés pendant 18 mois. En 2001, la récolte a produit 2 pièces, donc un fût de 2 et un fût de 3 vins! Rien d'excessif, apparemment!
    Le nez est puissant, ne laissant pas indifférent, certains étant totalement séduits, d'autres le trouvant un peu lourd et insistant. Un vin solaire, de grande maturité, exhalant le caramel, l'abricot, le menthol, les fruits blancs, au détriment de la minéralité. En bouche, du gras, de la plénitude et une grande richesse en alcool, qui ne crée pourtant pas de déséquilibre. Toute petite amertume finale.
    Un « vin de chair », pour Julien.

    La Bardette 2001
    Nez très pur, soyeux, réglissé, miellé, sur les fruits blancs, d'une grande et belle précision aromatique. L'attaque en bouche est patinée, la finale est par contre un peu dure, avec sensation métallique qui vient titiller le bout de la langue. L'harmonie n'est pas encore totalement au rendez-vous, mais que le potentiel de ce « vin d'esprit » est grand, l'antithèse complète du précédent!

    La Bardette 2001, sous voile
    Une particularité de cette année 2001, après 2 ans d'élevage identique avec ouillage, une pièce de Bardette a été laissée en vidange et a développé le voile. Le nez est bien celui d'un oxydatif, un peu miellé, un peu épicé, très mûr, avec beaucoup de finesse. Une parenté certaine de structure avec le vin précédent même si le mode d'élevage les sépare. Il n'est pas dit qu'au bout d'une dizaine d'années de garde, les deux jumelles finissent par se rejoindre, lorsque le terroir aura repris le dessus. Rendez-vous dans 10 ans!

    La Reine 1998
    Une bouteille mystère de Saint-Vernier, dégustée à l'aveugle, mais pas le nez bouché! Croûte de fromage, caoutchouc, de la réduction ou de l'autolyse? La différence est subtile et pas évidente à faire! A l'aération, ce Chardonnay de voile développe une puissance alcooleuse un peu lourde en finale, sur la colle blanche, l'amande amère. L'oxydation ménagée semble plutôt fine, mai le vin a besoin de temps pour se révéler.

    La Bardette 1998
    Dans une phase actuelle de fermeture, cette Bardette 1998 ne se livre que fort peu au nez, hormis une perception alcooleuse, évoquant le dissolvant ou la colle de bois. D'une grande droiture structurelle en bouche, elle est d'une longueur remarquable, donnant la sensation qu'elle ne s'arrêtera jamais, tout en se retenant encore énormément. Bon, il vaut mieux l'oublier en cave, alors!

    La Bardette 2003
    Prélevée sur fût, elle exprime beaucoup de fruit, mirabelle, abricot, sur une petite perle, qui apporte de la fraîcheur et un côté incisif bienvenu dans ce millésime solaire.

     

    Fin de la partie didactique et place à un petit mâchon, où seront goûtés encore un certain nombre de vins, en off, le stylo sur l'oreille, dont un étonnant Schieferterrassen 2002, Heymann-Lowenstein apporté par Marc, plusieurs Côtes du Rhône 2004 particulièrement alcooleux (Richaud, L'Anglore, Poignée de Raisins de Gramenon), un Savagnin 2004, premier millésime d'un jeune et nouveau vigneron de Pupillin, dont on reparlera, j'espère, et, en bonus, La Bardette 2004 et un superbe Vin de Paille 2000, apporté par Julien.

    Après une soirée pareille, l'Evangile des terroirs, moi, j'y crois plus que jamais!

     


    Amen!


    Frère Olif