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Merci Bernard!

Bernard, c'est le nom d'un champ, entre Grusse et Cesancey. Un champ planté de savagnin, le seul qui aurait pu revendiquer le statut de grand cru dans le Sud-Revermont à une époque très lointaine où il y eût une proposition de classification des terroirs. Bernard, c'est aussi le prénom de mon père, trop tôt disparu il y a plus de 25 ans. Les vignes de savagnin du Champ Bernard ne sont pas les siennes, mais ce sont pourtant les vignes de mon père. Va y comprendre quelque chose, Charles, mais aussi Bernard.

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Marnes feuilletées ou schistes-carton, les experts géologues s'empoignent (ou pas) pour caractériser ces sols de marnes irisées du Lias, limitrophes de calcaires à gryphées, les huîtres fossiles jurassiques. Tombées dans le giron de Fanfan Ganevat en 2007, année où la photo ci-dessus a été prise, elles sont devenues la provenance exclusive de la célébrissime et magnifiquissime cuvée  de vieux savagnin ouillé (VSO) "Les Vignes de mon Père", starifiée dans le millésime 2005 par le Wine Advocate de Robert Parker, consacrant ainsi la flambée des prix des vins jurassiens sur le marché des enchères, alors qu'il n'y avait déjà nul besoin de ça. À l'occasion de mon dernier passage à La Combe de Rotalier, que j'ai presque eu du mal à localiser tant il y avait des lustres que je n'y étais pas allé, j'ai eu droit à un panorama vertigineux depuis ce fameux Champ Bernard, sans bouger de la cave. Une verticale des  pressenties futures Vignes de mon Père, si elles confirment dans le temps leur haut potentiel vinique, ce qui ne fait pas l'ombre d'un doute, tant chaque millésime chez Fanfan semble systématiquement évoluer un cran au-dessus du précédent, quelles que soient ses caractéristiques. Ce qui finit par définitivement  gommer son effet en le faisant passer au deuxième, voire troisième ou quatrième plan, derrière le terroir, les méthodes culturales et la patte du vinificateur. Pour preuve, la dégustation préalable des sublimes rouges 22, qui, une fois dépassés les écueils de fermentation, se révèlent être sans nul doute les meilleurs jamais produits ici, même si la barre était déjà haute. Pleins et déliés, teneur alcoolique faible, fraîcheur, rondeur et belle acidité,  que ce soit le négoce ou le domaine. Tout le monde risque bien de se les arracher. Et puis les blancs 2019, loin d'avoir terminé leur élevage, qui va s'allonger d'année en année, adapté à ce que de tels vins méritent. Chalasses VV magistrales, Grands Teppes VV plus immédiat, mais non dénués d'énergie vibratoire, Florine qui n'a plus rien d'un vin de jeunes vignes (elles ont désormais plus de 30 ans), La Pélerine époustouflante, intégrant désormais la team "domaine" après avoir été commercialisée sous l'étiquette négoce (car en conversion bio jusque-là), tout comme Les Varrons. Et puis les exceptionnels et différents savagnins, Sous la Roche, Chalasses Marnes bleues et Champ Bernard. Ce dernier, encore sous le statut de jeune ouillé en 2019, gorgé de fruits, mais déjà dense et profond, emboîtant le pas d'un 2018 également très chaleureux. Pas de 2017, pour cause de gel, mais un 2016 "entre deux", partant sur une légère oxydation malgré l'ouillage et des notes un peu caramel. 2015, millésime particulièrement riche, se révèle pourtant très frais, sans affirmer encore son caractère de VSO. La bascule est proche. La grande acidité du 2014 fait déjà des ravages et va s'étoffer avec le temps. 2013 stocké dans une autre cave, tout comme 2011, ne seront pas de la partie. Mais 2012 touche au sublime, en étant rentré dans sa phase de plénitude, avec une finale énergétique et vibrante. Il ne devrait pourtant pas encore être mis en bouteilles tout de suite, le prochain sur la liste étant 2010, qui, lui, ne va pas tarder à être prêt. Il y est, en fait, mais rien ne presse. De tels vins ne paraissent pas subir les outrages du temps. Indestructibles, ils seront à léguer aux générations futures, mais ce serait quand même ballot de tout leur laisser sans en écluser une ou deux, au cas où ils ne sauraient pas l'apprécier à leur juste valeur. Et, surtout, pour ne pas se priver de telles quilles.

 

Pour tout ça, merci qui? Merci Fanfan et merci (Champ) Bernard!

 

 

 

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