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michel guignier

  • Recherche banane désespérément...

     

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    ©Gotlib et Alexis, Cinemastock (un monument de la BD paru chez Dargaud, dans un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître)

     

    Une bête et classique histoire de fous avec une banane dans l'oreille, voilà qui résume, de façon imagée, toute la problématique du Beaujolais nouveau, qui a une banane dans la bouteille depuis la généralisation de l'ensemencement des cuves par la levure 71B. Ou comment un vin de soif, censé être franc et festif, qui a longtemps boosté les ventes de beaujolais (en nivelant malheureusement par le bas), a perdu le raisin en route pour vouer un culte aux arômes artificiels de bonbons acidulés parfumés à la banane.

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    En quête de rachat, le Beaujolais nouveau a maintenant du mal à se détacher de ces poncifs qui ont la vie dure et n'en finissent plus de glisser des peaux sous les pieds des bons producteurs qui ont décidé de ne pas se mettre au régime. Enquête sur place par notre envoyé spécial en Beaujolais, chez une poignée de vignerons triés sur le volet, à la recherche de la banane en voie de perdition, c'est désormais une certitude.

     

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    Tout a commencé sur les coups de 11 heures du matin à Faudon, lieu-dit de Vauxrenard, chez Michel Guignier, absent mais excusé. Une bande de rockers gominés, en chemise à fleurs, accompagnés des toutous à leur mémère (et de mémère aussi, évidemment), débarque à l'improviste pour tâter du vin bio, parce que le bio, en Beaujolais, c'est exotique, tout juste si on sait que ça existe. Du Bojo, qu'ils veulent, mais pas du nouveau, parce que le nouveau, ça sent la banane. Toujours! Bon, pas là, à première vue ni première odeur, d'accord, mais, ça va venir, au fond du verre, si si, vous allez voir. Tiens, non! Pas de ça ici, Monsieur. No banane. Des arômes de petits fruits rouges si vous voulez, mais surtout, du vin, 100% raisin. Le Nouveau s'appelle Festivitas, c'est un Villages. Parfait pour attaquer les festivités. Un Bojo tout court a même été produit, en plus petites quantités. Il s'appelle La R'vole, du nom du repas de fin de vendanges. Après quelques années de disette et de tout petits volumes, 2011 redonne le sourire au vigneron de Faudon, en quantité comme en qualité. Faut juste les vendre, maintenant, ces pinards. Bons comme ils sont, ça ne devrait pas être trop difficile... Mais pour la banane, il faudra repasser.

     

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    Suite du périple, toujours à Vauxrenard, au domaine des Côtes de la Molière, chez Isabelle et Bruno Perraud. Tous les 2011 ne sont évidemment pas des vins nouveaux, ils se pavanent encore en cuve, en barrique ou en fût de bière. Le P'tit Poquelin devrait bientôt s'émanciper, pour permettre d'attendre gentiment que le grand frère ait terminé de cuver. Ivrogne, va! Ce ne sera pourtant pas un nouveau, la campagne primeurs est définitivement close à Vauxr'nard depuis longtemps. Deux versions ici aussi, un Villages et un Bojo. Du raisin dans les deux cas, brut de cuve. Il y a bien eu comme un petit goût de banane à la Molière, mais c'était au dessert. Ça ne compte pas...

     

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    Non mais laissez Isa manger sa banane...

     

    Quittons Vauxrenard et son beau soleil, pour replonger dans la brume de la vallée de la Saône. À Fleurie, le soleil a fini par percer. Vais-je enfin toucher au Graal? Au Château des Bachelards, le châtelain prend le temps de vivre. Il a un rudement beau chai. D'ailleurs, c'est aussi son nom.

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    Lilian Bauchet n'est pas un homme pressé. Il a restauré son vieux pressoir carré à l'ancienne pour regarder ses jus s'écouler pendant une douzaine d'heures, là où un Vaslin torcherait la besogne sans avoir le temps de dire ouf, au plus grand bonheur de n'importe quel informaticien. Tandis que le vrai vigneron, lui, préfère faire les choses en douceur. Même si une équipe de rugbymen est requise pour faire tourner les poignées.

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    Après avoir goûté deux ou trois impeccables petits jus en cuve ou en fût, pas encore tout à fait finis, mais qui se laissent déjà bien approcher, la banane espérée va peut-être s'offrir à nous?

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    Est-ce du Bachelard ou du cochon? Ceci n'est pas une étiquette de Beaujolais nouveau. Un beau vin, plein, rond, qui gagnera probablement à être attendu quelques mois, mais que tout le monde va s'arracher et siffler en moins de temps qu'il n'a fallu pour le presser. Est-ce seulement du Beaujolais nouveau, aussi? Magritte, quand tu t'agrippes... C'est du vin, tout simplement. Et ce n'est pas une banane.

     

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    Beaujolais nouveau, je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément, à La Fully. Cap sur Blacé, pour une ultime étape chez Céline-Audrey Vermorel, au domaine de La Fully. Un domaine en pleine restructuration, avec Céline-Audrey qui prend son envol dans les Charmilles, sous l'oeil bienveillant du paternel Patrick. Le Villages nouveau fait dans le mauve, il ne demande qu'à être bu, mais la banane ne pousse pas sur les Charmilles, terre de bons vins, dans la lignée de ceux des terres de La Fully.

     

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    En guise d'épilogue, Prologue, de Christian Ducroux. Du nouveau qui n'en a ni l'air ni l'étiquette. Trop bon fut l'avis unanime, alors qu'il était dégusté à l'aveugle complet. Et toujours pas une once de banane.

     

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     Non, mais laissez-moi ...! (Celle-là, je ne peux pas m'en empêcher)

     





    Olif

     

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    P.S.: ce week-end sera particulièrement chaud à Lyon et le Beaujolais (entre autres) devrait peut-être même couler à flot. Chez Vercoquin, d'abord, le samedi 19, puis au Salon des Débouchées le dimanche 20. Il ne va pas falloir manquer ça!

     

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    - P.S.2: la banane, j'aime bien, notamment flambée au rhum avec sa glace au pain d'épices, comme sait si bien la préparer Marc Faivre du Bon Accueil, mais jamais dans mon Beaujolais, hein?


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  • VDV#40: dites-le avec des Fleurie...

     

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    La Madone de Fleurie, par jour de grand vent. Cliché personnel.

     

     

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    C'est l'heure du Beaujolais, que dis-je c'est l'heure, c'est le mois complet du Beaujolais et ça, ça fait du bien aux papilles et aux amygdales. Un peu d'entrainement avant le troisième jeudi de novembre, le jeudi du vin nouveau, pour un Vendredi du vin pas nouveau, cela ne peut être que bénéfique. En tant que Président éphémère de ces Vendredis, mon choix s'est porté, pour des raisons que le raisin ignore, sur une série de bouteilles fleuries. Fleurie, rien à voir avec Mérogis (le vin n'y est pas incarcéré), ni les Mérovingiens ou Carolingiens, malgré leur empereur barbu. On dit d'une ville qu'elle est fleurie, lorsqu'elle possède une ou plusieurs petites fleurs sur une pancarte jaune, là, juste à l'entrée, pour signaler le passage fréquent de jardiniers qu'il faut veiller à ne pas écraser lorsqu'on la traverse en voiture. Ou, alors, une ville est Fleurie, lorsqu'elle est située dans le Beaujolais, qu'elle est entourée de vignes et que la Madone veille sur elle. Ce qui exclut d'emblée Marseille, trop près de la mer malgré la Bonne Mère. Le Fleurie, cru du Beaujolais, a ceci de fabuleux que c'est un vin qui parle. Pas avec les mains, non, mais avec ses raisins. Selon les circonstances, pour séduire, dites-le avec des Fleurie...

     

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    Une balustrade bien Fleurie, en plein mois d'octobre. Y'a plus de saisons!

     

    Si vous voulez évoquer le fruité, la rondeur et la joie de vivre, dites-le avec En Rémont 2009 de Julie Balagny, la nouvelle Madone de Fleurie.

     

    Si vous voulez exprimer l'élégance et la prestance, dites-le avec un Fleurie 2007 d'Yvon Métras, la référence ultime en matière de cru du Beaujolais.

     

    Si vous voulez crier votre amour de la nature et du fruit en liberté, dites-le avec un Fleurie 2010 d'Isabelle et Bruno Perraud, les vignerons "nature" à la portée de tous les gosiers.

     

    Si tu veux causer solide, caillou et minéralité, bon gré mal gré, dis-le avec Au bon grès 2004 de Michel Guignier, l'œil de Faudon, à l'acuité vinique et biodynamique sans pareil.

     

    Et pour celui qui préfèrerait un discours plus franc et direct, qu'il le dise avec une Madone 2010 du domaine Chamonard, vinifiée par Jean-Claude Chanudet, vigneron à la barbe également fleurie.

     

    Et si tu n'as rien à dire, dis-le avec un Fleurie 2010 de Lilian Bauchet. Mais là, il n'y en a pas sur la photo et il n'y en avait pas à goûter non plus. Même si des raisins de Lilian se sont cachés dans l'une de ces bouteilles. Sauras-tu les retrouver, ami lecteur?

     

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    Le langage du Beaujolais, c'est la meilleure façon d'apprendre à parler. La prochaine fois, je vous expliquerai comment régler vos achats à Moscou avec des Chiroubles.

     

    Olif

  • Beaujolais surtout pas nouveau ... aux Jardins!

     

     

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    Image retravaillée et piquée au Saint-Jus lyonnais, d'après P-U-R

     

     

    En ce troisième jeudi de novembre, c'est la fête au Bojo. Une date devenue aussi mythique sur le calendrier des postes de l'amateur de vins que le premier week-end de février dans le Jura ou l'Ascension à Saint-Jean de Monts. C'est dire! Halleluiah! Il est né le divin dit vin Nouveau. Il est curieux de constater à quel point les aficionados de la première heure, qui ont adulé le  Beaujolais Nouveau au point d'en faire une fête à neuneus avinés, sont les plus prompts à balancer leurs piques vachardes contre ce soit-disant anti-vin, pourtant antidote à la morosité ambiante. Ils le vilipendent, ça fout les boules, ça fout les glandes, les crottes de nez qui pendent. Tandis que dans le même temps, bon nombre d'amateurs, initialement réfractaires à la soulographie primitive et collective du mois de novembre, redécouvrent ce vin simple et festif, frais et gourmand, à partir du moment où il est véritablement redevenu du vin, dans les mains de vignerons artisans, respectueux du vrai et du bon. Exit la panoplie thermo-technico-bananesque, vive le bon Beaujolais gouleyant, au goût de raisin. Vive le Bojo, vive le Nouvo, vive le Bojo Nouvo!

     

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    Beaujolais surtout pas nouveau d'abord, même si évidemment on l'aime, parce que la dégustation successive d'une dizaine de vins primeurs n'aurait pas eu un intérêt fondamental pour l'amateur de base que nous sommes. Laissons cette prérogative punitive aux prestigieux sélectionneurs de vins français pour hard-discounters, qui sont désormais aussi indispensables à la critique vinique que TéléZ l'est au télespectateur d'ARTE ou à l'amateur d'opéra. Les Nouveaux que l'on a bus, ils avaient déjà été testés au préalable et approuvés par le jardinier Stéphane "Saint-Vernier" Planche, avec une modeste contribution du Blog d'Olif.

    C'est parti pour une petite série de 8 vins, à l'aveugle, les anciens avant le(s) Nouveau(x).

     

    IMGP0069.JPG- Beaujolais Blanc P-U-R 2009: nez finement grillé, qui vire au silex et au minéral. Un vin aiguisé, digeste et frais. 300 bouteilles de ce Chardonnay ont été produites par Cyril Alonso et Florian Looze chez Nicolas Testard. Bienheureux ceux qui auront la chance d'y goûter!

     

    IMGP0071.JPG- Mélodie d'Automne 2009, Michel Guignier: après une petite note de réduction primaire, le nez se révèle frais et fruité, avec une sensation de bon végétal, sur la rafle. La bouche est joliment croquante, avec de tout petits tanins soyeux et gourmands. C'est très bon, on en boirait une sapine, mais il faut savoir être raisonnable. Sous cette étiquette mélodique autant qu'automnale, se cache en fait le Beaujolais nouveau 2009 de Michel Guignier. Ce qui incite vraiment, après l'euphorie de la fête, à laisser ces vins nouveaux poursuivre un peu leur processus de vieillissement  en bouteille. Du vin, réellement, et du bon!

     

    IMGP0072.JPG- Beaujolais-Village Les Lapins 2009, Nicolas Testard: robe burlat, plutôt soutenue. Réduction nasale marquée mais la bouche est nette, avec de la matière et de jolis tanins. Un vin qui claque et qui réjouit, une fois l'écueil éventuel du nez passé. Pourtant, ça pue comme j'aime et comme a aimé une grande majorité de l'assemblée. De biens jolis petits lapinous, encore bien jeunes et pas tout à fait propres, mais on se réjouit d'en goûter une cuisse d'ici quelque temps!

     

    IMGP0074.JPG- Chiroubles 2008, F et H Gonnet: robe burlat, nez propre et net, sur la cerise. C'est rond, c'est bon, c'est bien fait et bien carré. Un Chiroubles qui remplit la quadrature du cercle, en fait, et qui devrait séduire les amateurs de vin clean, élaborés dans un excellent esprit. Une aventure désormais terminée, pour ce néo-vigneron qui a vinifié 3 millésimes pour son propre compte (2008, 2009 et 2010), avant de jeter l'éponge. Une bien jolie parenthèse vinique.

     

    IMGP0075.JPG- Beaujolais-Village Hors normes 2009, P-U-R: un vin dense et soyeux, plein, séveux, épicé, poivré, velouté et frais. Grosse concentration pour un Beaujolais hors normes, issu d'une parcelle de vieilles vignes  de gamay miraculeusement préservées du temps et des affres du monde moderne,  complètement perdue au milieu des bois. Chapeau! Ce vin est une grosse bouffée d'air P-U-R dans le monde des Beaujolais standardisés, une grande bouteille potentielle.

     

    IMGP0077.JPG- Fleurie 2008, Yvon Métras: un vin impressionnant par sa verticalité et sa longitidunalité, qui développe une "amplitude en longueur" et un profil plutôt serré, tirant le vin très loin. Il est encore loin de révéler tout son potentiel!

     

     

    IMGP0078.JPG- Morgon Corcelette 2006, Jean Foillard: suave et végétal, soyeux, rond, il est relativement massif, à peine chaud, manquant d'un soupçon de fluidité qui donne "envie d'en reboire". Un Morgon qui appelle plus à manger qu'à reboire, de l'avis général. J'ai ressenti la même impression sur ce vin une année plus tôt, ce qui fait que je l'ai identifié à l'aveugle. Aucune gloire à cela, probablement de la chance, et le vin reste bien plus qu'honorable. Mais il lui manque néanmoins un peu de fougue et de personnalité.

     

    IMGP0079.JPG- Le Jambon blanc, La Grande Bruyère 2007, Vin de table, Philippe Jambon: un blanc pour finir, de grande expression, long, très fin, très mûr, de grande classe. On ne dira jamais assez de bien des vins de Philippe Jambon, des vins à ne pas mettre dans toutes les bouches tellement ils peuvent surprendre et dérouter, mais qui témoignent d'un véritable savoir-faire du vigneron, doublé d'un feeling et d'une réelle expression du sol dont ils sont issus. Le sort s'acharne sur le domaine (troisième année de grêle consécutive, touché à + de 90% cette année), mais la résistance s'organise sans aucune concession à la facilité et à la modernité. Un vrai vin "zéro-zéro", sans aucune déviance œnologique d'aucune sorte, l'image fantasmatique de ce que peut être un grand vin blanc de chardonnay. Produit à Chasselas, Saône-et-Loire, à la limite du Beaujolais et du Mâconnais. Du Chasselas comme ça, au bon goût de chardonnay, on ne demande qu'à en boire plus souvent!

     

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    Olif

  • Dégustation inguinale à la BiojoLeynes

    Leynes, petit village du Beaujolais au cœur de l'appellation Saint-Véran, jumelé avec La Brévine, vallée réputée comme étant la plus froide de Suisse occidentale. On comprend mieux ce jumelage de la part des neuchâtelois, avides de pulls en laine de toutes sortes. Le gamay, on en trouve aussi, dans le vignoble helvètique, mais moins que le chasselas. Ça tombe bien, Chasselas se trouve juste à côté de Leynes, au creux du pli. Tu parles d'une coïncidence!

     

     

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    A Chasselas, on produit essentiellement du vin à base de gamay. La boucle n'est pas loin d'être bouclée. Beaujolais, Biojolais, BiojoLeynes. Grâce à ce néo-salon créé pour fêter les vins bios, à l'initiative de 3 vignerons du secteur: Pierre Boyat, Yann et Stéphanie Desgouille, Catherine et Philippe Jambon. Plus qu'un salon, un marché bio où la crème de la viticulture biojolaise s'était donné rendez-vous. On y croisait même les Perraud en goguette, de l'autre côté de la barrière, venus, non pas faire déguster, mais goûter et remplir le caddie de charcuteries et autres Tranches de Jambon pour leur petite boutique de Vauxrenard.

     

    Malgré la météo peu sûre et changeante, contraignant au repli dans la salle des fêtes, plutôt que de risquer le plein air arrosé sur la place du village, il ne fallait pas se leurrer. La BiojoLeynes fut une grande réussite. Beaucoup de monde, une belle ambiance, de bons vins, des vignerons enjoués et souriants. La fête au gamay et au Beaujolais! Sur les coups de 15 heures, on manquait de pain, mais pas de vin, c'est tant mieux.

    Du vin dont il faudra bien extirper quelques coups de cœur. Subjectifs, forcément. Et surtout, des découvertes.

     

    En 2008, malgré tous les aléas de l'existence vigneronne chasselassienne, il y aura du Jambon Blan ... chard. Grâce à Guy, Blanchard, qui a rétrocédé quelques-uns de ses raisins. Son vin à lui, celui de son bled, s'appelle le Vin d'Montbled. Le sien. Cela fait plusieurs fois que j'y goûte cette année et c'est vraiment très bon, pur et minéral. Le top, cela reste quand même Les Perrières Vieilles vignes, une merveille, toutes Perrières du monde entier confondues. Nouveau goûtage chez Michel Guignier, celui de Vauxrenard (parce qu'il a un homonyme, également en bio, du côté de Morgon), juste pour le plaisir. Moncailleux 2006 est un sommet caillouteux, exceptionnellement bon ce jour-là, et probablement aussi les jours suivants.

     

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    Au prix d'une légère translation sur la gauche, on pouvait découvrir une moitié de Bicéphale buveur, pris en flagrant délit le nez dans le verre. Non, ce petit Coin de Paradis, perdu dans une Grotte, ce n'est pas un Cerdon. Mais un gamay du Beaujolais et il n'y en a pas eu assez pour contenter tout le monde jusqu'à la fermeture. 6,5°, une robe groseille et une gourmandise régressive irrésistible. Le rouge 2005, en magnum, qui faisait son capricieux jusque-là, s'est complètement laissé aller. A 14 heures, il n'en restait déjà plus. Pour goûter aux micro-cuvées sans tracteur, sans électricité ou encore récoltée avec les dents, quand ce n'est pas à quatre pattes ou même en slip bleu, il faudra se déplacer à Saint-Etienne des Oullières, mais ça devrait valoir le coup. Le Domaine des Grottes, un nouveau nom à retenir, d'autant que Perrine est aussi charmante que Belge, tandis que Romain aussi, même s'il n'est pas Belge pour un sou. On remarque tout de suite, sur le cliché, que Perrine a les yeux de l'amour pour Romain, tandis que le Céphale n'a que les yeux du buveur. Michel Guignier, en arrière-plan, ne s'y est d'ailleurs pas laissé prendre.

     

     

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    L'autre grande découverte, c'est Hervé Ravera, de Marchampt, qui n'a pas hésité à ramener son Grain de Sénevé sur la table. Troisième millésime (2009) et déjà en "Roue libre". Le pas du sans soufre, pas osé jusque-là, a été franchi. Avec bonheur, puisque, des trois cuvées goûtées, sur ses trois premiers millésimes, c'est celle qui remporte tous les suffrages. Un vin juteux, frais et croquant, en totale roue libre. Ça bouge, chez les Grobis!

     

     

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    Un autre gros coup de cœur, et ce ne fut pas le dernier, pour les vins du Crêt de Ruyère de Jean-Luc Gauthier. Ce Biojô nouvo 2009 a beau être certifié non conforme pour défaut organoleptique majeur, il n'en est pas moins fichtrement bon. Tout comme le Chiroubles et le Morgon 2008. Jean-Luc cherche actuellement à lever le pied sur la production de vin et, en 2009, il a vendu une partie de ses raisins, notamment à Jean-Marc Brignot, qui vinifiera donc du Beaujolais en plus de son Jura, et peut-être même bien du Champagne également.

     

     

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    Juste avant la fermeture, alors que je ne m'attendais même plus à être émoustillé, dernier gros flash sur les vins de Bruno Debize, vigneron à Bully, Beaujolais du Sud. Un nombre impressionnant de cuvées à goûter (à la Beaujoloise, il en avait apporté 18!), avec quelques particularités (un blanc de Chadonnay et Pinot gris, fraichement replanté en toute légalité, et qui, depuis, n'est plus autorisé dans l'appellation). Une gamme passionnante, dont un Beaujolais Nouveau 2009 encore bien fringant pour son âge et un Villages 2001, qui, s'il semble amorcer une pointe de déclin d'après Bruno, n'en demeure pas moins solide sur ses jambes.

     

    A tout cela, il convient d'ajouter les beaux Brouilly de Patrick Vermorel (domaine de la Fully), les élégants Saint-Véran de d'YS (Yann et Stéphanie Desgouille), le vin de pays "Noir de rouge" (trilogie de 2007, 2008 et 2009, avec une préférence pour le dernier-né) et le Saint-Véran de Pierre Boyat. Sans oublier la Roumanie Contée, présentée pour PUR par Anthony Tortul himself et Carole Testard.

     

     

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    Plein de vins, plein de belles rencontres, un exquis bœuf bourguignon au repas-vigneron. Et un immense regret: celui de ne pas avoir photographié le sourire lumineux de Catherine Jambon et Stéphanie Desgouille avant de repartir. On reviendra, alors... Rien que pour ça!

     

    Olif

     

  • Le retour de la revanche du fils du Bojo Nouvo

     

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    Tout le monde le croyait déjà enterré, cadavérisé, en dehors de quelques îlots de résistance, surplus invendus de bibine à deux balles achetées en trop grands volumes par la grande distribution, et voilà qu'il fait sa réapparition sous le sapin. On a bien fait d'en garder quelques topettes de côté, prévisionnant une bonification dans le temps. Le Bojo Villages Nouvo 2009 de Michel Guignier n'a pas encore fini de faire parler de lui dans les verres. Il reste gouleyant et frais, tout en ayant acquis une structure plus harmonieuse.

     

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    Michel Guignier est un vigneron atypique, adepte de la polyculture, qui cherche à préserver l'écosystème de son domaine. perché sur les hauteurs de Vauxrenard, en haut du col de Durbize. Pratiquant une viticulture conventionnelle jusqu'en 2000, il s'oriente vers la biodynamie quasiment du jour au lendemain, lorsqu'il prend conscience de l'engrenage incontrolable dans lequel s'engage notre société de consommation. La vache folle est passée par là, révélant au grand jour la folie de l'homme. Depuis 2003, il s'est engagé dans la certification, obtenue haut la main. Adepte de la biodiversité, la biodynamie s'est vite imposée comme un choix cultural idéal. Frappé de plein fouet par la grêle, comme nombre de vignerons du secteur, en 2008 (touché à 95%) et 2009 (touché à "seulement" 75%), il reste philosophe et s'adapte à la situation, avec pour ambition de produire le meilleur vin possible avec la matière première à sa disposition. Des vins le plus souvent "Pur jus", c'est à dire sans ajoût d'aucune sorte, et parfois trop bons pour passer le cap des dégustations d'agrément, vinifiés grappes entières en macération semi-carbonique et élevés dans des cuves béton.

     

    Petit tour d'horizon de la production disponible au domaine à la mi-novembre, en quantités ultra-limitées:

     

    - Mélodie d'Automne 2009: du Bojo-Villages Nouvo qui n'en a pas le nom, juste un étiquetage différent en 2009 où les volumes sont confidentiels. D'ordinaire, il s'agit d'une cuvée spéciale élaborée pour certains cavistes, du Nouvo qui cache son nom pour ne pas prêter le flanc aux préjugés. Très bon et fruité mi-novembre, il gagne toujours à prendre quelques mois en bouteilles. Nickel à Noël, il devrait être à son optimum à Pâques. Un vin structuré mais gouleyant, qui n'oublie pas son fruit en chemin.

     

    - Fleurie Au bon Grès 2004: resté en cuve jusqu'au printemps 2009, parce qu'il ne donnait pas entière satisfaction, il s'est vu offrir une séance de rattrapage devant une soudaine et inespérée amélioration en cours d'élevage. La patience du vigneron a des vertus. Dense et riche, minéral (issu d'un terroir gréseux pur), il possède la précision et la tension nécessaires à son épanouissement dans le verre.

     

    - Fleur de granit 2006: du Fleurie déclassé en Vin de Table, "Pur jus", serré, minéral, charnu et acidulé en finale. "C'est encore un peu vite" de le boire, pour Michel Guignier, il faut lui laisser le temps de s'épanouir en bouteilles.

     

    - Moncailleux 2006: un Moulin à Vent déclassé, issu d'une vendange très mûre. Dense et charnu, poivré, fermé et à la texture un peu serrée, ses tanins durcissent en finale, du fait d'une température de service légèrement frisquette.

     

    - Fleur de granit 2007: cette cuvée-là à fini par trouver grâce aux yeux de l'agrément. Après une légère réduction première, là encore, du vin, juteux et fraix, sur une trame minérale et joliment acidulée.

     

    - Moulin à Vent 2007: une bouteille ouverte depuis 3 jours, qui se goûte plutôt bien, malgré une légère trace d'oxydation en finale.

     

    - Beaujolais-Villages 2007: du fruit et de la gourmandise, avec du vin derrière. Sans Gibolin, évidemment. Très bon, presque trop, dur d'y résister!

     

     

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    Olif

  • Beaujolais (surtout pas) nouveau ... aux Jardins

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    Jeudi 19, le troisième de novembre. Date sacro-sainte, propulsée par le marketing vinique comme celle où le quidam doit s'abreuver jusqu'à outrance de vin nouveau, en provenance directe des mammelons du Beaujo, que quand on les presse il en sort du lait du vin. Petit paradoxe que cette grande beuverie organisée, auparavant plébiscitée par tout un chacun, généralement non-amateur de vins, et très peu regardant sur la qualité de la bibine enfournée dans son gosier. Les œnophiles éclairés snobaient, la narine vissée dans leur Château Machin-chose, fleuron bordelais du bon boire. Maintenant, c'est clair, le Beaujolais n'a plus la cote auprès du grand public, aussi prompt à crier haro sur le baudet qu'il ne sifflait du Bojo laid. Et pourtant...! Les vins n'ont jamais été aussi bons que maintenant! Enfin, ceux élaborés dans le plus grand respect du vivant, avec le moins de Gibolin possible en n'dans. "Brut de cuve" ou "Pur jus", le voilà le vrai credo du vin nouveau, celui qui embaume le raisin et qui laisse les idées claires et nettes le lendemain matin, même aux aurores. Les œnophiles éclairés, certainement un peu bobos sur les bords, ceux qui n'en peuvent plus des arômes aseptisés du Chateau Machinchose, se retrouvent désormais dans cette conception festive du vin, que les non-amateurs délaissent au profit de soirées lait-fraise nouveau, beaucoup plus nutritives pour le corps que pour l'esprit, tandis que les adorateurs persistants du Château Machinchose renaclent toujours à humer les arômes fruités des vins naturels sous prétexte qu'ils n'existent pas. Les bourricots! Les ventes de Bojo Nouvo, elles, chutent à la même vitesse que les vignes s'arrachent là-bas. Heureusement, certains s'enracinent autant que leurs ceps. Il serait quand même dommage de perdre la tradition en chemin, surtout si elle a du bon.

    Le jardinier de Saint-Vincent sait la cultiver, même quand une grande partie de l'assemblée annule sa participation au dernier moment pour cause de grippe "hâche un nain" ou je ne sais quelle autre excuse fallacieuse. Ils ont eu bien tort. Du Beaujolais surtout pas nouveau pour débuter, et réaliser que la région produit quelques pépites et de très beaux vins de garde.

    A l'aveugle, comme il se doit. Ni piège, ni pirate. Juste un blanc, pour commencer.

    - Le Jambon blanc 2004, La Grande Bruyère, Philippe Jambon: nez sur la poudre d'amande, le massepain, clairement un peu oxydatif. Forcément, un élevage long du type "vieux ouillé". Puissant et riche, un peu massif, mais avec beaucoup de fraicheur et de la tension. Longuement persistant, avec des caudalies dignes d'un savagnin jurassien.

    - Morgon Côte de Py Javernières 2007, Jean-Marc Burgaud: un intrus, en quelque sorte, ma bouteille surprise, la seule en viticulture conventionnelle de la soirée. Un vin que l'on sent maitrisé, clean et propre, avec des tanins gras, polissés, un peu trop.  Premier nez légèrement soufré, cela n'échappera à personne. C'est bon, bien fait, et j'aime toujours bien. Mais il manquera un peu d'éclat par rapport aux suivants, cette petite touche de folie qui rend les vins si craquants.

    - Beaujolais-Village 2007, Michel Guignier: nez fruité très cherry, gourmand, affriolant. Bouche suave aux tanins croquants qui donnent envie d'y revenir. Immédiatement. Jusqu'à ce que le verre soit vide. Il le sera vite.

    - Fleurie Au bon Grès 2004, Michel Guignier: premier nez sur la gentiane, très racinaire, végétal et frais. La minéralité ne tarde guère à pointer le bout de son nez. Les tanins accrochent, sans agresser, avec beaucoup de finesse. La finale est savoureuse et désaltérante. Du vin qui provient d'une cuve qui ne donnait pas entière satisfaction jusque-là. La mise en bouteilles a eu lieu en mai 2009 et le résultat est réellement étonnant. Un vin parti pour durer.

    - Fleur de Granit 2006, Vin de Table, Michel Guignier: nez fruité, légèrement lactique (yaourt aux fruits rouges), texture serrée aux tanins suaves, remarquables de fraicheur et de minéralité. Tout jeune, il promet d'être une grande bouteille dans un futur pas trop lointain. Evidemment, il a été refusé à l'agrément, qui ne l'a pas fleuri. Trop bon, sans doute! Michel Guignier sera sans aucun doute la révélation de cette dégustation et de la fin d'année 2009. Du Beaujolais biodynamique qui n'a pas fini de faire parler de lui.

    - Morgon Corcelette 2006, Jean Foillard: nez sur la cerise et le réglisse, avec une pointe d'alcool. Rondeur extrême, flatteuse au palais, pour ne pas dire flagorneuse. Vin un peu trop sûr de lui, et, du coup, presque plan-plan. C'est bon, évidemment, mais presque convenu.

    - Roche Noire 2007, Vin de Table, Philippe Jambon: après le 2005 il y a peu, le 2007. Pas de chance pour Laurentg (private joke)! D'abord végétal, presque mentholé, il respire dans un premier temps la fraicheur. La trame minérale apparait en bouche, puis s'affirme. Les tanins déroulent, s'accrochent, jusque dans la finale, qui colle un peu au palais. Clap! Potentiel énorme, mais dans une phase peut-être un peu moins séductrice actuellement qu'il y a quelques mois. On va l'attendre, en fait. Quelques années.

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    Avec le traditionnel mâchon de cochonnailles, il était temps de se renouveler pour passer au vin nouveau. Presque tout mangé, quasiment tout bu! Et frais comme un gardon le lendemain. C'est ça aussi, le vrai Bojo Nouvo!

    Olif

  • Alors? Il a quel goût, cette année, le Bojo Nouvo?

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    Ce qui est certain, c'est qu'à Vauxrenard, il ne sent pas le renard! Il n'a d'ailleurs pas non plus le goût de Bojo Nouvo, qu'il soit "Brut de cuve" aux Côtes de la Molière, ou "Pur Jus" chez Michel Guignier. Idem à Cambon, chez Marcel Lapierre, pour qui Siné s'est fendu d'une étiquette originale. Trois Beaujolais nouveaux différents, non standardisés, qui ont en commun l'amour du raisin et du travail bien fait.

     

    Du Beaujolais de vigneron, du vin bourré de raisin, croquant et gourmand, sans le moindre arôme levurien artificiel fermentaire. Du vin rond et charnu, qu'on a envie de boire, dans le seul but de se faire plaisir.

     

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    Mais chûûûût!, il faudra attendre 0 heure 01 demain jeudi pour pouvoir y goûter! Le nouveau de 2008, il est déjà reparti depuis longtemps!

    Olif