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Beau et joli Beaujolais...

 

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Tandis que de chanceux amateurs helvètes dégustaient un quart de siècle de grands Beaujolais dans un Palace au bord du grand lac, le petit doigt en l'air, les "pochtrons du premier cercle" se piquaient la ruche avec trois semestres d'infâmes Bojo dans une gargote de campagne*. En toute simplicité. Une initiation en moins grande pompes que celle concoctée par l'ami Le Châ, à laquelle j'aurais sincèrement bien aimé participer (dis, Le Châ, tu m'emmèneras un jour dans ton Beaujolais?), mais il fallait dépuceler le palais des "épicuriens du 57", une bande de joyeux drilles formatés aux GCC bordelais et aux GC bourguignons. Hors pinot noir, cabernet et merlot, point de salut? Que nenni, même si certains ont effectué le voyage à reculons! 70 km pour biberonner du Beaujolais, tu parles qu'on a envie de venir! Ils sont pourtant repartis en chantant des paillardes, ne jurant plus que par le gamay! "Beaujolais, Beaujolais... (les gars, si vous me lisez et que vous trouvez que j'en fais trop, dites le moi, par message privé exclusivement).

 

Le Beaujolais, cette région mal aimée, autant plébiscitée pour de mauvaises raisons qu'elle n'est rejetée pour de bonnes. Le Beaujolais, systématiquement pointé du doigt lorsque l'on cherche à dénoncer les excès d'une viticulture productiviste. Le Beaujolais, qui recèle pourtant de véritables pépites quand on sait les dénicher.

 

Une belle occasion de prouver qu'en Beaujolais, on peut faire bon, alors? Et de différentes façons.

 

 

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Les vins, prélevés dans les caves respectives (sauf dans celle des épicuriens, qui n'en possèdaient généralement pas le moindre échantillon) ou dans celle du Bon Echanson de Pontarlier, ont été goûtés dans un aveugle quasi-complet, sauf pour celles que j'avais moi-même apportées et que j'ai aisément reconnues. Une sélection loin d'être exhaustive, évidemment, mais que l'on aurait pu étoffer un peu plus. Les vins ont été servis dans un ordre aléatoire et par paires.

 

Pour la mise en bouche, trois blancs, dont deux hors sujet:

 

- Le Jambon blanc La grande Bruyère 2004, Vin de table, Philippe Jambon: le nez parait un peu réduit de prime, puis s'ouvrant sur des notes fruitées et lactiques, avec une pointe de colle blanche. Il ne séduit guère, ce nez, mais moi, je l'aime! Parce que derrière, c'est finesse, longueur, épices, minéralité et compagnie. La bouche est tout simplement superbe, immense et complexe, celle d'un beau chardonnay minéral en toute liberté. Il y a du vin, dans cette bouteille, même si tout n'est pas encore parfaitement ordonné et fondu. La finale est magnifique.

 

- Mâcon-Lugny L'Aurore Chardonnay 2006: un chardonnay plutôt exotique car le nez ... sauvignonne! Bouche serrée, fluette, finale amère. Pas grand chose à sauver de ce vin crépusculaire. L'Aurore est apparemment une marque de la cave de Lugny, destinée à la GD. Pas cher, pas bon, pas Beaujolais, en plus. Vite! un coup de Jambon blanc!

 

- Alsace Noir 2007, domaine Josmeyer: personne ne s'y laisse prendre. Un Beaujolais blanc qui pétrole comme ça, c'est forcément un vin d'Alsace! Assemblage de Pinot noir et de Pinot blanc, tonique et minéral, frais et sympa.

 

- Beaujolais L'Ancien 2007, Jean-Paul Brun: robe rubis brillante, presque trop belle pour être honnête. Nez peu expressif, bouche serrée et acidulée, pour tout dire fluette. Un vin décharné et, pour tout dire, une grosse déception. Un problème de bouteille?

 

- Roche Noire 2005, Vin de Table, Philippe Jambon: pas de chance pour Laurentg, ce n'est pas un 2006 (dont une bouteille est défectueuse et, pas de chance, c'est lui qui l'a eue!**) mais un 2005. Au nez mûr et épicé, à la bouche charnue et pleine, épicée, arrondie par une petite note acétate en finale. Pas suffisamment marquée pour être percue comme un défaut, au contraire, elle accentue la sensation de buvabilité et participe pleinement à l'équilibre du vin. J'aime!

 

- Fleurie 2007, Yvon Métras: nez un peu réservé, mais derrière, c'est le festival! Bouche fruitée et épicée, charnue et gourmande, particulièrement réjouissante. Ça se boit sans le moindre effort, une véritable qualité que d'aucuns, dans le deuxième cercle, voient d'un mauvais œil et d'une mauvaise bouche.

 

- Morgon Tradition VV 2006, Domaine Aucœur: au nez, c'est plutôt cassis et menthe poivrée. Les tanins sont lisses en bouche, acidulés et frais. Pour tout dire, Ça pinote un peu et ce n'est pas désagréable. Servi en parallèle avec le Fleurie, il parait un peu en retrait, mais c'est une bouteille tout à fait acceptable et correcte, dans un style radicalement différent.

 

- Morgon Corcelette 2006, Jean Foillard: un des musts de la soirée, particulièrement rond et gourmand, relevé et épicé, qui s'est vu attribué un grand coefficient de "torchabilité". Le deuxième cercle se mord les lèvres et serre les fesses! Dans cette bouteille, il y a du fond, il y a du vin, il ya une dimension!

 

- Moulin à Vent 2006, Bernard Santé: dans le genre clean et propre sur lui, ce Moulin à Vent possède bien des accents bourguignons. Fruité, il a tendance à pinoter un peu. De manière un peu guindée, mais il n'y a pas grand chose à lui reprocher. Si ce n'est un soupçon de folie, qu'il se débride un peu. Une version classique du cru.

 

- Morgon 2007, Joseph Burrier: un vin droit, ferme et un peu strict, qui a du mal à illuminer la fin de soirée, incitant à se replonger avec délice dans le Corcelette ou le Fleurie.

 

Une soirée particulièrement réjouissante, définitivement réservée aux "pochtrons du premier cercle", résolument placée sous le signe du plaisir. Celui de découvrir, celui de boire, celui d'apprécier., celui qui rime avec Beaujolais. Cette comparaison improvisée entre "classiques" et "modernes" a largement tourné à l'avantage des "nature", sans que tous les autres n'aient véritablement à rougir.

 

Ah! Beaujolais, que nous prépares-tu comme secrètes expérimentations au cœur de tes caves?

 

 

Olif

 

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* La gargote, c'est Chez Walter, à l'Auberge des Montagnards, et les filets de perche meunière y sont succulents.

**C'est de l'humour, Laurent, hein?

 

P.S.: le Beaujolais me faisant perdre tous mes sens, il semblerait que j'aie oublié de mettre une pellicule une SD Card dans l'appareil photo ce soir là. D'où ces quelques images du Haut-Doubs automnal pour agrémenter la dégustation.

Commentaires

  • Olif a écrit : "Tandis que de chanceux amateurs helvètes dégustaient un quart de siècle de grands Beaujolais dans un Palace au bord du grand lac, le petit doigt en l'air, les "pochtrons du premier cercle" se piquaient la ruche avec trois semestres d'infâmes Bojo dans une gargote de campagne*."

    Ce que tu nommes "Palace au bord du grand lac", salopiaud, n'est ni moins que notre cave des Bastions, dans le coeur genevois (et donc pas vraiment au bord du lac), 20 mètres sous terre, ancienne fortification Vauban, revêtement des mûrs à la chaux, et chaises en formika. Alors du grand luxe, je t'en paie quand tu veux mon gaillard !

    Pour les "grandes pompes", je fais du 42, si jamais !

    ;-)


    Et pour le voyage in situ, si t'es gentil...

    ps : fais quand même gaffe de ne pas trop t'encanailler avec la grande bourgeoisie genevoise, pour ton image je n'sais pas si c'est bon...

    :-)

    pps : ça boit du nebbiolo, les gars du Jura maintenant ? Mais dis moi, tu deviens un homme !!!

    :-)))))))))))))))))

  • Ah! je me disais bien aussi, des chaises en formica dans un Palace genevois, ça le faisait pas trop!

    Le Nebbiolo, c'est pour changer un coup du ploussard!

  • Par contre, pour le petit doigt en l'air Nico... enfin, on n'a des preuves quoi ;-)

    Ceci dit, en terme de "palace", j'espere qu'il font mieux à Geneve!

    :-D

  • Merci à vous 2 pour ces 2 séries de Beaujolais qui montrent que le terrain de jeu est large et dans lesquelles pointe encore l'aspect sociétal ...

    Le dernier Beaujolais approché : Morgon Lapierre 2003 : beau flacon très digeste.

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