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domaine des bodines

  • VDV#71: mets du gras!

     

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    C'est vendredi, c'est poisson, de préférence bien gras pour ce nouvel opus des VDV, sur lesquels j'ai fait l'impasse depuis deux mois, sans même un traître mot d'excuse. Vendredis maigres, l'envie s'émousse parfois. Vendredi gras, ça nous change du mardi. À la place des crêpes, une bonne grosse envie de cassoulet. C'est David Farge, plus connu sous le nom d'Abistodénas, champion du monde du manger de saucisse de Toulouse en buvant du vin de Gaillac sur la blogosphère, qui a suggéré ce sujet d'actualité, à condition que l'hiver s'installe un peu. Le gras, c'est la vie, la mort aussi un peu parfois d'après les cardiologues, mais, faut-il pour autant s'en priver?

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    "J'aime pas le jambon, j'aime que la couenne", chantaient sur un air disco les Fatals Picards, bien avant l'Eurovision. "Mets du gras, étale-z-en bien, mets en par-là, du bon gras". De la graisse d'oie qui lubrifie le bon cassoulet, de Toulouse, Casteldaunary ou d'ailleurs. Du bon beurre praliné qui éto(u)ffe le Meursault de l'ancien temps. Un temps que les vendredistes burgondes de moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, où le beurre et la noisette étaient le gold standard jusqu'à l'écoeurement de chardonnays soit-disant bien nés. De la boue bien grasse qui rend le coup de pédale difficile au jeudiste vététiste, profitant d'une ultime(?) après-midi douce et ensoleillée, pas si courante fin novembre dans le Haut-Doubs.

    Le repos du guerrier montagnard, c'est évidemment une cuisine roborative, fromagère et charcutière, qui appellera par contraste un blanc tranchant ou un rouge digeste, pour mieux faire glisser le tout, en attendant la froidure et l'hiver, pour de vrai. Charcuteries, patates, Mont D'or et poulsard d'Arbois, pas sûr qu'aucune autre gastronomie régionale ait fait mieux pour associer le gras à la vie. À l'exception du cassoulet toulousain, évidemment.

     

    Olif

     

    P.S.: les occasions de se réchauffer, sans avoir à recourir au vin chaud, ne devrait pas manquer, en cette début décembre.

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    Les vins du coin auront 10 ans les 6 et 7 décembre prochains. Au menu, du vin (du bon) et du son (du gros). 50 vignerons de Loire et François Hadji-Lazaro de Pigalle. Un anniversaire à ne pas manquer, évidemment!

     

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    Ceux qui préfèreraient porter sur les fonds baptismaux l'évènement franco-italien superlatif de cette fin 2014 choisiront Thalys pour voir Bruxelles bruxeller à l'Hôtel de la Poste Tour et Taxis. Vini Birre Ribelli, le plus gros et gras salon de cette fin d'année, pile poil dans la thématique des VDV.

  • Saint-Glou 2012, Jurassic good trip...

     

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    Jura: vignoble dont on a fait une montagne. Accessoirement, département immatriculé 39, de couleur plutôt verte. Par ailleurs, bouteille spécifique de forme un peu particulière, destinée à accueillir du vin du Jura, quelle que soit sa couleur, sauf jaune.

    Entièrement situé dans le département du Jura, adossé au massif du Jura, le vignoble du Jura est une simple bande de terre de 80 km de long qui s'étend sur les coteaux du Revermont, de Salins les Bains jusqu'à Saint-Amour, aux portes de la Bresse, en passant par Arbois, Château Chalon et Rotalier. Reposant sur des sols argilo-calcaires qui sont à l'origine de certaines de ses particularités, ce petit bout de vigne affiche une sacrée personnalité. Séparé de la Bourgogne voisine par la large vallée de la Saône, il ne craint désormais plus l'ombre portée par le prestigieux voisin. Les marnes du Lias et du Trias ont permis l'épanouissement de cépages autochtones originaux particulièrement adaptés à ce type de sols, cépages que l'on ne retrouve nulle part ailleurs ou presque. Savagnin, poulsard (ou ploussard, peu importe, l'important, c'est d'en boire) et trousseau résistent bien au développement croissant du chardonnay et du pinot noir, cultivés aussi de longue date, mais vraisemblablement importés de Bourgogne. La renommée du vin du Jura lui vient en grande partie de l'un de ses produits-phare, le vin jaune. Cet accident oenologique, élevé pendant 6 ans dans un fût en vidange, sous un voile de levures qui le protègent d'une transformation en vinaigre, en ménageant son oxydation, donne un vin hors norme que le néophyte ne sera pas toujours à même d'apprécier à sa juste valeur. Les arômes caractéristiques de noix qu'il dégage font souvent fuir l'amateur de vins non-initié, autant qu'ils attirent comme des mouches ceux qui sont rompus à la dégustation de ce breuvage.

    Outre de grands vins, le Jura a également donné naissance à de grands hommes. Le plus célèbre d'entre eux est sans nul doute Louis Pasteur, qui a effectué une grande partie de ses travaux sur la fermentation alcoolique dans la petite ville d'Arbois. On ne le remerciera jamais assez d'avoir considéré le vin comme étant la plus saine et la plus hygiénique des boissons, mais on déplorera tout le mal causé aux fromages au lait cru par la pasteurisation. Le plus injustement méconnu des inventeurs jurassiens est sans conteste Charles Sauria, né à Saint-Lothain, dont l'éclairage fut plutôt bienvenu à l'intérieur des caves, une fois qu’il eût inventé l’allumette à friction.

    Les vins du Jura sont fort justement considérés par les Jurassiens comme les meilleurs des vins produits au monde.

     

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    Salins-les-Bains: cité thermale, d'art et d'histoire, ville sinueuse se faufilant entre les montagnes, en suivant le lit tourmenté de la Furieuse, Salins-les-Bains ne manque pas de sel. En 52 avant Jésus-Christ, Salins-les-Bains a failli devenir célèbre, en manquant de peu le siège de la bataille d'Alésia, qui s'est déroulée à une trentaine de kilomètres de là, du côté de Champagnole et Chaux des Crotenay. Le Jura, terre de défaite, mais pas tout le temps non plus, faudrait voir à ne pas trop pousser le bouchon. On murmure même que Rouget de Lisle, illustre natif de Lons-le-Saunier, a failli appeler son hymne national victorieux la Juraseillaise. C'est dire. En 2012 après Jésus-Christ, Salins-les-Bains est devenue totalement mythique, pour avoir accueilli le camp de base des adorateurs de Saint-Glou, qui, comme chacun sait désormais, se fête avec tous les autres Saints. Glou, saint patron des buveurs, a donc élu domicile temporaire au pied du Mont Poupet, haut-lieu du vol libre et, désormais, du vin libre. Pour une canonisation rituelle et annuelle dans les règles de l'art, une large et belle victoire digne de Jules César. "La Saint-Glou 2012, j'y étais!" pourront dire en 2052, la larme à l'oeil, les survivants, encore poilus ou pas.

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    Pour profiter pleinement d'un séjour, il faut bien dormir, c'est une évidence. La Maison Salines, qui a ouvert ses portes en juillet cet année, ne manque pas d'atouts. Cet ancien hôtel particulier, rénové avec classe et avec goût, dans le respect du style de l'habitation, possède tout le confort moderne. Ses immenses salons favorisent la bonne convivialité, les afters prolongés et les debriefings passionnants. Possédant 5 belles chambres, aux lits confortables, indispensables à la bonne récupération des glouglouteurs, elle permet de loger une dizaine de personnes, ce qui peut nécessiter de réserver des annexes, pour contenir l'invasion de la Séquanie par des hordes de Belges assoiffés, le tire-bouchon entre les dents, qui ignorent encore que la guerre des Gaules est terminée, depuis une certaine bataille qui s'est déroulée pas très loin d'ici (voir plus haut). Une fois les participants excédentaires logés, qui dans un petit gîte attenant, qui à l'Hôtel voisin des Deux Forts (tirant son nom de la présence toute proche du fort Belin et du fort Saint-André, surplombant la ville, rien à voir donc avec la corpulence des gaillards qui y dorment), la Saint-Glou peut officiellement débuter. Direction Arbois, aux Jardins de Saint-Vincent, pour une soirée apéritive autour de la relève vigneronne arboisienne.

     

    Les Jardins de Saint-Vincent, Arbois: quel autre endroit pourrait être plus indiqué pour découvrir les jeunes vignerons jurassiens? Le jardinier Stéphane Planche en mission sommellerie dans le Mâconnais, c'est Julien qui est aux manettes, solidement épaulé par une triplette vigneronne, eux-même parfois assistés de leur secrétariat de direction.

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    Au menu, des jus de 2012, en avant-première mais pas en primeur, le Plouplou nouveau n'ayant pas encore fait suffisamment école pour se contenter d'élevage aussi bref. Charles Dagand, du domaine de L'Octavin a le privilège de l'ancienneté. Tout auréolé d'une bonne et belle assurance, il n'a pas tremblé, lorsqu'il s'est agi de faire goûter ses jus. Encore un bien joli travail sur l'enzymatique, pour la cuvée 2012 du trousseau des Corvées, dite cuvée du nain, une macération carbonique complètement maîtrisée. Pamina 2009, le chardonnay de la Mailloche, se boit comme du petit lait.

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    Renaud Bruyère n'en est qu'à son deuxième millésime, mais n'a déjà plus rien à vendre. Petit domaine, petite production et un travail à temps partiel chez Stéphane Tissot. Depuis qu'Adeline a quitté le GAEC Houillon pour le rejoindre, l'idée est effectivement de s'agrandir. Les 2012, blancs comme les rouges, sont déjà superbes et donnent envie d'en boire. L'ultime bouteille d'Arbois blanc 2011, miraculeusement sauvée de la cave des Jardins pour l'occasion, a fait des étincelles.

     

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    Alexis Porteret a démarré l'aventure des Bodines avec le millésime 2010. Secondé par sa femme Émilie, il continue de travailler au domaine de la Pinte, tout en produisant quelques fabuleux jus de trousseau, poulsard, chardonnay ou savagnin. Les rouges 2012 promettent de belles choses et confirment haut la main la très bonne impression déjà laissée par les deux millésimes antérieurs.

     

    Stéphane Tissot, Montigny-les-Arsures:

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    Quand Stéphane Tissot montre la Mailloche, le Saint-Glouglouteur photographie le doigt...

     

    On ne présente plus la star du vignoble arboisien, chargé d'ouvrir le bal du Savagnin day. Ou, comment tenter de faire appréhender la complexité, la grandeur et le potentiel de ce cépage en une seule journée. Le savagnin dans tous ses états, ou presque, pour un remake in situ d'une certaine dégustation vendéenne... Pendant des décennies, on a voulu faire croire au peuple que l'arôme typique de ce cépage était la noix et que cela correspondait parfaitement au goût du Jura. Une question de mode et de loi du marché, essentiellement local, pour ce breuvage exclusivement caractérisé par une typicité d'élevage.

     

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    À peine le temps d'un BBF apéritif, départ en courant pour profiter d'une éclaircie, direction En Muzard, pour une petite leçon de terroir, méthode Assimil accélérée. L'élément-clé du terroir jurassien, ce sont évidemment les marnes. Rouges, jaunes, bleues, blanches, irisées. Les rouges proviennent du trias. Ce sont géologiquement les plus anciennes et elles conviennent particulièrement bien au trousseau. Montigny en est fort bien dotée, ce qui lui a valu le titre de Capitale mondiale du trousseau. On ne demande qu'à vérifier, même en jour "savagnin".

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    Retour au caveau, donc. Et, en théorie, au savagnin. Après quelques chardonnays, quand même, pour une dégustation en jour "racines et des ailes*". Graviers, En Barberon et Clos de la Tour de Curon 10 témoignent de la belle expression du millésime, après des 09 un peu plus riches. Et puis un superbe et juvénile Clos de la Tour de Curon 2004, le premier millésime de cette parcelle exclusivement calcaire, pour mieux cerner la problématique calcaire vs argile. Et aussi En Barberon blanc 2000, la première cuvée sans soufre en blanc du domaine. Un peu de rouge, pour continuer de se faire la bouche, dont le poulsard du DD 2012, une véritable carbo en foudre, mais qui n'en a pas l'air, et qui se sirote à grandes lampées, et un impressionnant Trousseau 2011, en jour "amphore", la première tentative d'élevage dans ce contenant sur un rouge au domaine. Et puis le savagnin, enfin. En commençant par un Traminer 11, parti à la recherche de ses racines alsaciennes. Et enfin, avant de passer au jaune, ce vin orange totalement envoûtant, magnifié par la terre cuite, dans le millésime 2011.

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    Les blancs de macération, dits blancs cuvés, semblent être une très ancienne tradition arboisienne, inconnue de tous, y compris des arboisiens. La première expérience de Stéphane Tissot remonte à 1992, sur un savagnin, justement. Élevé pendant 6 ans sous voile. Le premier vin jaune orange au monde, en fait. On en a profité pour le goûter, pendant qu'on y était. Réellement étonnante cette petite sensation tannique finale apportée par la macération. La transition toute trouvée pour basculer dans le monde de l'oxydatif, une indéniable tradition jurassienne. Un petit tour dans la cave à jaunes, située à l'étage (il en existe une deuxième, plus fraiche, pour jouer sur le style des vins) permet d'appréhender visuellement le voile et de le humer. Hummmm! Des flaveurs complètement différentes selon les fûts et/ou le millésime, entre malt et épices, mais sans la noix. Et, en bouche, une expression complètement différente en fonction du terroir, puisque Stéphane pratique des vinifications parcellaires sur ses jaunes depuis 2003. Les Bruyères, En Spois, la Vasée, et, prochainement, la Mailloche, bénéficient donc d'un enclavelinage séparé.

     

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    Séance shooting pour vin orange en carafe...


    Et en guise de conclusion, l'apothéose finale avec la cuvée Mélody 2004, savagnin de glace récolté le 22 décembre par -11°C. L'unique vin de ce type produit ici, sur une parcelle laissée volontairement en surmaturité, mais que les conditions climatiques automnales n'ont pas permis de vendanger tardivement dans de bonnes conditions. Ultime chance: que l'hiver rattrape le coup, ce qui fut fait de fort belle façon. Un vin d'exception, à l'équilibre magique et glacé, dont on ne se lasse pas.


    Cancoillotte, Mont d'Or, Morteau, pommes de terre et pitits gâteaux conticiniens

     

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    Le savagnin, ça donne faim, surtout après 4 heures de dégustation. Il était grand temps de rentrer à la Maison Salines pour un déjeuner franc-comtois roboratif, constitué de produits du cru et du meilleur de la pâtisserie parisienne. La cancoillotte maison a été élaborée à partir de metton de la maison Poitrey et il a fallu touiller, ça c'est sûr! Le tout accompagné de quelques vins de vignobles voisins, conviés à table. La cuvée des Gueux 2009, un beau Chignin collaboratif, bien rond, élaboré par la famille Berlioz, n'a pas été trop dépaysée par l'accord fromager.


    Laurent Macle, Château Chalon:

    C'est le ventre bien rempli que les pélerins de la Saint-Glou ont alors pris le chemin de Château Chalon, à la nuit tombante et sous une pluie battante, pour pénétrer dans le Saint des Saints, une cave fraîche à vin jaune.

     

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    Ici, d'ailleurs, on ne fait pas de vin jaune. Uniquement du Château Chalon, le seul et unique grand cru de cette couleur, même si ce n'est pas officiel. Appellation modèle, qui essaie de tirer l'ensemble des viticulteurs vers le haut pour valoriser le cru (déclassement complet d'une récolte lorsque le degré n'est pas au rendez-vous, comme en 2001, par exemple). Pour se faire la bouche, comme il est désormais de coutume lorque l'on déguste en compagnie de Laurent Macle, un chardonnay ouillé, celui des Vendanges à Manue. Millésime 2010 et une jolie fraîcheur acidulée. Le tradition 2009 est pour l'instant encore un peu sous influence du millésime, avec richesse et rondeur. Beaucoup plus tranchant, le 2008 remporte les suffrages. Même décalage entre Château Chalon 2005 et 2004. Le Côtes du Jura 1979 et le Château Chalon 1982 arrivent à point pour faire juge de paix et donner des envies de coq!

     

    La Balance, Mets et vins, Arbois:

    Ça balance pas mal, à Arbois, ça Balance. Thierry Moyne y veille depuis un certain nombre d'années, maintenant. L'idée, pour prolonger le Savagnin day jusqu'au bout de la nuit, c'était finir sur un coq. Au vin jaune, évidemment. Celui de la Balance est mijoté et servi en cocotte. Du bonheur pour un coq. Quasiment en pâte. Avec quelques vieux jaunes pour l'accompagner, j'en ai bien peur. Après un ou deux magnums de Pupillin 2011 du domaine Overnoy-Houillon pour se préparer le palais et étancher la soif, il est vrai.

     

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    De gauche à droite, par ordre d'apparition sur la table:

    -L'Étoile 1990 du domaine de Montbourgeau: une vinification signée du père de Nicole Deriau, Monsieur Jean Gros, absolument rien à voir avec moi, donc. Une grande émotion pour le bistrotier du fond à gauche, qui a assidument fréquenté le domaine à cette époque. De la finesse dans l'oxydation et une jolie acidité qui maintient le vin encore largement debout.

    - Arbois 1987 Camille Loye: celui-là, il est encore parfaitement juvénile, loin de la retraite, contrairement à Monsieur Camille, qui a cessé son activité et vendu ses vignes en 1990. Un vin taillé pour une (encore) très longue garde, à l'image des 79 et 82 qui se donnent à fond actuellement.

    -Château Chalon 1986, Domaine Berthet-Bondet: le vin d'Eva, même s'il fait beaucoup moins jeune qu'elle. On approche déjà la quintessence d'expression d'un jaune un peu évolué. Miel, épices, morilles, un chouïa de noix, aussi. Mais pas trop. Très bon.

    -Arbois Vin jaune 1988, Jacques Puffeney: le vin d'un gars du métier. Plus claquant que le Château Chalon, mais aussi plus réservé. Un vrai jaune d'Arbois, massif et puissant, qui aurait encore mérité de longues années de garde.

    -Arbois Vin jaune 1996, Domaine de la Tournelle: plus fin que puissant, c'est toutefois une petite déception, du fait d'un déséquilibre sur l'acidité. A revoir ou à attendre..?

    -Arbois 1999, Michel Gahier: la grosse claque de la soirée, côté jaune. Un maillot pas volé, tellement il se boit avec délectation et gourmandise. Déjà bon très jeune, il est encore meilleur maintenant et le sera sans doute toujours plus tard, mais il est surtout doté d'un fort coefficient de torchabilité, ce qui n'est pas si courant pour un jaune.

     

    Maison Pierre Overnoy, Pupillin:

     

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    Pupillin, 11 heures du matin, dans l'antre de Maître Yoda, malheureusement absent pour cause de mission sanitaire. Anne et Emmanuel Houillon sont là pour nous accueillir. Dans le contrejour de la grande salle à manger de Pierre Overnoy, le ploussard 2011 (deuxième mise) resplendit dans les verres. De couleur très pelure d'oignon, ce n'en est pas pour autant un rosé, avec ses petits tanins fins, ses notes d'orange confite et d'épices. Pour Manu, il se rapproche des vins de Guy, frère de Pierre, qui s'épanouissent toujours en finesse. Il n'en subsiste que de très vieux millésimes dans la cave du domaine, goûtés de temps en temps lors de séances de dégustation organisées par Pierre.

    Aujourd'hui, malgré l'absence du maître de maison, également Maître loyal de ce genre d'exercice gustatif, la mission reste identique. Vins servis à l'aveugle, 0,8 seconde pour prendre le premier nez. Cépage, millésime, producteur et éventuellement la marque des roues du tracteur qui a transporté la vendange. Avec une question subsidiaire pour les plus pointus, la couleur des marnes où sont plantées les vignes.

     

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    0,8 seconde pour le premier nez, pas une de plus!

     

    De cette dégustation d'anthologie, vécue de façon purement hédoniste, sans aucune prise de notes, il faut forcément retenir quelques bouteilles, qui émergent à la surface de la mémoire. Comme cet énormissime vin jaune 1999, le premier à être produit depuis le mémorable 1989. Exception faite néanmoins du 93, qui, lui, ne sera jamais commercialisé. Presque 20 ans sous voile. Du jus de concentration de quintessence d'essence de jaune. Les anges se sont gavés, mais le dé à coudre qu'ils ont laissé permet d'entrevoir le caractère ultime du processus. Des notes épicées d'une infinie douceur, une rondeur suave en bouche et un alcool puissant mais fondu. On croirait boire un vieux rhum patiné par le fût et les ans. Et encore ce ploussard 91, toujours debout, dans un tout petit millésime que tous les vignerons voudraient avoir oublié, mais qui, ici, refuse de mourir. Tout au plus une petite faiblesse au nez, compensée par une bouche qui a encore de l'allant.

     

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    Avec moult terrines, puis saucisses vigneronnes, cuites au vin sur des sarments, les bouchons ont continué de sauter. En magnum de préférence, mais pas que. Anglore au foulard rouge, Clos des Vignes du Mayne, pinot noir alsacien de Bruno Schueller et même du persan de Nicolas Gonin en Balmes Dauphinoises. Avant un petit morceau de gâteau très conticinien d'Édouard Hirsinger, suivi d'une petite promenade digestive au belvédère du vignoble pour les plus courageux, les autres se contentant d'un petit tour en monte-charges à la cave.

     

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    Malgré son absence temporaire, Maître Yoda n'a jamais été bien loin de nous...

     

    Chocolaterie Hirsinger, Arbois:

    Rendez-vous avait été pris à 18 heures chez Édouard Hirsinger, Meilleur Ouvrier de France et Meilleur Chocolatier du Cosmos. On a failli être en retard. La faute aux bouchons entre Pupillin et Arbois, c'est une évidence. Quatrième génération de chocolatier, toujours dans la même maison, sur la place de la liberté en Arbois, Édouard Hirsinger poursuit le destin familial de la plus belle des manières.

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    En une grosse demi-heure, montre en main, tous les secrets de la fabrication d'un chocolat vivant nous ont été révélés. Avec, enfin, la réponse à cette angoissante question: mais comment font-ils pour réussir à mettre la ganache à l'intérieur du chocolat?

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    Et quelle est donc la clé de la réussite d'un véritable marron glacé? Le confisage maison, c'est une évidence. Lent, long et fastidieux, c'est néanmoins un savoir-faire qu'il ne faut pas perdre. À l'heure où 90% des marrons glacés sont confits industriellement, ici, tout est fait à la main, avec les meilleurs marrons du Var ou d'Ardèche, de l'épluchage jusqu'au glaçage. Un point d'honneur pour Édouard, qui accorde à juste titre une très grande valeur à la collerette bleu blanc rouge qui orne sa tunique.

    La visite de l'atelier se cloture traditionnellement par celle du musée du Chocolat, dans la cave de la maison. Là sont pieusement conservées les reliques d'un savoir-faire ancestral qu'il est désormais primordial de ne plus jamais oublier.

     

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    Restaurant Jean-Paul Jeunet, Arbois:

     

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    Impossible d'imaginer un séjour œno-gastro-touristique sans faire une halte chez Nadine et Jean-Paul Jeunet, le graal de tout gastronome affamé de Jura. Accueillis sur le perron par le grand chef en personne, le festival des saveurs peut se poursuivre en beauté. Homme de goût ouvert et cultivé, Jean-Paul Jeunet n'hésite pas à recommander un excellent brasseur belge aux Bruxellois de passage. Cantillon, pour ne pas la nommer. Ça tombe bien, ils en avaient rempli le coffre avant de venir. Ardent défenseur de l'identité du terroir, même dans les mets les plus simples, il nous a brillamment démontré la nécessité absolue de servir de la Morteau avec la choucroute, là où les Alsaciens recourent habituellement à la Strasbourg et où les Bruxellois n'hésitent pas à faire appel aux bulots.

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    À table, les mets sont d'une finesse remarquable, construits autour d'une alliance harmonieuse de saveurs et de textures. Parmi les choses les plus simples, les plus surprenantes et goûteuses de la soirée, dans un menu en 5 services qui valait largement 2 étoiles, figurent ces 3 petits cylindres de beurre. Et plus particulièrement celui du milieu. Parfumé à la saucisse de Morteau, une absolue petite tuerie, à tartiner avec immodération, en l'absence d'hypercholestérolémie, sur les divers petits pains arômatisés présentés. La Morteau aura donc été le véritable fil d'Ariane de cette Saint-Glou franc-comtoise. Il n'y a qu'au dessert que nous n'en avons pas mangé...

    Carte blanche à Alain Guillou pour le service des vins. Choix argumentés, parfois controvérsés, mais pleinement assumés par le sommelier, le meilleur pour l'année 2013 selon le Gault et Millau. Mention particulière au Crémant du Jura de Michel Gahier servi à l'apéritif, au Vin de Pays de Franche-Comté rouge 2010 du domaine des Cavarodes servi avec la terrine de colvert en strates de foie gras aux trompettes de la mort, ainsi qu'à l'accord, pour moi idéal, mais diversement apprécié, entre Spirale 2002 de Stéphane Tissot et la figue de Solliès rôtie.

     

     

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    Et ce fut le retour à la Maison Salines, pour un after traditionnel autour d'un verre de Cantillon, assorti d'un reste de pomme de terre trempé dans la cancoillotte, pour celle qui avait encore un peu faim...

     

    Jean-François Ganevat, La Combe de Rotalier:

    Mettre un pied dans la Combe, c'est l'assurance de finir par les avoir les deux. Les Saint-Glouglouteurs ne pensaient plus pouvoir être impressionnés par le Jura, ils allaient voir ce qu'ils allaient voir!

     

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    Fanfan (vous permettez que je l'appelle Fanfan? C'est un copain!) absent, retenu prisonnier en Batavie, ce ne sont pas une, ni deux bouteilles qu'il fallait goûter pour tenter d'appréhender un des plus grands domaines jurassiens,  mais pas loin de 50 bouchons que Anne, sa sœur Anne (ne vois-tu rien venir, à part une bande de Saint Glouglouteurs?), à qui Fanfan avait confié les rênes de la dégustation, allait devoir dégoupiller.

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    Au menu, des blancs pour l'apéro, de 2010 à 2000, des rouges pour la table, de 2011 à 2000, des jaunes pour le fromage, de 2004 à 2003, tout ça pour finir Sul Q au dessert. Et, côté solide, les mets préparés par Pierre-Ivan Boos, l'alchimiste de Pontarlier, qui avait fait le déplacement depuis ses montagnes pour l'occasion. Le chien Schiste, grand amateur de bellota, l'attendait d'ailleurs de pied ferme.

     

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    Les blancs 2010 font encore un pas en avant vers la félicité absolue. Le millésime s'y prête bien, avec son équilibre plus fin et digeste que 2009. Superbes acidités, vins vibrants, avec une préférence aujourd'hui pour Florine, les "jeunes vignes" des Chalasses, plantées en 1986. Le chardonnay des Grands Teppes est paradoxalement plus accessible que celui des Chalasses vieilles vignes, alors que c'est le contraire d'ordinaire, dans la période de jeunesse. Le travail du sol effectué sur la parcelle de Grusse commence à porter ses fruits, le vin gagne en dynamisme et tonicité d'année en année. En 2008, Marguerite fait toujours le bonheur de tous en offrant son cœur, sans pour autant prendre le melon. La queue rouge de cette variété de chardonnay y est sans doute pour quelque chose.

     

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    Pour faire la transition, quelques bulles de vieux cépages 2007 ont fait un grand 8 éphémère dans la bouche. Non dosées, fraiches, désaltérantes et extrêmement confidentielles, limite il n'y en a déjà plus une seule bouteille au monde.

     

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    À table, les rouges 2011 font des merveilles. Glissants, digestes, de faible degré alcoolique, salins et hautement buvables. Mention particulière au Pinot noir de Grusse, vinifié à part (après tri grain par grain et section du pédicelle au ras du raisin) et finalement embouteillé à part, tant il s'exprime différemment du Pinot noir Cuvée Julien habituel. De bien jolis tanins croquants complètement craquants. Superbe! Des vins dans la lignée des 2010, déjà hautement recommandables, mais pas à tout le monde ou n'importe qui... On fera l'impasse sur la dégustation des 2008 et 2009, pour ne pas abuser et mieux apprécier J'en veux 2000, qui a gardé encore pas mal de choses dans sa culotte. Le culte du vieux cépage ne sont pour Fanfan ni une lubie, ni une passade!

     

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    ©Mme Olif, toute reproduction interdite

     

    Repos du guerrier, Salins-les-Bains:

     

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    Dimanche soir, quelques potes ont repris la route, d'autres le train, mais certains sont restés au coin du feu. Pour un pot-au-feu d'adieu, dans l'ambiance cosy de la Maison Salines, autour d'ultimes quilles, les dernières cartouches de cette Saint-Glou 2012. Tous les participants peuvent être fiers d'eux et ce sera sans doute l'œil humide, que, dans une ou deux dizaines d'années, ils raconteront le Jura à leurs enfants ou petits enfants, en leur disant, des sanglots dans la voix:  "La Saint-Glou jurassienne 2012? J'y étais!"

     

    Dans le Jura, finalement, "on est des privilégiés!", comme le dit Édouard Hirsinger à la journaliste de France 3, dans l'émission "Des racines et des ailes"*. Pas mieux comme mot de la fin!

     

    Vivement la prochaine!

     

    Olif

     

    Des racines et des ailes a pris ses quartiers dans le Jura dès l'automne 2011, chez Edouard Hirsinger et Stéphane Tissot, notamment, pour une émission diffusée sur France 3 le 7 novembre 2012. La Saint-Glou a en partie marché et volé sur ses traces à la Toussaint 2012.

     

  • Saint-Glou 2012, Jurassic good trip, Jour 1...

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    Jura: vignoble dont on a fait une montagne. Accessoirement, département immatriculé 39, de couleur plutôt verte. Par ailleurs, bouteille spécifique de forme un peu particulière, destinée à accueillir du vin du Jura, quelle que soit sa couleur, sauf jaune.

    Entièrement situé dans le département du Jura, adossé au massif du Jura, le vignoble du Jura est une simple bande de terre de 80 km de long qui s'étend sur les coteaux du Revermont, de Salins les Bains jusqu'à Saint-Amour, aux portes de la Bresse, en passant par Arbois, Château Chalon et Rotalier. Reposant sur des sols argilo-calcaires qui sont à l'origine de certaines de ses particularités, ce petit bout de vigne affiche une sacrée personnalité. Séparé de la Bourgogne voisine par la large vallée de la Saône, il ne craint désormais plus l'ombre portée par le prestigieux voisin. Les marnes du Lias et du Trias ont permis l'épanouissement de cépages autochtones originaux particulièrement adaptés à ce type de sols, cépages que l'on ne retrouve nulle part ailleurs ou presque. Savagnin, poulsard (ou ploussard, peu importe, l'important, c'est d'en boire) et trousseau résistent bien au développement croissant du chardonnay et du pinot noir, cultivés aussi de longue date, mais vraisemblablement importés de Bourgogne. La renommée du vin du Jura lui vient en grande partie de l'un de ses produits-phare, le vin jaune. Cet accident oenologique, élevé pendant 6 ans dans un fût en vidange, sous un voile de levures qui le protègent d'une transformation en vinaigre, en ménageant son oxydation, donne un vin hors norme que le néophyte ne sera pas toujours à même d'apprécier à sa juste valeur. Les arômes caractéristiques de noix qu'il dégage font souvent fuir l'amateur de vins non-initié, autant qu'ils attirent comme des mouches ceux qui sont rompus à la dégustation de ce breuvage.

    Outre de grands vins, le Jura a également donné naissance à de grands hommes. Le plus célèbre d'entre eux est sans nul doute Louis Pasteur, qui a effectué une grande partie de ses travaux sur la fermentation alcoolique dans la petite ville d'Arbois. On ne le remerciera jamais assez d'avoir considéré le vin comme étant la plus saine et la plus hygiénique des boissons, mais on déplorera tout le mal causé aux fromages au lait cru par la pasteurisation. Le plus injustement méconnu des inventeurs jurassiens est sans conteste Charles Sauria, né à Saint-Lothain, dont l'éclairage fut plutôt bienvenu à l'intérieur des caves, une fois qu’il eût inventé l’allumette à friction.

    Les vins du Jura sont fort justement considérés par les Jurassiens comme les meilleurs des vins produits au monde.

     

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    Salins-les-Bains:

    Cité thermale, d'art et d'histoire, ville sinueuse se faufilant entre les montagnes, en suivant le lit tourmenté de la Furieuse, Salins-les-Bains ne manque pas de sel. En 52 avant Jésus-Christ, Salins-les-Bains a failli devenir célèbre, en manquant de peu le siège de la bataille d'Alésia, qui s'est déroulée à une trentaine de kilomètres de là, du côté de Champagnole et Chaux des Crotenay. Le Jura, terre de défaite, mais pas tout le temps non plus, faudrait voir à ne pas trop pousser le bouchon. On murmure même que Rouget de Lisle, illustre natif de Lons-le-Saunier, a failli appeler son hymne national victorieux la Juraseillaise. C'est dire. En 2012 après Jésus-Christ, Salins-les-Bains est devenue totalement mythique, pour avoir accueilli le camp de base des adorateurs de Saint-Glou, qui, comme chacun sait désormais, se fête avec tous les autres Saints. Glou, saint patron des buveurs, a donc élu domicile temporaire au pied du Mont Poupet, haut-lieu du vol libre et, désormais, du vin libre. Pour une canonisation rituelle et annuelle dans les règles de l'art, une large et belle victoire digne de Jules César. "La Saint-Glou 2012, j'y étais!" pourront dire en 2052, la larme à l'oeil, les survivants, encore poilus ou pas.

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    Pour profiter pleinement d'un séjour, il faut bien dormir, c'est une évidence. La Maison Salines, qui a ouvert ses portes en juillet de cette année, ne manque pas d'atouts. Cet ancien hôtel particulier, rénové avec classe et avec goût, dans le respect du style de l'habitation, possède tout le confort moderne. Ses immenses salons favorisent la bonne convivialité, les afters prolongés et les debriefings pointus. Possédant 5 belles chambres, aux lits confortables, indispensables à la bonne récupération des glouglouteurs, elle permet de loger une dizaine de personnes, ce qui peut nécessiter de prévoir des annexes pour contenir l'invasion de la Séquanie par des hordes de Belges assoiffés, le tire-bouchon entre les dents, ignorant encore que la guerre des Gaules est terminée depuis une certaine bataille qui s'est déroulée pas très loin d'ici (voir plus haut). Une fois les participants excédentaires logés, qui dans un petit gîte attenant, qui à l'Hôtel voisin des Deux Forts (tirant son nom de la présence toute proche du fort Belin et du fort Saint-André, surplombant la ville, rien à voir donc avec la corpulence des gaillards qui y dorment), la Saint-Glou peut officiellement débuter. Direction Arbois, aux Jardins de Saint-Vincent, pour une soirée apéritive autour de la relève vigneronne arboisienne.

     

    Les Jardins de Saint-Vincent, Arbois:

    Quel autre endroit pourrait être plus indiqué pour découvrir les jeunes vignerons jurassiens? Le jardinier Stéphane Planche en mission sommellerie dans le Mâconnais, c'est Julien qui est aux manettes, solidement épaulé par une triplette vigneronne, eux-même parfois assistés de leur secrétariat de direction.

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    Au menu, des jus de 2012, en avant-première mais pas en primeur, le Plouplou nouveau n'ayant pas encore fait suffisamment école pour se contenter d'élevage aussi bref. Charles Dagand, du domaine de L'Octavin a le privilège de l'ancienneté. Tout auréolé d'une bonne et belle assurance, il n'a pas tremblé, lorsqu'il s'est agi de faire goûter ses jus. Encore un bien joli travail sur l'enzymatique, pour la cuvée 2012 du trousseau des Corvées, dite cuvée du nain, une macération carbonique complètement maîtrisée. Pamina 2009, le chardonnay de la Mailloche, se boit comme du petit lait.

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    Renaud Bruyère n'en est qu'à son deuxième millésime, mais n'a déjà plus rien à vendre. Petit domaine, petite production et un travail à temps partiel chez Stéphane Tissot. Depuis qu'Adeline a quitté le GAEC Houillon pour le rejoindre, l'idée est effectivement de s'agrandir. Les 2012, blancs comme les rouges, sont déjà superbes et donnent envie d'en boire. L'ultime bouteille d'Arbois blanc 2011, miraculeusement sauvée de la cave des Jardins pour l'occasion, a fait des étincelles.

     

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    Alexis Porteret a démarré l'aventure des Bodines avec le millésime 2010. Secondé par sa femme Émilie, il continue de travailler au domaine de la Pinte, tout en produisant quelques fabuleux jus de trousseau, poulsard, chardonnay ou savagnin. Les rouges 2012 promettent de belles choses et confirment haut la main la très bonne impression déjà laissée par les deux millésimes antérieurs.

     

    ...

     

    Olif

     

    P.S.: tous ces vignerons sont membres de l'association le Nez dans le vert, qui tiendra salon les 24 et 25 mars 2013, au domaine de la Pinte. Un retour de la Saint-Glou en perspective?

     

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    P.S.2: la Saint-Glou, ça se vit et ça se raconte. Eva en a écrit les 10 ou 11 commandements et Samia, visiblement traumatisée, a cherché à s'en exorciser au plus vite...

  • Le nez dans le bleu

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    Retour gagnant pour Le nez dans le vert, mais aussi dans le bleu, pour cette deuxième édition quasi-estivale, qui vient tout juste de se terminer au Château de Gevingey. "Le plus beau des salons de vins, il se trouve dans le Jura", pouvait-on entendre de la bouche de connaisseurs rompus à la pratique de ce genre d'exercice. La concurrence du grand raoût biojolais (Beaujoloise, Biojolaise, Beaujol'Art), généralement très prisé, n'a pas trop pénalisé les Jurassiens, au contraire. Un Jura triomphant, même quand il revendique à juste titre une défaite. Certains l'ont même privilégié, n'hésitant pas à franchir des milliers de kilomètres depuis le grand Ouest, tandis que d'autres ont couplé les deux salons en venant dans le Sud-Revermont le dimanche. La légère baisse d'affluence constatée serait plutôt du fait des particuliers, sans doute attirés par les premiers barbecues estivaux dominicaux de ce printemps 2012. En mars, depuis quelques années, il fait très très bieau dans le Jura, il faut dire.

     

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    Les joyeuses colonies de vacances des vignerons bios jurassiens

     

    Pour en revenir au salon proprement dit, l'alternance Nord-Sud a permis à bon nombre de personnes, visiteurs comme exposants, de découvrir le superbe Château de Gevingey, un centre de colonies de vacances, propriété du comité d'entreprise d'un banquier (le CIC, pour ne pas le nommer), très fonctionnel et adapté à recevoir ce type d'évènements, même si c'est la première fois qu'il est utilisé pour une manifestation publique. Répartis dans deux salles quasiment de plein pied, les vignerons ont pu faire bénéficier les visiteurs de conditions de dégustations exceptionnelles. Beaucoup de bons vins, de beaux vignerons et de belles vigneronnes. Et plein de nouvelles têtes de jeunes vignerons avec des promesses non électorales dans leurs bouteilles.

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    Les deux plus beaux crânes du salon avaient de jolies choses à faire goûter, dans le genre retour aux fondamentaux. Mention particulière à J'en veux 2011, cuvée rouge de vieux cépage signée Fanfan Ganevat, et au Poulsard du D.D. 2011, une vinification de poulsard à l'ancienne, par Stéphane Tissot, un bien bel hommage filial au Dédé paternel. Un vin qu'il faudra privilégier en magnum tellement c'est glou. A table avec Léandre 2010, autre rouge traditionnel à la façon du grand-père Pignier, reproduisant même l'assemblage de l'époque avec tous les vieux cépages soigneusement préservés, sera le gros coup de cœur de ce salon.

     

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    Après ce tour d'horizon des anciens, place aux jeunes, avec une belle dynamique en train de s'installer, mine de rien. Premier coup de cœur pour les vins de Renaud Bruyère, qui développe son propre domaine, en parallèle d'une activité salariée au domaine André et Mireille Tissot et d'accointances avec la famille Houillon. Magnifique trousseau 2011, très beau chardonnay 2011 et époustouflante bouteille PMG sous le comptoir, Les oubliés de Paname, une vendange de chardonnay en surmaturité, des raisins véritablement oubliés par une bande de vendangeurs parisiens un peu brelus (pour ceux qui ne voient pas ce que cela veut dire, c'est du patois franc-comtois).

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    Goûter enfin les vins de Kenjiro Kagami, du Domaine des miroirs. Uniquement des vins en cours d'élevage, forcément, 2011 sera le premier millésime. Kenjiro a été à l'école alsacienne de Bruno Schueller et pris sous une de ses ailes par Fanfan Ganevat, depuis son installation à Grusse. Le résultat est dans la lignée de ses mentors, avec de jolis chardonnays, un savagnin particulièrement percutant et un gouleyant poulsard au velouté soyeux. Des vins du Jura complètement débridés, en fait.

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    Autre sympathique découverte, Alexis Porteret, du domaine des Bodines. Premier millésime en 2010 et des vins de plaisir. Mention particulière au Trousseau 2011, pas encore totalement en bouteille et toujours sans soufre, ainsi qu'à un Savagnin ouillé 2010 très prometteur, fluide et gouleyant.

     

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    33 domaines présents sur les 41 à être en bio dans le Jura, ça commence à faire du monde. Et du beau monde, surtout. Un niveau global relativement élevé, avec beaucoup de vins réjouissants, élaborés par des vignerons talentueux, qu'ils fassent partie des valeurs sûres (Domaine de la Pinte, Julien Labet, domaine de la Tournelle, Philippe Bornard...) ou des p'tits jeunes qui n'en finissent plus de monter (Ratapoil, L'Octavin, Étienne Thiébaud, Géraud Fromont, des Marnes Blanches, Catherine Hannoun, Les Dolomies, Champ Divin...). Impossible de citer tout le monde, évidemment, surtout quand c'est l'heure du cochon.

     

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    La pauvre bête a quand même fait long feu, puisqu'il a fallu toute la matinée du lundi pour qu'elle soit cuite à point, avant d'être servie en accompagnement d'une poêlée de vieux légumes.

     

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    Le nez dans le vert, dans le bleu, ou dans les effluves de cochon grillé, les vins du Jura se préparent de bien bieaux lendemains...

     

    Olif