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grégory monnier

  • Vins natures dans la Nature... et aux Jardins, bis

     

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    Pour la deuxième soirée de l'année aux Jardins de Saint-Vincent, Stéphane « Saint-Vernier » Planche n'a pas hésité à délocaliser. Le souvenir de la première du genre, en Chaudot et en compagnie de Pierre Overnoy, est encore dans toute les mémoires. Il fallait récidiver ! Direction, cette fois, le Puits Saint-Pierre, à l'ombre de l'abbatiale de Château Chalon, dans le fief de Laurent Macle. Sous un noyer et sur une parcelle appartenant à Grégory Monnier, destinée à être prochainement replantée. Idéale pour ce genre d'exercice, car plane et abritée. Aveugle complet, comme toujours, parce qu'au royaume des borgnes de la dégustation, les aveugles sont roi !

    -    You are so fine 2007, Vouvray, Vins de Nana et Cie : une séduisante production de négoce initiée par Nathalie Chaussard sous le vocable de Vins de Nanas. L'attaque est tonique et vive, perlante. Un vin construit sur un socle d'amers, qui laisse la bouche nette. Minéral, frais et tonique.


    -    Autrement, Altesse 2007, Jacques Maillet, vin de Savoie : une bouteille qui réussit l'exploit d'allier caractère oxydatif, plus ou moins recherché mais inéluctable du fait de la vinification, à la minéralité de l'altesse, cépage savoyard roi. Des notes de pomme au nez, mais une fraicheur et une netteté de première. Un vin vraiment marquant !


    -    La Begou 2007, Maxime Magnon, Vin de Pays de la Vallée du Paradis : premier nez malté, original et intéressant. Bouche patinée et ronde, avec de la fraicheur et de l'acidité. Chaleur et fraicheur en même temps, ce n'est pas la moindre des prouesses de cette cuvée en passe de devenir emblématique des nouveaux blancs du Sud, qui savent aller puiser dans leurs racines un caractère septentrional certain, tout en préservant leurs origines sudistes.

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    -    You are so nice, Vins de Nanas et Cie :  assemblage de Cot et Gamay, au nez poivré, végétal et épicé. Frais en bouche, avec ses notes de céleri en branche et ses tanins croquants. Simple, direct et franc, le vin idéal pour attaquer les rouges !


    -    Moulin à Vent 2007, Domaine des Côtes de la Molière : nez très mûr, complexe, dans un registre à la fois animal et végétal, fourrure, clou de girofle. Bouche soyeuse, ronde, bien calibrée, un peu sur le fil de la volatile, mais c'est très bon, digeste et buvable. Je suis un peu confus de ne l'avoir pas reconnu, moi qui l'ai tant vanté jusqu'à présent, d'autant plus que je m'attendais un peu à ce qu'il figure au programme de la soirée.


    -   Lulu 2007, Patrick Boujut, Gamay d'Auvergne : complexité aromatique olfactive, avec du fruit, des épices, des notes balsamiques. En bouche, c'est pure gourmandise, un vin charnu et épicé. Bâti comme un Adonis, Lulu !


    -    Champagne Rosé zéro, Tarlant : carafé juste avant le service, pour tenter d'atténuer une bulle profuse. La nuit commençait à tomber, difficile d'apprécier la belle robe rose-orangée comme il se doit (tu l'auras voulu, Benoit!). Nez éclatant, fin et élégant, sur les agrumes, la gelée de coing et les épices. Waoow ! La bouche est en léger décalage, moins flatteuse du fait de l'absence de dosage. Stricte et acidulée, mais avec de la tenue et une belle longueur. Un Champagne qui décoiffe, Rosé Nature à boire dans la nature. 85% Chardonnay, 15% Pinot noir.


    -    Festejar, Pétillant naturel d'Auvergne, Patrick Boujut : que la fête soit ! Plus gourmand que ça, impossible ! Plus gouleyant que ça, impossible aussi !  Plus vineux que ça pour un Pet'Nat', impossible toujours ! Plus ...., comment, il n'y en a déjà plus ?

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    En bonus sous le noyer, le vin a continué de couler, avant l'embrasement du Puits-Saint-Pierre. Tout d'abord, un épatant Maury 2007 du Domaine des Soulanes, d'un soyeux rare, puis un Côtes du Jura 2007 de Grégory Monnier, qui digère tranquillement son élevage pour asseoir sa minéralité, suivi du Château Chalon 2002 du domaine Macle, qui, malgré sa jeunesse, se laisse aborder gentiment, surtout lorsqu'un morceau de vieux Comté pointe le bout de son nez, et enfin l'Elixir des Abbesses 2005 de Grégory Monnier, un vin passerillé sur paille, à l'équilibre frais et original, différent d'un Paille traditionnel mais pas moins bon.

     

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    Le vin nature dans la nature, finalement, il n'y a que ça de vrai !

    Olif

  • Grégory Monnier, l'histoire du chimiste devenu vigneron "sans chimie"

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    Ça bouge dans le Jura! Les jeunes poussent à la roue, s'impliquent, s'engagent. Et ça fait du bien! Le parcours de Grégory Monnier est à ce point particulièrement éloquent.

    Après une enfance passée dans tous les recoins du monde, profession parentale oblige, il a éprouvé le besoin de revenir aux sources. De  retrouver ses racines et de s'implanter dans un improbable petit village jurassien, terre de ses ancêtres, sur les contreforts du Revermont lédonien. Vatagna. Lieu-dit coincé entre Conliège, pas celui des goûts de bouchon, et Montaigu, pas celui qui descend grave de la digue. La grande banlieue de Lons le Saunier, préfecture jurassienne célèbrée pour son compositeur d'hymne national. Rouget de Lisle, certes, mais de Lons également.

    Après des études de chimie, Grégory Monnier a eu envie de s'en passer. De travailler le sol. De le faire revivre. De se venger de toutes ces années passées à apprendre comment polluer la terre en 10 leçons. Il reprend donc les vignes de Charles Clavelin, à Nevy sur Seille, de jolis coteaux à l'aplomb de l'abbatiale de Château Chalon. Dont une partie en appellation Château, s'il vous plait! 2004 sera son premier millésime, 2007 son premier millésime officiellement en bio, 2008 son premier millésime peut-être en grande partie sans soufre. Une évolution à pas de géants, dictée par ses goûts, par ceux de ses amis et de ses clients, par la volonté de s'approcher au plus près de la vérité du raisin. Son métier de vigneron commence, il cherche ses influences du côté de Laurent Macle, son voisin de vigne, de Fanfan Ganevat, de Jean-Etienne Pignier. Comme références, dans le secteur, on ne peut guère mieux! Il envisage actuellement de replanter un joli coteau sur la commune même de Vatagna, pour redonner ainsi sa vocation viticole à la commune où il habite. Une terre pour l'instant vierge de tout désherbant ou exfoliant. Un beau projet! Autant dire que lorsque Gregory aura pris un peu de bouteille, comme ses vins, il faudra très certainement compter avec lui dans le Landerneau jurassien.

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    Avant de gagner la cave, déguster une petite série de 2008 en fûts, passage en revue de la production actuellement en bouteilles:

    - Crémant du Jura 2006: une mise en bouche agréable et fruitée, due à la présence de savagnin rose et de chardonnay muscaté sur la parcelle qui a servi à élaborer ce Crémant.

    - Côtes du Jura 2004: le premier millésime du domaine, un pur Chardonnay non ouillé. 3 ans de fût, un caractère forcément oxydatif, mais peu marqué, s'ouvrant même sur une réduction première. Bouche épicée, nette, finale acidulée et droite. Un abord pas très simple, mais une plutôt jolie réussite, surtout pour un premier millésime.

    - Côtes du Jura 2005: élaboré en petites quantités à l'aide d'une cuve à plafond mobile. Du Chardonnay issu d'éboulis calcaires. Nez "typé", sur l'amande douce, du réglisse, des fruits jaunes dominants en finale. Estampillé Jura, mais avec une belle fraicheur.

    - Côtes du Jura 2007: le premier millésime officiellement bio du domaine, du chardonnay ouillé, soufré à 2g/hl au pressoir. Elevage en fûts de 3 vins, légèrement filtré, mis en bouteille en novembre 2008. Le bois marque à peine, séchant un peu l'attaque et à l'origine de notes un peu vanillées. La bouche est droite et d'une franchise respectable. A attendre un peu pour que tout se mette en place.

    - Côtes du Jura Savagnin 2005: initialement destiné à une cuvée de Château Chalon, il n'aura donc pas fait son temps! Oxydation fine, acidulé, long, épicé, un vin tout en retenue et en élégance.

    Passage à la cave, ensuite, afin de mettre à l'épreuve de la pipette les 2008 encore en fûts. Aucun sulfitage jusqu'à présent, et des vins qui se tiennent remarquablement, que ce soit le Chardonnay ou le savagnin, dégustés sur différentes barriques.

    Retour au caveau, pour quelques petites douceurs: d'abord un Macvin blanc d'une grande droiture, à l'acidité tranchante, puis un Macvin rouge, composé de 80% de poulsard, 10% trousseau et 10% pinot noir, évoluant sur des notes de noyau de cerise, et enfin un Elixir des Abbesses 2005, élaboré à la manière des vins de paille, jouant sur d'originales notes de liqueur de café.

    Voilà donc un jeune vigneron qui tatonne, qui se cherche encore un peu, qui commet quelques erreurs (ses rouges 2005 complètement ratés et passés à la trappe) mais les assume, et qui possède une grande envie de progresser et d'évoluer dans le meilleur sens possible. Un domaine très prometteur, qu'il sera plaisant de suivre d'années en années et un nouveau nom à retenir dans le paysage viticole jurassien du côté de Vatagna.

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    Dans un ou deux siècles, on trouvera le même clavelin, étiqueté Domaine Monnier


    Olif