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pontarlier

  • Larmont-z-et merveilles...

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    C'est un endroit perdu dans la montagne jurassienne, à une encâblure de la frontière suisse et à mille lieues des endroits branchouilles de la capitale. C'est un coin de verdure et une arène naturelle où ne se joue aucune corrida. Les montbéliardes y paissent tranquilles et le Grand Taureau veille sur elles de toute sa hauteur. 1323 mètres, très exactement, un pli jurassien typique à la déclivité très progressive lorsque l'on suit la ligne de crête. Sommet du Larmont, le Grand Taureau se torée plus ou moins facilement. À pied, en raquettes, en VTT, à skis de fond et même en ski de descente. C'est le jardin des pontissaliens, qui s'y donnent rendez-vous quasiment toute l'année, pour une randonnée sportive, une marche dominicale digestive, une sortie en ski nordique, un verre sur la terrasse du Gounefay ou, mieux encore, depuis peu, une belle assiette et un repas en famille ou entre amis.

     

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    Le Gounefay, nouveau paradis gastronomique, avec la plus belle terrasse panoramique de tout le Haut-Doubs, voire même un peu plus loin. Un gros paquebot en bord de crête, qui surplombe la plaine de l'Arlier et qui a mis le temps pour arriver. Architecture discutée, mais non discutable, qui allie l'audace de la ligne à l'utilisations des matériaux traditionnels, dont les tavaillons, petites tuiles en bois permettant de protéger les façades des intempéries. Flashback. Dans les années 70-80, cette auberge montagnarde était le lieu de rendez-vous de toute la petite bourgeoisie pontissalienne, qui venait s'y rassasier de fondues, raclettes, braserades. Un endroit à la simplicité non feinte, qui réjouissait les notables en sortie dominicale. Mme Olif y faisait même des extras pour gagner deux ou trois sous pendant ses études. Les pourboires pouvaient y être royaux, parfois glissés sous les pieds de tables, pour échapper à la vigilance des propriétaires des lieux ou des autres convives, qui y allaient également de leur petit billet discrétos. Moi, à l'époque, je n'étais encore même pas né au Haut-Doubs, je n'en suis donc que le rapporteur. Et puis, au fil des ans, l'auberge a changé de gérants, connu parfois des heures un peu plus difficiles, signe des temps et de l'évolution de la société, jusqu'en 1999, où, là, ce fut l'apocalypse. Lothar est passé, même si l'incendie qui a ravagé totalement le Gounefay n'en est peut-être qu'un dommage controlatéral. Pas simple de faire front face au feu, tout là-haut, sans autre réserve d'eau qu'une simple citerne. Complètement rasé et rayé de la carte, le phénix a pris son temps pour renaître de ses cendres. Reconstruire une véritable porte d'entrée au tourisme vert et blanc du Larmont ne fut pas une mince affaire. Des enjeux économiques indéniables, désormais du ressort de l'intercommunalité, mais une inertie terrible, pour des raisons qui dépassent le commun des mortels, budgétaire et/ou politiques, sans aucun doute, mais va savoir! Après bien des turpitudes, ça y est enfin!

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    Le Gounefay nouveau est arrivé! Avec deux mois de retard sur l'horaire annoncé (une paille, après plus de 12 années!), en plein hiver polaire, mais juste à temps pour les vacances de février 2012. Restaurant, salle de séminaire, accueil du ski, salle hors sac, l'offre est totale. Une sélection drastique, style Masterchef, a été mise sur pied pour choisir le nouvel élu restaurateur parmi trois candidats. Une option gastronomique courageusement défendue par la responsable du projet, même si elle ne fut pas du goût de tous les élus locaux, a permis à Alice et Christophe Carel de prendre possession des lieux. Christophe a été formé à l'école Guignard, en Suisse voisine, à Orbe, où il a passé un certain nombre d'années. Une bonne école, qu'il faut savoir quitter, même un peu poussé, afin de prendre son envol. Ici, point de spécialités fromagères du pays, au grand dam de certains autochtones, mais une volonté de mettre en avant les produits locaux avec une touche personnelle, de la vraie cuisine, élaborée et goûteuse. Le cochon est bio, élevé sur le Larmont, à Simon Pion, tout comme l'agneau, servi en carré fourré aux piquillos. Une cuisson parfaite, une découpe exceptionnelle et un superbe goût d'ici, mâtiné d'ailleurs.

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    La Burratina, c'est l'ouverture vers l'Italie, servie avec des tomates d'antan et une salade bien aromatisée. Une grande première dans le Haut-Doubs, que de pouvoir goûter à ce must des caves à manger parisiennes. Il n'y a pas de raison d'en être privés, surtout que l'Italie n'est finalement pas si éloignée...

     

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    On n'oublie pas si facilement que ça tant d'années passées au service de la Confédération. Le meilleur dessert de là-haut, c'est cette "Éclaffée de meringue" à la double crème, fruitée et fleurie. Tout se mange, pas question de recracher la moindre pétale. Et cette double crème (de la Gruyère?), mmm! Même si ce n'est pas très raisonnable, du moment que ce n'est pas très souvent...!

     

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    Pour ce qui est des vins, la carte, résolument novatrice au départ, a dû subir quelques modifications pour s'adapter à tous les goûts et toutes les bourses. À côté de la sélection initiale, effectuée par Stéphane Planche, des Jardins de Saint-Vincent, quelques bouteilles passe-partout ont réussi à se glisser, pour contenter les amateurs de Bordeaux du dimanche, y compris les cadets. Mais boire une Tranche de Jambon, avec son carré d'agneau ou son épaule de cochon du Larmont, voilà qui réjouit le palais et le cerveau. Un vin qui a d'la gueule!

     

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    S'il est désormais acquis que, sur le Larmont, on y mange bien, l'offre reste variée, censée permettre à tout un chacun d'y trouver son compte. Trop sophistiquée pour une auberge de montagne, la cuisine de Christophe Carel? D'un excellent rapport qualité-prix, surtout, avec ses deux menus à moins de 30€. Sur l'autre versant, aux Granges d'agneau, c'est la gloire des spécialités montagnardes Chez Magloire. Les rœstis y font recette, il y en a donc pour tous les goûts.

     

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    Mais cette montagne pontissalienne a encore bien d'autres choses à raconter. Truffée de forts, construits au XIXème siècle dans le cadre du système défensif Séré de Rivière, elle constitue le dernier rideau défensif jurassien côté français. Plus que le Fort Mahler du Larmont inférieur (en photo ci-dessus), le Fort Catinat, dit du Larmont supérieur, en est un remarquable exemple. N'ayant quasiment jamais véritablement servi, abandonné depuis longtemps par l'Armée française, il sert désormais partiellement à l'affinage de jambons. Tandis que d'autres forts de ce type, à Saint-Antoine ou aux Rousses, se sont reconvertis dans le fromage de Comté. Il n'y a pas de sots métiers...

     

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    La moyenne montagne, c'est surtout, et avant tout, un alpage, indispensable à l'équilibre du milieu, qui serait totalement rongé par la forêt sans cela. La plus célèbre des fermes du Haut-Doubs, c'est celle des Miroirs, mondialement connue dans les milieux cinématographiques sous le nom des Granges brûlées, surtout dans sa version enneigée, lorsqu'elle était habitée à l'époque par Simone Signoret, Alain Delon et Paul Crauchet. Actuellement, elle n'est occupée que l'été par d'anonymes fermiers venus des Verrières de Joux helvétiques, dont la présence est bien plus indispensable que celle des vedettes du cinéma. Et elle arbore ainsi fièrement le drapeau de la Confédération, quelques mois par an.

     

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    Tourné entièrement dans le Doubs, aux Miroirs, à Pontarlier, Besançon et dans le petit village de La Chaux de Gilley, les Granges Brûlées n'en finissent pas de marquer la mémoire des montagnons d'ici.

     

     

    Si l'on continue d'ascensionner la montagne, jusqu'à son sommet, il ne sera pas impossible de rencontrer, par temps humide, quelques escargots à la marque distinctive. Peinturlurés d'un T, qui veut dire Tonton, ils sont la propriété implicite de l'ermite du Larmont, qui marque ainsi son territoire et son garde-manger, là où il vit depuis plus de 40 ans, une grande partie de l'année, à 1300 mètres d'altitude, dans une ancienne cabane d'éclaireurs passablement remaniée. Figure du paysage, au même titre que la moindre des pierres du massif jurassien, Jean-Pierre Vernier écume les champs et les bois, se nourrissant quasi-exclusivement de champignons et d'escargots, qu'il partage volontiers avec ses amis qui viennent lui rendre visite. Ancien sportif accompli, ex-plongeur de haut vol, il s'est reconverti dans le fromage avant de finir sa carrière sur les chantiers en Suisse. Désormais reconverti dans la descente (notamment de Pontarlier-Anis, l'apéritif local succédané d'absinthe), il est paré pour résister aux froids sibériens qui peuvent régner sur les crêtes. Et à 69 ans cette année, il est encore parfaitement conservé, notre Tonton ...

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    Y'a pas, la montagne, quand ça vous gagne, c'est dur de la quitter! Mais c'est tellement beau, depuis là-haut, pourquoi vouloir redescendre..?

     

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    Olif

     

    P.S.: on pourra lire également un joli portrait de Tonton, paru dans la Presse Pontissalienne, feuille de chou locale en cliquant sur la page0011.pdf

  • VDV#47: Défiez votre chef favori!

     

    Vendredisduvin

    "Défiez votre chef favori", c'est le thème de ces 47èmes VDV, sortis d'un brainstorming bruxellois monomaniaque particulièrement intense. Un thème annoncé plusieurs mois à l'avance, pour, théoriquement, permettre de s'organiser. Mais, à la 117ème relecture du billet original de l'Émir du Bas-Rhin (celui qui n'a pas de pétrole, mais du riesling), il semblerait plutôt qu'il ait été question d'expliquer longtemps pour bien faire comprendre au vulgum pecus de quoi il s'agissait exactement. Accord vin(s)-mets (sans parenthèses pour le deuxième item, orthographiquement parlant, mais il peut également y en avoir plusieurs, de mets), défi d'accords, mise en avant d'un restaurateur prêt à jouer le jeu, tous les prétextes sont finalement bons pour descendre quelques quilles dans l'allégresse vendrediste générale.

     

    Inutile de préciser que, une fois le courageux chef local déniché, on s'est empressé de transgresser les règles de ce Vendredi inédit et de les simplifier. Pour le meilleur, forcément. Et ne retenir que l'essence même du sujet: un bon repas autour de bonnes bouteilles entre potes. Sans aucun mauvais esprit, évidemment, ce n'est pas le genre de la maison. Mais, comme l'idée de départ imposait d'avoir au minimum deux bouteilles d'un même vin, une à déguster avec le chef en question, qu'il puisse cogiter, et l'autre à réserver pour le grand soir, impossible de la mettre totalement en pratique sur ce coup-là, pour la simple et bonne raison qu'elles se sont toutes avérées être des exemplaires uniques en cave, ou alors sélectionnées au dernier moment devant la tournure prise par les évènements. Mais n'anticipons pas...

     

    La seule bouteille répondant de façon stricte aux conditions de participation de ces 47èmes VDV, elle fut choisie pour faire un clin d'œil appuyé aux Brusseleirs, nos maîtres à tous en matière de nombres de quilles descendues dans une seule soirée. Cette bouteille, c'était celle-là:

     

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    Nouvelle entorse, il ne s'agit pas à proprement parler de vin, mais de vin de bière, et le chef ne s'appelle pas Léon, une fois.

     

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    On a juste brodé un peu, pour améliorer l'ordinaire bruxellois. Double slash de Cantillon pour tout le monde quand même! Mais n'anticipons pas...

     

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    Rendons tout d'abord hommage à Pierre-Ivan Boos, chef de l'Alchimie à Pontarlier  (Haut-Doubs, fief de l'absinthe bien droite, en partenariat avec celle de Travers, Suisse, bien droite également), qui a beaucoup bossé pour l'organisation de cette soirée. La gueuze Cantillon, dégustée avec lui il y a quelque temps, lui a inspiré le premier dessert de la soirée. Mais n'anticipons pas...

     

    Plus qu'une année avant de m'acheter un Solex et ne pas avoir eu l'impression de rater ma vie, l'occasion était trop belle pour ne pas coupler les deux évènements, d'autant plus que le repas d'anniversaire était prévu un vendredi, devenu celui du vin par la force des choses, avec une semaine d'avance sur la date officielle pour remettre son compte-rendu des VDV.

     

    La soirée débuta avec le plus simple accord vins-mets qui puisse exister. Mais pas le plus mauvais. Champagne RD 90 de Bollinger, servi avec ... rien! Juste pour lui-même, à l'apéritif. Tout au plus quelques gressins pour le croquant. RD, pour Récemment Dégorgé, ce qui, dans le cas présent ne signifiait plus grand chose, car la bouteille trainait en cave depuis des années en attendant ce jour-là. Dégorgement en 003, très précisément. Permis de boire! Un ange passe. La bulle pétille aux oreilles, titille les naseaux et égaye les papilles. Seul le bruit occasionné par le grignotement des gressins vient troubler l'harmonie. La bouche est caressante, presque veloutée, mais il y a de la jeunesse et de une fraîcheur virevoltante dans ce vin.

     

    Galopin de Gueuze Cantillon à l'eau de gaspacho et pan con jamon façon mique, huile d'olive noire de Corse, avec rien non plus. La mise en bouche était un accord vins-mets à elle toute seule, puisqu'il y avait à boire et à manger dans l'assiette. La Gueuze aromatisée à l'eau de gaspacho est une vraie trouvaille qui ne dénature en rien aucun des deux produits. On a réellement l'impression de boire une bière en mangeant du gaspacho. Impressionnant et rafraichissant!

     

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    Pour affronter les entrées, deux vins de sauvignon, à l'opposé l'un de l'autre, deux expressions complètement différentes, deux minéralités aux antipodes. Silex versus Quartz, Pouilly-Fumé versus Sologne, Dagueneau versus Courtois. Nullement prémédité, puisque la deuxième bouteille a été choisie sur place, pour pallier à une insuffisance de quantité de vin blanc, je sais, c'est impardonnable, mais je n'ai pas honte,  il n'y a même rien à regretter.

     

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    Ris de veau et bulots rôtis au Garam masala,fines tranches d'asperges crues à l'huile de chanvre et Pouilly-Fumé Silex 2002, Didier Dagueneau. Un sauvignon d'école, agrumes intensément, buis et bourgeon de cassis, nourri par son élevage. Vin élégant, remarquable, parfaitement à point dans un style très classique. L'accord fonctionne plutôt bien avec le plat. Le bulot était ferme, limite caoutchouc, le ris de veau moelleux et goûteux, le Garam masalait bien, le Silex apportait une dot non négligeable en vue du mariage, grâce à une pointe de gras intéressante et bienvenue.

     

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    Filet de maquereau rôti laqué, queue de langoustine marinée cuite en tempura, aubergines à la japonaise et Quartz 2009, Les Caillous du Paradis, Claude Courtois. La minéralité du quartz n'a rien à voir avec celle du silex. Presque une épure minérale, comme une arête sur le gras du maquereau, rôti à la perfection. La peau, laquée, s'avale en un morceau, sans se recracher, et glisse toute seule le long du gosier, venant cicatriser la délicieuse incisure œsophagienne occasionnée par le Quartz.

     

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    Après cette trilogie de blancs, place aux rouges, prometteurs sur le papier, limite grosses quilles de sortie, même. Si à 49 ans, tu n'as jamais goûtés à de tels vins, c'est que tu n'as jamais été du bon côté du manche...

     

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    Coffre de pigeon rôti, déglacé à la Kriek Cantillon à la framboise, la cuisse confite, poêlée de pommes de terre de Noirmoutier et cèpes du coin et Château Rayas 1998. Travailler la Cantillon en cuisine n'est pas une sinécure. La réduction poussée du jus a fait ressortir l'amertume, qui s'est pourtant parfaitement mêlée aux saveurs du jus de pigeon. Rayas, avec son soyeux si reconnaissable et ses délicates notes kirschées, assura à la perfection. Les premiers cèpes locaux, c'était un peu comme la cerise sur la Kriek, sauf que là, c'était de la framboise.

     

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    Après ce pigeon papal et cet accord royal, on aurait pu buller et se la couler souce. Que nenni! L'accord avec le plateau de fromages affinés sera ducal ou ne sera pas. Une belle entorse à la tendance actuelle, qui ne voudrait associer que du blanc aux produits laitiers, ton sur ton, mais ça se discute.

     

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    Avec le Richebourg 2002 d'Anne Gros, aucun fromage ne fait la fine bouche. De la cancoillotte au Gaperon, en passant par le fromage de Chèvre, même persillé, rien ne résiste à la force tranquille de ce pinot noir d'anthologie, qui déroule progressivement toute sa puissance et sa classe. Un grand vin, déjà largement buvable (une série de Côtes de Nuits 2002 d'anthologie nous l'avait démontré récemment, ce qui a motivé le choix de cette bouteille), qui n'entame que l'aube de sa très longue vie probable.

     

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     Et c'est déjà l'heure du dessert! Celle du véritable défi vendrediste. Roulements de tambour... Rrrrrrrrrrrr!

     

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    Gelée de Gueuze Cantillon, pulpe de pruneau au Jerez, sorbet d'eau de rhubarbe, zeste de citron confit et feuille de coriandre avec Cantillon Grand Cru Bruocsella, Lambic bio 2008. Des arômes de la Gueuze Cantillon, le chef a retenu les notes acidulées de cédrat confit qui l'ont conduit à tenter un accord sur un dessert citronné. La meringue sans ficelle ne se met pas derrière l'oreille et vient apporter une touche de douceur ouatée. Véritable patchwork de textures et d'arômes, l'accord fonctionne parfaitement. La Bruocsella est totalement dessoiffante et le dessert d'une légèreté absolue. Cantillonesque!

     

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     Et enfin, comme une fulgurance, un ultime dessert, destiné à tenir compagnie à un joker dégainé en dernière minute. Si à 49 ans, tu n'as jamais trempé tes lèvres dans un Porto du même âge que toi, c'est que tu n'aimes pas ça.

     

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    Coque de chocolat, framboises éclatées au sucre et yuzu, croustillant de praliné, mousse et sorbet de chocolat amer et Porto Morgan's 1963. De cette année météorologiquement pourrie que fut 1963, il semblerait qu'il n'y ait guère que les vins de Porto qui aient tiré leur épingle du jeu. Il faut bien reconnaitre que, malgré le relatif dépouillement de la robe, le vin reste aussi fringant qu'un "pas encore quinquagénaire". L'accord avec le chocolat amer est assez évident, mais le vin se suffirait presque à lui-même. Pour un instant d'éternité, qui nous éloigne temporairement, de manière imperceptible, de l'âge fatidique du demi-siècle...

     

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    Olif

     

    P.S.: après les accords vins-mets, les accords vins-livres et une nouvelle rubrique proposée par Thierry Guichard sur Le Matricule des Anges, "Et avec ça?". Quand littérature rime avec viticulture, ce qui est bien plus fréquent qu'on ne pourrait le croire... Le premier volet de cette rubrique paru au mois de juin propose un joli portrait de Luc-Marie Michel du domaine Zélige-Caravent, en Pic Saint-Loup. De quoi donner envie de boire .. et lire!

     

     

     

     

  • Les sangliers sont lâchés...

    ... je répète: les sangliers sont lâchés.

    Quand ils ne viennent pas marauder comme des sagouins dans les vignes de Lisson ou d'ailleurs, les sangliers prélèvent artisanalement de petites lanières d'épicéa, sur des arbres fraichement abattus, afin d'entourer affectueusement un fromage de qualité, revendiquant l'AOP. Le Mont d'Or, pour ne pas le nommer, fromage fabriqué dans le Haut-Doubs, au delà de 700 mètres d'altitude, à partir de lait issu de vaches montbéliardes nourries exclusivement à l'herbe ou au foin, du 15 août au 15 mars, vient tout juste de faire sa Coulée, à l'occasion de la Haute-Foire de Pontarlier. L'évènement est désormais fixé le 10 septembre de chaque année, date à partir de laquelle le fromage est officiellement commercialisé sur les étals des grandes surfaces du monde entier. Il faut néanmoins attendre quelques jours de plus pour le trouver au Carrefour ou au Leclerc de New-York, Naples et Hong-Kong.

     

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    À moins de séjourner 1/2 heure sous le gril du four, les premiers Mont d'Or ne coulent pourtant pas beaucoup. L'amateur de sensations gustatives un peu plus fortes le préfèrera cru, plus affiné et patientera volontiers encore quelques semaines avant de s'en faire une bonne tartine. Ce qui donne à ce fromage onctueux son petit goût inimitable, c'est donc cette petite sangle d'épicéa qui entoure la pâte. Le plus souvent, maintenant, les sangles proviennent à bas prix des pays de l'Est, notamment de Pologne. Un véritable marché parallèle, cautionné par un puissant "lobby fromager", se serait mis en place, avec pour seul objectif la réduction des coûts de production. Les sangliers d'ici, ainsi que leurs homologues féminins (que l'on évitera d'appeler des laies, ce qui serait mal venu, mais plutôt des sanglières), peinent alors à exister et faire entendre leur voix. Ils ne sont désormais plus qu'une dizaine, regroupés au sein d'une association "Sangles du Haut-Doubs". Pour protéger leur savoir-faire, leur spécificité, ainsi que l'origine des sangles utilisées lors de la confection du Mont d'Or, ils ont mis en ligne une pétition, par l'intermédiaire de leur présidente Agnès Ambert, sur le site mesopinions.com. Il s'agit d'un combat pour leur survie, même si les épicéas polonais développent des arômes à peu près similaires à ceux de leurs homologues franc-comtois. Ces sangliers-là ne méritent pas de finir en daube ou en ragoût. Pour quelle raison l'AOP s'arrêterait à la production du lait et pas à ce qui fait aussi la spécificité locale du fromage? C'est une bonne question, qui mérite d'être posée.

     

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    Olif 

     

  • Le savagnin est son Credoz...

     

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    Pontarlier? Une ville à la montagne, une ville à la campagne. Supercomice oblige, les plus belles vaches laitières montbéliardes de tout le département se sont données rendez-vous dans la capitale du Haut-Doubs pour parfumer le bitume. La plus grosse bouse n'est pourtant pas venue d'où l'on pensait. L'électoralisme déverse des effluves parfois bien pis.

     


    Si j'ai manqué la plus grosse vache du comice, je n'ai pas manqué d'aller me réapprovisionner en fromages à la Crèmerie Marcel Petite, l'ancien Trou de souris pontissalien, désormais tenu à la perfection par Sandra et Marie-Christine, un souriant duo de choc qui monte gentiment en puissance et propose la meilleure sélection de fromages de divers horizons que l'on puisse trouver dans le Haut-Doubs.

     

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    Avec en option une sélection de jolis vins du Jura et d'ailleurs. Ganevat, La Tournelle, Clos des Grives et Jean-Claude Crédoz. Justement, le vigneron est là pour faire découvrir ses vins, une opportunité pour qui ne les connait pas, moi le premier. Personne n'est parfait.

     

     

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    Jean-Claude a repris seul une partie des vignes de son frère Daniel, qui a cessé son activité en 2006. L'autre partie a été reprise par Stéphane Tissot, en même temps que le solde des stocks de vins du domaine qui sont désormais commercialisés sous l'étiquette des Caves de la Reine Jeanne.

     

     

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    5 cuvées au programme, à commencer par une cuvée de chardonnay 2007 légèrement marqué oxydatif, très fin et agréablement fruité. Des vignes de chardonnay sur une parcelle en appellation Château Chalon, qui ne peuvent donc revendiquer leur statut. La cuvée Sélection 2007 est un assemblage de chardonnay et savagnin dans des proportions 85-15, un grand classique jurassien. Bien marqué par sa typicité d'élevage, c'est un joli vin qui ne manque pas de profondeur. Le Savagnin 2006, c'est du nanan pour les amateurs de vins "typés" Jura, ceux qui se complaisent à croire que le cépage sent la noix. Quand on goûte au Château Chalon 2003, on se dit qu'il est dommage que le précédent ne soit pas allé au bout de son processus de vieillissement sous voile. Une grande finesse dans les arômes, majoritairement malt et épices, que Jean-Claude impute à de bonnes levures indigènes que l'on a opportunément laissé travailler. Le vin de Paille 2006, 1/3 poulsard, 1/3 savagnin, 1/3 chardonnay, bien équilibré, se laisse boire délicieusement. Le Macvin est une petite merveille d'équilibre, parfaitement dosée côté marc.

    5 cuvées et autant de jolies bouteilles, voilà un domaine qui mérite de l'attention. Il faudra aller vérifier tout cela sur place à la première occasion. Dès que j'aurai recoiffé ma queue de cheval comtois, en fait!

     

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    Olif