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  • Olifix chez les Bretons

    Date: le 15/07/2004 à 08:38

    « Sea, cidre et chouchen »

    En 2004 pendant JCF, toute la Gaule produit du vin. Toute ? Non, une région résiste encore et toujours au lobby viticole, lui préférant la saveur du cidre et du chouchen.
    Balayée par les embruns, la Fin des Terres n'est pourtant pas une lande aride. On y trouve à profusion du chou-fleur, de l'artichaut, de l'échalote et de la pomme de terre. Sans parler des produits de la mer qui ne sont jamais meilleurs que consommés sur place, au naturel. Ordralfabétix, c'est du passé, le poisson breton n'arrive plus de Lutèce par char à boeufs ! On le pêche sur place !
    Mais du vin, que nenni ! C'est finalement pour le passionné.com l'endroit idéal pour s'exiler et faire un break. Dépaysement, beauté des paysages, excellence des produits frais et surtout, aucun vignoble à  visiter !

    Des vacances, des vraies, loin de la passion, loin du vin, loin de la Passion du Vin !
    Enfin, pas tout à  fait ! A t'on vraiment envie de se passer de la passion, d'ailleurs ? Bien sûr que non !
    D'abord, les Bretons aiment le vin et, s'ils n'en produisent pas, ils en commercialisent beaucoup, notamment pour la clientèle anglaise qui débarque par vagues du ferry de Roscoff. Pour preuve, les Wine Center, Wine Seller et autres Wine and Beer qui fleurissent dans un large périmètre autour de la petite cité corsaire. Pourtant, je ne sais pas pourquoi, mais je ne me suis pas senti concerné !
    Ensuite, dur dur d'accompagner huîtres, poissons et crustacés d'un verre de Chouchen !

    Alors, juste comme ça, quelques notes de dégustation vite fait sur les vins dégustés lors du séjour, et qui avaient fait le voyage depuis le Jura pour la plupart. Et aussi une petite sélection d'adresses, diverses et variées, pour ceux qui comme moi succomberaient aux charmes du Léon, pas Zitrone ni Barral, mais du pays léonard qui s'étend grosso modo de Locquénolé à Plouescat sur la côte du Finistère Nord, jusqu'à Landivisiau dans les terres. Tout ça servi en vrac, s'il vous plaît !

    Bergerac sec, Les Verdots 2000, David Fourtout
    Nez très agrumes, fruits exotiques. En bouche, malgré une belle acidité, une matière très grasse s'impose. Un vin riche et opulent, au boisé superlatif qui devrait néanmoins se fondre car après une longue aération, il s'équilibre sur son côté acidulé qui le rend bigrement séducteur.

    Dunes de Keremma
    Bordant la baie lagunaire de Goulven, un ensemble unique et sauvage de 8 kilomètres de long, une véritable réserve ornithologique, qu'il fait bon arpenter à marée basse pour se rendre sur les récifs éparpillés tout le long de cette côte du Pays Pagan, en faisant bien attention à l'heure de remontée des eaux.

    VDP, Porte de Méditerranée, Solstice rosé 2003, Domaine Viret
    Rosé de saignée de la même cuvée en rouge, d'où une robe assez soutenue, groseille bien mûre. Nez de caramel au lait et vinosité marquée. Curieux comme il me rappelle les rosés du Valais bus courant juin alors qu'il n'a pourtant pas grand chose à voir, à commencer par les cépages.

    Mas de Daumas Gassac blanc 2001
    Un vin blanc gourmand sur des fruits blancs à  croquer, pêche blanche notamment. Idéal pour les poissons d'été.

    Anjou blanc 2001, Château de Suronde
    Même s'il faut encore l'attendre, d'après Francis Poirel, je n'ai pas pu résister ! Un nez puissant, intense et profond, complexe et parfumé, incitant à la méditation. Je ne trouve pas les nuances précises pour le caractériser mais il est très typique d'un vin peu soufré (cire, encaustique, miel ?), sans trace aucune d'oxydation. La bouche impressionne par sa chair et sa longueur. Magnifique ! Aurait mérité un homard mais n'a eu droit qu'à une (excellente) barbue cuite au four.

    Hermitage blanc 1998, Guigal
    A maturité probablement, un beau vin profond qui joue curieusement dans le même registre organoleptique que l'Anjou de Suronde. Plus gras, peut-être, un peu plus de matière, mais si peu ! Une longueur extraordinaire qui permet d'accéder sans aucun problème dans la 4ème dimension. Aurait également mérité un homard, mais ce n'était pas encore le jour !

    Plage des Blancs Sablons
    Changement de sujet, petite excursion le long des côtes du Finistère pour terminer sur cette magnifique plage, juste au nord du Conquet, 2 kilomètres de sable blanc entre 2 pointes rocheuses, un endroit où il fait bon s'allonger en attendant les vagues.

    Graves blanc 2000, Château de Chantegrive, Cuvée Caroline
    Marqué sauvignon, sur les agrumes mûrs et le bourgeon de cassis, il lui manque un petit quelque chose pour faire partie des meilleurs, probablement du fait d'un petit déséquilibre acide.

    Côtes du Ventoux rosé 2003, Domaine de Fondrèche
    Une belle robe saumon, assez soutenue. En bouche, un petit côté légèrement piquant (du gaz ?) lui donne de la vivacité et du tonus. Bien équilibré, presque aérien malgré une vinosité marquée.

    Les Vignes de Merlin, à  Saint-Pol de Léon
    La cave à ne pas manquer, sur la place de la cathédrale de Saint-Pol de Léon. Un vrai caviste, arborant fièrement moustaches et tablier à l'effigie des Coteaux du Languedoc. Des références (domaine Leflaive, Jaboulet, Vieux Télégraphe,...) y côtoient des jolies découvertes (Terres Salées de Ch. Barbier, domaine de Puydeval,...). Et puis un collector, un vin qu'on ne trouve qu'ici, un petit bonheur de vin de copain, au nom qui incite à le boire, le Pif à Pinpin. Une cuvée réservée de vin de pays d'Oc, sélectionnée pour les Vignes de Merlin par le domaine de Creyssels, situé à Mèze, au bord de l'étang de Thau. Une production d'environ 5000 bouteilles que tout le monde s'arrache à Saint-Pol. Existe aussi en version familiale !
    Pinpin, c'est évidemment le caviste, et je sens qu'il ne va pas tarder à  amener son grain de sel sur LPV.

    La Galettière, à  Saint-Pol de Léon
    Une toute petite adresse, avec une toute petite carte, mais pour la gentillesse de l'accueil en cette journée torrentielle, parce que nous avons été les premiers clients « officiels » et aussi parce que l'on peut accompagner les aumônières de crêpe de Pif à Pinpin servi au verre.

    Océanopolis, à  Brest
    Le lieu incontournable à visiter les jours de grande pluie. Mais alors, que de monde ! Une mine de choses à apprendre, sur la mer en général, mais un peu scolaire, quand ce n'est pas le parc d'attractions qui prend le dessus. Mention particulière tout de même aux manchots, dans l'aquarium de la zone polaire, de sacrés cabotins ceux-là !

    Le Pif à  Pinpin 2003, Vin de Pays d'Oc
    Une gorgée de fruits croquants et croustillants, un vin rouge sincère et craquant, qui fait claper la langue et donne envie de s'en resservir une lampée. La seule entorse de la semaine au régime poisson et coquillages, blanc et rosé !

    Muscadet de Sèvre et Maine sur Lies 2002, Henry de Brières
    Une marque assez diffusée en GD, il me semble, le vin idéal pour accompagner quelques huîtres de Prat-Ar-Coum.

    Les Viviers de Prat-Ar-Coum, à  Carantec
    Tenus par Alain Madec, le frère d'Yvon. Parce que c'est le paradis pour l'amateur d'huîtres qui ne sait laquelle choisir et quelle grosseur, parce qu'elles ne quittent leur bac d'eau salée que pour terminer dans l'assiette. Plus frais, ça n'existe pas !

    Captain Crêpes, à  L'Aber Wrac'h
    Parce qu'il fallait bien emmener les enfants dans une crêperie, mais aussi pour les grandes baies vitrées s'ouvrant sur l'aber, somptueux paysage dans le soleil couchant, et pour le Parmentier de Saint-Jacques aux saveurs de Guéméné, accompagné d'un joli Chardonnay d'Oc de Robert Skalli.

    Chardonnay d'Oc 2003, Robert Skalli
    Un très agréable vin blanc, beurrant légèrement, comme un P'tit Lu, avec beaucoup de fraîcheur.

    Clos de L'Hermite blanc 2001, Vin de Table
    Belle bouteille à l'attaque vive, tonique, dont le corps se développe crescendo, gagne en volume pour acquérir un peu de gras en finale. Un vin avec de la chair, qui se densifie avec l'âge. C'est l'Hermite qui a eu droit au homard au naturel, mais il le valait bien !

    Domaine Mourgues de Grès rosé 2003, Les Capitelles
    « Travaillé » 3 mois en fût, comme un blanc, ce rosé allie richesse de constitution et fraîcheur malgré tout. Son côté légèrement gras en fait un vrai vin pour la table.

    Domaine Mourgues de Grès 2003, Les Galets rosés
    De couleur plus soutenue que son grand frère, presque groseille, il est frais, fruité et gouleyant.

    Cabernet d'Anjou 2003, V. Ogereau
    Dégusté aux Vignes de Merlin et sachant garder de la fraîcheur malgré le moelleux caractéristique des cabernets d'Anjou et leur légère sucrosité. En 2003, une cuvée passerillée sur pieds a pu voir le jour du fait des conditions climatiques particulières. La dernière de ce style remontait à 1996.

    Vin de Pays des Côtes de Pérignan 2002, Les Terres salées, Christophe Barbier
    Un vignoble situé à Fleury d'Aude, planté sur des anciens marais salants, ce qui apporte des notes iodées, salines et marines au bourboulenc. L'attaque est vive, la matière consistante, avec à peine de gras. Longue finale saline, très belle. Une découverte signée Pinpin, tout comme le suivant !

    Vin de Pays de l'Aude, Domaine de Puydeval 2002, Morillon blanc
    Un chardonnay sudiste très parfumé, sur les agrumes légèrement acidulés, à l'élevage bien maîtrisé. Equilibre subtil entre gras et acidité, sur le fil, évitant la lourdeur, qu'une aération prolongée voit néanmoins resurgir le lendemain midi.

    Restaurant Le Cabestan, Carantec
    On approche de la fin de l'histoire, il fallait donc un banquet final ! Ce fut au Cabestan, une bonne adresse, qui jouxte la Cambuse, la version bistrot et bar à huîtres, mêmes locaux, même cuisinier. Le service était quand même un peu longuet ce soir-là ! La carte des vins est un peu restreinte en blanc, hormis la Loire, avec une Coulée de Serrant 1995, à 120 euros sur table.

    Côtes de Provence 2000, Blanc de Côtes, Clos Mireille, Domaines Ott
    Un beau blanc de Provence, élégant et raffiné, fruité mais pas trop, idéal pour accompagner le poisson que l'on sert au Cabestan.

    Voilà , c'est tout, ce n'est déjà pas si mal ! Je n'ai pas goûté de Chouchen, comme je m'y étais (presque) engagé, mais j'en ai rapporté une bouteille, Chouchen d'Armor, qui vient des Vignes de Merlin, et que Pinpin m'a certifié être le meilleur de tous. Peut-être que je compléterai ce compte-rendu un jour si j'en ai le courage !

    Kénavo!

    Olif


     

  • Irouléguy, le vin qui colle aux basques

    Date: le 14/07/2003 à 11:43

    Irouléguy, le vin qui colle aux basques

    Petite chronique d'un séjour dans le pays de Saint-Jean de Luz, entre mer, montagne, vin et gastronomie locale.
    C'est les vacances ! Prendre son temps, prendre LE temps !

    Prendre le temps de surfer sur la vraie vague, pas seulement sur un PC ni même sur la vague du succès comme LPV !
    Prendre le temps de randonner sur les sommets des Pyrénées, les premiers du côté Ouest, ceux dont les pieds baignent dans l'Atlantique et qui s'apparentent plus à de la montagne à vaches, comme le Jura cher à mon coeur !
    Prendre le temps de découvrir un vignoble méconnu et ses vins ancrés dans une longue tradition séculaire ! Gloire soit rendue une fois de plus à des moines, ceux de l'abbaye d'Orréaga (Roncevaux) qui ont trouvé comment, au XIIème siècle, tirer parti des ressources du sol pour rendre leurs repas et leurs messes plus agréables.
    Prendre le temps d'apprécier une gastronomie riche et goûteuse, orientée vers la mer mais pas seulement ! Ah ! l'axoa, la piperade et le gâteau basque !
    Enfin, prendre le temps d'aller à la rencontre d'un peuple fier de ses racines, à la forte identité, communicatif, chaleureux et sympathique, surtout lorsqu'il laisse ses bombes aux vestiaires ! La tendance actuelle est de tagger jusqu'à les rendre illisibles les noms français des villes basques sur les panneaux de signalisation. Charmant !

    Concernant les activités physiques, outre celles déjà citées, les plus courageux pourront s'adonner au sport favori de nos amis alsaciens, à qui je demande, ainsi qu'aux autres de bien vouloir me pardonner : Pelote, re-Pelote et Tix te Ter !

    Sinon, s'il reste encore du temps, et même s'il n'en reste pas, se consacrer à sa progéniture, se mettre à sa hauteur et participer à ses jeux, comme cette bataille de boules de sable qui nous a fait passer pour des simplets sur la plage d'Anglet ou encore cette bataille de petites crottes de moutons séchées qui nous a fait passer pour des demeurés au sommet de la Rhune. Le bonheur de redevenir enfant !

    Sanpere : Saint-Pée sur Nivelle, terminus ! Au bord du lac éponyme et quasiment au pied de la Rhune.
    La Rhune ! Parmi les sommets importants dans une vie de randonneur, la Rhune compte pas pour des prunes ! 4204 m, ce n'est pas rien ! Même si cela ne représente que la distance parcourue par le petit train à crémaillère depuis le col Saint-Ignace jusqu'au sommet. Les plus courageux, eux, montent à pied. Le panorama *** sur la côte Atlantique, ça se mérite ! Et pour redescendre, ce n'est pas difficile, il n'y a qu'à se laisser rouler, comme faisait mon copain Guy !
    Justement, en parlant d'Irouléguy, petit flash back sur la deuxième étape du voyage, Saint-Jean Pied de Port.

    Donibane Garazi : petite ville du vignoble, encaissée dans la vallée de la Nive, au nom basque qui sonne plutôt bien. Les coteaux sont ici extrêmement pentus et la vigne y est plantée en terrasse. Le paysage est de toute beauté, incitant à la marche et à la randonnée. Les rues escarpées de la vieille ville regorgent de boutiques et l'on peut y dénicher, entre autres, l'enseigne des Vignerons du Pays Basque ainsi que l'échoppe du domaine Brana, qui a pignon sur petite rue et qui commercialise, outre les vins et liqueurs de la propriété, une jolie sélection de vins du Sud-Ouest, Jurançon, Cahors et Madiran en tête.
    Les autres domaines remarquables (Arretxea, Ilarria, Etxegarraya) sont beaucoup plus difficiles à trouver du fait d'une production beaucoup plus confidentielle.Il faudrait pour cela se rendre au domaine, ce que je n'ai malheureusement guère le temps de faire. La meilleure solution, gagner la ville la plus fameuse de la Côte.

    Biarritz : la célèbre cité balnéaire de la Côte Basque est fidèle à son image chic et branchée mais est plutôt extraordinairement calme en ce début juillet. Un bonheur que de flâner dans les rues sans se sentir agressé par la foule ! Au détour d'une petite rue, en face des Halles, je tombe sur la caverne d'Ali Baba : le Cellier des Halles, grand comme un mouchoir de poche et qui recèle d'innombrables trésors. Toutes les références en Irouléguy y sont, le but de ma visite, mais j'ai également failli repartir avec du Rhône (Réméjeanne, Richaud,etc.), du Bergerac (Tour des Gendres, Verdots), du Languedoc (Roc des Anges, Aurel,etc.), du Cims de Porrera et même du Côtes du Jura de Berthet-Bondet! Accueil de tout premier ordre par des passionnés qui animent également un site Internet à la gloire du vin local.

    [www.vinsdici.com]

    Une visite s'impose, tant sur le site qu'à  la cave.

    Irulegi, le grand nom d'un petit vignoble : 200 ha de vignes dont 148 pour la coopérative des Vignerons du Pays Basque à Saint-Etienne de Baïgorry, le reste se partageant entre 6 autres domaines. Ma mission a consisté à rassembler, non pas l'intégrale des vins produits dans la région mais un échantillonnage que j'ai souhaité le plus représentatif possible, afin de me faire une petite idée de l'expression de ce vignoble. Les comptes-rendus sont livrés dans l'ordre de la dégustation qui s'est effectuée sur une semaine, au gré de mes humeurs et du menu du jour.

    - Herri Mina 98, Jean-Claude Berrouet : il s'agit d'un vin blanc vinifié au domaine Brana par Jean-Claude Berrouet, oenologue de Pétrus, s'il vous plaît, et originaire de la région où il possède un petit carré de vignes. Pour l'instant, ce vin n'existe qu'en blanc mais une cuvée de rouge ne devrait pas tarder à voir le jour.
    Gros manseng, petit manseng et courbu, un air de ressemblance avec le Jurançon tout proche. Sur la pomme reinette au nez, ce vin possède une grande droiture minérale sur une grosse structure acide, avec une pointe de gras en milieu de bouche et une finale qui revient sur l'acidité. Très proche d'un beau Jurançon sec.

    - Domaine Brana 2001 : le blanc du domaine, qui représente en fait le premier vin, la cuvée Ilori étant l'entrée de gamme. La robe est or pâle, le nez légèrement acidulé, aux senteurs discrètes de pomme. En bouche, là encore, on est sur une grande base acide, qui confine un peu à la dureté et à l'austérité, apte à entraîner une striction des mâchoires chez les personnes sensibles. On sent ce vin très jeune, comparé au précédent et, de fait, il nécessite à mon avis un vieillissement de quelques années pour s'exprimer de façon plus harmonieuse. Ce côté très minéral m'évoque bien sûr le Jurançon mais aussi certaines cuvées de chenin de Loire par l'acidité marquée, très mordante.

    - Domaine Brana, cuvée Ilori 2001 : ces Jonquilles offrent une robe très pâle. Ici encore, l'acidité est marquée mais son côté très fruité en fait un vin déjà très expressif, moins minéral que le précédent, que l'on peut boire allègrement.

    - Xuri d'Ansa 2002, les Vignerons du Pays Basque : 40% petit manseng et 60% gros manseng. Nez sur les agrumes, fin et distingué. Un boisé délicat vient nourrir le vin et étoffer sa matière, sans être envahissant, lui donnant un côté séducteur immédiat, assagissant son acidité et le rendant plus accessible à mon palais. Très beau!

    - Omenaldi 99, les Vignerons du Pays Basque : 60% tannat, 30% cabernet franc et 10 % cabernet sauvignon. Cuvée haut de gamme élevée en fût de chêne. Une robe sombre, de légères notes boisées au nez, le vin se la joue ensuite fruit et épices. Les tanins sont un peu sévères et amers (le tannat ?) mais on note là une grande originalité.

    - Les terrasses de l'Arradoy 2000, les Vignerons du Pays Basque : sélection d'une parcelle plantée sur les coteaux de l'Arradoy. 20% CF, 30% CS, 50% T. Le nez est sur le poivron, l'attaque est plutôt souple et la finale un peu courte et acide. Un vin assez simple.

    - Domaine Ilarria, cuvée Bixintzo 2000 : la robe est noire, opaque. S'ouvrant sur un nez de fruits mûrs et d'épices, il développe déjà une certaine rondeur et les tanins sont bien polissés. Belle longueur et très joli vin.

    - Harri Gorri 2001, domaine Brana : cela signifie Pierre Rouge en Basque. Une entrée de gamme d'un rouge soutenu, sur le poivron pas trop vert (majorité tannat assemblé avec du cabernet franc). De bonne constitution, c'est un vin simple et franc, idéal pour accompagner quelques grillades l'été.

    - Domaine Arretxea, cuvée Haitza 2000 : une robe noire comme de l'encre ! Nez joliment fruité et épicé avec une note torréfiée légèrement brûlée. Les tanins sont très légèrement amers mais enrobent bien le palais, de façon homogène, dense et charnue. Très belle bouteille qui mériterait encore un ou deux ans de cave pour s'affiner.

    - Château de Mignaberry 2000, les Vignerons du Pays Basque : robe rouge grenat intense et nez superbe alliant fruits rouges, épices et boisé torréfié encore un peu marqué mais de toute beauté. En bouche, les tanins sont un peu sévères et poussiéreux. La finale, que l'on aurait souhaitée plus longue, présente de la mâche et une légère astringence. Tannat majoritaire (65%), complété par du cabernet franc (20%) et sauvignon (15%), il faut l'attendre encore un peu pour qu'il intègre mieux son bois mais cela devrait donner une belle bouteille d'ici 2 à 3 ans.

    - Domaine Ametzia 2001 : ça bouge en Irouléguy ! Ce nouveau domaine signe avec ce 2001 son premier millésime. Et transforme l'essai d'emblée ! Robe noire et dense, nez tout en délicatesse, sur les fruits noirs et un léger poivron bien mûr. Bouche ronde, charnue et suave, avec de jolis tanins bien enrobés, déjà fondus, avec une pointe d'amertume très agréable. Longue finale rémanente. Splendide ! Jean-Louis Costera, un nom auquel il va falloir s'habituer.

    - Harri Gorri rosé 2001, domaine Brana : la pierre rouge rosée ! Robe rosée soutenue tirant un peu sur la brique. Nez discret, légèrement fruité, bouche gouleyante quand il est servi bien frais, la finale est néanmoins légèrement asséchante. Le tannat ne me semble pas le cépage idéal pour l'élaboration de rosés friands et élégants. Pour grosses chaleurs !

    - Txapa, domaine Brana : ce n'est pas du vin mais presque ! Apéritif élaboré par Jean Brana à la demande de la restauration, pour satisfaire la demande couleur locale d'une clientèle touristique avide de folklore, cette Txapa est constituée par l'assemblage de vins sélectionnés et de liqueurs de fruits. La robe est plutôt claire, rosé tuilé soutenu, le nez sur la griotte et la cerise à l'eau de vie (16,5°). Plutôt sympa, le cadeau idéal à rapporter à Belle-Maman !

    L'impression globale qui se dégage de cette dégustation, c'est que l'on produit de très belles choses en Irouléguy, pour qui aime la rusticité tannique du tannat. Les cuvées haut de gamme ne manque pas d'élégance lorsqu'elles sont arrondies par juste ce qu'il faut de cabernet. Les cuvées plus simples voient leur proportion de cabernet franc augmenter, leur apportant de la rondeur et un côté accessible immédiat au prix d'une exacerbation des notes variétales de poivron. Les blancs sont très intéressants, les rosés à mon avis beaucoup moins. Coup de coeur en blanc pour Xuri d'Ansa 2002 et en rouge pour le tout nouveau domaine Ametzia. Merci aux cavistes du Cellier des halles pour leurs conseils avisés.

    Ahetze : petit village perdu entre Saint-Jean de Luz et Guétary. Vous y trouverez, en pleine campagne, un endroit magique, la ferme d'Ostalapia, au charme fou, où vous pourrez manger des choses simples et bonnes en terrasse avec vue sur le massif de la Rhune. Un petit carré de vignes a même été planté dans le jardin, ajoutant à l'originalité de l'endroit. Il est prudent de réserver. 5 chambres vous attendent si vous souhaitez y faire étape.

    [www.ostalapia.com]

    Enfin, pour clore ce petit panorama sur le Pays Basque, en marge du vin mais pas forcément inutile, tour d'horizon de quelques plages :

    - Bidart, plage d'entrée de ville, en bordure de la RN 110 : couche épaisse de sable sec en attaque suivie de sable fin parsemé d'innombrables cailloux plus ou moins bien polis, agressant le pied. Ménage fait à la va-vite avec entassement d'une partie des déchets sur le parking. Quelques boulettes du Prestige traînent encore par-ci, par-là ! (sad smiley)

    - Anglet, plage dite des Cavaliers : sable un peu grossier en attaque qui devient plus fin au fur et à mesure qu'on approche de l'océan. Propre et bien entretenue, parking ombragé gratuit. (smiling smiley)

    - Hendaye, plage de ville : sable très fin, pur et homogène dès l'attaque. Cadre magnifique, un peu gâché par d'hideuses constructions modernes mais il subsiste ça et là de jolies maisons basques. Parking payant sur le front de mer. Attention, à marée haute, la plage est réduite à la portion congrue.

    Ah! le Pays Basque!

    Olif

    P.S.1: manquent à cette dégustation les notes sur le domaine Abotia, Etxegarraya et sur la toute nouvelle cuvée 100% cabernet franc du domaine Brana, Axeria. Ben oui! j'ai pas eu le temps de tout goûter! Quelques comptes-rendus complémentaires à suivre, donc!

    P.S.2: veuillez excuser les quelques jeux de mots, calembours ou à -peu-près qui émaillent ce texte, je n'ai pas pu m'en empêcher! Je n'ai pas mis de smileys, donc vous n'êtes pas obligés de rigoler!smiling smileysmiling smiley

  • Balade au bout du Médoc

    Date: le 18/09/2003 à 18:36

    Petit clin d'oeil aux amateurs de Bandes Dessinées (le nouvel opus de cette fantastique série fantastique sera prochainement dans les bacs), cette excursion dans le Médoc n'était pourtant pas une « Balade au bout du monde ». Si l'on excepte la rime (riche !), le Médoc n'a rien du royaume de Galthédoc, les châteaux ici n'étant pas moyenâgeux. Nous ne sommes pas pour autant chez Mickey, car, même si la juxtaposition de certains styles laisse songeur, point de vieux roi barbu et bougonnant aux fenêtres, ni de princesse de conte de fées et encore moins de petites souris qui font la farandole.

    Après 7 heures de conduite autoroutière intensive, arriver à Blaye et marquer le stop pendant une ½ heure au départ du bac qui relie les deux rives de la Gironde, cela fait relativiser les choses! D'abord parce que le soleil nous accueille et ensuite, traverser paisiblement l'estuaire au doux son du teuf-teuf du bac redonne tout son sens à la vie. Prendre le temps de humer l'air bordelais et savourer l'instant, loin du rythme trépidant de la vie moderne. Finalement, il va presque trop vite, ce bac qui relie Blaye à Lamarque, Médoc!


    La route qui nous conduit jusqu'à Pauillac, terme de notre voyage, nous fait passer au cÅ“ur du vignoble et nous permet d'entrevoir des silhouettes bien connues (Latour, Pichon, Ducru,...), aiguisant notre appétit de découverte.

    La veille de notre arrivée se déroulait le Marathon du Médoc, épreuve sportive et festive, qui suscite un réel engouement, permettant aux valeureux coureurs (et aux accompagnants !) d'arpenter le vignoble, au pas de course ou non, tout en ménageant des points de ravitaillement pas toujours orthodoxes. En ce dimanche soir, la petite cité a retrouvé tout son calme. Après une nuit de sommeil, nous sommes d'attaque pour notre petit marathon personnel, 6 visites de châteaux étant inscrites au programme !

    Montrose, la modernité high tech

    Comme entrée en matière, on ne peut rêver mieux ! Elle nous permet d'appréhender de fort belle façon la notion de terroir bordelais.
    Situé en hauteur sur une croupe qui regarde l'estuaire, le vignoble offre une jolie vue sur la Gironde, si l'on excepte, au loin, la centrale nucléaire de Blaye. La déclivité du terrain favorise le drainage naturel malgré la faible épaisseur de la couche de graves (moins de 60 cm par endroit), d'autant que celle-ci repose sur une bande argileuse qui permet une bonne régulation de l'eau.
    D'un point de vue climatique, la situation face à la Gironde restreint le risque de gelées printanières et génère une certaine humidité qui a évité à la vigne de trop souffrir de la sécheresse cet été. De fait, les raisins semblent un peu plus gros que ceux aperçus sur certains secteurs de Saint-Julien.

    Pour l'équipe du château, 2003 s'annonce plutôt bien, voire très bien si les conditions actuelles se maintiennent jusqu'à la vendange qui ne saurait tarder. Apparemment, pas de déficit d'acidité trop marqué, ce qui ne devrait pas nécessiter de mesure corrective !


    Le cuvier ultra-moderne réalisé en 2000 a amputé le vignoble de quelques hectares juste autour du château, mais permet une rationalisation du travail. On se croirait dans un grand laboratoire agro-alimentaire tellement l'inox est clinquant ! Et de fait, c'est bien d'agroalimentaire qu'il s'agit dans le cadre de l'élaboration du vin, même si ça casse un peu l'image d'Epinal qu'on voudrait en avoir.
    Après avoir assisté au soutirage du 2002, nous allons avoir un aperçu de sa qualité dans la magnifique salle de dégustation du château.


    - La dame de Montrose 2002 : robe noire, opaque. Notes boisées torréfiées au nez. Le fruit est en retrait et la matière, qui semble belle, est un peu rectiligne et développe une certaine austérité.

    - Château Montrose 2002 : sur ce millésime, les deux vins sont assez semblables dans l'esprit (pour une fois, assemblage identique 70% CS, 30% merlot) avec évidemment une concentration plus importante pour le grand vin qui développe un plus gros volume en bouche. Le boisé est plus fin, discrètement vanillé, et la finale se mâche encore terriblement. Dans une phase assez austère et fermée, peu à son avantage, je trouve que c'est un vin assez difficile à goûter, même si la matière est énorme. Mais la patience n'est pas la moindre des qualités de l'amateur de Montrose !

    Fin de la première visite !
    Avant la deuxième étape, nous faisons une petite halte devant Cos pour la photo et nous en profitons pour grappiller un raisin dans les vignes, raisin qui se révèle extrêmement riche et concentré en sucres.

    Branaire, le raffinement fonctionnel

    Accueillis par le propriétaire en personne, Mr Patrick Maroteaux, par ailleurs président de du Syndicat des Crus Classés du Médoc, nous commençons par nous installer dans la salle de réunion du château pour un petit « débriefing » et des considérations d'ordre général sur le terroir, les vins de Bordeaux, l'économie de marché... On sent poindre derrière le personnage l'homme d'affaires qui ne perd pas de vue les réalités économiques, mais en même temps transparaît le passionné amoureux de son terroir et de sa marque, qui n'a pas hésité à investir des sommes colossales pour hisser le domaine vers les sommets de l'appellation Saint-Julien. Le plus beau compliment qui lui a été adressé sur le redressement de Branaire vient de Las Cases : « Auparavant, dans les dégustations des crus classés de Saint-Julien, on savait qui serait le dernier, maintenant, c'est plus embêtant ! »


    Le GJP devant Branaire

     

    Le cuvier et les chais sont ultra-modernes et très fonctionnels. On a profité de la configuration du terrain pour construire un cuvier par gravité, qui permet d'éviter de remonter le jus en haut de la cuve pour l'y déverser. Il paraît que c'est mieux ! La construction du cuvier est à l'origine d'une petite anecdote savoureuse. A son arrivée à Branaire, Ph. Maroteaux a cherché à échanger des parcelles avec ses prestigieux voisins (Beychevelle et Ducru), notamment pour construire ce fameux cuvier. Après échange, une des parcelles appartenant à Branaire a été cédée par Ducru à la commune de Saint-Julien-Beychevelle pour y construire deux courts de tennis communaux. Un seul court a été réalisé, adossé à un petit bois, au milieu des vignes. C'est le court "le plus cher du Médoc", situé sur une ancienne parcelle de Branaire ! La surface prévue pour le deuxième court a été laissée en vignes que Branaire a récupérées, à charge pour lui de fournir à la mairie chaque année l'équivalent en vins produits sur cette parcelle !

    Justement, nous allons les goûter, ces vins de Branaire, dans le caveau aménagé à  proximité des chais.

    - Duluc 2000 : le deuxième vin de Branaire dans un grand millésime et dans une phase très agréable, fruitée et poivrée. Une jolie mise en bouche.

    - Branaire 2002 : intense, sur des notes boisées légèrement torréfiées, il développe une texture soyeuse avec un grain de tanins très fin. Très beau vin.

    - Branaire 2000 : superbe ! Poivron bien mûr, cassis, gousse de vanille, il est impressionnant de profondeur. Grand vin !



    Grand Puy Lacoste, le renouveau en profondeur et en douceur


    Ce très beau 5ème cru classé de Pauillac, avec un vignoble d'un seul tenant autour du château (hormis une parcelle de quelques hectares à proximité de Mouton) est maintenant dirigé exclusivement, tout comme Haut-Batailley, par François-Xavier Borie qui nous reçoit personnellement au château. Nous sommes gâtés !

    La rénovation est en cours ; les équipements sont modernes mais adaptés à la configuration des locaux, c'est à dire pas toujours rationnellement disposés. Il faut traverser la cour pour se rendre d'un chai à l'autre, ce qui n'est pas forcément pratique, surtout quand il pleut, mais ça a son charme ! Cuvier inox mais rien de clinquant. On se consacre ici à l'essentiel, c'est à dire élaborer un grand vin. Nous avons droit également, ce qui ne manqua pas de piquant, à l'anecdote du court de tennis, version Ducru, cette fois (F.-X. Borie s'est longtemps occupé de gérer Ducru-Beaucaillou).

    Pour en revenir à  GPL, son vin n'a rien d'un carburant pour automobile non polluante !

    - Grand-Puy-Lacoste 2002 : fruité (cassis essentiellement), il est déjà presque aimable avec ses tanins civilisés, non agressifs. Disposant de suffisamment d'étoffe, il devrait donner rapidement une belle bouteille.

    - Grand-Puy-Lacoste 2000 : nez sur le tabac, un peu torréfié et boisé mais les tanins sont fins et racés. C'est une très belle bouteille qui devrait bientôt être prête à boire.



    Lagrange, l'efficacité à  la nipponne

    C'est la plus vaste propriété de Saint-Julien avec 113 hectares de vignes, ce qui nécessite une organisation sans faille. 800 000 bouteilles produites par an pour un prix de revient de 5 euros par bouteille, charges administratives non incluses (environ 2 euros), ce qui induit un bénéfice annuel d'environ 1 000 000 d'euros, un peu moins dans les petits millésimes. Les Japonais du groupe Suntori n'ont pas investi des sommes colossales dans la propriété par philanthropie ! Mais l'objectif essentiel a quand même été accompli depuis 85, à savoir remettre le château sur le droit chemin et à son niveau qualitatif de 3ème cru classé. Nous assistons au soutirage d'une barrique de 2002 avec décantation à la bougie avant de gagner la salle de dégustation pour appréciation de ce millésime justement, puis la salle à manger du château où nous sommes invités à déjeuner. ça sert, d'avoir des relations ! Sur le chemin, nous pouvons apprécier le mini-musée des cépages bordelais, plantés sur deux rangées chacun, ce qui permet de goûter à même la vigne le cabernet franc, le cabernet sauvignon, le merlot, le malbec, le petit verdot et le...carménère, toujours autorisé dans l'encépagement mais, à vrai dire, plus jamais utilisé !


    - Les Fiefs de Lagrange 2002 : très fruité (cassis), il est d'une souplesse déjà  agréable.

    - Château Lagrange 2002 : sur le cassis bien marqué également, il est évidemment beaucoup plus concentré que le second vin. Très beau.

    - Les Arums de Lagrange 2001 : la cuvée de blanc du château, assemblage de sauvignon, sémillon, muscadelle. Cherchant l'expression du terroir au-delà du cépage, il joue dans un registre plutôt subtil, sur les agrumes.

    - Les Fiefs de Lagrange 98 : fruité, concentré et charnu.

    - Château Lagrange 89 : tanins très fondus, dans un registre tertiaire, il est long, fin et élégant, témoignant d'un vieillissement harmonieux.

    - Château Lagrange 85 : le millésime du renouveau pour Lagrange. Sur le havane et le pruneau, il tient encore magnifiquement la distance avec beaucoup de corps et de vigueur, ce qui le place à mon avis légèrement au dessus du 89.

    C'est déjà l'heure de notre prochaine visite et c'est presque à regret que nous quittons nos hôtes pour nous diriger vers Talbot, voisin de quelques kilomètres.


    Château Talbot, le dynamisme et la franchise


    A peine en retard, nous interceptons la directrice du domaine sur le départ ! Elle ne nous attendait que le lendemain ! Il s'en est fallu d'un cheveu qu'on se manque ! Marche arrière toute et visite du domaine au pas de course, non pas qu'elle soit pressée, mais c'est son tempérament ! Elle ne pratique pas non plus la langue de bois. Ici, on a essayé, puis abandonné, devant les résultats décevants, le micro bullage ; l'appareillage quasi flambant neuf est encore accroché au mur. Concentrateur si besoin, mais pas osmose inverse. On fera tout ici pour produire du bon vin mais avec les meilleurs rendements autorisés possibles, il ne faut pas se voiler la face et bien rentabiliser l'entreprise toujours familiale. Le cuvier et les chais sont modernes mais adaptés à l'existant. Comme nous en avons pris l'habitude maintenant, nous terminons notre visite dans la salle de dégustation.

    - Château Talbot 2002 : en pleine phase de prise de bois, il possède néanmoins beaucoup d'élégance avec de jolis tanins.

    - Château Talbot 2001 : nez de fruits mûrs, un peu chahuté par la mise récente, c'est un vin d'une relative souplesse car il contient plus de merlot que d'habitude.

    Châteaux Léoville-Barton et Langoa-Barton, la classe et la distinction


    Nous terminons notre périple médocain par la visite du château Langoa, fief d'Anthony Barton, qui produit deux vins de grande envergure, le château Léoville-Barton (qui ne possède pas ses propres murs) et le château Langoa-Barton, 3ème cru classé, moins connu car exporté de façon quasi exclusive jusqu'à il y a peu.
    Ici, on a privilégié le bois, ce qui donne au cuvier une grande distinction. On se sent dans la chaleur d'une cave et pas dans la froideur d'une usine agroalimentaire. Bois, ciment, inox, la qualité du vin est la même. Le bois, c'est juste moins de facilités et plus d'entretien, mais c'est la classe et un régal pour les yeux! Visite du nouveau chai, récemment construit et qui s'intègre de façon exemplaire à l'architecture existante, puis direction le caveau de dégustation, situé dans le prolongement du cuvier, où nous allons faire connaissance avec deux vins superbes.

    - Château Langoa-Barton 2002 : un vin sur le fruit, gourmand, aux tanins très fins, élégants et féminins.

    - Château Léoville-Barton 2002: Même si je suis loin d'avoir goûté tous les 2002, je pense qu'il s'agit là de la future star du millésime !Robe dense aux reflets violines. Très beau nez fruité, mais ce qui impressionne le plus, c'est un soyeux de texture et une grande concentration. Un vin immense, aussi grand que le 2000 à ce stade pour la propriété.

    Autres vins du domaine dégustés pendant notre séjour, une véritable mini-verticale :

    - Réserve de Léoville-Barton 98 : concentré, puissant et encore un peu massif, il se laisse pourtant boire même s'il est encore …sur la réserve !

    - Léoville-Barton 97 : tanins fondus, plutôt souple, il est parfait à  boire actuellement même si ce n'est pas un vin très profond.

    - Léoville-Barton 93 : à  maturité également, il termine toutefois un peu court à  mon goût.

    - Léoville-Barton 88 : sur le havane, la boîte à cigares, il possède beaucoup d'amplitude et un corps encore vigoureux, avec du tonus et de la concentration. Très beau vin.

    - Léoville-Barton 86 : totalement fondu, il resplendit de classe et d'élégance. Je lui reprocherais néanmoins un peu trop de souplesse en milieu de bouche, préférant la vigueur du 88.

    - Langoa-Barton 95 : très beau nez sur la cerise avec de l'alcool qui ressort un peu, mais pour mon plus grand plaisir. Les tanins sont soyeux et veloutés, m'évoquant un peu le style de certains vins du Roussillon. Elégant et racé, je trouve que c'est un très beau vin, mais les avis sont partagés.

    Epilogue

    Fin de notre aventure en Médoc, et je laisserai volontiers le dernier mot à Jean-Paul Barbier, restaurateur très haut en couleurs du Lion d'Or à Arcins, où nous avons pris notre repas d'adieux : « On fait de bons vins dans toute la France ! ç nous embête de vous le dire, c'est quand même chez nous qu'ils sont les meilleurs ».

    Pas chauvins pour un sou, ces Médocains !

    Merci à Philippe Chapon, caviste du Bon Echanson, instigateur de ce voyage, à Michel Sartorius, qui nous a « drivé » dans le Médoc en nous donnant l'impression d'être des VIP, et à Lilian Barton, pour sa gentillesse et son hospitalité.

    En guise de conclusion, je voudrais souligner qu'il serait bête de bouder 2002, qui est un millésime hétérogène certes, mais d'un plutôt bon niveau qualitatif dans le Médoc. Le très beau mois de septembre a permis de rattraper les retards de maturité des raisins, et a privilégié la qualité des cabernets. En principe non spéculatif, sauf si Parker, qui a très bien noté un certain nombre de vins, ne vient brouiller les cartes, il devrait permettre à l'amateur de se faire plaisir avec des grands vins à prix abordables. Mon coup de coeur, c'est bien sûr Léoville-Barton 2002, un vin immense pour lequel je veux bien faire une exception à mon refus de notation et lui attribuer royalement un 96-99+. Les autres vins de Saint-Julien sont d'une très belle homogénéité qualitative.

    Olif et le GJP

    P.S. : en bonus, comme sur les DVD, 3 autres vins appréciés lors du séjour :

    - Cos d'Estournel 87 : sur des notes tertiaires et des tanins bien enrobés et fondus, il possède encore beaucoup d'allant, contrairement à ce que l'on pouvait craindre. Son côté empyreumatique sur le havane, légèrement fumé, doublé de nuances chocolatées, est extrêmement séducteur, confirmant, après le 84 bu récemment, que Cos excelle dans les petits millésimes.

    - Haut-Bages-Libéral 95 : attaque plutôt franche avec des tanins encore un peu durs, finale un peu courte et acide, il a été un peu écrasé par la race du précédent.

    - Rayne-Vigneau 86 : très beau Sauternes au nez concentré d'abricot et très grande persistance aromatique en bouche.