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  • Domaine Robert Arnoux, entre tradition et modernité!

    Date: le 09/11/2004 à 17:11

    Après la Côte de Beaune et le domaine Tollot-Beaut, deuxième volet de cette virée bourguignonne automnale en direction de la Côte de Nuits et Vosne-Romanée, au domaine Robert Arnoux, une exploitation familiale de 14 hectares bien dotée en Grands Crus et Premiers Crus, répartis exclusivement sur le secteur Vosne-Chambolle-Nuits.

    Petit détail qui aura son importance, lors de notre arrivée au domaine, nous manquons d'écraser un piéton tête en l'air qui fonce droit dans notre direction.

    Nous sommes accueillis par Pascal Lachaux, « Winemaker» , comme il est écrit sur la plaquette publicitaire du domaine et descendons illico à  la cave pour goûter à  la production. Homme de conviction, déterminé, Pascal Lachaux ne pratique pas la langue de bois lorsqu'il nous parle de ses réticences vis à  vis d'Internet qui perturbe plus le marché qu'il ne le sert actuellement, de ses méthodes de vinification et de sa conception du vin.

    Une cave qui respire la propreté! Au royaume du 100% bois neuf! Entre 30 et 100% suivant les cuvées. Pourquoi autant de fût neuf? Paradoxalement, dans le cadre d'une recherche optimale de pureté de fruit, grâce à  la meilleure micro-oxygénation générée par le bois neuf et au maintien d'une flore bactérienne autochtone équilibrée. Les vins, issus de beaux terroirs, supportent tout à  fait ce type d'élevage et, à  aucun moment, dans la dégustation qui va suivre, ne seront marqués par des notes boisées envahissantes.

    En guise de mise en bouche, quatre vins du millésime 2003, une année qui nécessitera une approche un peu différente à  la cave: pas de chaptalisation (ce serait un comble!), pas de pigeage, de façon exceptionnelle, pour ne pas trop extraire une matière déjà  bien concentrée, et une légère acidification, pour entretenir le bon milieu microbien et éviter la piqûre acétique. Avec 48% de récolte en moins, suite au gel, aux attaques de chenilles, puis à  la canicule, pas question de laisser se gâter la production restante!

    Bourgogne 2003
    Pour se refaire le palais après le repas de midi, un Bourgogne générique fruité et croquant, simple et bon.

    Vosne-Romanée 2003
    Plus coloré, concentré et mûr, ses tanins sont déjà  très fins.

    Vosne-Romanée 1er Cru Les Chaumes 2003
    Développant une belle amplitude, il possède déjà  de la rondeur, malgré un léger perlant, grâce à  une sensation de sucrosité.

    Clos de Vougeot 2003
    Concentré et riche, à  la robe rubis soutenu, gras et glycériné, il possède une grande longueur qui témoigne de sa race.

    Après cette fort jolie entrée en matière, nous nous dirigeons vers le caveau de dégustation, aménagé sous une voûte, pour apprécier un large échantillonnage du millésime 2002, une aubaine que nous devons au visiteur précédent, celui que nous avons failli écraser, et qui n'était autre que Stephen Tanzer!


    Saurez-vous reconnaître toutes les initiales?

    Vosne-Romanée 2002
    Un vin plutôt rectiligne, dont le nez évoque les épices et la fumée, et dont les tanins sans aspérités terminent sur une pointe d'amertume.

    Vosne-Romanée Les Hautes Maizières 2002
    Un village portant la mention de son climat, du fait de sa situation privilégiée sous les Suchots. Distillant des notes de fruits très mûrs, rouges et noirs, il possède à  la fois la fraîcheur du fruit et la minéralité. Déjà  très arrondi, relativement puissant, une belle pureté d'expression.

    Nuits-Saint-Georges 1er cru Les Procès 2002
    Plus massif que le précédent, il présente également une matière un peu plus dure mais également une minéralité plus affirmée.

    Vosne-Romanée 1er cru Les Chaumes 2002
    Un vin de séduction immédiate au caractère bien trempé! Dans un registre plutôt floral, sur la violette, les pétales de roses fanées, ses tanins sont déjà  soyeux malgré leur volume imposant.

    Echezeaux 2002
    La robe est sombre, en relation avec la grande concentration du vin. Une puissance maîtrisée pour un vin déjà  expressif, aux notes épicées et à  la texture serrée.

    Vosne-Romanée 1er cru Les Suchots 2002
    Derrière un boisé légèrement torréfié, mais non caricatural, on retrouve des notes de pétales de roses, une légère sucrosité, sur des tanins enrobés.

    Romanée Saint-Vivant 2002
    Wow! D'une précision millimétrique, une structure calibrée à  la perfection, des tanins fins, au grain admirable, pourtant accrocheurs, et une longueur immense. Magnifique!

    Clos de Vougeot 1971
    La cerise sur le gâteau, une bouteille de derrière les fagots, que Pascal Lachaux est allé chercher pour que nous puissions apprécier un vin à  maturité. Une bouteille qui nécessite de l'attention, tant les arômes évoluent rapidement dans le verre. Grandeur et complexité des arômes tertiaires qu'il faut savoir cueillir lorsqu'ils se présentent, tellement ils sont fugaces. Comme un petit film qui passe en accéléré, un raccourci de 33 ans d'évolution à  apprécier en quelques minutes!
    D'abord fruits confits, pruneau, sous-bois, tabac blond, presque liquoreux au nez, il évolue sur le cacao et les fruits secs. Une caresse au palais! L'alcool est toujours bien présent, arrondissant la structure du vin, encore loin de se dessécher. Un petit bonheur! Après une telle bouteille, plus rien ne peut nous arriver! L'apothéose!

    Sans arrière-pensée publicitaire, voilà  encore un domaine à  recommander vivement!

    Olif

  • La Bourgogne du bon sens

    La Bourgogne du bon sens
    Date: le 01/07/2003 à 15:52

    Petit parcours de la Côte de Beaune à la Côte de Nuits, du sud au nord (est-ce le bon sens ?), et découverte de 3 domaines bourguignons aux conceptions sensiblement différentes mais pour un résultat approximativement identique : produire d'excellents vins. L'un est une véritable star, le deuxième une référence incontournable dans son (ses)appellation(s), le troisième en passe de le devenir. Trois états d'esprit un peu différents, que l'on peut percevoir dès l'entrée dans la cour du domaine, trois formes du bon sens bourguignon!


    Le domaine Leflaive : le bon sens biodynamique
    Date: le 01/07/2003 à 15:58

    Dans un premier temps, attaque par le versant sud qui place la barre très haut. Il est 9 heures 30 pile lorsque nous pénétrons dans la cour du prestigieux domaine Leflaive ! Une très jolie cour tout en gravier blanc, ceinte d'une grille en fer forgé ; tout est propre, ordonné et les voitures qui y sont garées sont bien alignées. C'est Hervé Bérilley, oenologue et chef de cave du domaine, qui nous reçoit et nous conduit dans le caveau de dégustation. A Puligny, point de cave enterrée, la nappe phréatique étant trop proche de la surface. Il faut donc climatiser pour conserver une certaine fraîcheur à  ce qui s'apparente plus à  un chais. Il fait presque 19° dans le caveau où sont disposées en arc de cercle sur un tonneau 8 bouteilles dont les étiquettes font rêver les amateurs que nous sommes.
    La séance commence par un petit descriptif du vignoble de Puligny grâce à  une carte et une photo aérienne accrochées au mur. Montrachet, la colline parfaite ! En terme de pédologie, de géologie, de climatologie, tout concourt ici à  ce que ce terroir soit l'un des plus grands de Bourgogne. Et quand on se donne les moyens de bien le travailler, on ne peut faire que du grand vin !
    Tout en dégustant le Bourgogne blanc générique du domaine, nous abordons le sujet sensible de ...la biodynamie ! Car, évidemment, le domaine travaille en biodynamie. Mais de la biodynamie concrète et rationnelle et les explications d'Hervé Bérilley sont d'une logique implacable : faciliter l'enracinement profond de la vigne par l'enherbement et le passage de la charrue, préservation des levures indigènes du sol en bannissant pesticides et herbicides, rien que du bon sens qui ne peut que favoriser l'expression du terroir dans le raisin et, par conséquent, dans le vin.
    La discussion s'anime, prend un tour passionnant, parce que notre interlocuteur est visiblement un passionné qui aime son métier. Je hasarde une question sur la cosmoculture et, sans tomber dans la caricature, il semble s'avérer que certaines constatations puissent se confirmer sans pour autant s'expliquer rationnellement et scientifiquement (notamment le fameux « Point d'or » qui voit les bouteilles qui y sont placées vieillir moins vite que celles entreposées juste à  côté, objectivé à  plusieurs reprises par un dosage des anthocyanes du vin par spectrophotométrie).

    - Bourgogne blanc 2001 : jolie entrée en matière avec ce vin aux notes discrètement amyliques, de bonne tenue et déjà  bien agréable, mais qu'il est quand même conseillé d'attendre encore un peu.

    - Puligny-Montrachet village 2001 : un cran au-dessus en concentration, évidemment, mais très abordable également.

    - Puligny-Montrachet 1er cru Clavoillon 2001 : un premier cru bien situé, en quasi-monopole, le domaine possédant environ 75% de ce climat. Un vin généreux et riche, lactique en attaque mais qui s'ouvre crescendo sur des notes d'agrumes qui emplissent la bouche. Très beau.

    - Puligny-Montrachet 1er cru Les Folatières 2001 : un vin radicalement différent du précédent, nous permettant d'apprécier les variations d'expression du terroir, les Folatières étant beaucoup plus droit et minéral. Au moins aussi beau que le précédent malgré ses différences.

    - Puligny-Montrachet 1er cru Les Pucelles 2001 : on retrouve ici un peu le style de Clavoillon, avec une grande concentration et une grande richesse, mais aussi un boisé un peu plus présent même si de toute beauté.

    - Bienvenues-Bâtard-Montrachet 2001 : une vigne sauvée par la biodynamie qui a permis la régénérescence de ceps quasi moribonds et à  deux doigts de l'arrachage. Encore sur la réserve au nez, il révèle en bouche une grande profondeur et une grande complexité. Il lui faut un peu de temps !

    - Bâtard-Montrachet 2001 : riche et gras, avec un énorme volume en bouche et une grande longueur, il la joue très séducteur. « Un vin de banquet », apte à  plaire au plus grand nombre ! Exceptionnel !

    - Chevalier-Montrachet 2001 : moins expressif que le Bâtard, c'est « un vin d'invités », à  n'offrir qu'à  ceux qui le méritent. Intense et complexe, il est d'une grande droiture et termine sur une splendide minéralité.

    Malheureusement pour nous, ce n'est pas le jour du Montrachet, ouvert avec parcimonie du fait du peu de vin produit (une seule pièce, soit environ 300 bouteilles). La dégustation de ce vin mythique, c'était la veille !

    De cette dégustation d'exception, il faut retenir l'extraordinaire homogénéité des vins du domaine, du plus petit au (presque) plus grand (il manquait le Montrachet !), qui incite l'amateur à  vouloir tremper un jour ses lèvres dans un de ces nectars. C'est vrai que c'est relativement cher mais à  ce niveau de qualité, le prix a t'il encore une importance ?

    Pour ceux que ça intéresse:[www.leflaive.fr].

    A suivre...

    Olif

    Domaine Bruno Clair : le bon sens pratique
    Date: le 01/07/2003 à 22:17

    Ayant eu quelques difficultés à  nous arracher du domaine Leflaive, nous arrivons au domaine Bruno Clair avec un ¼ d'heure de retard, après une traversée express de la Côte par l'autoroute.
    Nous pénétrons dans la cour où se côtoient des voitures garées dans tous les sens, une flopée de vélos de toutes les tailles, plus divers objets qui traînent. Cela donne un côté bohème, joyeux foutoir ! Nous sommes accueillis par Philippe Brun, responsable de la vinification et de la cave, tandis que Bruno Clair s'occupe plus des vignes. Ici, la cave est enterrée, et nous descendons les marches pour nous retrouver au frais. Les murs pourtant épais suintent l'humidité et des concrétions calcaires se forment ici et là . Le plafond est tapissé d'une couche épaisse de moisissures et de toiles d'araignées mêlées, recouvrant même les câbles électriques. Une vraie belle cave, quoi, où il fait bon frais entre les fûts et les foudres alignés.
    Le domaine Bruno Clair, c'est 24 ha de vignes réparties sur toute la Côte, principalement en Nuits (Marsannay, Gevrey-Chambertin, Morey-Saint-Denis, Chambolle-Musigny) mais aussi en Beaune (Aloxe-Corton, Savigny, Corton Charlemagne).
    Nous axons la dégustation sur 3 vins dans les millésimes 2002 (au fût), 2001 puis 2000, plus quelques bonus !
    Ph. Brun est très ouvert, décontracté et bon vivant. Sa philosophie, c'est que le vin soit bon dans le verre de l'acheteur, et pour cela, pas de faux scrupules, pour qu'il voyage bien à  l'export et qu'il arrive dans de bonnes conditions sans souffrir, il est soufré, juste ce qu'il faut mais il est soufré.
    Justement, je lui parle d'un Corton Charlemagne 93 oxydé bu cet hiver, il va le regoûter, et en magnum pour juger de l'évolution.
    Il n'aime pas qu'on minimise le rôle du vinificateur ! Un grand vin, c'est un grand terroir, un grand cépage, de bonnes conditions climatiques ... et un bon vinificateur qui est là  pour corriger les déficiences de la nature, qui, si on la laisse faire toute seule, ne mènera jamais à  terme toute seule cette grande entreprise. Le bon sens pratique, quoi !

    Et la dégustation qui va suivre est là  pour le prouver !

    - Marsannay Les Longeroies 2002 : une pointe de gaz normale à  ce stade mais un vin fruité et friand, très charmeur.

    - Savigny 1er cru La Dominode 2002 : un peu plus concentré et boisé, il révèle également un joli fruité. Le gaz aussi présent ne gêne pas, il n'est de toute façon pas question d'intervenir artificiellement sur l'évolution des vins actuellement par ces grosses chaleurs.

    - Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 2002 : richesse et concentration, avec une jolie prise de bois.

    - Marsannay Les Longeroies 2001, Savigny 1er cru La Dominode 2001, Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 2001: pas de notes précises sur chaque vin, mais le souvenir que le millésime 2001 se goûte extrêmement bien dans les 3 appellations, donnant des vins fruités et plaisants.

    - Marsannay Les Longeroies 2000, Savigny 1er cru La Dominode 2000, Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 2000 : idem pour ces 3 vins. Le millésime 2000 est en train de se fondre mais présente des tanins un peu plus durs que 2001.

    - Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 1999 : à  l'aveugle, car il s'agissait pour nous de reconnaître le millésime (trouvé haut la main par le Seb !). Etonnamment ouvert, ce vin possède une grande longueur qui augure bien de son potentiel, mais se laisse déjà  boire avec grand plaisir. Ph. Brun pense également qu'un très grand vin est bon à  tous les stades de son évolution.

    - Chambertin Clos de Bèze 91 : à  l'aveugle également, pour trouver le millésime, décrié par la presse. Après quelques indices, c'est encore le Seb qui double la mise mais il ne repartira pourtant pas avec une caisse de vins et des Spiegelau ! Et je peux dire à  PhR et à  Eliane que tous les 91 sont loin d'être morts ! Celui-ci est superbe, sur le pruneau et des notes de venaison, avec une grande longueur et une belle harmonie. Ce Clos de Bèze en a encore dans le ventre, même s'il ne se bonifiera vraisemblablement plus !

    - Corton Charlemagne 2000 : un grand blanc, porté par une belle acidité et un équilibre somptueux, finissant sur de légères notes torréfiées et grillées de toute beauté.


    Finale en apothéose, donc, et nous nous rendons illico « Chez Guy », à  Gevrey-Chambertin pour nous remplir l'estomac de nourritures plus solides. Excellente adresse à  recommander, cuisine façon bistrot moderne accompagnée, pour rendre hommage à  notre hôte précédent, d'un Marsannay blanc 2001 puis d'un Chambolle Musigny Les véroilles 99. Encore un sans-faute !

    Globalement, tous les vins dégustés étaient d'un très bon niveau, avec une mention spéciale pour les 2001, millésime mésestimé d'emblée mais qui s'avère très bon, les 2002 qui s'annoncent très grands et mériteront qu'on s'y intéresse dès la fin de leur élevage. Le Chambertin Clos de Bèze a dignement tenu son rang même en petit millésime et n'a pas mérité d'être recraché. D'ailleurs, je crois que tout le monde l'a bu!

    A suivre...

    Olif

    Domaine Maillard Père et fils : le bon sens paysan
    Date: le 01/07/2003 à 23:39

    Ultime étape de notre périple bourguignon, un petit retour en arrière dans la Côte pour rendre visite au domaine Maillard Père et fils à  Chorey-les-Beaune . Ce domaine familial possède de très belles parcelles en Côte de Beaune, à Savigny, Ladoix, Chorey, Beaune, Pommard, sur la montagne de Corton avec un très réputé Corton-Renardes et un original Corton blanc, vignes de chardonnay situées en dehors du Charlemagne. Lorsque nous pénétrons dans la cour, nous nous trouvons nez à  nez avec une camionnette d'artisans en train de refaire le toit des chais. De grands travaux pour le domaine qui vient également de réagencer de fort belle façon son caveau de dégustation. Il n'y manque qu'un véritable puits qui devrait bientôt faire son apparition en plein milieu de la salle.
    Accueillis par Monsieur Maillard Père, surpris dans son quotidien, nous sommes rapidement rejoints par Monsieur Maillard fils qui nous conduit au caveau.
    L'accent du terroir bourguignon peut-être un peu moins marqué que celui de son père, il nous explique sa politique d'élaboration et de vente du vin. Pas opposé aux gros rendements lorsque la nature le permet, tout en développant la qualité, très terre à  terre dans son approche, il semble confronté aux dures réalités quotidiennes même si visiblement le domaine investit et sacrifie au modernisme. Très attaché aux commentaires élogieux du guide Hachette ou de la RVF qui doivent apporter leur lot de clientèle, dans un souci de rentabilité. Le bon sens paysan, quoi !

    Nous effectuons ensuite un petit tour d'horizon dans le millésime 2001 :

    - Chorey les Beaune blanc 2001 : un très beau chardonnay, caressant et fruité.

    - Chorey les Beaune rouge 2001 : friand et gourmand, c'est un véritable bonheur de pinot noir à  un prix très angélique.

    - Beaune 2001 : un peu plus charpenté, il se laisse déjà  bien approcher, comme la plupart des 2001 goûtés ce jour.

    - Aloxe-Corton 1er cru Les grandes Lollières 2001 : prononcez « Alôôsse ». Un cran au-dessus, il procure un sentiment de plénitude.

    - Corton Renardes 2000 :un vin à  la trame serrée qui enveloppe bien la bouche, très harmonieux et déjà agréablement fondu. « Celui-là , interdit de le cracher » nous dit goguenard, le fils Maillard ! Et de fait, nous l'avalons sans nous faire prier !

    - Corton Renardes 2002 : goûté sur fût, il révèle des notes boisées légèrement brûlées et présente encore une petite pointe de gaz en train de se fondre. La prise de bois est jolie et au vu de l'évolution du 2000, cela s'annonce très grand.

    Nous allons ensuite remplir le coffre de quelques bouteilles de Corton 99, entre autres, même si nous ne l'avons pas goûté. Un domaine à chaudement recommander du fait de la qualité des vins et surtout de l'extraordinaire rapport Q/P. N'hésitez pas à  appeler, il y a encore un peu de vin à  vendre !

    En guise de conclusion, je voudrais souligner la grande accessibilité et la belle qualité de ce millésime 2001, tant en blanc qu'en rouge, qui s'annonce extrêmement plaisant. Aucun des vins dégustés aujourd'hui n'a été décevant.

    Si j'ai souhaité agencer le compte-rendu de cette journée de la sorte, c'est pour retranscrire le sentiment général à  l'issue de ce semi-marathon gustatif: nous avons visité 3 domaines à  la philosophie du vin différente, avec surtout plus ou moins d'exigences dans son élaboration, mais toutefois comme dénominateur commun la volonté de faire du mieux possible. Et au final, ces 3 domaines nous ont réservés de grands moments gustatifs, différents du fait de l'hétérogénéité des vins dégustés, mais d'une homogénéité qualitative, tant en blanc qu'en rouge, réellement surprenante.

    Ah ! La Bourgogne ! Finalement, tous les sens sont bons!

    Olif

  • La (Pente)côte des Blancs, deuxième partie

    Date: le 18/05/2005 à 23:19

    La (Pente)côte des Blancs, deuxième partie, Domaine Rodolphe Demougeot



    Après une première journée bien chargée chez Rémi JOBARD, avec dégustation de toute sa gamme, puis repas festif avec moult flacons à l'aveugle, le dimanche de Pentecôte fut consacré à une petite séance de décrassage matinal chez Rodolphe DEMOUGEOT, qui avait accepté de nous recevoir, mais pas trop tôt quand même ! Les cloches de l'église de Meursault sonnaient à la volée lorsque nous franchîmes le portail du domaine, situé en plein cœur du village.

    Tout le monde arborait des petits yeux, mais le palais avait été bien reconstitué par un solide petit déjeuner préalable. Quelques verres, une pipette, un panier à bouteilles, et nous voilà partis, direction la cave, pour une découverte de la gamme, d'abord au fût en ce qui concerne les quelques 2004, puis en bouteilles avec des 2003. Même si le domaine est situé à Meursault, Rodolphe produit essentiellement des vins sur Pommard, Savigny et Beaune, rançon de l'héritage familial.

    Les 2004 au fût

    Bourgogne rouge
    Malo finie, un beau rubis brillant qui possède une déjà bien agréable rondeur fruitée.

    Savigny Les Bourgeots
    Le nez est net, la matière consistante, il est déjà assez friand malgré des tanins un tout petit peu durs en finale.

    Beaune Les Beaux Fougets
    Encore un peu piquant (malo non terminée), il offre une jolie matière plutôt soyeuse.

    Pommard Les Vignots
    Malo non faite. Une robe très colorée, et plein de fruits au nez, sur des tanins encore serrés. Une matière prometteuse.

    Beaune blanc 1er Cru Clos Saint-Désiré
    Nez encore très fermentaire et un peu boisé, il possède à la fois une belle acidité et de la rondeur. Goûté également sur un deuxième fût, en fin de malo, alors qu’il n'a pas encore terminé tous ses sucres.

    Les 2003 en bouteille

    Savigny Les Bourgeots
    Le nez est gorgé de petits fruits rouges. La bouche est sphérique et chaleureuse, à peine alcooleuse en finale, assez typique du millésime. Un vin à faible acidité (aucun rouge n'a été acidifié au domaine), mais non dépourvu de fraîcheur.

    Savigny 1er Cru Les Peuillets
    Un vin sérieux, au nez un peu fermé, avec en bouche des tanins lisses et denses, une bonne longueur sur une finale épicée. Beaucoup d'élégance et de finesse.

    Pommard Les Vignots
    Nez minéral et racé. La bouche est concentrée, fraîche, au grain soyeux, et possède une jolie tension minérale qui garde bien l'acidité. Très beau vin !

    Beaune blanc 1er Cru Clos Saint-Désiré
    Un beau climat situé juste en amont du Clos des Mouches. Nez très fruits blancs, un peu pêche, avec une petite touche de silex et une pointe grillée. De la vivacité et une belle tension, jusque dans la finale, qui paraît à peine abrupte. Globalement plutôt charmeur, il nécessitera une petite harmonisation en bouteille.

    Un 2001, aussi en bouteille !

    Beaune Les Beaux Fougets 2001
    Pour avoir une petite idée de la qualité des vins sur un millésime plus ancien et classique. Une matière serrée pour un vin aux tanins fins sur un beau support acide. La finale est encore tannique, mais sans astringence. A attendre encore, évidemment !

    Voilà, petit tour rapide de la production de Rodolphe Demougeot, qui ne manque pas d’intérêt. Les 2003 rouges sont assez séduisants et 2004 est plutôt prometteur. Un domaine à suivre, dans un style puissant et généreux. Mention particulière en 2003 au Pommard Vignots et au Savigny Peuillets.

  • La (Pente)côte des Blancs, Première partie

    Date: le 17/05/2005 à 19:11

     

    La (Pente)côte des Blancs en Bourgogne, Première partie, Domaine Rémi Jobard

     

    Tandis que la météo de ce week-end de Pentecôte 2005 annonçait des « pluies éparses sur l’Alsace, la Bourgogne et la Franche-Comté », le GJP a préféré quitter les trombes d’eau frontalières pour gagner la Côte et le soleil. La Côte, oui, mais celle des Blancs, en fait, pour un pèlerinage murisaltien, qui s’est déroulé sous les meilleurs hospices, et pas que de Beaune (ça, c’est un clin d’œil pour Luc winking smiley!),  le caractère exceptionnellement éparse des pluies bourguignonnes les ayant rendues totalement subliminales.

    Soleil dehors, donc, mais aussi dedans (les verres), 2003 étant un millésime particulièrement chaleureux, comme chacun sait.

     


    La (Pente)côte des Blancs: Meursault, vue depuis les Bouchères!


    Rémi JOBARD, négoce et propriété, millésime 2003



     

    Depuis la récolte 2003, Rémi Jobard a adjoint au domaine une partie négoce, ce qui lui permet de faire quelques gammes hors de Meursault. Sous forme d’achat de moûts, la façon la plus communément admise par le vendeur pour qu’il contrôle mieux ses volumes, même si cela ne permet malheureusement pas à l’acheteur la parfaite maîtrise sur la façon dont le raisin est pressé.

    Reçus dans le grand salon, comme les clients importants et/ou les journalistes influents smiling smiley, nous avons gagné en confort de dégustation ce que nous avons perdu en charme (la dégustation dans la cave!), mais la convivialité était évidemment au rendez-vous!

    Le Négoce

    Puligny-Montrachet 2003
    Robe jaune pâle, brillante. Le nez est riche, sur les fruits blancs, avec déjà du gras, mais aussi une pointe minérale. La bouche est ronde, enrobée, enrobée, dans la largeur mais avec suffisamment de nervosité, même s’il elle est somme toute assez caractéristique du millésime.

    Chassagne-Montrachet 2003
    La robe est brillante. Le nez, légèrement grillé, voire un peu vanillé, reste pourtant relativement frais. En bouche, de la tension et de la droiture, avec une petite amertume finale. Probablement marqué par une prise de bois trop importante, il n’en demeure pas moins un vin plutôt agréable.

    Chassagne-Montrachet  1er Cru La Maltroye 2003
    Le nez gagne en netteté et en précision. L’attaque est ronde, avec du volume, et une jolie définition en bouche. La finale est tout en délicatesse. Une belle bouteille, avec de la fraîcheur et du potentiel.

    Puligny-Montrachet  1er Cru Les Champs Gains 2003
    Le nez est retenu, à peine grillé. La bouche, plutôt agréable, présente un petit creux mou en son milieu, mais affiche une longueur satisfaisante.

    Puligny-Montrachet  1er Cru Les Refferts 2003
    Nez ouvert, sur les fruits blancs, un peu pêche blanche, suivi d’une jolie bouche toute en rondeur, riche et épanouie. Petite amertume finale assez typique de 2003, mais un beau vin.

    Corton Charlemagne 2003
    Le nez est assez caractéristique, empyreumatique, finement grillé, gagnant énormément à l’aération. La bouche est ample et majestueuse, large et longue, avec une finale persistante. Un vin au beau potentiel, qui mérite d’être attendu un petit peu.

    La Propriété

    Bourgogne Aligoté 2003
    Un vin simple, loin d’être désagréable, plutôt enrobé, manquant néanmoins de vivacité et d’acidité pour faire un bon Kir. A boire préférentiellement sans cassis, donc, malgré la petite amertume finale.

    Bourgogne blanc 2003
    Le nez est particulièrement grillé, de façon plutôt élégante. La bouche possède une belle structure et de la rondeur, ce qui la rend très plaisante. Un vin pour soif actuelle, qui évite l’écueil de la lourdeur.

    Meursault Sous la Velle 2003
    Le nez est citronné mais la matière est pourtant riche, avec de la rondeur et de la douceur. Retour acidulé en finale pour un vin bien mûr, une belle entrée de gamme pour le domaine.

    Meursault En Luraule 2003
    Le nez est plutôt réservé. La bouche est grasse, un peu alcooleuse, donnant un sentiment de dissociation actuelle, pour finir un peu trop chaleureuse. Nécessite une harmonisation en bouteille.

    Meursault Les Chevalières 2003
    Le nez possède une certaine race, mais on retrouve en bouche de la chaleur, malgré le volume et la longueur. Encore un vin très mûr, d’où se dégage pourtant un certain charme.

    Meursault 1er Cru Le Poruzot-Dessus 2003
    Nez mûr et chaleureux, légèrement fermentaire. Bouche riche, avec du volume et de la longueur, la marque du millésime, une fois de plus, estompant le caractère habituellement plus tendu de ce beau terroir.

     


    Le Porusot, au deuxième plan, sous les Bouchères!Le Porusot-Dessus se situe à droite de la haie, à même hauteur que les Bouchères.

     

    Meursault 1er Cru Les Genevrières 2003
    Elles ont moins pris le chaud en 2003, ces Genevrières, plutôt bien placées au sein du climat. Elles possèdent une indéniable fraîcheur et de la minéralité en bouche, malgré un enrobage qui n’exclut pas la droiture. Légère sensation de chaleur en finale, qui n’empêche pas l’harmonie du vin. Décidément un bien beau Cru que ces Genevrières!

    Meursault 1er Cru Les Charmes 2003
    Le nez est plutôt fermé, mais la bouche est arrondie et riche. La finale est fondue, sans amertume, mais manque d’un peu de nerf.

    Bourgogne Passetoutgrains 2003
    Nez fruité et réglissé, convivial et croquant, avec une petite mâche finale rustique de bon aloi, m’évoquant les belles cuvées de Dôle valaisanne! Un comble?

    Bourgogne rouge 2003
    Un vin qui pinote allégrement! De la fraîcheur et de la concentration, pour une jolie finale à mâcher, font de ce vin un petit régal simple à partager avec les copains.

    Monthélie 1er Cru Les Vignes Rondes 2003
    La robe est rubis soutenu, brillante. La bouche est ronde et tonique, fraîche, d’une bonne longueur, avec une finale sur le Zan. Un vin friand, faisant logiquement preuve d’un peu plus de complexité que le vin précédent.

    Monthélie 1er Cru Les Champs Fulliots 2003
    La robe est très soutenue, carmin. Le nez est très fruité, évoquant bien le Pinot noir. La bouche est aimable en attaque, presque friande, puis devient concentrée et riche, avec une finale un peu serrée mais au grain très fin. Une très jolie matière, qui ne demande qu’à s’épanouir, la plus belle réussite du domaine en 2003 d’après Rémi.

    Volnay Santenots 2003
    Vendangé précocement, le 26 août, avant la pluie. La robe impressionne par sa densité. Le nez est plutôt atypique pour un Volnay, un peu cuit, confituré, mais non dénué de fraîcheur, à mon avis. La bouche exprime la puissance de l’alcool, au travers de tanins plutôt soyeux. Un Santenots aux accents sudistes, qui ne conviendra guère aux puristes de la Bourgogne, mais qui ne manque pas d‘un certain charme!

    Décidément, 2003 est un millésime qui n’a pas fini de faire parler de lui! Si les blancs, d’une manière générale, n’offrent pas la tension minérale que l’on attend habituellement d’eux, ils ne sont pas dépourvus de qualités et possèdent déjà une rondeur affable. Ils seront à même d’accompagner agréablement un repas et permettront d’attendre les 2001 et les 2002.

     


    La (Pente)côte des Blancs: le millésime 2005 en avant-première!



    Olif

     

  • Domaine Tollot-Beaut, une affaire de famille !

    Date: le 04/11/2004 à 19:16

     

    Domaine Tollot-Beaut, une affaire de famille !





    Chorey-les-Beaune : une appellation bourguignonne un peu en marge, coincée entre la capitale de la Bourgogne viticole et la célèbre montagne de Corton, coiffée en brosse par le petit bois qui la surmonte. C'est là  que se trouvent les racines du domaine Tollot-Beaut, situé rue Tollot, comme son nom l'indique. C'est l'arrière grand-père Tollot qui a donné son nom à  la rue, en tant qu'ancien maire de la commune. Un vigneron précurseur, qui a commencé à  mettre en bouteille sous son propre nom depuis 1921. Le domaine, repris par son fils, a été étendu dans les années 1960. Il compte actuellement 24 ha, dont 10 sont en appellation Chorey-les-Beaune. A la descendance du grand-père (trois fils), ont succédé trois cousins germains, enfants de chacun des trois frères, qui gèrent le domaine actuellement. Les vignes appartiennent à  l'ensemble de la famille et sont exploitées en fermage.

    Les vendanges 2004 se sont terminées le 27 septembre. Une année abondante, malgré des vendanges en vert et des rendements moyens que l'on essaie ici de limiter entre 40 et 45 hl/ha. A notre arrivée, la rue Tollot est encombrée de plusieurs camions de grand tonnage, venus chercher l'envoi annuel à  l'export outre-Atlantique. Nous réussissons à  nous frayer un chemin entre les tire-palettes pour retrouver Nathalie Tollot, charmant petit bout de femme tout sourire dehors, qui nous conduit illico à  la cave, où reposent déjà  les fûts de 2004. L'occasion d'avoir un avant goût de ce millésime avant la sortie tant attendue des Beaujolais primeurs! Au domaine Tollot-Beaut, on privilégie la qualité et on regrette que "la réputation de la Bourgogne soit défaite par les productivistes". Le vignoble a "besoin d'une image positive forte" pour sortir de la mini-crise qui couve. La crise, ce n'est pas ici qu'on en retrouvera des symptomes car toute la récolte est vendue d'une année sur l'autre sans pouvoir accepter de nouveaux clients (malheureusement pour eux!). Ce qui confirme bien, et cela confortera certains dans leur approche, que si le terroir est indispensable, "l'important, c'est le vigneron".

    Savigny 1er cru Lavières 2004
    Un vin peu coloré, à  la robe rubis claire, en partie à  cause de peaux peu épaisses, pauvres en anthocyanes. Un boisé très fin ne parvient pas à  masquer le fruité croquant du vin. "ça sent le raisin!" s'exclame Nathalie. Pour sûr, il y en a! Un peu de groseille, aussi. En tout cas, de bien belles promesses.


    Changement de cave pour aller goûter aux 2003 sur fûts. Il a fallu déménager les fûts dans la cave attenante pour rentrer la nouvelle récolte mais toutes les fermentations malo-lactiques ne sont pas terminées . Le fait de maintenir volontairement le vin en cave fraîche n'y est pas étranger. Cela permet également de mieux contrôler les différents processus de la vinification, de la fermentation alcoolique à  la malo-lactique. Appliquant les théories d'Henri Jayer, on préfère ramasser à  12,5° et légèrement chaptaliser (il s'agit parfois de saupoudrage!) pour mieux maîtriser l'extraction, qui sera un peu plus longue mais surtout beaucoup plus douce. Les cuvaisons durent entre 10 et 15 jours. 2003, millésime atypique qu' il a fallu légèrement acidifier, Nathalie Tollot ne s'en cache pas, et le revendique, même! Beaucoup de travail à  la vigne n'empêche pas de devoir agir aussi à la cave selon les circonstances. Nous entendrons d'ailleurs un peu le même discours plus tard dans l'après-midi au domaine Robert Arnoux. Et les 2003 que nous allons goûter ne lui donnent pas entièrement tort!


    Savigny 1er cru Lavières 2003
    La robe est soutenue, colorée, et tranche par rapport à  celle du 2004. Le nez, finement torréfié et grillé, laisse pourtant parler un fruité éclatant et intense, charmeur avec ses tanins soyeux et veloutés, dense avec sa grande longueur.

    Beaune 1er cru Clos du Roi 2003
    Une vigne qui a particulièrement souffert de la canicule avec des raisins littéralement cuits sur pieds. Cela se ressent dans le vin, totalement atypique de ce qui peut être produit sur ce secteur. De la soupe de fruits rouges, un peu confits! Une immense concentration, mais déjà  de la rondeur, et, malgré tout, une sensation de fraîcheur, même si la texture est encore serrée. Cela me plaît beaucoup, mais c'est un vin plus typique de son millésime que de l'appellation et l'on sent que Nathalie Tollot n'est pas fan de ses 2003!

    Aloxe-Corton 2003
    Beaucoup de souplesse et une grande buvabilité. Une expression plus "conforme" pour cette appellation, d'après Nathalie, plus classique serais-je tenté de dire, mais c'est un joli village qui procure beaucoup de plaisir.

    Aloxe-Corton 1er cru les Vercots 2003
    Une parcelle plantée en 1928, arrachée pour moitié en 2002, et replantée cette année. Donc une production tout naturellement divisée par 2. Par rapport au précédent, il est plus soutenu et procure une sensation de grande douceur en bouche. 2003, millésime de la sucrosité!

    Corton 2003
    En provenance du lieu-dit Les Combes, une parcelle généralement non revendiquée, ce Corton est pourtant un beau vin opulent, riche et gras, qui titre 14° et qui tapisse à  la fois les parois du verre et celles du palais. Le nez est très fin, avec quelques notes encore grillées nettement ressenties.

    Fin de la dégustation au fût et découverte de quelques vins en bouteille, dont une mini verticale de Savigny Champs-Chevrey. Un beau moment en perspective!



    Chorey-les-Beaune 2002
    Mis en bouteilles en janvier, ce vin est un petit bonheur de vin frais, à  la robe rubis éclatante, au nez de petits fruits rouges, au grain déjà  soyeux, bien concentré et faisant preuve d'une belle persistance, sur de beaux tanins bien fins.
    Amateurs de vins friands et complexes à  la fois, accessibles et de bonne qualité, d'un excellent rapport Q/P, n'hésitez plus un instant! Buvez du Chorey! De Tollot-Beaut de préférence, mais pas uniquement! Une appellation à  privilégier dans ses achats pour des vins de plaisir!

    Savigny Champ Chevrey 2002
    Une parcelle plantée par le grand-père Tollot en lieu et place d'anciennes cultures de chanvre, d'où son nom, sur un sol plus riche en terre que les Lavières. Un vin à  la matière dense et serrée, de beaux tanins qui tournent un peu amers en finale, mais qui ont bien le temps de se fondre.

    Savigny Champ Chevrey 2001
    Assez fermé au nez, la matière est très serrée et il possède des tanins imposants avec une grosse mâche finale. Un vin indéniablement à attendre.

    Savigny Champ Chevrey 2000
    Après une fugace note de réduction, le vin se révèle rond et charmeur, tout en fruit. De loin le plus prêt à  boire actuellement, pour un plaisir non dissimulé!

    Savigny Champ Chevrey 1999
    Pas très causant, ce millésime 99! Dans une phase de repli complet pour Nathalie. Mais la matière est bien là ! Il faut juste lui laisser un peu de temps pour s'exprimer, à  la fois en cave et dans le verre. Beaucoup de volume et d'amplitude en bouche, témoignant de la richesse d'une année très mûre, et de raisins ramassés presque en surmaturité.

    Pas de fausse note dans cet échantillonnage et un domaine à recommander vivement, dans toutes les appellations produites. Il faudra donc plutôt compter sur des cavistes avisés pour se procurer les vins du domaine.

    Olif
  • La Paulée de Meursault 2004

    Date: le 25/11/2004 à 16:13

     



    "Allons enfants de Meursault,
    Le troisième jour de gloire est arrivé !"

     

    On aurait pu l'appeler la "Meursauillaise", ce gigantesque banquet organisé à Meursault le lendemain de la vente aux enchères des Hospices de Beaune et qui vient clôturer les Trois Glorieuses ! Elle fut baptisée Paulée, traditionnel repas festif de fin de vendanges, puisqu'elle réunit les vignerons, leurs clients, leurs amis, leurs invités pour un grand repas bourguignon, façon auberge espagnole, où chacun amène ses propres flacons pour accompagner le succulent et plantureux repas concocté à cette occasion. L'occasion unique de goûter à une multitude de très rares et beaux vins.

    Cette soixante-douxième édition de La Paulée de Meursault est aussi la soixantième où l'on décerne un prix littéraire, récompensé par 100 bouteilles de vin de Meursault, offertes par un généreux donateur qui, dans la soirée, a le privilège d'ouvrir également ses caves pour accueillir les amis de la Paulée.

    Une assemblée tirée à quatre épingles, où des têtes connues du monde du vin (vignerons, critiques, journalistes) côtoient la foule des anonymes. L'occasion de saluer, pêle-mêle, Bernard Burtschy, Sylvain Pitiot, Pierre-Antoine Rovani, Pascal Lachaux et encore bien d'autres vignerons rencontrés précédemment et revus avec plaisir à cet instant.

    699 couverts ont été dressés dans la grande salle du Château de Meursault, salle dans laquelle on accède après un parcours rituel passant par la galerie de peinture fort garnie en Buffet (le peintre, pas les meubles !) et les caves du château.


    Au-dessus du buffet, c'est encore un Buffet !

     

    Convivialité et communion autour du vin, dégustation orgiaque et anthologiaque, tout juste entrecoupée de chants bourguignons et ponctuée de bans bourguignons, orchestrés de main de maître par le groupe des Joyeux Bourguignons, la Paulée, c'est tout cela en même temps ! Après le Clos Vougeot samedi et les Hospices de Beaune dimanche, le coeur de la Bourgogne bat à Meursault, en ce quatrième lundi de novembre.


    Pierre Schoendorffer recevant son prix et parlant d'une époque où "le vin était le pétrole de la marine à  voile".

     

    Après le bref discours officiel de présentation, qui nous a promis un beau millésime 2004 à Meursault, et la remise du soixantième prix littéraire de la Paulée à Pierre Schoendorffer, pour son dernier livre paru, les brigades de Fabrice et Maurice Bugaud entrent en action avec le service du premier des quatre plats qui vont se succéder. Les bouchons sautent dans tous les coins et chacun part, bouteille à la main, faire goûter son vin aux membres de sa tablée, mais également à la salle entière. Des salves parfois rapprochées qui ne permettent pas toujours de prendre le temps d'apprécier pleinement les vins servis. Mais qu'importe ! L'instant est à la convivialité, au partage, à la fête! Des crus prestigieux défilent dans les verres, de façon furtive, de très beaux vins sont aussitôt éclipsés par d'autres, certains n'ont pas le temps de convaincre que déjà il faut vider son verre avant de le "pleindre" à nouveau ! En ce pantagruélique festin, constitué de 2 entrées, 2 plats, fromages et dessert, servis en à peine 5 heures, ce ne sont pas moins de 72 vins qui ont effleuré mes papilles. Pas le temps de prendre de notes évidemment, ce fut déjà une prouesse d'arriver à colliger tous les noms figurant sur les étiquettes ! La proximité de certains voisins de table a pour beaucoup influencé la liste des vins dégustés, et, à vrai dire, nous ne sommes pas trop mal tombés ! Il y avait matière à goûter probablement plus de 2000 bouteilles, la plus belle carte des vins qu'aucun restaurateur ne pourra jamais s'offrir! Personne n'a donc finalement bu la même chose. Voici ma longue liste personnelle, celle des vins qui sont passés à ma portée, dans un ordre à peu près chronologique, mais parfois décousu, quelques blancs qu'il aurait été cruel de décliner ayant été servis en même temps que les premiers rouges:

    Savigny 1999, Château de Meursault
    Château Simone blanc 2002
    Pouilly-Fumé 2000, De Ladoucette
    Meursault-Perrières 1997, Coche-Dury
    Pur Sang 2002, Dagueneau
    Meursault En Luraule 2001, Rémi Jobard
    Beaune Clos Saint-Désiré 2001, R. Demougeot
    Font du Broc 2002, Côtes de Provence blanc
    Meursault Genevrières 2001, Rémi Jobard
    Batard-Montrachet 2002, Hospices de Beaune (magnum)
    Meursault Genevrières 2000, Rémi Jobard
    Chassagne-Montrachet 1er cru Vergers 2001, Ramonet
    Grange des Pères blanc 1999 (magnum)
    Meursault Les Tillets 2003, Alain Gras
    Corton Charlemagne 2001, Henri Boillot (magnum)
    Chevalier-Montrachet 2002, Henri Boillot (jéroboam)
    Bienvenue-Bâtard-Montrachet 2001, Ramonet
    Meursault Poruzots dessus 1999, Rémi Jobard
    Meursault Perrières (millésime ?), Prieur
    Meursault Genevrières 1997, Rémi Jobard
    Corton Charlemagne 1995, Remoissenet
    Meursault-Blagny 1995, François Jobard
    Meursault-Charmes 2000, J.M. Bouzereau
    Meursault 1988, Coche-Boulicault
    Meursault Genevrières 1995, Rémi Jobard
    Chevalier-Montrachet 1999, Ramonet
    Meursault Poruzots 1989, François Jobard
    Le Montrachet 2000, Remoissenet
    Chevalier-Montrachet 1991, Prieur
    Meursault Genevrières 1994, Rémi Jobard
    Montrachet 1979, Ramonet
    Meursault 1996, Sylvain Dussort
    Meursault Genevrières 1997, Yves Boyer
    Meursault Charmes 1996, Michelot
    Meursault Charmes 1992, Rémi Jobard
    Puligny-Montrachet Les Champs Gains 1998, Philippe Bouzereau
    Château de Fargues 1995 (demi-bouteille)
    Le Pergole Torte (sangiovese) (millésime?)
    Vosne Romanée Aux Brûlées 2000, Méo-Camuzet
    Chevalier-Montrachet 1993, Domaine Leflaive
    Meursault 1989, Sylvain Dussort
    Beaune Marconnets 1996, Darviot
    Beaune Clos du Roi 1995, Tollot-Beaut
    Prieuré Saint-Jean de Bébian 1991
    Meursault 1971, Buisson-Battault
    Pernand-Vergelesses 1997, Laleure-Piot (magnum)
    Hermitage 1995, J.L. Chave
    Mazy-Chambertin 1994, J. Roty
    Meursault-Charmes 1983, Roullot
    Volnay Santenots 1999, Rémi Jobard
    Beaucastel 1995
    Savigny 1er cru Les Peuillets 1993, Rodolphe Demougeot
    La Réserve de Saint-Eugénie 2002, Corbières
    Charmes-Chambertin 1998, Geantet-Pansiot
    Clos de la Roche 1999, Jadot (jéroboam)
    Clos-Vougeot 1996, Denis Mortet
    Nuits-Saint-Georges Les Porrets-Saint-Georges 1998, Gouges
    Pommard Rugiens 1993, Balot-Millot
    Volnay Cailleret 1997, J. Boillot
    Pommard 1990, Hospices de Beaune
    Romanée-Saint-Vivant 1997, R. Arnoux (magnum)
    Château d'Arlay Vin jaune 1973
    Richebourg 1979, DRC
    Pommard Les Vignots 1993, Rodolphe Demougeot
    Pommard 1997, Rodolphe Demougeot
    Santenay 1er cru Clos Roumier 1990 (producteur?)
    Marsanne Grain Noble 2000, Chappaz
    Mas Amiel 2000, Cuvée Charles Dupuy
    Château Rieussec 1995
    Layon- Chaumes 1982 (domaine?)
    Gourt de Mautens 2001
    Mas Amiel 10 ans
    + 2 Single Malts


    La la, la la, lalalalalère, lalala lalala la la la!

    Un ban bourguignon pour le Montrachet 1979 de Ramonet! Je faisais remarquer ici même il y a peu que je n'en avais encore jamais goûté, c'est chose faite maintenant, et à deux reprises: d'abord Le Montrachet 2000 de Remoissenet, qui ne m'a pas procuré la grande émotion tant attendue, et puis ce 1979 de Ramonet, de toute beauté, d'une finesse et d'une longueur impressionnantes! L'extase!

    La la, la la lalalalalère, lalala lalala la la la!

    Un ban bourguignon également pour le Meursault-Charmes 83 de Roullot, le Poruzots 89 de François Jobard et le Meursault 1971 de Buisson-Battault. L'âge sied à merveille aux grands Meursault! La mini-verticale de Genevrières de Rémi Jobard confirme la grande qualité des vins du domaine, même en millésime difficile (1994), et par conséquent une très belle régularité. Iconoclaste Grange des Pères blanc 1999, à l'équilibre subtil et un rien "bourguignon", magnifique! Et puis, ce vin jaune du Château d'Arlay 1973, apprécié surtout par les grands connaisseurs, mais quelle bouteille!

    La la, la la lalalalalère, lalala lalala la la la!

    Un ban Bourguignon pour Pierre-Antoine Rovani! Un homme ouvert, aimable et accessible, ce Monsieur Rovani. "A la Paulée, il n'y a pas de Monsieur Rovani! Appelez-moi Pierre-Antoine!" Pas de problème, P.-A.! Convaincu du potentiel des grands vins du Languedoc, il analyse fort justement, à l'aveugle, Bébian 1991, plus que correct, mais aux tanins qui serrent un peu en finale. Grand amateur de vin jaune, et notamment des Château Chalon du domaine Macle, il ne refuse pas un verre de Château d'Arlay 1973 et me sort de sa manche sa botte secrète, un vieux Gouda de 96 mois d'affinage, déjà passablement entamé, qui se marie à merveille avec le vin. Un grand moment, en grande compagnie!


    Pierre-Antoine aime le vin jaune, le vieux Gouda et les jolies serveuses !

     

    Pas de ban bourguignon en rouge en ce qui me concerne, malheureusement, malgré des bouteilles prestigieuses. Gamme fort homogène chez Rodolphe Demougeot, joli Beaune Marconnets 96 de Darviot, très beau Mazy-Chambertin 94 de Roty, à maturité, Romanée-Saint-Vivant 97 de R. Arnoux encore dense et serré, Nuits-Saint-Georges 98 de Gouges égal à lui-même. Un comble, je suis passé à côté du Richebourg 79 de la DRC! Aucun souvenir, mais je n'ai fait qu'y tremper les lèvres! Comme quoi, abondance de biens nuit, et pas que Saint-Georges! !Il est vrai que beaucoup de blancs étaient passés par là auparavant! Le rouge le plus épatant que j'aie goûté ce jour-là pourrait bien être ... Beaucastel 95! J'ai presque honte de l'avouer!

    La la, la la lalalalalère, lalala lalala la la la!

    Et enfin, un autre ban bourguignon pour la plus belle jupe de l'assemblée, qui avait dans ses poches des trésors en provenance de son pays natal. Deux vieux Single Malts dans des éditions limitées et indépendantes (dont un vieux Strathisla de Signatory). Parfait en digestif!

     

    Au rang des vraies déceptions, très peu, finalement. Un problème de bouteille sur Gourt de Mautens 2001, un Corton Charlemagne 95 de Remoissenet iodé et bien mal structuré et un immonde Coteau du Layon-Chaumes 82 dont je n'ai pas retenu le nom, le veinard!

    Fin de la première partie. Les amis de la Paulée rompent les rangs et se dispersent pour se retrouver en petits groupes chez les vignerons qui ont l'honneur et le plaisir d'ouvrir leur caveau ce jour-là . Nous attaquons la tournée par le donateur du prix 2004, le domaine des Comtes Lafon.

    Dégustation au domaine des Comtes Lafon

    Une occasion inespérée de franchir les grilles de ce domaine emblématique de Meursault, qui ne reçoit que de façon exceptionnelle. Petit tour de la propriété pour pénétrer dans la cave où les 2004 en fût nous attendent. J'ai à ce stade abandonné le stylo, et ne suis plus tout à fait sûr des vins dégustés, la fatigue commençant à se faire humainement sentir. Clos de la barre, Charmes et Perrières 2004 ont à peu près terminé leur sucre. Une matière globalement prometteuse sur laquelle je me garderai bien de me prononcer, n'ayant pas suffisamment l'expérience des vins à ce stade. Les vins en bouteille (Charmes 2003 et Gouttes d'Or 2002) sont de toute beauté, de même que le Volnay-Santenots 2002.

    Dégustation au domaine Roulot

    Les 2004 (Tillets, Luchets, Tessons et Perrières) sont marqués par une réduction importante et une acidité soutenue. Durs à juger en l'état! Le Meursault Luchets 1999 fait preuve de beaucoup plus d'amabilité, même si le millésime n'est pas encore pleinement épanoui. Au vu du 83 goûté lors du repas, je suppose que ces vins nécessitent du temps.

    Dégustation au domaine Pierre Morey

    Ici encore, des 2004 bien difficiles à évaluer sur fûts : Meursault Pellans, Tessons et Perrières, suivis d'un beaucoup plus convaincant Meursault 2002 et d'un rouge dont j'ai, coupablement et honteusement, oublié les origines. Le plaisir d'échanger quelques mots avec Pierre Morey et la découverte rétrospective d'avoir frôlé, sans le savoir, un murisaltien d'en face, seront les temps forts de cette visite.

    Dégustation au domaine Boyer-Martenot

    Passage rapide chez Yves Boyer, car il n'était pas envisageable de manquer un seul de ces rendez-vous murisaltiens nocturnes, pour y goûter quelques vins au fût et en bouteilles. Un domaine que je ne connaissais pas, des vins intéressants, mais goûtés un peu rapidement et que je serais bien incapable de juger dans ce contexte pléthorique très particulier.

    Dégustation au domaine Michelot

    Le 5ème vigneron à ouvrir ses caves ce soir-là . Pas mal de vins à goûter, pour des passionnés qui commencent à crier "Grâce !". Le souvenir d'un beau Perrières 2004 au fût, celui du sourire et du décolleté de Valérie qui servait un joli Meursault 2002 en bouteilles, le plaisir d'une rencontre avec "JFK" (Jean-François Coche-Dury)!

    La valse des phares de voiture dans les rues de Meursault commence à baisser d'intensité. Le Pauléon rassasié et fatigué rampe à la recherche de sa couche, la tête dans les étoiles (ou, c'est moins poétique, dans le seau, pour les plus déraisonnables d'entre eux ). Le sommeil du juste l'attend. Un repos mérité et réparateur.

    Après la fête!

    Histoire de se refaire un peu le palais le lendemain matin, petite "extrapaulation" pour une dégustation des 2004 de Rémi Jobard, ceux de l'activité de négoce qu'il est en train de mettre en place. Des 2004 qui sont loin d'avoir fini leurs sucres, contrairement à la plupart des vins de la veille. Des vins très intéressants, du Meursault Meix-Chavot au Corton Charlemagne à la structure imposante, en passant par un Chassagne Montrachet 1er cru (climat ?) et un Puligny-Montrachet 1er cru les Champs Gains.

    Et c'est totalement repus, fatigués, mais heureux, que les gars et les filles du GJP ont repris le chemin du retour, laissant derrière eux la Bourgogne et ses trois jours de gloire, avec la ferme intention d'y revenir bientôt.

    Olif et le GJP

  • Le Beaujolais, tout sauf nouveau...et aux Jardins!

     

    Date: le 21/11/2003 à 16:51

    Nouvelle soirée de dégustation festive aux Jardins de Saint-Vincent, chez Stéphane « Saint-Vernier » Planche et voilà -ti-pas que cela coà¯ncidait avec la sortie du Beaujolais nouveau ! L'occasion était trop belle pour ne pas faire un petit tour d'horizon de la production de cette région mésestimée à  tort, qui, d'un côté, profite des retombées d'une opération commerciale pendant une période plutôt brève, et qui, de l'autre, pâtit des conséquences de ce coup médiatique en terme de reconnaissance qualitative. Il y a pourtant des choses intéressantes en Beaujolais ! La preuve !

    - Beaujolais blanc 2002, domaine des Terres dorées, JP Brun

    La cuvée de base, qui ne connaît pas le bois, élevée 10 mois en cuves sur lies. Nez sur les fruits frais, les agrumes, la rhubarbe rose, avec des notes de légère surmaturité et des souvenirs de son élevage sur lies (son côté lactique !). Un peu court, sympa, mais pas impérissable !

    - Côtes de Brouilly 2002, Domaine des Terres Dorées, JP Brun

    Nez réduit, viandé, masquant un peu le fruit, mais ces notes de réduction disparaissent un peu à  l'aération pour laisser la place à es notes lactiques (lait de coco). Manque un peu d'ampleur et divise les dégustateurs. A sa décharge, 2002 est un millésime vraiment difficile en Beaujolais.

    - Morgon 2002, Marcel Lapierre

    Nez végétal, eucalyptol, un peu pharmaceutique et iodé, que pour tout dire, je n'aime pas trop. Vin acidulé et frais, qui tapisse et enveloppe bien le palais, qui divise un peu les dégustateurs. Il s'agit d'une cuvée légèrement sulfitée à  la mise.

    -Morgon 2002, Marcel Lapierre

    Le même, non soufré. Les notes végétales et iodées sont toujours là , mais moins présentes. La bouche est ample, charnue, vive et de bonne tenue. Le côté légèrement végétal (fenouil ?) me gêne toujours un peu, mais moins que sur le précédent vin. Il existe une troisième mise, avec sulfitage et légère filtration. Trois facettes d'un même vin qui pâtissent très certainement de la faiblesse du millésime 2002.

    - Morgon 2001, Côte de Py, Jean Foillard

    Petits fruits rouges croquants au nez, un vin épanoui, rond et charnu, presque sensuel. Beaucoup d'élégance, un vin qu'on a envie de boire ! Rétro acidulée et fraîche sur le cassis.
    Deuxième rencontre avec ce vin friand et gourmand, je craque complètement. Le millésime y est peut-être pour quelque chose par rapport au précédent.

    - Moulin-à -Vent 2000, Clos du Tremblay

    Robe rubis soutenu, nez fruité, caramel au beurre salé de Noirmoutier (ce sont ceux que je mange en ce moment!), compote de rhubarbe. Structure équilibrée, se patinant avec le temps, une sensation de plénitude. Très beau, il entre dans sa phase de maturité.

    -Labeur d'Octobre, Domaine des Terres Dorées, JP Brun

    C'est une véritable déception ! J'avais fait de ce chardonnay botrytisé mon coup de coeur de l'année dernière. Comme il est déclassé en vin de table, il n'est pas millésimé et celui-ci est loin d'être une réussite. Manque de gras et de confit, déstructuré, végétal et acide. On ne pouvait pas rester là -dessus ! Stéphane est descendu chercher une bouteille de derrière les fagots, sélectionnée par Dionis.

    - Strohwein 1997, Neusiedlersee, Georg Lunzer, Osterreich

    Il s'agit d'un vin de paille autrichien qui embaume le litchi. Riche en glycérol et en sucre mais frais et acidulé. Assemblage de plusieurs cépages dont du gewurtztraminer que nous avons évoqué sur les notes intenses de litchi. Très bon même si on est loin des vins de paille du Jura (non, je ne suis pas chauvin!:)).

    Pour accompagner le petit mâchon qui a suivi, on a fait une entorse au titre de la soirée et on a quand même ouvert quelques flacons de Beaujolais nouveau du Château de Cambon (je ne suis pas sûr du nom !), vinifié par Marcel Lapierre. Plutôt sympa, car fruité et pas trop lactique.

    La Bourgogne l'après-midi (compte-rendu à  suivre !), le Beaujolais en Arbois le soir, il est temps de regagner les verts pâturages du Haut-Doubs, les papilles totalement gavées !

    Burp!(Pardon!)

    Olif

  • Mes Nuits sont plus Chambolle que vos jours !

     

    Date: le 17/01/2004 à 09:58

    Sous ce titre un peu tiré par les cheveux, se cache ce que pourrait dire un vigneron réputé de Nuits-Saint-Georges à  un autre, tout aussi réputé, de Chambolle-Musigny.

    Mais n'anticipons pas !

    La météo bourguignonne nous devait bien une revanche ! La dernière fois, nous avions quitté le soleil radieux du Haut-Doubs pour le brouillard murisaltien, cette fois-ci, nous avons bravé la tempête de neige pontissalienne pour arriver sous une éclaircie ensoleillée à Chambolle.

    Quel joli village que Chambolle-Musigny ! Un village de poupée enserré dans les vignes avec de petites rues et des maisons qui semblent petites, mais que les vins sont grands !
    Pourtant peu étendu, le vignoble, qui comporte 2 Grands Crus et 24 Premiers Crus, affiche une personnalité différente selon qu'on se situe au nord ou au sud du village. Vérification immédiate et preuve à l'appui lors d'une visite chez l'un des plus prestigieux domaines de l'appellation.

    Et Vogüe le Chambolle ! (je ne l'aurais pas déjà  faite, celle-là  ? :) )

    Accueillis par Monsieur Millet, régisseur du domaine du Comte Georges de Vogüé, nous descendons sans perdre de temps les marches qui conduisent à  la cave.
    Les barriques soigneusement empilées recèlent une partie de la quintessence bourguignonne. La totalité de la production 2002 du domaine se trouve ici, ce qui semble finalement très peu quand on sait qu'il en faut pour le monde entier.
    Méticuleusement et consciencieusement, notre hôte fait sauter les bondes en bois de certains fûts. On rechigne ici à  utiliser des bondes en silicone, plus pratiques et maniables, sauf lorsqu'il s'agit de rouler les fûts, leur préférant les classiques bondes en bois recouvertes de toile de jute qu'il faut changer toutes les semaines pour cause d'hygiène.
    Relativement peu disert et renfermé, l'oeil de Monsieur Millet s'allume à  notre contact, de passionnés, évidemment !- et sa langue s'agite lorsqu'il s'agit de goûter, puis de commenter et de décrypter ses vins.
    Nous allons goûter la gamme des 2002 au fût, la mise ne devant se faire que dans les semaines à  venir, de préférence en fonction de la lune, mais nous ne nous appesantirons pas sur le sujet !

    - Chambolle-Musigny 2002 : un vin composé à  partir de vignes en appellation village auxquelles s'ajoutent des jeunes vignes de parcelles en premier cru, voire en grand cru, destinées à  optimiser l'équilibre. On la bichonne, cette cuvée d'entrée de gamme qui constitue la meilleure des introductions aux vins du domaine. Diablement séducteur à  ce stade, il s'exprime sur les petits fruits rouges (en gelée pour Mr Millet), témoignant de la belle maturité des raisins. Pas de notes confiturées car la minéralité vient la contre balancer de fort belle façon, nette et précise. D'une manière schématique, le millésime 2002 est la résultante d'une micro sécheresse sans chaleur, ce qui a favorisé une maturité optimale des raisins tout en préservant leur acidité. Un équilibre naturel quasi-parfait donc un grand millésime !

    - Chambolle-Musigny 1er cru Les Amoureuses 2002 : le nez s'ouvre sur une pointe de grillé que j'attribuais à  des notes boisées mais qui correspondent, pour Mr Millet, aux arômes caractéristiques du terroir des Amoureuses. Seulement 25% de fût neuf et surtout du poivre, de la cannelle, du pain d'épices, qui viennent souligner la grande minéralité de ce vin. Les autres notes caractéristiques de ce cru, la grenade et la rose, ne nous semblent pas évidentes. La finesse, l'élégance et la race s'imposent par contre très nettement. Un très grand vin !

    - Bonnes Mares 2002 : Changement radical de mode d'expression ! On passe au nord de Chambolle avec un vin plus proche des grands crus de Morey, encore que ce Bonnes Mares, issu d'une parcelle sud-est, soit plus censé jouer une partition intermédiaire. La robe est légèrement violacée. La myrtille s'impose au nez parmi les autres fruits noirs. Une touche florale de violette (et pivoine ?) vient s'y ajouter. L'attaque est franche, le grain des tanins peut-être un peu moins fin que sur les Amoureuses, mais pourtant très racé et élégant. Du grand art !

    - Musigny 2002 : LE Musigny ! Le cru qui fait rêver, presque autant que la Conti ! Enfin y tremper ses lèvres ! Si les Amoureuses sont souvent considérées comme un «petit» Musigny, on pourrait également penser que le Musigny est une «grande» Amoureuse ! On retrouve les mêmes arômes s'exprimant avec plus de densité et de concentration. Epices, grenade et rose, sur une grande trame minérale. Un monument de finesse et d'équilibre. De quoi rester sans voix !

    Ou alors la retrouver juste un petit peu pour remercier et saluer Mr Millet de la bonne heure qu'il nous a consacrée. Et de nous encourager à  revenir goûter les 2003 l'année prochaine ! Mais pas de problème, c'est enregistré !

    Un petit tour par Ma Cuisine

    Cap au Sud, à  Beaune, pour une petite halte restauratrice, non sans avoir fait un crochet au coeur du village de Vosne pour arpenter le muret d'une certaine Conti !
    La capitale des vins de Bourgogne est plutôt calme en cette mi-janvier, mais nous avons pu trouver une table et des chaises dans Ma Cuisine ! C'est le nom du restaurant, situé place Carnot ! Une carte des vins à  faire pâlir bien des cavistes ! ça tombe bien, ils le sont aussi cavistes, à  la Cave Sainte-Hélène qui jouxte le restaurant. Bourgogne, évidemment, avec tous les domaines en vue (sauf le Comte de Vogüé, tiens !), mais aussi tous les grands du Rhône, de Bordeaux, de la Loire et du Languedoc. Impressionnant ! Et surtout à  prix plus que raisonnable sur table, juste un tout petit coeff. 2 !

    Vérification immédiate et preuve à  l'appui, pour accompagner le repas :

    - Meursault 98 Comtes Lafon : à  peine réduit de prime, il s'ouvre, du fait d'un carafage bienvenu, sur des notes de foin coupé, de pain légèrement grillé, de cire d'abeille. L'attaque est nette est franche, la bouche bien soutenue et harmonieuse. Très beau !

    - Pommard Pézerolles 97 Domaine de Montille : un millésime très ouvert pour un Pommard qui présente de jolies notes tertiaires qui commencent à  se développer, mais qui ne masquent pas la trame minérale. Un beau vin pour hédoniste !

    Après une petite flânerie dans les rues quasi désertes de Beaune, remontée vers le Nord, direction la Côte de Nuits !


    Le domaine Henri Gouges, au pays des mille et un Nuits !

    Pas tant que ça en fait ! J'exagère un tout petit peu mais je ne sais pas résister à  la tentation de faire un bon mot, aussi vaseux soit-il!
    Accueillis par Christian Gouges, nous descendons dans les caves après une petite présentation du vignoble de Nuits-Saint-Georges.
    Comme à  Chambolle, le vignoble est scindé en deux parties. Au nord du village, on produit des vins fins et élégants qui se rapprochent de ceux de Vosne Romanée, dont ils constituent le prolongement naturel. Au sud de la vallée du Meuzin, qui travers la ville de Nuits, les vins sont plus puissants, plus austères, demandant du temps pour se fondre.

    Ce très beau domaine familial, dont les caves sont situées dans l'ancienne gendarmerie de Nuits, en est à  la troisième génération de vignerons, la quatrième étant actuellement en formation. Le grand-père Gouges, à  l'origine de la création du domaine, fut un visionnaire novateur en son temps, au début des années 30 et il a joué un rôle déterminant dans la modernisation du vignoble bourguignon.
    Décidé à  se lancer dans le vin, il cherche à  acquérir une parcelle propre à  une époque où les Bourguignons se détournaient un peu de leurs vins, jugés trop capiteux (parce que volontiers coupés avec d'autres vins plus puissants pour les structurer) et peu rentables économiquement.
    Le Crédit Agricole lui fait alors quasiment cadeau d'une vigne de 3 ha au lieu-dit Les Porrets. Il fut l'un des premiers à  vouloir mettre son vin en bouteille au domaine, garantissant ainsi son authenticité, et ne plus le confier au négoce qui se livrait à  des pratiques soit disant amélioratrices comme celle citée plus haut.
    Un riche Suisse (pléonasme ?) ayant goûté sa production souhaita la lui acheter en totalité. Après s'être fait longuement prier (il aurait voulu conserver pour lui sa première récolte !) et devant l'insistance de ce client, il consentit à  lui vendre, le prix de départ ayant été multiplié par 10 au passage.
    Le grand-père Gouges put donc rembourser sa dette en une année et se lancer dans la grande aventure les coudées franches.
    L'esprit avisé, il entreprit avec succès le marché américain, s'offrant même une page entière de publicité dans le New York Times (nous étions en 1930 !). 90% de son vin partait alors à  l'export !
    Lors du classement des terroirs, toujours dans les années 30, aucune parcelle de Nuits ne fut classée en Grand Cru (les Saint-Georges l'auraient certainement mérité, peut-être les Vaucrains). Les Nuitons n'étaient pas des gens suffisamment riches et aisés pour boire des Grands Crus ! Fiers de leurs vins mais conscients de leur statut ! Le grand-père Gouges n'aurait pas été sans influence sur cette décision !

    Fin de la parenthèse historique ! Retour au présent avec le petit-fils, un vigneron sincère et nature comme je les aime, qui m'a rappelé Francis Poirel des Quarts de Chaume, de par sa conception du vin la moins interventionniste possible. Et pourtant, les gros mots sont lâchés !- point de biodynamie (trop cartésien pour cela !), ni même de bio tout court (des essais sont néanmoins en cours). De la lutte raisonnée et une volonté de laisser s'exprimer le raisin et le terroir !

    Ses vins sont à  son image, solides et généreux ! Même si, contrairement à  lui, ils nécessitent du temps pour s'exprimer.
    Les vins sont dégustés au fût, la mise ne devant intervenir que dans les deux mois à  venir.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Clos des Porrets 2002 : un nez que je trouve tendre, joliment fruité. La bouche est pourtant un peu massive, les tanins sont imposants mais pas sévères. Grande longueur.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Pruliers 2002 : un vin encore plus imposant que le précédent, avec beaucoup de mâche en finale, rappelant la prunelle, à  l'origine du nom de ce climat. Petite touche métallique également caractéristique d'après Christian Gouges.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Vaucrains 2002 : Très fruité et rond, il est encore marqué par une pointe de gaz, qui possède un effet réducteur naturel, permettant de limiter l'apport de soufre. Cela donne beaucoup de fraîcheur au vin.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Saint-Georges 2002 : Beaucoup de similitudes avec le précédent, la race et l'élégance en plus. Les tanins sont déjà  bien polissés. Très beau.

    Pas faciles à  appréhender dans leur jeunesse, ces vins de Nuits, qui méritent du temps pour s'affiner! Vérification immédiate, preuve à l'appui, avec deux exemples en bouteille :

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Clos des Porrets 1999 : Une pointe de réduction à  l'ouverture, mais de la bonne réduction, celle qui protège le vin et lui permet de se révéler à  l'oxygénation. Des tanins très fins, bien enrobés, et de jolies notes de framboise bien marquées.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Saint-Georges 1967 : Attention ! Moment rare ! Un vin filtré, contrairement à  la tendance actuelle du domaine, car c'était le souhait des clients américains majoritaires à  l'époque. La robe est rubis, encore soutenue, d'un bel éclat. Nez très ouvert sur de somptueuses notes tertiaires d'humus, de champignon, de sous-bois et puis surtout, après, du cacao ! Du bon, du Van Houten, dont les notes s'intensifient à  l'aération. Quelle élégance ! Quelle harmonie ! Quel fondu ! A maturité, évidemment, mais pour encore bien longtemps d'après Christian, car rien ne vient perturber cet équilibre, quasi intemporel ! Pas craché, celui-là  !

    Pour clore cette belle série, il nous fallait passer par la cave des blancs, une originalité et quasi exclusivité de la maison sur le secteur de Nuits. Encore un coup du grand-père, qui a eu la surprise de découvrir une branche de grains blancs sur un pied de pinot noir. Une branche mutante qu'il a la bonne idée de couper et de greffer sur d'autres plants qui trouvèrent un terroir calcaire de prédilection au lieu dit Les Perrières.

    - Bourgogne blanc 2003 : une mutation massale de pinot noir provenant de jeunes vignes dans le secteur des Dames Huguette. Un vin simple et franc, idéal à  partager entre amis, véritable concentré de pêches de vignes qu'on a l'impression de croquer à  pleines dents. Malo non faite, et on espère qu'elle ne se fera pas ! 13,3° naturel à la récolte !

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru La Perrière 2003 : fruité (pêche et fruits blancs), sur des notes encore fermentaires, il est doté d'une belle minéralité qui lui confère une pointe de dureté. La perception de tanins en bouche, comme sur un vin rouge, témoigne de ses origines (pinot noir muté et non chardonnay).

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Saint-Georges 2003 : pour clore définitivement avant de se quitter, petit aperçu du millésime 2003 en rouge. La robe est sombre, presque noire, et pourtant brillante. Au nez, c'est encore du raisin, tandis qu'en bouche, on ressent nettement une belle acidité, malgré l'absence de mesures correctrices ! Les taux sont naturellement remontés pendant les vinifications, confortant Christian Gouges dans sa politique peu interventionniste. Beaucoup de mâche et d'astringence ! Il faut encore attendre avant de connaître le résultat final. Est-ce que le terroir va finir par supplanter le millésime ? C'est la grande interrogation du vigneron, qui se place toujours en retrait et observe !

    La bouche bien retapissée par les tanins de ce 2003, nous pouvons à présent remonter à  la surface. La nuit est tombée sur Nuits, il est temps pour nous de continuer à  reprendre de la hauteur, direction le Haut-Doubs !

    Ah ! La Bourgogne !

    Olif et le GJP

  • Ambiance de fin de vendanges...à Meursault!

    Date: le 04/10/2004 à 09:32



     

    Histoire de ne pas mourir idiot, ni même sot, une petite immersion, pour le fun, dans le grand bain des vendanges 2004 en Bourgogne s'imposait. Voici donc, en forme de double clin d'oeil, les impressions extérieures d'un touriste qui a réussi à profiter d'une magnifique journée dominicale pour s'imprégner de l'ambiance de la dernière journée de vendanges au Domaine Rémi Jobard, à Meursault. Point de sensationnalisme, pourtant, car pas de cru prestigieux à se mettre sous la dent, il ne restait plus que deux parcelles d'aligoté à couper. Et vous n'y couperez pas non plus!

    Débutées samedi dernier sous un ciel gris et dans la fraîcheur, il aura fallu neuf jours pour arriver au terme de ce moment-clé de l'élaboration du vin. En ce dimanche matin 3 octobre, la vigne murisaltienne a retrouvé son calme, loin de l'agitation des jours précédents où elle s'apparentait à une véritable fourmilière. Il y règne un sentiment de sérénité, de devoir accompli, son bel agencement à peine troublé par la présence éparse de quelques vendangeurs retardataires. On commence en général à couper parmi les derniers, chez Rémi Jobard, qui préfère attendre d'avoir la maturité optimum et le meilleur degré. Une récolte 2004 abondante, qui a peiné pour l'atteindre, ce degré satisfaisant, mais qui y est finalement parvenu grâce à un mois de septembre exceptionnel. Les Genevrières furent les premières à être vendangées. Le meilleur n'a donc pas été gardé pour la fin puisque c'est « Sous le chemin» que nous retrouvons les derniers coupeurs en compagnie de Charles Jobard qui dirige les opérations.

     

    Sous le chemin, mais aussi sous la RN 74! Gare à la traversée! Ambiance bon enfant au sein de la petite communauté des vendangeurs, même si la fatigue commence à se lire sur les visages. 8 jours de travail intensif, de soirées festives et de nuits courtes finissent par émousser les plus résistants. Surtout qu'ils sont parmi les derniers à encore bosser!

    Et c'est cramponné aux arceaux du tracteur conduit par Rémi que j'ai sillonné les chemins viticoles de Meursault pour acheminer les dernières bennes vers le pressoir.

     

    La vendange y est simplement foulée, pour faciliter la dissociation de ces grappes un peu compactes, avec des raisins à peaux épaisses.

     

    Dans un coin du chai, les cuves de Volnay-Santenots, récoltés il y a tout juste 8 jours, démarrent gentiment leur fermentation alcoolique en dégageant une odeur agréable.

    Le temps de goûter au « vin doux», du jus de raisin blanc encore non alcoolisé, pur fruit, il est déjà temps de se rendre dans les Busigny (non, je ne suis pas enrhumé, il ne s'agit pas du Grand Cru de la Côte de Nuits!), puis aux Corvées, où l'aligoté affiche une meilleure mine!

     

    La fin des vendanges initialement prévue pour midi, l'horaire ne pourra finalement pas être respecté. La Paulée, traditionnel repas de fin de vendanges, sera donc reportée en fin d'après midi et il faudra improviser un casse-croûte campagnard sur les coups de 11 heures 30, que les cueilleurs accueilleront avec délectation. Nous terminerons les restes de ce casse-croûte vers 13 heures, et c'est vrai qu'ils avaient faim, les forçats de la vigne! En guise de compensation, nous aurons droit, au lieu du Passetoutgrains rituel, à une bouteille de Meursault Sous la Velle 2001, puis à un Volnay Santenots 2002.

    Si les vendanges laissent des traces dans les organismes, elles laissent aussi quelques séquelles (heureusement transitoires!) sur le terrain, témoin ces tas de « gennes», les résidus de la presse qui seront ramassés régulièrement par des sociétés spécialisées dans la distillation, en quelque sorte un genre d'impôt versé à l'état sur la récolte. A droite du tas odorant, même si cela ne se sent pas sur la photo!, on aperçoit les Gouttes d'Or, et à gauche les Poruzots. Le paysage est alors un peu moins idyllique!

     

    15 heures! C'est la fin! La dernière benne est remplie et Isabelle, qui devait ramener les vendangeurs au bercail, ne coupe pas à une immersion en raisin frais, comme il lui avait été promis.

     

    S'ensuit une bataille de raisins au cours de laquelle je paierai même de ma personne! Décidément, la neutralité des « reporters» n'est même plus respectée!

     

    15 heures 15. Retour au domaine, où une deuxième « bataille» éclata, à coup de jet et de seaux d'eau! Pour une douche préliminaire réjouissante. Puéril mais défoulant! La fête, quoi! Et même si nous ne sommes pas en Alsace, c'est une copieuse choucroute qui attendra nos gaillards, une fois complètement décrassés par une toilette approfondie.

    Trop tard pour les « touristes» jurassiens, devant regagner les hauteurs, après ce petit bout de vendange, une belle et vraie tranche de vie, avec des morceaux de raisin dedans!

     

    Olif

     

  • 1963, Mission (Haut-brion) impossible ?

     

    Date: le 05/10/2003 à 17:59

    Cette Mission, si vous l'acceptez, consistera à  goûter (et plus, si affinités) un vin du millésime 1963, réputé être un des plus piteux de la deuxième moitié de XXème siècle.

    La Mission Haut Brion 1963, vin de Graves

    Musique: Ta ta! tatata ta! ta tata ta! tatata!

    La bouteille d'abord ! Elle est plus grande qu'une bouteille normale ! En fait, cela s'explique: c'est un magnum !
    L'étiquette a beaucoup de choses à  nous raconter : elle trahit ses origines mais il faut l'habitude d'un expert pour la faire parler! Visiblement conservée dans une bonne cave humide et sur des porte-bouteilles en métal (elle est un peu déchirée et roulée sur elle-même par endroits), elle inspire confiance!
    Le bouchon est complètement imbibé, un peu mou, et malgré une manoeuvre prudente d'extraction avec un château Laguiole, il se casse à  la base, juste au niveau de la mention du millésime. 1963 ! Mon coeur palpite d'émotion ! Miracle ? Les effluves qui se dégagent sont fort alléchantes, déjà  au niveau du bouchon en lui-même, puis au dessus du goulot.

    La robe est grenat évoluée, mais encore sombre, brillante, limpide et d'un superbe éclat. Il se dégage des senteurs de prune, de vieux cuir, de sous-bois (pas trop marqué). Intensément aromatique, subtil, ce nez est vraiment très beau et enivrant !
    En bouche, les tanins sont joliment fondus, le vin est rond, charnu, d'une constitution irréprochable. De faiblesse ou de creux, point ! Un modèle d'équilibre ! Long et intense !

    Au delà  de l'émotion procurée par la découverte de mon année de naissance, la satisfaction de boire un vieux vin qui en remontrerait aux jeunes, dans un millésime sur lequel personne ne miserait un kopeck, fut source de grande satisfaction. 40 ans et une jeunesse incroyable, c'est tout moi, tiens !

    Ce merveilleux magnum a éclipsé les petites soeurs sélectionnées pour l'accompagner : La Mission 86 en bouteille, au nez très expressif mais austère et fermé en bouche, et La Chapelle de la Mission 98, en demi-bouteille, plutôt bien construit mais ne jouant pas dans la même cour.

    Un grand moment gustatif! Si vous avez eu 40 ans cette année, ruez-vous sur tous les magnums de La Mission Haut-Brion 1963 que vous pourrez trouver!

    Olif