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  • Parlez-moi d'amour!

     

     


    Pour répondre aux sollicitations d'une muse coquine, j'ai affûté ma plume et mon clavier pendant que Cupidon aiguisait ses flèches. Le résultat ne s'est guère fait attendre!

    L'hiver est encore bien là! Pourtant Saint Valentin, qui nous tend les bras, vient titiller nos sens et réveiller nos ardeurs d'amoureux passionnés, bien avant l'afflux de sève du rut printanier.

    Bien sûr que je t'aime, mon Amour! C'est toujours toi que je préfère, même lorsque mon esprit vagabonde, attiré par d'autres formes, d'autres couleurs, d'autres envies, d'autres plaisirs... Fantasme échappatoire pour mieux revenir me lover contre toi. Tu es à  nulle autre pareille.

    Sous le chapeau lisse de ton ciré jaune, j'aime à  t'imaginer nue, sans atours. D'un geste sec et volontaire, je le fais voler, dégageant ainsi ta coiffe. Nul ne peut te prétendre hautaine, même lorsque tu dresses le col. C'est pour mieux dégager ton épaule au creux de laquelle je peux me blottir et m'abandonner avec délice en m'imprégnant de ton odeur. Ivresse des sens, frôlant l'indécence...

    Mes doigts effleurent alors avec volupté ton corps ferme et très en forme(s), ne se lassant pas de l'explorer, s'attardant sur le tatouage qui décore ta poitrine, puis glissant lentement sur le petit carré d'étoffe niché au creux de ton ventre et rempli de promesses.

    Avec beaucoup de tendresse, t'inclinant pour mieux te prendre, ma main s'immisce dans un endroit secret, essuyant quelques petites perles humides.

     

    Ah! Ce cul, ma Mie! Doux et rebondi, accueillant et frémissant sous mes doigts, il s'offre sans retenue à  celui qui le désire. Pas celui d'une fille facile pour autant, plutôt celui d'une femme mûre, avec quelques années d'expérience, un qui se mérite et nécessite un apprentissage pour l'apprécier à  sa juste valeur.

    Un liquide parfumé et doré s'écoule alors, dans une symphonie haletante et jouissive, prélude à  un orgasme annoncé ...

     

    Olif, calme-toi mon garçon, avant que les esprits ne s'échauffent, le tien en premier. Tu vas te faire censurer. Ici, c'est un blog où l'on parle de vin, au cas où tu ne l'aurais pas deviné.

     

    Mais c'est pourtant bien de cela dont il s'agit, non?

     

    Olif




  • La vie de château en Languedoc

    Date: le 18/06/2004 à 21:08

    Temps fort du programme annuel du GJP, cette dégustation languedocienne prévue de longue date, a permis de faire un break professionnel salutaire, de rencontrer des vignerons et des gens exceptionnels et de concilier dépaysement, plaisirs gustatifs et plaisirs tout courts. La formule " on the road " a quand même ceci de bon qu'elle permet de rendre l'approche du vin plus palpable et concrète.
    Les visites ont été planifiées longtemps à l'avance, pour éviter d'avoir à subir des désillusions, ce qui n'a pas empêché d'être exposé à des imprévus mais aussi de recourir à l'improvisation.

    La recherche d'un hébergement nous a finalement souri après un premier couac : L'Auberge du Cèdre complète depuis plus de deux mois à cette date, nous n'avons pu y élire nos quartiers. Nous n'avons cependant pas perdu au change, en optant pour une résidence plutôt classieuse, dans un cadre majestueux, le Château de Jonquières, qui dispose de 4 chambres d'hôtes récemment aménagées. Cela eût en outre le mérite de nous recentrer sur 2 visites essentielles inscrites au programme, le Mas Jullien et le domaine Peyre Rose.



    Jonquières

    Arrivés à Jonquières après un voyage sans encombre, notre départ du Haut Doubs fut légèrement retardé ; nous prenons néanmoins possession de nos chambres avant la tombée de la nuit. Accueillis fort sympathiquement par le chien Loubard puis par Isabelle de Cabissole, les valises sont déchargées vite fait et nous gagnons immédiatement Saint-Saturnin, plus précisément l'auberge du Vieux Pressoir, où une table nous avait été gentiment réservée.

    Saint-Saturnin

    Proche de Jonquières, ce village vit surtout par sa coopérative, peu de vignerons ayant repris leur indépendance. On y trouve l'une des plus agréables et conviviales tables de la région, l'Auberge du Vieux pressoir. Un lieu animé, où l'on croise de façon totalement improbable, ce jour-là et à cette heure-là , un membre d'une joyeuse bande du petit écran, bande pas complètement nulle ni inconnue et qui a pris ses habitudes ici lors d'un tournage sur le plateau du Larzac pour le grand écran ! Hasarrrrrrd de l'existence ! La patronne est très accueillante et charmante, le patron, amoureux des vins du Languedoc, nous fait profiter de sa grande expérience après avoir pris connaissance de notre commande, qui force son respect ! La carte des vins, évidemment spécialisée Languedoc, recèle de nombreux trésors qui aiguisent notre soif de découvertes ! La cuisine, originale et goûteuse, basée sur de bons produits fermiers, dans un registre traditionnel mais pourtant novateur, s'allie parfaitement à la qualité des vins.

    Château de Jonquières blanc 2000
    Un très agréable blanc d'apéritif, frais et désaltérant, qui nous permet de trinquer à  distance avec nos hôtes.

    Mas de L'écriture, Les Pensées 1999
    Légèrement réduit à l'ouverture, malgré un carafage, il s'exprime très avantageusement à l'aération, sur un fruité très frais. Une très belle bouteille, harmonieuse et fondue.

    Le Merle aux Alouettes 1999, Domaine de Fontcaude
    Malgré un carafage plus long et vigoureux, avec remuage et secouage régulier par Le Seb, le vin conserve des tanins un peu serrés et se livre difficilement. Mais quelle matière ! Un vin à attendre et qui devrait être très beau.

    Domaine Puech Lazert 1999, Saint-Jean de la Blaquière
    La bouteille du patron, sortie pour accompagner les délicieux fromages de brebis et de chèvre. Saint-Jean de la Blaquière, futur grand nom des Coteaux du Languedoc d'après notre hôte, car c'est un terroir encore largement sous-estimé. Laurent Taisse est un original, voire un marginal, qui produit du vin pour son plaisir et comme il en a envie. Une bouteille coup de poing ! Un vin puissant, où l'élevage se fait encore sentir, mais de façon fort élégante, avec une belle acidité et de la fraîcheur sur des notes de griotte et de bigarreau, qui s'accordent parfaitement avec les fromages de chèvre.

    Plan de l'Om 2001, Miéjour
    Autre domaine notable de Saint-Jean de la Blaquière, ouvert en parallèle avec le précédent, pour cause d'hésitation sur le flacon à déboucher. Un style différent, très fruité, fraise écrasée, cassis giboyeux, avec une belle minéralité et de la fraîcheur.

    Carthagène, domaine de la Sauvageonne
    Pour rester sur Saint-Jean de la Blaquière et pour terminer en beauté, une très belle Carthagène prise en digestif, parfumée et agréable.

    Saint-Pargoire

    On attaque fort d'entrée de jeu ! Le Seb, qui a ses entrées au domaine depuis l'année dernière, nous a organisé une petite rencontre avec Marlène Soria, rencontre qui a bien failli tourner court puisqu'elle nous attendait par erreur la semaine précédente. Comme elle était présente et disponible, elle nous a gentiment consacré deux petites heures qui sont passées très vite.
    Au bout de la ligne téléphonique, le domaine de Peyre Rose ! Une route tout juste carrossable (mais par la suite nous avons fait pire !) qui longe les poteaux en bois (ou alors est-ce l'inverse ?), ce qui évite de se perdre puisque le fléchage du domaine est très discret. D'abord sur une réserve que je qualifierais de naturelle, Marlène Soria se livre peu à peu, tout en nous faisant visiter les chais, et nous raconte son installation et ses déboires avec la coopérative du coin, quand elle n'hésitait déjà pas à afficher ses convictions sans concession.


    Arrivée au milieu des années 80 dans cet endroit perdu au milieu de la garrigue et des vignes, d'abord pour des vacances " sauvages ", elle décide de s'y installer définitivement et de vivre du vin.
    Petite anecdote au sujet du nom du domaine, choisi délibérément par Marlène en raison de son affinité pour la couleur rose, il s'est avéré que les pierres qui constituent le terroir aussi bien des Cistes que de Léone sont, malgré quelques différences liées au terroir, des pierres à reflets rosés. Une prédestination en quelque sorte ! Petit à petit, de gros travaux sont réalisés au domaine, notamment le creusement d'un chai dont toute une partie est enterrée, adossée à la colline. La particularité de Peyre Rose, c'est que les vignes sont en hauteur, sur le plateau, et que les bâtiments sont situés dans une combe (je ne sais si cela s'appelle ainsi en Languedoc !). Cela permet le travail par gravité et le maintien d'une certaine fraîcheur malgré la canicule, mais par contre, la partie habitation reste très humide, ce qui peut être plus gênant, notamment en hiver.
    Nous jetons un oeil sur toutes les installations, dont de belles cuves peintes en rose, pour terminer dans le caveau de dégustation ou nous allons découvrir quelques merveilles, certaines connues, d'autres moins ou pas encore !

    Rosé 2002
    Un rosé de grenache à la robe plus sombre que tous les rouges jurassiens réunis ! C'est frais, fruité et gouleyant, très vineux. Pour tout dire, excellent, même si cela s'apparente plus à un rouge qu'à un rosé ! De quoi rallier tous les détracteurs des vins rosés !

    Clos des Cistes 1998
    La robe de celui-ci nous fait mieux comprendre pourquoi Marlène appelle le précédent " Rosé " Légèrement chocolaté (la marque du terroir ?), il s'impose par ses notes de fruits noirs et sa grande concentration. Superbe !

    Syrah Léone 1998
    Encore plus noir que le précédent, crème de fruits noirs, réglisse, impression " virtuelle " de boisé (qui n'existe pas sur ce vin). La définition des deux terroirs s'affine de plus en plus au cours des années pour aller vers une minéralité très marquée. Magnifique !

    Blanc 1997
    Après une première expérience décevante en 1994 (de par l'évolution en bouteille après la mise), Marlène a décidé de garder toute sa (petite) production de blanc en barrique depuis 1995. Nous avons le plaisir de goûter au 97, soutiré devant nous. Une merveille ! Minéral, frais, équilibré, sa tenue à l'air est admirable (un échantillon prélevé il y a plus de 15 jours traîne encore en carafe et son nez est loin d'être oxydé), probablement du fait de son caractère très finement oxydatif, justement.

    Quand on goûte à tous ces vins, récoltés avec un rendement moyen de 18 hl/ha, conservés en foudres ou en cuves plus longtemps que la moyenne, puis portés financièrement encore une année supplémentaire en bouteilles pour qu'ils s'harmonisent, il paraît évident qu'une telle exigence qualitative se paye.
    Après avoir salué Marlène et réservé la totalité de sa production pour les 10 ans à venir (pas de panique, vous pourrez en avoir aussi, c'est juste de l'humour !), nous nous offrons une petite marche entre Clos des Cistes et Syrah Léone jusqu'en haut de la colline pour apprécier le panorama sur l'étang de Thau et le Mont Saint-Clair au loin. Finalement, il n'est pas si surprenant qu'un endroit aussi magnifique produise de tels vins, un peu à son image !



    Clermont L'Hérault

    12 heures 30. Petite halte restauratrice au Café des Négociants, une adresse sympathique que j'avais fréquentée il y a 2 ans, avec terrasse au coeur de la ville. La nourriture est tout à fait correcte mais nous tairons par pudeur les vins pris ici pour accompagner le repas. La carte est plutôt restreinte, avec quelques jolies choses, mais pas celles que nous avons choisies en essayant de rester simples. Il faut dire que nous venions à peine de quitter Marlène et que passer derrière un vin de Peyre Rose tient un peu de la gageure!

    Jonquières

    Retour dans notre terre d'accueil, mais pas à  la maison ! Direction le Mas Jullien, où je devais prendre livraison de ma commande printanière. Accueillis chaleureusement par une charmante hôtesse, d'abord inquiète de nous voir débarquer, puis poussant un ouf! de soulagement lorsqu'elle apprend le motif de notre venue. De vin à vendre, il y a longtemps qu'il n'y en a plus. Il en reste un peu à goûter, mais plus pour très longtemps. Nous ne nous faisons pas prier pour tremper nos lèvres dans toute la gamme.

    Blanc 2002
    Jolie vivacité pour un blanc équilibré, encore une prouesse d'Olivier Jullien pour qui réaliser un blanc ici tient du pari.

    Rosé 2002
    Robe rouge groseille soutenue et arômes fruités de groseille, rafraîchissants au nez. Très vineux, un rosé de saignée de belle facture, sur lequel Olivier Jullien veille jalousement tant que la couleur souhaitée n'est pas obtenue.

    Etats d'âme 2002
    Un vin rouge d'une fraîcheur revigorante dans un millésime réputé difficile et une étiquette d'humeur enfantine, constellée d'onomatopées de gazouillis de nourrisson. Olivier Jullien n'aurait-il pas été papa cette année-là ?

    Mas Jullien 2001
    La grande cuvée, plus sérieuse, élevée en demi-muids depuis quelques années ; c'est un beau vin d'une grande densité de texture.

    Clairette Beudelle 2001
    Par curiosité, j'en avais commandé 2 bouteilles sans vraiment savoir de quoi il retournait. Il s'agit en fait d'un vin à base de moût de raisin fermenté issu de raisins passerillés, de clairette beudelle, bien sûr. Le problème, c'est que les bouteilles sont reparties en fermentation du fait du taux de sucre résiduel élevé. Le flacon que nous dégustons, débouché depuis plusieurs jours, commence à s'assagir. Un vin de paille sans la paille, en fait, s'ouvrant sur de très élégantes notes oxydatives de fruits secs. Une gourmandise !

    Une fois le coffre chargé, nous nous rendons compte que nous avons un peu de temps libre avant de nous intéresser à la production de nos hôtes du Château de Jonquières. L'opportunité de se rendre dans l'un des plus beaux terroirs méconnus du Languedoc, d'après l'aubergiste du Pressoir.

    Saint-Jean de la Blaquière

    Cette commune se situe juste à l'aplomb ouest du Rocher des deux Vierges de Saint-Saturnin. « Un petit vent entre les 2 Vierges et on glisse jusqu'à Saint-Jean » nous a t'il confié dans un éclat de rire. Sans aller jusqu'à faire du parapente entre les deux rochers, nous avons emprunté la route étroite et sinueuse au travers de cette terre rouge volcanique caractéristique, évitant de justesse un blindé de la gendarmerie peu enclin à nous laisser de la place sur la route, ni à ralentir.

    Notre objectif, c'était le Domaine de Puech-Lazert. Après l'avoir déniché au coeur du village, nous avons fait chou blanc. Probablement dans les vignes, Thierry Taisse! Finalement, direction La Sauvageonne, dont la Carthagène nous avait enchanté la veille au soir. Planté il y a presque trente ans, il a été repris depuis 2001 par Gavin (et Amanda) Criesfield, un ancien sommelier aidé par des investisseurs, avec pour mission de produire un vin de qualité et de respecter le terroir, de le magnifier même, par pratique de l'ébourgeonnage et la limitation des rendements sur les 31 ha de vignes exposées différemment au soleil et à la tramontane sur des terroirs schisteux et gréseux. Gavin arrive juste à point nommé pour nous faire découvrir sa gamme de vins.

    Les Ruffes 2003
    Issu des bas coteaux, sur cette terre volcanique rouge si caractéristique du paysage, un vin constitué de syrah et grenache qui se révèle être une véritable petite bombe fruitée et gouleyante, vendue, pour ne pas dire donnée, au prix de 6 €. Avec une entrée de gamme comme cela, on peut aborder la suite en confiance !

    Pica Broca 2002
    Syrah, grenache et Carignan en provenance de différents terroirs plutôt schisteux. Beaucoup de fruits noirs, aux tanins soyeux, la petite perception boisée vient de l'assemblage cette année-là avec la cuvée Puech de Glen, élevée habituellement en fûts neufs, et qui ne sera pas produite car insuffisante qualitativement.

    Puech de Glen 2001
    Un vin dense, aux tanins patinés et veloutés, sachant préserver sa grande fraîcheur. Très beau et ambitieux, à  attendre !

    Sauvignon 2003
    Un joli vin blanc de soif, fruité (pêche, poire, fruits blancs), gras et frais, équilibré juste comme il faut.

    Que voilà un très beau domaine, travaillé dans un très bon esprit, dont les vins sont réjouissants ! Nul doute qu'il y a là un très gros potentiel et surtout une volonté de bien faire.

    Jonquières

    Retour à  la case départ pour découvrir en profondeur les vins de François et Isabelle de Cabissole du Château de Jonquières. Des chais extraordinaires, enterrés, dans une des ailes du château, avec un espace climatisé pour entreposer les fûts. Nous attaquons par le domaine 2001 avant de passer à une fort instructive dégustation des 2003 au fût.


    Domaine de Jonquières 2001, Vin de Pays de L'Hérault
    Assez facile, mais très agréable, avec ses notes de fraise, de cassis, de gibier.

    Grenache 2003
    Fruité, plein et charmeur, tout à  fait dans le style du millésime.

    Mourvèdre 2003
    Puissant, un peu marqué par l'alcool.

    Syrah 2003
    Plus animal, poivré, avec un gros volume et de la mâche.

    Carignan 2003
    Très crème de cassis car il présente encore un peu de sucre résiduel. Son volume épate !

    Assemblage grenache-syrah-mourvèdre 2003, barrique de 225l, puis de 500l
    Paradoxalement, le boisé est à peine plus perceptible dans la 500l ! L'assemblage est très beau. Le Carignan sera peut-être incorporé lorsqu'il aura fini ses sucres.

    Château de Jonquières 2001, 12 mois de fût puis 18 mois de fût
    Les tanins commencent à bien se fondre. La note boisée du 18 mois est assez discrète et ne me gêne personnellement pas. Les deux cuves seront assemblées pour la mise.

    Château de Jonquières blanc 2002
    Plutôt exotique, pamplemousse, coco, il est frais et aromatique, destiné l'apéritif ou à une entrée simple ou encore un poisson en sauce.

    Rosé 2003
    Un très beau rosé pour la table, juste comme il faut ! Agréable et gouleyant !

    Risée de blanc 1998
    Une expérimentation de François de Cabissole lorsque le millésime le permet. C'est un vin de table à la belle liqueur, un peu marqué fruits secs, donc légèrement oxydatif, resté 6 ans en fût, uniquement à base de chenin.

    Fin de la première journée de dégustation mais la bouche reste très fraîche malgré la quantité de vins dégustés. Qui a osé dire que les vins du Languedoc étaient " lourdingues " ?

    Lauret

    L'Auberge du Cèdre complète pour le dormir, nous avions néanmoins réservé une table pour le manger le vendredi soir, histoire de faire un pèlerinage dans cet endroit magique. Le Pic Saint-Loup se trouvant quand même à une quarantaine de kilomètres de Jonquières, nous ne tardons pas à quitter notre résidence pour gagner le restaurant, sous un ciel plutôt menaçant au-dessus du Mont Saint-Baudille. Et paf ! Arrivés à hauteur d'Aniane, où aucune visite n'a été prévue, on se demande bien pourquoi, nous prenons des sacs d'eau sur la tête (sur le toit de la voiture, pour être plus précis, car nous n'avons pas de décapotable). Nous apprendrons le lendemain que 36 mm d'eau sont tombés sur le Pic et juste quelques gouttes à Jonquières ! Le Cèdre sous la pluie possède un tout petit peu moins de charme, d'autant que nous ne pourrons pas manger en terrasse. C'est la foule en ce vendredi soir et nous sommes un peu serrés mais l'équipe est vraiment charmante. Nous apprendrons également que, hors quelques trous ponctuels en semaine, les réservations pour les chambres doivent se faire au moins 6 mois à l'avance, quand ce n'est pas un an pour les WE à rallonge ! La rançon de la gloire ! Il faut arrêter de faire de la publicité pour cet endroit, on ne pourra bientôt plus y aller en raison de leur succès!
    Le manger au Cèdre, c'est très bien, cuisine ensoleillée et conviviale, le boire, c'est pas mal non plus, avec une carte languedocienne d'anthologie (à noter que la pratique du Doggy-bag pour le vin est vivement encouragée). Quelques exemples testés pour vous :

    Clos Marie blanc 2001, Cuvée Manon
    Un domaine que nous n'aurons malheureusement pas la possibilité de visiter, mais dont nous aurons plaisir à boire le vin. Très fruité, floral, il est plutôt agréable, même sans grande complexité.

    La Grange de Quatre Sous, Lo Molin 1996
    Un vin à  maturité, aux tanins fondus, marqué par un léger poivron bien mûr. Un très beau Languedoc de 8 ans d'âge.

    Domaine de Cazeneuve, Le Sang du Calvaire 1997
    Le nez est encore un peu marqué par le bois, avec un petit côté racoleur à mon goût. Bouche volumineuse portée par une grande acidité. Pas totalement accompli, je trouve, mais c'est visiblement un monstre au potentiel évident. On peut (on doit ?) lui préférer la finesse et l'élégance de Lo Molin 1996.

    Pic Saint Loup

    A ce stade du récit, à peu près à mi-parcours, se situe le véritable morceau de bravoure, en marge du vin. Le Seb a quitté son costume de Gardien de la Tour, la ravissante chambre dans laquelle il dort, pour enfiler celui du Copilote. Nous avons rendez-vous en Pic Saint Loup avec son Tonton et un ami de celui-ci, vigneron en retraite, qui doit nous faire visiter 2 domaines dont nous ne savions encore rien, même pas le nom. Idéalement, nous devrions lever le camp à 8h30 dernier carat pour arriver vers 9h15-9h30 à Saint-Mathieu de Tréviers. à‡a commence mal, nous avons oublié de prévenir que nous prendrions le petit déjeuner un peu plus tôt que le jour précédent ! Pas grave, tout finit par s'arranger, nous ne devrions pas être trop en retard. Le parcours reconnu la veille au soir pour se rendre au Cèdre ne le satisfaisant pas pleinement, Le Seb nous propose de prendre un raccourci! Défendable, car sur la carte, qui n'est pas d'état-major, la distance semble effectivement plus courte ! Sauf qu'une toute petite portion figure en pointillés ! Et nous nous retrouvons alors sur un chemin empierré, boueux, parsemé de trous d'eau suite à l'orage de la veille, coincé entre un champ de tir militaire (Interdiction d'entrer, Danger de mort !) et une réserve de chasse au sanglier (Danger, Tir à balles !). Pour éviter le frottement du bas de caisse de la voiture sur les cailloux à chaque nid de poule, les passagers sont obligés de descendre et de faire le chemin à pied, pour le plus grand plaisir des filles, Valérie et Catherine, qui ont ainsi l'occasion de faire une petite promenade sous le soleil, ça les change des dégustations non-stop ! Le responsable de ce mauvais choix décide de s'auto-flageller en s'infligeant de sévères ampoules aux pieds. Les sandales, c'est pas fait pour randonner !

    Le Seb ? Les amortisseurs de ma voiture ne lui disent pas merci !

    Finalement, le parcours VTT que nous avons emprunté convient aussi aux VW , même pas 4X4 ! Et ce n'est qu'avec une bonne heure de retard que nous arrivons à notre rendez-vous !
    Accueillis par un petit casse-croûte réconfortant (fougasse et Pic Saint Loup Clos Saint Hubert, issu des vignes en fermage de l'ami du Tonton du Seb. Non ! On ne crache pas, François, même à 10h30 du matin, notre hôte se vexerait !), nous ne tardons pas à prendre la direction de L'Ermitage du Pic Saint Loup, connu également sous le nom de Domaine de Sainte-Agnès (prononcer Saintonnesse, en patois du Pic).

    En ce samedi 12 juin, nous tombons en pleine Vignes Buissonnières, que nous aurions pu inscrire à notre programme d'ailleurs, ce qui fait que la plupart des domaines ne reçoivent pas ; il faut aller à leur rencontre sur le parcours tracé dans la garrigue. Hubert, en tant qu'ancien viticulteur et ancien maire, a des relations ! Madame Ravail nous attend dans le superbe caveau récemment aménagé dans la propriété. Après quelques échanges sur la pluie, le beau temps, les fleurs, nous plongeons dans le vif du sujet!

    Rosé 2002
    Il s'agit d'un rosé de presse, relativement vineux, mais vinifié avec un peu de gaz qui maintient la fraîcheur. Sympathique!

    Blanc 2002
    Roussanne et marsanne majoritaires. Un très beau fruit se développe en bouche dans une structure onctueuse, bien équilibrée. Très joli!

    Ermitage du Pic Saint Loup 2002
    L'entrée de gamme en rouge, plutôt très bien faite, fruits mûrs, feuilles de cassis. Un vin frais et relativement gouleyant en ce millésime difficile qu'est 2002.

    Cuvée Saint-Agnès 2001
    Très marqué syrah, poivré, avec un beau volume en bouche et une belle persistance.

    Cuvée Guilhem Gaucelm 1999
    Un Coteaux du Languedoc à base de syrah et grenache, sur un terroir de galets roulés, récolté « à l'ancienne » avec des rendements de 15-20 hl/ha. Elevage de 2 ans en barriques (neuves pendant 6 mois sur lies fines). Un vin très mûr, confit, presque Porto, avec des tanins soyeux et patinés évoluant sur le pruneau. Structure impressionnante pour un vin qui ne laisse pas indifférent!
    Une gamme très étoffée qui mérite bien quelques emplettes. Mention particulière pour ce blanc séducteur en diable et la très belle cuvée Guilhem de Gaucelm!

    Et c'est reparti, direction le domaine de l'Hortus ! Idéalement situé, sous le Pic Saint Loup et celui de l'Hortus qui lui répond, nous sommes accueillis au pas de course pour compenser notre retard, ce qui n'est pas pour nous déplaire. On attaque illico presto!

    Bergerie de l'Hortus blanc 2003
    Très aromatique, sur la pêche blanche, avec une minéralité un peu crayeuse, il est plutôt marqué viognier pour l'instant (assemblage viognier, chardonnay, sauvignon).

    Bergerie Rosé 2003
    Un rosé de saignée comportant 40% de syrah. Frais et fruité, un peu poivré, il se laisse boire.

    Bergerie rouge 2002
    70% syrah, 30% grenache. Réglisse et fruits noirs, beaucoup de fraîcheur pour ce vin simple, franc et bon!

    Grande cuvée 2001
    50% mourvèdre, 40% syrah, 10% grenache, 13 mois d'élevage en fût. Si le boisé est bien présent, il se fond dans une belle matière crémeuse aux tanins soyeux, non agressifs.

    Clos du Prieur 2001
    Syrah, grenache et Carignan pour un vin « à l'ancienne », comparable à Guilhem Gaucelm de l'Ermitage. Très riche, presque confit, c'est de la liqueur de fruits noirs qui possède une belle acidité qui permet à la structure de rester fraîche.


    Fin de l'excursion en Pic Saint Loup avec une superbe impression d'ensemble. Invités à nous restaurer dans une ancienne bergerie restaurée, nous prenons fort heureusement la direction de notre prochaine étape, ce qui nous permettra de ne pas arriver trop en retard chez un vigneron fort connu sur LPV.

    Saint-Sériès

    C'est dans la maison familiale, terrain de ses premiers exploits, que nous retrouvons Robert Creus, pour une excursion en Terre Inconnue et en plusieurs étapes.
    Petite dégustation dans la cuisine pour commencer, avec les 3 cuvées dans le millésime 2001. Je n'ai guère eu l'occasion de griffonner quelques notes, mais de mémoire, la petite pointe de gaz sur Léonie s'estompe complètement à l'aération pour donner un sentiment de plénitude, le petit résiduel sur Los Abuelos donne presque l'impression de boire du Banyuls et l'immense concentration de Sylvie mérite de se fondre un peu.

    Après une visite commémorative dans le jardin et le garage, terrain de ses débuts, puis un petit échange de bouteilles, deuxième étape, direction le terroir de Saint-Christol où nous partons arpenter les vignes. Fouler le fabuleux terroir où s'épanouissent des ceps de Carignan presque centenaires, faire le tour des parcelles de grenache et de syrah sur un chemin chaotique auquel ma voiture est désormais habitué, parler de vins du Languedoc, mais aussi de poulsard et de vin jaune avec quelqu'un de passionné par tout ce qui est bon et bien fait, autant de petites choses qui font passer le temps à toute vitesse.


    Il est déjà temps de passer à la troisième étape, la dégustation d'un cabernet et d'un merlot, vinifiés pour le compte d'un copain, qui vient tout juste de finir de construire un chai pour protéger ses merveilles. Premier millésime qui aurait pu plus mal tomber que ce 2003 au fruité et à la richesse qui devraient devenir légendaires. Peut-être plus impressionné par le cabernet que par le merlot, l'assemblage à la pipette se révèle être quasiment du Montrose!

    On enchaîne illico pour la troisième étape, la visite de la nouvelle cave de Robert, située à une vingtaine de kilomètres de là . Une fois sur place, je pense halluciner lorsque nous prenons le chemin de la coopérative du coin et qu'une immense bâtisse se dresse devant nous! Ainsi Robert nous aurait menti et ne serait qu'un coopérateur parmi d'autres? Non, pas de blague! Sa cave n'est que la petite bicoque dissimulée derrière le grand hangar! Ouf! Cela lui convient mieux! Le Papet devait être là pour mettre en bouteille mais la bouchonneuse est en panne! Il est donc reparti à Saint-Sériès pour tenter de remédier à ce problème technique. Nous ne l'attendons pas pour commencer à goûter quelques merveilles au fût.

    Guilhem 2003
    La nouvelle cuvée en l'honneur du petit dernier, joli assemblage de 4 cépages, dont de la serine, une variété de syrah en provenance directe du Rhône Nord.

    Los Abuelos 2003
    Une couleur tellement claire pour un rouge de Robert que l'on dirait du rosé! Un nez réellement étonnant et envoûtant sur le pamplemousse rose, avec une grande minéralité, de la fraîcheur et une relative souplesse. Dans des verres noirs, nul doute que tout le monde parte sur un vin blanc!

    Syrah 2002
    Elle est monumentale, tellement que j'en reste sans voix!

    Cinsault 2003 en vendange tardive
    Une déclinaison étonnante et détonnante de ce cépage injustement méconnu et méprisé.

    Los Abuelos 1997
    Une bouteille dénichée aux Caves du 41 par FrançoisB, et apportée depuis Pontarlier pour qu'elle finisse ses jours sur la terre de ses ancêtres, à la manière des anguilles ou des éléphants. Le nez est à point, fondu, sur la griotte à l'alcool et le cacao, la bouche également, harmonieuse et agréable. L'alcool ressort à peine lorsque le vin est à bonne température.
    Il est temps pour nous de regagner notre base, les papilles arrivant à saturation devant tant de richesses. Nous quittons à regret la Terre Inconnue (et ses habitants), avec le sentiment de mieux la (et les) connaître. Serions-nous maintenant en terrain connu?
    Le coffre du Break VW est désormais plein à  ras bord, il va bientôt être temps de regagner les montagnes jurassiennes.

    Saint-Saturnin

    Dernière halte restauratrice au Vieux Pressoir pour un succulent agneau fermier cuit à  la broche, assorti de quelques flacons, évidemment!

    Seigneur des deux Vierges blanc 1999
    Une cuvée de la coopérative de Saint-Saturnin à la robe dorée, lumineuse, soutenue. Le nez est profond et complexe, sur la cire et le miel, dans un registre plutôt oxydatif. Bel équilibre pour un vin à qui on peut évidemment reprocher son manque de typicité. En tout cas, on se régale!

    Vin de Pays d'Oc 2000, Virgile Joly
    Un des rares vignerons indépendants de Saint-Saturnin, qui est la vedette d'un livre publié par un Anglais qui l'a suivi dans son travail pendant une année complète. Nez un peu animal, poivre, cassis, très beau.

    Coteaux du Languedoc 2000, Virgile Joly
    Mes souvenirs concernant cette cuvée sont plus imprécis, d'autant que nous avons entre temps fait découvrir la Terre Inconnue au patron de l'auberge. Plus concentré que le précédent, peut-être un peu plus boisé, mais globalement, l'impression est très bonne.

    Jonquières

    Dernière nuit châtelaine à Jonquières. Dernières emplettes au Château. Les valises sont vite bouclées le dimanche matin, les coffres de voitures sont plus longs à charger. Par chance, tous les cartons trouvent leur place! Sur les conseils de François et Isabelle de Cabissole, nous testons un itinéraire bis pour rejoindre l'autoroute, direction Ganges par la vallée du Haut-Buèges. Magnifique circuit empruntant une petite route de montagne sur laquelle tout croisement de 2 véhicules est impossible. Nous en avons vu d'autres ! Achat de quelques provisions pour la route, des fruits, des tomates et des fantastiques fromages de chèvre au Font de la Griffe, un élevage caprin perdu sur le Mont Saint-Baudille. Paysages grandioses jusqu'à Saint-Jean de Buèges, un village pittoresque qui vaut le détour. Le Languedoc est maintenant derrière nous mais les nombreux flacons entassés à l'arrière de la voiture nous permettront de nous en souvenir pendant encore longtemps. Et voilà que déjà le projet d'une nouvelle sortie sur le terrain travaille nos esprits.

    Pas tout de suite quand même, laissons l'idée mûrir doucement !


    Olif et le GJP

    Liens :

    Pour mener la vie de château en Languedoc :

    [www.chateau-jonquieres.com]

    Pour voir la vie de château en Languedoc et en images :

    [monsite.wanadoo.fr]

  • Sucre ou sec, cépage ou terroir, que se passe t’il en Alsace…et aux Jardins?

    Date: le 13/05/2005 à 23:09

    Petite thématique Alsace organisée par Stéphane Planche aux Jardins de Saint-Vernier-Vincent, la résultante d’une petite virée intensive d’à peine deux jours et pas moins de 7 domaines visités. Avec dans ses bagages, quelques trésors!

     

     

    Une assemblée un peu moins dense que d’habitude! Serait-ce à dire que les Jurassiens ne plébiscitent pas l’Alsace? Que nenni! Malgré quelques défections, le public resserré n’a pas boudé son plaisir! Les vins sont dégustés à l’aveugle, comme il se doit!

    On attaque par une petite mise en bouche sympathique!

    Senteurs des Vignes 2004, Albert Mann
    La robe est jaune pâle, limpide, à reflets verts. Le nez très variétal, primaire, n’en est pas moins très agréable: citronnelle, châtaigne, fruits blancs, mâtinés d’exotisme. Plutôt amylique, mai croquant, avec de la rondeur, juste ce qu’il faut de sucrosité résiduelle pour ne pas gommer la vivacité.
    Un vin de plaisir à petit prix, pour l’apéritif estival!

    Klevener d‘Heiligenstein 2000, Cuvée particulière, Jean Heywang
    On ne tarde pas à changer de registre et à passer à plus sérieux! Nez très mûr, intense, soupe d’agrumes, avec un petit côté miellé, ciré.La bouche est puissante, grasse, mais avec de la vivacité, et des amers finaux sur une petite touche citronnée et une note d’amande. Atypique, beaucoup, oxydatif, probablement un peu, j’adore, évidemment! C’est bon comme un vin du Jura, dis! Une certaine parenté, puisqu’il s’agit en fait de Savagnin rose!

    Riesling Rot-Murlé 2002, P. Frick
    Une petite déclinaison en deux versions, à décapsuler comme une Kro!

    La première, sans soufre, possède un nez miellé et lacté, une attaque incisive, puis de la rondeur, du gras, à peine de résiduel, et un peu de gaz, aussi, très peu, ce qui lui donne un petit air de cidre de pomme. Un Alsace extra-terrestre, mais passionnant, même s’il déconcerte les puristes!

    Le deuxième, servi juste derrière, offre un nez un peu moins riche, dans un registre un peu lacté également, mais beaucoup plus minéral. La bouche est droite, rectiligne, moins enrobée et plus stricte, mais non dépourvue de longueur.

    Il s’agit pourtant bien du même vin, le deuxième ayant dû recevoir un peu de soufre à la mise pour cause d’accident technique de dernière minute, alors que ce n’était pas prévu initialement. Une expérience passionnante en forme d’interrogation: lequel est mieux que l’autre? La séduisante atypie du premier ou bien la droiture du second? Il y a de la place pour les deux, cela est certain!

    Le Verre est dans le Fruit 2000, Domaine Schueller
    Ma bouteille semi-mystérieuse! Un nez très minéral de prime, puis verveine, tilleul, très légèrement acidulé. En bouche, la droiture minérale très aiguisée s’impose, de manière très pure, où l’on ne retrouve que de très légères notes terpéniques. Un Rieling qui rieslingue à peine, on croit rêver! La raison de son non-agrément en Grand Cru Pfersigberg? Une très belle bouteille, en tout cas!

    Langhe Bianco, Riesling  2001, G. D. Vaira
    Une bouteille doublement mystérieuse, apportée par l’un des participants comme vin pirate. Un Riesling du Piémont, de vignes sur greffées avec des plants de Jean-Michel Deiss. Un Riesling d’école, très terpénique, légèrement acidulé, avec un peu de résiduel. Si l’attaque est incisive, il s’ensuit de la rondeur, suivie d’un petit creux en milieu de bouche, avant une rétro satisfaisante, même si la perception résiduelle refait surface! Un vin très au Sud de l’Alsace, non dépourvu d’intérêt!

    L‘insolite 2000, P. Frick
    Il s’agit d’un Pinot noir vinifié en blanc, que, sauf erreur de ma part, nous avons goûté dernièrement aux LPViades. La robe est ambrée, et le nez se présente comme celui d’un surmaturé sec, sur les fruits secs, l’écorce d’orange amère confite. Un petit côté Tokaji, avec de l’acidité et une présence alcoolisée en finale, faisant un peu Cognac! Détonnant! Pour un lièvre à la Royale?

    Pinot Gris A 360P 2000, André Ostertag
    Nez sur le botrytis, l’ananas, les agrumes. Olfactivement une VT! Et pourtant, en bouche, l’acidité et la vivacité s’imposent dans un sentiment de puissance contenue. Grande longueur sur une finale poivrée et épicée. Un magnifique Pinot Gris à l’immense potentiel!

    Gewurtztraminer SGN 1994 Cuvée Anne-Marie, Rolly Gassmann
    La robe est jaune citronnée. Le nez, très aromatiquement fruité, exhale d’abord l’ananas, les fruits exotiques, avant de s’orienter sur la pétale de rose et un léger litchi. Un Gewurtz, à n’en pas douter, qui semble encore très jeune malgré les ans. Il vient tout juste d’être commercialisé, d’ailleurs! La bouche est élégante, vive et onctueuse. Seule la finale donne une légère impression pâteuse, avec un peu d’amertume. A n’en pas douter, une belle bouteille potentielle, peut-être encore un peu jeune!

    Mais oui, que se passe t’il donc en Alsace? Bien des choses, visiblement! Un élément de réponse aux Jardins de Saint-Vincent, avec cette belle diversité qui nécessite néanmoins un apprentissage préalable.

    Olif


  • Soirée « Nature et Découverte » aux Jardins!

    Date: le 17/04/2005 à 17:27

    Sans Pataugas, ni lampe frontale, ni sac à dos! Juste quelques vins élaborés dans le plus pur respect du raisin. Un thème de dernière minute, n’ayant pas laissé à notre ami Saint-Vernier le temps de préparer son ardoise, il a fallu improviser pour la photo-souvenir désormais traditionnelle!

     

     

    On rentre de plein pied dans le thème avec deux vins identifiables immédiatement par leur couleur, pour qui a déjà croisé un jour leur route.

    Limo-Brinio 2004
    Le Pétillant rosé naturel de Jean-Marc Brignot, à base de Ploussard (80%) et Melon (20%), qui nécessitera un dégorgement avant commercialisation. La robe est actuellement toujours pastel orangée, trouble. Le vin, pas encore totalement harmonisé, présente un peu de réduction, puis des arômes fermentaires évoquant le cidre fermier et termine sur une légère amertume. Une phase peut-être un peu moins séductrice que lors de notre précédente rencontre, il y a deux mois, mais le produit n’est toujours pas fini.

    Foudre d‘Escampette 2004, Jean-Marc Brignot
    Encore un pétillant naturel en perspective, toujours inachevé pour l’instant, à base de chardonnay uniquement. Granny Smith, raisin frais, banane. Très frais, malgré ses 70 g de sucre résiduel, une perle discrète commence à poindre, qui va évoluer vers une prise de mousse naturelle.

    Muscadet de Sèvre-et-Maine 2000, Landron
    Un vin élégant et raffiné, que personne n’a osé situer à l‘aveugle dans cette appellation! Maturité, minéralité, rectitude et linéarité, avec une finale sur de beaux amers, font de ce vin un modèle de pureté aromatique. LE Muscadet! Superbe!

    Anjou La Roche 2002, Domaine des Griottes
    Nez très mûr, sur l’ananas rôti et caramélisé, faisant discuter un côté oxydatif versus grande maturité. La structure est ample et large, puissante, avec une finale vive qui ramène un peu d’acidité sur des notes miellées. Un style radicalement opposé au précédent, mais tout aussi beau! Deux vins complémentaires!

    Les Mortiers, Domaine du Briseau
    On passe au rouge, avec ce vin à la robe rubis légèrement trouble, donnant le sentiment d’une légère évolution. Le nez est par contre d’une grande pureté de fruit, sur les petits fruits rouges (groseille, cerise, framboise), les épices, la violette avec un côté légèrement acidulé. Très friand, avec des tanins lisses, il se boit avec délectation. Du fruit enfermé dans la bouteille! Issu du Pineau d’Aunis, c’est une production de Christian Chaussard et Nathalie Gaubicher, vignerons aux Nérons, dans la Sarthe.

    Arbois-Pupillin 1997, Pierre Overnoy
    Une bouteille apportée par Manu Houillon. Le premier nez est très réduit, fromager, et gêne un peu les âmes sensibles! Il gagne pourtant son fruit à la force du poignet. La bouche est large, patinée, lisse et caressante, avec des tanins soyeux.
    « Un vin qui a du mal à vieillir », dira Manu Houillon. Et c’est vrai qu’il ne fait pas son âge, ce Ploussard, peut-être même qu’il ne le fera pas avant longtemps! Pour Manu, ces arômes pouvant paraître désagréables au prime abord, sont la conséquence de l’autolyse des levures et ne sont pas liées à une banale réduction. Et c’est ce qui explique très certainement le fait que le temps ne semble pas avoir d’emprise sur le vin pour l’instant. Personnellement, j’adore!

    La Mémé 2000, Domaine Gramenon
    La robe est rubis soutenu. Le nez est déjà un peu secondaire, cacaoté légèrement, mais exprimant encore bien les fruits des bois, la griotte. En bouche, une tension minérale donne de la structure au vin, avec un petit côté acéré, vif. On trouve alors une petite note parasite, diversement appréciée, liège, terre, racine de gentiane, qui laisse supposer un léger défaut et empêche d’être totalement conquis. Les tanins finaux sont accrocheurs, avec une pointe d’alcool trop marquée.
    Un vin quand même bien séduisant, malgré ses petites imperfections, probablement bouteille dépendante!

    Humagne rouge 2000, S. Maye
    Une bouteille-mystère apportée par l’un des participants. La robe est burlat, le nez est intense, animal et végétal, un peu chargé en alcool. La bouche est sphérique, avec un volume consistant. La rétro porte encore bien le fruit et fait ressortir une pointe d’alcool. A aucun moment je n’ai évoqué une humagne, un cépage qui semble pourtant assez caractéristique à identifier! Un vin plutôt bien bâti, et pas encore au bout de sa route! L’effet millésime?

    L‘Oriental 2002, Domaine de la Rectorie
    Un nez qui m’évoque le grenache, sur la cerise et le kirsch. La bouche est large, puissante, chaude en alcool, mais veloutée. Pas de réel déséquilibre, malgré cet alcool marqué, mais un vin costaud! Il s’agit d’un « Banyuls non muté », donc commercialisé en Vin de Table, qui a trouvé spontanément son équilibre autour de 15°. Une bouteille originale et étonnante, et une découverte signée Le Seb.

    Faugères Jadis 2001, Domaine Barral
    Premier nez sauvage et bestial, animal, avec de la volatile, mais une grande fougue séductrice. Une grande digestibilité malgré la puissance de l’alcool, et des tanins accrocheurs en finale. Une forte personnalité! J’adore!

    La Folie 2002, Domaine de Puydeval
    Un domaine situé dans l’Aude et un viticulteur, Jeff Carel, qui commence à faire parler de lui. Du chenin égaré en Limouxois, qui a bien réussi à piéger son monde!
    Nez miellé, botrytis, minéral avec un petit côté mine de crayon. La bouche est fraîche mais la finale est un peu dysharmonieuse, déliquescente, avec un côté sucré qui ressort et vient légèrement l’alourdir. Equilibre imparfait, mais vin tout à fait correct. Un vin-étonnant, pour tout dire!

    Cuvée Caroline 2000, Domaine des Griottes
    Sa robe ambrée et son nez sur les fruits secs, l’abricot et la figue séchée évoquent irrésistiblement un Vin de Paille jurassien. Sa minéralité, également, sur des notes de mine de crayon. Mais pas son côté pharmaceutique, camphré, étheré, qui est un peu moins agréable. En bouche, il y a un bel équilibre sur l’acidité, sans lourdeur aucune. Et pourtant, il persiste environ 300 g de résiduel! Il s’agit d’une version collector produite à environ une centaine de bouteilles, un botrytis total sur un chenin d’Anjou, rafle incluse. Et une vinification sans soufre, de surcroît. Un premier essai plutôt intéressant, même si imparfait, qui devrait en appeler d’autres.

    Fin de la randonnée en pleine nature, et casse-croûte récupérateur concocté par Maître Jean-Claude, le charcutier-traiteur attitré des Jardins. Des balades comme cela, on en redemande!

    Olif

  • Les Côtes du Jura du Sud Revermont, côté Jardins!

    Date: le 18/03/2005 à 23:44

    Une soirée spéciale aux Jardins, ce jeudi 17 mars, consacrée à une exploration du Sud Revermont à travers ses terroirs, avec la participation exceptionnelle de Julien Labet, dans le rôle du collectif Labet à lui tout seul. Une soirée qui aurait également pu s'intituler « L'Evangile des terroirs selon Monsieur Labet », car l'objectif avoué était bel et bien de nous expliquer et nous faire comprendre les particularismes parcellaires jurassiens à travers les différentes cuvées du domaine Labet.

     

     

    Une expédition passionnante au coeur du vignoble du Sud Revermont, à ne pas manquer, assurément, et pour laquelle la Belgique n'a pas hésité à dépêcher un de ses meilleurs éléments!


    Mais laissons déjà  la parole à  Julien Labet, pour une petite présentation du domaine et de ses convictions de vigneron.

     

     

    Le domaine Labet, constitué de 10 ha de vignes situées dans la combe de Rotalier, au Sud de Lons le Saunier, est actuellement géré par un collectif familial, comprenant père, mère, frère et soeur, dont la préoccupation est de rester « paysan » , proche de la terre, en la respectant. En utilisant pour cela le moins de produits de synthèse possibles, même si le domaine ne peut revendiquer le label bio. Un credo dans une certaine expression du vin, qui correspond à une esthétique revendiquée, tout en conservant de la cohérence: cohérence de style, entre les différentes cuvées, cohérence économique par respect du client, au travers d'une sage politique de prix.

    L'originalité du domaine, c'est de posséder beaucoup de parcelles plantées en vieilles vignes de chardonnay, des parcelles vinifiées séparément de longue date, en foudres non ouillés jusqu'en 1991, puis en pièces non ouillées de 1992 à 1996, et enfin en pièces ouillées depuis 1997. Toutes les pièces sont vinifiées de façon identique, de quoi se livrer à un petit exercice de style pour mieux comprendre le terroir jurassien et la façon dont il est susceptible de marquer les vins.

    Fleur de Savagnin 2001
    2001, un millésime réputé difficile, d'une manière générale, qui possède pourtant une acidité fine et beaucoup d'élégance. Celui-ci en est un très beau représentant, à la robe brillante et au nez très aromatique. Une belle définition du savagnin ouillé, sur les agrumes et les fruits exotiques, possédant une belle acidité apéritive, pour un plaisir assez immédiat.

    Fleurs 2001
    Avec un « S », cette cuvée-ci, assemblage de plusieurs vignes de chardonnay de 30 ans, complémentaires, l'une apportant l'esprit, l'autre la chair, et la troisième les os (la minéralité), dixit Julien!

    Et de fait, cette cuvée semble plutôt bien constituée, avec un nez plutôt floral, très finement toasté, plus en rapport avec les lies qu'avec un boisage excessif, et une bouche assez ample, riche, avec du gras, une certaine largeur et de la rondeur. L'antithèse du précédent, dont la structure, propre au savagnin, était plutôt droite et tendue.

    Fleur de Chardonnay 2002
    Il s'agit d'une vinification parcellaire d'une vigne située sur le haut du lieu-dit « Les Varrons ». Un sol presque exclusivement calcaire, la terre ayant glissé sur les flancs de la bosse constituant le lieu-dit, qui donne naissance à un vin à la minéralité prononcée. La minéralité selon Julien Labet, c'est un petit caillou chauffé au soleil qui persiste en fin de bouche, à l'arrière de la langue, lorsque l'on a dégluti le vin.
    Et il est vrai que cette minéralité se ressent sur ce vin, malgré la grande maturité des raisins, caractéristique du millésime. On ressent également au nez des notes lactiques, presque beurrées, partant ensuite sur les fruits blancs, la mirabelle. Jolie tension minérale sur une bouche ample, au grain plutôt serré, et belle persistance finale.

    Fusion 2001
    Une cuvée particulière en ce millésime 2001, issue d'un assemblage d'une pièce de chacune des différentes cuvées « Fleur ». Fleur de marne, donc terrain argileux! Le nez est puissant et complexe, fumé, toasté, évoquant la minéralité soyeuse de la marne, droite, enrobée, non asséchante, et dotée d'une grande profondeur.

    Chalasse 2001
    Un nez élégant et aérien, légèrement acidulé et citronné, pour une double minéralité, argileuse et calcaire, celle d'un terroir d'exception, à l'équilibre presque parfait. Une bouteille à l'énorme potentiel, que Julien trouve encore un peu dissociée à ce stade. Une dissociation que pourraient lui envier bien des vins harmonieux, à mon avis!

    Le Montceau 2001
    Un secteur à plus forte maturité en raison d'une exposition Sud-Ouest, à l'abri du vent. De ce fait, le boisage est généralement un peu plus important que sur les autres cuvées, Julien recourant à des fûts de 2 et 3 vins, ouillés pendant 18 mois. En 2001, la récolte a produit 2 pièces, donc un fût de 2 et un fût de 3 vins! Rien d'excessif, apparemment!
    Le nez est puissant, ne laissant pas indifférent, certains étant totalement séduits, d'autres le trouvant un peu lourd et insistant. Un vin solaire, de grande maturité, exhalant le caramel, l'abricot, le menthol, les fruits blancs, au détriment de la minéralité. En bouche, du gras, de la plénitude et une grande richesse en alcool, qui ne crée pourtant pas de déséquilibre. Toute petite amertume finale.
    Un « vin de chair », pour Julien.

    La Bardette 2001
    Nez très pur, soyeux, réglissé, miellé, sur les fruits blancs, d'une grande et belle précision aromatique. L'attaque en bouche est patinée, la finale est par contre un peu dure, avec sensation métallique qui vient titiller le bout de la langue. L'harmonie n'est pas encore totalement au rendez-vous, mais que le potentiel de ce « vin d'esprit » est grand, l'antithèse complète du précédent!

    La Bardette 2001, sous voile
    Une particularité de cette année 2001, après 2 ans d'élevage identique avec ouillage, une pièce de Bardette a été laissée en vidange et a développé le voile. Le nez est bien celui d'un oxydatif, un peu miellé, un peu épicé, très mûr, avec beaucoup de finesse. Une parenté certaine de structure avec le vin précédent même si le mode d'élevage les sépare. Il n'est pas dit qu'au bout d'une dizaine d'années de garde, les deux jumelles finissent par se rejoindre, lorsque le terroir aura repris le dessus. Rendez-vous dans 10 ans!

    La Reine 1998
    Une bouteille mystère de Saint-Vernier, dégustée à l'aveugle, mais pas le nez bouché! Croûte de fromage, caoutchouc, de la réduction ou de l'autolyse? La différence est subtile et pas évidente à faire! A l'aération, ce Chardonnay de voile développe une puissance alcooleuse un peu lourde en finale, sur la colle blanche, l'amande amère. L'oxydation ménagée semble plutôt fine, mai le vin a besoin de temps pour se révéler.

    La Bardette 1998
    Dans une phase actuelle de fermeture, cette Bardette 1998 ne se livre que fort peu au nez, hormis une perception alcooleuse, évoquant le dissolvant ou la colle de bois. D'une grande droiture structurelle en bouche, elle est d'une longueur remarquable, donnant la sensation qu'elle ne s'arrêtera jamais, tout en se retenant encore énormément. Bon, il vaut mieux l'oublier en cave, alors!

    La Bardette 2003
    Prélevée sur fût, elle exprime beaucoup de fruit, mirabelle, abricot, sur une petite perle, qui apporte de la fraîcheur et un côté incisif bienvenu dans ce millésime solaire.

     

    Fin de la partie didactique et place à un petit mâchon, où seront goûtés encore un certain nombre de vins, en off, le stylo sur l'oreille, dont un étonnant Schieferterrassen 2002, Heymann-Lowenstein apporté par Marc, plusieurs Côtes du Rhône 2004 particulièrement alcooleux (Richaud, L'Anglore, Poignée de Raisins de Gramenon), un Savagnin 2004, premier millésime d'un jeune et nouveau vigneron de Pupillin, dont on reparlera, j'espère, et, en bonus, La Bardette 2004 et un superbe Vin de Paille 2000, apporté par Julien.

    Après une soirée pareille, l'Evangile des terroirs, moi, j'y crois plus que jamais!

     


    Amen!


    Frère Olif

  • Le Sud-Ouest, sous la neige et côté Jardins !

    Date: le 19/02/2005 à 23:06

    L'hiver jurassien, on est en plein dedans ! Une nouvelle offensive du froid et de la neige en début de semaine a blanchi les coteaux jusqu'en Arbois. La nuit est déjà tombée sur le vignoble lorsque nous arrivons dans la cité de Pasteur et le thermomètre est largement en dessous de 0°C. Heureusement, nous partons pour une destination en principe plus clémente, le Sud-Ouest ! C'est la reprise des séances de dégustation aux Jardins de Saint-Vincent et nous débutons avec un petit tour d'horizon éclectique de divers vins de cette vaste zone géographique.

     

     

    Un petit coup d'oeil au tableau noir accroché dans l'entrée nous fait réaliser à quel point une touche féminine fait défaut à l'organisation de cette soirée. Malgré toute la bonne volonté de Benji, la calligraphie est plus sobre et il y a moins d'enluminures et de décorations. L'ombre d'Angélique plane toujours sur les Jardins ! Mais la maison est toujours aussi accueillante, et d'ailleurs il y a foule pour cette première session.

    On attaque tout de suite par une série des blancs, avant quelques rouges puis des liquoreux. Les vins sont tous dégustés à l'aveugle, comme à l'accoutumée.

    Ondenc sec 2003, Robert Plageoles, Gaillac sec
    Robe limpide mais nez éclatant, sur le coing, très fermentaire mais plutôt agréable. En bouche, la structure est plutôt lâche, du fait d'un manque évident d'acidité, mais la fraîcheur est là, rendant ce vin facile et éminemment sympathique. Une vraie curiosité !

    Clos Uroulat, Cuvée Marie 2002, Charles Hours, Jurançon sec
    La robe est brillante et dorée, véritable contraste avec la précédente. Le nez est très pur, intense, sur les fruits exotiques, l'ananas, avec un côté miellé. D'abord marqué par une acidité presque tranchante, le vin gagne en volume, s'étoffe et joue des épaules. La finale possède encore de beaux amers qui devraient se fondre avec le temps. Une très belle bouteille pour dans quelques années.

    Le Vin est une fête 2003, Elian Da Ros, Côtes du Marmandais
    60% merlot, 30% cabernet franc, 10% sauvignon.
    Robe grenat, nez très mûr de fruits cuits et de banane séchée. La bouche est tonique et croquante, faisant ressortir le côté végétal du cabernet franc et donnant au vin un style gourmand irrésistible. Le vin est un plaisir, ce vin est une fête!

    Clos Baquey 2002, Elian Da Ros, Côtes du Marmandais
    Changement de style et de registre pour ce vin à la robe soutenue, jouant beaucoup sur l'extraction, mais sur une extraction mesurée et contrôlée, voire maîtrisée. Le nez est complètement fermé aromatiquement parlant, mais j'y décèle de légères notes presque javellisées, plutôt surprenantes. En bouche, c'est une véritable masse tannique très serrée, mais avec du volume et de l'amplitude, et surtout une grande maturité qui jamais ne donne une sensation astringente. Un potentiel énorme, tout juste entrevu, et beaucoup de promesses. L'antithèse du vin précédent! Pas encore une fête, mais ça devrait venir dans quelques années.

    Les Secrets de Palvié 2000, J. Bézios, Gaillac
    Ma bouteille mystère, la seule que je n'aie pas dégusté à l'aveugle. La robe est soutenue et le nez très torréfié, brûlé presque, témoignant d'une chauffe de barrique un peu excessive à mon goût. La bouche est crémeuse en attaque, ample, mais révèle rapidement un léger creux en son milieu, rapidement compensé par de la longueur, même si la finale révèle des tanins un peu asséchants. Doté d'une belle acidité, de fraîcheur, c'est une belle syrah qui mériterait de se débarrasser de certains artifices. Peut-être au vieillissement si les tanins ne sèchent pas trop.

    Thibaut de Plaisance 1999, Château de Plaisance, Fronton
    Nez très ouvert, évolué, complexe, encore fruité (fraise écrasée), mais déjà empyreumatique (léger cacao), et aussi typique de la négrette (un peu métallique, violette de Toulouse). La bouche est fraîche, agréable, élégante et tonique. Un vin fondu et à maturité, faisant honneur à son appellation.

    Mauzac roux 2003, R. Plageoles, Gaillac doux
    Robe dorée. Nez complètement craquant de poire William, très fermentaire, mais tellement agréable! La sensation de mordre à pleines dents dans une belle poire bien mûre! Une grande fraîcheur qui fait passer complètement inaperçus les 70 g de résiduel. Encore une curiosité extrêmement intéressante du domaine Plageoles, la mémoire du patrimoine ampélographique gaillacois.

    Vin de Voile 1996, R. Plageoles, Gaillac
    Ce nez-là , il est oxydatif! On ne trompe pas un Jurassien comme cela! De la noix, mais avec une amertume prononcée, terminant sur l'écale de noix verte. La bouche est alcooleuse, un peu déstructurée, et appelle de façon inéluctable la comparaison avec un Jaune jurassien, ce qui joue totalement en sa défaveur. Une curiosité toujours, pas réellement convaincante, mais qui a le mérite d'exister.

     


    Presambulle Demi-Doux, P. Lescarret, Gaillac ancestral
    Une petite douceur rafraîchissante pour terminer, à boire sans se prendre la tête, comme on va se tremper négligemment dans un jacuzzi en fin de soirée arrosée.

    Fin de la partie pédagogique de la dégustation, place au petit mâchon préparé par Maître Jean-Claude, le charcutier-traiteur d'Arbois, où d'autres vins seront dégustés et surtout bus, sans prise de notes ni de tête, avec entre autres la Syrah 2003 de R. Plageoles, moyennement convaincante, et, en avant-première, un vin du sud-ouest d'Arbois, l'assemblage Ploussard-Trousseau 2004 d'un vigneron nouvellement arrivé en Arbois, adepte du sans soufre, et dont nous aurons l'occasion de reparler plus longuement bientôt, je l'espère.

    Le Sud-Ouest, puissance et douceur, un beau voyage effectué en un peu moins de 3 heures aux Jardins de Saint-Vincent.

    Olif

     

  • Les vins de nos fêtes...aux Jardins!

    Date: le 19/12/2004 à 09:45

    La der de l'année aux Jardins de Saint-Vincent, chez Stéphane « Saint-Vernier » Planche! Il fallait marquer le coup, et ce pour de multiples raisons. Beaucoup d'inscrits, donc une soirée qui s'est scindée en deux, avec un programme pas tout à fait identique, mais un même esprit festif. Bourrasques résiduelles et neige annoncée n'ont pas freiné les ardeurs du GJP, qui s'est inscrit pour la deuxième session et n'a pas eu à regretter le déplacement, malgré une météo défavorable qui incitait plus au cocooning qu'à la promenade sylvestre.

     

    Beaucoup d'émotions et de surprises lors de cette soirée! La première, de taille, tout juste après avoir franchi la porte, la présence du plus jurassien de tous les résidents belges, j'ai nommé Lab, en escapade buissonnière européenne, et qui a fait le forcing avec succès afin d'obtenir une wild-card pour la soirée!

    Les autres grands moments, nous allons les découvrir maintenant. Tous les vins sont dégustés à l'aveugle, un certain nombre de bouteilles ayant été apportées par les participants.

    La Grande Dame 1995, Veuve Clicquot
    Personne ne s'est laissé abuser par le service à l'aveugle, c'est bien d'un Champagne dont il s'agit! D'une grande complexité au nez, praliné, toasté, fumé. Puissant et droit en bouche, la bulle fine ramène de la fraîcheur en finale, participant ainsi pleinement à l'équilibre et la structure du vin. 2/3 Pinot Noir, 1/3 Chardonnay.
    Un beau et grand Champagne de repas.

    Saint-Joseph blanc Les Oliviers 2003, P. Gonon 
    Le premier nez est pour moi caoutchouc, presque un peu brûlé. Ce qui est certain, c'est que l'élevage se ressent encore nettement. Les flaveurs évoluent ensuite vers le beurre de cacahuète, révélant un vin ample, large et soyeux, mais non dépourvu d'une belle acidité. Un vin qu'il faut attendre, mais qui promet beaucoup.

    A 360 P 2000, André Ostertag 
    Celui-ci a dérouté, à l'aveugle. Nez de surmaturé qui évoque dans un premier temps le chenin, puis le savagnin. L'équilibre est pourtant bien celui d'un vin septentrional, mais l'Alsace ne vient pas spontanément à l'esprit. Les agrumes se mêlent à des arômes de pétale de rose, mais il ne s'agit pas non plus d'un gewurtz, mais bien d'un Pinot Gris! L'acidité lui confère une grande droiture et la longueur impressionne, venant se perdre dans une magnifique rétro épicée et poivrée. Un vin tellement atypique mais tout simplement sublime!

    Echezeaux 1999, Mongeard-Mugneret 
    On passe aux rouges! La robe est rubis, éclatante. Le nez, d'abord épicé, libère ensuite son fruit et pinote joliment. La bouche est satinée, avec des tanins encore bien là , mais non agressifs. Le boisé est encore légèrement perceptible. Une élégance et une grande pureté d'expression, qui laissent néanmoins sur sa faim, lorsque l'on apprend qu'il s'agit d'un Grand Cru. Même si le vin est très bon, on s'attendrait à plus de profondeur et de complexité de la part d'un Echezeaux. Où alors faut-il se débarrasser d'un certain nombre de préjugés?

    Château Pradeaux 1993, Bandol
    La robe nous transporte d'emblée dans un autre monde! Le premier nez également, très animal. La bête est de sortie, pour mon plus grand plaisir! On tâtonne, on tâtonne, syrah, grenache, avant d'arriver au mourvèdre. Fourrure, poivre, griottes et épices se livrent dans un ensemble un peu massif, aux tanins rustiques et un peu secs, agaçant légèrement les gencives. Il y a de la matière, arrivée à maturité très certainement. Plutôt un vin de repas (gibier) que destiné à la dégustation pure, mais j'aime beaucoup.

    Château Brane-Cantenac 1989
    Translation jusqu'à Bordeaux, pour retrouver des arômes de cabernet bien mûr, poivron, bois noble, cèdre, cuir, épices et fumée. Fondu et harmonieux, une puissance domptée, arrivée à maturité. La première fois que nous buvons un vin de Bordeaux aux Jardins! Un événement à marquer d'une pierre blanche!

    Côtes du Jura 1989, Cuvée des Marnes Bleues, J.P. Salvadori
    Retour sur un blanc après les rouges. Là , au moins, on est sûr que rien ne bouge! Et que l'ancrage est local, car il s'agit évidemment d'un savagnin, dont la robe est dorée. Le nez subjugue! Très mûr, miellé, sur les fruits secs, la châtaigne, mais aucunement la noix. Difficile de détacher ses narines du haut du verre! Lorsqu' enfin on y parvient, c'est pour emplir les papilles avec un nectar soyeux, fin et puissant, exprimant toute la richesse de ce cépage-là cultivé sur ces marnes bleues-là . De l'oxydatif du plus haut niveau qui soit! Un vin coup de coeur, un de ces trésors méconnus qui font du Jura un véritable Eldorado!

    Grain de Folie Pure, Gaillac doux, 2002, P. Lescarret
    Difficile d'envisager boire et/ou goûter autre chose derrière ce savagnin monumental. Et pourtant! Ils seront plusieurs à encore vouloir relever le défi, et, ma foi, parviendront à se tailler une petite place au soleil des Jardins. Dont cette petite perle, en provenance d'un des vignobles les plus injustement méconnus de France et de Navarre, même que ce n'est pas moi qui le dis! Une fois de plus le nez nous égare! Tout le monde part sur du chenin, probablement en raison d'un équilibre plutôt demi-sec. Riche néanmoins, car au nez, on retrouve des notes de coing, de miel, de fruits confits, de cire. La bouche me frappe par un côté minéral et métallique en même temps, pur et cristallin. Muscadelle, Len de Lel et Mauzac, récoltés en surmaturité, voire botrytisés. Quasiment impossible à situer à Gaillac à l'aveugle! Très beau vin à l'originalité folle, qu'il serait dommage de voir disparaître du paysage viticole. Pourvu que Patrice Lescarret parvienne à surmonter ses difficultés et continue à proposer des vins de cet acabit.

    Bruixas, domaine de la Garance
    Déjà goûté à Pari Languedoc-Roussillon, ce vin muté du Languedoc parvient à égaler largement les modèles du Roussillon. Cerise, caramel et réglisse se partagent le devant de la scène, et la fraîcheur l'emporte sur le côté alcooleux. Une réussite!

    Don P.X. 1972, Toro Albala, Montilla Moriles
    Difficile de grimper plus haut après tous les vins festifs de la soirée! Et pourtant, Le Seb nous sort son joker, ce Pedro Ximenez déjà commenté à plusieurs reprises sur LPV, qui distille ses arômes de liqueur de café, de figue, de fruits secs, de raisin de Corinthe, et tapisse à la fois les parois du verre et le palais. Un vin de méditation et un dépaysement total. L'oxydatif avec un grand O!

    Cette fois, il n'est plus guère possible de faire mieux! Il faut pourtant bien se remplir l'estomac de choses un peu plus consistantes. Heureusement, Maître Jean-Claude est là , qui y a pourvu. Son plateau de charcuterie est toujours aussi appétissant, l'occasion de retrouvailles avec Momo, du domaine des Griottes. Toujours aussi sympa, ce Momo! Et le Morgon 2003 de Marcel Lapierre n'est pas mal non plus.

    Il est temps maintenant de conclure! Sur deux nouvelles! Une bonne et une mauvaise! Par laquelle vais-je donc commencer?

    Messieurs, l'heure n'est plus totalement aux réjouissances! La mauvaise nouvelle est mauvaise! Si vous êtes assidus au forum Jura, vous aurez probablement déjà entendu parler d'Angélique, l'étoile des Jardins, cette charmante personne qui conseille les messieurs sur les vins, tandis que leur femme est partie acheter des chocolats chez Hirsinger, sur la place, juste en face. Et bien, pour notre plus grand désespoir, Angélique, étoile filante, n'aura illuminé les Jardins de son sourire que le temps d'une saison. Au 31 décembre, nous serons tous orphelins d'Angélique! Surtout Saint-Vernier, d'ailleurs, qui va perdre là une auxiliaire d'une rare efficacité. Et Phil, que j'imagine déjà aller s'enfermer à double tour dans sa cave et vider cul sec, à la bouteille et entre deux sanglots, tous ses vins du Jura!

    La bonne nouvelle, maintenant, c'est que pour se faire pardonner ce que l'on pourrait qualifier d'abandon de poste si elle n'avait une justification valable (ah! L'Amour!), Angélique a accepté de poser pour LPV. Sans bouger!


    Angélique porte bien haut les couleurs de LPV

     

    (Cette photo est totalement libre de droits: vous pouvez l'imprimer, l'agrandir, et la punaiser au dessus de votre lit si vous le souhaitez!)

     

    Il ne nous reste plus qu'à souhaiter bon vent à Angélique et Nicolas, qui ne partent pas bien loin, mais je ne vous dirai pas où! Vous n'aurez qu'à l'imaginer de temps en temps, derrière son écran de PC, car elle continuera certainement à lire LPV. Peut-être qu'un jour elle se décidera à y écrire, sait-on jamais!


    La dream Team des Jardins, fidèle supportrice de LPV!

     

    Joyeuses Fêtes à  tous!

    Olif

  • Les vins nouveaux 2004, ... côté Jardins!

    Date: le 20/11/2004 à 08:40

     

    2004 à l'honneur aux Jardins de Saint-Vincent, chez Stéphane "Saint Vernier" Planche, en ce troisième jeudi de novembre traditionnellement réservé aux buveurs de Beaujolais. Du Vin Nouveau, il y en aura, évidemment, jusqu'à plus soif, mais pas uniquement du Beaujolais et pas uniquement du nouveau!



    L'assemblée est un peu moins fournie qu'à l'habitude (le thème aurait-il moins séduit les foules?), mais largement suffisante pour une soirée des plus conviviales. En fait, le Vin Nouveau, c'est un vrai vin de copains, qui délie les langues, séduit le palais, sans prise de tête, même pas de veau! Par contre, la succulente joue de porc aux petits légumes, servie chaude en fin de dégustation, en lieu et place des habituelles charcuteries, fut un grand bonheur dû au talent de Maître Jean-Claude, notre charcutier-traiteur attitré.

    Allez! En route pour la Nouveauté! Plus des impressions que de véritables notes de dégustation, juste pour le plaisir!

    Un blanc nouveau pour commencer, pas banal!

    Muscadet Primeur 2004, Domaine Les Hautes Noelles
    Un beau blanc de soif, vif, fruité, sec et minéral, avec un léger perlant pour accentuer la vivacité.

    Gamay Primeur 2004, Domaine Les Hautes Noelles
    Un vin de pays des Jardins de la France au beau fruité bien défini, à peine réglissé, gourmand et friand à souhait, que l'on aurait du mal à situer dans la Loire à l'aveugle.

    Domaine du Vissoux 2004, Les Griottes
    Agréable, rond et fruité, sans note amylique bananière.

    Château Cambon 2004
    Un domaine vinifié par Marcel Lapierre. La robe est légèrement trouble. Le nez diffère amplement du précédent. S'il est évidemment fruité, une note curieuse, difficile à identifier du premier coup, vient perturber l'harmonie: du caoutchouc? La bouche est plus stricte, moins arrondie, et la rétro vient agacer les gencives: du caoutchouc brûlé, c'est sûr, et ça me gêne!

    Domaine du Vissoux VV 2004, non filtré non chaptalisé
    C'est pas moi qui le dit, c'est marqué sur l'étiquette. Parce qu'il existe également une cuvée non chaptalisée mais un peu filtrée. La robe de celui-ci est nette, éclatante. Un joli fruité bien acidulé procure tout ce que l'on est en droit d'attendre d'un vin de ce gabarit. C'est bon!

    Momo, Gaec des Griottes, Vin de Table
    Nous allons enfin faire la connaissance de Momo, du Gaec des Griottes à Saint-Lambert du Lattay, dans le Maine et Loire. Saint Vernier nous parlera probablement plus en détail de ce domaine marginal dont nous avons pu apprécier La Goulue, il y a déjà quelque temps.
    Le premier nez nous mène tout droit en pays connu: Momo, il est sans soufre, ça saute aux yeux et aux narines! La robe est rubis soutenu, mais plutôt trouble. En bouche, c'est la pureté du fruit, avec ce soyeux propre aux vins sans soufre, du corps, de la rondeur et même du peps, grâce à un léger perlant. La finale se mâche volontiers, même si cela « agace » certains. Momo, c'est par contre vraiment mon copain, je l'adore!

    Côtes du Rhône Primeur 2004, domaine Richaud
    Petite incursion au Sud, avec un vin constitué par 95% de grenache et 5% de syrah. De la balle, déjà ronde, à peine amylique, avec le côté bien croquant du grenache, et une belle allonge. C'est bon!

    Faugères 2000, Clos Fantine
    On quitte les vins nouveaux pour découvrir à l'aveugle les vins des invités. Le nez animal ne séduit pas tout le monde, mais il préserve un magnifique fruité et une matière enrobée qui se fond tranquillement dans une finale aux tanins légèrement rugueux.

    A Propos d'Ailes 2000, Valais, Ch. Abbet
    Un OVNI (Objet Vinique Non Identifié, le terme n'est pas de moi), du Gamay passerillé sur pieds suite à un incident climatique sur le millésime 2000. Nez de rouge surmaturé, torréfié, fruité. La structure plutôt sèche qui se retrouve en bouche a de quoi surprendre, mais pas quand on connaît Christophe Abbet. Superbe acidité qui préserve la fraîcheur de cet ensemble qui aurait pu devenir vite écrasant. Très beau!

    Château Peyrabon 1997, Haut-Médoc
    Un Bordeaux 97 qui s'en est sorti plutôt à son avantage grâce à un très beau nez de cabernet bien mûr, sur le poivron rouge et le havane. Une bouche encore à la hauteur! Presque étonnant!

    Place à  la joue de porc et à  quelques autres flacons ouverts pour le plaisir, en accompagnement du repas, dont la cuvée non chaptalisée mais filtrée du Domaine du Vissoux VV 2004,, sympa également, mais aussi et surtout, sur le Comté, d'un Arbois Chardonnay 1996 du domaine de la Tournelle, une véritable perle inattendue au nez confit et harmonieux, et d'un Château Chalon 1989 du domaine Macle. Une finesse et une élégance rares, même si Laurent et Béatrice Macle lui reprochent un manque de puissance par rapport à ce qu'ils connaissent d'habitude (la bouteille a été ouverte, puis rebouchée, depuis le mois dernier!).

    Et on ne pouvait conclure cette soirée sympathique sans un portrait en pied de la toujours délicieuse Angélique.



    Damned! Encore raté! La prochaine fois, je l'aurai! Obligé, j'en fais un point d'honneur!


    Olif



  • Le millésime 2003 dans le Jura ... et aux Jardins!

    Date: le 15/10/2004 à 23:34

    Réunion très attendue aux Jardins de Saint-Vincent, cette petite rétrospective du millésime 2003 dans le Jura qui se déroule en pleine vendange 2004, 14 mois après la précédente, du quasiment jamais vu! Surtout que les derniers finissent dans la fraîcheur et sous la pluie qui commence à s'installer, heureusement de façon intermittente.

     

    La foule des grands jours se presse autour de la table, beaucoup de candidatures de dernière minute sont venues grossir les rangs.

    Contrairement à l'habitude, les vins ne sont pas dégustés à l'aveugle, car pour bon nombre d'entre eux prélevés sur fût. Donc pas encore commercialisés!

    On commence par quelques rouges à base de ploussard, puis quelques blancs, pour que rien ne bouge, pour finir à nouveau sur des rouges! Heureusement, rien n'a foutu le camp! Les quelques pirates prévus ont quelque peu chamboulé l'ordre établi et causé des soucis d'organisation à notre ami Saint-Vernier, pourtant un sommelier rompu à tous les casse-tête!

    Du fait du caractère un peu particulier de cette dégustation, nous n'avons pas droit aux petites fiches d'Angélique, ce que nous déplorons avec véhémence!

    Place à  la dégustation!

    Arbois Uva Arbosiana 2003, Pascal Clairet
    Du ploussard sans soufre à la robe trouble, d'emblée évocatrice d'un vin « nature ». D'abord sur des notes de réduction, il libère ensuite son fruité éclatant, gouleyant, qui le rend très digeste, vocable à la mode concernant le vin, d'autant plus adapté à celui-ci qu'il vaut mieux le consommer rapidement après ouverture, pour cause de grande fragilité à l'oxygénation. Du plaisir gourmand à l'état pur!

    Arbois Cuvée des Docteurs 2003, Bacchus
    Contrairement au précédent, la robe est rubis brillante. Un beau fruité, épicé, mûr et riche, qui termine sur une petite amertume, dérangeante pour certains, mais qui assied bien la stature et la carrure de ce vin! Epatant et taillé pour une petite garde!

    Arbois Chardonnay 2003, Michel Gahier
    Vendangé le 10/08/03, à  14,2° naturels et tiré du foudre. La mise ne saurait tarder.
    La robe est très claire, le nez, finement grillé, beurre légèrement et ce n'est pas dû à l'élevage! Le fruité reste croquant et l'acidité est bien soutenue pour un vin qui se révèle être d'une séduction immédiate. Il s'agit de la cuvée de base du domaine. Très beau!

    Arbois Chardonnay 2003, Bacchus
    Nez sur la pomme verte, le raisin, encore un peu fermentaire mais frais. Petite note amylique type bonbon anglais. Contrairement au précédent, l'acidité est un peu lâche, avec une amertume plus marquée en finale. Un vin à boire probablement maintenant, pendant 2-3 ans, pour profiter de son fruit, car la structure ne laisse pas présager d'une grande garde.

    Côtes du Jura Chardonnay 2003, J. Macle
    Vendangé (volontairement!) début septembre 2003, encore en pièce, sans lies et n'ayant toujours pas pris le voile, ce qui peut paraître surprenant! Le fût est en vidange, le voile n'est pas encore présent (ou alors invisible?) et le vin est préservé!
    Le nez est original, contrastant avec les précédents, minéral, réglissé, d'une finesse et d'une délicatesse remarquables! La bouche est suave et câline, fraîche, d'une richesse contenue qui force le respect! Un vin que l'on a envie de boire mais qui n'est même pas à la moitié de son élevage! « Pas assez typé », pour Jean Macle qui élève par tradition tous ses vins sous voile, même si leur finesse les place à des lieues, et en hauteur, de tous les vins « typés » caricaturaux. On se plaît à imaginer ce que donnerait ce vin mis en bouteilles en l'état!

    Côtes du Jura Savagnin 2003, J. Macle
    Nez acidulé sur la pomme, les agrumes, puis qui s'intensifie sur la noix verte, l'écale fraîche de noix. Prélevé sur fût, un petit fût ayant contenu du jaune, il a pris le voile en un mois. Il offre richesse et opulence, probablement liées au millésime, et associe curieusement une aromatique oxydative , liée au fût, et des notes de savagnin ouillé bien mûr. Une grande complexité qui ne le prédestine pas à une commercialisation avant 2010, dans un clavelin. Il est encore tôt pour se projeter aussi loin dans l'avenir, mais c'est excitant de se dire que l'on a là matière à grand Château Chalon!

    Arbois Grands Vergers 2003, Michel Gahier
    Un vin exposé récemment au feu médiatique de LPV, rubrique Bouteille de la semaine, et dont la vente aurait explosé pendant la dite semaine! Je n'en attendais pas tant!
    Est-ce le contexte, mais elle ne se présente pas tout à fait aussi bien qu'au début du mois! Un fruité néanmoins charmeur, avec une petite touche pharmaceutique (?) Un vin plein, riche, aux tanins mûrs mais dont la petite astringence finale gêne certains dégustateurs. De toute façon, je pense qu'il faut l'attendre, maintenant!

    Arbois-Pupillin 2003, E. Houillon
    Le nez est très lactique, avec de la réduction évoquant les fromages forts. Sa structure est un peu lâche, flasque et ses arômes inhabituels déroutent un peu. La finale est un peu dure et métallique. Pour l'instant déstructuré et bancal, il mérite les circonstances atténuantes. D'abord parce qu'il est atteint du stress de la mise et qu'il n'est pas censé être commercialisé avant un an suivant la politique du domaine, et que nous l'avions bien mieux goûté en cours d'élevage il y a quelques mois. A regoûter avant de le juger!

    Côtes du Jura En Barberon 2003, S. Tissot
    A l'aveugle, une bouteille apportée par l'un des participants, un échantillon tiré du fût. La robe sombre, presque noire, avec des reflets violines à la lumière, à peine trouble, tranche par rapport aux autres. Le nez est puissant, lacté, marqué par l'élevage, qui pourtant fut court. Le Seb relève des notes de choucroute, mais je suspecte chez lui des envies d'Alsace!
    A ce stade, le vin est encore dissocié, possédant une rondeur fruitée intriquée avec des tanins un peu secs, collant aux dents. Pourtant, à mon avis une grosse matière, qui les roule un peu pour l'instant, mais qui devrait se dompter, ce qui n'est pas l'avis de tous, certains le trouvant mince et décharné derrière le bois. La texture est tout de même réellement étonnante pour un vin de Pinot Noir!

    Pinot Noir de Chamoson 2003, Jérôme Giroud
    Un pirate judicieux, servi juste derrière En Barberon. L'antithèse! Sa robe rubis, ses notes de fruits rouges épicés, sa fraîcheur, par le biais de notes végétales de pépins et de rafle, séduisent et interpellent. Une réussite, dans un registre franc et sincère!

    Côtes du Roussillon Village 2003, Les Sorcières du Clos des Fées
    Un vrai pirate, celui-là ! Le méridion dans le septentrion! Beaucoup de maturité, de chaleur, d'alcool et un peu de sucrosité en finale, le rendant plutôt flatteur. Gros volume, certes, mais souplesse et buvabilité.

    Paille 2003, Michel Gahier
    Un vin de Paille qui n'en est pas un! Moût de raisins fermentés issu de raisins passerillés sur la paille, 100% Chardonnay qui ne pourra pas revendiquer l'appellation pour cause de mise prochaine, donc d'élevage trop court. Mais il est tellement bon comme cela, sur le raisin croquant, la fraîcheur, probablement en relation avec une toute petite pointe de gaz. Belle longueur et finale sur la mine de crayon apportant de la complexité. Une bouteille qu'il sera dur de se procurer pour cause de quantités très limitées.


    S'il fallait s'essayer à une synthèse sur le peu d'échantillons goûtés, c'est que 2003 est bien une année atypique, mais elle sera riche en belles surprises. Certains vins sont d'une accessibilité immédiate et un véritable bonheur pour les sens, d'autres nécessiteront plus de temps mais sont très prometteurs. Les blancs sont excitants mais loin d'être arrivés au bout de leur élevage, notamment les savagnins.

    Et enfin, pour faire plaisir à son fan-club cruellement déçu il y a un mois, je suis heureux de vous proposer enfin une photo de l'insaisissable Angélique!

     

     

    Caramba! Encore raté!

    Olif

  • C'est la Rentrée des Classes... aux Jardins !

    Date: le 19/09/2004 à 21:44

    Jeudi 16 septembre. C'est l'heure de la reprise aux Jardins de Saint-Vincent ! Tout le monde à  l'heure, en rang par deux, pour une nouvelle saison de dégustations qui s'annonce au moins aussi enrichissante que la précédente. L'organisation est bien rôdée, les participants ont bien trouvé leurs marques, le tableau noir de l'entrée affiche les principales règles qui régissent la soirée : 20 heures, 20 personnes, 20 euros ! Et puis le rituel et convivial petit mâchon post dégustation qui voit en général l'oeil s'allumer et les langues se délier plus ou moins bruyamment.

    Du beau monde, comme d'habitude, pour cette rentrée, avec la présence de plusieurs vignerons arboisiens qui nous font profiter de leur approche du vin toujours très enrichissante. Sans oublier le désormais célèbre sourire d'Angélique, insaisissable étoile des Jardins, virevoltant
    autour de la table tout en distribuant ses petites fiches analytiques, complément indispensable à  la dégustation.

    Le Maître Saint-Vernier peine à  calmer le joyeux brouhaha des retrouvailles, et ce n'est que le doux bruit du vin s'écoulant dans un verre qui réussit à  ramener le calme parmi les élèves dissipés! Une soirée en plusieurs parties, avec quelques bonus, des illustrations et
    une grosse surprise à la fin !

    On commence sans perdre de temps par la première partie, la dégustation proprement dite !

    Zacmau 2001, Vin de Table, Domaine de Causse Marines

    Premier exercice assez difficile pour débuter que l'identification de ce vin à  l'aveugle ! Une robe claire, à  la belle brillance. Le premier nez est curieux, pharmaceutique, poussiéreux, puis apparaissent des notes de fruits blancs (poire), de pamplemousse rose et un caractère iodé
    affirmé. L'attaque est ronde, les arômes sont bien mûrs, marqués agrumes, mais laissent la bouche fraîche. Blanc du Sud, c'est sûr, mais personne n'y a reconnu le Mauzac !

    Païen 2002, Simon Maye, Chamoson

    Un véritable test pour ce vin, proposé à  l'aveugle à  de grands spécialistes du savagnin. Un séducteur puissant, très mûr, avec perception nette de l'alcool, mais équilibré par une acidité remarquable qui s'exprime magnifiquement dans la finale. Unanimement apprécié (je
    pense), mais non identifié. Beaucoup ont suspecté un vin valaisan sans déceler la moindre trace de savagnin. On retrouve pourtant une petite parenté avec les cuvées de Savagnin très mûr, du style de Solstice, de Pascal Clairet, mais c'est facile à  dire une fois la bouteille révélée !

    Savennières Clos de Coulaine 2000, Domaine Pierre Bise

    Une petite révision, car ce vin nous a déjà  été proposé l'année dernière. Robe claire à  reflets verts, nez fermentaire sur le lait caillé, très riche, évoluant sur les agrumes, le miel, l'encaustique. L'attaque est franche et vive pour ce vin qui se révèle d'une grande
    droiture minérale, mais large d'épaules et doté d'une grande profondeur.

    Côtes de Provence Blanc de Blanc 2002, Domaine Richeaume

    Servi en carafe et agité autant que faire se peut, la robe reste néanmoins trouble et bulle dans tous les coins! Le nez est ouvert, intense et puissant, sur la noisette, la cire d'abeille, un peu beurré avec un côté légèrement oxydatif et/ou surmaturé.
    En bouche, c'est un vin profond et complexe, solaire, chaleureux, mais un peu déliquescent en finale. La légère bulle apporte de la vivacité et évite l'écueil de la lourdeur, mais ce n'est quand même pas un vin facile d'accès!

    Tavel 2003, Domaine L'Anglore

    60% grenache, complété par Cinsault, Mourvèdre, Carignan, Bourboulenc, Clairette. Difficile de le prendre pour un rosé, ce Tavel, le deuxième millésime d'Eric Pfifferling! La robe n'est pas vraiment rosée, mais tuilée, orangée, à  peine trouble. Le nez fait état de beaucoup de
    réduction qui libère un fruité agréable à  l'agitation. En bouche, l'attaque est ronde, ample, avec de petites notes végétales en finale (vendange non éraflée) et un chouïa d'amertume. Au préalable, de curieuses notes de bonbon anglais s'étaient fait remarquer! Un vin structuré et puissant, un peu chaud en finale, assez atypique pour un Tavel, finalement, car très vineux et plus rouge dans l'esprit que rosé! On croirait un Ploussard du Jura!

    Mas de L'Espanet 2000, Bois du Roi, Vin de Pays d'Oc

    70% Syrah, 10% Grenache, 20% Carignan, produit sur un sol de cailloutis calcaire, perdu au milieu de la garrigue. La robe est grenat et le nez embaume la réglisse, les épices et la confiture de fruits. Un très beau nez, que j'aime beaucoup, mais que certains trouvent trop puissant. Un
    beau vin généreux, développant un beau et gros volume, solaire, auquel on pourrait tout juste reprocher un petit côté séchard en finale provenant d'un élevage sous bois imparfaitement digéré. Rétro sur les épices et le fruit. Globalement très bon!

    Saint-Chinian Le Laouzil 2002, Thierry Navarre

    Un domaine et une cuvée fétiches aux Jardins, de façon totalement méritée car ce vin plaît à  chaque dégustation. Le terroir de schistes de Saint-Chinian est le révélateur d'une trame minérale qui s'exprime à  perfection dans ce vin, venant souligner ses arômes fruités de cerise.
    Une petite pointe de végétal, légèrement mentholée apporte la fraîcheur. Beau vin !

    Château Musar 1994, Vin du Liban

    33% Cinsault, 33% Cabernet Sauvignon, 33% Carignan. La robe est homogène, mais tuilée. Le nez cacaote, kirsche et prune. La perception de l'alcool en bouche se fond dans une structure acide qui porte loin et qui est bien enrobée. Un très beau vin, à  maturité.

    Coteau du Loir, Domaine du Briseau, Cuvée Jules 2002

    Du chenin botrytisé à  la robe dorée soutenue, sur des notes de pomme et de miel, pas très liquoreux mais possédant un équilibre quasi aérien. La belle acidité en attaque fait légèrement défaut en finale. Pas vraiment un vin facile d'accès, mais le plaisir est au rendez-vous. Décidément, ce Chauchau (Christian Chaussard) a bien du talent et une forte
    personnalité !

    Après cette sympathique mise en bouche, place à un petit cours d'ampélographie appliquée, grâce à notre Prof sur le terrain, l'excellent Alex. Séquence émotion, avec la découverte d'un dinosaure du Jurassic Cépage Park, L'Enfariné,


    dont les raisins sont censés être verts et acides, (c'est quand même mangeable, j'y ai goûté!), séquence sensation avec une grappe de Ploussard d'on-ne-dira-pas-qui, complètement momifiée par l'oïdium, et ce n'est pas la seule chez ce producteur, et enfin séquence je-ne-sais-pas-trop-quoi, mais intéressante aussi, avec deux grappes de Trousseau, l'une des Dames, l'autre pas, et c'est vrai que ce n'est pas tout à fait le même raisin. Comme aux échecs, les Dames l'emportent!

    Les papilles encore en éveil, le cerveau rassasié, nous pouvons passer à la troisième partie, celle qui remplit l'estomac! Pour accompagner les toujours excellentes charcutailles de Maître Jean-Claude, absent ce soir-là , tout d'abord un Ploussard 2002 d'Alex, fort agréable mais qui nécessite un carafage d'au minimum 24 heures, puis quelques vins de Table aux noms très poétiques, dont la Goulue!

    Fin de la soirée, et, comme promis, afin de satisfaire ses nombreux admirateurs, une photo de l'insaisissable Angel, qui a enfin arrêté de tourner autour de la table. Bande de gâtés, va!

     

    Olif

  • En mai, fais ce qu'il te plaît ... aux Jardins !

     

    Date: le 18/05/2004 à 09:11

    Soirée éclectique, le jeudi 13 mai aux Jardins de Saint-Vincent, pour une sélection de boissons diverses et variées, avec ou sans bulles. Comme à l'habitude, dégustation à l'aveugle complet (il ne manque que les verres noirs !) pour un petit tour de France, voire du monde.

    Pour commencer et pour fêter dignement un heureux événement tout récent,

    Champagne Drappier, millésime d'exception 1999

    65% pinot noir, 30% chardonnay, 5% pinot meunier. Carafé au préalable, la bulle est néanmoins encore profuse. Nez élégant et délicat, sur les agrumes, avec des notes de brioche et de viennoiserie. Très effervescent en attaque, nerveux, il possède fraîcheur et distinction. La bulle s'assagit un peu en bouche du fait du carafage. Un beau Champagne tonique.

    Jurançon sec 2001, cuvée Marie, Charles Hours

    La robe est brillante. Le nez, très mature, développe des nuances d'agrumes, de fruits exotiques, avec un côté lactique qui ressort dans la goutte du fond du verre. L'attaque est franche, tonique, acidulée en finale. Un beau vin riche, mais sachant rester frais. 90% gros manseng, 10% courbu.

    Muscat Fronholz 2000, André Ostertag

    Robe très claire. Le nez, très typé rose fanée, litchi, nous emmène d'emblée en Alsace, plutôt sur un gewurtz. Le côté raisin muscaté ne se retrouve qu'après avoir dévoilé la bouteille ! Après ce nez très mûr, la bouche, très sèche, est à l'origine d'une fêlure, voire d'une rupture. Un peu de lourdeur dans la finale ne parvient même pas à rompre avec l'austérité de l'ensemble. Il ne donne pas envie de s'en servir un deuxième verre.

    Riverina NSW 2002, shiraz-cabernet, De Bartoli

    Robe brillante. Nez de fruits rouges du jardin, plutôt croquants, avec des notes légèrement animales de réduction. Equilibre ténu entre fraîcheur et lourdeur. La première gorgée est flatteuse mais la lassitude s'installe vite en raison d'une sucrosité un peu écoeurante (crème de cassis). Loin d'être déshonorant, il n'est pas pour autant convaincant.

    Côtes du Marmandais « Le vin est une fête » 2002, Elian Da Ros

    Et de fait, c'en est une, de fête ! Robe pourpre, nez un peu réduit, fruits mûrs, limite blets, à peine de végétal, tout le monde par sur un cabernet franc de Loire ! Une imposante structure acide avec de la mâche en finale qui fait claper la langue et qui donne envie d'y revenir. Un vin de copains, convivial, simple et franc, qu'on mange littéralement.

    Gamay de Fully VV 2002, Ch. Abbet

    Ma bouteille-mystère ! Je suis heureux, car elle a tenu le choc ! Et a égaré même les meilleurs ! Qui sont partis jusqu'en Roussillon malgré une première impression fugace de gamay ! Bravo Christophe ! En principe, c'est Angélique qui doit en faire le compte-rendu descriptif. Je lui laisse donc la parole ! smiling smiley

    Minervois 2001, Le Bois des Merveilles, Jean-Baptiste Sénat

    Robe sombre, nez réduit, fruits noirs, griottes, réglisse, zan. Une force brute, alliant puissance tannique, rondeur et soyeux. Un peu d'amertume en finale. Encore un peu dissocié, il développe une tellement belle matière qu'il impressionne. A attendre un peu, quand même, pour une expression plus harmonieuse !

    Poiré authentique 2002, Eric Bordelet

    Un pétillant festif avec des arômes de poire, bien sûr, mais aussi des fruits blancs et jaunes (mirabelle, pêche). Pas du vin, ça ! Du poiré, évidemment ! (Je rappelle que la dégustation s'effectue à l'aveugle !) Enfin une boisson pour les dames qui se régalent et se reposent le palais après trois vins rouges plutôt virils !

    Château de Cotnari 2000, Cotnari graça, Moldavie

    Une douceur sucrée aérienne, à la belle fraîcheur, très élégante et racée. Une curiosité à propos de laquelle Le Seb nous en dira peut-être un peu plus.

    Olif



  • La Loire côté Jardins...

     

    Date: le 20/03/2004 à 16:41

    Deuxième séance de dégustation de l'année aux Jardins de Saint-Vincent de Stéphane " Saint-Vernier " Planche avec cette fois une thématique autour de la Loire, le fruit d'une jolie sélection de la carte des vins du caveau avec quelques découvertes, quelques confirmations et plein de belles bouteilles. L'occasion de retrouver des visages maintenant familiers et d'en découvrir d'autres. Petite nouveauté hier soir, fort appréciée, Angélique nous a préparé des petites fiches de dégustation permettant d'écrire directement nos impressions, avec, au dos, la fiche technique du vin dégusté. Interdiction de tricher et de regarder le verso avant d'avoir commenté et décrypté le vin, bien sûr !

    Allez ! C'est parti !

    Muscadet de Sèvre-et-Maine, Cuvée Guy Bossard 2000, domaine de l'Ecu

    Robe jaune pâle à reflets verts. Minéralité un peu crayeuse responsable d'une sensation de mollesse en milieu de bouche malgré une attaque vive. Sympa pour une mise en bouche, mais sans plus!

    Montlouis Les Choisilles 2000, François Chidaine

    Nez très mûr, sur les agrumes, avec beaucoup de complexité et de finesse. Grande structure droite et minérale, vive, tranchante, mais bien équilibrée. Rétro-olfaction sur de belles notes d'amertume avec une sensation de dureté minérale. Un vin complet, que je goûte pour la deuxième fois à l'aveugle ici aux Jardins, et qui m'emballe toujours autant! Superbe!

    Saumur blanc L'insolite 2001, Domaine des Roches neuves

    La robe est d'un jaune doré soutenu, visiblement secondaire à un élevage ambitieux. Le nez est puissant, sur de notes miellées prononcées. En bouche, un vin gras, opulent, sur les épices, les pommes caramélisées, façon tatin. Un style peut-être un peu démonstratif, un beau vin néanmoins, à des lieues de la belle minéralité de Montlouis.
    100% fût neuf pour une bouteille qu'il faudra probablement boire dans les 3-4 ans.

    Fiefs Vendéens Cuvée Maria 2000, Thierry Michon

    Ma bouteille mystère, et je suis content, je les ai tous bluffés! 100% chardonnay, sur des notes oxydatives, pommes au four, épices. Très puissant et gras également, son équilibre est supérieur au vin précédent. Bravo, Monsieur Michon!

    Anjou Villages Cuvée Spilite 2000, Claude papin

    Robe grenat soutenu, brillante sur les bords. Nez sur le poivron mûr, le céleri, archétypique du beau cabernet. La bouche est encore tannique (problème de température de service?), avec de l'amertume et de la mâche en finale. Un vin qui retapisse bien la bouche!

    Chinon 2002, Philippe Alliet

    Robe grenat; le premier nez est réduit à mort, à moitié faisandé, une réduction que l'agitation fait tout juste s'estomper! La bouche est par contre très fraîche, sur des notes florales, un peu courte peut-être, mais à la structure bien définie et, au final, le vin est plaisant. Bien jeune, certes, mais à carafer pour les âmes sensibles!

    Vouvray Les Morandières 2002, domaine Lemaire-Fournier

    Une belle découverte signée Angélique! Le premier millésime d'un nouveau domaine, acheté récemment par une dame qui a gagné le pactole au loto et qui d'emblée fait du bio avec les conseils d'un oenologue avisé.
    Nez très frais sur les agrumes, la mandarine, tout en fruit et en raisin, avec une légère pointe de gaz qui apporte de la vivacité à cet équilibre demi-sec.
    Un vin craquant!

    Rose d'un jour, Vin de Table 2002, Mark Angeli

    100% grolleau, gamay et cabernet franc botrytisés! Et de fait, la robe n'est pas tout à fait celle d'un blanc car elle se caractérise par de jolis reflets lilacés. Nez sur la gelée de coing, équilibre en bouche assez aérien, sucrosité peu marquée, belle vivacité, un vrai vin d'hédoniste à boire pour le plaisir jusqu'à plus soif!

    Coteaux du Layon Saint-Lambert Bonnes Blanches 1999, Jo Pithon

    Robe jaune doré soutenu. Nez très serré, fermé, avec perception d'une sensation pharmaceutique. Bouche grasse, riche, opulente (presque trop?) mais conservant une certaine fluidité. Du résiduel (120g) qui ne masque pas complètement les amers de la finale. A attendre encore.

    S'il ne fallait retenir qu'un vin de cette soirée fort instructive, je choisirais les Choisilles, Maria et la Rose d'un jour.

    Comment, ça fait 3?

     

    Olif

  • Blind-Taste aux Jardins, deuxième !

     

    Date: le 13/02/2004 à 12:23

    C'est la reprise, aux Jardins ! Démarrage de la deuxième saison des séances de dégustation organisée par Stéphane «Saint-Vernier» Planche, secondé cette fois par Angélique au service, de façon fort efficace !

    C'était la foule, pour cette première soirée de l'année ! Beaucoup de nouveaux visages, certains recrutés parmi les «élèves» de Stéphane, en formation au Château Pécault ! De futurs contributeurs pour LPV, apparemment largement consulté à la récréation.

    - Saint-Aubin 1er cru Les Charmois 2000, Jean-Marc Morey : une jolie définition pour un chardonnay élégant, à la finale toutefois un peu courte. Arrivé à la bourre, comme d'habitude, je passe un peu au travers de ce premier vin car pas encore en condition!

    - Savennières Clos de Coulaine 2000 : nez surmaturé, un peu confit, agrumes (ananas à l'ouverture), miel. En surmaturité, certes, mais pas d'extraction trop poussée pour un vin qui sait rester frais malgré sa grande richesse de constitution. A l'aveugle, je suis parti sur du ch'nin, p'têt' bien du Sav'nnières ! Bingo ! En tout cas, j'adore ! Vivement que je gagne une caisse de 2002 à la bouteille secrète de la RVF !

    - Domaine de la Garance, Les Claviers 2001 : un nez qui « pète », très miellé, sur les fruits blancs, un petit côté pharmaceutique, limite camphré. Cap au Sud, c'est une certitude ! La bouche est ample, chaleureuse, avec des amers en finale, diversement appréciés. J'aime plutôt bien ! 50% ugni blanc, 45% sauvignon, 5% terret bourret, élevage long en barrique.

    - Auxey-Duresses 1er cru Les Duresses 2000, Pascal Prunier-Bonheur : nez fumé, grillé, puis les fruits rouges se révèlent. à‡a pinote joliment même si la finale est un peu asséchante sur une pointe d'amertume. L'ensemble est plutôt plaisant et se révélera même parfait dans la 2ème partie de soirée sur la charcuterie.

    - Côtes de Provence 2000, Cuvée privée, domaine Sorin : nez un peu animal, faisandé, auquel je trouve des notes de fruits blets. A l'aération, les fruits noirs arrivent enfin. L'attaque est franche et fruitée, le vin très concentré avec un gros volume en bouche et une mâche imposante en finale. Des tanins qui se mangent ! Beaucoup d'extraction, mais maîtrisée, en douceur, tout au long de l'élevage. 50% syrah, 35% mourvèdre, 15% carignan.

    - Bergerac 2000, Cuvée Osée, Château Richard : vu la montée en puissance, il est temps pour moi de sortir ma bouteille mystère, dans un registre qui me semblait devoir plaire à Saint-Vernier. Un vrai vin à croquer, gouleyant, avec une belle longueur. De la finesse et de l'élégance, un grand séducteur !

    - Côtes du Marmandais, Clos Baquey 2001, Elian Da Ros : la robe est sombre et le nez, très soyeux, sur la crème de mûres et de myrtilles, est élégamment soutenu par de légères notes vanillées. Bouche massive, grasse, mais racée. Superbe !

    - Margaux, Château La Tour de Bessan 1985 : la bouteille mystère d'Alex, un domaine inconnu de tous, vinifié par L. Lurton, quand même, dans un millésime déjà vénérable ! La robe n'est que très légèrement tuilée sur les bords. Le nez, très tertiaire, possède beaucoup de séduction avec une large palette aromatique qui va du pruneau au poivron rouge frit. Bien fondue, la bouche reste fraîche, équilibrée et encore bien jeune, même si je pense qu'il est temps de le terminer. à‡a tombe bien, il n'y en avait qu'une bouteille !

    - Ici et Maintenant, Ode à l'instant présent 2002, André Ostertag : la gourmandise finale ! Le nez est d'un fruité magnifique, un vrai jus de raisin à croquer ! Pureté et équilibre en bouche, c'est d'un naturel et d'une simplicité confondantes ! Un vrai vin d'hédoniste, pour se faire plaisir, là , tout de suite, ici et maintenant ! 10°, 105g de sucre résiduel, du bonheur !

    Olif

  • Des bulles aux Jardins !

     

    Date: le 13/12/2003 à 08:27

    Soirée concoctée par Stéphane « Saint-Vernier » Planche aux Jardins de Saint-Vincent en Arbois et consacrée à une rencontre avec le vin de Champagne. Je dis bien le VIN de Champagne car Stéphane souhaitait aller à la rencontre des gens de la terre, les « petits producteurs », qui goûtent paraît-il fort peu le vocable, même si celui-ci est utilisé par opposition aux grandes maisons. L'état des lieux que nous dresse Stéphane est un peu alarmant dans le sens où bien peu des vignerons champenois privilégient le travail du sol, l'enherbement, mais cherchent à faciliter le travail des machines, en disposant des copeaux de bois au sol dans les vignes, par exemple. Après avoir goûté certains des champagnes commentés ci-après, on ne peut que partager la passion de Stéphane  et plaider pour la reconnaissance de ces vins de producteurs.

    - Larmandier-Bernier Brut tradition, Blanc de blancs : bulle fine, nez un peu brioché, très élégant avec une grande fraîcheur. Dosé impeccablement et prix impeccable également (20 €) pour une très belle bouteille.

    - Laurent Perrier, cuvée Ultra brut : nez vif, acidulé, un festival de bulles, une acidité très marquée avec un peu d'amertume et/ou une sensation de verdeur en finale. Pas de liqueur de dosage, un Champagne d'apéritif tranchant et incisif ! Je préfère la caresse du précédent !

    - Larmandier-Bernier, Rosé de saignée 1er cru : une véritable cuvée collector (deux exemplaires seulement pour Les Jardins!) à la belle robe sanguine, groseille. Une toute petite pointe de réduction au nez s'estompe très vite. On se trouve dans un registre de fruité frais (cerise, griotte), avec du nerf, de l'ampleur et de la vinosité. Très beau rosé qui divise l'assemblée mais réconcilie certains avec les rosés.

    - Larmandier-Bernier Blanc de blancs 96, Extra brut : très mordant, grande minéralité, équilibré, finale longue et acide. Encore un vin qui divise ! Probablement pas dans une phase séductrice, il est doté d'une forte personnalité. Très prometteur pour l'avenir. A attendre.

    - Krug 88 : alors là ! A genoux ! Une véritable cathédrale ! Nez intense, torréfié, grillé, sur le moka, le café avec une rétro sur des notes fermentaires de brioche au beurre. On le prendrait presque pour un vieux et grand Meursault, la bulle en moins ! Bulle très fine d'ailleurs, qui soutient l'ensemble en y apportant de la fraîcheur. Grande longueur et grande complexité ! On se battra presque pour ne pas en laisser une goutte ! On ne remerciera jamais assez longtemps Stéphane de nous avoir permis de tremper nos lèvres dans ce vin.

    - Substance brut, Blanc de blancs, Jacques Selosse : on se demandait bien ce qui pouvait encore nous arriver après avoir bu Krug ! Et bien, ce vin-là , qui malheureusement a pâti de l'ordre de service, Stéphane ayant pensé que son côté en théorie un peu oxydatif surmonterait l'épreuve. Nez très délicat, tout en dentelle, un peu floral, qui m'évoque les belles fleurs de savagnin de La Tournelle. Beaucoup de finesse et de fraîcheur, mais l'oxydation est peu marquée. Ce vin est en fait élevé en solera depuis 1986 ; au fur et à mesure des soutirages, on remplit avec les derniers millésimes. Dans chaque bouteille, il y a donc un assemblage de toutes les dernières années produites au domaine. La quantité des vins plus anciens se dilue d'année en année mais il en restera toujours une partie infinitésimale. Cette bouteille-ci comporte donc des vins de 1986 à 2000. Jacques Selosse, l'homéopathe de la Champagne !

    - Exquise sec, Jacques Selosse : 18 g de résiduel, mais vinifié en sec. Un peu miellé, évoquant le chausson au pomme légèrement caramélisé, frais et acidulé; le sucre passe bien, justement grâce à cette belle acidité. Très vineux, je le trouve parfaitement équilibré, même si le résiduel gêne certain(e)s. Un très beau vin et une originalité de plus à mettre sur le compte de Jacques Selosse.

    Magnifique dégustation, donc, à la gloire de la Champagne et surtout du vrai vin de Champagne, celui qui se cache derrière les bulles. Il mérite toute votre attention.

    Olif

  • Blind test aux Jardins de Saint-Vincent

    Date: le 24/10/2003 à 13:34

     

    Deuxième séance de dégustation organisée dans son caveau par Stéphane "Saint-Vernier" Planche et petite modification du thème initial, jugé un peu ardu actuellement (découverte du "Jura nouveau", des jus de 2003 dans une phase pas évidente à aborder en ce moment), remplacé par la découverte d'une sélection de vins à l'aveugle. Ne manquaient que les verres noirs pour un aveugle complet, mais aucun des participants ne savait dans quelle direction nous allions partir!


    - VDP des Bouches du Rhône, Viognier 2002, Domaine Richeaume

    Jolie mise en bouche avec ce vin aux notes un peu lactiques, sur les fruits blancs mais sans pêche de vigne. Un très beau viognier pour Stéphane parce que "justement, on ne dirait pas un viognier".
    Le vin est effectivement plutôt bon et pas du tout variétal.

    - Alsace Riesling Fronholz 2001, André Ostertag

    Nez sur le raisin un peu muscaté, beaucoup de fruit, avec une belle structure, fraîche, acidulée, ne pétrolant pas du tout. Un vin à la très belle minéralité, vinifié en sec, mais qui s'est équilibré avec 12 g de résiduel.
    Très belle bouteille à  boire sur son fruit.

    - Arbois 2000, Curon, domaine de la Tournelle

    Un véritable bonheur que de redécouvrir ce vin à l'aveugle. Premier nez légèrement "oeufs brouillés au vinaigre"(sic) pour Stéphane, puis moût de raisin, champignon. Très aromatique, gras mais tranchant, il possède une droiture minérale impressionnante. Identifié Jura à l'aveugle par bon nombre de dégustateurs ("C'est un vin du coin!") malgré un élevage 30 mois en barrique ouillée, c'est la confirmation d'une révélation! Un vin exceptionnel qui tiendra la dragée haute au suivant, qui, lui, a déjà fait ses preuves!

    - Chablis 1er cru Montée de tonnerre 2001, J.M. Raveneau

    Millésime catastrophique à Chablis, ce 2001 est pourtant une magnifique réussite. Sur la noisette, encore un peu lactique mais avec beaucoup de fruit, frais mais aussi confit, avec des notes cirées, il est néanmoins très minéral, un peu tranchant en finale. La note confite donne une petite impression de résiduel, que le vin ne possède pas, et vient équilibrer l'ensemble. Magnifique, c'est une véritable splendeur!

    Fin de la série des blancs qui fut un vrai petit bonheur!

    - Morgon Côte du Py 2001, Foillard

    Robe rubis, légèrement trouble. Nez de fruits rouges, de cerise légèrement aigre. Un véritable fruité gourmand qui termine sur les épices avec retour de l'aromatique dans la finale, la signature d'un vin sans soufre pour Stéphane. Un vin friand!

    - Morey-Saint-Denis 1er cru Clos de la Bussière 2000, Domaine G. Roumier

    Robe rubis clair, groseille. Nez archétypique de pinot, légèrement toasté. La trame est patinée, élégante, la bouche reste fraîche. Pas une grande concentration, mais surtout une grande finesse témoignant du "vrai" style Roumier, et celui-là , je l'aime, Vincent!

    Coteaux d'Aix 2000, Le Grand Rouge de Revelette

    Cap au Sud de Lyon, ça se voit et ça se sent! Nez torréfié, encore boisé, avec derrière une explosion de fruits confiturés et compotés. Riche et dense avec une énorme matière et des tanins à mâcher dans la finale.
    Syrah, grenache et cabernet sauvignon plantés en exposition nord pour prévenir les risques de surmaturité, macérations longues, 20% de fût neuf. Un vin de grande amplitude qui doit encore se fondre.

    - Tokaji Aszu 6 Puttunos 1983, Château de Sarospatak

    Une trouvaille de Dionis dont Stéphane a réservé les dernières bouteilles. La couleur est ambrée, très vieil or. Le nez est typique, marqué oxydatif, avec un rancio puissant, des notes de figues, de fruits secs, de pruneau, de "soupe de potiron de sa maman" pour un des dégustateurs, jeune vigneron à Arbois, dont la maman fait une soupe de potiron qui sent un peu comme ce Tokay(aaa). Finale sur l'écorce d'oranges amères. Riche et gras en attaque, il est porté par une très grande acidité qui lui donne structure et longueur immense. C'est beau, c'est grand, ça donne envie de verser une larme, et en plus c'est pas très cher (moins de 40 euros).


    Finale en apothéose de cette soirée qui a encore vu une sélection irréprochable de Stéphane Planche. Vivement la prochaine!

    Olif


  • Les coups de coeur des Jardins de Saint-Vincent

    Date: le 26/09/2003 à 22:41

    C'est avec grand plaisir que le Grand Jury Pontissalien a quitté son Haut-Doubs pour répondre présent à la proposition de Stéphane «Saint-Vernier» Planche qui organisait sa première soirée dégustation dans la cave des Jardins de Saint-Vincent en Arbois. L'occasion de découvrir, outre quelques beaux flacons surprise, de nouvelles têtes, puisque cette réunion était organisée pour sa clientèle de passionnés provenant d'horizons divers. Les vins ont été dégustés à l'aveugle, seul Stéphane connaissant les bouteilles qu'il nous servait. L'origine du vin n'était dévoilée qu'après que nous ayons essayé de le décortiquer, de l'analyser, et, surtout, finalement, de donner notre impression!

    Le choix fut très éclectique (pour le coup, aucun vin du Jura !) et judicieux, comme vous allez pouvoir le constater. Quasiment que des découvertes qui valent le coup qu'on s'y intéresse !

    - Muscadet Côtes de Grand Lieu, Les Granges 2001, Serge Batard

    Robe très pâle, avec un perlant visuel qu'on ne retrouve que très peu en bouche. Vif, frais, minéral, sur les fruits blancs (poire, pêche), acidulé, il s'amplifie pour se révéler plutôt riche en finale. C'est un vin simple et agréable, franc, très recommandable, parfait pour une mise en bouche.

    - Montlouis, Les Choisilles 2000, François Chidaine

    Robe pâle, un peu plus soutenue que le précédent. Nez miellé, confit, témoignant de son élevage sous bois, puis développant des notes d'agrumes. Puissant et riche, doté d'une belle et bonne acidité, il monte en puissance pour exploser dans la finale, révélant toute sa profondeur. Très beau vin.

    - Vin de Pays de L'Hérault blanc 2001, Léon Barral

    Nez puissant, un peu réduit, pomme et poire blette, lactique, sur le caramel au lait. La bouche est rectiligne, sur l'eau de vie, le calva, l'alcool ressortant donc un peu, mais il persiste de la fraîcheur. C'est un vin sudiste, cela ne fait aucun doute, et je pense l'avoir reconnu pour l'avoir dégusté ici même cet été. Déconcertant, plutôt beau mais pas évident à marier à table, il est loin de faire l'unanimité ! Assemblage de Terret blanc, viognier, grenache gris et bourboulenc. Je fais cependant plutôt partie de ceux qui l'apprécient. Un vin qu'il est préférable d'ouvrir au dernier moment, pour profiter de sa fraîcheur, un carafage risquant de l'alourdir en faisant ressortir l'alcool.

    - Touraine, Le Bois Jacou, Vignobles du Bois Vaudoux, J. Mérieau

    Robe rubis éclatante. Nez sur les fruits rouges, la groseille, poivré, épicé, mais un peu poussiéreux pour moi.
    Frais et léger, avec une rétro un peu poivrée, c'est un vrai vin plaisir, franc et bon.

    - Côtes d'Auvergne, Domaine de Peyra 2000, cuvée Vieilles Vignes

    Robe rubis, plutôt trouble (vin non filtré). Nez très réduit, sur les fruits blets, les viscères de lapin. ça renarde plutôt un max ! La bouche est poutant très fraîche, fruitée, avec retour des notes viandées en finale. Un vin qui divise, surtout à cause du nez, mais il faut reconnaître qu'en bouche c'est bon ! Idéal pour le casse-croûte de 10 heures, avec le saucisson et le pain de campagne, pour ceux qui ont le temps !

    - Savigny-Les-Beaune 1er cru Champ Chevrey 2000, Domaine Tollot-Beaut

    Robe rouge framboisée, éclatante et brillante. Au nez, ça pinote fort joliment, framboise, groseille, un peu de bois légèrement toasté. La texture est agréable, fondante, onctueuse, et monte progressivement en puissance pour finir sur un peu de mâche. Très beau vin bien équilibré, que tout le monde a situé en Bourgogne, et coup de chapeau au Seb, qui a découvert l'appellation et le producteur ! Il faut dire, à sa décharge, qu'il avait bu le même en millésime 99, lors du repas de midi ! Trop fort, ce Seb !

    - Vin de Pays de L'Hérault, Grange des Pères 99

    Robe rubis foncé, brillante . D'abord sur le boisé toasté brûlé un peu appuyé, le nez s'ouvre sur le cassis, avec un poil de réduit, puis des notes animales. Grosse matière en bouche, un peu alcooleux, rétro sur le thym et la garrigue ( ?). On sent qu'on a à faire à une grosse machine. Personnellement, je l'ai situé à l'aveugle en Rhône Sud et j'avoue avoir été déçu que ce soit un vin du Languedoc. Pas vraiment mon attente en matière de vins de cette région et toujours pas conquis par ce domaine, même si bien sûr, ce vin est à attendre au moins 5 ans.

    - Mâcon-Clessé 94, cuvée Levroutée, Domaine de la Bongran

    Robe jaune pâle, nez de liquoreux un peu acidulé, pourtant c'est un sec ! Finesse et élégance, mais, je l'avoue, en ce qui me concerne, un peu déconcertant. Peut-être n'aurait-il pas fallu le servir en dernier derrière La Grange des Pères?

    Fin de la dégustation à l'aveugle, séance fort enrichissante de par l'approche que nous avons eue de ces vins. Coup de coeur personnel pour Les Choisilles de F. Chidaine et le Savigny de Tollot-Beaut (forcément subjectif, puisque c'est un Bourgogne!). Très belle sélection de Stéphane avec de jolies découvertes dans des appellations pas toujours bien médiatisées.

    Poursuite de la séance par un saucissonnage agrémenté d'un petit « canon », nous avons droit à un bonus avec le Faugères de Didier Barral et le Côtes de Provence « Les Terrasses » de Richeaume . Mais là, j'avais déjà rangé le stylo !

    Olif


  • Fin de vendanges à Château Chalon

    Date: le 21/10/2004 à 14:15

    Mardi 19 octobre. Jour de pluie. Les vendanges ne sont pas encore tout à  fait terminées au domaine Jean Macle. Il reste à  couper les savagnins que l'on préfère ramasser ici à  maturité optimale, quitte à  perdre un peu en degré. La veille, le temps a été clément et les raisins ont été rentrés à  12,2° naturels. Plutôt pas mal! Aujourd'hui, c'est plutôt 11,5°! Mais les grains sont relativement sains! Et plus mûrs que ceux qui ont été ramassés les semaines précédentes.

    Château Chalon, petite cité comtoise de caractère, son abbatiale, ses vieilles maisons en vieille pierre et ses rues étroites! Pas de chai ultra-moderne ici, il faut s'adapter à  la configuration des lieux pour travailler. Les raisins arrivent dans des grosses bennes cylindriques vertes qui sont hissées par un palan jusqu'à  l'égrappoir.
    La vendange est égrappée parce que la rafle apporte pas mal d'acidité et que le savagnin n'en manque déjà  pas. Les grains, même mouillés, sont bien fruités et sucrés.

     

    Une fois égrappés, ils se déversent dans le pressoir, situé en hauteur, et le jus s'écoule dans les cuves par gravité. Deux pressoirs sont en service, dont un pneumatique, qui donne un jus beaucoup plus clair. Le vieux pressoir sera bientôt remplacé par un deuxième pneumatique.
    Le vin doux de savagnin (le jus de raisin, en fait) est bien agréable à  boire mais révèle déjà  toute l'acidité du raisin.


     

    Une fois les grains pressés, les peaux des raisins, complètement desséchées, sont tassées dans des grands bacs et seront distillées pour produire de l'eau de vie de marc de Franche-Comté, consommée de façon de plus en plus rare, mais qui servira à  élaborer le célèbre Macvin.

     

    Stade ultime de la vinification, voilà  ce que donne le savagnin une fois mis en bouteilles. Un régal pour les papilles.

     

    Côtes du Jura 2002
    Assemblé pour la première fois en fût à  la récolte, il comporte 20% de savagnin au lieu des 15% habituels. Encore jeune (mise récente), il affiche un certain degré de verdeur, mais la structure et la longueur sont là ! A attendre!

    Château Chalon 1997
    Puissant, sur la noix marquée, il évoque les jaunes d'Arbois, mais il ne comporte en fait que 330mg/l d'éthanal. Long et immense, une grande bouteille pour dans pas mal d'années.

    Château Chalon 1995
    Chanceux que je suis, je peux profiter de fonds de bouteilles ouvertes pour les vendangeurs et dégustées en accompagnement du fromage. A chaque repas, on remonte les millésimes. Le fond de ce 95 est superbement ouvert, sur le curry, les amandes, le massepain et les épices. Tout en finesse, mais avec une longueur interminable!

    Château Chalon 1992
    4éme rencontre avec ce 92 cette année, il est toujours aussi minéral, pétrolant allègrement, mais pas autant que la cuve de fuel du grand-père du Seb! Agréablement fondu, il est prêt à  boire!

    Château Chalon 1986
    La bouteille du repas du lendemain, que Jean Macle venait d'ouvrir! Je la teste avec grand plaisir, surtout que le vin est déjà magnifique! S'ouvrant sur le moka et le café, les notes évoluent rapidement vers une minéralité légèrement pétrolante. La grandeur d'un beau Château Chalon à  maturité!

     

    Aujourd'hui jeudi 21 octobre. La pluie s'est arrêtée, un petit vent chaud soufflait ce matin et le soleil commence à  pointer le bout de son nez. Petite pensée pour les vendangeurs du domaine Macle, parmi les derniers à  couper, et qui doivent se trouver à  l'heure actuelle dans les terrasses du Puits Saint-Pierre, un des plus beaux terroirs de Château Chalon. En principe, ce soir, tout sera bouclé!

    2004 ne s'annonce pas comme un millésime exceptionnel, probablement proche de 1992 dans l'esprit: année abondante mais raisins récoltés avec un degré limite. Le soin apporté à  la récolte au domaine Jean Macle devrait pourtant donner des choses fort intéressantes.

    Olif

  • Domaine J. Macle, au sommet du rocher de Château Chalon !

    Date: le 28/04/2004 à 22:58

    Il serait temps de lever un coin du voile qui recouvre cette prestigieuse appellation jurassienne. Et quoi de mieux que de le faire en compagnie de Laurent Macle par une magnifique journée printanière ? En route pour un petit tour de l'appellation, du domaine et de ses vins !

    L'appellation Château Chalon

    Un premier arrêt au belvédère du magnifique village de Château Chalon, l'un des plus beaux de France, sans chauvinisme aucun, permet d'embrasser le vignoble de façon globale, d'un seul coup d'oeil. Celui-ci décrit un arc de cercle d'environ 300° à la base du piton rocheux. L'appellation Château Chalon s'étend quant à elle sur uniquement 4 communes : Château Chalon, Ménétru-le-vignoble, Domblans et Nevy-sur-Seille.

    A Château Chalon le nom, à  Ménétru le cru !


    Le vignoble, côté Ménétru

     

    Dicton local qui signifie que la plus grande partie de l'appellation se situe sur la commune de Ménétru. Ménétru, c'est sympa comme nom, mais ça sonne moins bien que Château Chalon, quand même!
    Seuls 60 ha sont actuellement plantés sur les 90 possibles, mais il y a fort à parier que les trous seront colmatés avant peu, le rythme des nouvelles plantations s'accélérant.
    Les parcelles sont bien délimitées et les lieux-dits cadastrés de façon précise, même si rarement revendiqués sur l'étiquette. Quelques noms des plus célèbres, ou qui mériteraient en tout cas de le devenir : Les vignes aux Dames, le Puits Saint-Pierre, En Baumont. Les vignes sont toutes en coteaux, parfois très pentus, jusqu'à 45° de déclivité, obligeant parfois au façonnage de terrasses, notamment au Puits Saint-Pierre, à l'apic du piton rocheux, sous l'Abbatiale du village.


    A l'ombre du rocher, le Puits-Saint-Pierre

    La spécificité de l'appellation Château Chalon provient de son terroir, constitué de marnes bleutées du Lias, propices à la culture et à la bonne maturation du savagnin. L'orientation particulière des coteaux, associée à leur grande déclivité, ainsi qu'à leur disposition autour du rocher, favorise la création d'un microclimat spécifique.
    Suite au remembrement de 1977, les vignerons ont eux-mêmes effectué d'importants travaux de canalisation des eaux et de voirie, réalisant des chemins en béton qui sillonnent les différentes parcelles. Auparavant, il fallait parfois traverser la vigne du voisin pour se rendre dans la sienne !

    La mention Château Chalon sur le clavelin, ça se mérite ! Sous l'égide du Syndicat des Producteurs de Château Chalon créé en 1933, des règles très strictes ont été élaborées pour la production du dit cru. Une commission, constituée en 1952, visite chaque parcelle avant la vendange pour y constater la présence exclusive de savagnin et procéder à divers prélèvements de moûts. Elle donne ainsi le ban des Vendanges lorsque toutes les conditions sont réunies et octroie le bénéfice de l'appellation si le degré minimum requis (12°) est atteint. C'est la raison pour laquelle le déclassement complet d'une récolte peut être décidé avant même la vendange, ce qui s'est produit en 2001 notamment. Si par la suite, en cours d'élevage, la prise de voile permet l'élaboration d'un vin jaune, celui-ci pourra être commercialisé sous l'appellation Côtes du Jura. Ce repli ne sera peut-être plus possible très prochainement et tout le monde procédera alors comme au domaine Macle, à savoir ne pas produire de vin jaune les années indignes du Château Chalon. Et comme si les conditions n'étaient pas encore assez drastiques, une dégustation d'agrément a lieu juste avant la mise pour confirmer le label.

    Du savagnin au vin jaune


    Les vignes

     

    Auparavant récolté à la mi-octobre, au moment des premières gelées (la " gelée de savagnin "), il peut dorénavant, grâce à une " amélioration " variétale, être vendangé plus précocement. Il est néanmoins préférable d'attendre une maturité optimale, comme au domaine Macle, où les vendanges se font fréquemment 15 bons jours après tout le monde !
    Grande maturité, en ce qui concerne les vins de Jean Macle donc, et élevage en cave fraîche qui limite la transformation de l'éthanol en éthanal et concentre la minéralité. Ainsi, les vins du domaine n'affichent des taux d'éthanal que de 300 à 400 mg/l. D'un point de vue aromatique, c'est l'éthanal qui va être responsable des notes de noix fraîche que l'on retrouve dans le fameux goût de jaune. Son taux ne variera plus une fois la mise en bouteilles. Seul évoluera le taux de sotolon, un lactone qui apparaît en cours d'élevage, à l'origine des flaveurs de noix mûre et de curry, et que l'on retrouve dans tous les vins oxydatifs à des concentrations variables. La typicité du jaune, c'est en fait un subtil équilibre éthanal-sotolon.
    Pour ne pas fragiliser le voile mais goûter de façon régulière les vins en cours d'élevage, le domaine Macle équipe tous ses fûts de " guillette ", encore appelée " dzi " en Arbois. Il s'agit d'un petit robinet que l'on visse dans le fût juste en dessous de la limite supposée de la vidange au terme de l'élevage. Dévisser une guillette sans faire de catastrophe, c'est tout un art ! Si l'on laisse tomber le petit robinet, il n'y a plus qu'à colmater avec le doigt et appeler au secours ! Ce que nous n'aurons nul besoin de faire au cours de la superbe dégustation qui va suivre.

    Domaine Jean Macle, la dégustation

    Côtes du Jura 2001, embouteillé depuis 1 mois

    Nez de fruits mûrs, pomme séchée. Longue finale sur la cire d'abeille, la noix fraîche et les épices. Beaucoup de classe et d'élégance et ce côté surmaturé sec pour lequel je craque complètement.

    Côtes du Jura 2001, embouteillé depuis 1 jour

    Il y a donc plusieurs mises, ceci pour des raisons pratiques. Celle-ci s'effectue même sur une année, au fil des besoins, un peu à la manière des vins de Champagne que l'on dégorge au fur et à mesure. Pas tout à fait le même, pas tout à fait différent non plus. Le vin a subi une légère filtration. Le nez est plus fin, sur les épices douces et la morille. Moins confit que le précédent, encore chahuté par la mise, la longueur n'en est pas moins impressionnante avec une rétro sur la noix fraîche.

    Côtes du Jura 2000

    Nez plutôt fin et racé, sur des notes de massepain, de pâte d'amande. Grande structure minérale, avec une acidité encore prononcée en finale. A attendre, bien sûr.

     

    Côtes du Jura 2002, échantillon prélevé sur fût

    Pour la première fois, déjà assemblé en fût, dans la proportion habituelle de 15% de savagnin. Nez tout en finesse également, sur le réglisse, le bonbon Batna. A peine d'alcool encore. Dans le style du 2001, au stade d'ébauche.

    Côtes du Jura 1996

    Nez sur la pomme, le calva. Grande structure minérale et acide avec une longueur imposante. Mais la structure est calibrée impeccable, s'élargissant crescendo jusque dans la finale.

    Savagnin 2000, échantillon prélevé sur fût

    Déjà 4 ans de fût et destiné à l'assemblage du Côtes du Jura, en provenance d'une parcelle exposée Nord-Ouest, à flanc de coteau sous le village, qui n'est pas en appellation Château Chalon. Le nez est puissant, il s'affine à l'aération. La structure est très minérale, argileuse, compacte (évoquant à Laurent Macle les « mortiers », blocs de terre et d'argile mêlés que l'on retrouve ici après le labour) et finit avec un peu de lourdeur, affirmant son caractère bien trempé.

    Château Chalon 1997

    Nez fruité, légèrement agrume, poivré, épicé. Le côté éthéré (alcool à polycopieuse!), s'il est présent, se fond dans une structure déjà arrondie, d'une légèreté féminine. Une grande finesse dans un jaune, ce qui n'exclut pas la longueur. 420 mg/l d'éthanal.

    Château Chalon 1996

    Le nez n'est pas très puissant, plutôt original sur des notes d'orge malté, de scotch blend! La structure est d'une grande pureté, ample et progressive, fine et puissante à la fois. Pas du tout marqué par la noix, c'est un vin d'une grande élégance qui ne demande qu'à se fondre dans le temps.

    Château Chalon 1992

    Une année plutôt abondante et pas un très grand millésime. Le nez est puissant, me semblant empyreumatique de prime, mais lorsque l'on hume profondément le verre, pas de doute, il pétrole! Le Seb se revoit même le nez au-dessus de la cuve de fioul de son grand-père! Une minéralité très, trop affirmée, que l'on retrouve de façon non exceptionnelle dans les jaunes, mais le vin tient la distance pour finir sur un peu d'amertume et des notes mentholées. Surprenant mais rédhibitoire pour Le Seb!

    Château Chalon 1997, cuvée 707

    Un échantillon prélevé sur une pièce avant l'assemblage final. Cette cuvée affichait de façon un peu inexpliquée 707 mg/l d'éthanal. Le nez est totalement différent, sur la noix fraîche, très éthéré, se rapprochant d'un vin jaune classique. Puissant et masculin, viril même, une expression plutôt arboisienne du jaune, que Laurent Macle aimerait pouvoir développer un peu de temps en temps, même si l'on est dans un style totalement inhabituel pour le domaine.

    Château Chalon 1990

    400 mg d'éthanal, 14° d'alcool. L'entame se fait sur des notes légèrement pétrolifères, minérales, puis le bouquet s'ouvre sur des notes d'épices. Tout en finesse, il se livre pleinement dans la grande finale où les caudalies resplendissent.

    Trousseau 2003

    La cuvée du patron, car non commercialisée. Robe rubis clair, groseille. Un fruité gourmand et charmeur, confituré et épicé, un vin de belle soif, pour saucissonner en bonne compagnie.

    Macvin

    Si le marc s'impose encore au nez, la bouche fait preuve d'une jolie harmonie et d'un bel équilibre qui en font une gourmandise rafraîchissante portée par une belle structure acide.

    Macvin au fût

    Il s'agit de la récolte 2003, qui ne sera pas millésimée, comme à l'habitude sauf exception. Encore dissocié, avec plein de sucres, on sent qu'il a été muté avec un beau marc. Prometteur!

    Une gamme très homogène, où la finesse s'impose souvent sur la puissance, tant en Côtes du Jura qu'en Château Chalon, ce qui n'exclut pas la grandeur, bien au contraire. Un domaine incontournable pour qui veut faire ses gammes en Jura et approcher ainsi l'élevage traditionnel, à des lieues de l'image caricaturale que certains en ont.

    Aaah! Château Chalon!

    Olif

  • Xavier Reverchon, l'enfant du laboureur de Poligny

    Date: le 18/03/2004 à 17:59
    Très ancienne propriété familiale de Poligny, le domaine Reverchon en est à la quatrième génération de vignerons. Après un intermède d'une dizaine d'années, dans les années 60-70, qui a vu la récolte être apportée à la coopérative polinoise, le célèbre Caveau de Jacobins, installé dans un ancien couvent de la ville classé monument historique, Xavier a repris les rênes du domaine en 1978, n'ayant de cesse d'agrandir l'existant, tout en conservant l'esprit du travail antérieur.

    « Travaillez, prenez de la peine
    C'est le fonds qui manque le moins.»
      *

    Le domaine a toujours pratiqué le labour, c'était même la spécialité du grand-père, qui disposait de chevaux, pratiquait la polyculture, comme souvent à l'époque, et était considéré comme un marginal car il travaillait la terre tandis que tout le monde désherbait ! Les chevaux ont été abandonnés par commodité et le passage dans les vignes se fait à l'aide d'un chenillard qui a l'avantage de bien moins tasser la terre qu'un tracteur traditionnel. Seule une vigne est désherbée car les rangs seraient alors trop étroits pour laisser passer l'engin ! Respect de la terre et de l'environnement, même si le domaine n'est ni en bio, ni en biodynamie, car un insecticide (un seul et une fois par an) est utilisé pour traiter les vignes.

    Ici, on fait donc du traditionnel, y compris dans l'élevage des vins. Pas d'ouillage, mais de beaux vins oxydatifs racés ! Les vignes sont situées en majorité sur Poligny qui se découpe en deux secteurs distincts : au Sud, les flancs du Revermont, en direction de Lons le Saunier et en exposition Ouest, et au Nord, vers Arbois, des coteaux exposés plein Sud. A ces terroirs en appellation Côtes du Jura, il faut ajouter une parcelle sise en appellation Arbois, à Vadans, et qui sera prochainement confiée en location à un jeune vigneron qui s'installe.
    Le style du domaine, c'est l'oxydatif, donc, avec des vins caractérisés par une acidité marquée du fait du mode de culture : le travail incessant du sol d'abord et puis le choix d'une presse faible des moûts, excluant ainsi le coeur de presse qui apporte du jus beaucoup moins acide. Des vins avec de la personnalité et du caractère, refusant la moindre concession aux modes et, de ce fait, pas forcément simples d'accès.

    Nous attaquons la dégustation par les rouges, comme de coutume dans le Jura.

    - Arbois Poulsard 2002: un vin friand à  la robe groseille, au fruité croquant et craquant.

    - Côtes du Jura rouge 2002: poulsard majoritaire, assemblé avec du pinot noir et du trousseau parce qu'il fallait compléter le fût. La couleur est plus soutenue que le précédent, le nez plus animal, mais il regorge de fruits néanmoins.

    - Côtes du Jura rouge 2001: « l'Edelzwicker » de la propriété, en cette année 2001 sinistrée. Petite production, car grêlée à 70%. Ce vin est donc l'assemblage de tous les raisins rouges miraculés de la propriété. La robe commence à virer à la pelure d'oignon, les saveurs sont un peu plus épicées et confiturées, témoignant de son évolution plutôt rapide, ce qui en fait un vin très plaisant à consommer maintenant en raison de son caractère franc et gouleyant.

    - Côtes du Jura blanc 2000, Les Trouillots: une parcelle située au nord de Poligny, orientée Sud, sur un terroir argileux. Les vignes ont été plantées lors de la reprise du domaine par Xavier et sont maintenant âgées de 25 ans. Puissant nez, un peu surmaturé, et beaucoup de vivacité en bouche, de par son côté sec et acide. Très beau car bien équilibré.

    - Arbois chardonnay 1999: le « manzanilla » du domaine! Elevé 4 ans sous voile. Nez surmaturé avec des notes empyreumatiques de moka, bouche très sèche, alcoolisée, sur la noix avec une longueur phénoménale. Superbe!

    - Côtes du Jura Savagnin: non millésimé pour rester en règle avec la législation (il semblerait que tout le monde ne soit pas dans la légalité!) car cette cuvée est l'assemblage de plusieurs fûts de jaunes ayant tournés court, dans les millésimes 98 à 2001. Nez sur la pomme, porté par une grande acidité, avec une droiture minérale très pure.

    - Côtes du Jura VV 1999, Les Boutasses: la cuvée emblématique du domaine, correspondant à une grande parcelle au sud de Poligny ayant déjà appartenu à la première génération des Reverchon. C'est un chardonnay sous voile, assemblé avec une petite proportion de savagnin en provenance du même endroit, et complété avec une proportion variable (jusqu'à 50%) de savagnin n'ayant pas évolué vers un vin jaune suffisamment qualitatif. Pour la petite histoire (j'en suis très friand!), cette belle parcelle de chardonnay située en bordure de la route de Miéry était régulièrement « pillée » par les jeunes filles du lycée de Poligny qui faisaient leur promenade hebdomadaire en rang par deux et en uniforme bleu tous les jeudis après-midi. Pour remédier au grappillage systématique des raisins lorsqu'ils commençaient à mûrir, le grand-père Reverchon eût l'idée de planter en bordure des plants de savagnin, dont les raisins très acides eurent tôt fait de décourager les jouvencelles à les consommer.
    Il a beaucoup du vin jaune, d'ailleurs, ce vin, avec une grande structure acide oxydative et une longueur imposante. Quelle puissance!

    - Côtes du Jura Vin jaune 1996, Les Trouillots: le vin jaune, c'est un peu la spécialité de la maison! Du fait de terroirs qui se prêtent bien à la culture du savagnin et de la grande acidité constitutionnelle des vins, le domaine a récolté systématiquement des médailles depuis le tout premier millésime commercialisé par Xavier. Tous, sauf ce 96, qui a été assemblé de façon inhabituelle avec des savagnins en provenance de la parcelle des Freins, ce qui a eu pour conséquence d'entraîner un déficit en alcool par rapport aux millésimes antérieurs. Du coup, l'acidité est plus mordante. « Il est sympa, mais ça mord! », nous dira Xavier qui pense néanmoins que l'évolution de ce vin devrait être intéressante. Ce Jaune un peu atypique me plaît beaucoup!

    - Côtes du Jura Vin Jaune 1997, Les Trouillots: la bouteille est ouverte depuis bientôt 1 mois et pourtant, quelle fraîcheur et quelle puissance au nez! Un roc indestructible! Encore étheré, il se distingue par une attaque volumineuse et franche, possédant de la vivacité et une grande profondeur.

    - Côtes du Jura Vin de Paille 2000: 60% Poulsard, 20% Chardonnay, 20% Savagnin. En bouteille classique, car ici non plus, le nouveau contenant ne plaît pas! Couleur ambrée, magnifique liqueur sur les fruits secs, les abricots et la figue.

    - Macvin étiquette rouge: élaboré uniquement avec du pinot noir, c'est un Macvin à la robe rouge rubis fleurant bon la groseille, la cerise à l'eau de vie et les noyaux de cerise, à l'équilibre quasi parfait. Une cuvée qui fait des émules chez les viticulteurs du voisinage, après avoir été longtemps critiquée. Beaucoup de Polinois séparent maintenant leurs moûts pour produire des Macvins de couleur.

    -Macvin étiquette blanche: issu de savagnin exclusivement, en provenance des Trouillots. Moins de rondeur et plus de vivacité! Intéressant, mais pas aussi plaisant que le rouge!

    Après ce tour d'horizon assez complet quoique non exhaustif de la production du domaine (il manquait une ou deux cuvées de blanc et les rouges de trousseau et pinot), nous courons visiter les installations pour constater que la production 2003 sera réduite à la portion congrue. Guère besoin d'acidifier pour les raisons évoquées plus haut et surtout vendange très précoce (Xavier a été le seul à vendanger à partir du 12 août pour les pailles et les crémants) font que l'on devrait avoir de belles choses ici dans ce millésime. Beaucoup de cuves et de fûts attendent avec impatience d'être remplis à nouveau! Et pas question de prendre des risques avec un aussi faible volume! Un fût de jaune donne des signes d'inquiétudes sur son évolution? Hop! Il sera soutiré rapidement pour produire un solide Côtes du Jura!
    Beaucoup de bon sens dans la démarche de Xavier Reverchon qui nous a offert là un bien beau moment en sa compagnie! Un domaine à recommander vivement à tous les amateurs de vins du Jura « traditionnels »!

    Olif

    * Citation bien évidemment extraite du Laboureur et ses Enfants, de Jean de la Fontaine.

  • 21/09/2004, Tour de vignes en Arbois!

    Date: le 21/09/2004 à 23:56


    Après-midi bruineux sur le Haut-Doubs, ça tombe bien, j'avais prévu de descendre sur les coteaux d'Arbois pour enrichir ma photothèque. Le ciel nuageux sur la plaine n'empêche pas le soleil de sévir, rien que du bon pour la vigne!

    Pour commencer, un tour de la Tour! Curon, lieu qui devrait devenir mythique dans quelques années.



    Parce que le terroir semble se prêter à  la production de grands vins de chardonnay, et parce que la Tour de Curon a tout pour devenir un lieu emblématique: un passé, une situation stratégique et privilégiée sur les hauteurs de la ville, et très certainement un futur grand vin, en tout cas, tout est fait pour! Le gardien de la Tour s'étant fait porter pâle, un énorme cadenas le remplace, verrouillant la porte d'accès à  l'édifice qui ne remplit pas des conditions de sécurité suffisantes. Tant qu'elle ne sera pas rénovée à  l'intérieur, elle reste dangereuse pour les visiteurs et ...son propriétaire!

    Les Chardonnays du Clos de la Tour en sont déjà  à  leur quatrième feuille et ils devraient être en mesure de produire une cuvée digne de ce nom.



    Ils se goûtent en tout cas déjà  fort bien sur pied!


    Vue de la tour, Arbois semble toute petite, même si les premières constructions grignotent les vignes sous Curon. Une parcelle (la dernière?) est en voie de construction. La vigne est en ville. Ou plutôt, la ville grignote la vigne!



    Après le tour de la Tour, direction Montigny, en passant par Vauxelles.

    Montigny! Magnifique petit village vigneron, scindé en quartiers regorgeant de noms célèbres. Même perdu dans le village, on est en pays de connaissance lorsque l'on regarde les enseignes des maisons: Puffeney, Bacchus, Lornet,... En passant devant chez Bacchus, l'homme au béret me fait un signe amical et un grand sourire. Je l'ai également reconnu! Il s'agit d'Alex, le vigneron du futur, en pleine séance de mise en bouteilles d'un admirable Trousseau 2002 Jeunes Vignes, gorgé de fruits. Le temps de faire connaissance avec Vincent Aviet, le fils de Bacchus, je poursuis mon tour de vignes, direction les Grands Vergers, au pied du viaduc de chemin de fer, puis les Bruyères, de l'autre côté de la nationale. Peu de gens dans les vignes, même si le ban des vendanges a été officiellement déclaré au 20 septembre. Les premiers raisins devraient en principe être coupés à  partir du 27 pour produire les crémants, dont la qualité s'annonce plutôt bonne.

    Après l'effort (j'ai quand même pas mal marché!), le réconfort! Je me dirige vers la ville, histoire d'aller au contact de la population. Avec une petite idée derrière la tête, quand même! Goûter à  quelques perles issues du caveau de Jacques Tissot, dans un premier temps.

    Arbois Savagnin Naturé 2000
    Un savagnin ouillé, le premier millésime de ce type produit ici, et qui se révèle être un coup de maître. Nez très mûr, sur les agrumes, entêtant, à  la belle structure acide qui apporte longueur et équilibre. Presque aussi bon qu'un Païen de Chamoson!

    Arbois Trousseau En Messagelin 2002
    Un beau Trousseau, aux tanins patinés, à  cueillir sur son fruit, ou alors à  attendre quelques années.

    Vin de Liqueur le Galant
    Un Macvin à l'ancienne, cuit avec des épices, donc hors appellation, mais dont j'avais entendu le plus grand bien. Eloges mérités, une fois de plus, les notes épicées et les rondeurs apportées par la cuisson, en font un vin de liqueur très séduisant, caressant et enjôleur. Bravo!

    Après Jacques, impossible de ne pas passer chez André et Stéphane! Muriel, qui garde la boutique Tissot, est toujours aussi charmante et accueillante. Pour poursuivre dans le rayon douceur, Spirale 2000, puis PMG 2000 ne pouvaient pas tomber mieux! Sur ce millésime-là , les deux vins sont vraiment très proches et impressionnants de densité et de complexité, graduellement croissantes. PMG, c'est cher (54€ pour 37,5 cl), mais ce liquoreux de l'extrême a ses adeptes (dont je suis) et n'a vraisemblablement jamais été aussi bon et équilibré, mêlant des notes de coing confit et de mine de crayon. Du sucre, de la minéralité et de l'acidité! Un très bon cocktail!

    Après une telle récompense, il est temps pour moi de regagner les hauteurs. Fin de ma petite escapade arboisienne. Encore quelques jours de soleil, et les vendanges 2004 devraient pouvoir débuter sereinement!

    Olif