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La vie de château en Languedoc

Date: le 18/06/2004 à 21:08

Temps fort du programme annuel du GJP, cette dégustation languedocienne prévue de longue date, a permis de faire un break professionnel salutaire, de rencontrer des vignerons et des gens exceptionnels et de concilier dépaysement, plaisirs gustatifs et plaisirs tout courts. La formule " on the road " a quand même ceci de bon qu'elle permet de rendre l'approche du vin plus palpable et concrète.
Les visites ont été planifiées longtemps à l'avance, pour éviter d'avoir à subir des désillusions, ce qui n'a pas empêché d'être exposé à des imprévus mais aussi de recourir à l'improvisation.

La recherche d'un hébergement nous a finalement souri après un premier couac : L'Auberge du Cèdre complète depuis plus de deux mois à cette date, nous n'avons pu y élire nos quartiers. Nous n'avons cependant pas perdu au change, en optant pour une résidence plutôt classieuse, dans un cadre majestueux, le Château de Jonquières, qui dispose de 4 chambres d'hôtes récemment aménagées. Cela eût en outre le mérite de nous recentrer sur 2 visites essentielles inscrites au programme, le Mas Jullien et le domaine Peyre Rose.



Jonquières

Arrivés à Jonquières après un voyage sans encombre, notre départ du Haut Doubs fut légèrement retardé ; nous prenons néanmoins possession de nos chambres avant la tombée de la nuit. Accueillis fort sympathiquement par le chien Loubard puis par Isabelle de Cabissole, les valises sont déchargées vite fait et nous gagnons immédiatement Saint-Saturnin, plus précisément l'auberge du Vieux Pressoir, où une table nous avait été gentiment réservée.

Saint-Saturnin

Proche de Jonquières, ce village vit surtout par sa coopérative, peu de vignerons ayant repris leur indépendance. On y trouve l'une des plus agréables et conviviales tables de la région, l'Auberge du Vieux pressoir. Un lieu animé, où l'on croise de façon totalement improbable, ce jour-là et à cette heure-là , un membre d'une joyeuse bande du petit écran, bande pas complètement nulle ni inconnue et qui a pris ses habitudes ici lors d'un tournage sur le plateau du Larzac pour le grand écran ! Hasarrrrrrd de l'existence ! La patronne est très accueillante et charmante, le patron, amoureux des vins du Languedoc, nous fait profiter de sa grande expérience après avoir pris connaissance de notre commande, qui force son respect ! La carte des vins, évidemment spécialisée Languedoc, recèle de nombreux trésors qui aiguisent notre soif de découvertes ! La cuisine, originale et goûteuse, basée sur de bons produits fermiers, dans un registre traditionnel mais pourtant novateur, s'allie parfaitement à la qualité des vins.

Château de Jonquières blanc 2000
Un très agréable blanc d'apéritif, frais et désaltérant, qui nous permet de trinquer à  distance avec nos hôtes.

Mas de L'écriture, Les Pensées 1999
Légèrement réduit à l'ouverture, malgré un carafage, il s'exprime très avantageusement à l'aération, sur un fruité très frais. Une très belle bouteille, harmonieuse et fondue.

Le Merle aux Alouettes 1999, Domaine de Fontcaude
Malgré un carafage plus long et vigoureux, avec remuage et secouage régulier par Le Seb, le vin conserve des tanins un peu serrés et se livre difficilement. Mais quelle matière ! Un vin à attendre et qui devrait être très beau.

Domaine Puech Lazert 1999, Saint-Jean de la Blaquière
La bouteille du patron, sortie pour accompagner les délicieux fromages de brebis et de chèvre. Saint-Jean de la Blaquière, futur grand nom des Coteaux du Languedoc d'après notre hôte, car c'est un terroir encore largement sous-estimé. Laurent Taisse est un original, voire un marginal, qui produit du vin pour son plaisir et comme il en a envie. Une bouteille coup de poing ! Un vin puissant, où l'élevage se fait encore sentir, mais de façon fort élégante, avec une belle acidité et de la fraîcheur sur des notes de griotte et de bigarreau, qui s'accordent parfaitement avec les fromages de chèvre.

Plan de l'Om 2001, Miéjour
Autre domaine notable de Saint-Jean de la Blaquière, ouvert en parallèle avec le précédent, pour cause d'hésitation sur le flacon à déboucher. Un style différent, très fruité, fraise écrasée, cassis giboyeux, avec une belle minéralité et de la fraîcheur.

Carthagène, domaine de la Sauvageonne
Pour rester sur Saint-Jean de la Blaquière et pour terminer en beauté, une très belle Carthagène prise en digestif, parfumée et agréable.

Saint-Pargoire

On attaque fort d'entrée de jeu ! Le Seb, qui a ses entrées au domaine depuis l'année dernière, nous a organisé une petite rencontre avec Marlène Soria, rencontre qui a bien failli tourner court puisqu'elle nous attendait par erreur la semaine précédente. Comme elle était présente et disponible, elle nous a gentiment consacré deux petites heures qui sont passées très vite.
Au bout de la ligne téléphonique, le domaine de Peyre Rose ! Une route tout juste carrossable (mais par la suite nous avons fait pire !) qui longe les poteaux en bois (ou alors est-ce l'inverse ?), ce qui évite de se perdre puisque le fléchage du domaine est très discret. D'abord sur une réserve que je qualifierais de naturelle, Marlène Soria se livre peu à peu, tout en nous faisant visiter les chais, et nous raconte son installation et ses déboires avec la coopérative du coin, quand elle n'hésitait déjà pas à afficher ses convictions sans concession.


Arrivée au milieu des années 80 dans cet endroit perdu au milieu de la garrigue et des vignes, d'abord pour des vacances " sauvages ", elle décide de s'y installer définitivement et de vivre du vin.
Petite anecdote au sujet du nom du domaine, choisi délibérément par Marlène en raison de son affinité pour la couleur rose, il s'est avéré que les pierres qui constituent le terroir aussi bien des Cistes que de Léone sont, malgré quelques différences liées au terroir, des pierres à reflets rosés. Une prédestination en quelque sorte ! Petit à petit, de gros travaux sont réalisés au domaine, notamment le creusement d'un chai dont toute une partie est enterrée, adossée à la colline. La particularité de Peyre Rose, c'est que les vignes sont en hauteur, sur le plateau, et que les bâtiments sont situés dans une combe (je ne sais si cela s'appelle ainsi en Languedoc !). Cela permet le travail par gravité et le maintien d'une certaine fraîcheur malgré la canicule, mais par contre, la partie habitation reste très humide, ce qui peut être plus gênant, notamment en hiver.
Nous jetons un oeil sur toutes les installations, dont de belles cuves peintes en rose, pour terminer dans le caveau de dégustation ou nous allons découvrir quelques merveilles, certaines connues, d'autres moins ou pas encore !

Rosé 2002
Un rosé de grenache à la robe plus sombre que tous les rouges jurassiens réunis ! C'est frais, fruité et gouleyant, très vineux. Pour tout dire, excellent, même si cela s'apparente plus à un rouge qu'à un rosé ! De quoi rallier tous les détracteurs des vins rosés !

Clos des Cistes 1998
La robe de celui-ci nous fait mieux comprendre pourquoi Marlène appelle le précédent " Rosé " Légèrement chocolaté (la marque du terroir ?), il s'impose par ses notes de fruits noirs et sa grande concentration. Superbe !

Syrah Léone 1998
Encore plus noir que le précédent, crème de fruits noirs, réglisse, impression " virtuelle " de boisé (qui n'existe pas sur ce vin). La définition des deux terroirs s'affine de plus en plus au cours des années pour aller vers une minéralité très marquée. Magnifique !

Blanc 1997
Après une première expérience décevante en 1994 (de par l'évolution en bouteille après la mise), Marlène a décidé de garder toute sa (petite) production de blanc en barrique depuis 1995. Nous avons le plaisir de goûter au 97, soutiré devant nous. Une merveille ! Minéral, frais, équilibré, sa tenue à l'air est admirable (un échantillon prélevé il y a plus de 15 jours traîne encore en carafe et son nez est loin d'être oxydé), probablement du fait de son caractère très finement oxydatif, justement.

Quand on goûte à tous ces vins, récoltés avec un rendement moyen de 18 hl/ha, conservés en foudres ou en cuves plus longtemps que la moyenne, puis portés financièrement encore une année supplémentaire en bouteilles pour qu'ils s'harmonisent, il paraît évident qu'une telle exigence qualitative se paye.
Après avoir salué Marlène et réservé la totalité de sa production pour les 10 ans à venir (pas de panique, vous pourrez en avoir aussi, c'est juste de l'humour !), nous nous offrons une petite marche entre Clos des Cistes et Syrah Léone jusqu'en haut de la colline pour apprécier le panorama sur l'étang de Thau et le Mont Saint-Clair au loin. Finalement, il n'est pas si surprenant qu'un endroit aussi magnifique produise de tels vins, un peu à son image !



Clermont L'Hérault

12 heures 30. Petite halte restauratrice au Café des Négociants, une adresse sympathique que j'avais fréquentée il y a 2 ans, avec terrasse au coeur de la ville. La nourriture est tout à fait correcte mais nous tairons par pudeur les vins pris ici pour accompagner le repas. La carte est plutôt restreinte, avec quelques jolies choses, mais pas celles que nous avons choisies en essayant de rester simples. Il faut dire que nous venions à peine de quitter Marlène et que passer derrière un vin de Peyre Rose tient un peu de la gageure!

Jonquières

Retour dans notre terre d'accueil, mais pas à  la maison ! Direction le Mas Jullien, où je devais prendre livraison de ma commande printanière. Accueillis chaleureusement par une charmante hôtesse, d'abord inquiète de nous voir débarquer, puis poussant un ouf! de soulagement lorsqu'elle apprend le motif de notre venue. De vin à vendre, il y a longtemps qu'il n'y en a plus. Il en reste un peu à goûter, mais plus pour très longtemps. Nous ne nous faisons pas prier pour tremper nos lèvres dans toute la gamme.

Blanc 2002
Jolie vivacité pour un blanc équilibré, encore une prouesse d'Olivier Jullien pour qui réaliser un blanc ici tient du pari.

Rosé 2002
Robe rouge groseille soutenue et arômes fruités de groseille, rafraîchissants au nez. Très vineux, un rosé de saignée de belle facture, sur lequel Olivier Jullien veille jalousement tant que la couleur souhaitée n'est pas obtenue.

Etats d'âme 2002
Un vin rouge d'une fraîcheur revigorante dans un millésime réputé difficile et une étiquette d'humeur enfantine, constellée d'onomatopées de gazouillis de nourrisson. Olivier Jullien n'aurait-il pas été papa cette année-là ?

Mas Jullien 2001
La grande cuvée, plus sérieuse, élevée en demi-muids depuis quelques années ; c'est un beau vin d'une grande densité de texture.

Clairette Beudelle 2001
Par curiosité, j'en avais commandé 2 bouteilles sans vraiment savoir de quoi il retournait. Il s'agit en fait d'un vin à base de moût de raisin fermenté issu de raisins passerillés, de clairette beudelle, bien sûr. Le problème, c'est que les bouteilles sont reparties en fermentation du fait du taux de sucre résiduel élevé. Le flacon que nous dégustons, débouché depuis plusieurs jours, commence à s'assagir. Un vin de paille sans la paille, en fait, s'ouvrant sur de très élégantes notes oxydatives de fruits secs. Une gourmandise !

Une fois le coffre chargé, nous nous rendons compte que nous avons un peu de temps libre avant de nous intéresser à la production de nos hôtes du Château de Jonquières. L'opportunité de se rendre dans l'un des plus beaux terroirs méconnus du Languedoc, d'après l'aubergiste du Pressoir.

Saint-Jean de la Blaquière

Cette commune se situe juste à l'aplomb ouest du Rocher des deux Vierges de Saint-Saturnin. « Un petit vent entre les 2 Vierges et on glisse jusqu'à Saint-Jean » nous a t'il confié dans un éclat de rire. Sans aller jusqu'à faire du parapente entre les deux rochers, nous avons emprunté la route étroite et sinueuse au travers de cette terre rouge volcanique caractéristique, évitant de justesse un blindé de la gendarmerie peu enclin à nous laisser de la place sur la route, ni à ralentir.

Notre objectif, c'était le Domaine de Puech-Lazert. Après l'avoir déniché au coeur du village, nous avons fait chou blanc. Probablement dans les vignes, Thierry Taisse! Finalement, direction La Sauvageonne, dont la Carthagène nous avait enchanté la veille au soir. Planté il y a presque trente ans, il a été repris depuis 2001 par Gavin (et Amanda) Criesfield, un ancien sommelier aidé par des investisseurs, avec pour mission de produire un vin de qualité et de respecter le terroir, de le magnifier même, par pratique de l'ébourgeonnage et la limitation des rendements sur les 31 ha de vignes exposées différemment au soleil et à la tramontane sur des terroirs schisteux et gréseux. Gavin arrive juste à point nommé pour nous faire découvrir sa gamme de vins.

Les Ruffes 2003
Issu des bas coteaux, sur cette terre volcanique rouge si caractéristique du paysage, un vin constitué de syrah et grenache qui se révèle être une véritable petite bombe fruitée et gouleyante, vendue, pour ne pas dire donnée, au prix de 6 €. Avec une entrée de gamme comme cela, on peut aborder la suite en confiance !

Pica Broca 2002
Syrah, grenache et Carignan en provenance de différents terroirs plutôt schisteux. Beaucoup de fruits noirs, aux tanins soyeux, la petite perception boisée vient de l'assemblage cette année-là avec la cuvée Puech de Glen, élevée habituellement en fûts neufs, et qui ne sera pas produite car insuffisante qualitativement.

Puech de Glen 2001
Un vin dense, aux tanins patinés et veloutés, sachant préserver sa grande fraîcheur. Très beau et ambitieux, à  attendre !

Sauvignon 2003
Un joli vin blanc de soif, fruité (pêche, poire, fruits blancs), gras et frais, équilibré juste comme il faut.

Que voilà un très beau domaine, travaillé dans un très bon esprit, dont les vins sont réjouissants ! Nul doute qu'il y a là un très gros potentiel et surtout une volonté de bien faire.

Jonquières

Retour à  la case départ pour découvrir en profondeur les vins de François et Isabelle de Cabissole du Château de Jonquières. Des chais extraordinaires, enterrés, dans une des ailes du château, avec un espace climatisé pour entreposer les fûts. Nous attaquons par le domaine 2001 avant de passer à une fort instructive dégustation des 2003 au fût.


Domaine de Jonquières 2001, Vin de Pays de L'Hérault
Assez facile, mais très agréable, avec ses notes de fraise, de cassis, de gibier.

Grenache 2003
Fruité, plein et charmeur, tout à  fait dans le style du millésime.

Mourvèdre 2003
Puissant, un peu marqué par l'alcool.

Syrah 2003
Plus animal, poivré, avec un gros volume et de la mâche.

Carignan 2003
Très crème de cassis car il présente encore un peu de sucre résiduel. Son volume épate !

Assemblage grenache-syrah-mourvèdre 2003, barrique de 225l, puis de 500l
Paradoxalement, le boisé est à peine plus perceptible dans la 500l ! L'assemblage est très beau. Le Carignan sera peut-être incorporé lorsqu'il aura fini ses sucres.

Château de Jonquières 2001, 12 mois de fût puis 18 mois de fût
Les tanins commencent à bien se fondre. La note boisée du 18 mois est assez discrète et ne me gêne personnellement pas. Les deux cuves seront assemblées pour la mise.

Château de Jonquières blanc 2002
Plutôt exotique, pamplemousse, coco, il est frais et aromatique, destiné l'apéritif ou à une entrée simple ou encore un poisson en sauce.

Rosé 2003
Un très beau rosé pour la table, juste comme il faut ! Agréable et gouleyant !

Risée de blanc 1998
Une expérimentation de François de Cabissole lorsque le millésime le permet. C'est un vin de table à la belle liqueur, un peu marqué fruits secs, donc légèrement oxydatif, resté 6 ans en fût, uniquement à base de chenin.

Fin de la première journée de dégustation mais la bouche reste très fraîche malgré la quantité de vins dégustés. Qui a osé dire que les vins du Languedoc étaient " lourdingues " ?

Lauret

L'Auberge du Cèdre complète pour le dormir, nous avions néanmoins réservé une table pour le manger le vendredi soir, histoire de faire un pèlerinage dans cet endroit magique. Le Pic Saint-Loup se trouvant quand même à une quarantaine de kilomètres de Jonquières, nous ne tardons pas à quitter notre résidence pour gagner le restaurant, sous un ciel plutôt menaçant au-dessus du Mont Saint-Baudille. Et paf ! Arrivés à hauteur d'Aniane, où aucune visite n'a été prévue, on se demande bien pourquoi, nous prenons des sacs d'eau sur la tête (sur le toit de la voiture, pour être plus précis, car nous n'avons pas de décapotable). Nous apprendrons le lendemain que 36 mm d'eau sont tombés sur le Pic et juste quelques gouttes à Jonquières ! Le Cèdre sous la pluie possède un tout petit peu moins de charme, d'autant que nous ne pourrons pas manger en terrasse. C'est la foule en ce vendredi soir et nous sommes un peu serrés mais l'équipe est vraiment charmante. Nous apprendrons également que, hors quelques trous ponctuels en semaine, les réservations pour les chambres doivent se faire au moins 6 mois à l'avance, quand ce n'est pas un an pour les WE à rallonge ! La rançon de la gloire ! Il faut arrêter de faire de la publicité pour cet endroit, on ne pourra bientôt plus y aller en raison de leur succès!
Le manger au Cèdre, c'est très bien, cuisine ensoleillée et conviviale, le boire, c'est pas mal non plus, avec une carte languedocienne d'anthologie (à noter que la pratique du Doggy-bag pour le vin est vivement encouragée). Quelques exemples testés pour vous :

Clos Marie blanc 2001, Cuvée Manon
Un domaine que nous n'aurons malheureusement pas la possibilité de visiter, mais dont nous aurons plaisir à boire le vin. Très fruité, floral, il est plutôt agréable, même sans grande complexité.

La Grange de Quatre Sous, Lo Molin 1996
Un vin à  maturité, aux tanins fondus, marqué par un léger poivron bien mûr. Un très beau Languedoc de 8 ans d'âge.

Domaine de Cazeneuve, Le Sang du Calvaire 1997
Le nez est encore un peu marqué par le bois, avec un petit côté racoleur à mon goût. Bouche volumineuse portée par une grande acidité. Pas totalement accompli, je trouve, mais c'est visiblement un monstre au potentiel évident. On peut (on doit ?) lui préférer la finesse et l'élégance de Lo Molin 1996.

Pic Saint Loup

A ce stade du récit, à peu près à mi-parcours, se situe le véritable morceau de bravoure, en marge du vin. Le Seb a quitté son costume de Gardien de la Tour, la ravissante chambre dans laquelle il dort, pour enfiler celui du Copilote. Nous avons rendez-vous en Pic Saint Loup avec son Tonton et un ami de celui-ci, vigneron en retraite, qui doit nous faire visiter 2 domaines dont nous ne savions encore rien, même pas le nom. Idéalement, nous devrions lever le camp à 8h30 dernier carat pour arriver vers 9h15-9h30 à Saint-Mathieu de Tréviers. à‡a commence mal, nous avons oublié de prévenir que nous prendrions le petit déjeuner un peu plus tôt que le jour précédent ! Pas grave, tout finit par s'arranger, nous ne devrions pas être trop en retard. Le parcours reconnu la veille au soir pour se rendre au Cèdre ne le satisfaisant pas pleinement, Le Seb nous propose de prendre un raccourci! Défendable, car sur la carte, qui n'est pas d'état-major, la distance semble effectivement plus courte ! Sauf qu'une toute petite portion figure en pointillés ! Et nous nous retrouvons alors sur un chemin empierré, boueux, parsemé de trous d'eau suite à l'orage de la veille, coincé entre un champ de tir militaire (Interdiction d'entrer, Danger de mort !) et une réserve de chasse au sanglier (Danger, Tir à balles !). Pour éviter le frottement du bas de caisse de la voiture sur les cailloux à chaque nid de poule, les passagers sont obligés de descendre et de faire le chemin à pied, pour le plus grand plaisir des filles, Valérie et Catherine, qui ont ainsi l'occasion de faire une petite promenade sous le soleil, ça les change des dégustations non-stop ! Le responsable de ce mauvais choix décide de s'auto-flageller en s'infligeant de sévères ampoules aux pieds. Les sandales, c'est pas fait pour randonner !

Le Seb ? Les amortisseurs de ma voiture ne lui disent pas merci !

Finalement, le parcours VTT que nous avons emprunté convient aussi aux VW , même pas 4X4 ! Et ce n'est qu'avec une bonne heure de retard que nous arrivons à notre rendez-vous !
Accueillis par un petit casse-croûte réconfortant (fougasse et Pic Saint Loup Clos Saint Hubert, issu des vignes en fermage de l'ami du Tonton du Seb. Non ! On ne crache pas, François, même à 10h30 du matin, notre hôte se vexerait !), nous ne tardons pas à prendre la direction de L'Ermitage du Pic Saint Loup, connu également sous le nom de Domaine de Sainte-Agnès (prononcer Saintonnesse, en patois du Pic).

En ce samedi 12 juin, nous tombons en pleine Vignes Buissonnières, que nous aurions pu inscrire à notre programme d'ailleurs, ce qui fait que la plupart des domaines ne reçoivent pas ; il faut aller à leur rencontre sur le parcours tracé dans la garrigue. Hubert, en tant qu'ancien viticulteur et ancien maire, a des relations ! Madame Ravail nous attend dans le superbe caveau récemment aménagé dans la propriété. Après quelques échanges sur la pluie, le beau temps, les fleurs, nous plongeons dans le vif du sujet!

Rosé 2002
Il s'agit d'un rosé de presse, relativement vineux, mais vinifié avec un peu de gaz qui maintient la fraîcheur. Sympathique!

Blanc 2002
Roussanne et marsanne majoritaires. Un très beau fruit se développe en bouche dans une structure onctueuse, bien équilibrée. Très joli!

Ermitage du Pic Saint Loup 2002
L'entrée de gamme en rouge, plutôt très bien faite, fruits mûrs, feuilles de cassis. Un vin frais et relativement gouleyant en ce millésime difficile qu'est 2002.

Cuvée Saint-Agnès 2001
Très marqué syrah, poivré, avec un beau volume en bouche et une belle persistance.

Cuvée Guilhem Gaucelm 1999
Un Coteaux du Languedoc à base de syrah et grenache, sur un terroir de galets roulés, récolté « à l'ancienne » avec des rendements de 15-20 hl/ha. Elevage de 2 ans en barriques (neuves pendant 6 mois sur lies fines). Un vin très mûr, confit, presque Porto, avec des tanins soyeux et patinés évoluant sur le pruneau. Structure impressionnante pour un vin qui ne laisse pas indifférent!
Une gamme très étoffée qui mérite bien quelques emplettes. Mention particulière pour ce blanc séducteur en diable et la très belle cuvée Guilhem de Gaucelm!

Et c'est reparti, direction le domaine de l'Hortus ! Idéalement situé, sous le Pic Saint Loup et celui de l'Hortus qui lui répond, nous sommes accueillis au pas de course pour compenser notre retard, ce qui n'est pas pour nous déplaire. On attaque illico presto!

Bergerie de l'Hortus blanc 2003
Très aromatique, sur la pêche blanche, avec une minéralité un peu crayeuse, il est plutôt marqué viognier pour l'instant (assemblage viognier, chardonnay, sauvignon).

Bergerie Rosé 2003
Un rosé de saignée comportant 40% de syrah. Frais et fruité, un peu poivré, il se laisse boire.

Bergerie rouge 2002
70% syrah, 30% grenache. Réglisse et fruits noirs, beaucoup de fraîcheur pour ce vin simple, franc et bon!

Grande cuvée 2001
50% mourvèdre, 40% syrah, 10% grenache, 13 mois d'élevage en fût. Si le boisé est bien présent, il se fond dans une belle matière crémeuse aux tanins soyeux, non agressifs.

Clos du Prieur 2001
Syrah, grenache et Carignan pour un vin « à l'ancienne », comparable à Guilhem Gaucelm de l'Ermitage. Très riche, presque confit, c'est de la liqueur de fruits noirs qui possède une belle acidité qui permet à la structure de rester fraîche.


Fin de l'excursion en Pic Saint Loup avec une superbe impression d'ensemble. Invités à nous restaurer dans une ancienne bergerie restaurée, nous prenons fort heureusement la direction de notre prochaine étape, ce qui nous permettra de ne pas arriver trop en retard chez un vigneron fort connu sur LPV.

Saint-Sériès

C'est dans la maison familiale, terrain de ses premiers exploits, que nous retrouvons Robert Creus, pour une excursion en Terre Inconnue et en plusieurs étapes.
Petite dégustation dans la cuisine pour commencer, avec les 3 cuvées dans le millésime 2001. Je n'ai guère eu l'occasion de griffonner quelques notes, mais de mémoire, la petite pointe de gaz sur Léonie s'estompe complètement à l'aération pour donner un sentiment de plénitude, le petit résiduel sur Los Abuelos donne presque l'impression de boire du Banyuls et l'immense concentration de Sylvie mérite de se fondre un peu.

Après une visite commémorative dans le jardin et le garage, terrain de ses débuts, puis un petit échange de bouteilles, deuxième étape, direction le terroir de Saint-Christol où nous partons arpenter les vignes. Fouler le fabuleux terroir où s'épanouissent des ceps de Carignan presque centenaires, faire le tour des parcelles de grenache et de syrah sur un chemin chaotique auquel ma voiture est désormais habitué, parler de vins du Languedoc, mais aussi de poulsard et de vin jaune avec quelqu'un de passionné par tout ce qui est bon et bien fait, autant de petites choses qui font passer le temps à toute vitesse.


Il est déjà temps de passer à la troisième étape, la dégustation d'un cabernet et d'un merlot, vinifiés pour le compte d'un copain, qui vient tout juste de finir de construire un chai pour protéger ses merveilles. Premier millésime qui aurait pu plus mal tomber que ce 2003 au fruité et à la richesse qui devraient devenir légendaires. Peut-être plus impressionné par le cabernet que par le merlot, l'assemblage à la pipette se révèle être quasiment du Montrose!

On enchaîne illico pour la troisième étape, la visite de la nouvelle cave de Robert, située à une vingtaine de kilomètres de là . Une fois sur place, je pense halluciner lorsque nous prenons le chemin de la coopérative du coin et qu'une immense bâtisse se dresse devant nous! Ainsi Robert nous aurait menti et ne serait qu'un coopérateur parmi d'autres? Non, pas de blague! Sa cave n'est que la petite bicoque dissimulée derrière le grand hangar! Ouf! Cela lui convient mieux! Le Papet devait être là pour mettre en bouteille mais la bouchonneuse est en panne! Il est donc reparti à Saint-Sériès pour tenter de remédier à ce problème technique. Nous ne l'attendons pas pour commencer à goûter quelques merveilles au fût.

Guilhem 2003
La nouvelle cuvée en l'honneur du petit dernier, joli assemblage de 4 cépages, dont de la serine, une variété de syrah en provenance directe du Rhône Nord.

Los Abuelos 2003
Une couleur tellement claire pour un rouge de Robert que l'on dirait du rosé! Un nez réellement étonnant et envoûtant sur le pamplemousse rose, avec une grande minéralité, de la fraîcheur et une relative souplesse. Dans des verres noirs, nul doute que tout le monde parte sur un vin blanc!

Syrah 2002
Elle est monumentale, tellement que j'en reste sans voix!

Cinsault 2003 en vendange tardive
Une déclinaison étonnante et détonnante de ce cépage injustement méconnu et méprisé.

Los Abuelos 1997
Une bouteille dénichée aux Caves du 41 par FrançoisB, et apportée depuis Pontarlier pour qu'elle finisse ses jours sur la terre de ses ancêtres, à la manière des anguilles ou des éléphants. Le nez est à point, fondu, sur la griotte à l'alcool et le cacao, la bouche également, harmonieuse et agréable. L'alcool ressort à peine lorsque le vin est à bonne température.
Il est temps pour nous de regagner notre base, les papilles arrivant à saturation devant tant de richesses. Nous quittons à regret la Terre Inconnue (et ses habitants), avec le sentiment de mieux la (et les) connaître. Serions-nous maintenant en terrain connu?
Le coffre du Break VW est désormais plein à  ras bord, il va bientôt être temps de regagner les montagnes jurassiennes.

Saint-Saturnin

Dernière halte restauratrice au Vieux Pressoir pour un succulent agneau fermier cuit à  la broche, assorti de quelques flacons, évidemment!

Seigneur des deux Vierges blanc 1999
Une cuvée de la coopérative de Saint-Saturnin à la robe dorée, lumineuse, soutenue. Le nez est profond et complexe, sur la cire et le miel, dans un registre plutôt oxydatif. Bel équilibre pour un vin à qui on peut évidemment reprocher son manque de typicité. En tout cas, on se régale!

Vin de Pays d'Oc 2000, Virgile Joly
Un des rares vignerons indépendants de Saint-Saturnin, qui est la vedette d'un livre publié par un Anglais qui l'a suivi dans son travail pendant une année complète. Nez un peu animal, poivre, cassis, très beau.

Coteaux du Languedoc 2000, Virgile Joly
Mes souvenirs concernant cette cuvée sont plus imprécis, d'autant que nous avons entre temps fait découvrir la Terre Inconnue au patron de l'auberge. Plus concentré que le précédent, peut-être un peu plus boisé, mais globalement, l'impression est très bonne.

Jonquières

Dernière nuit châtelaine à Jonquières. Dernières emplettes au Château. Les valises sont vite bouclées le dimanche matin, les coffres de voitures sont plus longs à charger. Par chance, tous les cartons trouvent leur place! Sur les conseils de François et Isabelle de Cabissole, nous testons un itinéraire bis pour rejoindre l'autoroute, direction Ganges par la vallée du Haut-Buèges. Magnifique circuit empruntant une petite route de montagne sur laquelle tout croisement de 2 véhicules est impossible. Nous en avons vu d'autres ! Achat de quelques provisions pour la route, des fruits, des tomates et des fantastiques fromages de chèvre au Font de la Griffe, un élevage caprin perdu sur le Mont Saint-Baudille. Paysages grandioses jusqu'à Saint-Jean de Buèges, un village pittoresque qui vaut le détour. Le Languedoc est maintenant derrière nous mais les nombreux flacons entassés à l'arrière de la voiture nous permettront de nous en souvenir pendant encore longtemps. Et voilà que déjà le projet d'une nouvelle sortie sur le terrain travaille nos esprits.

Pas tout de suite quand même, laissons l'idée mûrir doucement !


Olif et le GJP

Liens :

Pour mener la vie de château en Languedoc :

[www.chateau-jonquieres.com]

Pour voir la vie de château en Languedoc et en images :

[monsite.wanadoo.fr]

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