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La Paulée de Meursault 2004

Date: le 25/11/2004 à 16:13

 



"Allons enfants de Meursault,
Le troisième jour de gloire est arrivé !"

 

On aurait pu l'appeler la "Meursauillaise", ce gigantesque banquet organisé à Meursault le lendemain de la vente aux enchères des Hospices de Beaune et qui vient clôturer les Trois Glorieuses ! Elle fut baptisée Paulée, traditionnel repas festif de fin de vendanges, puisqu'elle réunit les vignerons, leurs clients, leurs amis, leurs invités pour un grand repas bourguignon, façon auberge espagnole, où chacun amène ses propres flacons pour accompagner le succulent et plantureux repas concocté à cette occasion. L'occasion unique de goûter à une multitude de très rares et beaux vins.

Cette soixante-douxième édition de La Paulée de Meursault est aussi la soixantième où l'on décerne un prix littéraire, récompensé par 100 bouteilles de vin de Meursault, offertes par un généreux donateur qui, dans la soirée, a le privilège d'ouvrir également ses caves pour accueillir les amis de la Paulée.

Une assemblée tirée à quatre épingles, où des têtes connues du monde du vin (vignerons, critiques, journalistes) côtoient la foule des anonymes. L'occasion de saluer, pêle-mêle, Bernard Burtschy, Sylvain Pitiot, Pierre-Antoine Rovani, Pascal Lachaux et encore bien d'autres vignerons rencontrés précédemment et revus avec plaisir à cet instant.

699 couverts ont été dressés dans la grande salle du Château de Meursault, salle dans laquelle on accède après un parcours rituel passant par la galerie de peinture fort garnie en Buffet (le peintre, pas les meubles !) et les caves du château.


Au-dessus du buffet, c'est encore un Buffet !

 

Convivialité et communion autour du vin, dégustation orgiaque et anthologiaque, tout juste entrecoupée de chants bourguignons et ponctuée de bans bourguignons, orchestrés de main de maître par le groupe des Joyeux Bourguignons, la Paulée, c'est tout cela en même temps ! Après le Clos Vougeot samedi et les Hospices de Beaune dimanche, le coeur de la Bourgogne bat à Meursault, en ce quatrième lundi de novembre.


Pierre Schoendorffer recevant son prix et parlant d'une époque où "le vin était le pétrole de la marine à  voile".

 

Après le bref discours officiel de présentation, qui nous a promis un beau millésime 2004 à Meursault, et la remise du soixantième prix littéraire de la Paulée à Pierre Schoendorffer, pour son dernier livre paru, les brigades de Fabrice et Maurice Bugaud entrent en action avec le service du premier des quatre plats qui vont se succéder. Les bouchons sautent dans tous les coins et chacun part, bouteille à la main, faire goûter son vin aux membres de sa tablée, mais également à la salle entière. Des salves parfois rapprochées qui ne permettent pas toujours de prendre le temps d'apprécier pleinement les vins servis. Mais qu'importe ! L'instant est à la convivialité, au partage, à la fête! Des crus prestigieux défilent dans les verres, de façon furtive, de très beaux vins sont aussitôt éclipsés par d'autres, certains n'ont pas le temps de convaincre que déjà il faut vider son verre avant de le "pleindre" à nouveau ! En ce pantagruélique festin, constitué de 2 entrées, 2 plats, fromages et dessert, servis en à peine 5 heures, ce ne sont pas moins de 72 vins qui ont effleuré mes papilles. Pas le temps de prendre de notes évidemment, ce fut déjà une prouesse d'arriver à colliger tous les noms figurant sur les étiquettes ! La proximité de certains voisins de table a pour beaucoup influencé la liste des vins dégustés, et, à vrai dire, nous ne sommes pas trop mal tombés ! Il y avait matière à goûter probablement plus de 2000 bouteilles, la plus belle carte des vins qu'aucun restaurateur ne pourra jamais s'offrir! Personne n'a donc finalement bu la même chose. Voici ma longue liste personnelle, celle des vins qui sont passés à ma portée, dans un ordre à peu près chronologique, mais parfois décousu, quelques blancs qu'il aurait été cruel de décliner ayant été servis en même temps que les premiers rouges:

Savigny 1999, Château de Meursault
Château Simone blanc 2002
Pouilly-Fumé 2000, De Ladoucette
Meursault-Perrières 1997, Coche-Dury
Pur Sang 2002, Dagueneau
Meursault En Luraule 2001, Rémi Jobard
Beaune Clos Saint-Désiré 2001, R. Demougeot
Font du Broc 2002, Côtes de Provence blanc
Meursault Genevrières 2001, Rémi Jobard
Batard-Montrachet 2002, Hospices de Beaune (magnum)
Meursault Genevrières 2000, Rémi Jobard
Chassagne-Montrachet 1er cru Vergers 2001, Ramonet
Grange des Pères blanc 1999 (magnum)
Meursault Les Tillets 2003, Alain Gras
Corton Charlemagne 2001, Henri Boillot (magnum)
Chevalier-Montrachet 2002, Henri Boillot (jéroboam)
Bienvenue-Bâtard-Montrachet 2001, Ramonet
Meursault Poruzots dessus 1999, Rémi Jobard
Meursault Perrières (millésime ?), Prieur
Meursault Genevrières 1997, Rémi Jobard
Corton Charlemagne 1995, Remoissenet
Meursault-Blagny 1995, François Jobard
Meursault-Charmes 2000, J.M. Bouzereau
Meursault 1988, Coche-Boulicault
Meursault Genevrières 1995, Rémi Jobard
Chevalier-Montrachet 1999, Ramonet
Meursault Poruzots 1989, François Jobard
Le Montrachet 2000, Remoissenet
Chevalier-Montrachet 1991, Prieur
Meursault Genevrières 1994, Rémi Jobard
Montrachet 1979, Ramonet
Meursault 1996, Sylvain Dussort
Meursault Genevrières 1997, Yves Boyer
Meursault Charmes 1996, Michelot
Meursault Charmes 1992, Rémi Jobard
Puligny-Montrachet Les Champs Gains 1998, Philippe Bouzereau
Château de Fargues 1995 (demi-bouteille)
Le Pergole Torte (sangiovese) (millésime?)
Vosne Romanée Aux Brûlées 2000, Méo-Camuzet
Chevalier-Montrachet 1993, Domaine Leflaive
Meursault 1989, Sylvain Dussort
Beaune Marconnets 1996, Darviot
Beaune Clos du Roi 1995, Tollot-Beaut
Prieuré Saint-Jean de Bébian 1991
Meursault 1971, Buisson-Battault
Pernand-Vergelesses 1997, Laleure-Piot (magnum)
Hermitage 1995, J.L. Chave
Mazy-Chambertin 1994, J. Roty
Meursault-Charmes 1983, Roullot
Volnay Santenots 1999, Rémi Jobard
Beaucastel 1995
Savigny 1er cru Les Peuillets 1993, Rodolphe Demougeot
La Réserve de Saint-Eugénie 2002, Corbières
Charmes-Chambertin 1998, Geantet-Pansiot
Clos de la Roche 1999, Jadot (jéroboam)
Clos-Vougeot 1996, Denis Mortet
Nuits-Saint-Georges Les Porrets-Saint-Georges 1998, Gouges
Pommard Rugiens 1993, Balot-Millot
Volnay Cailleret 1997, J. Boillot
Pommard 1990, Hospices de Beaune
Romanée-Saint-Vivant 1997, R. Arnoux (magnum)
Château d'Arlay Vin jaune 1973
Richebourg 1979, DRC
Pommard Les Vignots 1993, Rodolphe Demougeot
Pommard 1997, Rodolphe Demougeot
Santenay 1er cru Clos Roumier 1990 (producteur?)
Marsanne Grain Noble 2000, Chappaz
Mas Amiel 2000, Cuvée Charles Dupuy
Château Rieussec 1995
Layon- Chaumes 1982 (domaine?)
Gourt de Mautens 2001
Mas Amiel 10 ans
+ 2 Single Malts


La la, la la, lalalalalère, lalala lalala la la la!

Un ban bourguignon pour le Montrachet 1979 de Ramonet! Je faisais remarquer ici même il y a peu que je n'en avais encore jamais goûté, c'est chose faite maintenant, et à deux reprises: d'abord Le Montrachet 2000 de Remoissenet, qui ne m'a pas procuré la grande émotion tant attendue, et puis ce 1979 de Ramonet, de toute beauté, d'une finesse et d'une longueur impressionnantes! L'extase!

La la, la la lalalalalère, lalala lalala la la la!

Un ban bourguignon également pour le Meursault-Charmes 83 de Roullot, le Poruzots 89 de François Jobard et le Meursault 1971 de Buisson-Battault. L'âge sied à merveille aux grands Meursault! La mini-verticale de Genevrières de Rémi Jobard confirme la grande qualité des vins du domaine, même en millésime difficile (1994), et par conséquent une très belle régularité. Iconoclaste Grange des Pères blanc 1999, à l'équilibre subtil et un rien "bourguignon", magnifique! Et puis, ce vin jaune du Château d'Arlay 1973, apprécié surtout par les grands connaisseurs, mais quelle bouteille!

La la, la la lalalalalère, lalala lalala la la la!

Un ban Bourguignon pour Pierre-Antoine Rovani! Un homme ouvert, aimable et accessible, ce Monsieur Rovani. "A la Paulée, il n'y a pas de Monsieur Rovani! Appelez-moi Pierre-Antoine!" Pas de problème, P.-A.! Convaincu du potentiel des grands vins du Languedoc, il analyse fort justement, à l'aveugle, Bébian 1991, plus que correct, mais aux tanins qui serrent un peu en finale. Grand amateur de vin jaune, et notamment des Château Chalon du domaine Macle, il ne refuse pas un verre de Château d'Arlay 1973 et me sort de sa manche sa botte secrète, un vieux Gouda de 96 mois d'affinage, déjà passablement entamé, qui se marie à merveille avec le vin. Un grand moment, en grande compagnie!


Pierre-Antoine aime le vin jaune, le vieux Gouda et les jolies serveuses !

 

Pas de ban bourguignon en rouge en ce qui me concerne, malheureusement, malgré des bouteilles prestigieuses. Gamme fort homogène chez Rodolphe Demougeot, joli Beaune Marconnets 96 de Darviot, très beau Mazy-Chambertin 94 de Roty, à maturité, Romanée-Saint-Vivant 97 de R. Arnoux encore dense et serré, Nuits-Saint-Georges 98 de Gouges égal à lui-même. Un comble, je suis passé à côté du Richebourg 79 de la DRC! Aucun souvenir, mais je n'ai fait qu'y tremper les lèvres! Comme quoi, abondance de biens nuit, et pas que Saint-Georges! !Il est vrai que beaucoup de blancs étaient passés par là auparavant! Le rouge le plus épatant que j'aie goûté ce jour-là pourrait bien être ... Beaucastel 95! J'ai presque honte de l'avouer!

La la, la la lalalalalère, lalala lalala la la la!

Et enfin, un autre ban bourguignon pour la plus belle jupe de l'assemblée, qui avait dans ses poches des trésors en provenance de son pays natal. Deux vieux Single Malts dans des éditions limitées et indépendantes (dont un vieux Strathisla de Signatory). Parfait en digestif!

 

Au rang des vraies déceptions, très peu, finalement. Un problème de bouteille sur Gourt de Mautens 2001, un Corton Charlemagne 95 de Remoissenet iodé et bien mal structuré et un immonde Coteau du Layon-Chaumes 82 dont je n'ai pas retenu le nom, le veinard!

Fin de la première partie. Les amis de la Paulée rompent les rangs et se dispersent pour se retrouver en petits groupes chez les vignerons qui ont l'honneur et le plaisir d'ouvrir leur caveau ce jour-là . Nous attaquons la tournée par le donateur du prix 2004, le domaine des Comtes Lafon.

Dégustation au domaine des Comtes Lafon

Une occasion inespérée de franchir les grilles de ce domaine emblématique de Meursault, qui ne reçoit que de façon exceptionnelle. Petit tour de la propriété pour pénétrer dans la cave où les 2004 en fût nous attendent. J'ai à ce stade abandonné le stylo, et ne suis plus tout à fait sûr des vins dégustés, la fatigue commençant à se faire humainement sentir. Clos de la barre, Charmes et Perrières 2004 ont à peu près terminé leur sucre. Une matière globalement prometteuse sur laquelle je me garderai bien de me prononcer, n'ayant pas suffisamment l'expérience des vins à ce stade. Les vins en bouteille (Charmes 2003 et Gouttes d'Or 2002) sont de toute beauté, de même que le Volnay-Santenots 2002.

Dégustation au domaine Roulot

Les 2004 (Tillets, Luchets, Tessons et Perrières) sont marqués par une réduction importante et une acidité soutenue. Durs à juger en l'état! Le Meursault Luchets 1999 fait preuve de beaucoup plus d'amabilité, même si le millésime n'est pas encore pleinement épanoui. Au vu du 83 goûté lors du repas, je suppose que ces vins nécessitent du temps.

Dégustation au domaine Pierre Morey

Ici encore, des 2004 bien difficiles à évaluer sur fûts : Meursault Pellans, Tessons et Perrières, suivis d'un beaucoup plus convaincant Meursault 2002 et d'un rouge dont j'ai, coupablement et honteusement, oublié les origines. Le plaisir d'échanger quelques mots avec Pierre Morey et la découverte rétrospective d'avoir frôlé, sans le savoir, un murisaltien d'en face, seront les temps forts de cette visite.

Dégustation au domaine Boyer-Martenot

Passage rapide chez Yves Boyer, car il n'était pas envisageable de manquer un seul de ces rendez-vous murisaltiens nocturnes, pour y goûter quelques vins au fût et en bouteilles. Un domaine que je ne connaissais pas, des vins intéressants, mais goûtés un peu rapidement et que je serais bien incapable de juger dans ce contexte pléthorique très particulier.

Dégustation au domaine Michelot

Le 5ème vigneron à ouvrir ses caves ce soir-là . Pas mal de vins à goûter, pour des passionnés qui commencent à crier "Grâce !". Le souvenir d'un beau Perrières 2004 au fût, celui du sourire et du décolleté de Valérie qui servait un joli Meursault 2002 en bouteilles, le plaisir d'une rencontre avec "JFK" (Jean-François Coche-Dury)!

La valse des phares de voiture dans les rues de Meursault commence à baisser d'intensité. Le Pauléon rassasié et fatigué rampe à la recherche de sa couche, la tête dans les étoiles (ou, c'est moins poétique, dans le seau, pour les plus déraisonnables d'entre eux ). Le sommeil du juste l'attend. Un repos mérité et réparateur.

Après la fête!

Histoire de se refaire un peu le palais le lendemain matin, petite "extrapaulation" pour une dégustation des 2004 de Rémi Jobard, ceux de l'activité de négoce qu'il est en train de mettre en place. Des 2004 qui sont loin d'avoir fini leurs sucres, contrairement à la plupart des vins de la veille. Des vins très intéressants, du Meursault Meix-Chavot au Corton Charlemagne à la structure imposante, en passant par un Chassagne Montrachet 1er cru (climat ?) et un Puligny-Montrachet 1er cru les Champs Gains.

Et c'est totalement repus, fatigués, mais heureux, que les gars et les filles du GJP ont repris le chemin du retour, laissant derrière eux la Bourgogne et ses trois jours de gloire, avec la ferme intention d'y revenir bientôt.

Olif et le GJP

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