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Irouléguy, le vin qui colle aux basques

Date: le 14/07/2003 à 11:43

Irouléguy, le vin qui colle aux basques

Petite chronique d'un séjour dans le pays de Saint-Jean de Luz, entre mer, montagne, vin et gastronomie locale.
C'est les vacances ! Prendre son temps, prendre LE temps !

Prendre le temps de surfer sur la vraie vague, pas seulement sur un PC ni même sur la vague du succès comme LPV !
Prendre le temps de randonner sur les sommets des Pyrénées, les premiers du côté Ouest, ceux dont les pieds baignent dans l'Atlantique et qui s'apparentent plus à de la montagne à vaches, comme le Jura cher à mon coeur !
Prendre le temps de découvrir un vignoble méconnu et ses vins ancrés dans une longue tradition séculaire ! Gloire soit rendue une fois de plus à des moines, ceux de l'abbaye d'Orréaga (Roncevaux) qui ont trouvé comment, au XIIème siècle, tirer parti des ressources du sol pour rendre leurs repas et leurs messes plus agréables.
Prendre le temps d'apprécier une gastronomie riche et goûteuse, orientée vers la mer mais pas seulement ! Ah ! l'axoa, la piperade et le gâteau basque !
Enfin, prendre le temps d'aller à la rencontre d'un peuple fier de ses racines, à la forte identité, communicatif, chaleureux et sympathique, surtout lorsqu'il laisse ses bombes aux vestiaires ! La tendance actuelle est de tagger jusqu'à les rendre illisibles les noms français des villes basques sur les panneaux de signalisation. Charmant !

Concernant les activités physiques, outre celles déjà citées, les plus courageux pourront s'adonner au sport favori de nos amis alsaciens, à qui je demande, ainsi qu'aux autres de bien vouloir me pardonner : Pelote, re-Pelote et Tix te Ter !

Sinon, s'il reste encore du temps, et même s'il n'en reste pas, se consacrer à sa progéniture, se mettre à sa hauteur et participer à ses jeux, comme cette bataille de boules de sable qui nous a fait passer pour des simplets sur la plage d'Anglet ou encore cette bataille de petites crottes de moutons séchées qui nous a fait passer pour des demeurés au sommet de la Rhune. Le bonheur de redevenir enfant !

Sanpere : Saint-Pée sur Nivelle, terminus ! Au bord du lac éponyme et quasiment au pied de la Rhune.
La Rhune ! Parmi les sommets importants dans une vie de randonneur, la Rhune compte pas pour des prunes ! 4204 m, ce n'est pas rien ! Même si cela ne représente que la distance parcourue par le petit train à crémaillère depuis le col Saint-Ignace jusqu'au sommet. Les plus courageux, eux, montent à pied. Le panorama *** sur la côte Atlantique, ça se mérite ! Et pour redescendre, ce n'est pas difficile, il n'y a qu'à se laisser rouler, comme faisait mon copain Guy !
Justement, en parlant d'Irouléguy, petit flash back sur la deuxième étape du voyage, Saint-Jean Pied de Port.

Donibane Garazi : petite ville du vignoble, encaissée dans la vallée de la Nive, au nom basque qui sonne plutôt bien. Les coteaux sont ici extrêmement pentus et la vigne y est plantée en terrasse. Le paysage est de toute beauté, incitant à la marche et à la randonnée. Les rues escarpées de la vieille ville regorgent de boutiques et l'on peut y dénicher, entre autres, l'enseigne des Vignerons du Pays Basque ainsi que l'échoppe du domaine Brana, qui a pignon sur petite rue et qui commercialise, outre les vins et liqueurs de la propriété, une jolie sélection de vins du Sud-Ouest, Jurançon, Cahors et Madiran en tête.
Les autres domaines remarquables (Arretxea, Ilarria, Etxegarraya) sont beaucoup plus difficiles à trouver du fait d'une production beaucoup plus confidentielle.Il faudrait pour cela se rendre au domaine, ce que je n'ai malheureusement guère le temps de faire. La meilleure solution, gagner la ville la plus fameuse de la Côte.

Biarritz : la célèbre cité balnéaire de la Côte Basque est fidèle à son image chic et branchée mais est plutôt extraordinairement calme en ce début juillet. Un bonheur que de flâner dans les rues sans se sentir agressé par la foule ! Au détour d'une petite rue, en face des Halles, je tombe sur la caverne d'Ali Baba : le Cellier des Halles, grand comme un mouchoir de poche et qui recèle d'innombrables trésors. Toutes les références en Irouléguy y sont, le but de ma visite, mais j'ai également failli repartir avec du Rhône (Réméjeanne, Richaud,etc.), du Bergerac (Tour des Gendres, Verdots), du Languedoc (Roc des Anges, Aurel,etc.), du Cims de Porrera et même du Côtes du Jura de Berthet-Bondet! Accueil de tout premier ordre par des passionnés qui animent également un site Internet à la gloire du vin local.

[www.vinsdici.com]

Une visite s'impose, tant sur le site qu'à  la cave.

Irulegi, le grand nom d'un petit vignoble : 200 ha de vignes dont 148 pour la coopérative des Vignerons du Pays Basque à Saint-Etienne de Baïgorry, le reste se partageant entre 6 autres domaines. Ma mission a consisté à rassembler, non pas l'intégrale des vins produits dans la région mais un échantillonnage que j'ai souhaité le plus représentatif possible, afin de me faire une petite idée de l'expression de ce vignoble. Les comptes-rendus sont livrés dans l'ordre de la dégustation qui s'est effectuée sur une semaine, au gré de mes humeurs et du menu du jour.

- Herri Mina 98, Jean-Claude Berrouet : il s'agit d'un vin blanc vinifié au domaine Brana par Jean-Claude Berrouet, oenologue de Pétrus, s'il vous plaît, et originaire de la région où il possède un petit carré de vignes. Pour l'instant, ce vin n'existe qu'en blanc mais une cuvée de rouge ne devrait pas tarder à voir le jour.
Gros manseng, petit manseng et courbu, un air de ressemblance avec le Jurançon tout proche. Sur la pomme reinette au nez, ce vin possède une grande droiture minérale sur une grosse structure acide, avec une pointe de gras en milieu de bouche et une finale qui revient sur l'acidité. Très proche d'un beau Jurançon sec.

- Domaine Brana 2001 : le blanc du domaine, qui représente en fait le premier vin, la cuvée Ilori étant l'entrée de gamme. La robe est or pâle, le nez légèrement acidulé, aux senteurs discrètes de pomme. En bouche, là encore, on est sur une grande base acide, qui confine un peu à la dureté et à l'austérité, apte à entraîner une striction des mâchoires chez les personnes sensibles. On sent ce vin très jeune, comparé au précédent et, de fait, il nécessite à mon avis un vieillissement de quelques années pour s'exprimer de façon plus harmonieuse. Ce côté très minéral m'évoque bien sûr le Jurançon mais aussi certaines cuvées de chenin de Loire par l'acidité marquée, très mordante.

- Domaine Brana, cuvée Ilori 2001 : ces Jonquilles offrent une robe très pâle. Ici encore, l'acidité est marquée mais son côté très fruité en fait un vin déjà très expressif, moins minéral que le précédent, que l'on peut boire allègrement.

- Xuri d'Ansa 2002, les Vignerons du Pays Basque : 40% petit manseng et 60% gros manseng. Nez sur les agrumes, fin et distingué. Un boisé délicat vient nourrir le vin et étoffer sa matière, sans être envahissant, lui donnant un côté séducteur immédiat, assagissant son acidité et le rendant plus accessible à mon palais. Très beau!

- Omenaldi 99, les Vignerons du Pays Basque : 60% tannat, 30% cabernet franc et 10 % cabernet sauvignon. Cuvée haut de gamme élevée en fût de chêne. Une robe sombre, de légères notes boisées au nez, le vin se la joue ensuite fruit et épices. Les tanins sont un peu sévères et amers (le tannat ?) mais on note là une grande originalité.

- Les terrasses de l'Arradoy 2000, les Vignerons du Pays Basque : sélection d'une parcelle plantée sur les coteaux de l'Arradoy. 20% CF, 30% CS, 50% T. Le nez est sur le poivron, l'attaque est plutôt souple et la finale un peu courte et acide. Un vin assez simple.

- Domaine Ilarria, cuvée Bixintzo 2000 : la robe est noire, opaque. S'ouvrant sur un nez de fruits mûrs et d'épices, il développe déjà une certaine rondeur et les tanins sont bien polissés. Belle longueur et très joli vin.

- Harri Gorri 2001, domaine Brana : cela signifie Pierre Rouge en Basque. Une entrée de gamme d'un rouge soutenu, sur le poivron pas trop vert (majorité tannat assemblé avec du cabernet franc). De bonne constitution, c'est un vin simple et franc, idéal pour accompagner quelques grillades l'été.

- Domaine Arretxea, cuvée Haitza 2000 : une robe noire comme de l'encre ! Nez joliment fruité et épicé avec une note torréfiée légèrement brûlée. Les tanins sont très légèrement amers mais enrobent bien le palais, de façon homogène, dense et charnue. Très belle bouteille qui mériterait encore un ou deux ans de cave pour s'affiner.

- Château de Mignaberry 2000, les Vignerons du Pays Basque : robe rouge grenat intense et nez superbe alliant fruits rouges, épices et boisé torréfié encore un peu marqué mais de toute beauté. En bouche, les tanins sont un peu sévères et poussiéreux. La finale, que l'on aurait souhaitée plus longue, présente de la mâche et une légère astringence. Tannat majoritaire (65%), complété par du cabernet franc (20%) et sauvignon (15%), il faut l'attendre encore un peu pour qu'il intègre mieux son bois mais cela devrait donner une belle bouteille d'ici 2 à 3 ans.

- Domaine Ametzia 2001 : ça bouge en Irouléguy ! Ce nouveau domaine signe avec ce 2001 son premier millésime. Et transforme l'essai d'emblée ! Robe noire et dense, nez tout en délicatesse, sur les fruits noirs et un léger poivron bien mûr. Bouche ronde, charnue et suave, avec de jolis tanins bien enrobés, déjà fondus, avec une pointe d'amertume très agréable. Longue finale rémanente. Splendide ! Jean-Louis Costera, un nom auquel il va falloir s'habituer.

- Harri Gorri rosé 2001, domaine Brana : la pierre rouge rosée ! Robe rosée soutenue tirant un peu sur la brique. Nez discret, légèrement fruité, bouche gouleyante quand il est servi bien frais, la finale est néanmoins légèrement asséchante. Le tannat ne me semble pas le cépage idéal pour l'élaboration de rosés friands et élégants. Pour grosses chaleurs !

- Txapa, domaine Brana : ce n'est pas du vin mais presque ! Apéritif élaboré par Jean Brana à la demande de la restauration, pour satisfaire la demande couleur locale d'une clientèle touristique avide de folklore, cette Txapa est constituée par l'assemblage de vins sélectionnés et de liqueurs de fruits. La robe est plutôt claire, rosé tuilé soutenu, le nez sur la griotte et la cerise à l'eau de vie (16,5°). Plutôt sympa, le cadeau idéal à rapporter à Belle-Maman !

L'impression globale qui se dégage de cette dégustation, c'est que l'on produit de très belles choses en Irouléguy, pour qui aime la rusticité tannique du tannat. Les cuvées haut de gamme ne manque pas d'élégance lorsqu'elles sont arrondies par juste ce qu'il faut de cabernet. Les cuvées plus simples voient leur proportion de cabernet franc augmenter, leur apportant de la rondeur et un côté accessible immédiat au prix d'une exacerbation des notes variétales de poivron. Les blancs sont très intéressants, les rosés à mon avis beaucoup moins. Coup de coeur en blanc pour Xuri d'Ansa 2002 et en rouge pour le tout nouveau domaine Ametzia. Merci aux cavistes du Cellier des halles pour leurs conseils avisés.

Ahetze : petit village perdu entre Saint-Jean de Luz et Guétary. Vous y trouverez, en pleine campagne, un endroit magique, la ferme d'Ostalapia, au charme fou, où vous pourrez manger des choses simples et bonnes en terrasse avec vue sur le massif de la Rhune. Un petit carré de vignes a même été planté dans le jardin, ajoutant à l'originalité de l'endroit. Il est prudent de réserver. 5 chambres vous attendent si vous souhaitez y faire étape.

[www.ostalapia.com]

Enfin, pour clore ce petit panorama sur le Pays Basque, en marge du vin mais pas forcément inutile, tour d'horizon de quelques plages :

- Bidart, plage d'entrée de ville, en bordure de la RN 110 : couche épaisse de sable sec en attaque suivie de sable fin parsemé d'innombrables cailloux plus ou moins bien polis, agressant le pied. Ménage fait à la va-vite avec entassement d'une partie des déchets sur le parking. Quelques boulettes du Prestige traînent encore par-ci, par-là ! (sad smiley)

- Anglet, plage dite des Cavaliers : sable un peu grossier en attaque qui devient plus fin au fur et à mesure qu'on approche de l'océan. Propre et bien entretenue, parking ombragé gratuit. (smiling smiley)

- Hendaye, plage de ville : sable très fin, pur et homogène dès l'attaque. Cadre magnifique, un peu gâché par d'hideuses constructions modernes mais il subsiste ça et là de jolies maisons basques. Parking payant sur le front de mer. Attention, à marée haute, la plage est réduite à la portion congrue.

Ah! le Pays Basque!

Olif

P.S.1: manquent à cette dégustation les notes sur le domaine Abotia, Etxegarraya et sur la toute nouvelle cuvée 100% cabernet franc du domaine Brana, Axeria. Ben oui! j'ai pas eu le temps de tout goûter! Quelques comptes-rendus complémentaires à suivre, donc!

P.S.2: veuillez excuser les quelques jeux de mots, calembours ou à -peu-près qui émaillent ce texte, je n'ai pas pu m'en empêcher! Je n'ai pas mis de smileys, donc vous n'êtes pas obligés de rigoler!smiling smileysmiling smiley

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