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minéralité

  • Du vin qui ne manque pas de sel...

     

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    Quand un vin goûte le sel, il ne s'agit pas exclusivement de la bouteille poreuse du paludier, planquée au frais dans le marais salant tandis qu’il cueille la fleur, ni d'une tâche de rouge sur la nappe que la maîtresse de maison, croyant bien faire pour échapper à la note du teinturier, a saupoudrée de sel. Fatale erreur, d’ailleurs, rendant le vin imbuvable, pour qui aurait l'idée saugrenue de lécher la table, et fixant les tanins du vin au point de ne plus pouvoir récupérer la belle nappe blanche de la vieille tante Philomène. Non, quand le jus de la treille exprime une salivante salinité, il y a plusieurs raisons à cela. La principale et la plus intéressante, fondamentale même, c'est lorsqu'il révèle sa minéralité. Un mot pas loin d'être devenu gros dans la bouche de l'amateur de vins, qui, bien souvent ne sait même pas ce que c'est et peine à la définir correctement. "La fermentation, c'est un processus de minéralisation", a sussuré le journaliste David Lefèvre à l'oreille de Jean-Marc Gatteron, du Rouge & le Blanc. Pour simplifier, la minéralité d'un vin, c'est sa verticalité. Cette minéralité, on ne l'apprécie pas dans l'horizontalité, c'est-à-dire dans ses arômes (de pierre à fusil, de silex, d'hydrocarbures...), mais bel et bien par sa trame, son ossature, son squelette. Et c’est dans ses notes salines, le plus souvent finales, que le raisin révèle qu’il est allé puiser dans la profondeur du sous-sol les éléments qui caractérisent son terroir.

    Exceptions à la règle, certains vins de plaine, sur des sols néanmoins bien travaillés, procurent cette sensation de salinité alors qu'ils sont tout sauf minéraux. Pour Patrick Meyer, cela s'explique justement par la richesse en oligo-éléments de ces sols vivants, dans lequel on a respecté tous les micro-organismes, et qui répercute dans le vin des notes salines, faussement prises pour de la minéralité, là où il n'y a pas de vrai terroir, au sens noble du terme.

     

     

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    Le sel, il peut venir aussi du raisin. Comme dans une finale saline de petite arvine, quand elle est sèche et qu'elle donne un coup de rasoir sur les papilles. Derrière l'agrume, l'acidité du raisin, qui étire et équilibre la sensation alcooleuse. Puis des amers et cette incomparable note salée, qu'on ne retrouve sur les lèvres, ailleurs, qu'à la pointe du Raz par jour de gros temps, quand les embruns vous balaient la figure.

     

     

    Oncle Olif

     

    Article publié sur Fureur des Vivres en septembre 2011

  • VdV #17: des cailloux dans le vin

    Vendredisduvin17ème rendez-vous avec les  Vendredis du vin, le grand rendez-vous francophone de la Bloglouglou, et pour cette session présidée par le Méchant Raisin, il va falloir jouer au Petit Poucet et chercher les cailloux laissés par le vigneron dans la bouteille. La minéralité! Le gros mot est lâché, celui qui fâche parfois les amateurs, parce qu'il est censé être le véritable reflet du terroir. Le terroir! Ce truc qui reste dans le verre lorsque le vin s'est évaporé. Le problème, c'est que cette minéralité est loin d'être correctement définie. Comment se perçoit-elle, alors? Au nez, par des notes olfactives évoquant le caillou, la pierre à fusil, la craie, l'argile? Ou plutôt par la bouche et une structure acérée, tranchante, électrique (le coup de la pile plate testée avec la langue)? Ou encore sur l'étiquette, par le nom de la cuvée ou du domaine (Le sang des Cailloux, Picque Caillou, Contrexéville...)?

    Goûter la terre, sucer des cailloux, voilà ce qui reste dans le vin une fois le cépage retrogradé au second plan, laissant la terre nourricière révéler les secrets de sa roche mère. Malheureusement, ce serait trop simple! Il n'est pas impossible de boire des vins dits "de fruit" qui possédent des caractéristiques minérales, du fait de la présence de sels minéraux dans les 15 premiers centimètres d'un sous-sol parfaitement respecté par le vigneron.

    Bon alors, la minéralité, c'est quoi, finalement?

    Un peu de tout cela à la fois, en fait, et le meilleur moyen de réaliser à quoi elle correspond est encore de déguster... de l'eau, comme on l'a fait aux RE-VE-VIN 2006 ! Une eau faiblement minérale, type Cristalline, versus une eau minérale des Vosges, type Vittel, par exemple. Les sels minéraux de l'eau se traduisent alors par une sensation très particulière et caractéristique sur la langue et c'est cette sensation qu'il va falloir tenter de retrouver dans le vin.

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    Dans ce vin, on va en retrouver partout, du caillou: dans l'appellation, dans la bouteille, dans le verre ou encore sur l'étiquette. Voilà qui simplifie grandement la perception de minéralité, finalement. L'autosuggestion arrange bien les choses.

    Blanc fumé de Pouilly, Cuvée Silex 2002, Didier Dagueneau
    L'être et le Néanderthal! Les notes de pierre à fusil caractéristiques des Sauvignons produits sur le sol de l'appellation Pouilly-Fumé sont bien là, apportant du tranchant à la matière. Un coup de silex dans le panier d'agrumes et la graisse du mammouth. Un vin dépecé par l'éclat de la pierre, malgré sa richesse, et ne possèdant aucune lourdeur, grâce à cette minéralité sous-jacente. Une bouteille bien séduisante, à déguster au coin de la cheminée, simplement vêtu d'une peau de bête (pourquoi pas celle d'un matou roux?), en faisant "groumpf", tout en frottant pour se réchauffer deux bouts de bois l'un contre l'autre, voire autre chose si affinités.

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    Olif