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Michel B., le critique qu'on aime détaster!

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Voilà qu'il remet ça, le bougre! Des fois que l'on n'ait pas bien compris initialement! Il faut reconnaître que sa première bioconnerie n'était pas la meilleure, loin s'en faut. Imprécise et mal ciblée, dont l'humour, feint et pas fin, rendait plutôt neurasthénique. "Un peu de polémique vigoureusement articulée ayant du bon", on ne va surtout pas le laisser polémiquer tout seul, l'ami Mimi. Il serait déçu. Cette fois-ci, dans le dernier édito de son confidentiel magazine web Tast (que l'on me fait lire avec un malin plaisir, je suppose?), exit l'humour à deux balles et l'amalgame malsain. Le coeur de cible a été formellement identifié, sortons le mortier et le bazooka. Au moins, c'est plus clair!

Bien sûr, tout le monde l'aura compris, l'ennemi, le seul, le vrai, c'est le vin "nature". Et les vignerons "naturels", les j'm-en-foutistes de la profession, ceux qui vinifient avec leurs pieds, même que ça se sent dans leurs vins. Le vin "nature", pollueur des sens, ne serait finalement pas aussi minoritaire qu'on le pense, c'est même un véritable envahisseur. Et Michel B., il s'appelle en fait David Vincent.

Dans cet éditorial* qui fleure bon la psychanalyse de bazar, on comprend enfin les raisons de la vindicte de Michel B. et les motivations de son combat. Pour lui, tout a commencé par une nuit sombre, le long d'une route solitaire de campagne de dégustation, alors qu'il cherchait un bon vin bio que jamais il ne trouva. Maintenant, Michel B. sait que les envahisseurs sont là, qu'ils ont pris forme vinique et qu'il lui faut convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé...

Totalement cerné par ce type de vin, le Michel B.! Même ses meilleurs potes (faut-il qu'ils aient été mal conseillés, ses copains!) s'en sont laissé refourguer à leur insu par des cavistes vénaux, pourtant renommés. Impossible de boire un Lalou-Bize avec son petit casse-croûte du midi, même dans un 3*, les envahisseurs sont partout sur la carte des vins, narguant Michel B. de leur petit doigt dressé! Alors, coiffé de son heaume en chêne de la forêt de Tronçais, armé de sa plume d'oie biodynamique certifiée et vengeresse, Michel B. a décidé d'entrer en croisade. Afin de faire savoir au monde combien il court à sa perte s'il continue à se régaler de ces vins approximatifs et déviants. A coup de grandes phrases pompeuses, sentencieuses et définitives que je vais me dépêcher de graver sur le bois de mon lit pour m'endormir plus béatement le soir:

"Tout ce qui affaiblit ou attente à la qualité d'élaboration d'un produit, tout recul de culture ou de civilisation par retour à l'ignorance sanctifiée du passé n'est non seulement pas acceptable, mais oblige à intervenir de façon vigoureuse pour maintenir le sens du progrès."

 

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Heureusement, Michel B., en bon Petit Père des peuples vinicoles, va "indiquer au public les vins intentionnellement bien faits", afin d'éviter de s'égarer du côté des "imposteurs", pour lesquels "le mot "con" semble rétroactivement bien faible pour les désigner". Je me réjouis à l'avance de ne pas suivre ses conseils!

Et j'ai enfin compris pourquoi j'aimais tant ces vins blancs oxydés, morts avant d'être nés (formule choc dont je ne revendique surtout pas la paternité). Ils proviennent tous d'un "mauvais fût du Jura"! Une petite allusion assassine envers un vignoble éminemment respectable, un cliché de plus que je ne suis pas prêt de pardonner!

La Natural wine war est officiellement déclarée!

Olif

* que je suis au regret de ne pouvoir mettre en ligne, n'ayant ni le droit, ni les droits, heureusement d'ailleurs!

*que vous pouvez lire ci-dessous, avec l'aimable autorisation de Michel Bettane

Edito Tast page 1.jpg

Edito Tast page 2.jpg

Commentaires

  • Je le croyais déporté en SIbérie...

  • Il faudrait qui prenne ses médicaments, Michoubidou, le cas s'aggrave. Ne partez pas en guerre, Seigneur Olif, on ne se bat pas avec un vieux gosier aigri et éteint.

  • ∑ï ∫Ê™™ÆıÊ ¢ŒÓ∏‚Êı∆ ¢Ê ÓÊ∑∑ÆflÊ
    ¢’Ê∑™ Ωª’ï| √ïÊı™ ∆’ªıÊ Æª™‚Ê ∏|ÆıÊ∑™Ê !!
    Zut y'a mon clavier qui déconne Il écrit en mode Bettane... C'est pas naturel tout ça j'vous dit !!

  • "...mais oblige à intervenir de façon vigoureuse pour maintenir le sens du progrès."
    Mais, c'est qu'il nous foutrait la trouille ce c...!
    J'aurais tendance, vu l'époque de l'année, à penser qu'il a mal digéré ses truffes, mais je crains que ce soit pire!... Bien pire!...
    Froid dans l'dos!... Brrrr....

  • Au moins, ça alimentera un peu plus les conversations de cuisine au coin du feu !

  • "La vieillesse est un naufrage" Charles de Gaulle.

  • Le dernier commentaire me touche beaucoup pour tout un tas de raisons...
    Mais bon, trêve de bavardage, j'enfile mon armure et je suis prête au combat, à tes côtés bien sûr.

  • J'aurais pas du... ?! Le vin évolue, pas les critiques ? Les Lettres Classiques (MB est Agrégé), c'est pas très moderne !

  • OUi c'est vrai ça. Ou c'est que je peux m'instruire et m'éclaire sieur Olif ? Ou on peut le lire ce truc ?

  • J'ai bien scruté le site Bettane-Dessauve, mais je n'ai rien trouvé (même pas un seul vin du Languedoc dans leurs palmarès des grands vins:-)), il faut peut-être rentrer dans le club et s'abonner à la news-letter...

  • Arno, François, Iris,
    Comment voulez-vous qu'Olif finance ses dégustations à moindre coup et surtout les Petrus façon papi ;-) ? Faut payer mes braves, à moins que...

  • Mais où peut-on lire ce chef d'oeuvre de la pensée moderne ? Je ne parviens pas à trouver le moindre lien.
    Je ne veux pas rater l'occasion de remettre mon esprit et mon palais égarés dans "le sens du progrès" (c'est vrai que ça fait peur).
    En réponse à P. Barret : le temps ne fait rien à l'affaire...
    Enfin, Je me rappelle la réaction d'un mort de soif à l'époque du premier article, citant Les oiseaux de passage : "Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux".

  • Le MB écrit tout ça dans Tast (sur abonnement) suite à son écrit page 32 de son "Le Grand Guide des Vins de France 2008".

  • "Détaster", je n'y avais jamais pensé, mais je conserve, çà me resservira hélas! Pour le reste, je te trouve bien modéré!

  • Voilà connecté ! Merci à Phil de me faire connaître ce blog.
    Je lui résumais la pensée de Michel.B.
    On savait que la malbouffe était d'origine industrielle,
    on sait désormais que le malboire est d'origine biologique.
    Et pour élaborer du bon bio, il faut maîtriser la technique, vendre son vin cher, figurer sur les grandes tables...

    Passionnant !

    Alors la question c'est : c'est quoi maîtriser la technique ?
    - en avoir plein la tête, avoir plein de connaissances ?
    Qu'est-ce qui sanctionne cette maîtrise technique ?
    -Des diplômes ? être connu et reconnu ? Vendre son vin cher ?

    Mais alors que deviennent ces intuitifs, ceux qui sentent la terre et la vigne, et se fient à leurs sens plutôt qu'au Ribéreau-Gayon, ceux qui veulent élaborer des vins messagers, des vins qui leur ressemblent et qui ne ressemblent à un cadre préétabli.

    Peut-être le souci est-il que M. B. ne reconnaît pas en ces viticulteurs qui ont le sens paysan, des gens capables d'élaborer de vin.
    Forcément parce qu'on est premier, on est bon et on peut être bio et parce qu'on est dernier, on est "con" et on n'a pas le droit d'être bio.

    Les premiers, les derniers, ça me fait penser à quelque chose ça ! un air ambiant actuel. Bon on va pas ici s'épancher sur la politique... mais quand même...

  • Mais comment nos parents et grands parents ont-ils pu faire du vin avant nous, sans la technique de l'œnologie moderne?
    "intervenir de façon vigoureuse pour maintenir le sens du progrès" Encore que Monsanto n'est pas passé dans nos vignes!!!
    Gardons notre "bon sens paysan"!!!
    Les céréaliers du sud ouest l'on perdu, car ils ne savent plus faire un assolement sur leur terre: 30 ans de maïs sur la même parcelle, et il y a de vilains petits insectes qui s'installent.
    Alors :O.G.M. C'est la seul solution ?????

  • On le sent un petit peu énervé notre ami Olif sur ce coup...
    Puisque c'est ton blog et qu'ici on semble toujours être d'accord avec toi, je vais jouer au vilain petit canard, je sais que tu ne m'en voudras pas.
    Tout d'abord, je tiens à signaler que la grande majorité des vins que je préfère sont en culture bio ou du moins en sont très proches (même si je sais que très proche c'est déjà trop éloigné pour certains "intégristes"...).
    Par ailleurs, il faut être aveugle et sourd pour ne pas observer une tendance lourde dans le petit monde des amateurs de vin, où certains, de plus en plus nombreux, s'intéressent moins à la qualité gustative du vin qu'à sa méthode d'élaboration.
    On en arrive finalement à pardonner tous les écarts à certaines bouteilles sous le seul prétexte que le vin est "naturel", "vivant", "vibrant", "artistique", "parfait reflet de son terroir" ou que sais-je encore, et à trouver suspect tout vin exempt de défauts, et qui pour sa part se trouvera automatiquement affublé des qualificatifs infâmants de "technique", "ennuyeux", voire "mort".
    Ce sont ces dérives de certains "biobobos" (terme qui est aussi de Bettane, je pense, et que je préfère à biocon), qui sont mises en exergue dans les deux éditoriaux en question, et certainement pas une remise en cause d'une viticulture respectueuse de l'environnement, à laquelle tout un chacun aspire.


    PS : tu as toujours eu un don particulier pour le choix des titres, celui-ci n'échappe pas à la règle...

  • Ah!, Luc, quel plaisir! Te voir venir prendre la défense de Bettane ici fait sourire mais je sais que tu es particulièrement épidermique sur le sujet du bio en général. Les commentaires sont ouverts et nul n'est besoin d'être toujours d'accord avec moi pour intervenir sur le blog. Mais comme le courant de pensée "natural wine" est majoritaire, selon toi et Michel B., cela doit en être la raison...

    Il faudrait être particulièrement de mauvaise foi pour trouver que l'on produit de meilleurs vins en culture conventionnelle qu'en culture bio. Entre "bio" et "très proche du bio", la distance est variable selon l'importance que l'on donne au terme "certification". On ne va pas refaire le débat de LPV, mais il va devenir de plus en plus difficile de se poser en donneur de leçons et de demeurer crédible sans aller plus avant dans son engagement. L'avenir nous le dira. Et ça, ce n'est pas être intégriste, juste réaliste!
    Je ne pense pas que le véritable amateur de vins nature privilégie la méthode d'élaboration à la qualité gustative. C'est avant tout un hédoniste qui aime boire. Et qui ne recherche ni le "reflet du terroir" (tu vois, j'ai bien changé!), ni la grandeur dans le vin, comme vous autres (la tendance légère?), les amateurs que je qualifierai volontiers de conventionnels, dont la majorité reste accrochée au système scolaire de la notation et à la pensée de Parker.
    On est tout à fait en droit de préférer les vins techniques et ennuyeux aux vins vivants et vibrants, mais on rentre là dans le domaine de l'appréciation subjective. Tu ne vibreras pas ou ne t'ennuyeras peut-être pas en buvant les mêmes vins que moi! Qui a tort, qui a raison? A supposer que quelqu'un soit dans l'erreur! Moi, je ne supporte plus les boisés dominants, fussent-ils de qualité, les bouches serrées à outrance, fussent-elles prometteuses, et je ne me formalise plus devant une robe trouble et un premier nez trivial lorsque la bouche possède une gourmandise que les vins technologiques oublient en route.
    Et puisque Bettane met en exergue les dérives de certains "biobobos" (parmi lesquels une minorité suit peut-être une mode, effectivement, mais dont la majorité est sincère), alors moi je pointe les abominations proférées par le gourou qui réclame le monopole du bon goût et dont les avis devraient être suivis à la lettre sous peine de quoi, on se le demande! C'est presque plus une question de forme que de fond!
    Tu as vu, je t'ai répondu point par point, comme tu aimes!

  • Mon bon Olif,

    J'espère que tu ne penses pas sérieusement, surtout à la lecture du début de mon message précédent, que je puisse penser que "l'on produit de meilleurs vins en culture conventionnelle qu'en culture bio".
    De même, je ne sais pas dans quel camp (si tant est qu'il y ait deux camps, mais je sais que les biobos aiment présenter les choses de cette manière) se trouvent la majorité des donneurs de leçon...
    Ce qui est certain, c'est que pour une frange "extrémiste" et assez active sur les forums, ce qui compte avant tout c'est que la méthode soit "propre" et que le vin soit "honnête", même s'il faut pour cela accepter des défauts parfois majeurs (et pas simplement une robe qui manque de limpidité ou un nez réduit).
    Que n'ai-je lu sur LPV des sentences du style "que le vin plaise ou pas on s'en fout, ce qui compte c'est qu'il soit honnête", combien de qualificatifs tous aussi obscurs les uns que les autres et qui ne veulent en réalité pas dire grand chose tels que "vin (avec ou) sans âme", vin technique, vin vibrant, vin vivant, j'en passe et des meilleures...
    En pratique, les vins que certains qualifient de vivants sont souvent oxydés (et donc plutôt morts que vivants...), ceux que d'autres qualifient de techniques ne sont souvent que des vins exempts de défauts (comme si c'était une tare !).
    Alors non, je ne suis pas venu ici prendre la défense de Bettane (qui n'en a nul besoin), mais oui, je vois très bien ce qu'il a voulu dire dans ses deux éditoriaux, et je ne suis pas loin d'être d'accord avec lui sur ce coup là.

    A bientôt j'espère, tu sais que tu es toujours le bienvenu en Belgique pour boire quelques vins issus de la chimie la plus traditionnelle...

  • N'empêche qu'attribuer les bons vins bio à l'élite vigneronne, des vignerons qui maîtrisent techniquement à l'exclusion des autres sous-entend un point qui me dérange :
    - On ne peut faire des vins bons mais naturels que si on maîtrise techniquement.
    - Donc, si on ne maîtrise pas, pour faire des bons vins, il ne faut pas faire de la bio et il faut avoir forcément recours à la chimie dans les vignes et la biochimie et chimie dans les vins.
    - Par là, c'est un peut faire l'apologie de la chimie à la vigne en tout cas, aussi "raisonnée" soit-elle : Des vignes maîtrisées au plan sanitaire, sans botrytis, mildiou et oidium, des rendements maîtrisés, et une oenologie maîtrisée, sans déviations, piqûres ou autres.
    - cette thèse de la chimie se rendant incontournable pour élaborer de bons vins quand on ne maîtrise pas techniquement" est amplement défendue par l'agrochimie et les agronomes conventionnels. Je la rapproche de celle-ci : "La chimie a permis de nourrir la planète".

    Pourtant il y a une grande différence entre des raisins bio et conventionnels, la même différence qu'entre une tomate cultivée en hollande en hydroponie (culture hors sol, racines percholées par une solution nutritive)et une tomate du jardin au naturel. C'est le milieu dans lequel évoluent les racines, les unes sans aucun environnement rhizosphérique et une nutrition minérale imposée, les autres dans leur rhizosphère et un environnement minéral pédogénétique.
    In fine, il y a une grande différence : la sapidité des deux tomates. L'une est insipide et l'autre est sapide. Elle a du goût. Pourquoi ? Outre les substances carbonées, tanins, sucres,acides, etc, elle contient un spectre minéral bien différent.
    Et en oenologie ça se mesure au spectro de flamme par exemple, mais aussi avec des données simples : ce sont "les cendres" - "l'alcalinité des cendres".
    Les sommeliers savent décrire, très acide, très sucré, décrire les arômes... des substances carbonées quoi, mais décrit-on la minéralité - la caractère salin et sa capacité à harmoniser les composantes carbonées. C'est le caractère de cette minéralité qui fait la différence entre un vin de raisins cultivés sur sols morts et perfusés aux engrais minéraux et un vin issu de raisins cultivés sur sols vivants où grouillents vers de terre, mycorhizes, rhizobium, scarabes et autres petits crustacés...etc.
    Et ça, c'est du bon sens vigneron, qui n'a pas besoin d'en avoir plein la tête et de maîtriser techniquement.
    C'est un avis.
    David Lefebvre

  • Luc,

    Ne me fais pas l'affront de chercher systématiquement un double-sens à mes phrases comme au bon vieux temps de LPV! Je n'ai pas dit que tu pensais qu'on produisait de meilleurs vins en conventionnel qu'en bio, j'ai écrit qu'il faudrait être de mauvaise foi pour le penser. Or, tu n'es pas de mauvaise foi, non? "L'honneur" de la famille bio (les Perrin, ZH, Leflaive, Lafon et consorts, surtout ne pas l'oublier celui-là!), qui comptent pour les plus "grands" vins au monde, d'après MB, ils sont en grande partie dans ta cave, je le sais.
    Il faudrait pouvoir aussi s'entendre sur la signification du mot "défaut", ce qui risque de ne pas être simple. Ton vin "technologique sans défaut", pour moi, il en a un gros, de défaut, une tare irrémédiable, il est technologique. Standardisé, corrigé, amélioré, aseptisé. Oenologiquement correct, propre sur lui, certes, mais sans personnalité. Pas de ceux que j'ai envie de boire, c'est mon choix et mon droit. Par contre, nous n'avons pas tout à fait la même définition d'un vin "vivant". Comme avec la Coulée, il faut croire que tu n'as pas eu beaucoup de chance dans tes expériences.
    Alors moi aussi, je vois très bien ce que Bettane a voulu dire, mais son discours manipulateur aux relents staliniens, il a décidément du mal à passer en ce qui me concerne.

    David,

    Merci pour ces précisions très pointues. Le raisin et les tomates, même combat!

  • C'est bien, car en te lisant, on a l'impression que dans ta tête un vin sans défaut est par définition technologique, ce qui pour toi n'est pas une qualité, ce qui est tout de même le monde à l'envers...
    Une femme à la beauté parfaite manque t'elle par définition de personnalité ? Je te sais trop intelligent pour croire à ce genre de clichés éculés.
    Alors oui, pour répondre à David, je pense aussi que la viticulture bio demande davantage d'exigence que la viticulture "traditionnelle". Oui, la maîtrise technique doit être d'autant plus grande qu'on prend plus de risques tant à la vigne qu'au chai, cela me semble évident.
    Et non, ce n'est pas une tare d'être un grand technicien, quand la technique est au service du vin.
    En ce qui concerne la comparaison avec les tomates, j'y retrouve le même manichéisme habituel chez les tenants du bio, à savoir qu'il n'existe manifestement dans la tête de certains que deux types d'agriculteurs, les bons bios, et les mauvais, déraisonablement chimiques et aux sols totalement stérilisés (quand il y a un sol...), en oubliant tous ceux, nombreux, qui travaillent proprement, dans le respect de leur environnement, de leur sol et de leur vigne, sans adhérer pour autant à l'une ou l'autre charte bio. Ceux-là, comme les meilleurs viticulteurs bios, leurs vins parlent pour eux-mêmes, et ils n'ont nul besoin de communiquer sur leur manière de faire puisque le résultat est la démonstration que leur travail, de la vigne au chai, est de qualité.

  • Luc,

    Les clichés éculés, c'est toi qui les alignes!
    La perfection n'est pas de ce monde et il en faut pour tous les goûts! Ta femme à la beauté parfaite, il en existe des wagons sur le papier glacé des magazines et ce n'est pas ce qui les rend belles à mes yeux! Quand elles n'ont pas en plus un petit pois dans la cervelle! Est-ce parce qu'elles alignent un 90-60-90 calibré qu'il faut pour autant les aimer? Ce qui ne signifie pas non plus qu'elle ne peut pas non plus tout avoir, mais les candidates potentielles deviennent alors plutôt rares.
    Je pense sérieusement que chercher à gommer systématiquement certaines caractéristiques d'un vin (que l'on considère comme étant des défauts oenologiques) à l'aide de la technologie, dans le but de les améliorer, n'est pas toujours (c'est un euphémisme!) une réussite. C'est même la voie ouverte à la standardisation.
    Après, ce qui te gêne et qui revient chez toi comme un leitmotiv, c'est qu'on mette le bio en avant, au détriment de ceux qui font au moins aussi bon, voire mieux, et qui ne sont pas en bio, mais presque. Un moyen simple d'y remédier serait que tout le monde passe en bio certifié, cela simplifierait l'équation!
    Mais on s'éloigne un peu de la problématique des vins "natures", qui véhiculent encore autre chose!

  • Ah Olif, ta technique n'a pas changé !
    Relis, tu verras que soit tu n'as pas compris mon propos, soit, comme je le crois, tu l'as très bien compris mais tu l'accomodes à ta sauce. Passons...
    Pour le reste, pourquoi veux-tu que tout le monde passe en bio certifié ? C'est tout à fait symptomatique d'un certain état d'esprit et de ce qu'on met en avant dans le vin.
    Moi ce que je veux, c'est que tout le monde cherche à faire le meilleur vin possible, et pas le vin le plus bio possible !
    Et faire le meilleur vin possible passe inévitablement par un respect du sol et de la plante, c'est une évidence qui devrait mettre tout le monde d'accord, et pourtant certains s'arc-boutent sur des principes rigides et rejettent ainsi en bloc tout ce qui n'est pas certifié, tout ce qui n'est pas "naturel", oubliant que la nature profonde du jus de raisin n'est pas de produire du vin mais bien du vinaigre.
    Alors, mettre un peu de soufre pour éviter que le vin ne s'oxyde ou ne reparte en fermentation, c'est technique, c'est mal ; levurer pour éviter la prolifération de levures responsables de faux goûts c'est technique, c'est mal,...
    Alors on se retrouve avec une kyrielle de bouteilles qui demandent un mode d'emploi détaillé pour en profiter pleinement, à force d'aération, de dégazage, de conservation à t° polaire, et les vrais techniciens deviennent finalement les consommateurs qui devront bientôt prendre des cours d'oeno pour acheter, conserver et ouvrir une bouteille de vin.

    Sur ce, je vais en rester là, je sais que je ne vais pas te convaincre comme tu sais que tu me convaincras pas, mais ça m'a fait plaisir de jouter un peu avec toi, comme au bon vieux temps.

    A bientôt j'espère...

  • L'appréciation esthétique est subjective par esssence. Et puis ce n'est pas Capus qui a dit que l'AOC est la reconnaissance d'un défaut...
    De quelle technique parle-t-on ? Celle à laquelle Luc et Bettane font allusion ce sont les sciences agronomiques, celles qui modélisent l'équation de perte des sols, qui considèrent qu'on ne peut produire sans abîmer la terre, celles qui prétendent avoir apporter l'autosuffisance alimentaire alors qu'elle est en grande partie virtuelle, parce que dépendante, par trop, du pétrole.

    A titre d'exemple 1 ha de maïs c'est 800 litres équivalent fioul. Et si on prend une variété de blé d'aujourd'hui sur une terre d'aujourd'hui, sans pétrole, il ne fera pas 5 quintaux/hectare. Alors que si on prend une variété rustique d'il y a 50 ans sur une terre d'il y a cinquante ans, ça faisait 25 à 40 quitaux sans pétrole.
    Cette mécanique agronomique c'est la même qui gouverne en viticulture. et c'est celle là qui donne des jambes de bois à des viticultures boîteuses.
    Construire avec du carbone on sait faire parce qu'on vit l'age de pétrole, l'age de carbone. Alors on sait photosynthétiser, acidifier désacidifier, chaptaliser désalcooliser, tanniser, coller, on sait travailler le carbone. C'est l'oenologie fusion !
    La vérité c'est que les blés d'aujourd'hui n'ont qu'un système racinaire sur 30 cm et que les variétés anciennes colonisaient la terre sur 1,50 m. Ramené au kilo de blé, ça fait pas la même quantité de racine, pas la même minéralité. Conséquence on rajoute du sel dans le pain, pour rendre le goût qu'il a perdu, ça on sait faire.
    Mais rajoutez des minéraux au vin, seuls les Romains savaient faire, nous avec notre oenologie on sait pas faire, ça modifie tout à la fois, aromes couleur, acidité, etc...
    Donc que fait l'oenologie, elle ne travaile que sur le carbone, l'organique, et oublie le minéral; Ainsi l'AOC fixe -t-elle un minimum de surface foliaire (photosynthèse) par kilo de raisin (1,2 m2). Et pourquoi n'y aurait-il pas un minimum de surface racinaire par kilo de raisin ?
    Tout simplement parce que il n'y a souvent pas assez de racines par kilo de raisin, donc in fine pas assez de miéralité. Tout simplement parce" qu'en perfusant par les feuilles et en amemdant avec des engrais minéraux, les racines fonctionnelles se cantonnent dans les horizons superficiels.
    La grande différence entre un vin de vigne sur sol vivant et de vigne hydroponique elle est aussi analytique, elle se mesure et ce sont les sels, leur qualité et leur richesse.

  • Sacré Luc! Je n'ai pas changé, mais on est deux! Enfin si, moi, j'ai changé un tout petit peu, dans mon approche du vin, mais pas toi! :-)

    Alors, comme on n'est pas sur un forum, on va effectivement peut-être en rester là. Juste deux précisions:

    - Pourquoi une certification? Parce que c'est un label, qui devrait être de qualité, et c'est ce qu'on exige maintenant pour tout le monde, partout, y compris dans le milieu médical, où il faut s'auto-évaluer pour attester de ses bonnes pratiques (peut-être pas encore en Belgique?). Prendre les devants est une attitude qui ne peut qu'être encourageante sur les intentions et les motivations.

    - Je ne conteste pas non plus de façon systématique la part humaine dans la vinification, je plaide pour une intervention modérée et justifiée. L'accompagnement (ça existe aussi en Médecine), c'est souvent comme cela que l'on est le plus qualitatif! Être à l'écoute, cela n'a jamais nuit à personne!

    Sans rancune,

    Olif

  • Cette article de MB m'a mis en colère car il justifie l'agrochimie en se servant de vignerons du top50; les jean-Michel, Olivier, Anselme, etc..
    Non seulement Il se sert d'eux, mais selon lui, ils sont la justification des bienfaits de l'agrochimie qui permettrait aux mauvais techniciens d'élaborer du bon vin malgré tout !
    Je pense que c'est à eux de répondre, car non seulement ils sont instrumentalisés - Vous comprenez c'est toujours flatteur de se voir dire, "toi tu peux te permettre parce que t'es bon et les autres sont "cons"" - mais en plus en cantonnant la bio à l'élite, on engendre l'inverse de ce à quoi ils aspirent et ils se battent : développer l'agrobiologie. "Vigne vivante" en Alsace c'est quoi ? C'est bien la mise en commun le partage des connaissances et des expériences pour le bien de la terre.

  • Euh, je n'ai pas l'occasion de lire le Tast du Grand Homme, mais peut-on savoir quel vigneron jurassien est assassiné cette fois ?

  • cher Olif


    Peut être le plus simple serait de publier l'édito qui vous a mis en fureur, en entier, ce serait la solution la plus honnête et je vous y autorise bien volontiers. Car comme manipulateur d'opinion,vous vous montrez plus stalinien que ceux que vous montrez du doigt....

    N'oubliez surtout pas le couplet sur les vins technologiques que vous avez eu le grand courage de passer sous silence....

    Sans rancune tant votre texte me semble plus bête que méchant


    MB

  • Ah!, Monsieur Bettane, c'est un honneur! Manipulateur et stalinien, moi? Vous vous méprenez! Je ne cherche nullement à guider l'amateur dans le droit chemin, je ne fais que plébisciter ce qui me plait. Libre à chacun d'agir selon ses goûts. Et surtout, je prends la parole pour ne pas vous laisser vous battre tout seul contre des moulins à vent. Ce que vous exécrez, moi je l'aime, et je ne voudrais pas que l'on puisse penser que vous seul détenez la vérité. Ceci dit, vous avez très certainement raison sur un point, je suis plus bête que véritablement méchant!

    Et je vais évidemment mettre votre édito en ligne, puisque vous m'y autorisez.

  • Maintenant que le texte de l'edito est publié tout le monde se rendra compte que

    1 je n'ai aucun désir d'empêcher un amateur d'aimer les vins qu'il aime même si une partie de moi même forcément cherche à comprendre puis à juger son goût.

    2 comme professionnel j'ai moins de liberté qu'un amateur et j'ai à prendre mes responsabilités

    3 que je défends depuis toujours la viticulture bio, du vin le plus simple et le plus accessible au cru le plus célèbre et hélas le plus cher

    4 que je n'ai aucune sympathie pour les vins manipulés comme vous...

    5 mais que bio ou pas bio un vin doit être fait avec soin et précision et pas seulement avec amour, car c'est un métier qu'être viticulteur et non pas un acte politique ou un "amusement".

    6 je déteste l'à peu près comme tout bon vieux prof, celui là même qui réconforte tant ceux qui sont toujours restés dans un coin d'eux mêmes un peu cancres, rebelles et finalement grands enfants.

    7 que votre résumé de ce texte sentait quand même un peu trop le règlement de compte.

    Cordialement

    MB

  • Règlement de comptes? C'est un peu fort! Plutôt réponse du berger à la bergère. Votre texte est volontairement très provocateur, ma réponse est épidermique. Votre mise au point a le mérite de la clarté et d'une plus grande honnêteté, je vous en remercie. Et je retourne près de mon radiateur, même si je n'ai jamais été un cancre. C'est juste mon côté rebelle que j'aime cultiver.

  • Oh ! bien justement Anselme S. m'envoit trois bonnes bouteilles de "cuvée Initiale" ce matin. Vendu que je suis !

    Et sur la contre-étiquette que lis-je : "Le respect du vivant pour l'expression du minéral".

    Ce sera l'occasion pour M Bettane d'écrire :"arrêtons d'employer comme pour minéralité des mots largement au delà de leur acception naturelle.!"
    C'est tout le propos de l'édito en question qui circule sur le net en .pdf, donc lu intégralement.

    Monsieur Bettane, peut-être le professseur se laissera-t-il guider dans une démonstration gustative où on pourra vous démontrer que la minéralité - c'est à dire les sels minéraux - est bien plus qu'une acception naturelle, elle est un véritable indicateur environnemental.
    Et qu'en oenologie, elle gouverne toute les dimensions gustatives que l'on connaît du vin. Et qu'elle ne s'exprime réellement que dans un environnement de production saine et vivante, une terre vivante. Parce que c'est des relations racines/terre qu'il s'agit.

    C'est ce qui est à reprocher des Dubourdieu et autres ténorsde l'oenologie : c'est qu'ils sont passés à côté de cette question en ignorant la dimension minérale du vin pour ne se consacrer qu'à sa dimension organique -tanins, acides, sucres, saccharides etc.- Il suffit pour s'en convaincre d'éplucher les publications.

    Alors que, ce que soutien Olif - du moins ce que j'en ressens - c'est qu'il n'est pas nécessaire de maîtriser cette technique "organique" là, pour élaborer du bon vin.

    Et à force de pratiquer le vivant, de chercher à stimuler - Claude Bernard - plutôt que d'éradiquer - Pasteur - le vigneron pratiquant se rend compte que la dimension qui change dans ses vins, c'est la minéralité.
    Mais pour s'en rendre compte, il faut vivre cette conversion conventionnelle/bio.

    Alors D. Dubourdieu me dira comme il l'a déjà fait publiquement, "Mais monsieur, un pénicilium, ce n'est pas une S cerevisiae !, quoi que vous en disiez, votre minéralité elle n'effacera pas une géosmine, ou un TCA !"

    D'accord pour ces déviations de vins victimes d'environnement dégradé !
    Mais une oxydation dans un vin insipide - sans sels- c'est tout à fait différent d'une oxydation dans un vin sapide - de minéralité complexe au plan chimique. On ne parlera alors même plus d'oxydation mais d'une élégance comme par exemple nous le démontre Patrick Meyer à Nothalten.

    Il était clair qu'après la viticulture alternative (au conventionnel), vienne tout naturellement le temps des dégustations alternatives. Celles qui ne s'épanchent plus sur les dimensions carbonées - tanins, sucres, acides - mais observent comment les minéraux harmonisent le vin.

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