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Le goût retrouvé du vin

Retrouver le goût. Réapprendre à cultiver la vigne, à vinifier, sans user d'artifices, de cochonneries en tous genres, pour pallier à des déséquilibres induits par un productivisme effréné. Réapprendre à déguster et à boire, retrouver les arômes originels d'un vin produit avec le minimum d'intrants. Revenir aux fondamentaux. Pour le plaisir, pour la simplicité, pour le bon sens. Le goût retrouvé du vin, celui du vin nature, c'est une évidence. Celui du vin de Bordeaux, également. Pourquoi pas? Même si, à l'approche des foires aux vins de la rentrée, c'est loin d'être gagné! Heureusement, quelques auteurs se sont penchés sur la question. Des livres à ranger soigneusement dans le cartable, pour les lire et relire en toutes occasions.

Pur jus vinification, de Fleur Godart et Justine Saint-Lô, Marabout

 

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On les avait laissées à la vigne, on les retrouve à la cave. Suite au succès de leur Pur jus, Fleur Godart et Justine Saint-Lô ont repris leur bâton de pèlerin à travers le vignoble. Afin de nous livrer quelques clés de la vinification naturelle et démontrer que ce n'est pas que du non-interventionnisme et de l'à peu près. Que l'immense majorité des vignerons réfléchit à la façon de faire le meilleur vin avec la matière première de départ, qu'il essaye de cultiver de la meilleure manière à la vigne. On retrouve une grande partie des intervenants du premier Pur jus, épaulés par quelques petits nouveaux-nouvelles qui font plaisir à voir (Athénaïs de Béru, Julien Albertus, Pascal Choine et Laurence Alias, Jean-Yves Péron et Maître Yoda lui-même, Pierre Overnoy en personne). Chacun fait part de ses expériences, de ses doutes, de sa façon d'envisager le vin et la vinification, de pallier à certains défauts et aux déviances les plus préoccupantes. Bien orientés dans leur discours par une petite Fleur qui en connaît déjà un bout sur la question. Des interventions qui pourraient paraître un peu techniques et pointues, mais que le dessin très imagé de Justine arrive à rendre accessible. Et ce n'est pas un pléonasme! Tout à coup, les levures prennent figure humaine, les molécules de sucre ont les paupières qui tombent, celles d'alcool le nez rouge et la langue pendante, les bras des vignerons s'allongent et se multiplient pour mieux faire comprendre les mots techniques employés. Et si l'arôme désagréable de souris arbore les oreilles de Mickey (ou plus exactement la forme d'un petit rongeur aussi glouton qu'immense), l'histoire de la biche, contée par l'excellent Philippe Jambon à Didier Grappe pour le convaincre de vinifier sans sulfites, est quand même juste énorme. Un livre à ranger dans toutes les bonnes caves.

 

Glou Guide, d'Antonin Iommi-Amunategui et Jérémie Couston, Cambourakis

 

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Aucune des bouteilles ci-dessus ne figurent dans le Glou Guide d'Antonin Iommi-Amunategui et Jérémie Couston. Prix supérieur à 15€ pour la plupart d'entre elles, et, surtout, des quilles introuvables, des ours polaires extirpés du permafrost de ma cave personnelle, ouvertes pour saluer la sortie de cet ouvrage et l'arrivée d'un des deux auteurs, en vacances dans le Jura. Grillant sur le poteau d'exécution les sempiternelles compilations de vins à repérer lors des foires automnales pour mieux pouvoir les acheter, à défaut de prendre plaisir à les boire, ce Glou guide est un bol de vin pur non sulfité destiné à donner quelques pistes à l'amateur préférant s'éclairer à la bougie plutôt qu'aux néons de la grande distribution. 150 pépites à tenter de dénicher, pour moins de 15€ l'unité, chez un caviste pratiquant le commerce vigneron équitable. Si l'une s'avère manquante, pas grave, le bonhomme saura vous en conseiller une autre. L'autre intérêt de cette compilation non exhaustive, et non des moindres, c'est de proposer une alternative aux rébarbatives notes de dégustation analytiques, écrites ou chiffrées, qui encombrent la traditionnelle production écrite du genre. Des comptes-rendus qui font vibrer, rire et qui donnent envie, écrits avec le cœur, les tripes et les papilles, laissant de côté le jargon pontifiant et lénifiant du critique biberonné au grand cru classé. Beaucoup de nouvelles cuvées, des nouveaux vignerons, dont certains demanderont sans doute à faire leurs preuves, mais que l'on a d'emblée envie de suivre. Et quelques valeurs sûres, pour mieux les encadrer.

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Disons-le franchement, un guide qui fait référence à un événement aussi mémorable et gouleyant que la Saint-Glou jurassienne ne peut être que sacré à mes yeux.

Le Saint-Glou Guide n'est ni vert, ni grenat, ni doré sur tranche. Il est jaune canari. Avec une couverture joliment illustrée par Terreur Graphique et une préface expressément écrite par Jacques Néauport. C'est le seul guide de rentrée qui vous conduira directement à la source du vin nature.

 

Le goût retrouvé du vin de Bordeaux, de Jacky Rigaux et Jean Rosen, Actes Sud

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Disons-le tout de suite, ce dernier ouvrage est paradoxalement le plus tendancieux et le plus surprenant des trois. Parce que frappant là où on ne l'attendait pas. Bordeaux sera-t-il sauvé de l'uniformité par une approche bourguignonne de ses sols? Cela peut paraître évident, même si ce n'est pas le chemin pris depuis plusieurs décennies par l'appellation française certainement la plus prestigieuse et la plus convoitée au monde par les adorateurs d'étiquette. Articulé autour de la démarche qualitative de Loïc Pasquet, créateur de Liber Pater, cru relativement récent dont l'objectif avoué est de se positionner parmi les meilleurs vins au monde, mais aussi les plus chers, son but est de démontrer que, dans l'optique de retrouver le goût des vins de Bordeaux, il faut faire parler le terroir, revenir à des méthodes ancestrales pour produire des vins d'exception. Sur un haut-lieu viticole, encore en devenir, avec des vignes franches de pied, des sols travaillés dans le respect du vivant et des cépages adéquats (pas moins de 13, comme en 1855 et à Chateauneuf du Pape). Mais à quel prix? Appelant à la rescousse Stéphane Derenoncourt pour la préface, Claude et Lydia Bourguignon et José Vouillamoz, entre autres, pour parler sols et glottochronologie (!), réfutant l'idée d'avoir écrit un ouvrage promotionnel pour un cru médiatique qui n'en aurait pas besoin, Jacky Rigaux livre ici un livre hybride et étrange, un peu brouillon mais éminemment intéressant. Qu'il clôt sur l'approche géosensorielle de la dégustation, qui est un peu sa marotte: associer l'art de la dégustation à la connaissance du lieu où a été produit le vin. Mais c'est aussi l'anti-Glou Guide. Un seul vin, étudié en profondeur, certes, et à plus de 3000€ la boutanche. De quoi en chercher le goût pendant longtemps, sans arriver à le trouver.

 

P.S.: pour une foire aux vins de rentrée intelligente et participative, c'est sur les plateformes de crowdfunding qu'il faut aller faire ses courses et remplir sa besace.

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Marie Rocher, après la co-édition de livres fameux, dont les Tronches de vin, se lance dans l'édition de vin. Carrément. C'est sur KissKissBankBank que ça se passe et les contreparties sont vraiment chouettes! On attend avec impatience la publication de ses premières bouteilles, le goût retrouvé des meilleures tronches de vin...

 

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Le Picatier, c'est un domaine en roannais qui produits des cuvées libres comme l'air. Du gamay, du chardo, du pinot noir. Seulement, voilà. Depuis 3 ans, la météo a été particulièrement cruelle avec eux, mettant en péril leur exploitation. Ils ont pu garder la tête hors de l'eau en vendant quelques biens immobiliers, mais ils ont encore besoin d'aide pour pouvoir commercialiser leurs 2017 et vendanger les 2018. Ils ont choisi la plateforme Blue Bees, spécialisée dans le financement de l'agriculture d'avenir. Le goût retrouvé du Gaménits, il n'y a rien de meilleur et de plus beau.

 

Commentaires

  • Merci de préciser en quoi ce livre est « un peu brouillon »
    Jean Rosen, le co-auteur.

  • Brouillon n'était peut-être pas le mot le plus approprié, même si c'est comme cela que je l'ai un peu ressenti. Quand on se penche sur la table des matières, il y a une cohérence entre les différents chapitres passant en revue les tenants et les aboutissants de la production d'un "vin de lieu" hautement qualitatif. Mais, la construction au sein de chaque chapitre ne m'est pas apparue très lisible, mixant des considérations d'ordre général sur les principes d'une viticulture de qualité et l'exemple exclusif des pratiques de Liber Pater, qui s'apparentent presque à de l'hagiographie. Un mélange des genres qui nuit, à mon sens, à la qualité de votre propos. Il en reste néanmoins un ouvrage documenté sur la façon dont il faudrait produire un grand vin. Mais que, au final, peu d'élus pourront juger sur pièce...

  • Merci de votre réponse. Le but de ce livre est juste de montrer en exemple la manière dont Liber Pater met en pratique les préceptes généraux énoncés. Si d’autres vignerons veulent suivre cet exemple, les auteurs en seront ravis. Il s’agit surtout de faire bouger les lignes. On peut aussi considérer notre travail comme un geste militant. Surtout, oublier si possible tout le côté « pognon » de la chose, mais je sais que ça va être dur, très dur.

  • Vu le côté extrême des tarifs, c'est certain. Il y a d'autres exemples de viticulture bordelaise de qualité, respectueuse des terroirs, qui pratique des prix plus démocratiques...

  • Me réjouis de dénicher le pur jus vinif ! Merci pour ces infos

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