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nebbiolo

  • L'étoffe du Roero

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    "Piémont et merveilles!", voilà un voyage organisé de tout premier ordre! Forcément, quand on laisse carte blanche à PhR, l'homme à la Pipette, qui est par ailleurs GO en chef de Vigne'Horizons, la micro-agence de développement oenophilo-touristique. Vigne'Horizons, c'est le vinotourisme sans frontières, à visage humain et à taille humaine, celui qui sait aussi parler italien avec les mains.

    Avant de débarouler en Barolo comme des barbares and Co, une halte indispensable en Roero s'imposait, afin de poser les valises. A la Cascina Vrona, par exemple, un des fleurons de l'Agriturismo italien. Chambres cosy avec piscine au milieu des vignes, bêlements, mugissements et cocorici matinaux (matini?), table d'hôtes particulièrement goûteuse le soir.

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    Une cascina au cœur du vignoble, où il n'y a qu'à chiner. Voire se laisser griser par une virée en scoot, cheveux au vent sous le casque. La dolce vita, quoi!

    A tout juste une encablure de là se trouve le domaine Angelo Negro et figli, où nous fûmes reçus de prime, comme des coqs en pâtes, malgré la tristesse ambiante d'un deuil local encore tout frais.

    Le Roero, uno piccolo fratello per Barolo, n'a pas froid aux oreilles! Pourtant, cette appellation méconnue vit dans l'ombre de ses deux prestigieuses voisines, Barolo et Barbaresco. Leur point commun, c'est le Nebbiolo, ce cépage typiquement piémontais, riche en tanins et plutôt pauvre en couleur, même si l'amateur de ploussard a de quoi en attraper des complexes. Roero malgré lui, avec ses paysages vallonés originaux, constitués de successions de petites collines, les bric, entièrement plantées de vignes jusqu'au sommet et constituant à elles seules un genre de climat à la bourguignonne, un microterroir, just another bric in the vignoble.

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    Le domaine Angelo Negro et figli est un domaine familial de 60 hectares, une azienda agricola en pleine expansion, qui vient tout juste de se doter d'un cuvier et d'un chai ultra-modernes, construits dans le respect des matériaux traditionnels. La salle de dégustation s'ouvre sur les vignes. Au menu, Arneis, Barbera, Nebbiolo, salame maison, délicieux fromage local, gressins et parmiggiano regiano. Un moment de franche convivialité autour des vins du domaine en compagnie de la riante Emanuela, puis de son frère Angelo.

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    Chez Negro, on produit plusieurs cuvées, dans différentes appellations et dans les deux couleurs. Il fallait goûter à tout. On attaque par les blancs et l'original cépage Arneis, qui, contrairement à la croyance populaire, ne tient pas son nom d'un ecclésiastique émigré dans les Pyrénées occidentales. Tu parles d'une sauce!

    Trois cuvées de blanc, donc, du floral et fruité Arneis 2008 (élevage en cuve) à Gianat 2007, une sélection parcellaire (terroir argileux) élevée 8 mois en barrique et un peu trop boisée à mon goût. Ma préférence va naturellement à Pernaudin 2007, de vieilles vignes sur sol sableux, élevage en cuve inox, qui possède complexité et profondeur, avec un caractère discrètement oxydatif alliant gras et acidité. Pour cloturer les blancs, on se rince le palais avec une Método classico 2005, correcte mais le dosage ressort un peu trop pour moi.

    On enchaîne par le Barbera d'Alba, loin d'être le cépage le plus barbant du coin. Là encore, trois cuvées: le 2008 "cuve" goûte sur le fruit (cassis, myrtilles) avec des notes lactiques: frais, immédiat et plaisant. Nicolon 2007, issu de vignes de 45 ans, élevé 8 mois en barriques est un vin riche et capiteux, sur la feuille de cassis et le poivre, aux tanins déjà soyeux, avec du volume sur une finale un peu chaude, mais néanmoins une jolie rétro sur les fruits noirs. Bric Bertu 2006 a fait un an de fût. La bouche est bien quilibrée, sur des tanins frais jusque dans la finale. Mon préféré de la série des Barbera, un cépage qui possède généralement beaucoup d'acidité et qui a besoin d'un certain enrobage des tanins pour mieux glisser dans le gosier.

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    Petit détour par le Barbaresco, où le domaine possède deux parcelles, ainsi qu'une petite cave, le vin du Barbaresco devant être vinifié in situ. Place au Nebbiolo, donc. Le Cascinotta 2006 est élevé 12 mois en foudre. Il fleure bon la fraise écrasée, malgré des tanins un peu rugueux et à peine d'alcool en finale. Le Basarin 2005 est plus complet (élevage de 18 mois), poivré et épicé, avec des tanins élégants et suaves, plutôt classieux. Il faudra savoir l'attendre.

    Retour en Roero, pour un Prachiosso 2006 (vignes sur sable) frais et souple, sur la fraise et le cassis, légèrement acidulé, puis un Sudisfa 2005 (assemblage de parcelles) concentré, aux tanins polis mais à la finale à peine ferme et chaleureuse.

    L'assemblage de Cabernet sauvignon et de Merlot, en association avec le Nebbiolo, fait basculer en appellation régionale Langhe, que l'on évitera de donner au chat ou de laisser dans sa poche. La cuvée Millon 2006 ne m'a néanmoins pas vraiment convaincu, du fait d'une dureté des tanins avec sécheresse finale. L'internationalisation des cépages n'a pas que du bon, même si elle correspond à une attente de la part du consommateur de base, que nous appellerons Lambda parce qu'il est docile comme un agneau de Panurge, le consommateur, oui-da.

    On termine par quelques petites douceurs pour la route: d'abord un épatant Birbet Bracheto, le vin des enfants, titrant à peine 5° d'alcool, et se buvant comme un bon jus de fruits frizzante, suivi d'un Passito d'Arneis Pernaudin 2005, vin partiellement botrytisé, puis passerillé sur claies, aux arômes de tarte aux pommes se goûtant un peu trop sur le sucre.


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    Tour d'horizon complet, donc, pour un domaine attachant et spirituel, une mise en bouche particulièrement séduisante pour le néophyte piémontais, avant l'Alba-llade des gens heureux, ceux qu'il vaudrait mieux ne pas prendre pour des truffes.

    Olif