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L'Alchimie des Vins Etonnants à Pontarlier

Date: le 12/03/2005 à 08:44

Pontarlier, ville-étape du tour de France des vins étonnants! Avant Evreux, même! Le grand prix de la montagne!


Quand l'alchimiste des saveurs de Pontarlier reçoit le caviste étonnant du Web, à  l'initiative du GJP, la soirée étonne et détonne ! Prévu de longue date, et déjà  reporté une fois, ce rendez-vous a tenu toutes ses promesses, par l'originalité des vins proposés par Eric Reppert, par celle de la cuisine de Pierre-Ivan Boos, avec subtile recherche d'accords, et enfin par l'intérêt suscité chez des dégustateurs allant du novice complet au plus confirmé, mais souvent prisonniers d'une approche très traditionnelle et classique du vin.

Soirée très enneigée pour la saison (nous sommes début mars), mais qui n'a pas refroidi les ardeurs des participants, même ceux venant des pays tropicaux. Et l'horaire étant à  peu près respecté, on attaque par un petit verre apéritif ! Plusieurs, en fait!

Prima Donna 2004, Prieuré La Chaume, Vin de Pays de Vendée
60% Chardonnay, 40% Pinot Noir vinifié en blanc, une curiosité en provenance d'un nouveau vignoble vendéen, entièrement planté il y a quelques années et situé à  Vix. Très aromatique (sapide ?), sur les fruits blancs et des arômes encore fermentaires, il est à  la fois vif, frais, tendu et gras, témoignant de sa grande richesse qui ne procure aucune sensation de lourdeur. Simple et désaltérant !

Les Zunics 2001, Frères Couillaud, Vin de Table
Le Muscadet du XXIème siècle? Assemblage inédit et « zunique », surtout dans cette région, de Petit Manseng, Viognier, Chardonnay, Sauvignon gris et Muscat à  petits grains, ce vin a tout pour dérouter, même le dégustateur le plus averti. La robe est dorée, le nez très mûr, limite surmaturé, développant d'intenses notes de fruits exotiques, de papaye, de mangue, sur des notes un peu oxydatives. La bouche ne suit pas le nez dans ce registre très aromatique et se révèle sèche, plutôt stricte, avec un beau support acide. La marque du petit Manseng, assurément, qui s'exprime plutôt bien hors de son royaume, toujours à l'Ouest, mais bien plus au Nord!

Péchigo 2000, Chenin Moelleux, Vin de Table
Direction Sud-Est, cette fois, du côté de Limoux, pour un cépage habituellement rencontré plus à  l'Ouest. Dans un registre demi-sec, moelleux, un vin très riche qui s'épanouit dans le verre sur des notes oxydatives de pommes au four, de cire et d'encaustique, avec en bouche la patine d'un vieil escalier en bois bien ciré. Une grande douceur!

Bel Canto 2003, Merlot, Prieuré La Chaume, Vin de Pays de Vendée
Retour à  l'Ouest, pour un vin à  la robe noire à  reflets violines, qu'on verrait bien dans le Sud! Le nez est floral, sur la violette, et je ne peux m'empêcher d'y associer des notes métalliques, qui pourrait évoquer la Négrette. Ou le Ragoûtant, puisqu'on est de nouveau en Vendée! Perdu ! Il s'agit d'un beau Merlot, qui possède une attaque soyeuse et riche, mais dont la finale est particulièrement amère. Une amertume qui persiste longtemps en bouche et qui déroute un peu. Il s'agit ici du premier millésime et je pense que ce domaine est porteur de beaucoup de promesses. Thierry Michon risque bientôt de ne plus être tout seul à  produire des choses hors normes en Vendée!


Après cette mise en bouche très appétissante, les vins suivants seront servis sur le repas, Pierre-Ivan ayant travaillé quelques accords.

Le Nombre d'Or 1998, Blancs de Blancs, L. Aubry
Avec l'amuse-bouche, une petite brochette de fruits de mers accompagnée d'une tête de crevette frite, tout à  fait comestible et qui croustille sous la dent, ce très beau et très original Champagne, constitué d'un assemblage de 7 cépages, dont certains se perdent dans la nuit des temps. Chardonnay, Pinot Noir, Pinot Meunier, Arbanne, Petit Meslier, Fromenteau et Enfumé. Tout un programme qui est à l'origine d'un vrai Champagne de table, riche et complexe, vineux, développant de jolis arômes de fruits blancs frais sur fond très tonique grâce à  une bulle fine et vive. Un vrai vin plaisir qui a remporté un franc succès ce soir-là !

Ineptie 2002, Domaine des Belles Pierres, Vin de Table
Roussane, Viognier et Muscat à  petits grains récoltés en surmaturité, lorsque le millésime le permet, donnent un vin riche et gras, comportant un peu de sucre résiduel, ce qui fut à  l'origine de sa non-homologation en AOC. Beaucoup de maturité, donc, dans ce vin à l'équilibre pourtant plutôt sec, les 7 g de SR ne suffisant pas à  en faire un vin moelleux. Puissance et douceur, sans l'once d'une lourdeur, font de ce vin un idéal compagnon d'une cuisine plutôt épicée et relevée, se mariant parfaitement avec l'entrée que nous avait concocté l'Alchimiste des Saveurs, un Tataki de bonite au sishimi, gomasio et vinaigrette à  l'huile de sésame!

Pour accompagner les deux vins rouges, servis simultanément, des Joues de porc braisées au cumin et genièvre, Quinoa et poêlée de racines hivernales, fondantes à  souhait, firent merveille.

Z de L'Arjolle 2002
Le Zinfandel du Sud de la France, travaillé expérimentalement au domaine de L'Arjolle en collaboration avec l'INRA de Montpellier. Un vin du Sud, épicé, à  la robe burlat, mais au boisé encore trop marqué, la structure pêchant un peu par manque d'opulence, sur une matière acidulée et maigrelette. La petite sucrosité finale ne suffit pas à rétablir l'harmonie d'un vin qui me semble encore bien dissocié à  ce stade.

Chenançon noir 2002, La Tour de Penedesses
Un autre cépage expérimental, fruit du croisement entre le Grenache et le Jurançon noir, qui n'est que très peu cultivé. Beaucoup d'originalité, pourtant, et une matière riche et opulente, une vraie liqueur de fruits noirs épicés et poivrés, crémeuse à  souhait, qui prend le temps de s'installer en bouche jusque dans la finale qui comporte un soupçon d'amertume, à  la manière d'un vieux Carignan. Beaucoup plus convaincant que le Z, servi en parallèle.

Djebel 2001, Hautes Terres de Comberousse
Pour accompagner le fromage, un Saint Marcellin aux écorces d'orange confites, avec mesclun d'herbes à  l'huile d'archide grillée, un véritable OVNI, comme le nomme Eric Reppert, du Rolle passerillé sur pieds, élevé sur lies fines sans ouillage pendant 3 ans. On retrouve bien là  un registre oxydatif caractéristique de fruits secs, de figue, d'épices, de miel de châtaignier. Son côté moelleux, presque liquoreux, le rend très séduisant et forme un joli accord avec le fromage.

L'Archaïque 2001, Domaine du Grand Lauze
Du Mourvèdre vendangé tardivement, en surmaturité, affichant 185 g de sucre résiduel, et exhalant une grande concentration de fruits noirs, cassis et myrtille, sur des notes évoquant le rancio et le tabac blond. Un vin assez étonnant, finalement, ce qui ne surprend guère lorsque l'on connaît le thème de la soirée! L'idéal pour clôturer, en fait, et sublimer un Soufflé renversé au chocolat, voile de sucre au poivre à  queue et glace de lait!

Une soirée à  inscrire dans les annales, une vraie réussite, liée autant à  la qualité et l'originalité des vins présentés que par celle du menu les accompagnant. Un genre d'alchimie étonnante, quoi!



Olif

Commentaires

  • Vous n'aviez pas tort pour la négrette dans le Bel Canto la chaume!! assemblage à dominante certes de merlot avec de la négrette et un peu de pinot noir en appoint...
    Personnellement j'aime beaucoup!
    flore caviste/sommelière à Paris
    P.S:votre blog est vraiment sympa!! mais... on ne s'est pas déjà rencontrer???...votre tête me dit quelquechose !!
    bonne dégustation!

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