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Le Priorato en diagonale

Date: le 27/04/2003 à 21:09

Pas vraiment une horizontale, ni une verticale, un peu des deux mais plus que cela encore ! Magnifique dégustation des vins du Priorat au salon Arvinis à Morges (CH), en compagnie d'Eric Duret, meilleur sommelier d'Europe en 1998 avec, dans le même temps, découverte de cette région d'Espagne et consécration de sa grandeur, tout ça en 2 bonnes heures qui sont passées très vite.

Après une présentation d'ordre général par Eric Duret, meilleur sommelier d'Europe en 1998 (je l'aurais pas déjà écrit quelque part, ça ?), nous passons aux choses sérieuses. De 7 vins initialement prévus, la dégustation est passée à 11, avec un fameux bonus ! On ne va pas s'en plaindre !
Les vins sont servis dans des verres INAO estampillés Arvinis et ont été longuement aérés au préalable. Nous ne les dégustons pas à l'aveugle et ils sont présentés et commentés au fur et à mesure, dans un souci didactique, je suppose.

Roquers de Porrera 99 : grenache et carignan.
Robe grenat foncé, brillante sur les bords du disque. Beau nez fruité et réglissé, frais. En bouche, on est sur les fruits noirs avec un peu de verdeur dans les tanins, une grosse mâche en finale mais un vin qui sait rester frais. 14° qui passent inaperçus. Un peu massif mais une bonne introduction au Priorat avec ce vin d'entrée de gamme (35 FS quand même).

Clos Les Fites 2000 : 2ème vin de Comte Pirenne. Grenache, carignan et cabernet sauvignon (20%).
Le nez est sur les fruits rouges et noirs avec une touche végétale (eucalyptus). Souple et fruité en bouche, les tanins sont plutôt fins et élégants. Moins extrait que le précédent, il est plus frais que le précédent même si je le trouve un peu trop souple à mon goût. Un style différent du précédent, que l'on retrouvera plus tard chez son grand frère. 20 FS.

Clos Manyetes 99 : grenache, carignan et syrah (20%). Un vin vinifié pour le compte d'un de ses amis par René Barbier, un des « pères » de l'appellation avec son Clos Mogador.
Robe sombre, presque opaque. Nez sur les fruits noirs, cassis surtout. Tanins fins et soyeux, beaucoup de classe et d'élégance même si on perçoit un peu plus l'alcool (14,5°) que dans les vins précédents. Note réglissée légèrement amère en finale que je rattachais personnellement au carignan mais qu' Eric Duret (meilleur sommelier d'Europe en 98 si vous ne le savez pas encore) rapporte au terroir fait d'ardoises et de schistes. Très beau vin qui me plaît énormément. 35 FS.

Cims de Porrera 99 : 70% carignan, 30% grenache.
Robe opaque. Nez sur la liqueur de fruits noirs, cassis, réglisse, témoignant d'après Eric Duret (meilleur... Bon, j'arrête !) d'une extrême maturité du carignan. Bouche ample, profonde, puissante, intense. Longue finale rémanente sur une légère amertume. Magnifique !

Comte Pirenne 2000 :grenache, carignan, cabernet sauvignon (20%).
Nez légèrement réglissé, un peu boisé, sur la liqueur de mûres. Les tanins sont polissés, d'une agréable souplesse, tout en développant un beau volume. Un style que je trouve un peu plus international. Est-ce dû à la présence du cabernet sauvignon ?

Clos Martinet 2000 : grenache, syrah, carignan (15%).
Le nez développe un fruité légèrement mûr, qu'Eric Duret (...) rattache à des notes oxydatives de poire blette. D'une grande élégance en bouche, avec une texture veloutée qui tapisse le palais (du velours, Averroes, du velours !). Sensation de chaleur réconfortante en fin de bouche. Très beau vin mais le nez me gêne tout de même un petit peu. Une hypothèse a été avancée par qui vous savez pour expliquer ce léger défaut, l'attribuant aux fûts, peut-être d'origine américaine.

Vall Llach 2000 : carignan, merlot, cabernet sauvignon.
Le nez est plus réservé, toujours sur les fruits noirs mais la présence du boisé est plus perceptible. Les tanins sont marqués, c'est un vin extrait, puissant et boisé, d'un style radicalement différent des précédents, peut-être un peu formaté pour le palais de notre ami Bob. Je suis un peu moins convaincu! Tout en reconnaissant que l'on n'a pas affaire à un petit calibre.

Clos Mogador 2000 : carignan minoritaire (seulement 10 %), grenache et cabernet sauvignon à proportions égales, 20% de syrah. On retrouve pourtant les arômes caractéristiques de liqueur de mûres. Les tanins sont civilisés et élégants, la texture est soyeuse. C'est un vin chaud et frais en même temps, équilibré dans la puissance, affichant un style un peu nouveau pour le domaine d'après les connaisseurs, notamment qui vous savez. C'est en tout cas un très beau vin.

Après les zigzags et l'horizontale, nous partons cette fois-ci à  la verticale descendante !

Clos Mogador 1999 : pas de syrah dans ce millésime, à la différence de 2000, et je le trouve plus marqué carignan. Plus puissant de ce fait, il arbore une finale également légèrement plus amère. Très beau vin aussi, il est pourtant très différent du 2000, se rapprochant un peu plus de Cims de Porrera du même millésime.

Clos Mogador 96 : la robe commence à montrer de très légères notes d'évolution. Le nez est un peu plus animal, avec des notes de cuir et de sous-bois. Les tanins sont très ronds mais le vin reste puissant et chaleureux. Longue finale réglissée. On peut préférer les expressions plus jeunes de ce cru mais il ne montre cependant aucun signe de déclin.

Clos Mogador 91 : un des premiers millésimes du cru. La robe est tuilée mais encore relativement sombre. Le nez développe des arômes tertiaires de sous-bois, de champignon et de cuir. Je le trouve fondu, harmonieux et caressant mais la finale est un peu alcooleuse. Ce vin a été carafé depuis la veille sinon il se serait révélé extrêmement dur dans ses tanins, ce qui est tout de même un peu étonnant. Vin intéressant de par l'aperçu qu'il donne sur l'évolution du style de la propriété depuis ses débuts. On peut néanmoins lui préférer les millésimes plus récents.

Fin de ce passionnant voyage en Catalogne. On peut simplement regretter que ces vins, produits en quantités très limitées, soient aussi chers et aussi difficiles à se procurer.
Je ne suis pas complètement convaincu de l'apport des cépages bordelais, notamment le merlot, qui risque d'avoir un peu de mal à s'exprimer du fait des conditions climatiques particulières peu adaptées à son bon développement, mais pourquoi pas !

Le plus grand vin de cette dégustation fut pour moi Cims de Porrera 99, suivi de près par Clos Mogador 99 et 2000. Clos Martinet est à mettre un cran en dessous du fait du manque de netteté arômatique de son nez, même si sa texture est presque parfaite, Vall Llach ne m'a pas vraiment emballé.
Le Clos Manyetes, de par son prix relativement attractif, est à inscrire au registre découverte. Je ne suis pas sûr qu'il soit facile à trouver pour autant !

Voilà , il s'agissait pour moi d'une réelle découverte et j'espère avoir l'occasion de boire à  nouveau ces vins un jour.

Olif

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