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Le vin bio existe (enfin?), je l'ai rencontré!

C'est le sujet tendance du moment. Depuis que Bruxelles a (enfin?) acté son existence, on ne pourra plus se réfugier derrière un soit-disant problème de terminologie pour réfuter le "vin bio".

 

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Nouveau logo du "vin bio" européen

 

Paradoxalement, cette nouvelle, potentiellement réjouissante, laisse dans le même temps dubitatif. La porte est désormais grande ouverte à un vin "bio industriel", réclamé par tous ceux qui ont vu le profit que pouvait engendrer une telle pratique, apte à répondre aux attentes du consommateur, de plus en plus soucieux de manger sain, tout en continuant de remplir son caddie à ras-bord. Bruxelles n'est certainement pas là pour encourager les bonnes pratiques artisanales, il ne faut pas se leurrer. Bruxelles est là pour favoriser la rentabilité économique dans une (relative) transparence, en imposant une charte moyennement restrictive, de la vigne à la cave. Si cela permet une diminution de l'utilisation de produits toxiques pour l'environnement, tant mieux et pourquoi pas? Mais il n'y a cependant pas grand risque que cela change les habitudes de tout ceux qui pratiquaient le bio par conviction depuis longtemps, et dont la charte personnelle, contrôlée par des organismes certificateurs indépendants, est beaucoup plus restrictive.

 

Face au rouleau compresseur d'une pensée vinique unique et bien pensante, il est plus que jamais utile de défendre de vraies valeurs et de revenir aux fondamentaux. Le vin est un produit issu de la fermentation naturelle du raisin, sous contrôle de l'homme, mais nul n'est besoin d'une panoplie de petit chimiste pour en produire du bon. Les néo-vignerons qui s'y essaient, par philosophie et conviction plus que par idéologie, se sentent abandonnés de tous les côtés, bataillant pour l'agrément, parce que leurs vins auraient un profil déroutant pour des palais habitués depuis des décennies à leur dose de sulfites et à des arômes préfabriqués par les méthodes de vinification et les marchands de levures. Le déclassement peut alors être une solution mais n'est pas une fin en soi. Dur de renoncer à ses origines quand on se sent bien ancré dans un lieu et un terroir. Et on se demande également pourquoi, les deux types de vins (bio et non-bio) doivent systématiquement être opposés sans pouvoir cohabiter en bonne intelligence. Pour preuve, les vins d'un Pierre Overnoy, par exemple, qu'aucun dégustateur digne de ce nom ne saurait dénigrer sans se discréditer, tant ils font partie des plus grands, même sans une once de soufre dedans depuis plus de 20 ans. Quoi que puisse en dire à ce sujet, avec insistance dernièrement, Michel Chapoutier, dont on aimerait pouvoir penser autant de bien des siens après autant d'années, malgré leur sulfitage excessif.

Le vin "naturel", "nature", "vivant", "libre", quelque soit le qualificatif qu'il essaie d'adopter ou que l'on essaie de lui donner, pour exprimer sa différence et son style, sans heurter la sensibilité de vignerons conventionnels qui ne travaillent pas selon cette approche et qui ne veulent pas que soit sous-entendu qu'ils puissent avoir recours à des procédés et/ou des produits technologiques (restons polis), fait de plus en plus d'émules. Même s'il reste encore largement minoritaire. Indispensable alors d'encadrer son élaboration pour un maximum de crédibilité. L'Association des Vins Naturels, émanation d'un groupuscule de vignerons-penseurs (Marcel Lapierre, Pierre Overnoy...) s'est donnée pour mission d'arriver à un idéal: un vin sans intrant chimique, bio-logique et/ou biodynamique, à la vigne comme à la cave. Avec un niveau d'exigences élevé pour tenter de garantir une certaine qualité. On peut faire du vin "nature" sans adhérer à l'AVN, on ne peut pas adhérer à l'AVN si on ne fait pas du vin "naturel". La charte élaborée par les vignerons eux-mêmes se veut de plus en plus restrictive, même si elle n'est garante que de la manière dont le vin a été produit. S'en inspirer ne peut qu'être une bonne chose, s'en réclamer n'est aucunement une obligation. Juste un équivalent de certification qui permet aux vignerons affiliés d'avoir un poids plus important pour affirmer la réalité de leur vin "naturel".

 

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©AVN

 

Le vin "nature", c'est comme le yaourt. Sans ajout d'aucune sorte, et personne n'est obligé d'en boire. Mais quand on y a goûté et que l'on a aimé, il faut reconnaître qu'il est difficile de faire marche arrière. Forcément, il y en a des bons et des moins bons, des plus ou moins réussis, mais rien n'empêche l'amateur ou le professionnel de faire preuve de discernement, sans rejeter en bloc un processus qu'il a du mal à assimiler. À quoi peut bien servir la critique vinique, sinon à ça?

 

Olif

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