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latour de france

  • VDV#66: assis sur le bord de la route 66...

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    Roussillon : vignoble aux roux sillons (chez les vignerons qui labourent, tout du moins).

    Entre Tech et Agly, le vignoble du Roussillon ne marche pas sur la Têt, il l’enjambe. Ces trois fleuves côtiers des Pyrénées-Orientales délimitent schématiquement trois grandes zones géographiques au sein de ce gigantesque amphithéâtre catalan. Du calcaire des Corbières aux schistes de Collioure et Banyuls, en passant pas les alluvions de Rivesaltes, les marnes feuilletées de Maury et les îlots granitiques de Lesquerde, la diversité du paysage et des sols est grande. Ici, le grenache est roi, mais il n’est pas seul. Décliné en trois couleurs, noir, blanc et gris, il donne naissance à toute une gamme de grands vins secs mais aussi à des vins doux naturels, à Banyuls, Rivesaltes ou Maury. À ses côtés, on cultive la majorité des autres cépages méditerranéens : carignan, syrah, mourvèdre, muscat et quelques raisins spécifiques, comme le macabeu ou le lledoner pelut, qui donnent des vins secs à forte personnalité.

    Durement touché par la crise viticole, un vent nouveau, qui n’est pas la tramontane, souffle depuis quelque temps sur le vignoble, grâce à la vague d’installation de jeunes vignerons, souvent orientés vers une viticulture propre et/ou une vinification naturelle. Tout heureux de récupérer à bas prix de vieilles vignes plus ou moins abandonnées sur des terroirs d’exception, ils créent une saine émulation qui profite également aux autochtones de référence, implantés parfois depuis longtemps, et garants de la transmission du patrimoine.

    Passé en peu de temps d’un productivisme effréné à une viticulture exigeante et qualitative, le vignoble du Roussillon est en quête d’une véritable reconnaissance auprès des amateurs de vins. Les vignerons du Roussillon savent pertinemment qu’ils produisent le meilleur vin de la planète, il ne leur reste plus qu’à le démontrer et le faire savoir.

     

    Vendredisduvin

    Le Roussillon, c'est la route 66, celle des P.O., que notre bienaimée ex-présidente à vie des Vendredi du vin nous a demandé de suivre. La mienne s'arrêtera dans le 34, ce dernier vendredi de mai, avec un bref passage à Lisson pour saluer Iris, mais j'ai le sentiment que mon cheminement devrait me ramener rapidement dans le 66, tant j'aime creuser ce Roussillon vinique, entre terre, mer et montagne, qui me colle (ioure) à la peau et dont il ferait beau voir que je sois banni (yuls) un jour!

    Mais fi des jeux de mots à deux balles. Le Roussillon, dites-le avec des fleurs, parce que les vins de là-bas, Oh! que c'est bon!

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    Sous la protection naturelle du Canigou, la grande montagne pyrénéenne qui n'est pas faite pour les chiens, le Roussillon a des atouts à faire valoir. À condition de ne pas rester pas assis sur le bord de la route 66 (avec le blues et les cigales) ...

     

     

     

     

    Olif

     

    P.S.: le 1er juin, tous ceux qui ne voudraient pas boire le bouillon collectivement seraient bien aviser de glisser jusqu'à Clisson, cœur du Muscadet, pour s'en jeter un petit verre dans une céramique de premier choix.

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  • Faim de terroir!

    Terroir: gros mot, avec plus ou moins de choses dedans. Le monde entier nous l'envie, mais personne n'a encore réussi à se mettre d'accord sur ce que c'était exactement.

     

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    Dans les mains, deux types de sols argileux jurassiens, distants de quelques mètres l'un de l'autre. Trias contre lias, qui donneront naissance à des vins différents ...

     

    Une définition qui ne sort ni du Littré, ni de la cuisse de Jupiter, ni même du cerveau d'un sbire malengroin soit-disant amoureux de presque tous les plaisirs de la vie. Certes, le terroir, ça ne se mange pas, mais la terre, par contre, ça se palpe, ça se goûte et ça se hume. Et le climat, au sens bourguignon du terme (un lieu géographique, une exposition, un sol (un endroit quoi!, que l'on peut caractériser par un certain nombre de critères, distincts de ceux de la parcelle voisine), ça se ressent et ça se vit, autrement qu'en pointant son groin au-dessus d'un verre Inao. Pour ça, il faut savoir enfiler une paire de bottes, arpenter les rangées de vignes ou escalader les coteaux. Et tailler un brin de causette avec le bipède parfois bourru qui les cultive, lui-même également chaussé de ses bottes en chameau ou en tout autre animal avec plus ou moins de bosses. Avec un peu de chance et un bon microscope, on pourra même rencontrer, au détour d'un couloir, des levures, ces  micro-organismes qui veulent du bien au bon raisin, pour peu qu'on leur laisse faire leur travail correctement, sans les asphyxier à grands coups de viticulture délétère. Un choc frontal levurien, c'est justement ce qui est arrivé à Lilian Bauchet l'autre jour, alors qu'il fouinait dans les allées de la cave de son Château des Bachelards et qu'il est tombé sur un bon gros paquet de levures qui s'agitait dans ses cuves. De source sûre, il a appris dans le même temps que le goût d'un vin, c'était à 40% le terroir et à 60% les levures. Tuer la levure, c'est tuer le terroir, un peu. Alors, oui, faim de levures indigènes, faim de terroir, soif de vins qui ont d'la gueule, élevés en ciment, en amphore, en cuve béton ou en barrique (pas trop neuve de préférence). De belles tronches de vin qui devraient bientôt avoir leur guide, qui justement n'en est pas un. Tout au plus quelques pistes à suivre, à l'intention de l'amateur curieux susceptible d'être intéressé par ces tranches de vignes, à la découverte d'artisans-vignerons parfois forts en gueule, et de leurs vins, qui n'en manquent pas non plus.

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    Tiens, en parlant de château (mais pas celui des Bachelords), voilà que les Wine Industries américaines veulent s'emparer de la dénomination "Castle" (en anglais dans le texte, mais en français sur les étiquettes) pour fourguer plus facilement leur merde à boire aux Européens peu regardants sur la qualité, mais facilement impressionnés par un nom qui en jette. Les Bourguignons seraient également dépouillés de l'usage restrictif de leurs lieux clos. Une concurrence totalement déloyale, quand on connait la signification viticole de ces deux termes, dont la mention sur une étiquette se mérite, sur des éléments précisément définis dans un cahier des charges censé être strict. À Pomerol, la famille Laval-Techer, avec son Château Gombaude-Guillot et son Clos Plince, n'a pas fini de trinquer. Une double peine parfaitement injuste, mais, surtout, un sentiment d'inégalité vis à vis de tous ceux qui se donnent la peine de faire vivre un lieu en le respectant, tandis que d'autres accapareraient ce privilège sans le moindre effort, dans la seule optique d'un profit facile. Ceux qui estiment qu'ils s'agit là d'une simple broutille (les mêmes qui s'agenouillent, fesses en l'air, pour acclamer les financiers de tout poil, aux yeux bridés ou pas, qui s'achètent à grands coups de millions un domaine bien plus gros et bien plus cher que celui du concurrent) arguent que les meilleurs châteaux ne daignent même plus s'appeler "château" pour vendre. Pétrus, Cheval-Blanc, Lafite n'ont nul besoin d'accoler une bicoque, aussi prestigieuse soit-elle, à leur nom, tout comme ils ne communiqueraient pas sur l'agriculture biologique, comme n'importe quel paysan ou roturier, si, par bonheur ou dans un seul souci de prestige, ils se convertissaient officiellement au bon sens. D'autres pensent que les châteaux américains, dysneylandais ou espagnols tiennent la dragée haute aux masures bordelaises, question architecture, et que les conneries brimantes à la française, ça commence à suffire. On les suivrait bien volontiers sur le terrain de l'insignifiance du marketing chatelain (qui, parmi les amateurs, a encore vraiment envie d'acheter du Château Bordeaux?), mais de là à cautionner, par soit-disant esprit d'ouverture, un tel nivellement par le bas au profit d'une industrie pinardière cocacolière..!

     

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    Le Clos du Moucheron, à Calce. Un véritable clos qui n'a même pas besoin d'être revendiqué. L'amateur avisé sait en déceler toute la classe, rien qu'en mettant son nez sur un vin de Jean-Philippe Padié...


    Alors oui, au final, le vin doit plaire à celui qui le boit. Et s'il ne plait pas, il n'y a qu'à le remettre dans la bouteille. Mais, il n'est pas si surréaliste que ça de voir plus loin que le bout de son verre. Savoir comment le vin a été élaboré, qui l'a vinifié, dans quel contenant, par quelle méthode, dans quel château ou quel clos, ne peut qu'aider à sa compréhension. Le jour où les amateurs de vin, a fortiori ceux qui s'estiment dégustateurs, y compris les professionnels, arrêteront de se regarder le nombril et de ne raisonner qu'en fonction de de leur ego surdimensionné ou de leurs goûts bien souvent calqués sur l'avis de critiques qui se considèrent comme les seuls qualifiés à émettre un avis autorisé, ... euh ..., eh! bien, ... ce jour-là est loin d'être arrivé, en fait!

     

    Olif

     

    P.S.: le 11 novembre, à Latour (pas le château qui ne tient pas plus que cela à porter le nom de sa bicoque, mais celui de France), tout le monde est invité à venir signer l'armistice autour d'un verre, en évitant soigneusement les dépôts de gerbe en fin de journée. Tous les vignerons du village, avec quelques amis triés sur le volet, invitent à célébrer ce beau terroir du Haut-Fenouillèdes à grands coups de dégustation, d'exposition et de déambulation artistique. Qu'on se le dise!

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    P.S.2: les Tronches de vin ont pris un certain retard dans leur élaboration, pour des raisons de force majeure. Il va falloir patienter un brin avant de pouvoir les admirer au grand jour!

  • Hock ... c'est bon!

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    La première fois que j'ai rencontré Aline Hock, elle présentait son premier millésime du domaine des Mathouans à Olne, en son pays ou presque, aux côtés de Lucien Salani, mosellan beau parleur, grand buveur et bon vigneron aux domaine des Balmettes en Roussillon. Belge d'origine, travaillant loin de la vigne et désireuse d'une reconversion totale, c'est justement en sortant d'une dégustation mémorable et monumentale avec le même Lucien qu'elle a solennellement déclaré: "C'est ça que je veux faire!". Aline est donc devenue vigneronne dans le Roussillon, à Latour de France.

    La deuxième fois que j'ai rencontré Aline, elle s'ennuyait ferme en compagnie du même Lucien Salani à un salon bio et bourguignon qui n'a pas tenu toutes ses promesses, en terme de fréquentation. Ce qui a permis aux vignerons de déserter fréquemment leurs tables et d'aller goûter chez leurs confrères. Nul besoin de crier pour qu'elle revienne, Aline fut fidèle à son stand, elle, veillant dans le même temps sur celui de Lulu des Balmettes. J'ai pu ainsi agréablement goûter à ses macabeu, carignan, syrah et grenache. Aline est mutine, elle a décliné son prénom dans plusieurs de ses cuvées: MacAline, AdrénAline et AlineA. Elle n'a pas encore osé jouer avec son nom de famille, et c'est dommage, car il y a du potentiel, sans équivHock. Elle a baptisé ses autres cuvées du nom de leur parcellaire: carignan ou syrah d'En Rouzil, grenache de Coum de l'Houm, carignan de Saint-Martin. Et enfin, elle a habillé ses bouteilles de belles fleurs à l'image des vins, fins et délicats, comme ce Carignan rosé d'En Rouzil 2010 ou le délicieux macabeu floral MacAline 2010.

     

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    La troisième fois que j'ai rencontré Aline, c'est chez elle, à Latour de France, à l'heure de l'apéritif. Un apéro débuté tardivement, pour cause de virée vigneronne préalable sur les hauteurs de Trilla, village perdu du Haut-Fenouillèdes et vignoble sauvé en partie de l'arrachage grâce à l'obstination d'un autre vigneron talentueux dont on reparlera plus tard. Lulu n'était pas là, mais Renaud, le compagnon d'Aline, oui. Renaud, quand il n'est pas à la maison, il arpente les vignes du secteur avec son fidèle destrier pour rendre sa noblesse au métier de vigneron-laboureur. Les vieux coopérateurs ont souvent le regard qui brille et plein de conseils techniques à lui donner, quand il trace dans les vignes avec son cheval comtois. Il les écoute, mais fait à sa manière. Normal, c'est lui qui tient la charrue. Une pratique qui revient pourtant en force et rappelle aux anciens le temps d'avant, celui où ils travaillaient leurs vignes artisanalement plutôt que de les mécaniser intensivement. Le temps d'avant l'arrachage, qui prévaut de plus en plus à l'heure de leur retraite. Mais c'est sans compter sur ces furieux passionnés qui se battent pour conserver ce patrimoine végétal, parfois âgé de plus de 100 ans. "On ne pourra pas les sauver toutes!" lâche Renaud, mais on sent bien qu'à chaque fois qu'une vieille vigne peut être reprise, à l'achat ou en fermage, c'est une petite victoire pour tous ceux qui rêvent de ne pas voir ce passé dépérir à petit feu. En plus de labourer les sols des Mathouans, Renaud loue ses services à tous ceux qui souhaitent réintroduire le travail au cheval dans les vignes, dans le cadre d'un projet global précis, et pas seulement pour faire joli ou folklorique. Il y a du travail, pour lui, pour son cheval comtois, et vraisemblablement aussi pour un percheron supplémentaire, va savoir...

     

    La prochaine fois que je rencontrerai Aline, ce sera sans doute en France ou en Belgique, dans le vignoble ou sur un salon. Je ne sais pas encore quand, mais je sais déjà que je rencontrerai de plus en plus souvent ses bouteilles à ma table. Pour sûr, j'en ai dans ma cave!

     

    Olif

     

    P.S.: la vie des Mathouans au jour le jour, c'est sur le blog d'Aline, vigneronne blogueuse, de surcroît.