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p'tit poussot

  • P'tit Poussot

    Il était une fois ... un vigneron et une vigneronne qui produisaient plein d'octavins tous canons. L'aîné n'avait que 4 ans, et le plus jeune n'en avait qu'un seul. On s'étonnera que le vigneron ait eu tant de vins en si peu de temps; mais c'est que sa femme allait vite en besogne, et n'en faisait pas moins de plusieurs à la fois. Ils étaient fort contents de leur millésime 2009 qui leur plaisait beaucoup, et ils commençaient gentiment à les mettre en bouteilles. Ce qui les chagrinait encore, c'est que le dernier était fort délicat et jusqu'à présent ne disait mot: prenant pour bêtise ce qui était une marque de la bonté de son esprit. C'était du chardonnay qui provenait du terroir de Poussot, ce qui fit qu'on l'appela P'tit Poussot. Ce pauvre vin était le sans soufre-douleur de la maison, et on lui donnait toujours le tort. Cependant il était le plus fin, et le plus fruité de tous ses congénères, et s'il parlait peu, il se buvait déjà beaucoup. Il vint une année très fâcheuse, et la production fut si petite, que ces pauvres gens résolurent de se défaire de certains de leurs vins. Un soir que ces vins étaient couchés, et que le Vigneron était auprès du feu avec sa femme, il lui dit, le coeur serré de douleur :

    "Tu vois bien que nous ne pouvons plus élever nos vins ; je ne saurais les voir péricliter devant mes yeux, et je suis résolu de les mener perdre demain chez un caviste, ce qui sera aisé, car tandis qu'ils s'amuseront à s'empiler, nous n'avons qu'à nous enfuir sans qu'ils nous voient.

     

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    Arbois Chardonnay P'tit Poussot 2009, Domaine de L'Octavin


    "Ah!" s'écria la Vigneronne, "pourrais-tu bien toi-même mener perdre tes vins?" Son mari avait beau lui représenter leur grande beauté et leur valeur marchande, elle ne pouvait y consentir, ils étaient bons mais elle était leur mère. Cependant ayant considéré quelle douleur ce leur serait de les voir mourir de ne pas être bus, elle y consentit, et alla se coucher en pleurant. Le P'tit Poussot ouït tout ce qu'ils dirent, car ayant entendu de dedans sa bouteille qu'ils parlaient d'affaires, il s'était  débouché doucement, et s'était versé dans leur verre pour les écouter en étant bu.

    La suite, c'est une histoire de petits caillous blancs, traduisant une jolie minéralité fruitée et pure, qu'un vilain ogre avala à grosses lampées sans même se faire mal à l'estomac ni au caisson. Rien qu'un conte défait pour grands enfants buveurs, finalement...

     

    Olif, librement adapté de Charles Perrault

     

    P.S.: pardon Alice, pardon Charles, je ne recommencerai plus, c'est promis!

     

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