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2009

  • Balmes non académiques

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    Vin de Pays des Balmes Dauphinoises 2009, Mondeuse-Persan, Nicolas Gonin

     

    Voici une bouteille pour le moins non académique. Assemblage rouge de mondeuse et de persan, cette cuvée de 2009 du domaine Nicolas Gonin interpelle. Fruité, épicé, croquant et gouleyant, c'est le prototype du vin que l'on a envie de boire. Et pourtant, ces vignes situées dans l'Isère, personne n'en voulait plus, si c'est pas misère. Restructuré, replanté de vieux cépages, en conversion bio, ce vignoble perdu du Bas-Dauphiné a tout pour faire partie du gratin, désormais. Parce que le vin qu'il produit affiche une belle personnalité et a beaucoup de choses à dire.

     

    Olif

     

    P.S.: vin commercialisé par un caviste vert et avisé.

     

     

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  • Dutraive de Noël

    Il y a bien longtemps de cela que je n'ai pas ouvert une bouteille de Beaujolais. Deux ou trois jours, je ne me souviens plus. C'est long. Il faut savoir déposer les armes en cette période de Noël, véritable guerre des tranchées gastronomiques. Trêve écourtée, mais on ne va pas se battre pour autant. C'est la première fois qu'une bouteille du domaine de la Grand'Cour a fleuri à ma table. Un échantillon de vin passé sous le manteau depuis la Suisse voisine, garante de neutralité. Juste retour des choses. Jean-Louis Dutraive est un vigneron dont les bons échos n'arrêtent pas de retentir à mes oreilles, qu'ils viennent des bords du Grand Lac de Genève ou du pied de la Madone. Je n'allais pas passer plus longtemps à côté de cette bouteille sans y jeter une narine et une papille. Poivre et épices viennent surligner un joli fruit diablement gourmand qui glisse tout seul en bouche. Chapelle des Bois, pour beaucoup la Mecque du ski de fond dans le Haut-Doubs, désormais la Mecque du Fleurie au fond de la Grand'Cour pour d'autres.

     

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    Fleurie 2009 "Chapelle des Bois", Domaine de la Grand'Cour, Jean-Louis Dutraive

     

    Olif

     

     

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    P.S.: si vous n'avez pas encore cuisiné votre foie gras pour Noël, Jack Bauer vous sauvera la mise en 24 heures chrono. Dieu soit loué!

     

    P.S.2: petit cadeau de Noël avant l'heure, le programme de REVEVIN 2012 vient tout juste d'atterrir sous le sapin. De quoi se mettre en jambes avant la grande Ascension de Saint-Jean de Monts...

  • Lamery, le Bordeaux autrement

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    "Lamery, Lamery, si c'est un rêve, je le saurai", chantait il y a déjà bien longtemps Joe Dassin sans le savoir. Lamery, ce n'est pourtant pas un rêve et ce n'est pas l'Amérique non plus. Château Lamery, c'est un domaine familial du bordelais situé à Saint-Pierre d'Aurillac, à l'est de Langon, dirigé en biodynamie depuis 2006 par Jacques Broustet, "le sorcier des vignes" si l'on en croit la presse locale. À force de trop bien travailler ses vignes et ses sols et de ne plus trop travailler ses jus en cave (vinifications naturelles, sans additifs ni sulfitage, en dehors d'un méchage préalable des fûts), ses vins se voient refuser l'agrément en appellation Bordeaux, comme cette cuvée Autrement 2009. Je ne sais pas ce qu'il en serait si le vin était autrement, mais, comme ça, il est plutôt très bien et tous ceux qui ne sont pas autrement comme lui feraient bien de s'en inspirer. Le nez est très fruité, bigarreau et cassis, avec une pointe florale sur une touche lactique, la bouche possède des tanins ronds et enrobés, un bel acidulé et de la fraîcheur. Placé de manière non préméditée dans une dégustation éclectique et à l'aveugle de vins "nature", il s'est retrouvé en compagnie des Laurentides 2009 du domaine Gramenon et de Jadis 2008 du domaine Barral. Des Laurentides tout en puissance et en richesse, mais qui commencent à asseoir leur équilibre et une cuvée Jadis 2008 impressionnante de justesse et de précision. Le 2009 de Lamery s'en est plutôt très bien sorti face à ces deux sparring-partners de grande qualité.

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    Lamery, ce n'est pas un rêve et c'est tout à fait le type de vins que l'on a envie de plébisciter, surtout à Bordeaux où ils ne sont pas légion. Un vin "nature" et "vivant" qui pourra être dégusté au deuxième salon de l'AVN, le 7 novembre prochain, en présence du vigneron.

     

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    Olif

     

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  • Noces de pierre chaude

    N'importe quoi! Pas question de plomber l'ambiance, à l'occasion de ces 14 années de mariage. La pierre chaude vaut bien le plomb, même si j'ai bien failli me faire anglorer. Pour jouer l'épate, un Gevrey-Chambertin 1er cru les Cazetiers 2001 de Bruno Clair était au programme. On a frôlé les noces de bouchon! Vin bouchonné craint la pierre chaude et je ne me suis pas fait prier pour me rabattre sur cette Cuvée de la Pierre chaude 2008 du domaine de l'Anglore, descendue en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

     

     

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    En guise de préliminaire, un Indigène est venu faire se faire mousser. Avec l'amant Crémant de Stéphane Tissot, la bonne levure autochtone n'est pas une crevure. Pied de cuve de Vin de Paille pour la prise de mousse, zéro dosage, zéro sulfitage. Et, surtout, comment que c'est bon! Si Madame a mal à la tête cette nuit, ce ne sera pas la faute au sommelier...

     

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    Olif

     

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  • Le KAV se rebiffe...

     

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    Pas resté bien longtemps en cave, celui-là! Aussitôt acheté, aussitôt bu. Rencontré une première fois, il y a peu, dans les douves du Château de Brézé, servi par Karim Vionnet himself, entre deux Régnié de Charly et Jean-Paul Thévenet, ce Chiroubles 2009 tiendrait la dragée haute à des crus réputés plus charpentés. Du solide, avec du potentiel, mais déjà beaucoup de séduction et de plaisir donné. Un Vin de Kav qui ne dépareillera pas sur le livre de cave et qui peut se boire aussi bien dans les douves qu'à la cuisine ou au grenier. Va d'ailleurs falloir penser à en racheter!

     

    Olif

     

     

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    P.S.: le Beaujolais sera à la fête le 11 avril, avec la désormais célèbre Beaujoloise, qui se paye le luxe de parrainer son propre off bio parallèle. Grande classe, quoi!

     

     

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    Entre Beaujoloise et Biojolaise, va falloir faire les deux, en fait!

     

     

  • Du ploussard, point barre!

     

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    Arbois-Pupillin 2009 Point Barre, Philippe Bornard

     

    Des raisins de ploussard mis dans une cuve, point barre! Dire que certains pensent que les méthodes de vinification naturelle ne peuvent donner naissance qu'à du vinaigre! Il suffit juste de mettre en bouteille au bout d'un certain temps, au bon gré du vin et du vigneron.  "Ça devrait être interdit de faire du vin aussi bon!", m'a sussuré la marchande. Oui, Sandra, une telle bouteille est une incitation à la déraison et à la non-modération. Ça devrait être interdit de vendre du vin aussi bon. Point barre!

     

    Nota benêt: l'absence de soufre dans une bouteille de vin est susceptible d'entrainer une réaction épidermique chez les sujets sensibilisés au préalable. Si tel est le cas, merci de prendre conseil auprès d'un pharmacien ou d'un vulcanologue. Point barre!

     

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    Crédit photo: Planet Terre

     

    Olif

     

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  • Extra-révélation jurassienne...

     

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    Révélation extra, découverte par hasard dans la 3ème mouture du Carnet de Vignes de Sylvie Augereau, grande prêtresse de la Dive et croqueuse de raisin omnivore, de préférence "nature", également à l'origine d'une bonne bouffée d'air frais dans le microcosme jusque-là empoussiéré de la presse vineuse française. Cette Extra-révélation est généralement un coup de cœur décerné à un vigneron, un sommelier ou un caviste, pour "récompenser l'exemple qu'il montre et la route à suivre, pour boire encore meilleur". En 2010, c'est toute une région qui est consacrée. Une toute petite, par la taille, certes, mais grande par le talent et le nombre de jeunes pousses qui y sont semées. Tout cela sous l'œil bienveillant des valeurs sûres et des locomotives comme Stéphane Tissot, par exemple, qui a pris la pose pour la circonstance, en compagnie de Bénédicte son épouse. Le grand air du Jura se hume, se goûte, s'apprécie et ses terroirs ne demandent qu'à y être mis en valeur. Pour cela, le Jura peut compter sur sa gastronomie et, dans une moindre mesure, sur la toile, qui tisse quelques liens chaque fois qu'elle le peut. Le Blog d'Olif n'est pas peu fier de faire un peu de figuration dans cette extra-révélation, en compagnie d'un excellent Crazy Yellow, pas encore revenu de vacances d'été, et des cybercavistes également bien réels des Jardins de Saint-Vincent et des Zinzins du vin.

     

    Un aussi bel article, ça s'arrose! A grands coups d'Amphore 2009, par exemple, le dernier avatar de Stéphane Tissot, un "vin orange" à l'italienne. Pur savagnin récolté en surmaturité, macéré comme un rouge et élevé sans soufre en amphore de terre cuite. Encore une révélation extra, malgré son côté déroutant! Ça titre plus de 15° d'alcool et ça glisse pourtant tout seul. Ah! le Jura ...

     

     

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    Olif

     

    PS.: en partance pour la Capitale demain aux aurores, je suis en train de boucler mes valises. Sans oublier l'équipement indispensable, évidemment ...

     

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  • P'tit Poussot

    Il était une fois ... un vigneron et une vigneronne qui produisaient plein d'octavins tous canons. L'aîné n'avait que 4 ans, et le plus jeune n'en avait qu'un seul. On s'étonnera que le vigneron ait eu tant de vins en si peu de temps; mais c'est que sa femme allait vite en besogne, et n'en faisait pas moins de plusieurs à la fois. Ils étaient fort contents de leur millésime 2009 qui leur plaisait beaucoup, et ils commençaient gentiment à les mettre en bouteilles. Ce qui les chagrinait encore, c'est que le dernier était fort délicat et jusqu'à présent ne disait mot: prenant pour bêtise ce qui était une marque de la bonté de son esprit. C'était du chardonnay qui provenait du terroir de Poussot, ce qui fit qu'on l'appela P'tit Poussot. Ce pauvre vin était le sans soufre-douleur de la maison, et on lui donnait toujours le tort. Cependant il était le plus fin, et le plus fruité de tous ses congénères, et s'il parlait peu, il se buvait déjà beaucoup. Il vint une année très fâcheuse, et la production fut si petite, que ces pauvres gens résolurent de se défaire de certains de leurs vins. Un soir que ces vins étaient couchés, et que le Vigneron était auprès du feu avec sa femme, il lui dit, le coeur serré de douleur :

    "Tu vois bien que nous ne pouvons plus élever nos vins ; je ne saurais les voir péricliter devant mes yeux, et je suis résolu de les mener perdre demain chez un caviste, ce qui sera aisé, car tandis qu'ils s'amuseront à s'empiler, nous n'avons qu'à nous enfuir sans qu'ils nous voient.

     

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    Arbois Chardonnay P'tit Poussot 2009, Domaine de L'Octavin


    "Ah!" s'écria la Vigneronne, "pourrais-tu bien toi-même mener perdre tes vins?" Son mari avait beau lui représenter leur grande beauté et leur valeur marchande, elle ne pouvait y consentir, ils étaient bons mais elle était leur mère. Cependant ayant considéré quelle douleur ce leur serait de les voir mourir de ne pas être bus, elle y consentit, et alla se coucher en pleurant. Le P'tit Poussot ouït tout ce qu'ils dirent, car ayant entendu de dedans sa bouteille qu'ils parlaient d'affaires, il s'était  débouché doucement, et s'était versé dans leur verre pour les écouter en étant bu.

    La suite, c'est une histoire de petits caillous blancs, traduisant une jolie minéralité fruitée et pure, qu'un vilain ogre avala à grosses lampées sans même se faire mal à l'estomac ni au caisson. Rien qu'un conte défait pour grands enfants buveurs, finalement...

     

    Olif, librement adapté de Charles Perrault

     

    P.S.: pardon Alice, pardon Charles, je ne recommencerai plus, c'est promis!

     

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  • Dégustation de Rêve en petit Comité...

     

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    Ça y'est, je peux mourir. Pas après avoir vu Venise, un truc de belle-mère, mais pour être allé à la Romanée-Conti. Le rêve inaccessible de tout œnophile normalement constitué. Un genre de quête du Graal qui laisse complètement ébahi une fois la geste accomplie. Récit de cette journée épique, minutée comme une horloge suisse pourtant légèrement grippée à l'allumage. Finalement, 10 heures pile à Vosne grâce à l'emprunt d'un itinéraire-express. La ponctualité helvétique peut se hausser de nouveau du col.

     

    Sur le portail rouge, anodin en apparence, deux initiales au sommet. RC. Pas besoin d'en dire plus. Cela ne peut aucunement signifier Rez-de-Chaussée. Le quidam passe devant sans même se détourner, là où l'initié se génuflexionne et s'auto-flagelle à grands coups de guide vert de la RVF sur la tête, en rêvant de pouvoir un jour y introduire ne serait-ce que le bout d'un orteil.

     

     

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    En attendant le chef de culture Bernard Noblet, son petit panier de verres sous le bras, et le départ pour la cuverie, précaution d'usage et passage aux toilettes. Au fond à gauche, comme un peu partout ailleurs dans le monde. Sauf qu'ici, pour y aller, on passe devant des palettes de caisses en bois estampillées "Société civile du Domaine de la Romanée Conti" et sur lesquelles on peut aussi lire "La Tâche", "Richebourg", "Romanée Conti", "Montrachet". Juste posées là, en attendant qu'un transporteur vienne les chercher. Et les expédier au bout du monde. Les toilettes, elles, sont juste ordinaires. Comme un peu partout dans le monde, d'ailleurs. Il n'est même pas écrit DRWC sur la porte.

     

     

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    Les toilettes, c'est juste après les palettes, au fond à gauche.

    Toutes les commissions ayant été faites, y compris la grosse, celle qui consistait à régler en espèces une caisse bois tatouée 007 sur le front, c'est parti pour un endroit secret qui recèle de nombreux trésors. Les yeux bandés et à la queue leu leu .

     

     

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    "Je frappe au n°3, je demande Mr Noblet...."


    Au n° 3, de manière totalement anonyme, dans une rue de Vosne, on trouve une cuverie. Semblable à la plupart des cuveries bourguignonnes. Petite concession à la beauté vraie: des cuves en bois, la marque des plus grands. Ici, l'on produit l'un des vins réputé être le plus cher au monde. Il vieillit en silence à la cave, avec tous ses congénères du millésime 2009. Manquent juste à l'appel les Echezeaux et le Corton,  excusés pour cause de travaux.

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    Une fois parvenus dans le chai à barriques, le silence s'impose. Certains se frottent la moiteur de leurs mains sur le pantalon. Surtout, ne pas transpirer du front, que cela reste discret. Drôlement émouvant, quand même. La nuit, tous les chais sont gris, mais celui-là brille perpétuellement par la qualité des vins qui y reposent. Chaque fût est estampillé du nom de la cuvée qu'il contient, ce qui, il faut bien l'avouer, est très classe et particulièrement pratique pour s'y retrouver. Savoir que tous ces crus mythiques se trouvent à portée de pipette laisse rêveur. Une fois parvenu à cet endroit précis, aucun n'est inaccessible. On les goûte tous, comme on ferait de n'importe quel vin, dans n'importe quelle cuverie. La simplicité avec laquelle le visiteur de passage est reçu impressionne. Bernard Noblet, de prime abord très réservé, ne manque pas d'humour, essentiellement pince-sans-rire, incitant à la retenue réciproque tant que l'on ne l'a pas totalement appréhendé. La dégustation des 2009 au fût peut enfin commencer. D'un point de vue technique, 100% vendange entière (sauf cas particulier, selon les millésimes) et 100% fût neuf pour les Grands Crus.

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    Le premier coup de pipette fut pour les Grands Echezeaux. Plein, séveux, élégant et fin, il me subjugue déjà complètement, même malo non finie. Une entrée en matière de haut vol, qui laisse pantois quant à la suite à envisager. Mon Dieu, est-ce possible?

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    Suivant une progression logique dans la hiérarchie des crus, direction la Romanée Saint-Vivant, qui présente une structure beaucoup plus massive et imposante de prime abord. Le boisé, imperceptible au nez, se fait sentir en bouche, mais au service du fruit, qu'il vient soutenir. Équilibre frais, fin, avec un joli retour du fruit en finale, très persistant. Finalement, peut-être que Dieu existe?

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    Richebourg est dans la retenue. Le nez, très précis, s'ouvre sur une réduction passagère. On sent beaucoup de finesse, mais le vin est encore complètement resserré sur lui-même. La qualité des tanins ne laisse aucun doute sur celle du vin encore en devenir, qui devrait s'épanouir dans la longueur et la finesse. Sans nul doute le plus réservé de tous à ce stade, mais un véritable Dieu du stade.

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    Derrière, un fût qui fait Tâche! Non pas qu'il soit sale, évidemment, mais je ne sais pas m'en empêcher. Moi, La Tâche, j'en ferais bien mon vin de copain, si ce n'était le prix. Ouvert et généreux, il se donne comme pas permis. La finesse de grain est absolue, sur des notes légèrement florales, réhaussées par une pointe tonique (malo non terminée). Du bonheur déjà en fût, qui devrait se prolonger en bouteille. Mon Dieu, suis-je déjà au Paradis?

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    A tout seigneur tout honneur, le mot de la fin au fût de Romanée-Conti, le plus près de la sortie, en fait. Pour une fois, la malo est déjà terminée. Le seul des Grands Crus à l'avoir faite jusqu'à présent, alors qu'habituellement il se laisse désirer. Comment peut-on recracher ça, même à ce stade? Floral, fin, élégant, suave, hautement buvable. Le temps suspend son vol à nos lèvres. Le seau restera désespérément vide, même si, le fin du fin consistera à participer à l'ouillage collectif en remettant la dernière petite goutte du verre dans le fût où elle a été prélevée. Un petit geste solidaire mais méritant, que Dieu saura rendre.

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    Retour au domaine proprement dit, dans la salle de dégustation, pour un petit jeu de découverte du millésime et de l'appellation à l'aveugle. Comme une grosse cerise sur un gâteau déjà bien copieux, même si cela n'est pas apte à effrayer les dégustateurs besogneux que nous sommes.

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    - Échezeaux 1999: nez sur l'âge, à l'évolution harmonieuse. Chocolaté, un peu floral, avec encore du fruit, et des tanins "à faible niveau d'astringence". C'est à dire pas astringents du tout, en fait, mais avec une pointe d'acidité parfaitement intégrée. Long et persistant, loin de son apogée, ce "bas de gamme", dixit Bernard Noblet, un petit sourire en coin.

    - Échezeaux 1990: nez fin et complexe, aérien, sur le cacao et le pruneau. Tanins tout en dentelle, fins, frais et élégants. Grande longueur, toujours sur la finesse, la signature des grands millésimes.

    - Batard-Montrachet 1995: 900 bouteilles produites par an, une cuvée non commercialisée mais régulièrement proposée à la dégustation. Une vendange tardive sans botrytis, une cuvée "à l'ancienne", récoltée bien mûre, à la robe dorée par l'âge, au nez empyreumatique de vieux chardonnay, sur le cacao, la cire le beurre rance. Mais pas n'importe quel beurre rance! Un Bordier, un qui a du goût, de la personnalité, de la race et de la classe. La bouche est droite, bien sèche et minérale, s'opposant à l'exubérance et la richesse du nez, évoluant sur le beurre salé caramélisé, façon Kouign-Amann. Exceptionnel!


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    Gloire à Bernard Noblet, un saint homme qui préside aux destinées du cru le plus fabuleux au monde. Sans rire.


    Ainsi s'achève, la larme à l'œil, ce périple à la Romanée Conti, qui compta dans ma vie d'amateur, même si je ne suis pas Romanée de la dernière pluie. Avant de mourir, en fait, j'aimerais bien avoir l'opportunité de regoûter à ces 2009 dans une petite vingtaine d'années. Si cela n'est pas trop vous demander, mon Dieu?

    Olif

    P.S.: la DRC fait régulièrement "portes ouvertes", en ce printemps 2009, et bon nombre de privilégiés ont pu apprécié la grandeur du cru, ici ou . Les veinards!
  • La tronche en biais...?

     

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    "Petit ou grand, un bon vin a la gueule de l'endroit où il est né, et les tripes du bonhomme qui l'a fait." Cette petite phrase percutante de Jacques Puisais, très à la mode en ce moment, ne s'applique pas de la plus merveilleuse des façons à celui-là. Celui-là, il a la gueule de Travers mais pas la tronche en biais pour autant. Droit dans ses bottes, simple et franc, un poil rustique. Et des tripes, il en faut pour produire du vin ici à cette altitude.  Son nom, c'est le Travers-Saints, tout simplement parce qu'il renaît chaque année sur le coteau surplombé par l'église de Travers. Un  Travers-Saints 2009 particulièrement béni des dieux, probablement le millésime du millénaire, précédent et à venir, qui a bénéficié en outre de la plus haute technologie lors des vendanges, grâce à une très novatrice trieuse optique manuelle et oculaire, que bien des grands châteaux bordelais envieraient.

     

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    Come-back à Fleurier, donc, dans la cave-garage de la Clavenière, pour y déguster, de façon exhaustive et sans salir le bassin, la production  2009 de Christophe Landry, l'Helvète underground, et Pascal Stirnemann. Certainement le plus excitant tandem viticole de tout le haut canton neuchâtelois. Dégustation et consulting spécialisé, parce que l'avis des flying wine-blogueurs de France et de Suisse voisines, ce n'est quand même pas rien pour un domaine de cette importance, qui produit essentiellement un excellent pinot gris neuchatelois, aussi bien dans sa version sèche que liquoreuse. Des vignes situées à Serrières, un quartier neuchâtelois qui doit apparemment beaucoup à Suchard, et qui donnent un vin sec à l'équilibre plutôt tendu et aux jolis arômes de poire william. La richesse du millésime 2009 en plus.

     

    En rouge, l'assemblage Gamaret-garanoir est plutôt pulpeux. Un peu rustique, comme il se doit, avec une pointe d'amertume finale, mais des tanins enrobés et suffisamment de fraicheur. Et de la rondeur. Le Pinot noir Plénitude possède une belle robe rubis et pinote joliment. De la dentelle, dans le registre des pinots fins et élégants.

     

    Goûté également au Rosé de Pinot noir 2009 et à l'assemblage Clavin, 2 vins de négoce sans prétention, plutôt agréables, bien vinifiés et destinés à une consommation rapide auprès des Valtraversins, qui en sont friands, à ce qu'il paraît.

     


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    Le Pinot Gris passerillé 2007 de la Clavenière, c'est l'Yquem neuchâtelois, récent finaliste au Grand prix des Vins Suisses. Le 2009 est sur cette voie, celle du garage de Fleurier évidemment, mais aussi sur celle de la gloire. Une très belle liqueur acidulée s'exprimant curieusement un peu mieux à ce stade dans la feuillette neuve que dans le fût plus ancien.

     

     

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    Le consulting s'est ensuite poursuivi jusqu'en soirée, à la table du Restaurant S., une adresse fort sympathique planquée dans une petite rue de Fleurier. On y a essentiellement parlé vin, de Suisse et d'ailleurs, et Internet, de Suisse et d'ailleurs. Entre deux excellentes bouchées d'asperges, de risotto et d'agneau. Et entre deux gorgées de vin vaudois, valaisan et tessinois. Nul doute que de ce consulting-là, il en ressortira de grandes choses!

     

    Olif