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bourgogne

  • Si you laiteur, Aligoteur...

    1948, la Peugeot 203 prend son envol sur les routes de France, en version berline, coupé, décapotable ou utilitaire. Ça swingue sur le bitume!

    1955, Bill Haley surfe sur la vague du swanp pop avec ses Comètes en reprenant un titre de Bobby Charles qui a fait le succès du rock du Bayou. Ça swingue sur le dancefloor!

    2018, l'association des Aligoteurs voit le jour, à l'initiative d'une poignée de vignerons passionnés par l'aligoté (Sylvain Pataille et Laurent Fournier, entre autres) et de Philippe Delacourcelle, ancien restaurateur parisien désormais installé à Boisrouge, au cœur de la Côte, à Flagey-Echezeaux, également fou à lier de ce cépage généralement méprisé, qui mérite bien qu'on lui rende ses lettres de noblesse. Ça swingue dans le vignoble!

    Le lien entre tout ça? Le troisième salon dédié à ce cépage, ou, plus exactement, une garden-party post Covid, organisée dans les jardins de Boisrouge, une rencontre amicale, conviviale et festive avec barbecue à la clé, afin de mieux faire connaître et promouvoir ce soi disant petit blanc qui, lorsqu'il est bichonné, n'a nul besoin d'un trait de crème de cassis au fond du verre pour être transcendé. Une reprise en douceur dans l'univers de la dégustation, mais ça swingue!

     

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    See you later, Aligoteurs!

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  • Et Vadim ... créa le vin Aymé

    Aymé Vadim Sidorovitch n'a pas fait de cinéma dans les années 60. Ses divines créatures ne ressemblent pas à la BB* de Roger Vadim Plémiannikov, mais elle vieilliront sans doute plus harmonieusement, pour l'instant encore bien à l'abri dans l'obscurité des caves bourguignonnes. La mise en lumière de son micro-négoce bourguignon haut de gamme, spécialisé dans les grands crus de la Côte (celle qui est d'Or et non d'Azur), ne devrait plus tarder.

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  • Voyage dans l'Espace (Chambertin)...

     

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    Créée à la fin du XIXème siècle, la fête du vin de Gevrey-Chambertin a fini par arrêter son char. De populaire, elle était devenue élitiste et people, récompensant une personnalité de la gastronomie, de la presse ou des arts le premier vendredi de novembre. Jamais déchu, mais un peu déçu, le Roi Chambertin a simplement pris un congé sabbatique en 2001. Le Roi Chambertin est mort, vive le Roi Chambertin! Sous l'égide du Syndicat des vignerons de Gevrey, il règne de nouveau depuis 2011.

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    Sous une forme légèrement différente, recentré sur une grande dégustation à l'intention des journalistes professionnels et d'une poignée de blogueurs invités, de façon beaucoup plus restrictive qu'à l'édition 2013. Judicieusement accolé aux trois Glorieuses bourguignonnes de la mi-novembre, le Roi Chambertin ouvre le bal et, depuis deux ans, se répand dans l'Espace. Celui qui lui est dédié, dans sa bonne ville de Gevrey, (après deux premières éditions mitigées au cœur de Beaune). Une belle dynamique s'est créée, parallèlement à l'arrivée de sang neuf dans pas mal de domaines, la nouvelle génération qui s'affirme. Soudée, enthousiaste, avec l'envie d'en découdre dans le monde du vin et de faire parler d'elle, sous un œil parental plutôt bienveillant. La manifestation se poursuit les jours suivants, sous une forme caritative, avec moult animations, dont une vente aux enchères à l'intention des particuliers.

     

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    La primeur réservée à cet événement, c'est la découverte officielle du millésime précédent, que les vignerons refusent désormais de proposer à la dégustation printanière (devenue rituelle pour répondre à la demande de la critique internationale et du marché), ceci afin de ne pas avoir à soumettre aux professionnels du monde entier des échantillons pré-pubères, truffés d'acné ou de bulles malolactiques et toujours langés dans leur couche-culotte de chêne. Il faut néanmoins se faire une raison. Du bois, il en reste encore une ou deux stères par ci par là, affouage oblige, allant crescendo des villages aux grands crus. 2013, millésime de vigneron, sous-entendu compliqué à gérer, a été au final peu productif. Les jus sont jolis, plutôt concentrés, souvent serrés, de bonne garde et à attendre. D'ailleurs, ils ne sont même pas encore en bouteilles pour la plupart d'entre eux. Quelques "villages" se goûtent déjà très bien et auraient pu faire l'affaire lors du repas convivial qui a suivi. Généreux, les vignerons de Gevrey ont la bonne idée d'inviter des représentants d'une autre appellation. Le pass pour le Roi Chambertin, après Côte Rôtie l'année dernière, c'est au tour de Sancerre de s'en servir. Cinq vignerons ont fait le déplacement jusqu'en Bourgogne, pour proposer leurs vins à la dégustation et à l'apéritif qui a suivi. Un moment plutôt rafraîchissant, qui a permis de bien faire la différence entre sauvignon sur calcaire ou sur silex.

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    Téléportation Chez Guy, en l'espace d'un instant. Privatisé pour l'occasion, le célèbre restaurant local a fait salle comble pour accueillir une nouvelle petite poignée de présidents, mais pas de la République, cette fois-ci.

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    Moi, à la table des Présidents (du BIVB, du Syndicat des vignerons de Gevrey, du CAVB), chez Guy (and family), j'ai bien mangé et bien bu.

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    De 2013 à 2003, il n'y a qu'un pas, 10 petites années qui permettent de se rendre compte du potentiel du Roi Chambertin, très à l'aise dans les millésimes difficiles ou atypiques. Petit aperçu non exhaustif en images et, souvent, en grand format:

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    Laurence Mortet et Lavaux-Saint-Jacques 2003

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    Le Clos de Bèze de Drouhin-Laroze, top!

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    Jérôme Galeyrand, en balade sur la Croisette.

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    Arnaud Mortet au service du Chambertin 2003.

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    Chambertin 2003...

     

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    David Rossignol-Trapet, le sourire du Chambertin 2003.

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    Charmes Chambertin 2003 de René Bouvier.

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    Une soirée de ce calibre ne serait rien sans un numéro de duettistes parfaitement rôdé. Le discours officiel, prononcé dans un français parfait, avec juste un poil d'accent bourguignon, par Philippe Charlopin, avec traduction simultanée en anglais par Jean-Michel Guillon, à l'intention des nombreux journalistes anglo-saxons ou japonais ici présents, valait son pesant de Chambertin. Une chance que le Président revienne tout juste des States, ce qui lui a permis de largement peaufiner son accent.

     

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    Non, le Roi Chambertin n'est pas mort. Il a envahi l'Espace, celui d'une soirée.

     

    Olif

     

    P.S.: merci aux vignerons de Gevrey et à Fabienne Ballorin, qui a une nouvelle fois parfaitement géré l'organisation de cette journée.

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  • Il tape sur des merrains et c'est n°1!

     

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     C'est l'histoire de deux anthropophages qui sont à table. L'un dit à l'autre:

    - Pff! J'en peux vraiment plus de ma femme!

    - Finis au moins tes patates.

    L'accueil chez Dominique Derain, à Saint-Aubin donne tout de suite le ton. On est du bon côté de la vie, celui où l'on profite des bons moments sans se prendre trop la tête. Et où on se marre bien.

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    C'est donc légèrement pliés en deux que nous sommes arrivés à la parcelle des Bans, en compagnie du Dom et de Lorenzo de' Grassi, chantre du bon vin naturel italien. Les Bans, un hectare de vignes idéalement situées en haut de Saint-Aubin, une des premières parcelles acquises aux enchères, à bon prix suite à une liquidation, par Catherine et Dominique Derain. Un acte qui a véritablement lancé le domaine en 1989, même si elle est désormais exploitée sous forme de GFA. La parcelle originelle, il faut la chercher à Gamay, lieu-dit en Vasvaux, une friche datant de l'ère pré-phylloxérique, replantée de ... chardonnay et pinot noir en 89. Toujours cultivée en bio depuis cette date, elle offre à l'œil un paysage non modifié depuis près de deux cents ans.

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    Avant de faire du vin pour lui-même, Dominique Derain a vécu un certain nombre de vies antérieures, où il a été successivement tonnelier et régisseur de plusieurs domaines, de Chablis à Puligny. Des grands domaines, d'où il a toujours réussi à "se faire virer", en tentant parfois des expériences de vinification non homologuées par ses supérieurs hiérarchiques. De son passé viti-viticole, il a gardé un indéniable savoir-faire du vin. De son passé dans la tonnellerie, il a conservé une oreille musicale et un méga sens du rythme. La preuve en image, grâce à Lorenzo de' Grassi, qui a de bien meilleurs réflexes de vidéaste que moi!

     

     

    Si les fûts sont actuellement vides, c'est que tous les vins sont en bouteilles. La faute aussi à trois millésimes consécutifs peu productifs et grêlés. Les 2013 proposés à la dégustation goûtent déjà superbement, blanc comme rouge. Étiquetage relooké pour les Bans, nouvellement carossés avec une tôle rouge dans laquelle toutes les nuances du cru se déclinent. Le 2013 goûte étonnamment l'aunis (poivré végétal croquant) et c'est très bon.

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    En bonus, un Gevrey-Chambertin 2004 qui commence à donner tout ce qu'il a dans le ventre, dans un millésime pas facile.

    Pour le reste, tout le monde sait que Dominique a les deux reins solides et ce n'est pas les ennuis qu'il a pu avoir avec l'AOC dernièrement qui vont brider son enthousiasme.

    Un foie, Derain, trois raisons de boire du Saint-Aubin!

     

    Olif

     

    P.S.: c'est les vacances, le blog d'Olif fait légèrement relâche, tout en vaquant à quelques obligations viniques. Dont une petite interview dans l'Express qui ne manque pas de style...

     

     

     

  • Beau comme un Grand jour...

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    C'est le printemps, les jours rallongent, le soleil refait son apparition, la douceur se réinstalle. En Bourgogne un peu plus qu'ailleurs, peut-être. C'est le temps des Grands jours. Un événement incontournable dans le gotha professionnel et mondain du vin. L'occasion unique de se frotter aux plus grands crus de la Côte, celle qui change le raisin en Or. Une semaine de festivités quasi ininterrompues, de Chablis à Mercurey, avec néanmoins beaucoup de travail pour le professionnel du vin qui se respecte. De beaux, chauds et grands jours en 2014, en espérant que l'année soit clémente côté rendements, après deux années de disette, même si de bonne qualité. 

    Si le lundi, classiquement, c'est Chablis (ou raviolis, selon sa culture) le mardi, pendant les Grands jours, c'est Côtes de Nuits. Quatre sites différents pour goûter à pratiquement toute la Côte. On commence à Gilly, que l'on n'avait pas vu de Citeaux. De Morey à Chambolle, tout un programme à déguster dans le cadre agréable et très joliment rénové de la Grange de Saulx. Et une succession de coups de cœur, du simple village au grand cru.

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    Au domaine Arlaud, tout d'abord, en compagnie de Cyprien Arlaud, portraitisé dernièrement sur la quatrième de couve du numéro 111 du Rouge & le Blanc. Des vins tout en élégance et en finesse, du simple village aux grands crus, Clos de la Roche et Bonnes Mares. Des 2012 particulièrement réussis et qui donnent envie.

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    Jolie gamme chez David Duband, également, dans un style un peu plus appuyé. En bio depuis 2006, le domaine ne le revendique pas du fait d'un négoce non certifié, afin de ne pas créer la confusion. La démarche est honnête.

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    Et puis le Clos de Tart, quand même. Dur de résister. Un 2012 exceptionnel, d'une grande finesse, que l'on ne rechignera pas à goûter. Toujours aussi grand, tout comme le Clos des Lambrays dégusté un peu plus loin, un vin d'une exquise délicatesse. Les Grands crus de Morey, une affaire qui semble définitivement close.

     

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    Pourtant, du côté des premiers crus, la porte reste grande ouverte aux outsiders. Les Chaffots du domaine Hubert Lignier mériterait de prendre l'ascenseur, tant ce vin est à couper le souffle. Comme tous les vins du domaine proposés à la dégustation, d'ailleurs, issus de la meilleure lignée. Un véritable coup de cœur, dans un style empreint de finesse et d'élégance, qui laisse le pinot noir s'exprimer en toute sérénité.

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    Chez Alain Jeanniard, deux très beaux 2011, un Bourgogne et un Morey. Pas bien goûté les 2012, tirés du fût et difficiles à apprécier. À revoir d'ici quelque temps, sans doute.

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    Après un petit en-cas en meurette, départ pour le Clos de Vougeot, pour déguster, dans un cadre majestueux, les plus grands et nobles crus de Bourgogne. Vosne, Échezeaux, Grands Échezeaux, Richebourg, Clos de Vougeot, pas beaucoup de vins de soif pour se sustenter à l'heure du repas. L'occasion de se frotter à l'élite de la Bourgogne et d'en découdre avec de la grosse quille. La force tranquille de Thibault Liger-Belair a écrasé ma (petite) dégustation de sa classe. Du Vosne Aux Réas 2012 jusqu'au Richebourg 2012, en passant par le Clos de Vougeot. Superbe Vosne-Romanée 2012 chez Jean-Yves Bizot, la seule cuvée présentée. Deux beaux Échezeaux au domaine Naudin-Ferrand (2012 et 2008) et intéressante verticale du Clos de Vougeot chez Sylvain Loichet, jeune vigneron en bio, particulièrement remonté contre les pratiques de certains de ses confrères à l'intérieur même du Clos. Pourrait-il y avoir un parfum de Vino Business dans le landerneau bourguignon?

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    Après avoir croqué dans quelques excellents petits sandwiches, départ pour Marsannay, non sans avoir arpenté à pied la route des Grands crus et musardé dans le Musigny, un grand cru très en Vogüe.

     

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    Après le charme de la grange de Saulx et le prestige du cellier du Clos de Vougeot, la maison de Marsannay faisait architecturalement pâle figure. Stores baissés pour que les vins ne se réchauffent pas trop sous le soleil bourguignon de ces chauds jours. Mais foin de l'architecture du lieu, concentrons-nous sur le contenu pour apprécier quelques trésors du nord de la Côte de Nuits.

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    Chez Gilles Ballorin, d'abord. Dont les Échezots et le Clos du Roy font désormais partie du must de l'appellation. Des climats qui briguent l'appellation Premier cru et dont le dossier est en bonne voie auprès des instances de l'INAO. Ce qui est somme toute logique, puisqu'il s'agit là d'un classement de terroirs, ne prenant pas en compte le nombre de places de parking disponibles au domaine. Le classement en premier cru, c'est aussi sa Pataille, à Sylvain, et il a sans doute juré de ne plus aller chez le coiffeur tant que tout cela ne serait pas entériné.

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    Et puis une belle découverte, le domaine Jean Fournier. De beaux futurs premiers crus, Trois Terres (assemblage de climats) et Clos du Roy, et enfin, le coup de cœur de la série pour cette P'tite Grumotte 2012, cuvée spéciale de grains millerandés, qui se grume et qui se croque avec un plaisir coupable.

     

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    Pas inscrit pour la session de Nuits, parce que je pensais ne pas avoir le temps de faire les quatre sites dans la journée. Grossière erreur! Alors, juste une bière en terrasse dans la rue piétonne de Nuits avant qu'elle ne tombe, plutôt que de goûter aux Vellerots ou autres Saint-Georges de quelque producteur de qualité.

     

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    Retour à Marsannay dans la soirée, en costard mais sans cravate, au château, récemment repris en (bonnes?) mains, pour une Paulée qui a l'habitude de mettre à l'honneur une personnalité du Mondovino. Cette année, bonne pioche, puisque c'est Jonathan Nossiter qui a été salué pour son nouveau documentaire autour du vin, Natural Resistance, en anglo-italien dans le texte. Une reconnaissance quelque peu empoisonnée pour le réalisateur, loin de s'être retrouvé en terrain conquis.

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    La résistance naturelle du bourguignon à se retenir de faire sauter les bouchons s'est avérée bien inférieure à sa capacité à regarder de larges extraits d'un film militant sur la défense de l'agriculture et du terroir. La projection s'est terminée dans un brouhaha inévitable, coupant court à toute velléité de discussion. Une chance? Certains sujets auraient pu fâcher. Il n'empêche. Voir, en avant-première, Stefano Belloti prouver par 9 la différence entre un sol vivant et un terroir complètement mort avait quelque chose de jubilatoire.

     

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    Et dire qu'il n'y eût même pas un seul ban bourguignon pour donner un ton folklorique à la soirée...

     

    Olif

  • La cicadelle et la fourmi

    La cicadelle ayant doré tout l'été se trouva fort dépourvue quand l'hiver fut venu. Occupant les réseaux sociaux et les médias depuis quelque temps, il ne serait pas étonnant que certains esprits chafouins en aient ras le Giboulot. Mais, il est temps pour moi de mettre mon pied dans la fourmilière!

     

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    Que n'aura-t-on entendu, dans cette affaire! Y compris que le vigneron cherchait à faire sa propre pub! Entre ceux qui n'y connaissent rien en flavescence, mais qui ne peuvent s'empêcher de donner leur avis parce que c'est leur métier (de donner leur avis, aussi ennuyeux puisse-t-il être!), ceux qui y sont confrontés et restent malheureusement désemparés, quelques billets intelligents émergent du lot, essayant d'adopter un regard objectif sur les tenants et les aboutissants du problème. Nicolas Lesaint, d'abord, qu'il faudra sans doute canoniser un jour, tant il en est un, de le Saint, même qu'il essaie d'être lucide et clairvoyant dans la pratique de son métier (dans un château bordelais, il est vrai, personne n'est parfait!). Et puis Miss Glouglou, qui a fait un beau papier relayé en Une de Le Monde, ce qui lui a assuré plus de 15000 vues sur la seule journée d'hier, auxquels il va désormais falloir ajouter la poignée de lecteurs du blog d'Olif qui ne sont pas encore ouverts au monde de la flavescence. Auparavant, Marthe Henry avait fait l'actu du vin contaminé par la cicadelle, avec une approche très pro sur le sujet. Et puis, le taulier, présumé retraité, a aussi tenter de jouer les conciliateurs et d'apaiser les esprits. Un des commentaires de son billet est à ce titre particulièrement édifiant sur le rôle joué par la filière dans la décision d'envoyer Emmanuel Giboulot en correctionnelle! Et, au rayon "inculte, écologiste et extrêmiste", il y a même Olivier B. qui s'est fendu d'un billet de blog explicatif!

    La cicadelle, deux ou trois choses que je sais d'elle. Pas grand chose en fait, c'est surtout pour la rime. Il est sans doute illusoire de l'éradiquer complètement et définitivement. Et surtout, il semble démontré que les traitement préventifs n'ont pas de réelle efficacité. Et surtout pas dans le temps. Être ou pyrèthre, là est la question! L'acte de désobéissance civile dont a fait preuve Emmanuel Giboulot ne méritait certainement une telle épreuve (passage en correctionnelle!), alors que ses vignes étaient indemnes de cicadelle au moment de l'arrêté préfectoral obligeant à traiter. Et de là à dire qu'il en a profité pour faire la promotion de son domaine et de ses vins! Combien de ceux qui glosent de façon un peu nauséabonde à ce sujet le connaissent et ont déjà goûté à la Combe d'Ève, à Lulune ou aux autres cuvées d'Emmanuel? Des vins qui n'ont nul besoin de cette pseudo publicité pour se vendre, d'ailleurs ils sont déjà tous vendus.

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    Emmanuel Giboulot à Lille, en 2011. L'insouciance, encore, bien loin de l'effervescence de la flavescence!

     

    Les vignerons bio du Jura, qui soutiennent Emmanuel, n'ont pas non plus envie d'avoir le nez dans le pyrèthre. La flavescence n'a pas encore traversé la Saône, mais ils s'organisent déjà pour savoir comment faire face au problème si celui-ci arrive un jour. Sans avoir à traiter de façon complètement aléatoire et inefficace. Nul doute que lors du prochain salon du Nez dans le vert, l'affaire de la cicadelle ne sera pas encore cicatrisée!

     

    Olif

     

     

     

     

  • Le Village

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    Gilles Ballorin présente

    Le Village

     

    "Une petite communauté vit dans la terrifiante certitude qu'aucun bon vin ne peut être produit avec les raisins provenant des vignes de la Côte, à l'écart du village. Cette croyance populaire est si convaincante que personne n'ose goûter à un vin vendangé au-delà des dernières maisons, et encore moins s'éloigner des terroirs et des climats réputés ... Le jeune Gilles Ballorin, un garçon entêté, est cependant bien décidé à aller voir ce qui se cache par-delà les limites de Nuits-Saint-Georges, et son audace menace de changer à jamais l'avenir de tous..."

     

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    Ne pas se fier à la bande-annonce, il ne s'agit ni d'un film d'horreur, ni d'un mélo larmoyant. Au contraire, les 2010 de Gilles Ballorin, dégustés la semaine dernière à l'occasion de son opération "Liquidation totale", donnent plutôt dans la superproduction fantastique et jouissive. Palme d'or pour ce Village aérien et libéré, à la buvabilité extrême qui lui sied particulièrement bien. Le Nuits-Saint-Georges Belle Croix et, plus encore, Les Damodes 2010, feront de grandes bouteilles pour un peu plus tard, même si on peut déjà se faire largement plaisir car ils sont loin d'être inabordables. Quand la Côte de Nuits donne le meilleur d'elle-même. Faudrait surtout pas que ça s'arrête là, cette histoire...

     

     

     

     

     

    Dans le Village, perdu sur la Côte, la Nuits, personne ne vous entendra déguster...

     

    Olif

     

    P.S.: petit aperçu de la critique, dithyrambique:

     

    Libération: ça, c'est du vin!*****

    Télérama: un vrai vin d'auteur!*****

    Studio: quand super production rime avec ... euh... superproduction.**********

    Les Inrocks: on en boirait!******

    Picsou Magazine: Ballorin coin coin!***

    B&D: désolé, mais pas reçu de place gratuite (non noté)

     

    P.S.2: histoire de ne pas se fatiguer les papilles inutilement en tastingeant tous les week-ends, les gens raisonnables se réserveront pour deux petits salons parisiens épatants le week-end prochain: Buvons Nature, à l'Espace Beaujon, et Vignerons en Seine, sur la péniche Mélody.

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  • Ballorin, moins t'en bois, plus ça craint!!!

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    "Ballorin, plus t'en bois, plus t'es plein!!!". Serment d'ivrogne, peut-être, mais d'ivrogne distingué, qui sait ce qui est bon. Cette inscription figure dans des toilettes dijonnaises classieuses, où tout un chacun peut écrire sur le mur sa maxime préférée, en relation avec le vin le plus souvent, tant ce dernier peut faire pisser et désinhiber. Même consommé avec modération, ce qui est hautement recommandé par la haute autorité sanitaire de ce pays.

     

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    Autrement formulé, les vins de Gilles Ballorin & F (pour femme, filles, Fabienne) sont désormais un chef d'œuvre en péril. Contraint à la liquidation totale, pour cause de revirement bancaire, Gilles Ballorin doit refaire sa trésorerie, sa banque refusant de cautionner son découvert sur les stocks existants. Aucun problème de vente, pourtant, ni même de production, juste un manque d'argent, le nerf de la guerre.

     

    "On ne sauvera pas tous nos vignerons un par un", comme dirait Le Darou, jamais avare de formules choc ou de lieux communs, selon son inspiration, mais on peut au moins essayer. Surtout pour ceux que l'on aime et qui travaillent bien et proprement.

     

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    Si par hasard, vos pas ou vos roues vous guident du côté de Morey-Saint-Denis les samedi 26 et dimanche 27 novembre, sachez que les vins de Gilles Ballorin ne font pas mal aux reins. Qu'ils rendent la vie meilleure, se boivent sans avoir très soif et guérissent même des ongles incarnés. On pourra les toucher, les goûter et même en acheter, au 17 rue Ribordot à Morey.

    Avis à la population, et qu'on se le dise..!

     

    Olif

  • Non aux bioconcasseurs!

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    ©Florence Kennel


    Quand elle se balade en vélo au dessus des vignes de Gevrey, Florence Kennel n'a pas le nez dans le guidon. Elle sait admirer les paysages et s'offusquer des chamboulements de terroir. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, quand une pelleteuse vient peler le sol, concasser la roche-mère et modifier de façon définitive les capacités du sous-sol à exprimer ses caractéristiques naturelles. Le débat est évidemment ouvert, contradictoire et musclé, repris de manière objective par Laurent Gotti, de Bourgogne aujourd'hui, en s'appuyant sur les déclarations des différents protagonistes. Si le Gevrey-Chambertin Bel Air du domaine de la Vougeraie, vitrine et bonne conscience biodynamique du groupe Boisset, est un vin généralement "maigre et manquant de corps", selon Pierre Vincent, régisseur du domaine, cela serait la faute au sous-sol, incapable de laisser la vigne s'implanter correctement. "Faux" rétorquent Claude et Lydia Bourguignon: "Le problème vient du végétal". Toujours d'après eux, si ce terroir a été classé de tout temps en premier cru, il est impensable de ne pas pouvoir y produire un vin digne de ce nom. Maintenant que les dégats sont faits, par le biais d'une pratique dévastatrice qui tend, paraît-il, à se généraliser, il ne reste plus qu'à espérer que les résultats soient à la hauteur des espérances, car aucun retour en arrière n'est possible. À moins d'avoir recours désormais à un déconcasseur? Cette pratique, incertaine et douteuse, suscite donc de grosses interrogations, à l'heure même où les Climats de Bourgogne sollicitent leur inscription au patrimoine de l'humanité, au titre d'héritage historique exceptionnel. Jusqu'à quel point, dans la région par excellence qui se gargarise de ses terroirs, l'homme peut-il remodeler le sol sans le trahir? Et sur quels arguments? J'imagine sans peine que les moines cisterciens doivent se retourner dans leur tombe!

    Et dire que certains persistent à ne pas vouloir intégrer l'intervention humaine dans cette notion fondamentale qui lie le vin au lieu où il est produit...

     

    Pendant ce temps-là, Olivier Cousin, qui ne milite pas pour le classement de son terroir angevin au patrimoine de l'UNESCO, continue de labourer à cheval et de voir refuser ses vins à l'AOC...

     

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    Olif

     

     

     

  • Open cellars au domaine Lescure

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    Courant mai, le domaine Chantal Lescure a pour habitude d'ouvrir en grand les portes de son domaine. Opération nettoyage de printemps au cours de laquelle les fidèles clients peuvent venir chercher leur allocation annuelle, mais aussi où les anglophones de passage à Nuits-Saint-Georges peuvent venir jeter un coup d'œil à la cave. Open cellar et open bar avec modération. Ce jour-là, on peut goûter à toute la production du domaine et même profiter de la venue d'un invité dont les vins sont distribués par DingoVino, la cave dijonnaise de François Chavériat, responsable de la grande qualité des vins du domaine Lescure depuis plus d'une dizaine d'années, comme chacun sait.

    Luc Vignal est vigneron dans les Costières de Nîmes où il exploite 40 hectares de vignes en compagnie de sa femme. Une telle surface, ce n'est pas rien, et jusqu'à il y a peu, les vins de la propriété étaient vendus en vrac au négoce. Depuis qu'il se consacre à temps plein au domaine, Luc a fait Marche avant. En entamant une conversion bio et en embouteillant sous lui-même sous le nom du Mas du chêne. Et puis, il a fait Marche arrière, en produisant du Vin de France. Marche avant, un assemblage de grenache blanc et roussane frais comme un gardon. Marche arrière un gouleyant rosé de saignée acidulé. Marche arrière, une carbo de carignan, complétée par grenache et syrah pour ne pas trop faire carbo. Marche avant, une cuvée de rouge un peu plus "sérieuse" mais dont les tanins ne sont pas envahissants. Élevage un peu plus long, avec une part de fûts, c'est un 2009, contrairement aux précédents, millésimés 2010. Les jolies étiquettes du domaine, au charme suranné, sont une création originale signée The Bazart.

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    Mas du Chêne, Luc Vignal et Emmanuelle Delon, 30800 SAINT-GILLES

     

    Après ces préliminaires sudistes, la dégustation des 2009 du domaine Lescure s'annonçait plutôt bien. 4 blancs pour commencer et se refaire un palais bourguignon. Le Côtes de Beaune du Clos des Topes Bizot est top, évidemment, fin, net élégant et pas du tout biseauté. La Grande Chatelaine, toujours en Côtes de Beaune, a une personnalité plus marquée et s'exprime plus dans la puissance. Le Nuits-Saint-Georges Les Creux Fraîches Eaux et le Meursault Pellands demanderont plus de temps pour se fondre, du fait de l'opulence du millésime et l'élevage un peu plus marqué.

    En rouge, les cuvées d'entrée de gamme (Bourgogne et Côtes de Beaune du Clos des Topes Bizot) sont gourmandes à souhait, la palme une nouvelle fois à la finesse des Topes Bizot, un climat avec lequel j'ai décidément beaucoup d'affinités. Dans les crus, après un joli Volnay, Pommard se décline en 3 climats. Aux solaires Vignots, je préfère la fraicheur des Vaumuriens, qui vaut mieux que rien en étant son pendant exposé nord. Les Bertins sont plus complets et plus riches, peut-être encore un peu massifs à ce stade. Le Chambolle-Musigny Les Mombies est toujours aussi séduisant et élégant. En Nuits, les très belles Damodes sont pour moi un cran en-dessous des superbes Vallerots, combe froide qui exhauste la minéralité et la fraicheur des tanins. Le Vosne-Romanée Les Suchots goûte un peu fermé et compact à ce stade, et l'apothéose est atteinte avec le Clos de Vougeot, aux enivrants arômes de violette et au grain de tanins d'une grande délicatesse. Un fin et pertinent dégustateur.com, grand connaisseur en crus bourguignons, m'a soufflé que ce Clos avait des airs de Côte Rotie bourguignonne. Il n'a pas tort, le bougre. Quand le pinot syrahte...

     

    Olif

     

    P.S.: les 27 et 28 mai, à Épicuréa, Poligny, Jura, une grand-messe gustative sera célébrée par Philippe Bouvret, avec la participation de Julie Balagny, productrice de Beaulolais et nouvelle reine de Fleurie, Gilles Berlioz, le savoyard symphonique, et Olivier Lemasson, qui n'a de maçon que le nom parce qu'il fait aussi du vin de Loire et qu'il sait le conter. En présence (exceptionnelle) de Fanfan Ganevat dans le rôle de l'enfant de chœur, même qu'il aura peut-être bien un ou deux trucs à faire goûter. À ne manquer sous aucun prétexte, donc. Quel dommage pour ceux qui habitent si loin...

     

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  • Gilles Ballorin, le bal(l)adin de la Côte...

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    Une visite chez Gilles Ballorin démarre généralement au quart de tour. Quelque soit le trafic. Sauf le sien, une camionnette Renault âgée et un peu molle de la batterie, parfois, mais généralement encore admissible au contrôle technique. 6,20 ha de vignes égrenées tout le long de la Côte de Nuits, de l'extrême-nord au sud lointain, cela nécessite une bonne monture. De Chenôve, ultimes parcelles résistant à l'urbanisation dijonnaise galopante, jusqu'à Comblanchien, Gilles Ballorin se balade dans la Côte de long en large. Sa cave, située dans le bas du village de Morey, le long de la 74, est celle d'un ancien négociant qui a fait de mauvaises affaires. Lorsqu'il l'a racheté, Gilles en a plutôt fait une bonne. Les lieux sont un peu démesurés  grands pour lui, mais, du coup, il prend ses aises. Convaincu dès le début par le bio et la biodynamie, le domaine Ballorin & F (pour filles, femme, Fabienne, Filomène?) a d'emblée converti les parcelles exploitées pour leur permettre de s'exprimer de la plus belle des manières.

     

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    Son fleuron, ce sont ses Damodes, un cru à la mode de chez Nuits. Situées dans la partie haute du climat, celle qui est en "villages" (en bas de la route, ce sont des premiers crus), les Damodes de Gilles Ballorin ont pour voisines celles du domaine Chantal Lescure, joliment complantées à cette saison de petites fleurs violettes. Vive la biodiversité biodynamique! La friche de gauche finit de rassurer sur l'absence de pollutions de voisinage. Du haut de cette grosse vingtaine d'ouvrées, le paysage est très ouvert et remarquable. Tranquille et sereine quiétude. Coteau plutôt pentu, la parcelle est travaillée au cheval. Ce qui a le mérite de rendre le sol particulièrement vivant. De la terre qu'il fait bon humer et prendre à pleine main.

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    Des Damodes à Morey, pour éviter le trafic routier, quand le Trafic Renault veut bien démarrer, l'itinéraire passe par la route des Grands Crus, devant la Romanée-Conti et derrière le Clos-Vougeot. Dans les jeunes vignes du plus célèbre des crus bourguignons, avec un peu de chance, on peut voir Mickey, le plus célèbre des chevaux comtois bourguignons, s'affairer et s'appliquer à tracer de beaux sillons.

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    De retour dans les immenses caves du domaine, la dégustation des 2010 en cours d'élevage peut commencer. Bien ancrées dans le terroir bourguignon et l'histoire de France, l'entrée de gamme est constituée d'un fier aligoté dénommé Le Hardi, dont il faut bien se garder, à gauche comme à droite, d'un Bourgogne blanc Sans peur, mariant crânement et voluptueusement pinot blanc et pinot beurot au chardonnay musqué, d'un Bourgogne rouge Le Bon, parce qu'il est bon, évidemment, mais surtout du nom de Philippe III, le plus mécène des Ducs de Bourgogne, et, enfin, d'un Bourgogne Passetoutgrains plutôt Téméraire et majoritairement pinot noir, tu parles, Charles!

    Si 2010 a retrouvé les vertus élégantes, fines et désaltérantes de 2008, en donnant des vins très frais et digestes, 2009 se pose comme un véritable papa, par son potentiel puissant, solaire et chaleureux. Des vins taillés pour la grande garde, cela paraît évident.

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    En 2010, le coup de cœur sera rose. Le Marsannay Cœur de rose est un rosé. Oui, comme son nom l'indique. Non sulfité, élevé en barrique. Du velours pour le gosier. Un tutu de ballerine qui vient caresser le fond de la gorge au cours d'un entrechat sans les pointes.

    Les rouges 2010 n'ont pas tous terminé leur malo mais on pressent déjà de belles choses.

    Après le fût, la bouteille. Le Fixin 2009 Les Chenevières est une petite bombe fruitée. Pas de SO2 à la mise, ce qui en fait un vin décomplexé et particulièrement expressif, avec une jolie matière derrière. Le Nuits-Saint-Georges Les Damodes 2008 possède déjà toute la magie du cru. Un grain de pinot très fin et épanoui qui ne demande qu'un peu de temps pour encore mieux s'exprimer. Le Morey-Saint-Denis Très Girard devrait à terme donner un joli vin. La parcelle, située dans le bas du village, vient tout juste d'être reprise et doit encore s'acclimater à son nouveau mode cultural. Le 2009 pinote joliment et possède une belle fraicheur acidulée sur des tanins bien enrobés.

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    Une balade sur la Côte ne saurait se terminer sans une visite amicale à la Capitale des Ducs de Bourgogne. Les dijonnais vont avoir un bien joli tramway, mais pour l'instant, c'est plutôt le Bronx question circulation! Suivez le guide et il vous emmènera tout droit Ô gré du vin. Une cave comme on aimerait en voir plus souvent, en plein cœur de la ville, 106 rue Monge. Un endroit qui regorge de trésors, tant Bertrand Joinville est un caviste avisé dans ses choix. Il aime les grands contenants, ce qui n'est pas une mauvaise chose lorsqu'il s'agit de vins du Beaujolais. Magnums de Poquelin 2010 des Côtes de la Molière ou Jéroboam de Morgon de Marcel Lapierre pour les grandes et bonnes soifs!

     

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    Chez Bruno, comme son nom l'indique, le patron s'appelle Bruno. Mais, pas comme dans la chanson, on n'y boit pas de tord-boyaux. Bar à vins, bar à jambons, bar à burrata parfois, Bruno a le culte du produit et refuse de servir les blaireaux. L'ambiance est à la simplicité, à la sincérité, à la convivialité. On trinque, on échange les bouteilles avec les voisins de comptoir, on fait des rencontres passionnantes. Très certainement la plus petite (par la taille) des grandes adresses dijonnaises.

     

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    La burrata, façon Bruno. Mamma mia...

     

     Olif

     

    P.S.: le 11 avril, légèrement au sud de la Côte, le Beaujolais sera en fête. Beaujolois, biojolais, il y en aura pour tous les goûts, essentiellements les meilleurs. Et tant pis pour ceux qui n'aiment pas ça!

     

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  • L'aligoté qui fait triper...

    On pourrait également l'appeler troyen blanc, chaudenet gras, vert blanc, griset blanc ou encore giboulot. 

    On pourrait presque le considérer comme le chasselas bourguignon, tant il débourre précocément.

    On pourrait aussi lui rajouter 1/5 de crème de cassis pour le rendre moins vif et vert lorsqu'il est produit à gros rendements.

    Cela s'appelle un kir et il faut bien reconnaitre que, parfois, la crème de cassis aide à le faire passer.

    De ce fait, il ne fait guère triper l'amateur de vins, qui lui préfère le gras, la richesse et l'onctuosité du chardonnay barriqué de noble provenance.

    Il faut que j'arrête de faire des sauts de ligne sans arrêt, on va croire que je veux parodier le Bicéphale, buveur de toutes sortes de vins, y compris le Bouzeron d'Aubert de Vilaine, qu'il achète en Hyper ou chez le caviste selon son humeur ou s'il a aussi du papier-toilette à mettre dans le caddie. Alors qu'il n'en est rien.

    En plus, du papier-toilette, on en trouve rarement chez les cavistes.


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    Pourtant, moi, l'Aligoté, ça me fait bien triper. Surtout quand il est bien mûr, bien vif, bien minéral. Quand on sent bien la qualité du raisin et le bon équilibre du vin. Quand il vient, entre autres, de chez Céline et Laurent Tripoz, vignerons du Mâconnais à Loché, fort habiles à rendre l'aligoté gouleyant, voyageur, bien gaulé, avec une belle paire de loches qui prend aux tripes.

     

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    Bourgogne Aligoté 2008, Céline et Laurent Tripoz

    Olif

     

     

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    P.S.: ce week-end sera angevin ou il ne sera pas. D'abord Renaissance des Appellations, puis la Dive Bouteille, le Frai Salon. On pourra y goûter d'excellents aligotés...

     

     

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  • Dégustation de Rêve en petit Comité...

     

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    Ça y'est, je peux mourir. Pas après avoir vu Venise, un truc de belle-mère, mais pour être allé à la Romanée-Conti. Le rêve inaccessible de tout œnophile normalement constitué. Un genre de quête du Graal qui laisse complètement ébahi une fois la geste accomplie. Récit de cette journée épique, minutée comme une horloge suisse pourtant légèrement grippée à l'allumage. Finalement, 10 heures pile à Vosne grâce à l'emprunt d'un itinéraire-express. La ponctualité helvétique peut se hausser de nouveau du col.

     

    Sur le portail rouge, anodin en apparence, deux initiales au sommet. RC. Pas besoin d'en dire plus. Cela ne peut aucunement signifier Rez-de-Chaussée. Le quidam passe devant sans même se détourner, là où l'initié se génuflexionne et s'auto-flagelle à grands coups de guide vert de la RVF sur la tête, en rêvant de pouvoir un jour y introduire ne serait-ce que le bout d'un orteil.

     

     

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    En attendant le chef de culture Bernard Noblet, son petit panier de verres sous le bras, et le départ pour la cuverie, précaution d'usage et passage aux toilettes. Au fond à gauche, comme un peu partout ailleurs dans le monde. Sauf qu'ici, pour y aller, on passe devant des palettes de caisses en bois estampillées "Société civile du Domaine de la Romanée Conti" et sur lesquelles on peut aussi lire "La Tâche", "Richebourg", "Romanée Conti", "Montrachet". Juste posées là, en attendant qu'un transporteur vienne les chercher. Et les expédier au bout du monde. Les toilettes, elles, sont juste ordinaires. Comme un peu partout dans le monde, d'ailleurs. Il n'est même pas écrit DRWC sur la porte.

     

     

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    Les toilettes, c'est juste après les palettes, au fond à gauche.

    Toutes les commissions ayant été faites, y compris la grosse, celle qui consistait à régler en espèces une caisse bois tatouée 007 sur le front, c'est parti pour un endroit secret qui recèle de nombreux trésors. Les yeux bandés et à la queue leu leu .

     

     

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    "Je frappe au n°3, je demande Mr Noblet...."


    Au n° 3, de manière totalement anonyme, dans une rue de Vosne, on trouve une cuverie. Semblable à la plupart des cuveries bourguignonnes. Petite concession à la beauté vraie: des cuves en bois, la marque des plus grands. Ici, l'on produit l'un des vins réputé être le plus cher au monde. Il vieillit en silence à la cave, avec tous ses congénères du millésime 2009. Manquent juste à l'appel les Echezeaux et le Corton,  excusés pour cause de travaux.

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    Une fois parvenus dans le chai à barriques, le silence s'impose. Certains se frottent la moiteur de leurs mains sur le pantalon. Surtout, ne pas transpirer du front, que cela reste discret. Drôlement émouvant, quand même. La nuit, tous les chais sont gris, mais celui-là brille perpétuellement par la qualité des vins qui y reposent. Chaque fût est estampillé du nom de la cuvée qu'il contient, ce qui, il faut bien l'avouer, est très classe et particulièrement pratique pour s'y retrouver. Savoir que tous ces crus mythiques se trouvent à portée de pipette laisse rêveur. Une fois parvenu à cet endroit précis, aucun n'est inaccessible. On les goûte tous, comme on ferait de n'importe quel vin, dans n'importe quelle cuverie. La simplicité avec laquelle le visiteur de passage est reçu impressionne. Bernard Noblet, de prime abord très réservé, ne manque pas d'humour, essentiellement pince-sans-rire, incitant à la retenue réciproque tant que l'on ne l'a pas totalement appréhendé. La dégustation des 2009 au fût peut enfin commencer. D'un point de vue technique, 100% vendange entière (sauf cas particulier, selon les millésimes) et 100% fût neuf pour les Grands Crus.

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    Le premier coup de pipette fut pour les Grands Echezeaux. Plein, séveux, élégant et fin, il me subjugue déjà complètement, même malo non finie. Une entrée en matière de haut vol, qui laisse pantois quant à la suite à envisager. Mon Dieu, est-ce possible?

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    Suivant une progression logique dans la hiérarchie des crus, direction la Romanée Saint-Vivant, qui présente une structure beaucoup plus massive et imposante de prime abord. Le boisé, imperceptible au nez, se fait sentir en bouche, mais au service du fruit, qu'il vient soutenir. Équilibre frais, fin, avec un joli retour du fruit en finale, très persistant. Finalement, peut-être que Dieu existe?

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    Richebourg est dans la retenue. Le nez, très précis, s'ouvre sur une réduction passagère. On sent beaucoup de finesse, mais le vin est encore complètement resserré sur lui-même. La qualité des tanins ne laisse aucun doute sur celle du vin encore en devenir, qui devrait s'épanouir dans la longueur et la finesse. Sans nul doute le plus réservé de tous à ce stade, mais un véritable Dieu du stade.

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    Derrière, un fût qui fait Tâche! Non pas qu'il soit sale, évidemment, mais je ne sais pas m'en empêcher. Moi, La Tâche, j'en ferais bien mon vin de copain, si ce n'était le prix. Ouvert et généreux, il se donne comme pas permis. La finesse de grain est absolue, sur des notes légèrement florales, réhaussées par une pointe tonique (malo non terminée). Du bonheur déjà en fût, qui devrait se prolonger en bouteille. Mon Dieu, suis-je déjà au Paradis?

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    A tout seigneur tout honneur, le mot de la fin au fût de Romanée-Conti, le plus près de la sortie, en fait. Pour une fois, la malo est déjà terminée. Le seul des Grands Crus à l'avoir faite jusqu'à présent, alors qu'habituellement il se laisse désirer. Comment peut-on recracher ça, même à ce stade? Floral, fin, élégant, suave, hautement buvable. Le temps suspend son vol à nos lèvres. Le seau restera désespérément vide, même si, le fin du fin consistera à participer à l'ouillage collectif en remettant la dernière petite goutte du verre dans le fût où elle a été prélevée. Un petit geste solidaire mais méritant, que Dieu saura rendre.

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    Retour au domaine proprement dit, dans la salle de dégustation, pour un petit jeu de découverte du millésime et de l'appellation à l'aveugle. Comme une grosse cerise sur un gâteau déjà bien copieux, même si cela n'est pas apte à effrayer les dégustateurs besogneux que nous sommes.

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    - Échezeaux 1999: nez sur l'âge, à l'évolution harmonieuse. Chocolaté, un peu floral, avec encore du fruit, et des tanins "à faible niveau d'astringence". C'est à dire pas astringents du tout, en fait, mais avec une pointe d'acidité parfaitement intégrée. Long et persistant, loin de son apogée, ce "bas de gamme", dixit Bernard Noblet, un petit sourire en coin.

    - Échezeaux 1990: nez fin et complexe, aérien, sur le cacao et le pruneau. Tanins tout en dentelle, fins, frais et élégants. Grande longueur, toujours sur la finesse, la signature des grands millésimes.

    - Batard-Montrachet 1995: 900 bouteilles produites par an, une cuvée non commercialisée mais régulièrement proposée à la dégustation. Une vendange tardive sans botrytis, une cuvée "à l'ancienne", récoltée bien mûre, à la robe dorée par l'âge, au nez empyreumatique de vieux chardonnay, sur le cacao, la cire le beurre rance. Mais pas n'importe quel beurre rance! Un Bordier, un qui a du goût, de la personnalité, de la race et de la classe. La bouche est droite, bien sèche et minérale, s'opposant à l'exubérance et la richesse du nez, évoluant sur le beurre salé caramélisé, façon Kouign-Amann. Exceptionnel!


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    Gloire à Bernard Noblet, un saint homme qui préside aux destinées du cru le plus fabuleux au monde. Sans rire.


    Ainsi s'achève, la larme à l'œil, ce périple à la Romanée Conti, qui compta dans ma vie d'amateur, même si je ne suis pas Romanée de la dernière pluie. Avant de mourir, en fait, j'aimerais bien avoir l'opportunité de regoûter à ces 2009 dans une petite vingtaine d'années. Si cela n'est pas trop vous demander, mon Dieu?

    Olif

    P.S.: la DRC fait régulièrement "portes ouvertes", en ce printemps 2009, et bon nombre de privilégiés ont pu apprécié la grandeur du cru, ici ou . Les veinards!
  • Rémi Jobard 2007: le virage bio!

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    Si tu ne vas pas à Meursault, Meursault vient à toi! Une dégustation devenue quasi-rituelle depuis quelques années, se déroulant soit à la Pentecôte, soit lors de la Trinquée de Meursault, la découverte des vins du nouveau millésime de l'ami Rémi Jobard, murisaltien de naissance mais pontissalien de cœur et par alliance. Alors, comme il ne fut pas possible de caler une date bourguignonne avant le début des vacances d'été, il a fallu  procéder différemment. Aligner toutes ses bouteilles sur la balustrade fut un réel plaisir, heureusement que la terrasse est grande. Comment toutes ces bouteilles allaient-elles se comporter à la montagne? Voilà un vrai challenge qui n'a pas effrayé Rémi Jobard, habitué à faire subir à ses vins les affres de l'altitude et de la moyenne montagne.

    2007 marque un tournant au domaine, puisqu'il s'agit du premier millésime officiellement "sans chimie" dans les vignes. La certification bio est désormais lancée. Il est réellement étonnant de constater déjà une modification du profil des vins vers plus de tension, d'acidité et de minéralité. Une volonté réelle de la part de Rémi que celle d'élaborer des vins comme il les aime et a envie de les boire. Il se positionne plus que jamais dans une véritable quête du terroir, celle de l'épure, une vision du vin qui refuse la facilité.

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    C'est parti pour une grande série de blancs, en deux mouvements. D'abord ceux du négoce Jobard-Chabloz. Des achats de raisins sélectionnés mais sans véritable contrôle à la vigne. Une gamme non bio, proposant un large choix de blancs bourguignons, d'Auxey-Duresses à Saint-Aubin, en passant par Meursault et Chassagne, après un détour par le Charlemagne. Des vins mis en bouteilles en février 2009, après un an de fût, dont 20% de fût neuf maximum, et 6 mois de cuve.

    - Auxey-Duresses 2007: fruits jaunes, agrumes, touche florale, fraicheur et gourmandise.

    - Saint-Romain 1er cru Le sentier du clou 2007: beaucoup de matière, dense, un peu serré, sur une finale acidulée.

    - Puligny-Montrachet Les Nosroyes 2007: un "village" qui possède du gras, un peu trop, aboutissant à des amers finaux abrupts.

    - Meursault Les Meix Chavaux 2007: un terroir tardif orienté E-NE. Citronné, long, nerveuxfinale acidulée et salivante.

    - Meursault Clos du Cromin 2007: une parcelle proche de Volnay, qui donne un vin rond et gras, possèdant une subtile tension et une finale vivace.

    - Meursault Les Grands Charrons 2007: de la rondeur et une relative souplesse.

    - Meursault Le Limozin 2007: belle matière, riche. Vin harmonieux, minéral, finale acidulée.

    - Chassagne-Montrachet 1er Cru Morgeot 2007: gras, ample en attaque, finale étirée et acidulée, bel équilibre.

    - Puligny-Montrachet 1er Cru Les Champs Gains 2007: riche et gras, sous-tendu par une belle acidité. Finale un peu stricte.

    - Meursault 1er Cru Les Charmes 2007: grosse matière, profonde, ample et large. Finale acidulée. Un vin majestueux!

    - Corton-Charlemagne 2007: un seigneur! Plénitude et amplitude! A méditer.

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    Entracte! Pour ne pas mourir de soif, débouchons un Saint-Aubin 2004 de Pierre Morey, gras, riche et tendu, bien élevé, mais bien équilibré également.


    Papilles recalibrées, place aux vins du domaine Jobard, en cours de certification bio depuis le millésime 2008, comme il a été dit plus haut. Une nouvelle série de blancs d'abord, qui possèdent tous une dimension supérieure dans leur définition par rapport aux précédents. Epurés et tendus, possédant une meilleure maturité avec un degré alcoolique potentiel moindre!

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    - Bourgogne Aligoté 2007: 18 mois d'élevage en foudre. Matière mûre, belle structure, acidulé, franc et droit.

    - Bourgogne blanc 2007: un an en fût, dont 20% de fût neuf, d'origine autrichienne. Un bien joli vin, séducteur, ample et bien balancé.

    - Meursault Sous La Velle 2007: belle tension, vif, acidulé et citronné.

    - Meursault En Luraule 2007: un de mes climats préférés, théoriquement très représentatif du terroir de Meursault. Bel équilibre, entre tension et richesse. Un modèle de minéralité.

    - Meursault Chevalières 2007: un vin classique, mûr, minéral, issu d'une vigne plantée en 1940.

    - Meursault 1er Cru Le Poruzot-Dessus 2007: un vin riche, dans une phase de fermeture. Sa matière imposante mais serrée ne se livre que très peu.

    - Meursault 1er Cru Genevrières 2007: un grand vin, à la matière riche et enrobée, sur une belle trame acide directrice.

    - Meursault 1er Cru Charmes 2007: bouche à la fois puissante et stricte, avec une amertume final. Beaucoup de monde dans le verre, mais ce jour-là, ça ne se goûtait pas très bien. A revoir.

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    S'en suivront 5 rouges qui ne se présenteront pas sous leur meilleur jour. Phase ingrate pour quelques-uns, effets du voyage et de l'altitude pour d'autres, problème de bouteille pour certain. On se réjouissait pourtant de goûter au Jobard de Rémi, ex-Bourgogne rouge, déclassé pour raisons cadastrales. On en parlera une autre fois! Tout comme on devrait reparler des vins de l'ami Rémi, ici comme ailleurs!

    Olif

  • Le Bourgogne comme on l'aime!

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    Bourgogne blanc 2001, Rémi Jobard

    31 décembre 2008. Il pleut des seaux sur Pontarlier. Pas trop de souci pour le tapis neigeux d'altitude, qui devrait résister au grand nettoyage de fin d'année. Derniers préparatifs pour le réveillon de la Saint-Sylvestre et plop pour l'apéritif du midi, histoire de se requinquer le moral devant toute cette eau dégoulinante: un nez grillé et toasté, d’une grande finesse, de la viennoiserie raffinée pour un beau Chardonnay à point, qui possède une bouche droite, acidulée, fraiche et persistante. Le Bourgogne comme on l’aime, la Bourgogne comme on l’aime aussi. Une filiation évidente avec les épatants Meursault de Jean-François Coche-Dury. Un vin qui mérite largement un « Bravo Rémi ! », un effort de notation suffisamment rare venant de moi, méritant également d'être souligné!

    Que l'année 2009 vous soit aussi bonne que ne l'est ce bon vin de Bourgogne!

    Santé!

    Olif

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  • Bernard Van Berg, le vigneron qui sort du Grand Ordinaire


    Photos  Copyright B. Van Berg

    "Le vin le plus simplement", telle est la devise de Bernard Van Berg, vigneron à Meursault. Plus qu'un domaine, plus qu'un vigneron, il s'agit d'un concept: celui de la production d'un vin de "haute couture", selon les précepts d'une viticulture de jadis, faisant fi des rendements, remettant au goût du jour certains modes de conduite de la vigne (échalas) et naturellement tournée  vers le bio. Oui Madame, tout ici est fait à la main! A la main et à dos d'homme, le plus souvent celui du fils de la maison, qui en profite pour travailler ainsi sa musculature dans les coteaux bourguignons.

    Mais qu'est-ce qui a donc bien pu pousser Bernard Van Berg, photographe belge réputé, à venir s'installer à Meursault pour élaborer du Bourgogne Grand Ordinaire de luxe? L'amour du vin et du travail bien fait, très certainement. Authenticité, exigence et qualité sont les mamelles du domaine Van Berg. Chaque grain de raisin est bichonné comme s'il s'agissait d'une pépite. Aucun n'est issu d'appellation prestigieuse. Gamay, Pinot noir et Chardonnay viennent tous de terroirs de deuxième ordre et/ou de villages limitrophes de la prestigieuse Côte. Et pourtant! Le soin apporté au raisin à la vigne se retrouve à la cave où, après foulage aux pieds, la vendange, non égrappée, est élevée exclusivement en fût neuf. De quoi attiser quelque suspicion de la part d'un réfractaire au bois comme moi, mais cette option s'avère finalement cohérente, comme va le démontrer la dégustation qui va suivre, préparée au domaine à l'occasion des Grands Jours de Bourgogne.

    Tous les vins sont en appellation Bourgogne Grand Ordinaire, repli stratégique qui permet de mettre en avant à la fois leur origine géographique et le millésime, tout en s'éloignant du standard de la production locale. Evidemment, tout cela a un prix, apte à faire tousser pas mal de monde. Le BGO le plus cher de tout l'Univers, voilà qui fait jaser dans le microcosme! Etant donné sa qualité, cette micro production ne peine pourtant pas trop à trouver sa niche à l'export, notamment du côté de la Belgique, attentive aux efforts fournis par le domaine.

    Rouges:

    - 2002, Au Tennis: élevé pendant 5 années avec renouvellement des fûts au bout de 2 ans, ce qui nous donne au bout du compte un vin 200% fût neuf. La bouche parait énorme, avec des tanins plutôt marqués mais relativement soyeux. Une certaine élégance malgré une sensation globale de dureté (mise relativement récente) et un caractère végétal présent.

    - BGO 2003: rendements minuscules du fait de la canicule, assemblage des différentes parcelles de Pinot noir du domaine, élevées 18 mois en fût neuf. Le nez reste frais et fruité, avec un caractère végétal certain. Bouche concentrée et fraiche, avec beaucoup de tanins légèrement asséchants en finale. Un gros volume en bouche pour un vin qui doit encore digérer son élevage.

    - 2004, Au Tennis: Pinot noir vendangé le 15 octobre, après un tri drastique, non pressé et élevé 20 mois en fût neuf. Un jus de goutte exclusif qui possède une attaque très soyeuse. Les tanins ressortent beaucoup plus en finale, sur une note plutôt végétale.

    - 2005, La Combe: un joli Gamay très concentré, épicé et fruité, qui garde fort à propos une grande fraicheur.

    - La Rose 2005: derrière des notes légèrement fumées, un Pinot noir qui fait preuve de fraicheur et de friandise.

    - En Busigny 2005:  un pinot Noir sérieux, concentré et fruité, tonique, avec une belle finesse. Le fruit revient bien en finale, dans une belle harmonie.

    Les Gamets 2005:  comme son nom l'indique, du gamay, en provenance du lieu-dit En Busigny.  Fraicheur et belle acidité, procurant une sensation de grande buvabilité, même si la finale est à peine tannique.

    - Les Bergers 2005: un vin droit, net, concentré et charnu.

    - En Busigny 2006: échantillon tiré du fût, soyeux et fin, gourmand et élégant.

    - En Busigny 2007: malo non faite. Joli fruit, tonique et frais.

    - Les Gamets 2007: après une pointe de réduction, se développe une chair fine, soyeuse et gourmande.

    - Solaire 2007: une vendange tardive de Pinot noir, le 6 novembre 2007, pour un caractère surmaturé sec étonnant. Le nez évoque un Porto, la bouche est pleine, riche, possédant acidité et fraicheur. Un vin exceptionnel!

    Rosé:

    - La Rose 2007: une production infime de Pinot noir vinifié en blanc et élevé en fût neuf. Le nez est très "jus de raisin", on se croirait à la cave le jour des vendanges. Bouche légèrement tannique, fraiche, fine et gouleyante.

    Blancs:

    - Le Fourneau 2005: grande maturité, du gras, puis de la droiture et une grande longueur.

    - Le Fourneau 2006: fruits blancs, d'une grande netteté aromatique, fraicheur et gourmandise.

    - Le Fourneau 2007:  au stade fruité très primaire, mais d'une grande pureté d'expression, avec une sensation de sucrosité résiduelle.

    Au final, des vins d'une grande évidence et d'une réelle qualité. Plutôt inhabituel pour ces trois lettres plus souvent frappées du signe de l'infamie: quand BGO rime avec vin, tout simplement. Une rime poétiquement non riche mais des vins destinés à une élite qui l'est plutôt. Au vu du travail effectué à la vigne et à la cave, le positionnement du domaine Van Berg  peut tout à fait se justifier.

    Lastscan

    Olif

  • La Pentecôte des blancs, le retour

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    Il est des rites difficiles à expliquer. Immuables ! Comme quand le père François ascensionnait avec force, mais tranquillement, la roche de Solutré. Ou quand le petit Nicolas grimpe debout sur son tabouret pour se raser. Une longue marche ou un tout petit bond pour l'humanité! Le GJP* a donc retenu une nouvelle fois la Pentecôte pour faire un peu d’alpinisme bourguignon. Pas si illogique que cela car dans Pentecôte, il y a Côte. De la Pentecôte à la Côte des blancs, il n’y a qu’une petite pente, pas difficile à dévaler, pour qui a le gosier dans le bon sens.

    Retour donc chez l’ami Rémi Jobard, à Meursault, pour un tour d’horizon des blancs de la (Pente)côte. Depuis quelques années, Rémi a développé une petite production en négoce, commercialisée sous la marque Jobard-Chabloz et que l’on pourrait sous-titrer « La fine fleur des vins de Bourgogne ». Les initiés me comprendront à demi-mot. Les autres n'auront qu'à demander.

    Reçus dans le même salon et les mêmes conditions que les plus grands dégustateurs (sauf que, ensuite, nous sommes aussi invités à manger, un des privilèges d'être membre du GJP*), nous avons droit à l’intégrale de la production 2005, négoce et domaine. Ce qui n’est pas rien. Je dirais même plus. C'est déjà beaucoup.

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    Et on commence par le négoce. Tous les vins sont donc étiquetés Jobard-Chabloz :

    -    Saint-Aubin 1er cru : nez ouvert, attaque riche et ample, belle acidité bien enrobée, mûre, finale possédant de la droiture.

    -    Puligny-Montrachet Les Nosroyes : nez réservé, sur la minéralité. Bouche large, imposante, plutôt carrée. Un vin net et bien défini.

    -    Meursault Les Meix-Chavaux : nez ouvert, bouche tendue, avec un peu de gras, finale acidulée, tendue. A attendre.

    -    Meursault Les Narvaux : beau nez déjà épanoui, bouche bien constituée, riche, avec de la fraîcheur, de la tension et de la minéralité, finale salivante et fraîche. Belle harmonie et beau vin. Les Narvaux, terroir tardif, en altitude, a particulièrement bien réussi en 2005.

    -    Meursault Limozin : vif et acidulé, matière riche et mûre, mais de la droiture.

    -    Chassagne-Montrachet 1er cru Morgeot : nez sur la mirabelle avec un petit côté eau-de-vie. Matière très riche, avec du gras, mais aussi de l’amertume en finale.

    -    Puligny-Montrachet 1er cru Les Champs Gains : minéral, tendu, droit, élégant.

    -    Meursault 1er cru Les Charmes : nez légèrement fumé, bouche compacte, manquant à peine d’allonge, finale acidulée.

    -    Corton-Charlemagne: opulent, gras, très long, imposant. Un style murisaltien pour Charlemagne ?

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    Fin du premier round et place aux vins du Domaine Rémi Jobard, une déclinaison des terroirs de Meursault, avec une incursion à Monthelie pour les rouges. Toujours dans un style minéral, avec un élevage bien dosé :

    -    Bourgogne aligoté : fruité, rond, gourmand, avec une belle vivacité finale.

    -    Bourgogne blanc : nez légèrement soufré, bouche riche, finale tannique, à peine asséchante. La mise est récente.

    -    Meursault Sous la Velle: richesse et harmonie en bouche, avec du gras. Seule la finale est un peu stricte.

    -    Meursault En Luraule : nez ouvert, puissant, bouche riche, grasse, opulente mais fraîche, car acidulée en finale.

    -    Meursault Les Chevalières: matière mûre, riche, avec une belle acidité.

    -    Meursault Le Poruzot-Dessus : bouche droite, minérale et tendue, encore serrée, prometteuse, malgré une finale un peu stricte et abrupte.

    -    Meursault 1er cru Les Genevrières : nez sur la réserve, bouche ample et large, avec du gras, finale avenante.

    -    Meursault 1er cru Les Charmes: nez beurré, riche. Du gras en attaque, de la longueur, finale acidulée. Un vin puissant, riche, équilibré et harmonieux.

    -    Bourgogne Passetoutgrains : nez tout fruit, épicé. Bouche charnue et gourmande.

    -    Bourgogne rouge : robe rubis soutenu, nez sur les petits fruits rouges, légèrement lacté. Grain serré, vin concentré, finale un peu tannique, sans excès.

    -    Monthelie 1er cru Les Vignes rondes : robe rubis soutenu. Nez fruité, bien concentré. Joli grain de vin, encore un peu serré, avec une belle longueur.

    -    Monthelie 1er cru Les Champs Fulliots : un climat contigu au Clos des Chênes de Volnay et ça  se sent dans le verre ! Un fruité charnu et gourmand sur une trame très fine et élégante, possédant beaucoup de race. Très beau vin, l’une des plus grandes réussites de Rémi pour ce cru, d’après lui. Ce n'est pas moi qui le contredirai!

    -    Volnay Santenots : nez encore fermé, mais dégageant beaucoup de finesse. Du volume, une belle matière et beaucoup d’élégance.

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    Une fort belle dégustation, comme à l’accoutumée. Les blancs sont à leur niveau habituel, donc très haut, les rouges continuent leur progression de millésime en millésime. Bravo Rémi !

    Olif

    * GJP: Grand Jury Pontissalien, secte d’adorateurs de Bacchus, basée sur les hauts plateaux du Doubs et qui n'a de jury que le nom!

  • Grands Jours de Bourgogne 2006: la Trinquée de Meursault

    C’est le printemps, les températures remontent et les jours rallongent. Nulle part ailleurs ils ne sontGrands_jours pourtant aussi Grands qu’en Bourgogne. Cette manifestation biennale permet de faire le tour des vins de  la région en une petite semaine. A chaque jour son lieu et ses appellations. Le samedi, c’était Meursault, et nous avons eu l’opportunité d’aller y trinquer! L’occasion unique de côtoyer les vignerons venus y présenter des vins en provenance exclusive de la commune de Meursault. Majoritairement du blanc, donc, mais pas seulement puisque figuraient également quelques rouges, en appellation Bourgogne, Meursault, Blagny et Volnay-Santenots.

    En revanche, pas d’unité sur le millésime, même si 2004 était logiquement majoritaire. Des vins tout juste mis en bouteilles chez la plupart, mais qui se goûtaient plutôt bien dans l’ensemble. Retour vers un classicisme de bon aloi, après l’extravagant 2003 qui n’a pas très bien réussi au chardonnay par ici. D’une manière générale, les vins sont minéraux, frais, tendus et acidulés, loin de l’équilibre des 2003.

    Et c’est pourtant avec quelques vins issus de cette année-là, chez Alain Coche-Bizouard, que nous débuterons notre parcours dans la cuverie du Domaine Jacques Prieur, qui hébergeait cette Trinquée de Meursault. Le Meursault Limozin s’en sort le mieux, avec un nez légèrement grillé, du gras et de la longueur pour un équilibre plutôt satisfaisant. Il suffit de comparer le Charmes 2003 avec le 2004 , ce que nous avons pu faire, pour se rendre compte du rôle du millésime. Acidulé et mordant, finement grillé, ce Charmes 2004 a tout le temps de s’assagir, tout comme ces jolies Gouttes d’Or 2004, à la finale bien salivante.

    Passage au Domaine J. Matrot pour y retrouver Thierry Matrot, qui nous tend les bras, pour retrouver des vins dans un style droit et tendu (comme ses bras), que j’affectionne particulièrement. D’abord un joli Meursault 2004, bouché à vis pour le marché américain, puis un remarquable Charmes 2004, très prometteur, possédant déjà toute la longueur et la minéralité requises, puis un Charmes 2001, un soupçon grillé, avec un peu de gras qui vient étoffer une remarquable trame acide, pleine de droiture. En rouge, le Blagny La pièce sous le Bois 2004 possède une pureté de fruit remarquable, déjà toute en rondeur. Un style que j’affectionne particulièrement, dans les deux couleurs.

    Gentiment chambrés pendant toute la dégustation par le voisin, François Mikulski, nous n’avons qu’un pas de côté à faire pour le mettre à l’épreuve. Et là aussi, que du tout bon, à commencer par un Meursault 2004, assemblage de différentes parcelles, dont 20% de jeunes vignes de Charmes, totalement décoiffant malgré une mise toute récente. Le Meursault Poruzots-Dessus 2004 est également magnifique, gras, long et séducteur, tout comme le Genevrières, plus acidulé, droit et minéral. La aussi, une petite incursion dans le rouge laisse une excellente impression avec ce Volnay Santenots du Milieu 2004 de toute beauté, déjà complexe (fruits rouges, cuir, réglisse) et rempli de minéralité.

    La petite halte au Domaine Jean Monnier, à une encablure de là, n’en sera malheureusement que plus anecdotique. Nous y goûterons un Meursault La Barre 2004 ultra boisé et un peu court, un Clos du Cromin beaucoup plus présentable, fruité, frais et acidulé, et un Charmes 2004 tout juste correct.

    Un climat qui donne envie de se replonger dans le domaine murisaltien fétiche du GJP, chez Rémi Jobard. Après de très beaux villages (Sous la Velle, frais et acidulé, En Luraule, plus gras et persistant, Chevalières, goûté un peu vite et dont j’ai perdu le souvenir, désolé, mais il était loin d'être mauvais!), place aux Premiers Crus (Poruzots-Dessus, légèrement grillé, minéral, acidulé, très beau mais un tout petit cran en dessous de celui de François Mikulski, un Genevrières ample et magnifique, un Charmes déjà beurré, gras, très bien structuré), du nanan pour nos papilles!

    L’heure tourne! Le GJP, soutenant un train de sénateur et prenant le temps de bien discuter avec l’homme ou la femme derrière son tonneau, réalise qu’il doit presser un peu le pas et faire un tri ultra sélectif  pour découvrir les vins de quelques autres vignerons qu’il affectionne. Direction le cuvier n° 3, pour une incursion dans la fin de l’alphabet, chez Roulot d’abord, pour y redécouvrir des vins déjà goûtés lors de la Paulée de Meursault 2004. Exit la phase difficile d’alors (une réduction marquée), et des vins mis en bouteilles récemment et affichant déjà toutes leurs qualités, du Bourgogne 2004, un vin plaisir, rond et fruité, au très bon Vireuils 2004, en passant par le Tessons 2004, encore à peine réduit, et le superbe Perrières 2004, à se génuflexer!

    Pour rester dans l’esprit Paulée 2004, nous poursuivons par Pierre Morey, qui propose les vins de son domaine et de son négoce, mais qui a été victime de son succès, puisque à court de certains échantillons. Après un Meursault 2004 rafraîchissant, sur des notes de tilleul-citron, on passe à un plutôt large Bouchères 2004 du négoce Morey-Blanc, tout comme ce Volnay-Santenots 2004, qui possède beaucoup de matière, du peps et de la longueur.

    Direction le cuvier 1, chez les B de l'alphabet, et il y a du monde à voir sous cette lettre à Meursault! Quasiment un chapiteau complet! Nous ne ferons que 3 domaines, à commencer par le Domaine Michel Bouzereau, dont le GJP apprécie beaucoup les vins. Jean-Baptiste Bouzereau affiche un grand sourire non contrefait. Sa mine enjouée reflèterait-elle la qualité de ses vins en 2004? A n’en pas douter! Des Grands Charrons aux Perrières, en passant par Limozin, Tessons, Genevrières et Charmes, nous déclinerons toute une gamme progressivement croissante et d’un très haut niveau. Un domaine incontournable!

    Tandis que nous nous extasions sur son Genevrières, Jean-Baptiste nous vante celui du domaine Bouzereau-Gruère, particulièrement réussi, à ce qu’il paraît! Ne faisant ni une, ni deuze, nous nous rendons au stand de ce domaine mais nous ne serons pas aussi conquis, ni par le Charmes, un peu alcooleux, ni par le Genevrières, riche, mais avec des amers marqués.

    A deux tonneaux de là, une virtuelle connaissance du Web présentait les vins du domaine bel-familial. Allez! Foin des rancoeurs passées, je n’ai pas pour habitude d’avoir la rancune tenace! Et puis, si le Domaine Buisson-Charles reste médiatiquement discret, ses vins ont acquit une réputation plutôt flatteuse sur le Net. Sympathiquement mis en bouche par un Meursault VV 2004, rond, fruité et séducteur, nous poursuivons par un très beau Charmes 2004, qui a toutefois été un peu éclipsé par celui d’Alix de Montille, venue nous rejoindre autour du tonneau pour déguster. François B., sortant tout juste d'une projection télévisuelle canalaire mondovinesque, peine encore à s’en remettre!  Retour au vin avec une magnifique Goutte d’Or 2004, d’une longueur exceptionnelle, puis un Meursault Cras dans un style totalement différent, large et puissant, un peu chaleureux en finale. Et puis, pour terminer, un Volnay-Santenots 2004 épatant, si ce n’est plus, à la matière épicée et concentrée, un brin solaire, long et complexe. Mon seul regret, ne pas en avoir gardé un peu dans le verre pour la route, car il s’est agi du dernier vin dégusté l’après-midi. On eût pu plus mal finir!

    Deux heures trente de dégustation, sans prétention à l’exhaustivité, et, au final, une sélection plutôt judicieuse.

    S’il fallait ne retenir que 3 domaines de cette sympathique Trinquée, parmi ceux que nous avons rencontrés, je pense qu’il s’agirait du Domaine Roulot, un léger cran au dessus des autres, ce qui ne constitue pas à proprement parler une surprise, de François Mikulski, du Domaine Michel Bouzereau, du Domaine J. Matrot et de Rémi Jobard, dont les vins me plaisent de plus en plus et qui réussit un remarquable tir groupé en 2004. J’ai bien peur que ça fasse 5, mais tant pis, cela aurait pu être encore pire!

    Côté vins, les 3 blancs que j’aurais envie de mettre en avant risquent fort d’être 5 également, voire plus, dont un rouge! Le Meursault-villages de François Mikulski, son Poruzots-Dessus, le Perrièresdu Domaine M. Bouzereau, le Goutte d’ Or et le Santenots du Domaine Buisson-Charles, m’ont particulièrement enthousiasmé.

    J’ai personnellement beaucoup apprécié le style acidulé, parfois acéré, de ces Meursault 2004, le retour vers des équilibres minéraux qui me conviennent plutôt bien.

    La Trinquée à peine terminée, place à la Banée! Tout juste le temps de se changer!

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    Olif, pour le GJP

  • La Superbe 2003, Domaine Mongeard-Mugneret: un Super Grand Ordinaire !

    Bourgogne Grand Ordinaire. BGO ! 3 initiales quasiment infamantes ! 250 ha de production, du Lyonnais jusqu’au Yonnais, une AOC régionale depuis 1937, dans laquelle le Gamay se taille la part du lion, en association avec le Pinot noir, voire le César ou le Tressot dans l’Yonne. Les blancs, quant à eux, peuvent comporter de l’Aligoté, du Chardonnay, du Pinot et, dans l’Yonne, du Sacy.

    Situé à Vosne-Romanée, le domaine Mongeard-Mugneret possède quelques-uns des plus beaux Premiers Crus et Grands Crus du secteur. Vincent Mongeard préside aux vinifications de ce beau domaine familial, privilégiant la finesse dans l’expression du terroir. Mais ce n’est pas parce qu’on fait de beaux Echezeaux et Grands Echezeaux qu’on doit négliger la production de base ! Deux cuvées de ce genre existent ici, un Bourgogne Passetoutgrains, dénommé le Libertin, et un Bourgogne Grand Ordinaire comme on aimerait en boire plus souvent, La Superbe, qui porte plutôt bien son nom

     

    Gamay et Pinot Noir, dans des proportions 75 /25, voilà la recette de ce Grand Ordinaire à la robe plutôt soutenue, colorée, aguichante. Le premier nez, d’abord assez végétal, mais dans le bon sens du terme, du végétal croquant, sans verdeur, procurant une sensation de rafle mûre (même si paradoxalement la vendange est égrappée en totalité), évolue par la suite sur de jolies notes fruitées ! La bouche est bien charnue, gouleyante, fruitée, légèrement réglissée, croquante, craquante, avec ses petits tanins soyeux et un volume plus que satisfaisant.

     

    lasuperbe

     

     

    Un petit vin plaisir, franc, fruité, qui ne se prend pas au sérieux, bien loin de la sacro-sainte hiérarchisation des terroirs bourguignons. A petit prix, autour de 7 € prix caviste, même si d’aucuns pourront déjà trouver cela cher pour de l’Ordinaire, aussi grand soit-il!

    En tout cas, une voie alternative à suivre en Bourgogne, à développer même, pour booster l’entrée de gamme et être concurrentiel face aux autres régions dans cette échelle de prix. Mais surtout, comme ici, faire preuve de fantaisie, se débrider un peu, oser, innover, et, peut-être aussi, changer le nom de l’appellation, trop péjoratif, quitte à revenir en Vin de Pays.

    Plus personne ne roule à l’ordinaire, maintenant, non ?

     

     

    Olif