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  • Bordeaux 2006 - (3) Leçon d’inobjectivité par Henri Duboscq

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    La rencontre avec Henri Duboscq dans son fief de Haut-Marbuzet fut assurément un moment inoubliable de ce séjour bordelais. Homme volubile, charmeur, charmant, intarissable, il est finalement à l’image de son vin, et réciproquement.

    Sa volonté de faire de Haut-Marbuzet un vrai vin populaire, adulé par le peuple, ne l’a pas fait ménager ses efforts. Mais il y est parvenu, notamment en respectant ses acheteurs et clients. Son château est l’un des rares du Médoc à avoir développé une clientèle particulière, toujours bien reçue au domaine.

    « Haut-Marbuzet, qualité moyenne, émotion garantie! », assène rigolard, Henri Duboscq, revendiquant son statut de cru non classé, mais défie quiconque, après avoir passé un agréable moment au château, de ne pas approcher différemment son vin. La subjectivité, ou plus exactement l’inobjectivité, est l’apanage des amateurs, Henri Duboscq aime à la cultiver.

    Opération séduction réussie en ce qui me concerne, j’aime quand les vins ont une âme, celle de leur terroir et/ou de leur géniteur.

    Il est l’heure de passer à table. Par pudeur et respect, les appareils photos, les calepins et les stylos sont restés au vestiaire. Florilège d’impressions pour moments émotifs intenses ! Avec des vins d’une qualité très supérieure à la moyenne!

    Comment oublier l’alliance subtile d’œufs de cailles pochés sur lit de truffes et d’un Haut-Marbuzet 2000, un vin retenu, bridant la fougue de sa jeunesse, pour se livrer au contact de la truffe?

    Comment rester insensible à la densité d’un Haut-Marbuzet 1982? Un vin « out of the world » pour Robert Parker, et que l’on pourrait qualifier plus simplement d’extra-terrestre, en bon français de chez nous.

    Comment ne pas être subjugué par la jeunesse mature d’un Haut-Marbuzet 1964, une cure de jouvence pour Valérie, ma voisine de droite, née la même année?

    Comment ne pas voir en ce Passito de Pantalleria 2003 un vin au magistral bouquet, qui n’est pas celui de Carole, même qu’il est bien meilleur ? Appréciation personnelle d’Henri Duboscq, qui loue néanmoins les mérites de la Star pour avoir su braquer les projecteurs sur cette appellation sicilienne méconnue.

    Les bonnes choses ont une fin, nous sommes déjà attendus à une encablure d’ici, au Château Lynch-Bages. Pour de nouvelles aventures, et un nouvel épisode à venir, sur le Blog d’Olif.

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    A suivre...

    Olif

  • Bordeaux 2006 - (2) Leçon de terroir à Haut-Marbuzet

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    Encore tout ébaudis de la visite de Lafite, les Amis du Bon Echanson quittent non sans peine  la commune de Pauillac pour se rendre à Marbuzet, charmant lieu-dit entre Cos et Montrose. Tout en haut de Marbuzet, plus exactement, au Château Haut-Marbuzet, où nous avons le privilège d’être invités à déjeuner (ça sert d’avoir des relations!). Accueillis par le dynamique Hughes Duboscq, qui co-gère le domaine avec son frère Bruno, sous la houlette du charismatique et toujours présent paternel Henri, nous partons illico en direction d’un belvédère où nous jouissons d’une vue panoramique sur la Gironde et le vignoble de Haut-Marbuzet.

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    « Derrière les grands terroirs médocains, cherchez l’irlandais! ». Ici, il se nommait Mac Carthy. Vaste propriété d’un seul tenant morcelée au fil des héritages, la famille Duboscq n’a de cesse de la reconstituer depuis une cinquantaine d’années. Le domaine actuel est constitué d’un noyau d’élite de 52 ha, en exposition Est, descendant en pente douce vers la Gironde. Parmi les plus belles terres du secteur, jouxtant celles de Montrose, mais n‘ayant pas la même aura. « Qui sont mes voisins? » fut, paraît-il, la première phrase prononcée par un célèbre maçon qui vient d’acquérir une petite résidence secondaire dans le secteur. Une nouvelle motivation pour les Duboscq à résister aux groupes financiers et rester une propriété familiale.

    Le sol, constitué de gravilles médocaines très drainantes, l’exposition idéale en bordure d’estuaire, un encépagement  à forte proportion de merlot pour arrondir la virilité de Saint-Estèphe, le travail des hommes, qui au fil des siècles a modelé et modifié cette terre, autant de composantes du terroir que revendique Hughes Duboscq, et qui font de Haut-Marbuzet un vin populaire, chéri des amateurs. Et ce, pas uniquement en raison d’un boisé souvent qualifié de racoleur, qui tend à s’estomper actuellement. La preuve!

    Haut-Marbuzet 2005: robe opaque. Superbe nez sur la gelée de fruits noirs. Bouche droite, nette, tanins fins, serrés, sans agressivité. Finale un peu stricte mais avec de la personnalité. A ce stade,  le bois ne domine absolument pas le vin, qui possède un velouté extrêmement séduisant. Une grande réussite.

    A suivre...

    Olif

  • Et le Païen fut...

    Un petit hameau perché dans l'alpage suisse, il y a bien longtemps de cela, plus personne ne sait quand. Quelques maisons en pierres, en ruines, mais pourtant occupées. Pas par des fantômes, mais presque! Une poignée d'habitants y vivait,  hors du temps, un peu hors d'âge également, tant leurs cheveux étaient blancs, leur peau ridée, leurs articulations nouées. Ils n’étaient pas là depuis longtemps et paraissaient condamnés à attendre. Mais attendre quoi? Que leur destin s'accomplisse? Ils semblaient au bout de la route et c'était presque miracle qu'ils fussent encore en vie. Qu'avaient-ils donc à expier, avant de gagner leur pardon?

    Venir jusqu'ici, monter aussi haut dans la montagne, fut déjà pour eux un véritable exploit mais ils y arrivèrent, marchant presque mécaniquement, le regard vide, ne s'arrêtant même pas pour se ravitailler. Ils s'étaient retrouvés dans la vallée peu de temps auparavant, confluant instinctivement vers le même et ultime point de rencontre, à la manière des vieux éléphants. Plusieurs d‘entre eux venaient du Valais, même si leurs origines restaient incertaines, fruit d'un lent métissage au cours des siècles. D'autres avaient franchi la frontière et basculé sur l'autre versant de la montagne, soit depuis le Val d'Aoste, soit depuis l'Autriche voisine. Avaient-ils été sélectionnés pour la variété de leurs origines, leurs caractéristiques génétiques ou seulement parce qu'ils arrivaient au terme de leur existence? Probablement un peu de tout cela à la fois!

    Après leur longue et silencieuse ascension, ils s'installèrent machinalement dans les petites maisons du hameau, allumèrent un feu pour réchauffer leurs vieux os  juste recouverts de peau, et attendirent, toujours sans échanger le moindre mot entre eux. Ils restèrent ainsi plusieurs jours et plusieurs nuits, se contentant de la pitance minimum, un peu d’eau et un croûton rassis.

    La cime de la montagne disparaissait dans les nuages. Pour qui se serait risqué à y grimper, un chalet serait apparu, dernier refuge avant de gagner le ciel et les étoiles! A l'intérieur de ce chalet, un vieil homme barbu s'affairait au milieu d'un véritable capharnaüm. Des fioles, des éprouvettes, de toutes les tailles, de toutes les couleurs, remplies de produits variés de consistances diverses, la matière première de ses expériences, sans doute. Et des bouteilles, de toutes les tailles, de toutes les couleurs également, mais dont le contenu avait l’air plutôt liquide et comestible ! Le vieil homme semblait apprécier à sa juste valeur le jus de la treille, ses joues colorées et couperosées étaient là pour en témoigner!

    - “ Cette fois, je dois arriver à l‘élaborer, ce vin blanc taillé pour la garde! Mais avant cela, il me faut découvrir le bon cépage ! ” rumina t'il!

    Nous étions donc bien dans un laboratoire, visiblement axé, entre autres, sur la recherche œnologique, le Changins* de l'époque, très certainement, là où s’élaborait la viticulture du futur, à la recherche du bon raisin, celui qui produirait le meilleur vin!

    Ce soir-là était le soir où jamais, sinon c’était à désespérer ! Une nuit parfaite pour mener à bien l‘expérience! La pleine lune entamait sa course dans le ciel, le rendant presque aussi lumineux qu’en plein jour. Mus par une force mystérieuse, les vieillards aux cheveux blancs se levèrent de leur couche, péniblement mais sûrement, quittèrent leurs maisons, pieds nus, et se plantèrent, droits comme des I, sur le petit coteau faisant face au hameau. C'est alors que, sous l'action conjointe des rayons lunaires et d‘une formule magique venue d‘en haut, la lente métamorphose commença. Leurs pieds, comme figés au sol, s'enfoncèrent progressivement dans la terre, se ramifièrent et prirent racine. Leurs jambes déjà courbées s'infléchirent, se tordirent, se nouèrent et fusionnèrent en un seul tronc. Leurs bras s'ouvrirent, formant des branches sinueuses qui se mirent à bourgeonner. Leur peau se tanna encore plus, pour devenir rugueuse comme de l'écorce, et leur chevelure se transforma en un épais feuillage. De multiples grappes de raisins blancs se mirent à pousser à grande vitesse au bout des branches, jusqu'à acquérir leur maturité en un temps record. Un cycle végétatif accéléré, avec production de raisins issus de vieilles vignes, de façon quasi-instantanée! Un vrai miracle! Et la fin du Purgatoire pour ces humains au bout du rouleau! Le vieil homme quitta alors son refuge pour venir goûter à sa récolte, cueillant et croquant quelques grains de ci de là. Il tiqua! Pas suffisamment d'acidité à son goût, dans aucune de ces nouvelles variétés, pour produire le vin qu'il imaginait! Les mains croisées dans le dos, l'air songeur, il arpenta le coteau.

    Une voix le fit sursauter!

    - “ Ben, ça alors! J’le crois pas!

    Il se retourna, pour enfin apercevoir un grand type égaré dans la montagne, au teint maladif, sub-ictérique, originaire du Jura Français, tout éberlué de ce qu'il avait vu et qu'il n'aurait pas dû voir! Incrédule, le Jurassien l'avait été toute sa vie, en fait, au point de renoncer à toute idée de religion, blasphémant volontiers à tort et à travers. Mais là, pour lui, ça dépassait vraiment l'entendement!

    Malgré ses petit problèmes hépatiques, son heure n'était pas arrivée, mais tant pis pour lui! Pas question de laisser un tel témoin dans la nature! La lune brillait toujours et n'avait pas achevé son parcours céleste. Après quelques incantations proférées de façon quasi réflexe par le Barbu, le grand gaillard jurassien s'immobilisa et ne tarda pas à entamer sa mue, comme les ancêtres l’avaient fait précédemment. Il en résulta une plus jeune vigne que les autres, mais dont les raisins oblongs, juteux et parfumés, étaient dotés d'une belle et bonne acidité.

    -“ Voilà qui devrait faire l'affaire! ”, s'exclama avec jubilation et sans remords le Vieil Homme, après avoir croqué avidement quelques grains. “ Pour une chance, c’est une chance! Il va falloir maintenant que je te baptise! … Et puisque tu ne crois en rien, je te nommerai ... Païen!



    Olif       

    * Changins: Station fédérale de recherches agronomiques, travaillant notamment beaucoup sur la viticulture et l'oenologie

  • La vie est un Romanduvin.ch

    Magazine internet mensuel spécialisé sur le monde du vin suisse romand, Romanduvin.ch est apparu sur la toile en avril 2005 grâce à la plume d'Alexandre Truffer, jeune licencié es lettres cherchant à occuper un espace vacant dans un domaine qui le passionne.

    "RomanDuVin.ch incarne cette volonté de réhabiliter cette viticulture romande «sans histoire(s)». En présentant les traditions, les progrès ainsi que les innovations de ce vignoble helvétique, mais aussi ses errements ou ses faux pas, notre site désire intégrer au cercle des amateurs du vin suisse ces publics plus féminins, plus jeunes, et moins argentés traditionnellement oubliés."

    Fort de cette conception à la fois littéraire et populaire, Alexandre Truffer a envisagé de créer une "mythologie populaire" de la viticulture helvétique par le biais d'un concours littéraire. 10 cépages tirés au sort entre les participants, 10 approches différentes de la naissance d'un vin. Après une sélection rigoureuse, digne d'un grand vigneron, un livre est né.


    Le roman du vin s'est transformé en Légende des cépages! Le voici en quasi-exclusivité! Il sort ce jour!

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    On peut en savoir plus sur le livre et l'endroit où se le procurer en cliquant ici!

    Me sentant pris d'un grand souffle lyrique, je n'ai pas hésité à prendre ma plume à l'automne dernier. Pour pondre un petit texte dont j'ai le secret. Nous étions une bonne soixantaine en lice, du monde francophone entier, ou presque. On m'a attribué le cépage nommé Païen, sans le faire exprès. Il paraît que j'ai terminé au pied du podium. Une performance très honorable, puisque les primés sont pour la plupart des gens de lettres, des journalistes ou des habitués des concours littéraires. Je ferai mieux la prochaine fois!

    Pour savoir à quoi vous avez échappé si jamais vous achetez le livre, ce que je vous encourage à faire parce que la démarche d'Alexandre est passionnante, je m'en vais vous conter la vérité vraie de la naissance de ce cépage dénommé Païen, ou Heida, ou encore Savagnin, dès qu'on s'aventure dans le Jura français. Il faut dire que j'en connais un bout sur le sujet!

    Après un petit interlude!

    Olif

  • RE-VE-VIN 2006: Les terroirs alsaciens révélés par le Riesling

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    L’Alsace, conjonction du Terroir et des cépages! Un vignoble qui a tout pour plaire à l’amateur, si ce n’est que les vins ont parfois été galvaudés (je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, enfin, j‘exagère à peine, c‘est le texte de la chanson qui veut ça!). En 6 exercices imposés, petite manière ludique d’appréhender l’interaction cépage-terroir, en compagnie d’un dégustateur qui en connaît un rayon de son oenothèque!

     

     

    Pour la mise en bouche, se rincer le gosier et se laver les dents, deux eaux minérales, l'une de terroir, l'autre pas vraiment!

    - Sainte Aude: eau plate de Vendée, très plate même, presque insipide.

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    - Hépar: toute les minéraux des Vosges dans un verre de flotte! Vraiment un truc pour constipé! N'empêche, cela aide à la percevoir, cette fameuse minéralité! Instructif!

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    A gauche, Hépar, à droite, Sainte-Aude!

    (La Cristalline sur la photo du haut, c'est juste pour rincer les verres!)

    Bon! On passe aux choses plus sérieuses, avec deux rieslings génériques, sans véritable  terroir :

    - Rebgarten 2004, Cave de Bestheim, Bennwihr : robe pâle. Nez minéral, pur, légèrement citronné! La bouche est tendue, longiligne, la finale est légèrement acidulée. Un vin parfait pour la mise en bouche, simple et apéritif! ***

    - Riesling 2004, Domaine Albert Boxler, Niedermorschwir : Robe jaune claire. Nez d’abord un peu crayeux, puis levurier sur les fruits blancs. La bouche est plus ample et large que sur le vin précédent, plus riche aussi, avec une pointe de sucrosité, mais un peu lâche, moins minérale et tendue. Je l’ai pourtant goûté il y a peu au domaine (CR en retard à venir, c‘est prévu!), plutôt adoré, mais là, dans ce contexte, j’ai préféré le précédent. Va comprendre, Charles! ***

    Deux Grands Crus, ensuite, sur terroirs différents, de domaines différents, de villages différents. L’un calcaro-gréseux, l’autre schisteux, supposés avoir des équilibres très différents. Et de fait, c’est vérifié!

    - Domaine Barmès-Bucher, Hengst 2003 (sol marno-calcaro-gréseux) : robe jaune clair, nez confit, exotique, sur les agrumes, l‘ananas, avec une petite touche terpénique. L’attaque se fait sur le sucre, mais rapidement, du gras apparaît. Long, élégant et suave, il termine sur de beaux amers, contrepartie de sa grande richesse.***(*)

    - Domaine Guy Wach, Kastelberg 2003 (sol de schistes) : robe jaune clair, nez peu expressif, fermé, surfant sur le minéral. Droit, long et minéral, sa longue finale porte sur l’acidité. Très beau, presque épuré! ****

    Deux Grands Crus, issus de deux terroirs différents, produits par une cave coopérative, suivis des deux mêmes, en provenance d’un domaine. Servis à l’aveugle par paires, l’objectif était de faire une filiation grand Cru, indépendante du producteur :

    - Schlossberg 2002, Cave de Kientzheim-Kaysersberg (sol granitique) : robe jaune claire, nez variétal sur les agrumes, les hydrocarbures, à peine confit. Bouche simple, fluide, un peu sucrée, sans grand intérêt! *

    - Furstentum 2001, Cave de Kientzhein-Kaysersberg (sol calcaire) : robe jaune claire. Nez terpénique, avec des notes de moka, puis, de façon opiniâtre, du liège! La minéralité perce sous le bouchon, l’attaque est légèrement perlant. Non notable, mais équivaudrait à *(*).

    - Furstentum 2002, Paul Blanck: nez plutôt minéral, avec des notes encore variétales d‘agrumes. L‘attaque est un peu sucraillonne, puis acide. Une structure complètement dissociée en bouche, je n‘aime guère! *

    - Schlossberg 2002, Paul Blanck: robe jaune soutenu. Nez confit, citronné, minéral. La bouche possède un équilibre plus affirmé et fondu, acidulé, frais, malgré une finale sur le sucre.***
    Je n’ai pas particulièrement réussi à faire de filiation entre les terroirs, même si cette cuvée m’a plutôt évoqué le Schlossberg.

    Deux Grands Crus plus évolués, issus de deux terroirs marquant différemment les vins. La maturité et la sucrosité ont-elles une influence sur la perception de la minéralité?

    - Schoenenbourg, Hugel et Fils, Hommage à Jean Hugel 1998 (sol marno-sableux-gypseux) : la robe est encore relativement claire. Le nez est très beau, très mûr, riche, confit et minéral, un peu fumé et caramel au lait. En bouche, l’équilibre est tout en légèreté et en longueur. Un vin aérien, complexe, élégant, avec ses 32 g de SR. ****

    - Moenchberg 1998 Vendange Tardive, Domaine Guy Wach (sol marno-calcaire et colluvions) : robe dorant légèrement. Nez minéral, iodé, légèrement salin. Ample et gras en bouche, avec une finale bien intégrée malgré sa richesse. J’adore! ****(*)

    Deux Grands Crus, issus de terroirs différents , chez les mêmes producteurs, à deux étapes distinctes de leur vie. Influence du vieillissement sur la perception des terroirs, tout un programme!

    - Zinnkoepflé 1999, Seppi Landmann (sol calcaro-gréseux) : robe jaune clair, nez d’abord fermé, évoluant bien dans le verre, sur des notes iodées et minérales. Très sec et mordant, il termine un peu court. ***

    - Kitterlé 1999, Domaine Schlumberger (sol gréso-volcanique) : robe claire, fonçant légèrement. Nez fumé, sur les herbes séchées, le agrumes, minéral en même temps. La bouche est marquée par la minéralité, dans un registre légèrement terpénique, avec finale métallique. ***(*)

    - Zinnkoepflé 1991, Seppi Landmann: robe or soutenu. Nez riche et complexe, sur le foin coupé, l’encaustique, témoignant d’un caractère légèrement oxydatif. La bouche est droite et stricte, presque épurée, trop pour certains. J’aime bien! ****

    - Kitterlé 1991, Domaine Schlumberger: Robe dorant légèrement.. Nez grillé, sur le moka, terpénique, plutôt élégant. Bouche stricte, sèche, élégante, minérale, sur les hydrocarbures. Un petit côté Château Chalon très séduisant! ****

    Le haut de gamme, sur deux Grands crus différents, dans deux domaines prestigieux. Pour le plaisir…

    - Schlossberg, Cuvée Ste Catherine 2004, Domaine Weinbach : robe dorée. Nez minéral et pur, bouche fine et élégante, minérale, finale sur de beaux amers, un vin à l’état embryonnaire qui promet énormément! *****

    - Muenchberg 2004, Domaine Ostertag : Robe dorant légèrement. Nez confit, avec une petite touche minérale. Un vin puissant, riche, long, à la persistance aromatique intense, finale sur une pointe de sucre. Une matière riche et enrobée, mais dans le même temps, une grande droiture. Un très beau vin! ****(*)

    Un pirate sur le même thème, apporté par le tandem normand:

    - VT Schoenenbourg VV  1998, Domaine Dopff au Moulin: nez caramélisé, confit, terpénique. L’attaque se fait sur le sucre, mais le vin est droit, long, sur un bel équilibre plutôt demi-sec. ****

    A lire également, les notes d’Eric, le Gentil Membre, celles de PhR, le Gentil Organisateur, et
    la synthèse de Thierry Meyer, la Gentille Guest Star.

    Dans tous les cas, une dégustation passionnante et enrichissante! L’Alsace en Vendée, c’est le top du top!

    Olif

  • Bordeaux 2006 - (1) Leçon de recueillement à Lafite

    Lafite-Rotschild. Le nom fait rêver les amateurs de finance et de vin du monde entier. Y compris dans le Jura! Au point de s’inscrire en tête de liste du périple médocain GJPesque. La barre aurait-elle été placée trop haut d'emblée? A voir!

    Le baron Eric n’est pas là pour nous accueillir. Tout de même! Foin de la déception, le jeune maître de chai qui nous balade dans le dédale souterrain du château en connaît un rayon. Y compris en matière de terroir, un genre de truc qui existe aussi à Bordeaux. La hite culmine à 27 mètres au dessus de la mer. De combien Lafite dépasse t’il les autres crus de Pauillac?

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    Après s’être extasiés devant la plus grande collection de vieux millésimes du monde, nous pénétronsRevevin_mdoc_115 dans le chai de Ricardo Bofill, un véritable temple dédié au vin, à l‘acoustique soignée. Nous nous y recueillons avec dévotion, au son des barriques que l’on roule. Il paraît que certains soirs d’automne, on peut y entendre le sanglot long des violons, même en été. Quand la 35ème heure a sonné et que les ouvriers viticoles laissent la place aux mélomanes empapillonnés pour des musicales viniques classiques. De la meli-mélomanie, un verre de 1er Grand Cru Classé à la main, le petit doigt en l'air!

    Lafite-Rothschild 1993: à maturité, ce vin exhale des notes de poivron bien mûr sur fond de bois noble et de Havane. Les tanins sont fondus mais n’arrivent pas à se départir de leur caractère revêche, inhérent au millésime. C’est quand même bien bon, et surtout prêt à boire.

    Lafite-Rothschild 2005: d’un tout autre acabit, le nez séduit d’emblée, par sa fraîcheur et son caractère fruité, sur la gelée de fruits noirs, une des constantes du millésime, semble t’il. Pas compoté pour un sou! Les tanins sont soyeux, d’une finesse sans égal, élégants et raffinés. En finale, le bois transparaît, légèrement vanillé, l’air de rien, l’apanage de la jeunesse. Sans épate, du début à la fin, en grand seigneur! Pour un premier 2005, on aurait pu tomber plus mal!

    Fin du recueillement! A suivre...

    Olif

  • Moi? Gourmand? On croit rêver!

    Ce fieffé coquin d'Estèbe, trouvant que je n'ai pas suffisamment de comptes-rendus en retard, m'a refilé des devoirs à la maison, ramassage des copies à la fin de la récré. Bon, ça me fera une petite pause dans mon orgie bordelo-rhodanienne! Essayons d'être sérieux 5 minutes!

    Desserts préférés

    Je ne sais pas si j'ai un dessert préféré. Heureusement que l'item est au pluriel! En fait, j'aime bien les fraises à la saison des fraises, la rhubarbe à la saison de la rhubarbe, les mangues à la saison des mangues (c'est quand, la saison des mangues?), déclinés de la façon la plus simple à la plus sophistiquée, du moment que c'est bon! Et puis j'aime bien le chocolat à la saison du chocolat, c'est à dire toute l'année, et je me demande si mon dessert préféré ne serait pas celui-là, si jamais je le goûte un jour dans cette version-là, celle des frangines.

    Fruits préférés

    Le fruit du péché, of course, celui qui est défendu!

    Bonbons préférés

    Je ne sais si on peut ranger ça avec les bonbons (si ça vous les casse, tant pis pour vous!), mais j'avoue un penchant pour les Salidous, délicieux caramels bretons de Quiberon au beurre salé.Ou à défaut, suçoter nonchalamment une Niniche le long de la Côte Sauvage . Tout ça me donne furieusement envie de Bretagne!

    Parfum de thé préféré

    Alors là, je suis embêté! Ce n'est vraiment pas ma tasse! Pourtant, c'est vrai que ça sent bon!

    Petit-déjeuner idéal

    Café noir, tartine de cancoillotte et jus multivitamines. Ou alors, sur les coups de 10 heures 30, rillettes, saucisson et vin blanc. Mais c'est pas souvent!

    Plat préféré

    J'hésite entre un homard grillé de Prat Ar Coum sauce corail et un pavé de boeuf de l'Aubrac. Les deux, en fait, ça dépendra du vin qui sera servi avec.

    Resto favori

    Forcément celui où je vais le plus régulièrement. Parce qu'il est près de chez moi, parce que j'aime bien sa cuisine inventive et osée, parce qu'il est super sympa (et sa femme aussi! Coucou Anne!): L'Alchimie, à Pontarlier. Sinon, j'aimerais bien aller plus souvent chez Jean-Paul Jeunet, en Arbois, c'est quand même le top du top!

    Ce que vous ne mangerez jamais

    Un steack de Mammouth, il y a rupture de stock chez le boucher du coin!

    Chocolat blanc, au lait ou noir?

    Pourquoi, il y en a d'autres que du noir?

    Cuisines du monde préférées

    On a le droit de répondre la cuisine suisse? Juste pour faire plaisir à Estèbe, alors!


    Serais-je un peu gourmand, finalement?



    Olif

  • RE-VE-VIN 2006: Le Rhône Off

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    Juste le temps d'un petit bain de mer, et nous voilà repartis dans les Côtes du Rhône! ça ne rigole pas, à Saint-Jean de Monts!

    Vinsobres 2004, Domaine du Moulin:
    Nez sur les fruits blancs, la pêche. En bouche, rondeur alcooleuse un peu brûlante en finale. Manque indéniable de fraîcheur, l’archétype de ce que je reproche aux blancs du Rhône, en fait!  *(*)

    Vinsobres 2004, Domaine Chaume-Arnaud:
    Nez complexe et intéressant, sur le gingembre et l’amande amère. La bouche n’est pas à la hauteur, sèche en attaque, courte et fluette. *

    Coteaux du Tricastin VV 2003, Bonetto Fabrol:
    Nez sur le pruneau cuit à l‘eau de vie. Moyennement corsé, chaleureux en finale, l‘équilibre est incertain. *(*)
     
    Côteaux du Tricastin 2003, Château la Décelle, cuvée S
    :
    Premier nez sur le caoutchouc brûlé, puis griotte à l‘eau de vie. Végétal et acide, ce qui lui donne de la fraîcheur, mais ce n‘est pas satisfaisant! *(*)
     
    Costières de Nîmes 2003, Domaine Mourgues du Grés, Terre de feu
    :
    Bouchonné! Dommage, j'en ai encore une ou deux en cave, cela m'aurait bien plu de pouvoir suivre son évolution!

    Costières de Nîmes 2000, Château de la Tuilerie, Cuvée Eole:
    Le nez est très évolué. La bouche montre une agressivité en attaque. La présence marquée d‘acidité volatile sur une matière plutôt fluette, rend la finale presque désagréable .*

    Vacqueyras 2003, Clos Montirius
    Nez exhalant un fruit très mûr, avec une pointe cacaotée. La bouche est agréable, fondue, moyennement concentrée, mais avec une belle longueur et une finale légèrement cacaotée. Le premier vin qui fait un peu plaisir dans cette série difficile. ***

    Vacqueyras 2001, Le sang des cailloux, cuvée Lopy:
    Nez très mûr, sur le pruneau et la fumée. Un vin dissocié, à l‘attaque acidulée et à la finale tannique et asséchante. **

    Côtes du Rhône 2003, Les estrambords, Domaine Richaud:
    Nez très syrah, poivré, racé. Matière épanouie, bien structurée, s‘élargissant progressivement. De la longueur et un certain degré de finesse dans le tanin malgré la concentration. De loin le meilleur vin du Off! *****

    Gigondas 2003, Clos Montirius Confidentiel:

    Ne d’abord peu expressif, puis s’ouvrant bien, sur des notes florales de violette et épicées de poivre. Plus massif que le précédent, servi en parallèle, il est un peu monolithique à ce stade et laisse entrevoir de belles promesses. ***(*)

    Côte Rôtie 2003, Chapoutier Les bécasses:
    Joli nez sur la banane séchée mais bouche décevante, marquée par l‘acidité. Un vin qui m‘a peu inspiré. Cela ne m‘a finalement pas surpris qu‘il s‘agisse de Chapoutier, un domaine avec lequel j‘ai vraiment peu de réussite! **

    Saint-Joseph 2004, Domaine Monier, Terre blanche:
    Nez curieux de fenouil, anisé, poussiéreux, boisé (vieille futaille?). Matière imposante au boisé trop marqué, un peu asséchant en finale. **(*)

    Côte Rôtie 1999, Gangloff, Barbarine:

    Robe à peine évoluée. Nez sur le pruneau à l’eau de vie, le marc. Bouche souple, florale, sur les pétales de roses séchées, à la longueur moyenne. Une Côte plus que Rotie, presque cuite! Une déception! **

    Côte Rôtie 1999, Pierre Gaillard, Rose pourpre:

    Nez poivré et épicé, avec des notes de moka. Bouche moyennement concentrée, florale, à la finale acidulée. Décevant! **

    Syrah 2004, Valais, Gérald Besse, Les Comballes:
    Premier nez réduit, qui s‘en va et qui revient, qui est fait de tous petits riens… Demi-corps, court et acidulé. Pas terrible! *

    Syrah 2003, Valais, Romain Papilloud:
    Nez sur le sirop de cassis, le camphre. Beaucoup de fraîcheur en bouche, avec des tanins relativement souples et une longueur tout à fait correcte. Beau vin! ***(*)

    Syrah de Chamoson 2003, Valais, Simon Maye:
    Nez floral, très végétal. Un végétal que l‘on retrouve en bouche, simple et court. Il s‘agit là de la cuvée non barriquée, donc plus simple, à boire sur son fruit. Ce qu'il aurait déjà fallu faire, à mon avis! **

    Syrah 2001, Valais, Christophe Abbet:
    Nez et robe évolués. Notes de caoutchouc. Structure décharnée, maigre et fluette. Déçu, et pas en bien! *

    Vin de Pays des Collines Rhodaniennes 2004, Couloure,Vignobles de Seyssuel:
    Nez sur la banane  séchée, le lard fumé. Notes balsamiques en finale. Pas mal, mais mes notes à moi se font de plus en plus laconiques! **

    Terre Inconnue 2002, Los Abuelos, Vin de Table:
    Un pirate de dernière minute, 100% Grenache du Languedoc. Nez fermé et un peu alcool eux Un vin puissant et massif, à la rondeur légèrement alcooleuse, avec une note métallique finale. Les papilles commencent à saturer!**(*)

    Une dégustation hétérogène et disparate, d’un niveau qualitatif moyen moyen. Une seule fois, en fait! Il aurait probablement fallu réduire les échantillons, mais c’est le propre d’un Off d’être plus éclectique et moins structuré. Si je ne devais retenir que 3 bouteilles, il s’agirait pour moi des Estrambords, du Montirius confidentiel et de la Syrah de Romain Papilloud. Pour une fois, ça fait juste 3! C’est dire que ma sélection est drastique! Le Rhône était plus Off que On, ce soir-là!

     

    A titre comparatif, les notes d'Eric, c'est par !

    Olif

  • Bordeaux en 10 leçons!

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    Bordeaux ! Le nom fait rêver tout amateur de vins ! Que celui qui n’a jamais eu le moindre émoi en parcourant le célèbre classement de 1855 passe son chemin. Le récit de cette escapade girondine risque fort de le laisser de marbre. Enfin, ça m’étonnerait quand même , j’espère bien y glisser un peu de ma verve habituelle, si tant est que j’en aie un peu, ce que j’aime à croire ! Par contre, le curieux qui se dira : « Tiens ! Olif est malade, il s’est remis à boire du Bordeaux ? » ne devrait pas être déçu ! Pas si malade que ça l’Olif ! C’est quand même drôlement bon, le vin de Bordeaux, non ?

    Ce périple bordelais du Club des Amis du Bon Echanson, prévu et organisé de longue date, tombait à pic car succédant aux 3èmes REncontres VEndéennes autour du VIN, auxquelles participait le GJP*, en formation légèrement réduite. De Saint-Jean de Monts à Pauillac, terminus du voyage, le chemin n’était pas long. Par contre, pour s’y rendre, le parcours est parsemé d’embûches ! Passe ton bac d’abord !

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    Et pour le bac, mieux vaut être ponctuel ! 19 heures à Royan. Le ferry est toujours à quai mais les grilles sont fermées ! Quelques médocains de retour de week-end agitent leurs mouchoirs sous notre nez et à notre barbe. On a un peu trop traîné à la terrasse du Chai Carlina ! Heureusement, il en reste encore un, à 20 heures 30. Nous patienterons donc au bistrot du port, un vrai de vrai de bord de mer, avec gouvernail, pont en bois et marins de pacotille en pull rayé et tablier de serveur.

    21 heures 30. Nous retrouvons une bande de joyeux jurassiens ayant fait la transversale et ripaillons à la fois dans les salons de l’hôtel et dans la joie et la bonne humeur, en faisant sauter ni vu ni connu quelques bouchons autour d’un plateau repas préparé à notre attention.

    Après un gros dodo bien réparateur, à nous le Médoc ! Et le Sauternais ! Et les Graves ! Tout ça en 10 leçons, à venir épisodiquement, le feuilleton de l’été sur le Blog d’Olif .

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    Et, spéciale dédicace pour Estèbe, la petite station-service où on allait faire le plein de carburant à la pompe!

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    A suivre…

    Olif

    * GJP: Grand Jury Pontissalien, secte d’adorateurs de Bacchus, basée sur les hauts plateaux du Doubs