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La Chautagne, ça vous gagne!

On l'appelle volontiers la Savoie provençale. On y cueille quelques olives et ça sent bon la lavande. Le vieux Rhône serpente gentiment au pied de la montagne, tandis que sa partie canalisée file tout droit le long de l'imposant massif du Grand Colombier. Rive gauche, on trouve quelques pieds de vignes qui peuvent donner de jolis vins dans des mains expertes. La majorité des raisins partent en coopérative, mais les rares à en être sortis ont su mettre en valeur les beaux sols sableux issus de molasse. Bienvenue en Chautagne, bienvenue dans le plus septentrional des vignobles de la vallée du Rhône français, bienvenue sur le terroir du Cellier des pauvres, bienvenue chez Marie et Florian Curtet.

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11 heures, elle nous a dit, Marie. Parce qu'elle ne laisse pas trop le choix aux visiteurs qui s'annoncent. 11heures, c'est bien, parce que ça laisse le temps de faire la journée de travail en commençant à piocher ou ébourgeonner à 6 heures, après, de toute façon, il fera trop chaud. Et comme la petite est chez ses grands-parents pour cause de pont de l'Ascension, c'est encore mieux. Arrivée quasi synchronisée à Motz, parce qu'on est venus à plusieurs voitures, sans prendre le même itinéraire ni partir à la même heure. Il faut prononcer "Mô", sans les consonnes finales. Ils sont bizarres, ces Savoyards. Bon, Marie, elle est bretonne, alors ça ne vaut pas pour elle. Elle a travaillé avec Gilles Berlioz et elle devait intégrer le domaine partagé et reprendre des vignes à Chignin. Mais, comme elle a rencontré Florian, qui travaillait alors avec Jacques Maillet, lors de vendanges communes au Cellier des pauvres, et que celui-ci se destinait à reprendre les vignes de Jacques, ici, en Chautagne, elle a fait le choix de la raison et celui du cœur. Pendant 6 mois, elle a fait la route, c'était usant et ça n'aurait pas été raisonnable de vivre ensemble et de ne pas travailler ensemble. "On va voir les vignes?", elle nous a dit. Évidemment, on a répondu oui, donc on est parti voir le Cellier des pauvres, c'est juste à côté. Là, il y a surtout les blancs, mais un peu de rouge aussi, les pinots et les gamays se trouvent sur une autre parcelle à 2 kilomètres de là. Les blancs, ce sont surtout la jacquère et l'altesse, évidemment, et puis d'autres qu'ils ont replantés, avec Florian, sur ce coteau qui regarde le fleuve. De la mondeuse blanche, de la molette, du gringet et du savagnin. C'est bien, le savagnin, face au Grand Colombier, le dernier contrefort du Jura. Un chouette petit clin d'œil, parce que Marie et Florian, ils aiment bien les vins du Jura et que, du coup, ils ont un peu l'impression d'y être, lorsqu'ils lèvent les yeux pour regarder la montagne pendant qu'ils piochent le savagnin. L'idée première, c'est d'élaborer un seul et unique blanc d'assemblage, pour avoir du volume à proposer et ne pas s'embêter à répartir des micro cuvées aux différents clients. Et puis, l'assemblage, ça réussit plutôt bien au blanc, surtout avec un peu de mondeuse blanche qui a tendance à servir de catalyseur. La deuxième idée, elle est plutôt pas mal aussi, c'est de constituer un mini conservatoire des cépages que l'on retrouve en Savoie. Ce sera la grande richesse du Cellier des pauvres, ce lieu-dit qui doit son nom au cabanon qu'il abrite de longue date, sous les frondaisons. C'est là qu'on retrouve Florian qui bossait avec les gars à la vigne. On papote un peu, on cause ampélographie et on examine les jeunes plantations pour essayer de reconnaître les feuilles de gringet de celles de savagnin. Il nous manque juste un Galet de poche, mais je crois qu'on s'est pas mal débrouillés, on a eu juste.

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On repart au domaine et on s'installe dehors pour la dégustation, ça ne nous embête pas, bien au contraire, il fait tellement bon. Calculatrice avisée, Marie sort juste le bon nombre de verres, sans avoir oublié les deux ouvriers qui vont venir se désaltérer un peu après cette chaude matinée de labeur. Plein de choses à goûter, même si peu de vins sont disponibles à la vente, parce que Florian nous sort le grand jeu avec plusieurs bouteilles épuisées à la vente, juste pour se rendre compte un peu du chemin parcouru depuis la reprise des vignes et voir comment les vins évoluent avec un peu de patine.

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D'abord les blancs, Tonnerre de grès, le nouvel assemblage 2018, avec tous les raisins blancs du domaine, il vient d'être mis en bouteille, enfin il n'y a pas plus de 3 semaines, et ça goûte déjà bien, je trouve, c'est déjà en place avec de jolies notes fruitées. La jacquère et la roussette 2017 sont juste épatantes, avec presque un petit côté oxydatif qui fait merveille sur les fromages que Marie est allée chercher pour finir la dégustation, les rouges, ça allait bien aussi, même si le sujet est polémique et sensible, d'une manière générale, mais on n'était pas là pour polémiquer et, de toute façon, ça allait bien avec le fromage des 4 saisons, mi reblochon, mi tome, un peu sec sans être piquant, et le comté 18 mois que j'avais apporté. On n'a pas fini les bouteilles, alors elles ne seront pas tout de suite suspendues sur le sapin de Noël, mais tout était autrement bon, cela va sans dire.

 

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