Le froid sibérien réussit sa Percée dans le Jura
Une Percée qui restera certainement dans les annales comme étant la plus froide à ce jour. Ne pas se fier au ciel bleu ou au grand soleil qui rayonnait. Ruffey sur Seille avait convié la Sibérie comme invitée d'honneur de la 16ème Percée du Vin Jaune. Le froid transperçant n'a toutefois pas altéré l'enthousiasme des organisateurs, ni celui des participants. Le vin jaune, ça réchauffe les cœurs!
C'est une tradition, la première animation autour de la Percée, c'est le clavelinage. Un concours de dégustation autour du Vin jaune, où différents jurys considérés comme des experts, décernent des bons points aux vins qui sont sortis du lot et apparus comme les meilleurs ce jour-là.
"In flavo vino veritas". La doublette franco-belge d'IVV et des 5 du vins ne pouvait pas copier l'un sur l'autre, ils ne se trouvaient pas à la même table.
Vin jaune et société, en compagnie de Marie-Christine Tarby-Maire.
Wink Lorch, grande voyageuse ancrée en Savoie, a claveliné les vins jaunes de montagne et de forte pente.
La dégustation est un art difficile, notamment pour les aveugles, mais aussi pour les agueusiques et les cryoanesthésiés des papilles et/ou du bulbe. Après ce tour de chauffe, qui a vu une vingtaine de clavelins récompensés, place à un premier tour de froid dans les rues de Ruffey.
Les verres attendent sagement d'être adoptés par les premiers arrivants. Les caveaux de dégustation ouvrent à midi pile et cela reste quand même le meilleur moment pour approcher les vignerons, à défaut de pouvoir goûter à leurs vins dans de bonnes conditions. Légèrement excentrés, dans le cadre superbe du Prieuré Saint-Christophe, Jean-Michel Petit, Laurent Macle et Nicole Deriau, du domaine de Montbourgeau, sont dans les starting-blocks pour la venue des premiers Perceurs et Perceuses.
Bonnet indispensable cette année. Et je voudrais bien le même pour faire la Transjurassienne, tiens! Côté vins, des choses plutôt très intéressantes, qu'il faudra redéguster à température idéale, c'est à dire ni trop froid, ni trop chaud (oui, c'était possible, lorsque le clavelin avait séjourné trop longtemps à côté du radiateur), notamment le Chardonnay Jurassique et le Savagnin Les Terrasses 2010.
Difficile de parler des vins de Laurent Macle, conservés bien contre son gré dans un frigo géant où tout le monde se tenait debout à l'intérieur. Le Château Chalon 2004 est pourtant une superbe réussite qui méritera d'être regoûté devant la cheminée.
Ambiance un chouïa moins frisquette chez Nicole Deriau, au domaine de Montbourgeau. Sur le beau terroir de L'Étoile, l'oxydatif est roi et les vins dégustés possèdaient beaucoup de finesse d'expression. Une cave très fréquentée par les blogueurs, et même par le Bicéphale buveur, reconstitué pour l'occasion. On viendra probablement y jouer les stars à l'occasion.
À deux pas de là, deux Bourguignons frigorifiés, l'un au pinceau, l'autre au stylo, buvaient des litres en faisant plein de ratures. Pas facile de dédicacer avec des moufles, tout en alimentant régulièrement le poêle. "Litres et ratures", quand les écrivains parlent du vin... pendant que d'autres le font ou le boivent.
Entre vente aux enchères raisonnable et concours de cuisine autour du vin jaune, avant la grande cérémonie abrégée du dimanche matin, la Percée de Ruffey, à part celui de la température la plus basse jamais enregistrée, n'a pas pulvérisé les records de la précédente édition arboisienne, en terme de fréquentation et de buzz médiatique, loin de là. Mais le Vin jaune, c'était pourtant par là, et la fête a été jolie, conviviale et agréable, comme à l'accoutumée. Tout juste quelques évacuations sanitaires pour hypothermie ont été signalées, sans abus de boisson. L'année prochaine, par là, ce sera direction Voiteur. Les 2 et 3 février 2013. On suivra volontiers la pancarte qui y conduit, une nouvelle fois.
La Percée à Ruffey? Le froid lui seyait bien.
Olif