Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

martigny

  • Vendredis du vin #29: La quille, bordel!


    Vendredisduvin

    29ème session des Vendredis du vin. Du peu au jus, mais quand même! Vivement la quille, bordel! "Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse", disait le poète. "Eh bien non!", s'exclame le bourguignon en direct. On ne veut pas être ivre avec n'importe quelle boutanche. Pas avec n'importe quel contenant, ni même - et surtout?- n'importe quel contenu. Et peut-être même pas avec n'importe qui non plus. S'abandonner corps et biens, oui, mais dans les règles de l'art, avec un emballage ou un emballé dignes de ce nom. 

     

    À petite ivresse, petit flacon. À méga-uber-große caisse, prévoir plus large. Douceur non exclue. Habituellement embouteillée en dé à coudre (37,5cl voire 50cl pour les gros gourmands), la cuvée Ambre de Christophe Abbet vaut tous les Martigny on the rocks du monde. Un liquoreux de l'extrême, assemblage de marsanne et petite arvine, élevé longuement en fût (jusqu'à 44 mois, si cela le justifie). Un vin qui souvent défie la mécanique des fluides et dont le grain oxydatif, apporté par l'élevage long, accentue le caractère exceptionnel et superlatif. Pour se la mettre bien profond, ou, plus élégamment formulé, toucher à l'ivresse des profondeurs, rien ne vaut les grands contenants. Jamais sans mon magnum, une mise réservée à ceux qui le méritent. Autant dire qu'ils sont rares.

     

    IMGP9806.JPG

     

    "Zéro, zéro, zéro, zéro..."

     

    Olif

     

    P.S.: Un flacon géant non ouvert pour l'occasion, mais qui me rend ivre rien que de penser au jour où je le ferai!

  • Retour à Martigny-Bourg, chez Christophe Abbet

    Martigny-Bourg, le retour! A la bourre! Après le rap des Rappes, il s'agissait de s'engouffrer dans la tanière de l'Abbet (Christophe de son prénom) pour un nouveau beau voyage au pays de l'Ambre, ce doux royaume mystérieux qu'il faut savoir apprivoiser. Un monde à part, dans l'univers des vins valaisans, à l'image du vigneron pourtant issu d'une formation classique à l'Ecole de Changins, là où tous les œnologues suisses vont apprendre à faire du vin. Pas toujours avec un sens artistique très développé, contrairement à ce que l'on peut observer ici. Des bouteilles dans lesquelles poussent parfois de drôles de choses, une fois vidées de leur contenu liquide.

    IMGP5638.JPG

    D'ailleurs, on va s'y atteler comme des bœufs, à les vider, c'est le moment de la dégustation. Des bœufs attelés à l'Abbet Road, saisissant raccourci et petit clin d'œil éculé à l'intention des initiés.

    - Chasselas de Fully 2007, Les Avasiers: une cuvée habituellement assemblée au traditionnel Chasselas de Fully mais qui, à cause d'une panne de monorail, a été vendangée 10 jours plus tard que les autres. Donc, du coup, isolée. Le nez est d'un fruité très mûr, presque exubérant, sur la pêche de vigne que l'on a envie de croquer. Bouche ronde, suave, avec du gras. Un fendant plutôt atypique et original.

    - Arvine 2007: nez mûr et original, bouche très agrumes, acidulée, avec des notes d'ananas et d'écorce d'orange. Richesse en bouche, qui termine sur de beaux amers. Mystérieuse petite arvine, qu'il faut aller chercher, à défaut de l'attendre encore un peu.

    - Gamay de Fully 2006, Les Avasiers: une déclinaison du Gamay dans cette fameuse combe des Avasiers, qui donne un vin fruité (groseille), épicé, concentré et charnu, acidulé et frais en finale.

    - Gamay de Fully 2007, Les Avasiers: en exclusivité, un échantillon prélevé à la cuve. Structure serrée, dense, avec un joli fruit final, dans un bain de fraicheur.

    - Gamay de Fully Vieilles Vignes 2007: également prélevé sur cuve, élevé sur lies et très peu soufré. Présence d'une pointe de gaz (malgré un dégazage musclé préalable, fait en coulisses). Nez épicé et fumé, bouche soyeuse, charnelle, finale nette, droite et précise.

    - Humagne rouge Tradition 2006: souple et fruitée, sur des notes de sirop de fraise et cassis.

    - Syrah 2007: mise toute récente, en jour "fruit", par une lune ascendante. C'était la "minute antroposophique", même si les vignes ne sont pas cultivées en biodynamie. Nez un peu lardé, riche et fruitée, bouche opulente et concentrée, une passionnante rencontre avec ce vin ayant bénéficié d'un élevage original avec une macération très longue et un pressurage début juillet.

    IMGP5639.JPG

    Après cette copieuse mise en bouche, les bouteilles se sont mises à léviter, soulagées de leur contenu pourtant aérien. Un présentoir économique, classieux, artistique et joli, fait de bric, de broc et de bouts de fil métallique. Après avoir grimpé au mur, direction la cave, dans les entrailles du vieux Bourg pour une expérience hors du commun. "Vous ne serez plus les mêmes en sortant d'ici!" nous prédit l'Abbet en dévalant les marches quatre à quatre, en roulant les épaules (private joke!), avec un sourire sardonique. Dans l'antre du sorcier, il faut jouer de la pipette et ce n'est pas du pipeau. On y trouve des mixtures qui trainent depuis de longues années, parfois, sans pour autant prendre la poussière. Pour plusieurs d'entre elles, l'heure de la consécration en bouteille va bientôt sonner. Elles sont prêtes à affronter les hordes de dégustateurs aguerris, impatientes de partir à l'aventure pour vivre leur vie hors de l'utérus octodurien.

    - Chardonnay-Petite Arvine 2003, sous voile: assemblage 40-60, qui devrait bientôt être dans l'Air du Temps, du nom de cette cuvée désormais classique et célèbre. Nez surmaturé sec, presque confit, caractère oxydatif indéniable, beaucoup de finesse et de profondeur.

    - Marsanne 2003, sous voile: cette fois-ci, on part sur un équilibre plutôt liquoreux, avec des notes d'abricot sec et de liqueur de café. Acidité, droiture et netteté, y goûter est un moment rare et privilégié dans une vie d'amateur! Superbe!

    - Marsanne-Petite Arvine 2000, sous voile: nez malté, rancio, avec une bouche riche et opulente. Le caractère oxydatif s'exprime ici un peu à la manière des Vieux Rivesaltes ambrés. Déroutant mais très beau!

    - Ambre 2006: goûtée sur plusieurs barriques neuves, ne se donne pas encore. Un "bouton de fleur" qui ne demande qu'à s'ouvrir lentement.

    - Ambre 2005: couleur déjà ambrée, nez sur les fruits secs et la mine de crayon, camphre et essence de pin sur une autre barrique, qui évolue sur des notes entêtantes de thym et de garrigue. Le boisé marque encore un peu, la finale est à peine chaude. Là encore, l'élevage est loin d'être terminé! A attendre patiemment.

    - Ambre 2004: une approche du produit fini et un vin plus abouti, même s'il garde encore sa part de mystère. Présence d'acidité volatile plus marquée, bénéfique, qui accentue la sensation de buvabilité.

    - Ambre 2002: un monument à mettre en bouteille et en cave, la sienne personnelle, et se prosterner devant, matin et soir, tant que l'on ne l'aura pas bue! Huileuse, grasse et onctueuse, mais caressante, fraiche et digeste, une Ambre sensationnelle à réserver aux gourmands et aux amateurs de vins riches. 

    IMGP5648.JPG

    D'anciens comptes-rendus de dégustation chez Christophe Abbet ici, et encore , et puis l'avis de mes compères ici et .

    Olif
  • Le rap de Gérald Besse, le vigneron des Rappes

    IMGP5622.JPG

    Patricia et Gérald Besse, artisans vignerons aux Rappes et amis des artistes

    Il n'en fallait pas plus pour que je dégaine mon gun et rentre en piste

    Avec mon calepin, mon stylo, mon sweat à capuche, mon baggy et mon Pentax

    Tout l'arsenal du chroniqueur rappeur ayant choisi de rester dans l'axe

    Du rap du dimanche

    Du hip-hop romanche

    "Ch'est un beau roman, ch'est une belle hichtoire

    Ch'est une romanche d'aujourd'hui ..."

     

    C'est le rap du vigneron des Rappes

    Le rap de Patricia et Gérald Besse

    Si tu n'y vois rien c'est que t'as la vue qui baisse

    Fais gaffe que ton pied ne dérape

    Hume ton verre et laisse-toi emporter

    Par le nez du Fendant de Champortay

    ...

    Comme je n'ai jamais fréquenté l'Ecole du Micro d'Argent

    Je ferais peut-être mieux d'en rester là les gens

    La dégustation ne me fait pas peur

    Mais je n'ai pas l'étoffe d'un rappeur

    Arrêtons-là la musique

    Mettons le hola au hip-hop

    Revenons à des commentaires plus classiques

    Pour des vins qui goûtent au top

    ...

    IMGP5626.JPG

     

    Hum hum... Après cet intermède musical digne de NTM, revenons aux choses sérieuses et saluons la recherche sur les terroirs pratiquée au domaine Besse ainsi que tout le travail à la vigne. D'ailleurs Gérald Besse s'y trouvait au moment même où nous arrivions, confiant notre découverte de sa cave à Patricia son épouse, elle-même très impliquée dans la gestion du domaine. Après une visite des installations, suivie de considérations sur la vigne, le vin, le raisin et sur l'art d'une manière générale, nous sommes allés nourrir les animaux avant de nous abreuver personnellement.

    IMGP5636.JPG

    - Fendant Champortay 2007: du gras, sous-tendu par une pointe de carbonique. Belle alliance de la tension et de la richesse, pour un équilibre global plutôt élégant.

    - Fendant de Martigny Les Bans 2007: fleur de vigne et pierre à fusil, fruité et minéral, droit et tendu, malgré une pointe de sucrosité finale.

    - Johannisberg Martigny 2007: réservé et peu expressif, il garde une certaine vivacité malgré la malo faite. Un vin qui ne me parle malheureusement pas beaucoup, je réserve mon jugement.

    - Petite Arvine 2007: sans malo, celle-ci. Des agrumes et de l'amertume qui apporte la fraicheur, malgré la richesse de constitution. 14,8° d'alcool parfaitement fondus, une belle petite arvine parfaitement sèche.

    - Ermitage 2006: riche et puissant, un peu marqué par le bois, sur des arômes de pêche et de noix de coco. La finale a gardé un peu de résiduel, qui se dilue dans la puissance.

    - Gamay Champortay 2007: nez épicé et fumé, fraicheur acidulée en bouche.

    - Pinot Noir Les Serpentines 2006: boisé fin, discret, pinote joliment, bouche charnue et concentrée, élégant et fin. Un très beau Pinot Noir.

    - Syrah Les Serpentines 2006: nez boisé, matière dense et serrée, de la fraicheur et de l'acidité, finale chaleureuse. Demande du temps. Le millésime 2005, dégusté en 1/2 bouteille à la maison, est également un peu marqué par le bois. Les tanins sont compacts et la matière plutôt riche. A attendre aussi.

    ...

    C'est le rap du vigneron des Rappes

    Le rap de Patricia et Gérald Besse

    Si tu n'y vois rien c'est que t'as la vue qui baisse

    ...

     

    IMGP5628.JPG

     

    Olif'n, membre du collectif de rap VTV (Vide Ton Verre)

     

     

     

     

  • Bande-annonce: La Belle et l'Abbet

    IMGP5633.JPG
    "Octodurus : qui vicus positus in valle non magna ADJECTA PLANITIE altissimis montibus
    undique continetur. Quum hic in duas partes flumine divideretur.”

    Après s'être gavé de Côtes du Jura dans le Sud-Revermont en compagnie de Fanfan Ganevat, le preux Olif a mis le cap à l'Est, direction un "bourg, assis dans une petite plaine au fond d'un vallon et entièrement entouré de montagnes très élevées", afin de goûter aux joies du cor des Alpes en compagnie d'une belle paire de bouilles, celles de deux éminents représentants de la Bloglouglou, l'un spécialisé en vins confédérés, l'autre maniant la pipette avec dextérité.

    Point de vieux château, dans cette histoire, mais des caves remplies de barriques et renfermant de divins secrets. Un conte de fées n'ayant duré qu'une journée, avec dans le rôle de la Belle, Patricia Besse, qui nous a fort gentiment accueillis au domaine familial des Rappes, sur les hauteurs de Martigny, avant que nous ne gagnions l'antre de l'Abbet, Christophe de son prénom, au cœur de Martigny-Bourg. Difficile de s'arracher des oubliettes de la cave et de ne pas être hanté par ces breuvages iconoclastes qui s'épanouissent encore en barrique après tant d'années. Des vins à déconseiller aux âmes sensibles et aux ardents défenseurs de l'œnologiquement correct. Pardonne-leur, Mon Dieu, ils ne savent pas ce qu'ils perdent!

    De l'émotion, du suspense, du rire, des larmes, des monstres à roulettes, de la musique des cités , des coups de pipette, de l'art moderne et puis du vin, aussi, un peu. Tout cela, à venir  plus en détail sur Le Blog d'Olif dans les jours prochains. Une exclusivité partagée avec mes copains blogueurs qui ne devraient pas hésiter à donner leur propre version des faits!

    Olif

  • One zi Abérode eugaine...

    Cart0149

    Abérode, suivant la manière dont on l'orthographie, est un nom qui interpelle aussi bien le beatlemaniaque, aimant venir ensemble sous le soleil vouloir quelque chose dans un jardin de pieuvre parce que le ciel est bleu et que sa majesté est une jolie belle fille, que l'ambremaniaque, aimant goûter l'air du temps l'un dans l'autre à propos d'ailes. Abbey Road, la rue qui passe devant le célèbre studio londonien, est virtuellement fermée depuis pas mal de temps, pour cause d'enterrements, Abbet Road*, la rue principale du vieux bourg de Martigny (VS), qui conduit au nirvana chez Christophe Abbet, est fermée pour travaux, en cette fin d'après-midi pluvio-orageuse d'août 2007. Les passages piétons ont disparu comme par enchantement, les piétons aussi, qui courent s'abriter entre deux éclaircies, et aucune Coccinelle n'est garée sur le trottoir, puisqu'ils sont en réfection. Le caveau de Christophe, situé au coeur de cette rue également mythique, est peut-être moins réputé que la fondation Giannada, qui accueille Chagall jusqu'au mois de novembre, mais on y trouve néanmoins de l'art vinique à tous les étages.

    Image_124

    Venir déguster ici en compagnie de Christophe est un plaisir toujours renouvelé, tant sa conception du vin, que l'on pourrait qualifier de marginale en Valais, trouve sa justification à son contact. Intuitif, attentif à ce que les vins ont envie de lui dire en cours d'élevage, il est capable de fulgurations à l'origine de vins hors normes, qui restent parmi les plus belles "claques" que je me suis prises en matière de découverte! Et cette nouvelle rencontre n'allait pas être en reste! On the Abbet Road again...

    Arvine 2005
    Au nez, salinité marquée, avec une petite note terpénique, type riesling, et des agrumes confits, écorce d'orange amère. La bouche est bien ciselée, ronde en attaque, onctueuse, puis droite, avec une fort belle acidité. Une petite pointe de résiduel parfaitement intégrée, du fait de quelques raisins botrytisés, témoins de la richesse du millésime.

    L'air du temps 2001
    Un OVNI produit par Christophe, dont le 1999 reste encore gravé dans ma mémoire. Derrière une petite note lactique, le nez embaume le cake sortant du four. Un cake anglais, avec des raisins macérés, du fait d'une petite odeur de rhum. Un assemblage d'Ermitage (marsanne), de Chardonnay et de Pinot blanc élevé longuement sur un mode oxydatif. On y trouve à la fois de la finesse, de la longueur et de la puissance. Un vin hors normes, méditatif, à boire pour lui même. L'accord avec un mets ne semble pas évident à trouver!

    Décembre 1998, mis en bouteilles le 10/02/2007
    De l'arvine et de l'ermitage, restées dans un fût de 60 litres pendant 9 ans. 30 litres à la mise, soit 67 bouteilles de 50 cl, une expérience unique, irrationnelle, inoubliable. Nez de malt, un peu sherry. Attaque sèche, qui s'enrobe progressivement, laissant s'exprimer l'alcool, pour donner la sensation d'un vin muté, ce qu'il n'est pas. Longueur exponentielle pour un vin digestif! On n'avait pas fini de méditer sur le vin précédent qu'on est reparti pour un tour, encore plus long!

    Image_129

    Gamay de Fully Vieilles Vignes 2005
    Très poivré et épicé, il emplit la bouche, laissant une sensation rafraîchissante malgré la jolie concentration. Intéressant de le comparer avec le Gamay 2005 de la Combe des Avasiers, plus fruité, moins épicé, possédant une belle vivacité. Une vigne nouvellement exploitée, pas si vieille que la précedente, mais pas toute jeune non plus.

    L'un dans l'autre 2005
    Assemblage Syrah-Gamay, faits pour aller l'un dans l'autre et dans cette cuvée assez riche en 2005, légèrement marquée par l'alcool.

    Cornalin 2006
    Un joli fruit porté par une pointe d'acidité volatile. Du coup, les tanins sont adorablement croquants et une belle fraîcheur vient souligner la jolie matière de cette nouveauté abbetienne.

    A propos d'ailes 2005
    Un échantillon prélevé sur fût, ce qui donne un premier nez légèrement boisé. Concentré et charnu, avec de la fraîcheur, c'est un Gamay particulièrement charpenté, mais dans lequel je ne retrouve pas l'originalité et la structure "vintage" du 2003, que lui procurait son caractère surmaturé.

    Syrah 2005, tirée du fût
    Nez réglissé, frais, avec beaucoup de fruit. Bouche volumineuse, riche et concentrée.

    Humagne 2005
    Un "beau voyage" , comme dit Christophe, que cette humagne en dentelles, souple, fluide, fruitée, délicate et élégante. Un joli fond de verre chocolaté vient compléter une aromatique de petits fruits rouges, d'humus et d'écorce d'arbre.

    Ambre 2001
    Ambre! Un nom qui fait désormais rêver l'amateur de vins liquoreux valaisans, l'amateur de vins liquoreux tout court, l'amateur de vins encore plus tout court! Cette dernière version est légèrement différente, plus classique que les précédentes, peut-être, car moins oxydative. Toujours aussi riche et onctueuse, sur les fruits jaunes et les agrumes, les fruits de la passion, elle possède une structure opulente et grasse, soulignée par une acidité exemplaire. Séductrice en diable, sa gourmandise n'incite pas à la raison!

    "On the Abbet Road again, again..."

    Olif

    * Merci à Valais_006 à qui j'ai emprunté  à son insu l'excellent jeu de mots sur Abbey road (il peut venir le récupérer quand  bon lui semble), à Marcel Gotlib, pour son Hamster Jovial, dont le ton et l'anglais approximatif ont légèrement inspiré ce billet, et aux SImpsons, qui ont bien voulu poser sur le célèbre passage piétons, et dont l'image, apparemment libre de droits, a été trouvée sur internet.

     

  • Christophe Abbet, artiste vigneron éleveur, Martigny (VS)

    Imgp1088

    M-art-igny, Valais, au pied du Grand Saint-Bern-art, ville d’art-chéologie, de pin-art et d’art tout court.

    La fondation Pierre Gianadda accueille cet été les chefs d‘œuvre de la peinture européenne du Metropolitan Museum of Art de New-York, tandis que Christophe Abbet, artiste vigneron éleveur,  expose ses œuvres en permanence à Martigny-Bourg.

    Imgp1085 Imgp1084

    Quelques douelles de tonneaux usagés, et hop!, une ambiance ethnique dans le caveau! Quelques grains de Gamay artistiquement vinifiés, et hop!, une bouteille d‘A Propos d‘ailes!. A l’étiquette joliment calligraphiée. Et il y en a plein d’autres, dans ce style-là! Des œuvres au bon goût de raisin, qu’on peut toucher et goûter, totalement dédiées au vivant. Des œuvres pour ainsi dire slurpiques, comme dirait l’esthète Helvète Estèbe, qui ne perd pas une occasion d’égarer ses notes de dégustation lorsqu’il s’intéresse à l’art vinique.  Charité bien ordonnée commençant par moi-même, je n’ai pas retrouvé son calepin, mais le mien, que je m’empresse de déchiffrer, là, tout de suite, maintenant.



    Petite Arvine 2004

    Une petite arvine sèche, mais avec néanmoins un poil de sucre, vraisemblablement très peu, pas volontaire mais témoignant de la grande maturité de raisin, et qui, malgré tout, reste tendue grâce à sa grande acidité. Ne serait-ce pas cela qui permettrait le vieillissement harmonieux du cépage, comme le suppute Christophe Abbet? L’équilibre me ravit, superposable à celui d’un noble riesling alsacien.

    Gamay de Fully Vieilles Vignes 2004

    Que voilà un beau Gamay bien gouleyant, frais, épicé, réglissé, soyeux, charnu et d’une grande buvabilité.

    Imgp1087

    L’un dans l’autre 2004
    Robe soutenue, nez épicé, légèrement lactique, avec un petit côté syrah marqué. Tanins un peu serrés, mais de la fraîcheur et du croquant, de par une acidité végétale friande. 50% Gamay, 50% Syrah, à y bien réfléchir, on retrouve l’apport des deux cépages.

    Piège 2004
    Nez original, floral et fruité. Un vin plaisir, avec de l’acidité, de la fraîcheur et de la gourmandise plein les yeux! C'est du Gamay!

    Humagne rouge 2004
    Nez très baroque, sur le cassis, le cassissier, le cuir et la fourrure. Assez typique de l’humagne, finalement, animal, fruité et végétal. La robe est plutôt claire, rubis, malgré une longue macération. Une humagne rouge très réussie, expressive et goûtue

    Syrah 2004
    Noir, c’est noir! Olive noire, cerise noire, tapenade, le tout se fondant dans une belle structure acidulée et fraîche. Ça joue!

    A Propos d’Ailes 2003
    Un Gamay surmaturé récidiviste, après une première expérience en 2000! Une récidive, mais différente. Nez sur le poivre de Séchouan, le bois exotique, la griotte. Pas trop cuit, ni trop surmaturé, de l’originalité, de l’élégance, un vin d’une grande séduction!

    L’air du Temps 1999
    La robe dore légèrement, c’est dans l’air du temps! Le nez est d’emblée puissant, sur les épices, les fruits secs, la pomme à cidre. Un style indéniablement oxydatif, même si la volonté n’est pas de faire un succédané de vin jaune, contrairement à ce qui a été dit dans la presse. La bouche est riche, la finale tonique, la longueur conséquente. Petite arvine et Marsanne (+ une petite « touchette » de Chardonnay) en élevage long, sans ouillage.  En accompagnement de quelques fromages et charcuteries valaisannes, préparées par Christophe pour l’occasion, c’est le top!

    « Je ne sais pas si vous estimez que c’est de la chance, mais j’ai plusieurs millésimes d’Ambre au frais, du fait d’une verticale prévue! »

    Il faut croire que c’en est une, de chance! Pas moins de 6 millésimes à déguster, dont un collector, pas (encore?) commercialisé. Ambre, un vin sans concession, qui commence à se tailler une solide réputation dans l’univers des vins liquoreux. Marsanne et Petite Arvine en proportion variable selon les millésimes, suivant la qualité de la vendange, l’évolution des fûts et l’inspiration de Christophe, à la recherche perpétuelle du "caractère intime et mystérieux, sans âge," des vins liquoreux. « Ah! Mon Dieu! Mon Dieu! » s’extasiait-il le nez dans le verre en humant de l’Ambre en direct live, sous les caméras de la TSR et le regard mutin d’Annick Jeanmairet. Je confirme! Ah! Mon Dieu! Mon Dieu!

    Ambre 1998
    Un vin qui n’avait pas jusqu’à présent trouvé grâce aux yeux de son géniteur, et qui attendait là, tout seul, dans son fût, perdu au fond de la cave. Battant sa coulpe et se jurant de finir par plaire! La durée de l’élevage, un élément déterminant dans l’expression du vin! A l’origine du style légèrement oxydatif de l’Ambre, particulièrement marqué ici: fruits secs, café, notes de torréfaction. La liqueur est très riche et onctueuse, mais non dénuée de fraîcheur. Les pièces du puzzle se mettent en place!

    Ambre 1999
    La robe est ambre, presque acajou. Un millésime d’une grande richesse: 9° d’alcool, 285 g de sucre résiduel, une densité et une concentration hors du commun, mais avec de l’acidité, qui tient le vin dans la durée et la fraîcheur, sur des notes d’abricot confit!

    Ambre 2004
    Encore embryonnaire, il s’exprime sur un fruité primaire à base d’ananas, d’agrumes confits. Pas encore complètement fini, il présente encore beaucoup d’acidité volatile et à peine de gaz en finale (léger picotement de la langue). La vivacité de l’arvine!

    Ambre 2003
    Nez plutôt original, fumé, sur le thé vert. Ultra liquoreux, il possède de la vivacité et de la fraîcheur, indispensables pour digérer tout ce sucre. Toujours en cours d’élevage, évidemment!

    Ambre 2002
    Un vin « tensio-actif », le côté acidulé sur les zestes d’agrumes, prédominant à ce stade, qui voit co-exister la liqueur et l’acidité, non fusionnelles pour l’instant, mais pas complètement dissociées. Là encore, la poursuite de l’élevage est indispensable pour atteindre l’harmonie.

    Ambre 2001
    Nez « fini », sur les fruits secs, le thé fumé, et un boisé un peu perceptible. Un vin aérien, qui n’empâte pas la bouche, l’harmonie est presque atteinte, le caractère acidulé de l’arvine apportant fraîcheur et vivacité.

    Pour une chance, c’en était bien une!

    Christophe Abbet, Martigny, Valais, un nom (ou plutôt trois!) que tout amateur d’art se doit de retenir! Le randonneur également, si jamais l'envie lui prend d'user ses semelles dans le Valais viticole!

    Imgp1089

    Olif

  • Christophe Abbet, l'académicien du Naturel et du Non-Conformisme !

     

    Date: le 14/04/2004 à 12:22

    Figure marginale du paysage viticole valaisan, Christophe Abbet conçoit des vins à son image, sortant des canons habituels de l'appellation, pas nécessairement tous expérimentaux, pourtant! Mais toujours à l'écoute du raisin, de la vigne à la cave, il se plie et s'adapte aux caprices de celui-ci pour produire des vins hors du commun. Le Valais au naturel, débarrassé de son académisme !

    Artiste dans tous les sens du terme, il élabore lui-même, souvent à la main, ses étiquettes et baptise ses vins de noms originaux, d'après ce qu'ils lui évoquent.
    Un personnage très attachant et humble, à l'écoute de toutes les remarques et critiques au sujet de ses vins, prêt à se remettre en question sans cesse, voire à élaborer des cuvées spéciales pour satisfaire les goûts de certains de ses clients.

    Rendez-vous donc au coeur de Martigny-Bourg, au caveau de dégustation de Christophe, en compagnie d'Yves Z.. Nous allons goûter quasiment toute la gamme actuelle et je dois reconnaître que tous les vins dégustés m'ont emballé !

    Chardonnay 2000 barrique

    Très beau nez élégant et floral, finement grillé. Gras et onctueux, avec ce qu'il faut de vivacité, un chardonnay comme je n'en ai encore jamais bu en Valais ! Son vin certainement le plus « académique », d'un classicisme bourguignon (les barriques proviennent de chez Denis Mortet), mais réellement magnifique. A signaler qu'une partie de l'assemblage n'a pas effectué sa malo.

    Gamay de Fully VV 2002

    Nez très fruité, bien mûr, avec une pointe de réglisse et quelques notes florales. Amplitude et volume en bouche. Très peu soufré, un vin qui s'exprime sur le fruit et la fraîcheur. Superbe !

    Aparté 2002

    Le même, version sans soufre. Grosse matière confiturée, fruits noirs et rouges mêlés, une bombe fruitée nature ! Je ne saurais dire lequel je préfère des deux !

    Syrah 2001 barrique

    Encore un fruité énorme, avec peut-être un peu plus de lourdeur que dans le Gamay, et une note particulière, évoquant l'amande amère. De fait, petite amertume en finale, dans une mâche énorme mais voluptueuse. Une syrah tout fruit, au volume imposant. Un vin rêvé par Christophe ?

    L'air du temps 1999

    Assemblage de marsanne, petite arvine et pinot blanc. Nez très mûr, presque surmaturé, qui distille un caractère finement oxydatif pouvant évoquer les belles cuvées jurassiennes de Camille Loye. La bouche est sèche et pourtant un peu confite. Un vin dans l'air du temps, sur le fil, un vrai funambule !
    Par rapport au millésime 1998, un peu moins déroutant du fait d'un degré alcoolique moins important ( 14,5° versus 17°).

    A propos d'îles 2000

    Tea time ! Petite arvine dominante, cette cuvée botrytisée précocément, initialement destinée à devenir de l'Ambre, a refermenté en barrique. Ce qui a contribué à faire baisser son taux de sucre résiduel, stabilisé autour de 80g/l, et lui a procuré une immense fraîcheur. Son côté exotique, à l'origine de son nom, s'est un peu estompé pour s'exprimer sur des notes prononcées de thé à la bergamote et de pommes au four. Craquant !

    A propos d'ailes 2000

    Nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises ! Un vin rouge au nez finement chocolaté (chocolat suisse, évidemment !) et des arômes confits à la manière d'un vieux Porto. Il s'agit d'un Gamay passerillé sur pied précocément, du fait d'un accident climatique cette année-là . Un vin solaire, méditerranéen, aérien (les ailes, c'est pour cela), « un Gamay élevé au rang de spécialité » ! C'est cela, être un artiste, s'adapter aux conditions les plus extrêmes et produire des chefs d'oeuvre inattendus ! Après un vin comme cela, plus rien ne peut m'étonner venant de Christophe ! Et pourtant !

    Nous allons ensuite descendre dans la magnifique cave voûtée située sous le caveau de dégustation pour atteindre de nouveaux sommets gustatifs et approcher les secrets de l'élaboration d'un désormais fameux liquoreux.

    Ambre 2001

    Dégustation au fût de deux barriques différentes, l'une légèrement plus boisée que l'autre, avec un peu moins de fraîcheur. Le vin issu de la première, gras, riche, onctueux, nourri par le bois sans que les arômes de celui-ci ne l'imprègnent, donne déjà une petite idée de ce que sera l'Ambre de cette année-là. Magique!

    Ambre 2002

    Prélevée également au fût, la robe est encore trouble. Un véritable sirop de miel, à la texture filante, et un léger boisé perceptible en attaque.

    Ambre 1999

    Un échantillon en bouteille, la mise ne va peut-être plus tarder. Un registre oxydatif qui n'est pas sans rappeler PMG 99 (eh ! oui ! encore le Jura !). Une grosse liqueur de coings avec une sensation minérale de graphite (mine de crayon) en milieu de bouche. 250g de sucre résiduel ! Un vin énorme et hors normes. Je fonds complètement !

    Christophe Abbet? Peut-être pas un mythe (ce qui évitera à certains de vouloir le déboulonner ), mais certainement un artiste-vigneron, voire un vigneron-artiste (ou les deux à la fois), original et talentueux !

     

    Olif