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romain papilloud

  • VDV#50: cinquante 50

     

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    Vendredisduvin

    Les Vendredis du vin en chiffre, c'est 67 mois d'existence, 1492 participants différents (pas la peine de vérifier, j'ai dit ça complètement au pif), 458899 bouteilles dégustées (je les ai toutes comptées une par une), et ceci en partie grâce à l'arrivée des Brusseleirs. Les chiffres, c'est aussi l'affaire de Laurent Baraou. À l'origine de cette manifestation internautique, en compagnie de Liza Roskam, de Vinorati,  il a ouvert le bal avec moins de 12, il enchaine un pas de danse avec un coup de 50, à l'occasion de son cinquantenaire à lui tout seul et de la 50ème des VDV.

     

    50 cl ou rien, voilà qui est un peu fort de café, surtout pour les 50 Brusseleirs, qui ne sauraient se contenter d'1cl par personne, là où un magnum suffit à peine à étancher leur soif inextinguible de tout ce qui est liquide, fermenté, à bulle, à mousse, ou même pas. Ils ont d'ailleurs fait savoir leur mécontentement au Président en sélectionnant un grand nombre de flacons, comme à leur habitude, mais des grands contenants de 150cl sur lesquels ils ont fort discrètement et astucieusement barré le chiffre 1.

     

    Il est paradoxalement curieux de constater que les vignerons français font rarement les choses à moitié. Ils font des demies, certes, mais une demi-bouteille, c'est 37,5cl, un contenant généralement réservé à la restauration, sauf cas particulier. Mais, même pour un repas frugal et peu arrosé, il faut reconnaître qu'à deux convives, c'est clairement insuffisant, à moins d'avoir invité le Président de l'ANPAA à déjeuner. 50cl, c'est généralement un format plutôt réservé aux vins "bizarres", aux oxydatifs du troisième type, aux curiosités pleines de vilains défauts ou, alors, aux vins liquoreux, des gourmandises sucrées que l'on est censés consommer avec gourmandise et modération, non pas en raison du taux d'alcool, mais plutôt de la quantité de sucre de certains de ces vins, capable de plonger en coma acido-cétosique n'importe quel humain en bonne santé, même pas diabétique au préalable. 50 cl, finalement, ce n'est jamais que la moitié d'un litron, 100 bons centilitres, la véritable mesure que l'on n'aurait jamais dû abandonner pour quantifier le pinard. Les Helvètes, fort pragmatiques, ne rechignent pas à utiliser ce format entre-deux, qui rend le prix du flacon plus doux, même si, rapporté au déci (pour décilitre, évidemment, mesure traditionnelle du verre de vin commandé au comptoir helvète), le coût est certainement plus élevé. Il faut croire que, là-bas, la manipulation des chiffres et des nombres (notamment sur les billets de banque) y est un sport national. Beaucoup de vins y sont donc conditionnés en 50 cl (ou 500 ml, ou encore 0,50 l), qu'ils soient rouges, blancs, moelleux, liquoreux, oxydatifs, ou pas.

     

     

    Ce ne sont donc pas moins de 50 flacons de 50 cl que j'offre ainsi à Laurent Baraou, pour beaucoup venant de Suisse voisine, dont plusieurs cartons de 6 pour arriver à bon compte. L'essentiel reste de participer et aussi de faire la nique aux Brusseleirs... Parmi eux, du blanc (Petite Arvine 2004 et 2007 de Romain Papilloud (impeccablement salines), Arvine 2004 de Christophe Abbet, Marsanne Grain d'Or 2007 de Marie-Thérèse Chappaz,...), du rouge (Cornalin de Vétroz 2004 et 2007 de Romain Papilloud, juste à point, Côte Rotie 2006 Élégance de Jamet, forcément élégante, ...), de l'oxydatif (Évidence et Fleur de Damoiselle de Claude Courtois (une grosse, très grosse bouteille, que ce 99, malgré la petitesse de son format), Savagnin ouillé 2003 de Pierre Overnoy, L'air du Temps 2001 de Christophe Abbet, Poil de Lièvre de Mas Foulaquier, Fine gueule de loup du Loup Blanc, Hyper Bole 2002 du domaine René Rieux (clin d'œil au Président Lolo), ...), du liquoreux (Volupté 2004 de Romain Papilloud, Malvoisie de Gérald Besse, Maria Juby 2003 de Patrick Baudouin, Tokaji du Château Deresla, Barréjats 2001 en Sauternes, un vieux grenache noir de la Tour Penedesses, ...) et aussi du bizarre. Comme ce Suyquiême 2004 de Fanfan Ganevat, une sélection de grains nobles de vieux cépages jurassiens, vendangés en décembre 2004. Équilibre demi-sec (après probable nouveau départ en fermentation en bouteille, comme en témoigne le soulèvement du bouchon, la coulure de la cire et la légère baisse de niveau), avec une pointe de gaz persistant, des arômes de fruits secs sur une base acidulée et, au final, un vin très fin, gracile, sur le fil, judicieusement conditionné en bouteille de 50 cl.

     

    Olif

     

     

     

     

     

     

  • Randonnée viticole valaisanne!

    Date: le 24/08/2005 à 23:43

    Sortie valaisanne quasi-improvisée, ou comment s’occuper en montagne quand le temps est complètement bouché! Descendre en plaine et sortir le tire-bouchon! C’est la seule solution! Direction Vétroz, dans un premier temps, pour retrouver des Vendéens en goguette chez Romain Papilloud, vigneron-meunier-encaveur au pays de l’amigne, dans un ancien vieux moulin.

     

    Vieux Moulin, Cornalin et Amigne!


     

    Timing un peu minuté, pour raisons familiales, Romain prend néanmoins le temps de nous recevoir aussi bien qu’à l’accoutumée et nous propose la totale!

    On débute dans le sympathique caveau de  dégustation par la production en bouteille à la vente actuellement.

    Fendant Amandoleyre 2004
    Pour la mise en bouche, ce toujours aussi beau fendant, minéral, acéré, développant de jolies notes de fleurs blanches en attaque pour le rendre encore plus aimable. Un vin apéritif parfait!

    Petite Arvine 2004
    Nez très mûr, sur le melon et les agrumes, avec une note florale (pétale de rose?) qui fait évoquer à Romain le Gewurtztraminer. La vivacité de l’arvine est bien là, mais enrobée déjà, ce qui adoucit légèrement l’acidité, sans empêcher la salinité finale. Une très belle Petite Arvine, complexe et affriolante!

    Amigne 2004
    Un cépage que Romain maîtrise parfaitement! Nez intense, bouche grasse, aromatique, grasse, avec un petit sucre savamment dosé, qu persiste agréablement en finale. Une amigne élégante et gourmande!

    Amigne Barrique 2002
    Le nez est intense, encore sous l’emprise du bois, avec sa petite touche vanillée. Le toucher de bouche est extrêmement savoureux, onctueux, riche et gras, compensant le caractère totalement sec un peu inhabituel ici. Grande longueur et très belle persistance! Une déclinaison intéressante du cépage qui ne ravira peut-être pas les puristes, mais une voie à explorer! Parce que c’est quand même très bon et devrait l’être encore plus une fois le bois mieux digéré. Il y a la matière suffisante pour cela!

    Gamaret 2004
    Une robe violine pour un vin épicé, costaud, un peu rustique, mais dans le bon sens du terme. Simple, suffisamment friand, cela se laisse boire avec plaisir.

    Carminoir 2004
    Quasiment un précurseur de ce cépage, initialement destiné à l’assemblage, Romain n’a pas hésité à le commercialiser pour lui-même. De la couleur, un grain velouté, dense, du fruit mais une petite amertume finale. Plutôt puissant, il possède plus de finesse que le précédent, l’apport du pinot, sans doute? smiling smiley

    Cornalin 2004
    On monte d’un cran, avec ce cépage que j’affectionne particulièrement, parce que doté d’une vraie personnalité et d’une originalité folle! Le fruité est séducteur par son petit côté « gelée de fruits noirs ». La structure est patinée, possède déjà une certaine souplesse dans les tanins, même si ceux-ci méritent de s’amadouer avec le temps. La matière est consistante, la longueur suffisante et on trouve déjà beaucoup de finesse. Digne d'une bouteille de la semaine!

    Syrah Barrique 2003
    Premier nez sur le cassis, puis, à l’agitation, perception de petites notes boisées qui se fondent dans des notes d’agrumes (pamplemousse rose), signant certainement une grande maturité de fruits. Du coup, la perception acide apporte beaucoup de fraîcheur et de longueur. Et toujours ce côté agrumes, qui peut paraître surprenant dans une syrah mais qui en fait un vin réellement étonnant! Très beau!

    Assemblage 2003
    Translation vers la cave pour goûter au fût cet assemblage 2003 composé de 60% de Carminoir, 20% de Merlot et 20% de Gamaret. Une très belle complémentarité, la rondeur du merlot, même s’il s’agit de jeunes vignes, venant assouplir la puissance du Gamaret et se fondre dans le velours du Carminoir!

    Merlot 2004
    Puisqu’on en est à goûter les fûts, on poursuit! Ce Merlot est destiné à la cuvée d’assemblage 2004. Il est déjà souple et rond, plutôt agréable, même si Romain craignait qu’il soit encore marqué par le carbonique.

    Cornalin 2004
    En barrique, car destiné à l’assemblage 2004, il est lui encore marqué par le gaz avec un côté un peu piquant, mais une matière prometteuse. Nous goûterons une seconde barrique dans lequel le vin est déjà plus arrondi.

    Amigne Barrique 2003
    Toujours en fût, elle sera mise en bouteilles au mois de novembre. Les notes grillées du nez, apportées par le fût, sont d’une belle élégance, ne masquant pas les notes d‘agrumes. La bouche est onctueuse, patinée et la matière semble riche, peut-être plus dense qu’en 2002. Un vin à suivre avec intérêt!

    Amigne Barrique 2004
    Elle n’a pas encore mangé tous ses sucres et, de ce fait, est encore bien gourmande! Un vin au stade embryonnaire.

    Ermitage Volupté  2004
    Dégusté au fût. L’équilibre est déjà impressionnant de maîtrise! Riche, développant déjà quelques notes de truffe blanche, mais surtout d’olive verte, façon tapenade, un vin extrêmement prometteur!

    Ermitage Volupté 2003
    Retour à la bouteille, pour clore en apothéose et en douceur par cet Ermitage, botrytisé à 100%, qui se présente sous une robe dorée à souhait. La bouche est confite, rôtie, sur l’ananas et la truffe, avec une belle acidité longiligne, qui s’étoffe progressivement, s’enrobe. C’est gras et onctueux, mais cela reste frais en permanence. Un très bel Ermitage, probablement un des meilleurs produits par Romain à ce jour, parmi ceux que j’ai eu l’occasion de goûter, en tout cas!

    Après cette première ascension, qui nous a déjà conduit pas loin des sommets, il fallait faire une petite pause. Le temps de traverser la « côte » valaisanne, de Vétroz à Fully, en passant par Chamoson, Leytron et Saillon, mais sans s’arrêter! Direction, chez Marie-Thérèse. Chappaz, bien entendu! Pour gravir les quelques marches qui nous manquaient!

     


    Tomates, kiwis et Syrah!

     

    Marie-Thérèse, vigneronne, mais pas que ça! Biodynamiste, depuis 2 ans, avec sincérité et conviction, et nous tombons un peu mal, d’ailleurs, puisque Demeter avait également choisi ce jour pour effectuer ses contrôles! Après nous avoir servi le premier verre de Fendant, Marie-Thérèse est contrainte de retourner à ses petits papiers et à son contrôleur, nous confiant aux bons soins de Valérie!

    Qu’il est bon de retrouver cette tonnelle de dégustation, où l’on peut goûter à ce qui se fait de mieux en Valais, voire même ailleurs! Dans une ambiance conviviale et gaie. Le Valais, ses vins, mais aussi ses kiwis, dont les feuilles sont suffisamment développées pour nous protéger des quelques gouttes de pluie qui font leur apparition à ce moment-là.

     

     

    Et aussi ses tomates, biodynamiques, évidemment, autant d’espèces rares et goûteuses issues du jardin de Marie-Thérèse

     

     

    Mais nous ne sommes pas là pour y goûter (dommage!), mais nous ne perdons néanmoins pas au change, avec les 2004 de Marie-Thérèse!

    Fendant Fully Coteaux de Plamont 2004
    Une nouvelle cuvée, un terroir d’altitude, très calcaire, qui donne naissance à un beau fendant minéral, qui possède également un petit côté pomme à croquer!

    Fendant Martigny les Bans 2004
    Un classique, sur un terroir calcaire situé à Martigny, au nez à peine grillé, beurrant très légèrement. Une petite perle élégante vient rehausser la minéralité de cette cuvée séduisante, légèrement enrobée, et pourtant bien vive!

    Fendant Président Troillet 2004
    Les vignes situées le plus près de la maison, une cuvée dénommée ainsi en hommage à un grand oncle de Marie-Thérèse, célébrité locale ayant largement œuvré pour la vie publique. Terroir granitique, pour une plus grande pureté minérale, légèrement citronnée. La structure est droite et linéaire, presque une épure! Superbe!

    Petite Arvine Grain Blanc 2004
    Le nez est assez réservé mais n éanmoins typé Petite Arvine. L’attaque est franche, incisive, puis le vin s’enrobe un petit peu mais reste d’une grande droiture et d’une minéralité exemplaire. Dur de rester insensible à ce vin magnifique!

    Ermitage Grain d’or 2003
    Une Marsanne d’anthologie, qui allie gras, finesse et longueur, en restant très minérale, avec une finale légèrement grillée. L’équilibre frôle la perfection, sans la lourdeur alcooleuse que l’on peut retrouver dans certaines cuvées rhodaniennes. Exceptionnel!

    Dôle Ma Puînée 2004
    Présentée en « pot » bouché à vis, cette Dôle, simple et légère, est un vrai vin de soif, bien marqué Gamay.

    Dôle La Liaudisaz 2004
    Plus colorée que la précédente, elle enivre de ses parfums de fruits rouges, mais aussi de pamplemousse rose et d’agrumes. Rond et aimable, avec un beau volume, un vin gourmand!

    Humagne rouge 2004
    Assez typique, avec ses arômes de sous-bois et de groseille, sa grande souplesse et sa rondeur doucereuse en finale.

    Syrah 2003
    La première cuvée de Syrah de Marie-Thérèse. Nez épicé et intense, bouche large et ample, avec une belle acidité. Une réussite!

    Une gamme toujours aussi sidérante, même si, malheureusement, nous ne pourrons goûter aux Grains Nobles, épuisés depuis longtemps.

    Les sommets commencent à se dégager, la météo annonce une relative, mais courte amélioration, qui permettra peut-être aux suisses alémaniques, victimes des intempéries de souffler un peu, et à Marie-Thérèse de faire une décoction cicatrisante pour ses raisins oedématiés, éclatant sous l‘excès de pluviosité. Les Vendéens, en vacances montagnardes, pourront peut-être, enfin, s’aventurer sur d’autres sommets. Quant aux Jurassiens, il ne leur reste plus qu’à aller se perdre dans les profondeurs du tunnel de Glion.

    So long!

    Olif

  • Millésime 2003 en Valais, du grain à moudre au Vieux Moulin!

     

    Date: le 30/08/2004 à 11:10

    Deuxième étape du programme culturel helvétique de la semaine dernière, une halte à  la cave du Vieux Moulin à Vétroz, chez Romain Papilloud, vigneron ô combien attachant qui magnifie aussi bien les cépages indigènes valaisans que les nouvelles variétés pour lesquelles il fait souvent figure de pionnier. Même si nous apprendrons plus tard dans la soirée que les cépages autochtones valaisans ne sont pas si indigènes que cela, en fait, résultat d'un melting-pot avec la vieille Europe. Si ce ne sont peut-être pas les Romains qui implantèrent l'amigne à Vétroz, c'est néanmoins chez le Romain (Papilloud) que l'on peut y déguster une des meilleures, si ce n'est LA meilleure du canton.

    Fendant Grand Cru Amandoleyre 2003
    Un vin au nez frais et fruité, doté d'une belle minéralité en bouche, avec une toute petite perle qui accentue la sensation de fraîcheur. Presque une épure, mais surtout un grand fendant, d'une régularité exemplaire d'un millésime à l'autre.

    Petite Arvine 2003
    Nez d'abord sur le réserve (la bouteille vient d'être ouverte sous nos yeux), laissant ensuite percevoir de jolies notes de pamplemousse. Minéral et tranchant en attaque, il s'étoffe et s'enrobe en milieu de bouche pour terminer de façon assez caractéristique sur des notes salines. Une magnifique Petite Arvine parfaitement sèche, presque une prouesse dans ce millésime 2003. Magnifique!

    Amigne 2003
    Nez original sur le beurre de cacahuète et la noix de Pécan. Une pointe de gaz carbonique apporte la vivacité suffisante pour contrebalancer le sucre résiduel qui passerait presque inaperçu!

    Amigne 2002 barrique
    Une innovation sur ce fabuleux cépage qu'est l'amigne. La mise est récente, d'où la présence d'un boisé encore bien marqué au nez, mais sans caricature. L'apport de l'élevage se sent surtout au niveau de l'étoffe de la matière, grasse, riche et onctueuse, enveloppant la bouche, tout en gardant de la fraîcheur et les caractéristiques du cépage. Une grande maîtrise! Superbe!

    Gamay VV 2003
    Nez fruité, qui sent le gamay (d'après PhR!) pour un vin charnu, gouleyant et agréable.

    Vétroz Grand Cru 2003
    Une dole haut de gamme (70% pinot noir, 15% gamay, 15% diolinoir), aux arômes fruités légèrement réglissés, avec déjà une grande souplesse mais une structure néanmoins solide.

    Pinot noir barrique 2002
    Nez plutôt réservé, loin de l'exubérance aromatique de certains de ses congénères. Boisé très fin, que Romain trouve à peine trop torréfié, grain soyeux, légère mâche finale. A attendre une ou deux années.

    Cornalin 2003
    Robe sombre, légèrement violine sur les bords. De façon totalement inhabituelle, ce cornalin a passé deux mois en barrique pour contrecarrer les effets d'une réduction en cuve. Au nez, ça embaume la crème de cassis! On retrouve une texture soyeuse, crémeuse, et l'évolution des arômes dans le verre se fait vers le noyau de cerise. Petite amertume tannique en finale. Un très beau vin qui nécessite un peu de repos en cave. Romain, c'est décidément le roi du cornalin! Pour accompagner quelques tranches de viande séchée valaisanne, à la fin de la dégustation, nous aurons l'occasion de regoûter le superbe 2000 avec un plaisir toujours inégalé.

    Carminoir 2003
    Avec ce cépage, on innove complètement. Issu d'un croisement entre le pinot noir et le cabernet sauvignon, sera t'il apte à réconcilier les bordeauphiles et les bourgognophiles? La robe est sombre, la bouche plutôt soyeuse mais la finale légèrement cartonneuse et végétale. Les vignes sont jeunes, laissons-lui un peu de temps!

    Gamaret 2003
    Vendangé le 18 août. Vin puissant, très mûr mais pas cuit, sérieux, avec un petit côté rustique séducteur.

    Syrah 2002 barrique
    Fraise écrasée, cassis, myrtilles, épices mais aussi agrumes (pamplemousse?), c'est une belle syrah, dense, riche et longue.

    Assemblage 2003
    Echantillon prélevé sur fût, il s'agit d'un assemblage de 65% de Carminoir, 25% de Merlot et 15% de Gamaret. Elevage en fût avec moins d'1/3 de fût neuf. Le nom définitif de cette nouvelle cuvée n'a pas encore été trouvé. Un peu de boisé très fin au nez, une bouche soyeuse, sur les fruits noirs, la mûre écrasée, la myrtille, développant un beau volume, longue, avec une rétro-olfaction sur des notes de crème catalane. Très convaincant, ce vin méritera d'être suivi avec attention dès la fin de l'élevage et après la mise.

    Volupté 2002, Ermitage Grain Noble
    Vendangé le 9/12/2002. Nez très précis, sur les agrumes confits, un peu de truffe blanche, mais légèrement parasité par une petite impression poussiéreuse. La structure en bouche est magnifique, patinée, veloutée, d'une grande douceur, avec juste ce qu'il faut de vivacité. Fort bel équilibre. Sans cette toute petite note olfactive gênante, le vin serait quasi-parfait!

    Une gamme toujours aussi riche, s'étoffant même régulièrement par l'apport de nouveaux cépages et de nouvelles cuvées, témoignant du dynamisme de Romain Papilloud. Une grande homogénéité de style, tant dans les rouges que dans les blancs, et un haut niveau d'exigence qualitative font de ce domaine une référence en Valais.

    Olif

     

  • Les aventures d'Olif chez les Valaisans

    Date: le 06/06/2003 à 12:05

    Petite chronique d'une journée découverte du Valais organisée par le spécialiste LPV des vins valaisans, avec visite de trois des plus réputés domaines de cette magnifique région helvétique.


    Chapitre premier: Domaine de La Liaudisaz.

    Jeudi 5 juin, 11 heures.

    Après avoir expédié vite fait une petite matinée de travail, je saute dans ma voiture, direction Sion (non, je ne bégaie pas !). L'après-midi est chargé, très minuté, et je ne voudrais pas être en retard pour ne pas désorganiser le programme concocté par Averroès.

    Le ciel aussi est chargé et le temps très lourd, orageux ; le thermomètre avoisine les 30° en Valais, on se croirait presque dans la vallée du Rhône ! (bbb)

    Plusieurs rencontres au programme ! D'abord, rencontre avec des passionnés.com, toujours un grand moment, avec ses petites angoisses matérielles et existentialistes (« Est-ce que ma cravate est bien nouée ? Mes chaussures bien cirées ? », « J'ai oublié ma casquette LPV, vont-ils me reconnaître ? »,...) et puis rencontre avec plusieurs producteurs, passionnés eux aussi. Passionnés et passionnants !

    Jeudi 5 juin 14 heures bien sonnées.

    Oenothèque de Leytron. Je suis en retard ! Un petit crochet par Savièse pour récupérer des bouteilles au domaine Cornulus en est la raison. Je me suis un peu égaré mais le paysage était magnifique ! Averroès, Benoît et Paski55 n'ont pas l'air de trouver le temps long. Ils m'attendent tout en sirotant un ermitage flétri de Philippe Darioly. J'en goûte une gorgée. Magnifique entrée en matière !
    Nous nous dirigeons ensuite vers les voitures pour gagner Fully et le domaine de la Liaudisaz, lieu des exploits viticoles de Marie-Thérèse Chappaz, la grande dame du Valais.

    Jeudi 5 juin 14 heures encore plus bien sonnées.

    Arrivée à la Liaudisaz. Une maison adossée à la montagne avec des vignes en coteaux sur des pentes vertigineuses. Nous sommes en retard mais Marie-Thérèse l'est plus que nous. Nous sommes accueillis par une charmante hôtesse qui entreprend de nous faire goûter les fendants après nous avoir installés au frais sous la tonnelle. Vue sur la vigne et les montagnes environnantes, spectacle magique qui me donne l'impression d'être en vacances ! Marie-Thérèse arrive sur ses entrefaites, de retour d'une balade à pied dans les vignes. Fatiguée car très matinale ! Elle se lève à 4 heures 30 pour préparer des tisanes pour les vignes car le domaine passe en biodynamie ( Vincent, ne me demande pas les recettes !). Après les salutations d'usage et la transmission d'un amical souvenir de Vendée, elle reprend la dégustation en cours, nous encourage à critiquer ses vins, à l'affût de la moindre remarque qui pourrait l'inciter à se remettre en question et à faire encore mieux la prochaine fois. Une perfectionniste ! Tonique et (bio)dynamique !
    Mais il faut reconnaître qu'il est bien difficile d'y trouver des défauts à  ces vins !
    Consciencieux, je sors mon petit calepin, en distribue quelques feuilles à Averroès, en panne de matériel, et, très appliqué, commence à prendre des notes !

    - Fendant Mon Puîné 2002 : l'entrée de gamme. Simple et frais, sur des notes amyliques, chewing-gum et bonbon anglais.

    - Fendant de Martigny Les Bans 2002 : très minéral, sur le tilleul, droit et pur.

    - Fendant de la Liaudisaz 2002 : plus fruité et aromatique, sur les fleurs blanches, un côté un peu lactique.

    - Fendant Président Troillet 2002 : minéral et fruité, avec un léger perlant, très beau également.

    Belle gamme de fendant, homogène et complémentaire. Paski55 m'impressionne par la précision de ses impressions dès la première gorgée. Il en profite pour donner un petit cours sur le goût de bouchon à notre ami Averroès, et comment le percevoir, au nez comme en bouche.

    - Grain blanc Arvine 2002 : encore un peu fermée au nez, de légères notes d'agrumes finissent par apparaître en bouche avec une petite note saline discrète. Ce vin traverse une phase difficile post mise en bouteille qui semble assez classique pour ce cépage, dixit les spécialistes.

    - Grain d'Or, Ermitage 2001 :nez très fruité, sur les agrumes, avec un boisé encore un peu prononcé. Gras, ample, long, il mérite d'être attendu pour que tout se fonde.

    - Rosé 2002 : c'est un rosé de saignée de tous les cépages rouges du domaine, amené à disparaître lorsque les vignes seront à leur optimum de production. Il s'exprime sur des notes amyliques de poire et de bonbon anglais et sait rester très frais et agréable. Une belle opportunité pour les amateurs de rosé l'été (dont je fais partie).

    - Dôle Ma Puînée 2002 : fruitée, souple et agréable, un vin franc et bon, à siroter à grandes goulées cet été, légèrement rafraîchi (pour les non amateurs de rosé !)

    - Dôle La Liaudisaz 2002 : superbe Dôle au fruité charmeur, un peu plus concentrée que la précédente, très charnue.

    - Pinot noir 2002 : fruits rouges et réglisse, avec un nez un peu réduit. C'est moins craquant que la Dôle à  mon goût !

    - Humagne rouge 2001 : nez végétal (mais pas vert), sur les herbes sèches, le foin coupé, le sous-bois. Très beau vin, avec une originalité folle.

    - Grain noir 2001 (cabernet franc, cabernet sauvignon, merlot) : le poivron ressort nettement mais le vin est fruité et concentré.

    - Grain noble Malvoisie 2000 : très beau nez sur les fruits confits, le cédrat, le pamplemousse. Grande longueur et grande fraîcheur du fait d'une belle base acide.

    - Grain noble Petite Arvine 2000 : un must ! Robe jaune citron très "flashy ", nez un peu acidulé et confit. Bouche satinée avec un énorme volume, grasse, riche et onctueuse. Un grand vin liquoreux valaisan.

    - Grain noble Marsanne Blanche 2000 : encore un monument de puissance et de concentration, un vin peut-être un peu monolithique pour l'instant, mais il est encore jeune et il me ravit énormément.

    Fin d'un premier très grand moment, inoubliable, avec le bonheur d'avoir pu goûter à toute la gamme des vins du domaine et plus particulièrement les raretés que sont les grains nobles et surtout d'avoir fait la connaissance d'une vigneronne hors pair dont la simplicité et la gentillesse ne sont pas les moindres de ses qualités.

    Je ne suis pas encore au bout de mes découvertes!

    Chapitre deuxième: Jérôme Giroud

    Jeudi 5 juin 16 heures bien sonnées.

    Deuxième adresse prévue par Averroès, Jérôme Giroud, ce vigneron perfectionniste dont il nous a déjà  beaucoup parlé.
    Nous arrivons avec à peine 3/4 d'heure de retard, un véritable exploit, et nous trouvons Jérôme affairé à préparer la commande d'Averroès, un tour de force vu la complexité de celle-ci!

    Direction le caveau, situé dans sa propre maison, petite pièce qui évoque avec bonheur un petit chalet suisse tout en bois perdu dans la montagne. L'endroit est chaleureux, décoré des multiples trophées et récompenses glanés depuis des années.
    Jérôme est un vrai paysan vigneron, dans le sens noble du terme, rigoureux, méticuleux, un peu bourru, laconique, mais lorsqu'il débouche une bouteille et qu'il la goûte, son oeil s'allume, pétille, et c'est avec un plaisir non dissimulé qu'il remplit nos verres. Ici encore, nous ferons l'intégrale.
    A partir du 4ème ou 5ème verre, Averroès rendra sa plume et je suis donc le seul à  prendre encore des notes.
    Chroniqueur pour LPV, un vrai sacerdoce!

    - Fendant Trémazières 2002 : un beau fendant minéral, fleur de vigne, ce que je traduis par fruité et floral à  la fois.

    -Chardonnay 2002: pas de barrique, pas de malo, 2 gr de SR. "Il commence à beurrer" d'après J. Giroud et mérite peut-être necore quelques mois de bouteilles avant d'être bu. Frais, fruité et floral, avec un léger gras qui apparaît en bouche. Un peu atypique pour un habitué des chardonnays ouillés jurassiens et bourguignons.

    -Pinot blanc 2002: un côté un peu dur et tendu pour ce vin qui révèle de jolies notes de fleurs blanches.

    -Johannisberg 2002: le cépage qui s'épanouit à Chamoson. Riche, gras, mais frais, j'aime bien ce vin complexe qui doit encore se révéler après une ou deux années de bouteille.

    -Petite Arvine 2002: une petite merveille de petite arvine! Equilibrée, saline, avec une petite touche d'agrumes en finale, encore sur la réserve, c'est un très beau vin qu'il n'est pas la peine de chercher à mettre en cave, il n'y en a plus depuis longtemps!

    -Muscat 2002: une curiosité et une spécialité de plus à mettre sur le compte des Valaisans, un joli vin qui muscate terriblement et que je verrais bien sur des asperges du Valais pour la prochaine saison.

    -Opale 2001: assemblage Petite Arvine- Humagne blanche, passage en barrique. Un blanc riche, gras et onctueux.

    -Humagne blanche 2001: gras et riche, opulent, avec un boisé encore un peu marqué mais qui ne s'impose pas, nourrissant le vin. Une révélation, à attendre quelques années.

    -Dôle 2002: 80% pinot. Fruits rouges et réglisse, frais et gourmand.

    -Gamay 2002: un peu réduit au nez, il révèle néanmoins un beau fruité. Je lui préfère sans problème la Dôle mais j'ai cru comprendre que Jérôme Giroud n'en produirait plus l'année prochaine (uniquement gamay et Pinot, plus d'assemblage).

    -Pinot noir 2002: une belle texture onctueuse et de jolis arômes de fruits du jardin.

    -Humagne rouge 2002: pas de barrique, une hérésie sur l'Humagne d'après Jérôme. Sous-bois et fruits rouges, le caractère variétal du cépage ressort plutôt bien.

    -Syrah 2002: une robe noire, un nez confituré (cerises noires), une grande profondeur, c'est une très jolie syrah qui n'a pourtant pas connu le bois.

    -Gamaret-garanoir 2002: une robe encore plus noire, une texture onctueuse, de beaux tanins soyeux mais une finale un peu plus courte et astringente témoignant de la rusticité des cépages. J'aime beaucoup ce vin pour son authenticité.

    -Onyx 2001: merlot, syrah, gamaret. Une grande concentration , des tanins fins et serrés, très fruité avec un boisé qui se fond, une grande bouteille.

    -Syrah barrique 2001: très concentrée également mais avec une plus grande structure acide, légèrement astringente en finale. Je lui préfère presque son homologue non barriquée, de millésime différent il est vrai.

    -Merlot 2000: petit à petit, ce cépage prend ses marques en Valais et devrait produire de grandes choses. Celui-ci est fondu, charmeur et velouté.

    -Malvoisie flétrie 2001: abricot et gelée de coing, avec une grande longueur et une belle fraîcheur. Une petite gourmandise après ces magnifiques rouges.

    Voilà , tour d'horizon complet et exhaustif de la production de Jérôme Giroud, avec une homogénéité exemplaire de la gamme, sur les blancs mais surtout sur les rouges qui révèlent un très bel équilibre et une grande maîtrise.

    Et encore quelques cartons qui viennent alourdir le coffre du Break d'Averroès!

    Chapitre troisième, Sélection Excelsus

    Jeudi 5 juin 18 heures bien sonnées

    Troisième et dernière étape de notre périple valaisan, la cave Sélection Excelsus où nous sommes en gros progrès puisque nous arrivons tout juste avec 1/2 heure de retard. Jean-Claude Favre nous accueille à bras ouverts et nous conduit jusqu'au caveau de dégustation.

    Les papilles commençant à saturer un peu, surtout celles de Benoît (qui rêve peut-être d'une petite lampée de Single Malt?), nous opérons une petite sélection dans l'Excelsus: quelques blancs quand même, puis quelques rouges avant quelques liquoreux!

    Tout en débouchant les bouteilles, Jean-Claude s'anime avec passion. C'est un vigneron qui sait ce qu'il veut, qui veut bien faire et qui sait comment y arriver. Et qui plus est, reconnait bien volontiers quand il n'y arrive pas! Encore un perfectionniste exigeant!

    Sur les murs du caveau, une carte topographique de Chamoson vue du ciel. D'une esquisse du bras, il nous fait comprendre la diversité des sols, de la climatologie et la raison pour laquelle certains cépages se comportent mieux à certains endroits qu'à d'autres. Elémentaire! On comprend tout de suite pourquoi les vins de certains sont meilleurs parce qu'ils possèdent les vignes au bon endroit!
    Au domaine, la sélection est rigoureuse, élevée ("excelsus" en latin) et la dégustation qui va suivre en sera la preuve.

    -Johannisberg 2002: un vin vif, tendu, minéral et fruité. Chamoson est le terroir de prédilection de ce cépage qui mérite vraiment qu'on s'y intéresse.

    -Pinot Blanc 2002: un peu plus gras, fruité et floral, encore un cépage qui est transcendé ici.

    -Petite Arvine 2002: s'ouvre sur de belles notes fumées, un vin riche et aromatique.

    -Pinot gris 2002: sur celui-là , j'avoue que j'ai oublié de prendre des notes! Bon aussi, je suppose! smiling smiley

    -50/50 2001: assemblage de pinot blanc et pinot gris dans des proportions gardées secrètes et justement pas moitié moitié, passage en barrique. Le boisé est encore présent, donnant des notes amyliques, mais en bouche, le vin est gras et opulent, sur les agrumes et devrait assurément être à l'origine d'une belle bouteille dans quelque temps.

    -Syrah 2002: une belle syrah sur les épices, la violette, déjà  très agréable car un peu souple.

    -Cornalin 2002: un vin concentré et fruité dans lequel je décèle des notes d'amande douce.

    -Chamoson Excelsus 2001: assemblage de syrah, pinot noir, cabernet sauvignon, passage en barrique. Une belle robe grenat pour ce vin plein de fruits et d'épices, déjà fondu et bon à boire.

    -Eranthis 2000: encore un beau liquoreux dont le Valais a le secret. Pinot gris, pinot blanc et johannisberg pour cette cuvée à la jolie liqueur, fraîche et longue.

    -Eranthis 1998: cette année-là , la petite arvine a été incorporée à l'assemblage. La robe est jaune citron et le vin est ample, concentré et il emplit la bouche. Superbe!

    A ce stade de la dégustation, Jean-Claude a pitié de nous: "Vous dégustez depuis quelle heure?" et va nous chercher de quoi saucissonner sur le pouce. Excellente idée!

    Une fois requinqués, il est temps de retourner à l'oenothèque de Leytron reprendre quelques cartons laissés au frais en début d'après-midi. Le coffre du Break d'Averroès demande grâce!

    Epilogue

    Ultime rencontre à l'oenothèque de Leytron chez Xavier "oeno-ch". Une dégustation du millésime 2002 de Romain Papilloud venait de se dérouler. Nous entreprenons une petite discussion avec Romain, encore présent, tout en dégustant un dernier verre (je n'ai pas pris de notes!) et ce dernier nous offre gracieusement une bouteille d'amigne et une de cornalin pour découvrir sa production. En échange d'une carte de visite de lapassionduvin.com! Ils savent vivre, ces vignerons valaisans! Et ils méritent vraiment qu'on leur rende une petite visite!

    La nuit commence à tomber, les nuages menacent de plus en plus, il est temps pour moi de reprendre la route pour le Jura, avec une certitude: je reviendrai en Valais, probablement cette année d'ailleurs!

    Olif