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  • La cave du vieux moulin, Romain Papilloud, Vétroz

    Date: le 10/08/2003 à 20:46

    Il n'aura pas fallu deux mois pour concrétiser une invitation de Romain Papilloud à découvrir ses vins à la Cave du Vieux Moulin à Vétroz, suite à une première rencontre furtive à l'oenothèque de Leytron.

    C'est ce qui s'appelle de l'efficacité et du dynamisme, à l'image de ce sympathique vigneron-éleveur (et pas meunier, le Vieux Moulin ne produisant peut-être même plus de farine!), sis à Vétroz, patrie de l'amigne, que Romain réussit merveilleusement, ayant complètement craqué récemment pour cette bouteille qu'il m'a offerte il y a 2 mois.

    C'est dans la fraîcheur toute relative de son caveau, par cette après-midi caniculaire d'août,
    que nous nous sommes retrouvés pour la dégustation, en présence de la quasi-totalité du staff de LPV.
    Chaude journée en Valais, comme un peu partout en Europe. Même sur la plage de Saint-Jean de Monts, il paraît que l'on se brûle les pieds, c'est dire !

    Romain est visiblement aussi heureux de nous faire déguster sa production que nous de la découvrir.
    Sans plus tarder, nous attaquons par les blancs 2002.

    - Fendant Amandoleyre 2002 : un très beau fendant, fruité, vif, frais et minéral. La seule cuvée de chasselas produite au domaine, Romain semblant plus visiblement attiré par les cépages à personnalité plus marquée. Très jolie réussite néanmoins, qui nous vaut la première grimace de Claudius !

    - Petite arvine 2002 : une petite arvine sèche, qui possède beaucoup de mordant en attaque, puis qui développe une jolie palette aromatique caractéristique, avec un chouïa d'amertume en finale qui devrait s'estomper. Très jeune, à attendre un peu.

    - Amigne grand cru 2002 : une petite splendeur d'amigne , vinifiée « avec un petit sucre » pour répondre à la demande du consommateur moyen d'amigne, qui la préfère légèrement douce, et de la femme de Romain, également de l'avis des consommateurs d'amigne !

    - Amigne grand cru 2002 barrique : échantillon tiré du fût. Bien marquée par le bois, ce qui semble normal à ce stade, un vin qui compense la moindre fraîcheur par rapport au précédent par un supplément d'âme et de profondeur. Destinée à rester encore quelques mois en fût, je suis prêt à parier sur le grand avenir de cette bouteille.

    - Amigne grand cru 93 : l'amigne, ça peut vieillir, le saviez-vous ? Et bien Romain nous le démontre. En partie avec cette cuvée qui possède des notes oxydatives au nez qui perturbent un peu la dégustation. La structure est néanmoins impeccable, ample, riche, sans le moindre signe de fatigue.

    - Amigne grand cru 94 : la confirmation de ce que nous venons d'entrevoir. Point de nuances oxydatives mais un nez légèrement acidulé, très frais, une bouche longue et complexe avec des notes légèrement mentholées en finale qui contribuent à entretenir le fraîcheur. Grand vin et véritable révélation par rapport au potentiel de ce cépage.

    - Gamay VV 2002 : un gamay à la robe très sombre et un vin très concentré avec une légère réduction au nez. Riche et charnu, c'est une expression du gamay assez étonnante mais maintenant recherchée dans le Valais.

    - Pinot noir 2001 : assez typique de la production valaisanne avec ses notes lactées (caramel au lait pour moi), il est fondu, accessible et long. Un vin plaisir.

    - Pinot noir 2002 : plus coloré et fruité que le précédent, il possède aussi un côté plus fougueux témoignant de sa mise récente. A laisser reposer un peu.

    - Pinot noir 2002 barrique : un boisé un peu marqué avec une trace d'amertume le rend moins accessible que les deux précédents (échantillon tiré du fût).

    - Vétroz grand cru 2001 : sous cette appellation village se cache en fait une Dôle composée de 70% de pinot noir, 15% de gamay et 15%de diolinoir .La mode des cuvées de gamay VV a en fait dépossédé la Dôle d'une partie de ses constituants, contribuant à la dévaloriser profondément, à l'instar des Passetoutgrains Bourguignons. Ce qui explique la décision de Romain de ne pas mentionner le nom de Dôle sur l'étiquette de ce Vétroz grand cru. C'en est pourtant une très jolie, fruitée, ample, charnue, colorée et gouleyante. Je craque pour ce vin séducteur qui arrache pourtant une deuxième grimace à Claudius, limite éclat de rire!

    - Cornalin 2002 : un cépage indigène valaisan que je brûle de mieux connaître. Mes expériences passées n'ont pas été très concluantes mais là , c'est superbe de fruit et de concentration. Un peu de mâche en finale, témoignant de sa jeunesse, mais une texture déjà très soyeuse. Très beau !

    - Syrah 2002 barrique : très colorée et concentrée, une jolie syrah dans laquelle on retrouve des notes de lard fumé et d'épices. L'élevage est déjà bien intégré à ce stade.

    - Cornalin 95 : là , Romain nous gâte ! Non disponible à la vente, évidemment, c'est un bonheur que de goûter à un «vieux» cornalin, pourtant encore très juvénile. Une somptueuse liqueur de cassis emplit le nez et la bouche et s'installe pour longtemps. La concrétisation de la grandeur de ce cépage, en démontrant son aptitude à la garde.

    - Syrah 95 barrique : très poivré au nez, un vin aux tanins encore serrés avec un gros volume en bouche. Au niveau des belles syrahs du Rhône, Averroes, sans aucun doute ! Je ne crois pas que Claudius grimace encore !

    - Ermitage 2001 flétri : encore jeune et au boisé un peu marqué, le nez est sur les agrumes et quelque chose de mal définissable. Frais et long, il est doté d'une « mâche blanche » en finale, différemment interprétée par les dégustateurs. Beau vin mais à attendre.

    Que voilà donc une belle dégustation témoignant de la grande qualité des vins produits par Romain Papilloud et un très bon moment passé en sa compagnie. En ce qui me concerne, coups de coeur pour l'amigne, le cornalin, la Dôle et l'Arvine, des cépages bien valaisans, quoi!

    Ah ! le Valais !

    Olif

  • Le Languedoc, de Grès en Terrasses...

    Date: le 31/07/2003 à 18:11

    Petite escapade en direction du Languedoc géographique pour le GJP en cette fin de juillet caniculaire sur le Haut Doubs. Il n'y a qu'à fermer les yeux et on s'y croirait ! Les cigales chantent dans mon jardin même si ce ne sont que des grillons !

    Le Languedoc, cette nouvelle Terre Promise en matière de vins, de moins en moins inconnue et qui possède de nombreux ambassadeurs sur LPV, nous apporte son lot de découvertes chaque jour ou presque.

    Il m'a semblé judicieux en préambule de faire le point sur l'existant pour essayer de mieux comprendre les vins et les terroirs. Je me permettrai donc, en guise d'introduction, un petit rappel sur le découpage de la région. Pour ceux que cela intéresse, vous pourrez trouver plus d'informations sur 2 sites Internet très bien documentés : [www.coteaux-languedoc.com] et [www.languedoc-wines.com] .

    Le regain qualitatif de la région est passé par une remise en question complète au début des années 80 qui a vu émerger un certain nombre d'appellations contrôlées cherchant à exprimer le potentiel de leurs terroirs et à sortir des rangs de la productivité à tout et n'importe quel prix.

    Dans un premier temps, l'introduction de cépages dits améliorateurs a permis d'augmenter la qualité et de définir des climats privilégiés. Dans un deuxième temps, la redécouverte des cépages de base (carignan, cinsault) avec meilleure conduite de la vigne permet au vignoble de mieux affirmer son identité sudiste.

    Si Faugères et Saint-Chinian furent parmi les premières à accéder à l'AOC en 1982 (en exceptant le précurseur Fitou consacré en 1948), elles furent suivies en 1985 par les Coteaux du Languedoc. Depuis cette date, le remaniement est constant, aboutissant à une meilleure définition des terroirs, en prenant en compte des éléments aussi variés que l'influence des vents, la pluviométrie, la distinction entre zones littorales, garrigues ou piémonts. Tous ces éléments ont permis de dégager actuellement 7 zones géographiques et climatiques qui se répartissent sur 3 niveaux d'appellation :

    1er niveau: Appellation régionale Coteaux du Languedoc.
    2ème niveau : Secteur ou Appellation sous-régionale, à  partir de zones climatiques .
    3ème niveau : Appellation communale, à  partir de critères géologiques. 

    Les 7 zones délimitées actuellement se répartissent en :
    - Clape et Quatourze
    - Pic Saint Loup
    - Grès de Montpellier
    - Pézenas et Cabrières
    - Terrasses du Larzac
    - Terres de Sommières 
    - Terrasses de Béziers 

    A ces 7 zones, il convient d'ajouter 2 zones d'appellation « Cépage », l'AOC Picpoul de Pinet qui correspond à une zone géographique particulière, et l'AOC Clairette du Languedoc sur une partie de la zone climatique de Pézenas et des Terrasses du Larzac.

    Notre dégustation portait sur le Languedoc géographique, mais il s'est avéré que les bouteilles sélectionnées représentaient plutôt bien les différentes zones climatiques de l'appellation Coteaux du Languedoc, avec 3 intrus cependant, un vin des Corbières, un vin de la vallée de l'Aude et un vin de pays de l'Hérault situé dans la zone des Terrasses du Larzac mais avec un encépagement illicite pour prétendre à l'AOC.

    Les vins ont été carafés 8 heures avant la dégustation, qui s'est déroulée à  l'aveugle, et servis deux à  deux.

    - Vin n°1 : robe sombre. Nez de fruit mûr, voire blet, un peu réduit. Tanins serrés, un peu verts, finale soyeuse et légèrement réglissée. Les notes de réduction du nez ne font que s'amplifier et évoluent vers le ventre de lièvre, ce qui rend le vin un peu déplaisant en attaque et divise les dégustateurs. Malgré l'amélioration en finale, je suis moyennement convaincu !
    Domaine Alquier 2000, la maison jaune, Faugères.

    - Vin n°2 : robe également sombre, ce sera une constante au cours de la soirée ! Le nez est fruité mais j'y décèle une petite touche végétale (rafle ?) et des notes poussiéreuses. Globalement bien construit, il manque un peu de puissance et de volume, sans qu'on puisse parler de véritable creux. Bonne longueur, le fruité s'exprime beaucoup mieux en milieu de bouche avec des notes de fraise et de petits fruits rouges, l'alcool ressort un peu en finale. Très jeune, il devrait se bonifier et s'équilibrer avec le temps. Là encore, les dégustateurs sont partagés ; ceux qui ont aimé le vin n°1 apprécient moins celui-là et vice-versa !
    La Grange des Pères 2000, vin de pays de l'Hérault, Aniane .

    - Vin n°3 : la robe est noire, totalement opaque. Le nez s'ouvre au départ sur de curieuses notes chlorées ( ? !) qui s'estompent rapidement pour laisser la place à de la liqueur de fruits noirs et de la cerise à l'eau de vie. La bouche est énorme, un peu massive, c'est une véritable marée noire qui envahit la bouche avec ce réglisse et ce goudron qui tapissent le palais. Grosse matière ! C'est un véritable monstre que j'adore et crois reconnaître. Un vin qui désarçonne un peu les novices en Languedoc.
    Copa Santa 2000, Coteaux du Languedoc, terroir La Méjanelle(Grès de Montpellier) .

    - Vin n°4 : la robe est sombre mais avec des reflets plus clairs sur les bords. Sur les fruits rouges (fraise, groseille), c'est un vin qui possède beaucoup d'élégance et de finesse par rapport au précédent. Souple mais bien équilibré et fondu, c'est une bouteille très plaisante à boire et qui termine sur une touche légèrement réglissée. Son grand mérite est de succéder superbement à la Copa Santa dans un style radicalement opposé.
    Baron'Arques 1999, vin de Pays de la Haute vallée de l'Aude.

    - Vin n°5 : la robe montre de légers signes d'évolution mais elle est encore dotée d'une belle profondeur. Nez légèrement cacaoté avec des notes de venaison. Les tanins sont fondus, la bouche est élégante avec une grande longueur et une rémanence de notes épicées en finale. C'est un très beau vin à son apogée qui séduit l'ensemble des dégustateurs.
    Domaine Peyre Rose, Syrah Léone 93, Coteaux du Languedoc, Saint-Pargoire (Grès de Montpellier) .

    - Vin n°6 : robe sombre. Nez fruité, épicé, avec de légères notes de cacao. Attaque souple et fondue, longueur correcte mais je lui reprocherais un léger manque de profondeur. Beau vin néanmoins.
    Mas Bruguière La Grenadière 99, Pic Saint Loup .

    - Vin n°7 : la robe montre de légères traces d'évolution. Le nez s'ouvre sur de la griotte, du moka, des épices, du cacao. Le vin est d'une richesse incroyable, l'équilibre est somptueux. Long, d'une grande élégance, tout est magistralement intégré. C'est un grand vin dans sa phase de plénitude que tout le monde a plébiscité comme le plus grand de la soirée.
    Prieuré Saint-Jean de Bébian 93, Coteaux du Languedoc (Pézenas) .

    - Vin n°8 : robe sombre. Nez torréfié et boisé. Le nez révèle un fruité exubérant avec des notes florales prononcées (pivoine ? violette ?). Beaucoup d'amplitude mais tranche un peu par rapport aux vins précédents. Mérite d'être attendu mais tout le monde l'a trouvé si différent que l'on penchait pour la présence de cabernet sauvignon.
    Perdu, puisqu'il s'agit du domaine de l'Aiguelière, Côte rousse 2000, Montpeyroux (Terrasses du Larzac) .

    - Vin n°9 : robe sombre. Nez fruité avec une touche florale anisée très originale. Long, développant un beau volume, c'est un vin solaire qui pâtit de passer derrière les gros calibres précédents, alors que les papilles commencent à saturer. Un vin intéressant à regoûter pour lui-même dans un autre contexte.
    Mas de la Barben, Les Sabines 2000, Coteaux du Languedoc (Terres de Sommières) .

    - Vin n°10 : robe sombre. Le nez, légèrement viandé, fruité et épicé, laisse percevoir un peu l'alcool. Donne une impression de maigreur derrière les autres vins même si je pense que cette impression est faussée. Il n'a pas plu à la majorité des dégustateurs mais il faut impérativement le revoir car j'en avais fait un de mes coups de coeur récemment.
    Château La Voulte Gasparet, Corbières, cuvée Romain Pauc 2000 .

    Pour clore la soirée dans l'exotisme, un Clos des Corbassières, grain noble coeur de clos 2000 du domaine Cornulus , est venu nous apporter une petite touche de douceur dans le monde viril des vins du Languedoc.

    Cette dégustation appelle quelques commentaires. Tout d'abord, cette soirée a vu la consécration de Bébian 93 là  où nous attendions Syrah Léone 93. L'écart est faible mais Bébian a révélé un poil de complexité supplémentaire. Concernant les vins plus jeunes (les deux 93 pouvant être considérés hors concours), la révélation serait la cuvée Baron'Arques qui a surpris tout le monde car nous ne l'attendions pas si bien. Fruit de l'alliance des barons de Rotschild et des Sieurs d'Arques, cette cuvée résulte d'un assemblage de différents cépages (non précisés) des 4 clochers. Plutôt onéreuse, elle est néanmoins de très belle facture. La déception, c'est Romain Pauc 2000 mais l'ordre de passage lui a été défavorable. Le plus atypique, c'est la Côte Rousse 2000 de L'Aiguelière. Pas forcément le style que je préfère. La découverte, c'est le Mas de la Barben, une propriété intéressante située aux portes de Nîmes. La consécration, c'est (pour moi) la Copa Santa 2000, un véritable rouleau compresseur, dans un style que j'affectionne particulièrement. Accueil plutôt mitigé pour Grange des Pères et La Grenadière mais ce sont tous deux de très beaux vins, à attendre encore un peu. J'ai terminé les deux fonds de bouteille ce midi et c'est franchement très bon, l'un comme l'autre. La Maison jaune n'a pas convaincu non plus, trop marqué par la réduction à  mon goût.
    Globalement, aucun vin n'était mauvais et ce fut une vraie belle dégustation, d'un très haut niveau. Et nous n'avons pas épuisé toutes les cartouches languedociennes!

    Probablement à  suivre..., un de ces jours!

    Olif
                   

  • Simplement chocolat, tout simplement...

    Date: le 14/07/2003 à 19:15

    La veille de mon départ en vacances, invitation de quelques amis du Bon Echanson à une dégustation thématique « Vins et chocolat » organisée par le chocolatier Poix-Daude, dont l'enseigne « Simplement chocolat » a pignon sur la grande rue de Pontarlier. Cet artisan passionné milite pour une plus grande reconnaissance de la spécificité de la profession, qui passe pour lui par un enseignement de qualité dispensé dans les L.E.P. et sanctionné par un diplôme de valeur. Lui-même enseigne au lycée de Pontarlier.

    Souhaitant tester la formule en vue de l'organisation de séances similaires ouvertes au public à l'automne, il a réuni quelques gourmands et gourmets pour vérifier les accords, avec prise en charge de la partie vins par le Bon Echanson. D'où notre présence en tant qu'amateurs de vins.

    Tandis que notre ami caviste brosse un petit portrait des vins dégustés, M. Poix-Daude nous donne un cours sur l'élaboration du chocolat, nous explique les différents grands crus, la fabrication des ganaches, le plus souvent par infusion pour plus de légèreté. Ce n'est pas un partisan du « toujours plus fort en cacao » ! Pas de 100% ici, 60-65% maxi pour un équilibre plus raffiné.

    5 vins à  marier, 5 chocolats issus de sa production du moment qui varie selon les saisons.

    - Pacherenc du Vic Bilh Laffitte-Teston 2000 et praliné noisette-chocolat au lait 35% de cacao : un vin moelleux aux notes fraîches d'abricot, légèrement mentholées et un chocolat assez doux, réhaussé par le craquant des grains de praliné. Pas un véritable accord, mais un respect mutuel. Aucun des deux ne prend le dessus ou ne se fond dans une senteur nouvelle, mais laisse l'autre s'exprimer tel quel, avec beaucoup de plaisir.

    - Rivesaltes 98 Mas Cristine et ganache aux fruits rouges, enrobage 55% de cacao : le Rivesaltes est issu de grenache noir et présente une robe ambrée avec un nez de fruits confits et de pruneau à l'Armagnac. Bien fondu, il n'est pas trop alcooleux. La ganache est élaborée avec une infusion de fruits rouges qui apporte légèreté et arômes de fruits prononcés. Il y a là un véritable accord, une gorgée de vin exacerbant les arômes de framboise du chocolat. Très beau !

    - Maury 2000 Mas Amiel et ganache au thym-citron : la robe du vin est noire, le nez est intense sur la cerise à l'eau de vie, l'alcool bien perçu et intégré dans la grande amplitude du vin. La ganache au thym-citron est très rafraîchissante mais les notes citronnées intenses risquent fort de dominer le vin, ce qui est le cas. Le citron écrase la cerise ! Le Maury s'en sort beaucoup mieux avec une simple coque de chocolat noir qui transcende les notes de griotte.

    - Vin de paille L'étoile 98, domaine de Persanges et Breda : ce très joli vin de paille aux notes confites d'abricot, de coing et de fruits secs fait l'unanimité. Le Breda est une création à l'occasion du bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture, événement célébré en grandes pompes cette année à Pontarlier, le célèbre général haïtien ayant péri au fond d'un cachot du château de Joux, forteresse médiévale qui garde l'entrée de la ville. C'est une ganache noire avec infusion de noix, de muscade et de poivre. Un vrai chocolat des îles, épicé, comme je les aime. Le poivre et la muscade s'effacent devant les fruits confits pour mieux resurgir en finale. Un très bel accord.

    - Madiran 99, château Laffitte-Teston et ganache au thé, puis ganache à  la violette : un vin rouge pour terminer (l'ordre de service a été déterminé par le chocolatier en fonction de ses chocolats). De légères notes de réduction au nez, pomme blette et ventre de lièvre me laissent à penser qu'il vaut mieux ne pas trop l'attendre et ce d'autant qu'il est moyennement corsé. Accord pas simple avec le chocolat ! Et pourtant ! La ganache au thé gomme les défauts du vin, l'arrondit, tandis que la ganache à la violette les exacerbe. Réellement étonnant !

    Voilà , fin d'une petite soirée fort instructive et constructive, qui confirme que l'on peut marier beaucoup de vins avec le chocolat. Le tout est de bien choisir les deux participants.

    Olif

  • Le millésime 97 à Bordeaux, un bon médicament!

    Date: le 13/06/2003 à 10:01

    Petite série de réunions de travail, très informelles, suivie d'une dégustation, à la cave du Bon Echanson, sponsorisées par des laboratoires pharmaceutiques dont je suis obligé de taire de nom pour des raisons déontologiques.

    Je ne peux que mentionner le slogan retenu pour la première de ces soirées: « Avec D...®, si tu bois comme un âne, tu n'auras pas mal au crâne ». Et c'est un fait !

    Je sais, vous ne vous attendez pas à rêver avec cette dégustation de 97 , mais le budget du dit laboratoire n'était pas pharaonique, ce pour être en conformité avec la législation en vigueur, et pourtant, une très grande bouteille, peut-être la plus grande du millésime en question pour Bob, loin d'être en bout de course et diablement charmeuse. Et trois autres très agréables, à maturité mais pas en déclin, souples et fondues.

    Vins servis non à  l'aveugle et par paires pour une assemblée constituée en grande partie de gens intéressés mais novices.

    - Château Cap de Mourlin 97, Saint-Emilion grand cru classé : couleur rubis soutenu, sans trace d'évolution, tanins fondus et harmonieux, sur un beau fruité (cassis) avec de légères notes boisées. Un vin très arrondi en bouche, tout en délicatesse.

    - Virginie de Valandraud 97, Saint-Emilion grand cru: opposé à Cap de Mourlin, les deux vins jouent dans un registre légèrement différent. Souple et fondu également, robe rubis un peu plus claire, on est plutôt sur le havane, la boîte à cigare et le tabac blond. Le fruité est moins perceptible, probable conséquence d'un style qui fait la part belle au bois et à l'élevage. La matière n'est pas énorme, le vin est très féminin, mais son prix joue nettement en sa défaveur (pas loin du double du précédent !).

    - Château Duhart-Milon 97, Pauillac : robe encore sombre, notes fruitées laissant percer une légère minéralité, un peu de poivron pas trop vert en milieu de bouche, suffisamment long pour être une bouteille très agréable. Aucune trace d'évolution pour ce vin dans sa phase de maturité.

    - Château Lafite-Rotschild 97, Pauillac : avec celui-là , on ne joue pas tout à fait dans la même cour ! La robe est sombre, dense. Le nez embaume sur des notes torréfiées, moka, cacao, de toute beauté. La concentration du vin en bouche est étonnante, pas la moindre petite trace de faiblesse, grande longueur et finale très persistante. Un grand vin, qui démontre qu'il est toujours possible de transcender le millésime si l'on veut s'en donner les moyens. Le plus beau 97 bu à ce jour. Un 1er GCC digne de son rang !

    - Château Rayne-Vigneau 88, Sauternes : une petite douceur pour terminer sur une excellente tarte aux abricots. Très beau botrytis avec une légère touche mentholée qui apporte fraîcheur et longueur. Là , c'est vrai que pour le liquoreux, on aurait pu prendre un 97, mais bon, on ne va pas refuser un 88, quand même!

    La science a encore progressé d'un grand pas hier soir ! Et surtout, n'oubliez pas, pour vos soirées bien arrosées, " D...®, si tu bois comme... ".

    C'était un communiqué des laboratoires ...........(censuré!)

    Deuxième volet de cette série de rencontres professionnelles thématiques autour du millésime 97, axées cette fois sur la circulation sanguine.

    " Avec D...®, vis ta vie à flon, tu n'auras pas mal aux molletons"

    Qu'est-ce que je bosse, moi, en ce moment!

    - Château Le Crock 97 : un peu vert au nez, c'est un vin souple, maigre qui présente un peu d'amertume des tanins. Décharné, il manque d'âme et de profondeur.

    - Château Les Ormes de Pez 97 : très marqué sur le poivron, mais suffisamment mûr pour apparaître souple, fondu et finalement plutôt plaisant, même si assez simple et à terminer, pour ceux qui en ont encore.

    - Château Calon-Ségur 97 : robe grenat, assez claire à la lumière. Nez poivré, poivronné. Les tanins sont bien arrondis, souples et le fruité est charmeur, faisant de cette bouteille un vin tout à fait correct dans sa phase de maturité pour encore une ou deux années, je pense.

    - Château Montrose 97 : la robe est plus soutenue que le précédent. Le nez est encore marqué par de discrètes notes vanillées. En bouche, les tanins sont serrés, à peine austères, mais d'une grande droiture. On note à l'aération l'apparition d'une petite touche d'anis et/ou d'eucalyptus rafraîchissante. Long et concentré, il devrait pouvoir encore s'épanouir avec le temps, mais mieux vaut en profiter maintenant, à mon avis. Pour moi, le meilleur de la soirée, pas au niveau du Lafite, évidemment.

    Cela confirme qu'il y a encore quelques beaux 97 à boire en ce moment mais qu'il serait bon de les écluser définitivement afin de pouvoir passer à autre chose !

    Olif