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  • Les aventures d'Olif chez les Valaisans

    Date: le 06/06/2003 à 12:05

    Petite chronique d'une journée découverte du Valais organisée par le spécialiste LPV des vins valaisans, avec visite de trois des plus réputés domaines de cette magnifique région helvétique.


    Chapitre premier: Domaine de La Liaudisaz.

    Jeudi 5 juin, 11 heures.

    Après avoir expédié vite fait une petite matinée de travail, je saute dans ma voiture, direction Sion (non, je ne bégaie pas !). L'après-midi est chargé, très minuté, et je ne voudrais pas être en retard pour ne pas désorganiser le programme concocté par Averroès.

    Le ciel aussi est chargé et le temps très lourd, orageux ; le thermomètre avoisine les 30° en Valais, on se croirait presque dans la vallée du Rhône ! (bbb)

    Plusieurs rencontres au programme ! D'abord, rencontre avec des passionnés.com, toujours un grand moment, avec ses petites angoisses matérielles et existentialistes (« Est-ce que ma cravate est bien nouée ? Mes chaussures bien cirées ? », « J'ai oublié ma casquette LPV, vont-ils me reconnaître ? »,...) et puis rencontre avec plusieurs producteurs, passionnés eux aussi. Passionnés et passionnants !

    Jeudi 5 juin 14 heures bien sonnées.

    Oenothèque de Leytron. Je suis en retard ! Un petit crochet par Savièse pour récupérer des bouteilles au domaine Cornulus en est la raison. Je me suis un peu égaré mais le paysage était magnifique ! Averroès, Benoît et Paski55 n'ont pas l'air de trouver le temps long. Ils m'attendent tout en sirotant un ermitage flétri de Philippe Darioly. J'en goûte une gorgée. Magnifique entrée en matière !
    Nous nous dirigeons ensuite vers les voitures pour gagner Fully et le domaine de la Liaudisaz, lieu des exploits viticoles de Marie-Thérèse Chappaz, la grande dame du Valais.

    Jeudi 5 juin 14 heures encore plus bien sonnées.

    Arrivée à la Liaudisaz. Une maison adossée à la montagne avec des vignes en coteaux sur des pentes vertigineuses. Nous sommes en retard mais Marie-Thérèse l'est plus que nous. Nous sommes accueillis par une charmante hôtesse qui entreprend de nous faire goûter les fendants après nous avoir installés au frais sous la tonnelle. Vue sur la vigne et les montagnes environnantes, spectacle magique qui me donne l'impression d'être en vacances ! Marie-Thérèse arrive sur ses entrefaites, de retour d'une balade à pied dans les vignes. Fatiguée car très matinale ! Elle se lève à 4 heures 30 pour préparer des tisanes pour les vignes car le domaine passe en biodynamie ( Vincent, ne me demande pas les recettes !). Après les salutations d'usage et la transmission d'un amical souvenir de Vendée, elle reprend la dégustation en cours, nous encourage à critiquer ses vins, à l'affût de la moindre remarque qui pourrait l'inciter à se remettre en question et à faire encore mieux la prochaine fois. Une perfectionniste ! Tonique et (bio)dynamique !
    Mais il faut reconnaître qu'il est bien difficile d'y trouver des défauts à  ces vins !
    Consciencieux, je sors mon petit calepin, en distribue quelques feuilles à Averroès, en panne de matériel, et, très appliqué, commence à prendre des notes !

    - Fendant Mon Puîné 2002 : l'entrée de gamme. Simple et frais, sur des notes amyliques, chewing-gum et bonbon anglais.

    - Fendant de Martigny Les Bans 2002 : très minéral, sur le tilleul, droit et pur.

    - Fendant de la Liaudisaz 2002 : plus fruité et aromatique, sur les fleurs blanches, un côté un peu lactique.

    - Fendant Président Troillet 2002 : minéral et fruité, avec un léger perlant, très beau également.

    Belle gamme de fendant, homogène et complémentaire. Paski55 m'impressionne par la précision de ses impressions dès la première gorgée. Il en profite pour donner un petit cours sur le goût de bouchon à notre ami Averroès, et comment le percevoir, au nez comme en bouche.

    - Grain blanc Arvine 2002 : encore un peu fermée au nez, de légères notes d'agrumes finissent par apparaître en bouche avec une petite note saline discrète. Ce vin traverse une phase difficile post mise en bouteille qui semble assez classique pour ce cépage, dixit les spécialistes.

    - Grain d'Or, Ermitage 2001 :nez très fruité, sur les agrumes, avec un boisé encore un peu prononcé. Gras, ample, long, il mérite d'être attendu pour que tout se fonde.

    - Rosé 2002 : c'est un rosé de saignée de tous les cépages rouges du domaine, amené à disparaître lorsque les vignes seront à leur optimum de production. Il s'exprime sur des notes amyliques de poire et de bonbon anglais et sait rester très frais et agréable. Une belle opportunité pour les amateurs de rosé l'été (dont je fais partie).

    - Dôle Ma Puînée 2002 : fruitée, souple et agréable, un vin franc et bon, à siroter à grandes goulées cet été, légèrement rafraîchi (pour les non amateurs de rosé !)

    - Dôle La Liaudisaz 2002 : superbe Dôle au fruité charmeur, un peu plus concentrée que la précédente, très charnue.

    - Pinot noir 2002 : fruits rouges et réglisse, avec un nez un peu réduit. C'est moins craquant que la Dôle à  mon goût !

    - Humagne rouge 2001 : nez végétal (mais pas vert), sur les herbes sèches, le foin coupé, le sous-bois. Très beau vin, avec une originalité folle.

    - Grain noir 2001 (cabernet franc, cabernet sauvignon, merlot) : le poivron ressort nettement mais le vin est fruité et concentré.

    - Grain noble Malvoisie 2000 : très beau nez sur les fruits confits, le cédrat, le pamplemousse. Grande longueur et grande fraîcheur du fait d'une belle base acide.

    - Grain noble Petite Arvine 2000 : un must ! Robe jaune citron très "flashy ", nez un peu acidulé et confit. Bouche satinée avec un énorme volume, grasse, riche et onctueuse. Un grand vin liquoreux valaisan.

    - Grain noble Marsanne Blanche 2000 : encore un monument de puissance et de concentration, un vin peut-être un peu monolithique pour l'instant, mais il est encore jeune et il me ravit énormément.

    Fin d'un premier très grand moment, inoubliable, avec le bonheur d'avoir pu goûter à toute la gamme des vins du domaine et plus particulièrement les raretés que sont les grains nobles et surtout d'avoir fait la connaissance d'une vigneronne hors pair dont la simplicité et la gentillesse ne sont pas les moindres de ses qualités.

    Je ne suis pas encore au bout de mes découvertes!

    Chapitre deuxième: Jérôme Giroud

    Jeudi 5 juin 16 heures bien sonnées.

    Deuxième adresse prévue par Averroès, Jérôme Giroud, ce vigneron perfectionniste dont il nous a déjà  beaucoup parlé.
    Nous arrivons avec à peine 3/4 d'heure de retard, un véritable exploit, et nous trouvons Jérôme affairé à préparer la commande d'Averroès, un tour de force vu la complexité de celle-ci!

    Direction le caveau, situé dans sa propre maison, petite pièce qui évoque avec bonheur un petit chalet suisse tout en bois perdu dans la montagne. L'endroit est chaleureux, décoré des multiples trophées et récompenses glanés depuis des années.
    Jérôme est un vrai paysan vigneron, dans le sens noble du terme, rigoureux, méticuleux, un peu bourru, laconique, mais lorsqu'il débouche une bouteille et qu'il la goûte, son oeil s'allume, pétille, et c'est avec un plaisir non dissimulé qu'il remplit nos verres. Ici encore, nous ferons l'intégrale.
    A partir du 4ème ou 5ème verre, Averroès rendra sa plume et je suis donc le seul à  prendre encore des notes.
    Chroniqueur pour LPV, un vrai sacerdoce!

    - Fendant Trémazières 2002 : un beau fendant minéral, fleur de vigne, ce que je traduis par fruité et floral à  la fois.

    -Chardonnay 2002: pas de barrique, pas de malo, 2 gr de SR. "Il commence à beurrer" d'après J. Giroud et mérite peut-être necore quelques mois de bouteilles avant d'être bu. Frais, fruité et floral, avec un léger gras qui apparaît en bouche. Un peu atypique pour un habitué des chardonnays ouillés jurassiens et bourguignons.

    -Pinot blanc 2002: un côté un peu dur et tendu pour ce vin qui révèle de jolies notes de fleurs blanches.

    -Johannisberg 2002: le cépage qui s'épanouit à Chamoson. Riche, gras, mais frais, j'aime bien ce vin complexe qui doit encore se révéler après une ou deux années de bouteille.

    -Petite Arvine 2002: une petite merveille de petite arvine! Equilibrée, saline, avec une petite touche d'agrumes en finale, encore sur la réserve, c'est un très beau vin qu'il n'est pas la peine de chercher à mettre en cave, il n'y en a plus depuis longtemps!

    -Muscat 2002: une curiosité et une spécialité de plus à mettre sur le compte des Valaisans, un joli vin qui muscate terriblement et que je verrais bien sur des asperges du Valais pour la prochaine saison.

    -Opale 2001: assemblage Petite Arvine- Humagne blanche, passage en barrique. Un blanc riche, gras et onctueux.

    -Humagne blanche 2001: gras et riche, opulent, avec un boisé encore un peu marqué mais qui ne s'impose pas, nourrissant le vin. Une révélation, à attendre quelques années.

    -Dôle 2002: 80% pinot. Fruits rouges et réglisse, frais et gourmand.

    -Gamay 2002: un peu réduit au nez, il révèle néanmoins un beau fruité. Je lui préfère sans problème la Dôle mais j'ai cru comprendre que Jérôme Giroud n'en produirait plus l'année prochaine (uniquement gamay et Pinot, plus d'assemblage).

    -Pinot noir 2002: une belle texture onctueuse et de jolis arômes de fruits du jardin.

    -Humagne rouge 2002: pas de barrique, une hérésie sur l'Humagne d'après Jérôme. Sous-bois et fruits rouges, le caractère variétal du cépage ressort plutôt bien.

    -Syrah 2002: une robe noire, un nez confituré (cerises noires), une grande profondeur, c'est une très jolie syrah qui n'a pourtant pas connu le bois.

    -Gamaret-garanoir 2002: une robe encore plus noire, une texture onctueuse, de beaux tanins soyeux mais une finale un peu plus courte et astringente témoignant de la rusticité des cépages. J'aime beaucoup ce vin pour son authenticité.

    -Onyx 2001: merlot, syrah, gamaret. Une grande concentration , des tanins fins et serrés, très fruité avec un boisé qui se fond, une grande bouteille.

    -Syrah barrique 2001: très concentrée également mais avec une plus grande structure acide, légèrement astringente en finale. Je lui préfère presque son homologue non barriquée, de millésime différent il est vrai.

    -Merlot 2000: petit à petit, ce cépage prend ses marques en Valais et devrait produire de grandes choses. Celui-ci est fondu, charmeur et velouté.

    -Malvoisie flétrie 2001: abricot et gelée de coing, avec une grande longueur et une belle fraîcheur. Une petite gourmandise après ces magnifiques rouges.

    Voilà , tour d'horizon complet et exhaustif de la production de Jérôme Giroud, avec une homogénéité exemplaire de la gamme, sur les blancs mais surtout sur les rouges qui révèlent un très bel équilibre et une grande maîtrise.

    Et encore quelques cartons qui viennent alourdir le coffre du Break d'Averroès!

    Chapitre troisième, Sélection Excelsus

    Jeudi 5 juin 18 heures bien sonnées

    Troisième et dernière étape de notre périple valaisan, la cave Sélection Excelsus où nous sommes en gros progrès puisque nous arrivons tout juste avec 1/2 heure de retard. Jean-Claude Favre nous accueille à bras ouverts et nous conduit jusqu'au caveau de dégustation.

    Les papilles commençant à saturer un peu, surtout celles de Benoît (qui rêve peut-être d'une petite lampée de Single Malt?), nous opérons une petite sélection dans l'Excelsus: quelques blancs quand même, puis quelques rouges avant quelques liquoreux!

    Tout en débouchant les bouteilles, Jean-Claude s'anime avec passion. C'est un vigneron qui sait ce qu'il veut, qui veut bien faire et qui sait comment y arriver. Et qui plus est, reconnait bien volontiers quand il n'y arrive pas! Encore un perfectionniste exigeant!

    Sur les murs du caveau, une carte topographique de Chamoson vue du ciel. D'une esquisse du bras, il nous fait comprendre la diversité des sols, de la climatologie et la raison pour laquelle certains cépages se comportent mieux à certains endroits qu'à d'autres. Elémentaire! On comprend tout de suite pourquoi les vins de certains sont meilleurs parce qu'ils possèdent les vignes au bon endroit!
    Au domaine, la sélection est rigoureuse, élevée ("excelsus" en latin) et la dégustation qui va suivre en sera la preuve.

    -Johannisberg 2002: un vin vif, tendu, minéral et fruité. Chamoson est le terroir de prédilection de ce cépage qui mérite vraiment qu'on s'y intéresse.

    -Pinot Blanc 2002: un peu plus gras, fruité et floral, encore un cépage qui est transcendé ici.

    -Petite Arvine 2002: s'ouvre sur de belles notes fumées, un vin riche et aromatique.

    -Pinot gris 2002: sur celui-là , j'avoue que j'ai oublié de prendre des notes! Bon aussi, je suppose! smiling smiley

    -50/50 2001: assemblage de pinot blanc et pinot gris dans des proportions gardées secrètes et justement pas moitié moitié, passage en barrique. Le boisé est encore présent, donnant des notes amyliques, mais en bouche, le vin est gras et opulent, sur les agrumes et devrait assurément être à l'origine d'une belle bouteille dans quelque temps.

    -Syrah 2002: une belle syrah sur les épices, la violette, déjà  très agréable car un peu souple.

    -Cornalin 2002: un vin concentré et fruité dans lequel je décèle des notes d'amande douce.

    -Chamoson Excelsus 2001: assemblage de syrah, pinot noir, cabernet sauvignon, passage en barrique. Une belle robe grenat pour ce vin plein de fruits et d'épices, déjà fondu et bon à boire.

    -Eranthis 2000: encore un beau liquoreux dont le Valais a le secret. Pinot gris, pinot blanc et johannisberg pour cette cuvée à la jolie liqueur, fraîche et longue.

    -Eranthis 1998: cette année-là , la petite arvine a été incorporée à l'assemblage. La robe est jaune citron et le vin est ample, concentré et il emplit la bouche. Superbe!

    A ce stade de la dégustation, Jean-Claude a pitié de nous: "Vous dégustez depuis quelle heure?" et va nous chercher de quoi saucissonner sur le pouce. Excellente idée!

    Une fois requinqués, il est temps de retourner à l'oenothèque de Leytron reprendre quelques cartons laissés au frais en début d'après-midi. Le coffre du Break d'Averroès demande grâce!

    Epilogue

    Ultime rencontre à l'oenothèque de Leytron chez Xavier "oeno-ch". Une dégustation du millésime 2002 de Romain Papilloud venait de se dérouler. Nous entreprenons une petite discussion avec Romain, encore présent, tout en dégustant un dernier verre (je n'ai pas pris de notes!) et ce dernier nous offre gracieusement une bouteille d'amigne et une de cornalin pour découvrir sa production. En échange d'une carte de visite de lapassionduvin.com! Ils savent vivre, ces vignerons valaisans! Et ils méritent vraiment qu'on leur rende une petite visite!

    La nuit commence à tomber, les nuages menacent de plus en plus, il est temps pour moi de reprendre la route pour le Jura, avec une certitude: je reviendrai en Valais, probablement cette année d'ailleurs!

    Olif

     


  • Le GJP a descendu la syrah...!

    Date: le 28/05/2003 à 10:20

    Petite descente du Rhône en syrah, avec 6 rameurs et 2 barreuses, pour le Grand Jury Pontissalien hier soir. Du Valais à Saint-Joseph, avec un petit crochet en Australie, une belle série de 10 syrahs servies à l'aveugle et par paires ; le choix s'est porté sur 2 AOC Valais, 2 AOC Côte Rotie (dont une censée être très grande), 2 AOC Hermitage, 2 AOC Saint-Joseph, 1 vin de pays de l'Ardèche, à titre d'étalon, et une Shiraz australienne produite par un grand nom du Rhône. Choix totalement subjectif, déterminé par les bouteilles que nous avions en cave, et qui ne se veut absolument pas représentatif de la production rhodanienne. Les millésimes s'échelonnent de 1985 à 2001.

    Y a-t'il une unité « syrah » en Rhône ? Une appellation sort-elle du lot ? Autant de questions auxquelles nous n'avons aucunement l'intention de répondre, ayant surtout pour objectif de faire une belle dégustation !

    J'adopterai le même principe que la fois précédente (chardonnays du monde) pour le compte-rendu de dégustation, à savoir commentaires et appréciation des vins dans l'ordre de la dégustation, puis je vous révélerai l'origine de ces vins, pour ménager les surprises et du suspense.

    Tous les vins ont été carafés en début d'après-midi.

    Vin n°1 : au nez, un léger goût de bouchon, confirmé par la bouche, et qui s'amplifie à l'aération. Dommage ! Il semblait y avoir une matière intéressante derrière.

    Vin n°2 : un vin jeune, qui développe un fruité intense et fougueux au nez. De demi-corps, je le trouve un peu court et simple, quoique plaisant et bien fait.

    Vin n°3 : avec celui-là , on passe aux choses sérieuses ! La robe est noire, impressionnante. Un vin dense et épais, à la texture presque soyeuse, sur les fruits noirs teintés de goudron. Grande longueur, puissance, des tanins immenses, c'est grand !

    Vin n°4 : franchement bouchonné, imbuvable !

    Vin n°5 : de nouveau un sacré client ! Un boisé de qualité, assez marqué, n'efface pas le fruité épicé. On retrouve une discrète touche mentholée à l'aération. Très ample, long, la finale est un peu chaude mais la matière est énorme. Cela devrait mieux s'intégrer d'ici quelques années. Deuxième grand vin de la soirée. J'avoue préférer légèrement le n°3, plus immédiat et à l'élevage harmonieux, contrairement à la majorité des dégustateurs.

    Vin n°6 : la robe est encore soutenue et le nez est franchement superbe, sur des arômes tertiaires de pruneau, d'humus et de sous-bois. Encore tout fringant et tonique, nous sommes devant un vin évolué dans sa phase de maturité. Très beau !

    Vin n°7 : plus léger, souple mais fruité, nous y décelons un peu de verdeur mais aussi de sucrosité. Il supporte mal la comparaison avec le précédent.

    Vin n°8 : la robe est encore sombre mais de légères traces d'évolution apparaissent sur le bord du disque. Il développe un beau volume en bouche, sur les fruits épicés, mais termine un peu court. On devine le grand vin potentiel mais il n'est pas abouti. Nous nous attendons à une petite déception lors de la révélation des vins !

    Vin n°9 : là aussi, une grande bouteille potentielle. Malgré une pointe d'évolution, un vin intéressant de par sa puissance et sa longueur, mais je lui reprocherais un manque de personnalité. Ample et long, il est plutôt bien apprécié par les dégustateurs.

    Vin n°10 : le nez est discret, un vin timide ! Les fruit rouges s'accompagnent de notes florales qui m'évoquent la pivoine (justement, notre hôtesse en a un bouquet qu'elle s'empresse de me faire sentir !). Déséquilibré, avec une finale alcooleuse, il déroute un peu par son expression très particulière du cépage.

    Dégustation d'un plutôt bon niveau, survolée par les vins 3 et 5, le n°6 étant à classer hors concours du fait de son âge vénérable qui le rend très facile à identifier pour nous. Deux vins bouchonnés sur 10, c'est beaucoup également.

    « Les résultats ! Les résultats ! » clame la foule en liesse à  l'issue de la dégustation !

    Patience ! ils arrivent !

    Vin n°1 : première grosse déception pour ce vin bouchonné, Saint-Joseph Les Granits 95, Chapoutier. Pas de chance, nous attendions beaucoup de cette bouteille.

    Vin n°2 : Vin de pays de l'Ardèche 2001, les vignerons ardèchois. Ce vin a été identifié facilement du fait de sa simplicité mais il faut reconnaître qu'il ne démérite pas complètement par rapport aux cadors qui vont suivre, et que son prix de 3,80 euros le rend très compétitif.

    Vin n°3 : Côte Rotie Brune et blonde 98, Guigal. Alors là , je suis troué ! Déçu par la même en 97, je ne m'attendais pas à  trouver un vin d'un tel niveau ! Grandiose !

    Vin n°4 : Saint-Joseph 95, Chèze. Pas de chance pour Saint-Jo dont nous ne parviendrons pas à  apprécier les mérites ce soir-là .

    Vin n°5 : celui que j'aurais volontiers placé en vin n°3, Côte Rotie La Mouline 97, Guigal. Cela devait être le plus grand, ça l'est, même si j'ai préféré le plaisir plus immédiat de la B&B 98. En les regoûtant les deux comparativement par la suite, La Mouline révèle quand même une plus grande complexité, mais son boisé doit encore mieux se fondre. Un beau moment gustatif.

    Vin n°6 : on l'a tous reconnu, c'était l'Hermitage La Chapelle 85 de Jaboulet. Magnifique !

    Vin n°7 : Syrah valaisanne des Frères Philippoz à  Leytron. Pas encore au niveau des plus grands vins du Rhône !

    Vin n°8 : Hermitage 96 Monnier de la Sizeranne, Chapoutier. Une relative déception avec ce vin qui évolue plutôt rapidement.

    Vin n°9 : Shiraz d'Australie 99, Chapoutier. Un vin assez technologique, je trouve, mais plutôt bien fait qui sauve l'honneur de la maison Chapoutier lors de cette soirée.

    Vin n°10 : Syrah du Valais, Cayas 2000, Germanier Bon Père. Pas totalement convaincante non plus, les syrahs de nos amis Suisses ont encore des progrès à faire pour s'aligner sur les classiques du Rhône. Cela ne devrait pas tarder à venir s'ils travaillent d'arrache-pied dans le bon sens.

    Bien évidemment, cette dégustation se veut juste un instantané, les vins n'étant pas comparables, du fait de l'hétérogénéité des millésimes.

    Merci à Valérie et François pour l'organisation parfaite de cette soirée, d'où Guigal et la Côte Rotie sortent grands vainqueurs.

    Olif

  • Coup de griffe et coups de coeur en Pays Cathare

     
    Date: le 11/05/2003 à 23:54

    Petite chronique d'un séjour à Carcassonne, que Philippe Bouvard aurait pu intituler « De l'Aude dans mon vin », quoique, le calembour me semble un peu trop fin pour lui !

    « Carcassonne », titre d'un album de l'Helvète Stephan Eicher, enregistré à l'Hôtel de la Cité, s'ouvrant sur une chanson intitulée « Des hauts, des bas ». En ce qui nous concerne, plus de hauts que de bas !
    Logés à l'hôtel Montségur, une ancienne demeure du XIXème siècle, au charme un peu vieillot, et nourris, en partie, au restaurant « Le Languedoc », à la cuisine « sérieuse », un peu trop peut-être, mais c'est bon et l'accueil est agréable !

    - Premier coup de coeur pour les établissements Cabanel, liquoriste carcassonnais qui commercialise, et produit, des liqueurs et alcools, ainsi qu'un peu de vin. Concernant ces derniers, une petite sélection de vins de l'Aude, plutôt restreinte, mais judicieuse, avec Haut-Gléon, Etang de Colombes et La Tour Boisée en Minervois. Cette maison ancestrale a gardé un cachet fou avec ses vieilles étagères en bois et ses armoires anciennes ; l'accueil y est tout à fait charmant ! Echanges de quelques anecdotes sur les liqueurs et l'absinthe, bien représentée par plusieurs marques, même si aucune de Pontarlier ; ici, on fabrique deux liqueurs réputées, à base de plantes, l'une apéritive, l'Or-Kina, l'autre digestive, la Micheline, dont l'histoire ravit Madame la liquoriste. Un endroit qui vaut le coup d'oeil !

    - Deuxième coup de coeur pour un très beau restaurant de la ville, Le Clos Occitan, installé dans un ancien relais occupé jadis par les charrettes d'un marchand de vin. Décoration façon bistro moderne et cuisine fraîcheur de premier choix, concoctée par le chef Dominique Morin. Quelques belles références à la carte, dont le toujours très élégant blanc de La Tour Boisée, « à Marie-Claude », se mariant parfaitement bien avec le menu de la mer.

    - Coup de griffe pour le domaine Borie de Maurel, normal peut-être pour un domaine situé à Félines-Minervois . De passage à l'improviste dans ce petit village mais avec l'idée préméditée de visiter cette propriété (j'avais relevé les heures de visite sans rendez-vous sur leur site Internet), nous arrivons trop tôt, à 14 heures. Qu'à cela ne tienne, nous tentons à nouveau notre chance vers 15 heures 30, après une petite sieste à l'ombre d'un platane. Toujours pas âme qui vive hormis un doberman, pas vraiment agressif mais peu engageant non plus ! Tentative de coup de fil pour annoncer notre venue : répondeur ! Et bien tant pis pour eux ! Ils se passeront de ma visite ! Tant pis pour moi, aussi, mais je me rabattrai sur d'autres vins du Minervois, chez des gens qui ont envie de vendre du vin, eux !

    Pour oublier cette mésaventure, il fallait changer d'air! Exit le Languedoc pour une journée, franchissement de la Montagne Noire et escapade dans le Sud Ouest tout proche pour une visite de la cité des Albigeois en compagnie du meilleur des guides. Coup de coeur, global cette fois, pour l'ensemble de la journée, et pas seulement pour faire plaisir à Jérôme ! D'abord un « pique-nique » amélioré arrosé d'un sauvignon gaillacois, surprenant de fraîcheur et alliant onctuosité et finesse malgré une touche oxydative secondaire à un problème de bouteille (domaine de Montels), puis d'un Commandant Jaubert 98 de La Casenove, un modèle de pureté et d'équilibre, le chouchou de Jérôme. Après une visite remarquable du vieil Albi, petite halte à l'ombre de la cathédrale pour écouter les Confidences du Terroir, susurrées par une charmante caviste qui se veut l'ambassadrice des vins de Gaillac en son pays. Son seul défaut, elle n'aime pas (encore) les vins du Jura ! J'en profite pour tout rafler le stock de Palvié, à savoir la seule et unique bouteille de secrets 2000 qui lui reste, et je me fais plaisir avec un assortiment de petites douceurs gaillacoises.
    Il est déjà  tard et c'est pour nous l'heure de regagner Montségur, heureusement sans succomber aux flammes du bûcher !

    Encore deux coups de coeur pour des vins bus au restaurant :

    - Limoux « Toques et clochers » 2000, chardonnay terroir méditerranéen, très parfumé, sur les agrumes, doté d'une très belle texture et d'un superbe équilibre. Différent des chardonnays nordistes, bourguignons et jurassiens, il s'affirme en refusant la caricature style Nouveau Monde. Il me tarde de goûter le terroir océanique que m'a offert Jérôme !

    - Saint-Chinian Borie La Vitarèle Les Crès 99 : un vin dense et épais, encore un peu alcooleux au nez mais qui s'équilibre en bouche du fait d'une matière énorme. Impressionnant !

    Dimanche matin, l'heure du départ a sonné. Rendez-vous manqué avec un caviste carcassonnais réputé dont l'échoppe s'appelle La Passion du Vin (joli nom, non ?). Une prochaine fois !
    A proximité de Béziers, je suis pris d'une furieuse envie ! Mais pas la même que Francis Blanche ! Pourtant, je ne succombe pas! Catusse, ce sera pour une prochaine fois aussi !
    Par contre, un plongeon dans la grande bleue, sur la plage de la Corniche, je n'y résiste pas ! Vivifiant !
    Arrivée à Sète sur le coup de midi. Arrêt obligé ! Après avoir avalé une poignée de fruits de mer et une gorgée de Picpoul de Pinet, c'est le retour vers le Jura, sans autre étape. Juste un regard furtif sur la colline de l'Hermitage et, plus loin, sur la Côte Rotie. On s'arrêtera, une prochaine fois, sans doute !

    Olif

    lapassionduvin.com