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  • Dix-huit rahs!

    Date: le 21/01/2004 à 09:23

    3 x Syrah, en fait! Patrice Lescarret n'a pas l'exclusivité du calembour et de l'à -peu-près, cher à  Bobby Lapointe!

    Une triangulaire déséquilibrée au départ...et à  l'arrivée! Trois millésimes différents, inégaux, trois appellations différentes, le long ou en marge du Rhône, trois expressions différentes de ce beau cépage!

    Les trois robes sont superposables, grenat sombre à  reflets violines plus ou moins marqués, témoignant de la jeunesse des vins, mais dès qu'on approche le nez en haut du verre, ça diverge, et sans jeu de mots vaseux cette fois-ci!

    Syrah 2002, Chamoson, Simon Maye, Valais

    Un mélange de fruits et de fleurs envahit les fosses nasales. Cassis et violette s'entremêlent pour donner un vin plaisant, affichant sympathiquement et sans complexe son côté variétal.
    Pas au niveau des plus grandes syrahs du Rhône (private joke!), mais je ne crois pas que le millésime s'y prête, et ce d'autant que ce vin n'est pas passé en barrique, si je ne m'abuse.

    Une bouteille éminemment agréable néanmoins, à  boire sur son fruit.

    Saint-Joseph 2001, Le Paradis Saint-Pierre, Domaine Coursodon

    Le premier nez, très légèrement animal, s'efface rapidement au profit de notes de fruits mûrs, avec un côté limite blet. Les tanins du bois sont encore nettement ressentis et procurent une sensation un peu astringente en finale, qui voit revenir de petites notes viandées pas déplaisantes du tout. La matière est dense, le vin a besoin de temps, à  oublier dans un coin de la cave!

    La Syrare 2000, Côtes du Vivarais, Alain Gallety

    Le nom du cépage se prêtant bien aux jeux de mots, tout le monde en profite, celui-ci n'étant pas, et de loin, le plus mauvais!
    Concernant le vin, on joue ici dans la catégorie de ce qu'on peut appeler les bombes ou les monstres! Un style qui divise!

    Nez très fumé, bouche très grasse, glycérinée, un peu lourde, limite écoeurante, longue, sur une finale un peu acide avec mâche imposante. Un vin "Poids-Lourd"!

    L'intérêt de ce vin pour moi, c'est de montrer le potentiel d'un vignoble méconnu et qui peut bien faire. Une volonté affichée de porter haut le Vivarais même si les effets sont pour l'instant appuyés. Les intentions étant louables et le vigneron vraisemblablement talentueux, je pense que l'on devrait évoluer vers plus de finesse et d'élégance dans les années à  venir. Du moins je l'espère!

    Finalement, elle est pas si mal que ça, cette toute simple syrah du Valais!

    Olif

  • Quand le GJP s'attaque à L.A.C.A.V.E. !

    Date: le 23/01/2004 à 19:55

    Vous connaissiez déjà le GJP, Grand Jury Pontissalien, association non officielle ayant pour modeste but notre épanouissement personnel dans le domaine du vin, ce qui est déjà beaucoup, vous allez faire connaissance avec L.A.C.A.V.E. , L'Association des Connaisseurs et Amateurs pour la Valorisation des produits Extérieurs, regroupement d'amateurs haut-doubiens passionnés par le monde du whisky et des alcools. Ce club n'a pour l'instant qu'une année d'existence (il s'agit d'une ramification d'un autre club de la région) et propose 5 soirées annuelles, autour des Single Malts essentiellement, sous la houlette d'un vrai passionné, Serge, qui je l'espère, viendra participer activement sur LPV. Quel dynamisme, dans le Haut-Doubs!

    Exercice relativement nouveau pour nous que la dégustation successive de plusieurs Malts, mais c'est armés d'un grand courage que nous (Le Seb et moi) avons accepté de relever le défi ! Rendez-vous donc à L'Alchimie, sans nul doute le restaurant le plus inventif de la ville, qui nous recevait pour la dégustation qui fut suivie d'un repas.

    Les Malts sélectionnés sont en général des bouteilles commandées dans des boutiques spécialisées et très pointues dans ce domaine, telle la Maison du Whisky, entre autres.

    Prestonfield Malt, 10 ans, 43°

    Un pur produit de distillerie, dans le Speyside, sélectionné par Signatory Vintage, vieilli en fût de sherry. Et de fait la robe est ambrée. C'est un beau whisky d'apéritif, floral, développant des arômes de fruits secs et d'amande. Très doux et rond en bouche, on perçoit une sensation alcooleuse longue et chaleureuse en finale avec développement de jolies notes de noyau de cerise.

    Royal Brackla, Vintage 91, 43°

    Une sélection Signatory Vintage également, élevé en « cask » pendant 9 ans.
    Originaire des Highlands, il offre une robe jaune très clair (natural color), du fait d'un élevage probable en fût neuf.
    Le nez est plutôt fruité, assez fin, mais l'attaque est franche, presque agressive, et évolue sur des notes iodées marquées. Très long, il devient doucereux en finale. Belle constitution !

    Macallan 12 ans, 46°

    Embouteillage par Murray Mac David, une version un peu particulière de ce Single.
    La robe est ambrée (vieillissement en sherry cask). Malgré le degré élevé, l'alcool n'agresse pas le nez, plutôt marqué par des notes farineuses. On a l'impression de croquer des grains d'orge ! Sensation un peu particulière pas entièrement convaincante ! D'autant que l'alcool se manifeste beaucoup en bouche.

    Bowmore 92, 11 years old, 46°

    Poursuite de la traversée de l'Ecosse avec visite de l'île d'Islay. La robe est claire, toujours en relation avec un élevage en fût neuf. Pas de doute sur son origine pourtant, la tourbe et l'iode sont bien là ! Des notes fumées, auxquelles nous sommes bien habitués dans les tuyés du Haut-Doubs, s'y ajoutent, accentuant son caractère typé. Bouche bien structurée, équilibrée, longue et racée. Un Single entier, que l'on apprécie ou pas, mais dont on ne peut nier la force de caractère !


    Vintage Islay 97, 45°

    Bottled in 2003, il s'agit d'un assemblage de Malts d'Islay par Signatory Vintage dans la collection Stills of Scotland. Non filtré, brut de fût.
    La robe est jaune clair. Le nez, d'abord iodé, révèle par la suite toute sa complexité sans agressivité aucune. Très équilibré, une sensation chaleureuse en finale vient caresser le gosier. Je suis sous le charme de ce très beau et original Malt. Une révélation.

    Après un petit entracte consistant qui nous permet de nous refaire les papilles avec, en accompagnement du joli menu concocté par le Chef de L'Alchimie, un Marigny-Neuf 2003, sauvignon du Haut-Poitou vinifié par Ampelidae avec un petit sucre (un vin d'hiver à boire sur son fruit), et un toujours très beau Côtes du Ventoux de Fondrèche Fayard 2001, nous attaquons la deuxième partie de la soirée avec la dégustation de vieux rhums !

    En principe, une seule bouteille est prévue mais c'est là que le GJP sort sa botte secrète en la personne du Seb, au long passé colonial antillais et grand amateur de ce breuvage !

    Santa Teresa, rhum du Vénézuela, 15 ans d'âge

    Agressif, l'alcool saute au nez et le brûle littéralement, masquant le côté fruité vanillé qui apparaît timidement par la suite. La finale chauffe terriblement faisant ressortir une grande amertume. Il faut du courage pour le boire !

    Rhum vieux agricole Depaz, issu des plantations de la Montagne Pelée, Martinique, 45°

    Une couleur brune, un nez agréable de vanille, de banane séchée, de mangue, une bouche ronde avec une finale très légèrement brûlante, en font un beau rhum bien agréable en digestif.

    Trois Rivières, Martinique, 62°

    Le « décollage », idéal pour le premier Ti-Punch de la matinée, et pour nous plutôt un atterrissage ! "Pa ni pwoblem" ! Rhum blanc agricole très fruité au nez et absolument pas agressif. La bouche révèle bien le fort taux d'alcool qui appellerait un peu de sirop de canne et de citron vert pour masquer la légère amertume ! En fermant les yeux, on entendrait presque le bruit des cocotiers qui s'entrechoquent!

    Eprouvante soirée pour les papilles, mais ô combien intéressante et instructive, qui en appellera certainement d'autres ! Tous ces Single élevés en « cask » ne furent pas loin de nous en donner un au moment de se coucher, de casque, mais finalement, la nuit et le réveil se sont plutôt bien passés !

    Olif, pour le GJP et L.A.C.A.V.E.

  • Un peu de chaleur sudiste dans le blizzard !

    Date: le 26/01/2004 à 09:24

    Petite réunion impromptue du GJP chez le Seb hier soir, chacun devant amener une bouteille que les autres devaient essayer de découvrir. Une certaine unité dans le choix des vins pas du tout préméditée ! Et une convergence vers le Sud, histoire de se réchauffer un peu ! Quand les grands esprits se rencontrent !

    Domaine de la Marfée, Les Champs Murmurés 2000

    Nez très animal, réduit, sur des notes de cour de ferme, légèrement acidulées, type fiente de poule ou guano, mais désolé, je suis un gars de la campagne, j'aime bien ça ! Le renard n'est pas bien loin, le carignan non plus ! Un joli fruité très frais en bouche (cassis évidemment !), une grande longueur et un bel équilibre pour ce vin très convaincant.

    Châteauneuf du Pape, domaine Marcoux 99

    C'était ma bouteille et ce ne fut pas, et de loin, la meilleure de la soirée ! Un nez pas net a fait discuter un goût de bouchon, mais pas de façon franche, intermittent, s'estompant à  l'aération pour revenir à nouveau prendre en traître en bouche ! Des notes de cacao un peu poussiéreuses, type Nesquik, apparaissent à  l'agitation et viennent se substituer par moment aux précédentes. De la matière, du potentiel, mais une impression mitigée pour cause d'arômes douteux. A revoir même si ce sera difficile, je n'en avais qu'une ! Bouteille carafée 8 heures au préalable.

    Domaine Mortiès, Que Sera Sera 2001

    Un magnifique nez de café moulu, type Arabica. On se croirait chez le torréfacteur du coin ! Puis de subtiles et adorables notes viandées rappellent le steak qui se trouve dans l'assiette. Du bonheur ! Un vin tout en finesse et en élégance !

    Cigalus 99, Vin de Pays d'Oc

    La robe est d'une noirceur impressionnante ! Au nez, les notes de poivron bien mûr associées à  un joli boisé torréfié nous emmènent tout droit du côté de Saint-Estèphe. Perdu ! Tanins marqués par une légère amertume, mais un vin de noble constitution, atypique pour du Languedoc, mais plutôt bon ! Assemblage 50% merlot 50% cabernet sauvignon, je crois !

    Don PX 1972, Gran Reserva, Toro Albala

    Une grosse gâterie du Seb pour finir ! On ne pouvait descendre plus au Sud avec ce vin exceptionnel qui a la grosse côte sur LPV en ce moment .

    A voir l'aspect, il est légitime de se demander si on va boire de la mélasse ou du Fernet-Branca ! Il suffit pourtant d'approcher son nez du verre pour être envoûté par des arômes de pruneau, de fruits secs, de noix, d'amandes. De l'oxydatif total ! Inaltérable ! Un peu d'amertume de bon aloi vient s'équilibrer de façon majestueuse en bouche.
    Une structure longue et impressionnante pour un vin d'anthologie.
    C'est grand, c'est beau, c'est bon !

    Olif

  • Pierre qui roule..

    Date: le 19/12/2003 à 11:59

    Cette pierre-là , elle est plutôt précieuse ! Preciosus en latin, mais nombreux sont ceux qui voudraient la dessertir de son écrin. C'est bien là le problème avec les mythes, il faudrait ne pas vouloir les approcher pour ne pas détruire la part du rêve qui est en nous.

    Peu de vins en France ont acquit ce statut d'exception (mais est-il toujours enviable ?) : la Romanée Conti et le Montrachet en Bourgogne, Yquem et Pétrus à Bordeaux. Si Yquem semble le plus accessible et le moins décevant de ces vins fameux, eu égard à son prix, il n'en est pas tout à fait de même pour son collègue de Pomerol à qui il est fréquemment reproché de ne pas avoir le lustre nécessaire pour défendre son statut. Ce qui lui a longtemps valu de n'être gratifié que de ** dans le Bettane et Desseauve. Parker avance une explication dans son guide : ce serait en raison d'une frilosité, voire d'une peur de prendre des risques lors de la vinification, que les propriétaires «assurent», en se contentant du minimum syndical, forcément élevé pour un cru de ce rang. Vendanger tôt pour éviter la pluie, clarifier et filtrer pour épurer le vin, mais aussi, du coup, l'appauvrir ! Ce qui expliquerait les résultats inégaux de la décennie 80. Si 82 et 89 sont des monuments, 81, 83 et 86 sont en deçà de la réputation du cru, 87 également mais dans une moindre mesure car le millésime a quand même été surpassé.

    Deux bouteilles de ce nectar dormaient depuis des années dans nos caves respectives et la perspective de les aligner côte à côte pour une soirée d'exception faisait petit à petit son chemin. A événement exceptionnel, organisation exceptionnelle : une soirée de gala devait servir de rampe de lancement à ces deux monstres sacrés, forcément non issus des meilleurs millésimes, mais qu'importe ! Foin des grincheux qui minimiseront l'importance de la dégustation ! En route pour le mythe !

    Pétrus, mythe à  mi-temps...

    La partie logistique de la soirée prise en charge par Le Seb et Nathalie, nous n'avions qu'à apporter religieusement nos flacons. De vraies stars ! Et poseurs, en plus ! Les deux bouteilles côte à côte, entourées par les carafes, ça vous fait un de ces effets pour la photo! Séance de débouchage à l'aide d'un Screwpull à manette. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Grosses inquiétudes sur le 86 ! Pour employer ce qui pourrait être un belgicisme, rien qu'à sentir le bouchon, ça sentait déjà le bouchon ! Peut-être n'est-ce que passager (on peut toujours rêver !), on carafe quand même pour voir !

    Place à la mise en bouche !

    Pour accompagner les petits toasts au foie gras maison sur pain aux figues :

    Domaine du Clos des Fées, Passa Minor 98, Muscat Petits Grains

    Une véritable bouteille collector, produite uniquement cette année-là par Hervé Bizeul, dénichée dans une cave de rêve en Suisse par Le Seb ! Le nez est un peu déroutant, sur le menthol, l'eucalyptus, la sève de pin. Les arômes muscatés ne sautent pas à proprement parler au nez ! Bouche ample, sur le coing avec en milieu de bouche une sensation métallique. Rétro sur la pâte de coing et toujours des notes de sève de pin. Une grande originalité et une bouteille très intéressante au final.

    Sur une poêlée de Saint-Jacques servies sur un lit de mâche :

    Coulée de Serrant 99

    Carafée en début de matinée, elle a eu un peu de temps pour s'ouvrir mais elle l'a fait péniblement. Le nez reste discret, sur de légères notes miellées. La bouche est déconcertante ! Pas d'amplitude ni de volume, une impression de vin aqueux, « coupé à l'eau », malgré une grande longueur. Pour tout dire extrêmement décevant !

    Ermitage De L'Orée 91, Chapoutier

    Robe jaune soutenu. Nez un peu oxydatif, sur les fruits secs, marqué par une sensation alcooleuse (eau de vie de marc). Attaque vive, avec de l'acidité, mais la bouche reste globalement sévère et sèche, avec rétro sur l'alcool et les fruits secs. On sent le beau vin, mais ce n'est pas consensuel. Son caractère très « typé » ne peut pas plaire à tout le monde. Est-ce un problème d'éducation de palais ?

    Sur une côte de boeuf de Mr Chambon, cuite à  la perfection par Le Seb, et accompagnée de petites rattes et de crosnes :

    Pétrus 86

    Le passage en Impitoyable a guéri toute vélléité de mettre ce breuvage en bouche ! Une grande leçon à en tirer : les mythes ne sentent pas que la naphtaline, ils peuvent aussi sentir le bouchon !

    Pétrus 87

    Petit millésime pour Bordeaux, mais grand pour Pétrus ! La robe est encore sombre sans trace d'évolution. Très empyreumatique, sur le tabac, la fumée, le bois noble, il développe une puissance phénoménale en bouche, toute en finesse et en élégance. Puissance, finesse, longueur, élégance, race et distinction, je crois bien que beaucoup d'éléments sont là pour dire qu'on est en présence d'un grand vin dans l'absolu. A mettre au Panthéon des grandes bouteilles bues cette année, au même titre que La Mission 63. Qui a parlé d'effet millésime ?

    Cheval-Blanc 94

    Remplaçant de dernière minute, il n'a guère eu droit à l'échauffement ! Changement rapide de température, carafage brutal à froid, la partie s'annonçait difficile pour lui, surtout derrière le monument précédent.
    Nez d'abord un peu réduit, puis sur les fruits bien mûrs, le tabac blond, il développe volume et ampleur en bouche, mais aussi relative souplesse malgré une grande longueur. Un côté accessible immédiat et très féminin, il correspond tout à fait à l'image que j'ai de Cheval-Blanc.
    Finalement, il se tire plutôt bien de l'exercice difficile auquel il était confronté !

    Sur un « Pavé de la place », délicieux gâteau au chocolat de Mr Poix-Daude, servi avec un duo de crème, vanille et caramel :

    Mas Amiel Prestige 15 ans d'âge

    Un superbe vieux Maury à  la robe tuilée qui développe un rancio magnifique, pruneau, havane... Les papilles demandent grâce !

    Rhum JM 1990, Les Héritiers Crassous de Médeuil, Martinique

    On ne pouvait pas refuser un vieux rhum au Seb, dont la Martinique est quasiment la deuxième patrie ! Une vraie caresse au gosier à la descente et une agréable sensation de chaleur alcooleuse qui remonte. Il n'y a plus qu'à se laisser aller ! Enfin pas trop quand même, car il faut rentrer, même s'il n'y a que 500m à faire !

    Que rajouter à cette superbe soirée qui vient clôturer une saison gustative faste pour le GJP ! Rien, si ce n'est qu'il sera cependant dur d'oublier l'immense déception de ce bouchon bien amer !

    Pétrus qui r'ule n'amasse pas m'usse ! (c'est pour la rime !)

    Olif

  • Un prénom pour le futur !

    Date: le 12/12/2003 à 17:59

    C'est presque un faire part de naissance, même si l'accouchement n'a pas encore eu lieu !

    Retenez son prénom, il s'appelle Alexandre, Alex pour les intimes ! Tout jeune vigneron, à  l'état encore embryonnaire !
    Apprenant son métier chez Lucien « Bacchus » Aviet, il s'est lancé dans le grand bain en ne choisissant pas la facilité : il a fait l'acquisition d'une vigne sur un des plus beaux terroirs de Pupillin, la côte de Feule. Un des plus beaux mais aussi un des plus difficiles et des plus exigeants, bien sûr, car extrêmement pentu et de surcroît coupé en deux par une ravine large et profonde, témoignant de la friabilité du sol et à l'origine d'une curiosité géologique puisque des ceps de vigne y poussent la tête en bas ! Pratique pour vendanger!

    Son premier millésime en cours d'élevage repose dans une petite cave en location au plein centre d'Arbois, accessible par un petit trappon donnant sur la place principale. On peut y accéder également par l'intérieur de l'immeuble en descendant un fort joli mais tortueux escalier en pierre un peu bas de plafond.

    Fidèle participant aux séances de dégustation des Jardins de Saint-Vincent, il s'est un peu fait prier pour nous conduire dans son antre mais lors de la dernière séance consacrée au vin de Champagne, nous avons joué les prolongations pour goûter sa petite production. Seb, tu as manqué quelque chose !

    Son poulsard, pardon ploussard, est dans une phase un peu difficile actuellement, avec des notes de forte réduction, limite mercaptan, et une astringence sévère (il n'a toujours pas fait sa malo). Par contre, l'assemblage chardonnay-savagnin (assemblage contraint et forcé, puisqu'il a dû ouiller sa cuve de chardonnay avec du savagnin !) est fort joli, d'une belle netteté au nez et avec une bouche ample et bien structurée. Un vin qu'il faudrait mettre en bouteille maintenant. Il ne reste plus qu'à trouver l'embouteilleuse, les bouteilles, les bouchons et les étiquettes !
    Un véritable parcours du combattant que celui du jeune vigneron !

    Vous entendrez vraisemblablement de nouveau parler d'Alex, le premier vigneron à avoir sa rubrique dans LPV alors que sa production n'est pas encore commercialisée !

    Olif, accoucheur de jeunes talents!

  • Un 29 novembre à Paris, au Salon des Vignerons Indépendants

    Date: le 30/11/2003 à 19:20

    Temps frais avec menace de pluie dans la journée. Un temps à  ne pas mettre un passionné.com dehors !
    D'ailleurs, il n'y en avait guère au Salon des Vignerons Indépendants de la Porte de Versailles ! Guère plus que de gynécologue en congrès !
    A ce propos, j'ai une anecdote croustillante à  raconter ! Je la tiens de Vincent, qui, lui-même, la tient du Chat de Geluck (vous savez, le gros chat en costard qui fait des aphorismes !) : c'est l'histoire d'un gynécologue sourd qui a dû apprendre à  lire sur les lèvres. Fin de la parenthèse.

    Pour en revenir au Salon, il y avait pourtant du monde, limite cohue, à  l'ouverture, ce qui n'était pas fait pour rassurer l'ermite jurassien qui sommeille en moi ! Une fois les portes ouvertes (petite pensée pour Jean-Claude !), la foule s'est dispersée et ventilée, permettant une prise de contact privilégiée avec le premier vigneron sur lequel je suis tombé en arrêt : David Fourtout !
    Frais, dispos, malgré une nuit mouvementée et plutôt courte, à  ce que j'ai cru comprendre, et disponible, il a pris le temps de m'expliquer le domaine, ses origines, sa conception du vin, tout en rendant hommage au vigneron qui l'a inspiré et auprès duquel il a beaucoup appris, Luc de Conti. Ensuite, nous effectuons un petit tour d'horizon de la production du domaine, car tous ses vins sont là , même si en pratique, il y en a peu à  vendre, D. Fourtout aimant bien venir sur les salons pour rencontrer les amateurs, ceux qui boivent ses vins en fait, et ça tombe bien, c'était un peu aussi ma démarche ! Nous commençons par les rouges, sympathiques Clos des Verdots et Tour des Verdots 2002 avant le Grand Vin 2001, à  la trame soyeuse et patinée, et nous terminons par les blancs :

    Clos des Verdots 2003 : un petit régal fruité, avec suffisamment de nervosité pour ne pas tomber dans la mollesse,

    Le Grand Vin des Verdots 2002 : là , on rentre dans la dimension supérieure ! Déjà  majestueux, il mérite du temps pour digérer son élevage.

    Le Vin 2002 : le Vin, c'est au départ un concept, une création, une recherche sur la structure, avec pour base des raisins récoltés en légère surmaturité, pour apporter de la chair et de la richesse, assemblés avec d'autres raisins destinés à  amener le nerf et l'acidité. Un essai de modélisation du produit fini ! Et le 2002 ne déroge pas à  la règle. Intense et profond, long et complexe, il est déjà  très beau malgré une mise récente.

    Le Grand Vin des Verdots moelleux 2002 : à  l'image du blanc et du rouge de la même gamme, ce Côtes de Bergerac moelleux est un vin splendide, avec une liqueur extrêmement riche et beaucoup de fraîcheur malgré tout.

    Montbazillac 2001 : une bombe ! Le Vin, version liquoreux ! De la concurrence pour Madame ! 220 g de SR, une structure énooorme, et une longue finale fraîche, sur la mine de crayon (tiens ! tiens !). Un peu plus d'1 euro le cl (52 euros la bouteille de 50 cl), mais sous vos applaudissements, SVP !

    Une première rencontre marquante, qui a déjà  duré un petit moment ! Après tout cela, j'éprouve le besoin de me ressourcer, à  2 pas de là, au stand de Stéphane Tissot, venu sur le salon en compagnie de son père André.
    La Mailloche 2002, embouteillée depuis moins de 3 semaines, n'a pas eu les honneurs de Paris. Trop jeune ! Par contre, j'ai le bonheur de goûter (à  l'aveugle, j'ai cru à  un piège !) à  son savagnin ouillé étiqueté par provocation Traminer 2002 et vendu sous la marque de la Reine Jeanne (achat de raisins sur pied, issus de VV de savagnin). Magnifique ! Un vin au nez original, à  la minéralité marquée et à  la longueur exemplaire. Une nouvelle référence dans le monde des savagnins ouillés, du niveau de ceux de Pascal Clairet, Freddy Lornet et Fanfan Ganevat.

    Retour dans le Sud-Ouest avec la rencontre de Jean-Luc Baldès et des vins du Château Triguedina. Plus que le Clos 2000 et même Probus 2000, je craque pour ce fameux New Black Wine, version 97 car apparemment le plus accessible à  la dégustation actuellement, avec un nez ouvert, typique d'un beau Cahors à  maturité, ainsi que pour le Vin de Lune, un chenin botrytisé étonnament frais et aérien dans le monde viril du malbec.

    Le Salon est vaste, je m'y perd un peu, mais je mets finalement le Cap à  l'Est, toujours au Sud, pour une visite du domaine Gardiès, où je goûte une série de blanc avant de faire les rouges. Mention spéciale au blanc VV 2002, la plus belle réussite du domaine en blanc, aux yeux du domaine, un vin très sudiste dans l'esprit mais la fraîcheur est au rendez-vous. Magnifiques VV rouge 2001, très rond, cacaoté (70% de grenache) et Torre 2001, plus intense et profond, révélant toute la complexité du mourvèdre.

    Daumas-Gassac valait bien une petite halte, histoire de goûter les vins en primeur :

    Blanc 2003 : échantillon tiré du fût que le vin n'a d'ailleurs pas connu, puisque depuis 2 ou 3 ans, les blancs sont élevés uniquement en cuve pour se présenter sous leur côté le plus fruité.

    Rouge 2002 : dans sa phase fruité, il est particulièrement aimable et c'est presque la première fois que je prends autant de plaisir à  boire un vin de ce domaine !

    Après la pause sandwich, il me fallait trouver quelque chose à  boire ! Je passais justement devant le domaine Martin-Faudot, en Arbois, dont j'avais envie de découvrir les vins après avoir goûté une très belle cuvée surmaturée Sainte-Cécile. De jolis vins, comme ce trousseau 2002 ou ce poulsard 2001, de moins convaincants (une cuvée de pinot noir) et un joli savagnin 2000, oxydatif qui s'épanouit dans une longue finale. Pas aussi intense que celui de S. Tissot, mais c'est un vin auréolé d'un coup de coeur Hachette 2004.

    Histoire de respirer le bon air iodé de la Vendée, impossible de ne pas s'arrêter au stand du Domaine Saint-Nicolas, le Fief Vendéen de Thierry Michon, qui n'a pourtant pas fait le déplacement dans la capitale, se faisant représenter par son père et une fort charmante demoiselle. Jolie cuvée Reflets 2001, que j'avais déjà  goûtée, très belle Cuvée Jacques, déroutante mais originale cuvée Le Poiré, à  base de négrette, décevante Grande Pièce 2001, vraisemblablement dans une phase inaccessible en ce moment. Maria 2000 a enfin été embouteillée il y a 3 semaines ; c'est un très beau chardonnay, surprenant même, quand on connaît ses origines marines. Pour terminer, Soleil de Chine, en souvenir d'un séjour à  Shangaï, chanin botrytisé acidulé, manquant un peu de profondeur à  mon goût.

    Au rayon découverte, tout d'abord un autre Cahors, le domaine de Maison Neuve. Rien avoir avec Cosse ! C'est un petit domaine familial qui propose une cuvée d'un bon Cahors simple et franc, élevé uniquement en cuve, à  un prix défiant toute concurrence : entre 4 et 5 euros suivant les millésimes, que le vigneron et son épouse m'ont tous fait goûter, depuis 1998. Sympa !

    Ensuite, un Côtes du Rhône situé à  Jonquières, dans le Vaucluse, le domaine Rigot, dont la cuvée Prestige des Garrigues 2001 a reçu un coup de coeur dans le guide Hachette 2004. Et ils en sont fiers, au domaine de ce coup de coeur, qui récompense un vin authentique, sans artifice, élevé en cuve, composé à  80% de grenache (Châteauneuf n'est pas loin !). Après m'avoir invité à  venir goûter, on me propose ici une verticale sur pas moins de 6 millésimes, de 1994 à  2001, évidemment. Une préférence pour le 98, le 2000 et évidemment le 2001, qui n'a pas volé son coup de coeur et qui surtout, est vendu à  un prix défiant toute concurrence, à  moins de 7 euros.
    Sitre internet : [www.domaine-rigot.fr]

    Pour terminer le rayon découverte, le domaine de L'Arjolle, que je ne connaissais que de nom, et véritable coup de coeur de la journée, qui fut pourtant très riche en belles rencontres, pour des vignerons sympathiques et cordiaux, privilégiant leur vision du vin, la qualité de celui-ci au détriment de l'AOC. Le domaine est situé à Pouzolles, à  l'ouest de Pézenas, mais tous les vins revendiquent le Pays des Côtes de Thongue !

    Equinoxe 2001 : assemblage viognier, sauvignon, muscat à  petits grains, élevé en fût, très aromatique et frais,

    Cuvée de L'Arjolle rouge 2001 : 50% cabernet sauvignon, 50% merlot. Des tanins soyeux, une structure onctueuse, il a tout d'un grand vin pour le prix modique de 6 euros ! Il reste très languedocien dans l'esprit malgré son assemblage bordelais.

    Merlot Synthèse 2002 : un très beau vin, long et structuré,

    Paradoxe 2001 : assemblage de syrah, cabernet sauvignon, merlot et grenache (d'où le paradoxe !), élevé 100% fût neuf pendant 14 mois. Une grande bouteille, intense et complexe dans laquelle l'élevage ambitieux ne m'a pas sauté au nez !

    La Lyre 2002 : vendanges tardives de muscat à  petits grains, frais et aromatique, qui m'a un peu rappelé la Douce Providence du Clos du Gravillas. Très beau.

    Et pour la finale, une bouteille de derrière les fagots que l'on me sort devant mes origines jurassiennes revendiquées : un chardonnay surmaturé élevé sous voile ( !), sublime, au nez très Jura mais à  la minéralité peut-être moins affirmée que chez nous (avis certainement pas objectif de S. Tissot à  qui je me suis empressé d'aller faire goûter ce vin !)

    Pour clôturer ma journée, car je sentais une certaine lassitude physique me gagner, je me suis offert quelques douceurs du côté de Gaillac, au Domaine René Rieux. Très belle gamme de liquoreux, avec mention spéciale au Concerto 2001 et 1999, que Raymond Papaix juge supérieur à  2001 dans son potentiel de garde.

    Le brouhaha de la vie parisienne ayant eu raison de mon enthousiasme gustatif, c'est avec bonheur que j'ai regagné mes sommets enneigés ce matin, m'offrant même une première séance de ski de fond salvatrice dans l'après-midi.

    Olif

  • Guerre de sécession autour d'une poignée d'huîtres !

    Date: le 02/12/2003 à 09:48

    Traditionnelle soirée huîtres du Club des Amis du Bon Echanson, hier soir ! Soirée que l'on pourrait résumer à un affrontement Nord-Sud ! Loin de moi l'idée de vouloir systématiquement opposer deux conceptions du vin blanc, mais force est de constater que les vins sudistes, en jouant la carte du mimétisme, se sont avérés être de gros mollusques bien lourds, contrairement aux chardonnays bourguignons, qui, non contents d'être les meilleurs vins de la soirée en dégustation pure, se sont révélés d'excellents accords avec les huîtres grâce à leur vivacité et leur côté beaucoup plus mordant.

    Comme à  l'accoutumée, les huîtres sont de Gillardeau (n°3) et les vins proviennent de la cave du Bon Echanson.

    - Anjou Domaine de Mosse, cuvée Marie Besnard 2001 : l'intrus de la soirée, apporté par Le Seb et constituant le salaire de l'ouvreur. Vraisemblablement peu, voire pas soufré, il s'ouvre sur des notes de coing, de miel, de cire, d'orge maltée, bien contrebalancées par une belle structure minérale apportant la fraîcheur. Il séduit malgré son côté légèrement oxydatif, même s'il s'accorde mal avec les huîtres.

    - Domaine de Jonquières 2002, Vin de Pays de l'Hérault : j'avoue avoir eu un peu de mal à cerner ce vin, plutôt agréable, floral, qui ne convenait que fort peu aux huîtres. A regoûter dans d'autres circonstances.

    - Les Arums de Château Lagrange 2001, Bordeaux : marqué sauvignon, mais sur la litière de chat non renouvelée récemment !, il évolue sur des notes de citronnelle et de désodorisant WC pour tout dire un peu dérangeantes ! Une déception !

    - Montes Alpha, Chardonnay 2001, Casablanca Valley, Spécial Cuvée : si le millésime 98 a été sélectionné comme étant «the best chardonnay in the world» par Vinitaly , ce 2001 obtient haut la main celui de «pire chardonnay of the soirée». Lourd et mou, alcooleux, avec de l'amertume en finale, j'avoue ne pas avoir aimé du tout ! L'hémisphère Sud a encore des progrès à faire en matière de chardonnay !

    - Bourgogne 2000, Domaine Leflaive : un simple Bourgogne, mais bien né et vraisemblablement de noble origine (jeunes vignes de Puligny ?). Nez sur le beurre, la noisette, les herbes coupées, avec de la minéralité et du nerf, il commence à acquérir du gras et de la profondeur. Très beau !

    -  Auxey-Duresses 1999, domaine du Comte Armand : le dernier millésime de cette cuvée puisque les vignes exploitées en fermage ont été reprises par leur propriétaire. Minéralité, vivacité, équilibre et harmonie s'entremêlent pour finir sur des notes briochées citronnées. Superbe !

    Suivent deux vins rouges pour faire la transition avant le dessert :

    - Puech-Haut 1998, Tête de Cuvée : fruits mûrs et bois brûlé ! Tanins durs et un peu austères, un vin presque caricatural !

    -  Domaine de Jonquières 2000, Coteaux du Languedoc : un peu réduit au premier nez, ces notes s'estompent à l'aération pour livrer un fort joli vin, ample, frais et bien structuré. L'anti-thèse du précédent !

    Sur la Dora, dessert au chocolat :

    - Banyuls Rimage mise tardive 2000, Les Clos de Paulilles : cherry, cacao, intense et profond, une petite merveille d'accord avec le chocolat !

    -  Rivesaltes 89 Vintage, Domaine Cazes : dans le même registre, mais encore plus beau que le précédent, un vin exceptionnel sur lequel le temps ne semble pas avoir de prise. Une gourmandise !

    Et après ça, vous prendrez bien un petit café ?

    Olif

  • Meursault, le phare de la Côte!

    Date: le 21/11/2003 à 23:26

    Jeudi 20 novembre 2003. La journée s'annonce magnifique ! Un grand soleil resplendit, faisant oublier les gelées matinales, et déjà 14°C à 11 heures du matin sur le Haut-Doubs. Plutôt qu'une visite du Bordelais sous la pluie, à l'instar du pèlerin girondin de LPV, la Bourgogne sous le soleil s'impose, et ce d'autant que c'est moins loin! Direction Meursault, le vignoble phare de la Côte de Beaune. Mauvais calcul ! Le trajet verra s'estomper petit à petit notre optimisme météorologique ! Dès la plaine de Saône, le brouillard nous gagne, épais, glaçant, le thermomètre extérieur de ma voiture affichant un modeste 5°C.

    Après un déjeuner rapide à La Diligence, à Meursault, pas mauvais mauvais, mais un peu grosse cavalerie, une cuisine finalement pas si illogique que ça dans un ancien relais de diligence, nous longeons le clos du Château de Meursault, aux allures fantomatiques dans la brume.

    Il faudra attendre 16 heures 30 pour voir le ciel se dégager à peine tandis que la nuit commence à tomber. Meursault, nuit et brouillard ! Mais peu importe ! La chaleur et la lueur nous viendront du fond des caveaux, où le vin blanc de Meursault, tel un phare dans la nuit, brilla de tous ses feux ! La vache, si c'est beau ! Je n'en reviens pas moi-même !

    Deux domaines au programme, pas ceux dont on parle le plus, mais deux domaines qui méritent qu'on en parle !

    Rémi Jobard, le plus Haut Doubien des Murisaltiens

    Notre première étape nous conduit chez Rémi Jobard qui a repris le domaine familial en 1992. Un vrai gars du pays, fils de Charles, mais également la plus Haut-Doubien des Murisaltiens ; il a marié une fille de Pontarlier !
    Ce beau domaine, relativement peu connu, travaille à 70% à l'export (Angleterre, Japon, Allemagne, Pontarlier,...) mais il serait pourtant dommage de passer à côté ! Ici, on est plutôt en lutte raisonnée, voire plus que raisonnable. A 90% en bio, grâce à un gros travail à la vigne, sans engrais, sans désherbant, mais on utilise ce qui semble nécessaire pour traiter quand le besoin s'en fait sentir.
    La dégustation qui va suivre a révélé un fort beau potentiel qualitatif avec respect des terroirs et de leurs expressions. Des vins racés et élégants, d'une grande homogénéité.

      Les vins blancs :

    - Bourgogne 2001 : une belle parcelle de chardonnay en appellation Bourgogne, idéalement située, du bon côté de la nationale, en bordure des premières habitations du village, et un très beau vin vif, simple mais franc.

    - Meursault Sous la Velle 2001 : nez un peu réservé révélant peu à peu des notes d'agrumes, un léger grillé. Un vin tendu, minéral, avec beaucoup de fraîcheur.

    -   Meursault En Luraule 2001 : un climat en limite des premiers crus, jouxtant les Gouttes d'Or. Plus gras en attaque, je lui trouve par la suite une sensation de mollesse. Beaucoup moins incisif que le précédent.

    -   Meursault Les Chevalières 2001 : une vigne plantée en 1940, en exposition est, de ce fait la plus tardivement vendangée. Un excellent compromis entre le gras et la minéralité, avec une finale encore à peine serrée. Splendide cuvée pour amateur patient (j'en suis!).

    -   Meursault 1er cru Le Poruzot Dessus 2001 : histoire d'embrouiller un peu plus le néophyte ou le réfractaire (Belge ou autre !), le climat Poruzot est subdivisé en 3. Le dessus est évidemment le meilleur ! C'est un vin riche, long, équilibré. Le chouchou de beaucoup !

    -   Meursault 1er cru Genevrières : nez intensément grillé, toasté (20% de fût neuf seulement) avec un grain serré en attaque qui s'épanouit dans une immense finale. « Un entonnoir à l'envers », voilà ce qui définit parfaitement pour Rémi le terroir des Genevrières. Très beau vin, j'adore !

    -   Meursault-Charmes 2001 : un beau Charmes, puissant, intense et aromatique, sur le pain grillé beurré, d'une droiture de structure exemplaire.

      Les vins rouges :

    - Bourgogne 2001 : frais et fruité, gouleyant, il pinote joliment. Finale un peu abrupte, minérale, sur la mine de crayon.

    -   Monthelie 1er cru Les Vignes Rondes 2001: plus puissant, ses tanins sont un peu rustiques avec de la mâche en finale.

    - Monthelie 1er cru Les Champs Fulliots 2001 : le plus beau des 1ers crus de Monthelie, contigü au Clos des Chênes de Volnay. Beaucoup de finesse, une matière serrée avec un joli grain et des notes de griotte dans la finale.

    -   Volnay Santenots 2001 : rond, fruité et charnu, il développe beaucoup de finesse. Jolie rétro sur la cerise à  l'eau de vie.


    Domaine Michel Bouzereau et Fils, le classicisme et l'élégance

    Après un petit crochet dans les vignes, nous nous dirigeons vers le domaine Bouzereau, en plein coeur du village. Heureusement que Rémi Jobard nous sert de guide, sinon nous serions encore probablement perdus dans les ruelles de Meursault !
    Accueillis par Michel Bouzereau, c'est son fils, Jean-Baptiste, qui nous conduit dans la cave pour faire connaissance ici avec le millésime 2002. Un grand millésime, qui a la particularité d'être très accessible malgré la mise récente en bouteilles. Beaucoup de belles choses ici également, avec une déclinaison des terroirs murisaltiens une nouvelle fois palpitante, avec une petite incursion à Puligny. Nous ne goûterons malheureusement pas au Meursault Perrières, produit jusqu'à maintenant en petite quantité, mais l'acquisition d'une belle parcelle dans ce prestigieux 1er cru devrait permettre une plus grande commercialisation dans l'avenir. Accueil de tout premier plan par des vignerons amoureux de leur terre.


      Les vins blancs :

    - Bourgogne 2002 : très fruité, pêche blanche, poire, il est gourmand et se laisse boire allègrement.

    - Meursault Tessons 2002: nez très expressif, un peu grillé et beurré. Grande richesse, grande longueur, due à une acidité bien présente même si elle semble masquée. Très beau !

    -   Meursault Le Limozin 2002: un coteau en exposition sud, sous les Genevrières. Chaleureux et rond, épicé, il manque peut-être d'une pointe de nerf qui le rendrait plus incisif.

    -   Puligny-Montrachet 1er cru Les Champs Gains 2002 : très affable, finement toasté, sur les herbes coupées, il se goûte déjà  fort bien et laisse percevoir toute sa majesté.

    - Meursault 1er cru Les Genevrières 2002 : sur les agrumes, il développe un beau volume mais sa structure n'est peut-être pas encore suffisamment bien définie. La mise est récente.

    - Meursault-Charmes 2002 : un vin pour le petit déjeuner ! Pain grillé beurré, riche et gras, porté par une belle acidité, avec un gros volume extrêmement bien calibré en bouche. Un archétype !

    Le vin rouge : il y en a d'autres mais c'est le seul que nous goûterons au fût.

    - Beaune Les Vignes Franches 2002 : fruit mûr, boisé un peu torréfié, il se caractérise par la présence d'une petite pointe de gaz.


    La nuit a maintenant largement pris ses quartiers, il est temps pour nous de regagner la montagne et son ciel étoilé, non sans avoir fait une halte arboisienne pour y goûter un peu de Beaujolais, surtout pas nouveau ! Ce sera dur d'éclipser la classe de Meursault, qui nécessitera très certainement une nouvelle visite, et pourquoi pas au retour de la belle saison, lorsque le brouillard sera levé?

    Olif

  • Soirée entre célibataires!

    Date: le 23/11/2003 à 20:30

    En l'abscence de chacune de nos conjointes, l'occasion était trop belle pour ne pas se retrouver, Le Seb et moi, pour une petite soirée entre célibataires épicuriens, devant un dîner improvisé et des flacons dégustés à  l'aveugle, chacun ne sachant pas ce qu'avait apporté l'autre. Le repas des enfants expédié (ils ont beaucoup apprécié même si c'était simple!) et ceux-ci confortablement calés devant le Seigneur des Anneaux, nous pouvons passer aux choses sérieuses!

    -Fendant de Martigny Les Bans 2002 , Marie-Thérèse Chappaz

    Robe très pâle. Nez aromatique sur la fleur de vigne avec une sensation crayeuse. L'attaque est vive, une pointe de CO2 accentue la perception de minéralité. La fin de bouche est plus riche, grasse, voire un peu molle. C'est un joli vin de fendant, mais Le Seb, qui a supputé un vin Suisse, n'aime pas trop! Je descends donc chercher une autre bouteille à  la cave pour accompagner les Noix de Saint-Jacques à  la Bordelaise.

    -Pessac-Léognan blanc 95, Domaine de Chevalier

    Un vin de circonstance pour accompagner le plat! Ma précédente rencontre avec ce vin m'avait un peu déçu, celui-ci ayant été éclipsé par le Bergerac des Verdots. Cette fois, c'est mieux! Beau nez d'agrumes, riche et gras, avec une jolie longueur, de l'amplitude, de la classe et de l'élégance. Le Seb, qui a trouvé le domaine à l'aveugle (je l'espère, par hasard!) en redemande!

    Pour accompagner les côtes de veau bio de Mr Chambon, juste grillées et servies rosées, accompagnées de chanterelles :

    Beaune Les Vignes Franches 1999, Domaine M. Bouzereau

    Un rusé que ce Seb, qui essaie de me piéger avec un vin que nous avons dégusté au fût il y a peu, dans un autre millésime évidemment!
    La robe est rubis sombre. Le nez est de prime un peu réduit et je penche d'abord pour un vin du Sud. Cela s'estompe rapidement à l'aération et on se retrouve sur des notes de fruits mûrs. La trame est serrée, le grain fin, légèrement grillé, c'est très beau! J'adore! Un grand vin de Beaune! Grand vin tout court, je ne sais pas, moi je fais plutôt dans le relatif !

    - Chambolle-Musigny 1er cru Les Hauts-Doix 2001, Domaine Groffier

    Registre un peu différent pour ce vin que Le Seb ne rattache pas non plus à  la Bourgogne au premier abord. Nez très grillé, presque torréfié, témoignant de son élevage, mais ça ne masque pas les autres arômes, évoluant plutôt dans un registre floral, violette, pivoine. Belle amplitude et grande longueur (oserons-nous dire grand vin?), grand vin de Chambolle en tout cas qui mérite de la patience en cave.

    -Saint-Chinian, La Fonsalade 1999, Château Maurel-Fonsalade

    Là , c'est du Languedoc, j'en suis sûr! Robe noire, nez très beau sur les fruits noirs, la liqueur de fruits, un peu caramélisé, avec une belle texture et de la longueur. C'est un excellent rapport qualité-prix!

    Avec la Dora, goûteux gâteau au chocolat local:

    - Douce Providence, 2001, Clos du Gravillas

    Muscat de Saint-Jean-de-Minervois passerillé sur pied, donc déclassé en vin de table. La robe est plutôt pâle, le nez magnifique sur le muscat bien sûr, mais une année de cave lui ont fait acquérir une complexité et une densité exceptionnelle. L'équilibre est magistral et l'accord avec le chocolat somptueux. On en redemande et on finit même la bouteille (50 cl, seulement!)

    Après ça, je crois bien qu'il n'y avait plus qu'à  aller se coucher!

    Olif

  • Léoville-Barton, the ultimate verticale!

    Date: le 11/11/2003 à 22:06

    Terme consacré dans l'édition DVD pour évoquer la nouvelle version d'un film encore plus complète que la précédente, cette verticale du Château Léoville-Barton n'a pourtant rien d'exhaustif, c'est juste la dernière en date qui vient compléter les appréciations sur les nombreux millésimes que nous avons eu l'occasion de goûter lors de notre séjour en Médoc au mois de septembre dernier.

    C'était aussi l'occasion de réunir une nouvelle fois le GJP autour de ce cru devenu fétiche pour une bonne partie d'entre nous et de tenter de le connaître encore un peu mieux.

    Il s'agit donc d'une sélection de quelques millésimes que nous avions en cave, histoire d'avoir un aperçu des anciennes années, des beaux millésimes et des millésimes récents. Mon regret est de ne pas avoir pu goûter au 2000 mais nous n'avons pas souhaité en sacrifier une bouteille devant des commentaires faisant état d'une phase ingrate actuellement.

    Dégustés par paires, en semi-aveugle, pour privilégier l'ordre de service, nous avons commis un sans-faute dans l'identification des millésimes, qui présentaient tous les caractéristiques que nous en attendions. On progresse fort, au GJP !

    Pour cette verticale, changement complet de technique de dégustation, donc, qui risque fort de se pérenniser pour les prochaines séances, à savoir dégustation pure des 6 vins sélectionnés, servis 2 par 2, pour mieux les approcher, les appréhender, les comprendre et les commenter. Puis, on termine gentiment les bouteilles autour d'un petit repas convivial, soulagés de la pression analytique autour des vins. Merci à Jef et Patricia de s'être magistralement chargés de la partie logistique de la soirée.

    Les vins ont tous été carafés, mais de manière plus ou moins longue suivant les millésimes (de 1 heure pour les plus anciens à 3 heures pour les réputés plus puissants).

    - Château Léoville-Barton 1997 :

    Un vin déjà  largement commenté ici !
    La robe est d'un grenat pas très soutenu mais d'un bel éclat.
    Le nez est toujours aussi fondu, plutôt agréable, sur des notes torréfiées et de boîte à cigares. La bouche est d'une agréable souplesse, en faisant un vin de plaisir à boire sans trop se poser de questions.

    - Château Léoville-Barton 1999 :

    La robe est grenat un peu plus sombre que le précédent.
    Le nez est plutôt fermé, réservé, mais on perçoit nettement de la glycérine et un côté un peu crémeux (dur de ne pas évoquer la crème pâtissière après avoir lu les notes de Claudius !), avec du moka et aussi des fruits noirs (mûre) et du réglisse.
    Volumineuse en attaque, la bouche termine plutôt court, avec un grain et des tanins un peu rêches.
    Pas totalement convaincant actuellement, il demande très certainement un peu de temps pour se fondre, mais combien ? Pas trop non plus, je pense, mais la question reste : est-ce qu'il s'harmonisera ?

    - Château Léoville-Barton 1985 :

    La robe est grenat, curieusement très peu évoluée.
    Cèdre, bois noble, poivron mûr, il fait preuve d'encore beaucoup de vigueur pour son âge et ne joue pas encore vraiment dans un registre tertiaire. Bel équilibre et longue finale rémanente, il s'agit là d'un très beau vin !

    - Château Léoville-Barton 1983 :

    Des traces d'évolution peu marquées sont perceptibles sur la robe.
    Le nez est splendide, tertiaire, sur le pruneau, plus ou moins confituré, l'humus, le cuir, le sous-bois et la cerise à l'eau de vie. La bouche est encore nerveuse avec de l'allonge.
    Un vin à  son apogée, loin d'être fatigué, et un beau moment gustatif.

    - Château Léoville-Barton 1996 :

    La robe est sombre, opaque.
    Le nez est intense, puissant, mais tout en retenue, avec présence de notes iodées, évoquant le pansement ou … je ne dirai pas quoi !, pour certaine personne qui travaille également en milieu hospitalier .
    Si cette petite note iodée me gêne un peu, elle n'est pas persistante et n'empêche pas le vin de s'exprimer en bouche en développant beaucoup d'ampleur. Les tanins sont encore un peu serrés en attaque mais ça s'arrondit par la suite pour perdurer longtemps.
    Très jeune, il a encore besoin de temps pour devenir une grande bouteille, mais il en a les moyens.
    Très apprécié par la majorité des dégustateurs présents, je lui ai pour ma part préféré le suivant.

    - Château Léoville-Barton 1995 :

    Très opaque également, ça pleure sur les bords du verre ! De belles grosses larmes roulent doucement sur les parois, témoignant de sa richesse. Emouvant !
    De fait, la bouche est pleine, grasse, avec une grosse sensation de glycérol sur des notes de noyau de cerise.
    Très racé, il m'impressionne par sa chair, sa droiture, sa profondeur et sa classe.

    Fin de la verticale sur un sentiment de grande satisfaction avec des vins qui se tiennent quelque soit le millésime, qui tiennent remarquablement la distance pour les plus vieux. Pour ma part, mention spéciale pour les années en 5.

    X 1929

    On ne pouvait pas se quitter sans un petit dessert accompagné d'un petit liquoreux ! La dernière bouteille ouverte est une exclusivité du GJP ! Ne cherchez pas à vous en procurer, elle fait désormais partie des vins mythiques et inaccessibles !
    Nous la nommerons donc par son n° de code : X 1929 ! A moins que ce ne soit son année de naissance ! Une naissance du côté de Bordeaux, c'est à peu près certain, mais l'endroit exact est difficile à cerner de façon précise. Une orpheline qui a perdu son nom, pas forcément très bien née, vraisemblablement un peu roturière, mais qui parle avec les accents de la sincérité ! Une couleur ambrée, vieil or, un nez délicat de moka, de café, de confit d'oranges et des agrumes qui apportent une certaine vivacité et de la fraîcheur. Un vin que l'on boit avec recueillement , eu égard à sa qualité et son grand âge, qui nous bannit définitivement des rangs des buveurs d'étiquette car ici, d'étiquette, il n'y en a plus ! Merci à Jef pour ce grand moment d'émotion !

    Fin de la soirée à une heure déjà fort tardive, heureusement, tout le monde rentre à pied, et s'il fallait dégager une conclusion synthétique à cette dégustation, c'est que Léoville-Barton, c'est bon ! Je ne peux pas faire plus court, ni plus juste !

    Olif et le GJP

  • Michel Gahier, la discrétion efficace !


    Date: le 09/11/2003 à 09:57

    Deuxième étape de notre périple jurassien, nous arrivons à Montigny déjà fort tard, ayant un peu traîné à la table chaleureuse du Comtois à Doucier.

    Un vigneron très discret et modeste que ce Michel Gahier, descendant d'une très ancienne famille de Montigny-les-Arsures. Un vrai gars du pays, qui bichonne ses vins avec amour et respect, et qui s'exprime superbement à travers eux.

    Véritable spécialiste du trousseau, ses Grands Vergers sont un modèle du genre, de 1983 (et peut-être avant !) à nos jours, pour ceux que nous avons eu le plaisir de goûter. Ses blancs et son jaune ne sont pas en reste et ne devraient pas tarder à accéder à la reconnaissance. Novateur avec Hélène, jolie cuvée de chardonnay surmaturé à boire sur sa fraîcheur et son fruité, il excelle dans l'oxydatif avec une Fauquette 99, rappelant les plus belles cuvées du genre, dont les Saint-Paul de Camille Loye, et un vin jaune 95 au mordant et à la fougue toute juvéniles. Très beau Macvin et, on l'espère bientot, un vin de paille 100% chardonnay assez étonnant.

    - Arbois Chardonnay 1995 : un peu réduit de prime, le nez finit par s'ouvrir sur des notes d'herbes sèches, de foin coupé et n'est pas sans m'évoquer certaines belles cuvées de Chablis de J.M. Raveneau . Très beau.

    - Arbois Chardonnay 1983 : un vin ouillé qui s'exprime quand même sur la noix, le curry, la pomme de bois, le calva, avec une sensation de fraîcheur étonnante pour son âge. Impressionnant!

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 2003 : une véritable petite bombe fruitée déjà  diablement bonne. Il y en aura peu !

    - Arbois Trousseau 2002 : fruits rouges, feuille de cassis, épices. Rond en attaque, il est un peu plus sec et cassant en finale. Demande un peu plus de fondu.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 2002 : aromatique, rond et ample, il possède plus de race que son petit frère.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 2000 : déjà  bien fondu, sur les petits fruits rouges compotés et épicés, beaucoup d'amplitude et de fraîcheur.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 1999 : très expressif également, il joue un peu dans le même registre que le 2000.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 1983 : un vrai bonheur que de boire ce vieux vin de trousseau encore plein de vigueur, de jeunesse, très fruité, démontrant l'aptitude à la garde de ce cépage.

    La fin de la journée approche et il est temps pour nous de quitter le Jura viticole avec le sentiment du devoir accompli, même sans magnétophone, celui d'avoir passé une très agréable journée en compagnie de vignerons passionnés par leur terre et leur vin, une totale découverte pour certain, une véritable confirmation pour d'autres.

    Le Jura sous son vrai visage, celui de la diversité et de la qualité !

    Olif

  • Jean-François Ganevat, le franc-parler jurassien

    Date: le 09/11/2003 à 09:48

    Par cette belle journée de début novembre, l'occasion était trop tentante pour une petite sortie jurassienne totalement incognito, soigneusement dissimulés dans une voiture banalisée immatriculée en Confédération Helvétique. L'équipage au grand complet, digne d'une chanson de Bobby Lapointe, constitué d'Yves Z, le chauffeur philosophe helvète, du Seb, copilote arrière esthète, ainsi que moi-même, votre serviteur, que l'on dit poète, quitta Pontarlier quasi aux aurores pour se diriger dans le vignoble jurassien et y retrouver Saint Vernier, grand coordonnateur de la journée, pour une découverte en profondeur, mais en accéléré, de la diversité viticole de la région.

    « Sous la Roche », dans la Combe de Rotalier, un petit paradis perdu éclatant sous le soleil, tout là -bas, au bout du monde, dans un cul-de-sac adossé à la roche, avec un fort joli coteau entièrement replanté récemment, en exposition sud, qui nous permet d'apprécier un peu de la géologie du terroir jurassien. Le sous-sol argileux devrait convenir idéalement au trousseau et au savagnin qui remplacent désormais ici le poulsard.

    Jean-François Ganevat, notre hôte, jovial vigneron au franc parler, parfois un peu provocateur, aurait bien mérité une interview LPV. Malheureusement, le matériel était défaillant! Les aléas du métier de journaliste ! Ce sera donc une interview sans parole, un genre de portrait du personnage, ce qui n'est déjà pas si mal !
    Après une dizaine d'années passées en Bourgogne pour le compte du domaine Morey à Chassagne-Montrachet, Fanfan Ganevat est revenu au bercail en 1998. Son premier vrai millésime, celui qu'il a maîtrisé de A à Z, pour lui, c'est 1999 et les vins du domaine que j'ai eu l'occasion de goûter jusqu'à présent m'ont totalement emballé, tant en blanc qu'en rouge.
    Déjà remarqués et remarquables, ses vins sont pourtant en train de prendre un nouveau virage pour encore plus d'exigence. Adepte du sans soufre, il souhaite évoluer vers des vins de plus en plus nature, exprimant encore plus le raisin. L'avenir nous dira s'il a raison mais la dégustation qui a suivi a été l'occasion de quelques révélations.
    Comme tous les vignerons qui font de la qualité, pour lui, le vrai travail commence à la vigne. Respecter le sol, le sous-sol, l'environnement, c'est primordial pour laisser parler le raisin.

    Après un petit coup d'oeil en extérieur, nous entreprenons un véritable porte-à -porte dans le hameau, celui-ci étant constitué de plusieurs maisons en apparence indépendantes, mais chaque corps de bâtiment recelait son lot de trésors. Là les 2003, ici les 2002, là -bas des savagnins, encore ailleurs des rouges...


    Dégustation au fût :

    Beaucoup de cuvées goûtées, dont les 2003. Hormis une cuvée de chardonnay en théorie destinée aux crémants et écartée de cet usage devant le fort degré naturel à la récolte, aucun des vins goûtés n'a nécessité d'acidification. L'impression d'ensemble est plutôt favorable même s'il est difficile de bien juger les vins à ce stade.
    Le rythme intensif de la dégustation ne m'a pas permis la prise de notes dans de bonnes conditions, je me bornerai donc à quelques commentaires sur les vins qui m'ont le plus inspiré. Tous ces vins sont en appellation Côtes du Jura.


    - Chardonnay Florine 2002 : jolie fraîcheur, sur la mangue, l'abricot, les fruits secs.

    - Chardonnay Grands Teppes 2002 : sur le premier fût, le vin a été débourbé. Le vin est incisif, vif, avec des notes de raisin. Sur le deuxième fût, non débourbé, on est plus sur la fleur d'ortie. Le troisième fût, non débourbé également, présente beaucoup plus de gras, un peu pain grillé beurré. Les variations d'un fût à l'autre sont étonnantes !

    - Chardonnay Les Chalasses VV 2002 : nez puissant, grillé avec des notes d'agrumes. La bouche est grasse, riche, ample, finissant sur de légers amers. Superbe ! Un deuxième fût est plus marqué agrumes.

    - Chardonnay Les grands Teppes VV 2002 : goûté sur 3 fûts différents également. Le premier est incisif, mordant, minéral, sur la pierre à fusil. Finale citronnée avec quelques amers. Le deuxième fût révèle un vin un peu plus mou alors que le troisième est d'une exceptionnelle densité, boisé (fût neuf) mais absolument magnifique.

    Les différentes cuves de savagnin ouillé 2002 m'ont également beaucoup plu, de même que certaines barriques du chardonnay Grusse VV 2002. Les rouges sont dans une phase gustative beaucoup moins accessible actuellement.

    Au restaurant Le Comtois, à Doucier, nous avons pu déguster la quasi totalité de la production en bouteille, millésime 2002 pour les rouges et 2001 pour les blancs. Je retiendrai un Chardonnay Grands Teppes VV de haute volée, un excellent savagnin ouillé, ainsi qu'un pinot noir 2002 sur le fruit, très gourmand.

    Un sacré personnage que ce Fanfan Ganevat et un domaine dont il faut impérativement retenir le nom!

    Olif
  • Le Clos Montmartre, vin du Vieux Monde !

    Date: le 28/10/2003 à 21:55

    Flâner dans le XVIIIème, parcours obligatoire du touriste moyen, vous conduit immanquablement vers les vignes du Clos Montmartre, qui a le mérite d'avoir une véritable histoire, contrairement à ses homologues du Nouveau-Monde, et que celle-ci est plutôt belle !

    La vigne de Montmartre remonte vraisemblablement à l'époque gallo-romaine. Très étendu jusqu'à la fin du XIXème siècle, le vignoble s'offre même le luxe d'être subdivisé en «cru» ou en «climat» : la Goutte d'Or, la Sauvageonne, la Sacalie,... qui finiront par fusionner sous le vocable moins prestigieux de «picolo» de Montmartre, la qualité ne semblant pas nécessairement au rendez-vous.

    Le début du XXème siècle, de par la concurrence viticole et l'urbanisation, a eu raison du dernier cep. Coïncidence, l'absinthe (de Pontarlier, notamment!) battait alors son plein, enivrant jusqu'à plus soif les artistes de la place du Tertre.

    Les années 30, grâce à Francisque Poulbot entre autres, virent le renouveau de ce petit carré de vignes, planté à flanc de coteau, en lieu et place d'un petit square destiné aux enfants et ayant résisté à la pression immobilière.
    1556 m2 de sables siliceux de Fontainebleau reposant sur des argiles vertes et des marnes à huîtres, et sur lesquelles on a planté 1762 pieds de Gamay, Pinot noir et Hybrides producteurs directs. 33,5 hl/ha, 402 litres produits en 2002 pour 805 bouteilles de 50 cl. Les chiffres parlent d'eux-mêmes !

    Il faut reconnaître que l'endroit est magique, surtout si l'on ferme les yeux et que l'on s'imagine au siècle avant-dernier, loin du flash crépitant de nos amis nippons ! En face, sur le même coteau, subsiste le square Roland Dorgelès, qui inciterait presque à la rêverie si la température était plus clémente en cette fin octobre. Certains ont quand même dû rêver profondément, hier soir, si l'on en juge par le nombre de cadavres de Kro jonchant le sol, et venant rompre le charme de l'endroit.

    Est-ce encore une fois la faute au millésime précoce, mais j'ai raté de peu la fête des vendanges qui se déroule chaque année sous le parrainage de personnalités de tous horizons. Cette année, Elie Semoun et Véronique Genest s'y collaient pour une grande fête populaire. De vendange, il n'y eut point, car toute la récolte a été détruite par un orage de grêle le 31 mai. Il y aura toutefois une production de Clos Montmartre en 2003, des raisins ayant été offerts par des Confréries Vineuses au Comité des Fêtes du XVIIIème. Une cuvée «Solidarité» verra donc le jour dans ce millésime. Un exemple à méditer dans les autres appellations ?

    Le dernier millésime y est présenté et commercialisé à l'occasion. Enfin, pas vraiment commercialisé puisqu'il est offert ! En échange d'un don de 40 euros aux Oeuvres sociales de l'arrondissement, fiscalement déductible ! Une véritable aubaine!

    Chaque millésime est habillé par un étiquetage spécifique, illustré par un peintre contemporain, véritable collector digne de Mouton !
    La cuvée Toulouse-Lautrec représente le millésime 2001. Consciencieusement, je me suis senti obligé de la goûter et de la commenter, même si cela peut paraître un peu obscène. Une oeuvre de bienfaisance, on ne peut décemment la juger ! Sachez seulement que ce Clos Montmartre 2001 se rapproche plus du «picolo» que de Mouton-Rotschild, même s'il est loin d'être imbuvable.

    Une expérience enrichissante et ma modeste contribution au folklore local, éminemment sympathique !

    [www.fetedesvendangesdemontmartre.com]

    Olif

  • Quelques grands du Roussillon!

    Date: le 10/10/2003 à 21:31

    Petite thématique personnelle sur les vins du Roussillon, débutée devant l'opportunité de découvrir enfin ce fameux Terroir Mailloles du domaine Sarda-Malet, le plus beau du Roussillon à  ce qu'il paraît! Comment jauger véritablement un vin si ce n'est l'étalonner par rapport à  nos références personnelles? Je suis donc allé puisé dans les entrailles de ma cave pour y dénicher quelques sparring partners d'envergure!

    - Domaine du Clos des Fées VV 2001

    Quelle séduction! Un vin qui a la cerise!
    Soyeux et satiné, dans un registre juvénile très fruité, il resplendit d'élégance pour finir sur une pointe de cacao. Très féminin malgré le fort degré alcoolique (qui jamais ne roule les mécaniques!), il est doté d'un parfait équilibre qui lui sied à  merveille, l'élevage sachant se faire très discret à  ce stade. Après 24 heures d'ouverture, il s'alourdit à  peine, perd un peu de tonus, et le côté crémeux devient légèrement écoeurant. Ce qui ne retire rien à  ses qualités si on l'attend sagement en cave, ou encore si l'on siffle la bouteille d'une traite!

    - Domaine Sarda-Mallet, Terroir Mailloles 2001

    Goûté juste avant le VV du Domaine du Clos des Fées, il lui tient sans problème la dragée haute. Un peu plus réservé à  l'ouverture, il lui a fallu du temps pour s'exprimer, mais quelle récompense! Chocolat, cerise à  l'eau de vie, avec une grande densité et une profondeur immense. Sans le côté séducteur immédiat du précédent mais avec un soupçon de race supplémentaire. Un vin qu'on aime aimer, car il se livre par petites touches, se retenant un peu à  l'ouverture mais terminant en apothéose dans un océan de saveurs fruitées et chocolatées. On peut en profiter déjà  maintenant, mais son potentiel semble énorme!

    - Les Sorcières du Clos des Fées 2001

    Robe grenat brillante mais opaque.
    Le nez est marqué d'abord par le bois, mais celui-ci s'estompe rapidement pour laisser parler un fruité plutôt assez frais. Ce vin pétillait dans sa jeunesse, juste après la mise, ayant suscité quelques interrogations. Aujourd'hui, les bulles ont presque disparu et il persiste surtout une sensation de fraîcheur avec juste un petit picotement sur la langue en finale. Un peu plus déséquilibré par l'alcool que la grande soeur, il devrait être tout juste prêt pour fêter Halloween cette année.
    24 heures après l'ouverture, la sensation gazeuse n'a toujours pas complètement disparu (vin non carafé, non secoué).

    - Collioure 95, Les Clos de Paulilles

    En complément, juste pour avoir une petite idée du potentiel de garde de la grande région Roussillon.
    Robe grenat sombre homogène, avec de toutes petites traces d'évolution sur les bords, à  peine perceptibles.
    Le nez est assez expressif, agréable, empyreumatique, sur le noyau de cerise, le chocolat et quelques notes fumées.
    Attaque franche, beau volume, mais finale un peu sèche. Il ne possède pas l'opulence des voisins du Roussillon mais s'exprime de façon plutôt droite. Arrivé à  maturité, il mérite d'être bu sous peine de sécher un peu plus.

    L'impression d'ensemble de cette dégustation est plutôt très favorable au Roussillon, avec des vins déjà  très séducteurs dans leur jeunesse. J'aurais pu rajouter un ou deux vins de Gauby, mais ma cave est pour l'instant en dérangement et je ne retrouve pas tout ce que je veux. Une prochaine fois!

    Olif

  • Où il y a de la Cart(h)agène...

    Date: le 12/10/2003 à 09:50

    ...j'espère bien qu'il y aura du plaisir!

    J'ai rapporté de Carcassonne  2 bouteilles de Carthagène du Château Haut-Gléon ("C'est la meilleure! m'a dit la petite dame qui les vendait et qui visiblement l'appréciait beaucoup, même si c'était aussi la plus chère!): une blanche et une rouge.

    Il fallait bien en ouvrir une un jour! Mais comment ça s'écrit, d'abord,  [cartagen]?

    Avec H ou sans H?
    Et d'où il vient, ce nom? Un click sur Voila et voilà ! C'est magique, Internet!

    [www.chez.com] (NB: le lien ne fonctionne plus, mais c'est bien là que j'ai trouvé cet article)

    Cartagène


    C'est Hannibal le Carthagénois, qui fonda en Espagne la Nouvelle Carthage ou Cartagène.

    De là à dire que notre fameuse Cartagène du Languedoc tire son origine de cette ville et des armés d'Hannibal, rien n'est moins sûr.

    Selon une tradition plus fiable, au 16ème siècle, les femmes des marins de l'Invincible Armada préparaient pour leurs époux une boisson qui leur donnait le courage d'affronter la haute mer, l'ennemi et la solitude.

    Elles l'appelèrent la « Carthagène ».

    Elles auraient retrouvé la recette de cette boisson dans la façon dont au temps des Romains on faisait le vin.

    Soutien des guerriers, inspiration des poètes, cette boisson gagna peu à peu les pays de langue d'Oc, où elle devient traditionnelle.

    Classée parmi les apéritifs à base de vin, élaborée à partir de jus de raisins blancs ou rouges, la Cartagène est une mistelle dont la fabrication est souvent tenue secrète, et dont la production fut longtemps interdite, au profit du Pineau des Charentes, du Floc de Gascogne ou du Ratafia de Champagne.

    Comme eux, il s'agit bien d'arrêter la fermentation du moût du raisin par un apport d'eau de vie, dans un proportion d'un quart d'eau de vie pour un litre de moût.

    De cette recette, disent certains, viendrait le mot « cartagène », ce qui expliquerait la disparition de la lettre «h».

    Ce qui est sûr, quelle que soit l'interprétation sur les origines de cette boisson, c'est qu'il faut écrire : cartagène ( et non carthagène).

    Sa fabrication, selon les recettes ancestrales étant désormais autorisée, quelques viticulteurs du Languedoc se sont lancés dans sa commercialisation.

    Après la mise en bouteille, la Cartagène peut vieillir indéfiniment et prendra avec les ans une belle couleur d'ambre et d'or.

    Délicieuse à  l'apéritif, elle fait merveille sur foie gras ou fromage de Roquefort.

    Ce doux breuvage accompagne traditionnellement les treize desserts du Noà«l provençal.

    C'est l'apéritif traditionnel du Languedoc et des Cévennes

    Servir très frais : 8° à  10°.

    Jean Mignot

    Uzès Domaine de Cruviers-Larnac



    Concernant la mienne, de Cartagène, enfin plus exactement celle du Château Haut-Gléon, je l'ai servie à température de cave, qui pour l'instant est excellente (13,5°) même si j'ai peur que cela ne dure pas, les premières gelées matinales font leur apparition dans le Haut-Doubs.

    J'ai opté pour la rouge, à la robe soutenue, au nez de cerise avec un côté pharmaceutique ou herbacé, pas désagréable, pour lequel j'ai évoqué le coca-cola, mais je retiendrai, selon l'avis de mon fils de 16 ans qui s'y connaît, le cherry-coke! Un peu doucereux par son côté naturel très sucré, mais quand même chargé en alcool, c'est un apéritif plutôt agréable, idéal pour Belle-Mère!

    Olif
  • Languedoc 98, Le Clos de la Copa Inconnue

    Date: le 16/10/2003 à 08:31

    Réunion du noyau dur du GJP, hier soir, l'occasion d'une triangulaire horizontale de vins du Languedoc, millésimés 98. Triangle qui se révélera isocèle, tant les 3 vins sélectionnés se sont révélés être d'un niveau qualitatif équivalent, dans des styles toutefois un peu différents.

    Après une mise en bouche avec Silex 99 ouvert sur quelques huîtres de l'ile de Ré, nous attaquons le plat de résistance: une splendide côte de boeuf, cuite à  la perfection (bravo Valérie!), pour accompagner nos trois compères d'Oc. Les vins ont été carafés l'après-midi et sont servis à  l'aveugle.

    Pouilly-Fumé 1999, D. Dagueneau, Silex

    Un nez qui sauvignonne encore légèrement, bourgeon de cassis, agrumes, de la nervosité en attaque et derrière on perçoit l'étoffe de la structure, en train de se complexifier. Déjà  très agréable, il devrait devenir bientôt très grand.

    Terre Inconnue, cuvée Léonie 98

    Robe sombre. Nez puissant où l'alcool domine avec une touche animale très discrète. Bouche sur l' Amarena, le zan, très satinée, tout en finesse, où l'alcool se fond comme par enchantement. Superbe! Un régal d'équilibre!
    Noté à  l'unanimité: trop fort, ce Robert!

    Domaine d'Aupilhac, Le Clos 98

    Robe sombre. Nez très fin, sur le sirop pour la toux (Toplexil), le caramel, le réglisse. Les tanins sont très fins, soyeux. La classe!
    Un régal de finesse!
    Le plus apprécié lors de la dégustation apéritive, il s'est révélé un peu moins à  l'aise sur la viande.

    Domaine Clavel, Copa Santa 98

    Robe sombre. Nez à  peine réduit, fruit blet, animal, puis cerise à l'eau de vie, goudron, réglisse, puissant avec de la finesse. En bouche, c'est du massif! Un peu monolithique en attaque, il s'épanouit à  l'ouverture.
    Un régal de puissance!
    Cette force tranquille s'est domptée de façon magnifique au contact de la texture du boeuf pour réaliser un très bel accord.

    Un 27 novembre 2000, Didier Cornillon

    Une découverte signée François, un vin de la Drôme. Moûts de raisin fermentés issus de raisins passerillés. Un genre de vin de paille du Sud, sur l'abricot, l'abricot confit, très mentholé, donc très frais. Joli!

    Enorme satisfaction, donc, que cette dégustation de Languedoc 98. Un millésime épanoui!

    Olif

  • RDD de chez Bollinger

     
    Date: le 02/10/2003 à 11:16

    Non ce n'est pas une nouvelle cuvée de la grande maison champenoise! RDD, ça veut dire Récemment Dégorgé et Dégusté, et c'est juste le compte-rendu d'une petite soirée dégustation de quelques vins de Bollinger organisée à l'initiative de la cave du Bon Echanson en association avec le commercial Bollinger du secteur. Un grand moment!

    Après un petit topo très "sérieux" sur la Champagne, où nous avons appris, entre autres, que celle-ci va de Mickey jusqu'à De Gaulle, une cinquantaine d'ha de vignes se situant en Seine-et-Marne, une cinquantaine d'autres en Haute-Marne vers Colombey, nous avons eu la chance de déguster quelques vins sublimes.

    -Bollinger Grande Année 96

    70% Pinot Noir, 30% Chardonnay, 75% Grand Cru, 25% Premier Cru, 100% Cuvée

    Belle robe jaune pâle, à  la bulle fine et régulière.
    Le nez est intense, brioché, sur l'amande, la noisette, un peu miellé.
    Malgré cette richesse olfactive, la bouche est fraîche, vive en attaque, ample. La belle acidité procure une sensation de longueur immense.
    Impressionnant et monumental! Un grand et bon Champagne!

    -Bollinger RD 90

    Dégorgé le 25/06/03. 69% Pinot Noir, 31% Chardonnay, 67% Grand Cru, 33% Premier Cru, 100% Cuvée

    La robe est d'une belle couleur jaune, légèrement paille.
    La bulle est un peu disparate.
    Grande finesse des arômes, très subtils, avec des notes de banane séchée.
    Si la bulle est rare, l'effervescence est bien perçue en bouche, donnant un sentiment de fraîcheur à cet ensemble très profond et complexe. Elle disparaît complètement au fil de la dégustation, l'effervescence s'amenuise mais le vin reste frais.
    Une expérience unique et un grand moment de dégustation.
    Seulement 4500 bouteilles/an pour le marché français.

    -Bollinger Spécial Cuvée

    80% Premier cru, 20% Autres crus car contient une faible proportion de pinot meunier

    C'est le brut sans année et en fait le produit le plus bichonné de la gamme car le plus consommé et celui qui entraînera le consommateur vers le haut de gamme.
    Robe jaune pâle à  reflets verts.
    Nez acidulé, citron vert, herbes sèches.
    La bulle pétille énormément, apportant beaucoup de fraîcheur, et procure une sensation d'équilibre, entre finesse, puissance et élégance.
    Un très beau Champagne reflétant le style Bollinger.

    La soirée s'est tranquillement poursuivie autour d'un petit mâchon arrosé des vins du château de Jau, en Côtes du Roussillon, dont la cuvée prestige Talon Rouge 2001, également diffusés par Bollinger.

    Un peu travaillé au corps, mais finalement sans trop se faire prier devant notre intérêt et notre assiduité à suivre son discours, le représentant de Bollinger a accepté le principe d'une nouvelle rencontre avec La Côte aux Enfants et les Vieilles Vignes Françaises au programme. J'en salive d'avance! (note du 18 août 2005, j'en salive toujours d'avance!)

    Olif

  • Thierry Michon, le lutin bondissant des Fiefs

     
    Date: le 21/09/2003 à 09:35

    Impossible de séjourner en Vendée sans se rendre au domaine Saint-Nicolas, fleuron de l'appellation Fiefs Vendéens, à Brem sur mer.

    Cette deuxième semaine de septembre n'était pourtant pas le moment idéal, car elle tombait en pleine vendange, pour cause de millésime précoce.

    Thierry Michon, c'est un peu l'extra-terrestre des Fiefs Vendéens, AOVDQS dont la mission principale consiste à abreuver le flot de touristes estivaux, produisant des vins simples, sympas pour accompagner les produits de l'océan, mais sans véritable âme. Thierry a converti le domaine en biodynamie et s'est tourné vers une viticulture de qualité, exigeante, qui se démarque complètement du reste de la production locale.

    Le jour où je lui ai rendu visite, en compagnie de PhR, les vendanges se terminaient à peine et il venait de recevoir deux nouvelles cuves bois de Seguin-Moreau, de belles occasions mais qui se sont révélées ne pas être préparées à une utilisation immédiate. Thierry devait donc chauffer les cuves à l'aide d'un karcher à vapeur pour que le bois se retende, opération à renouveler toutes les heures, « comme si on n'avait que ça à faire ». Je le reverrai toujours bondissant d'une cuve à l'autre tout en entamant la discussion avec nous. Finalement, il trouve quand même le temps de nous promener dans la cave, joyeux foutoir débordant d'activité, et nous goûtons à même la cuve la récolte tout juste vendangée. Du vin bourru, trouble, extrêmement sucré cette année ! Des blancs à la robe légèrement purulente (désolé pour les âmes sensibles, je n'ai pas trouvé d'autre image évocatrice !), des rouges à la robe fuchsia, crachés à même la cave, dans le caniveau. Cela change de la distinction des caveaux de dégustation du Médoc, mais ça a le mérite d'être vivant et spontané. Petit aperçu de la grande qualité des vins au travers d'un pinot noir 2002 en fût, à la robe rubis brillante, « propre », d'une concentration étonnante. Je ne m'attendais pas à trouver un vin de ce calibre en appellation Fiefs Vendéens !

    Déjà 12h30, il est l'heure pour moi de regagner le Jura, non sans emporter un peu de cette terre et de cette mer de Vendée, un échantillonnage de la production de Thierry Michon pour y goûter dans de bonnes conditions, à tête reposée, et un échantillonnage de crustacés en provenance du marché de Saint-Jean-de-Monts. L'avantage du vin sur les coquillages, c'est qu'on peut le garder plus longtemps (et c'est même conseillé !).

    Fiefs Vendéens, Domaine Saint-Nicolas, Le Haut des Clous 2001

    Une sélection sur le haut de la parcelle Les Clous, pour produire le blanc haut de gamme du domaine à base de chenin (prononcer « ch'nin »).

    Belle robe jaune pâle brillante.
    Un vrai festival d'arômes que ce nez sur la poire, le tilleul, la cire, les herbes coupées, le miel, et de petites notes iodées salines. Serait-ce le double effet Kiss-cool ? Me suis-je à nouveau téléporté sur la plage de Saint-Jean ?
    La bouche est bien équilibrée, vive, fraîche, mais complexe et grasse en même temps. Très beau vin.

    Fiefs Vendéens, Domaine Saint-Nicolas, Reflets 2000

    Assemblage pinot noir et cot.
    La robe est rubis foncé. Le nez est sur le poivron bien mûr mais laisse une toute petite impression végétale. Bien charpenté, il est séducteur mais demande un peu de temps dans le verre pour s'ouvrir et se révéler à son meilleur jour. On peut l'attendre quelques années.

    Ah! la Vendée!

    Olif

  • Divine douceur angevine

     
    Date: le 14/09/2003 à 18:59

    Comment ne pas succomber aux charmes angevins lorsque l'on a pour guide PhR, véritable prophète en ce vignoble, et qui, en l'espace d'une bien trop courte journée, vous fait découvrir la quintessence de deux appellations?

    Château de Suronde

    Comment ne pas tomber amoureux des Quarts de Chaume, lorsque l'on fait la rencontre d'un homme intransigeant, passionné et passionnant, en quête de l'excellence dans le respect de la vigne et de l'environnement ? Francis Poirel est de cette race-là ! En un petit tour de terrain et quelques mots, il arrive à vous faire entrevoir le pourquoi et le comment de l'appellation elle-même et l'approche qu'il en a personnellement : son origine historique, la qualité du sol et du sous-sol, l'environnement, qui favorise la genèse d'un microclimat spécifique, le respect de la vigne et de la nature. Un réel bonheur que de goûter à même la vigne quelques grains de chenin botrytisés, puis la confirmation gustative de la grandeur de ses vins. Ah ! le Quarts de Chaumes 2001, d'une exceptionnelle densité (pas encore mis en bouteilles !), à la robe déjà très dorée exhalant des parfums intenses. Un vin immense, qui ne devrait faire que grandir, si on le compare à ce sublime 96 débouché juste après. Pour l'anecdote, nous avons déjà goûté le sauvignon 2003, fraîchement vendangé. Un vin bourru de première bourre!

    La Coulée de Serrant

    Comment ne pas s'extasier devant la beauté du vignoble de Savennières, sur l'autre rive de la Loire, qui a tout pour faire partie des plus grands : le terroir, le cadre, l'histoire et des locomotives de très grande réputation, comme cette fameuse Coulée de Serrant que nous ne manquons pas de visiter? Le cadre est magnifique, la promenade autour du château et dans les vignes en libre-service, ensuite passage à la caisse, dans un petit caveau fait de bric et de broc, non sans avoir goûté le Savennières et la Coulée 2001, pas encore complètement oxydée . La caissière est charmante et fort sympathique mais visiblement employée comme femme à tout faire de la propriété. Nous entendrons juste la voix de Nicolas Joly lui réclamer à boire pour les vendangeurs. Le moment était peut-être mal choisi, mais quel dommage de ne pouvoir visiter ce domaine plus en profondeur et rencontrer ceux qui font ce grand vin!

    Dernier petit tour dans le vignoble, pour voir la nouvelle parcelle qu'Eric Morgat devrait bientôt planter, et rencontre avec le vigneron du château d'Epiré qui a lui aussi commencé les vendanges. Ce PhR ! Connu comme le loup blanc à Savennières ! Nous discutons un court instant avant de regagner la Roche/Yon par le chemin des écoliers, en passant par Ancenis et la cave Bournigaut, où, en cherchant bien derrière les fruits et légumes, vous pourrez trouver quelques uns des plus beaux flacons au monde, soigneusement rangés par millésime et classement ( d'abord les premiers GCC, puis les 2èmes, etc.). Plus fort que Leclerc ou Auchan !

    Ah! la Loire! Sa douceur de vivre et ses innombrables trésors. Une région à  découvrir impérativement!

    Olif

  • Le Jura côté Jardins!

    Date: le 22/08/2003 à 15:34

    Petite virée en Arbois, hier, en compagnie du Seb, direction Les Jardins de Saint-Vincent pour une rencontre avec Stéphane « Saint-Vernier » Planche et une dégustation de quelques jolis flacons de Jura dont certains aiguisaient ma curiosité depuis quelque temps.

    Stéphane est un vrai passionné, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, volubile et intarissable lorsqu'il s'agit de vins, et, tout en commençant à s'humecter les papilles, nous brassons une multitude de sujets dans l'air du temps, notamment la conception et la notion de terroir, sujet sur lequel je ne reviendrai pas ici, de peur de m'étendre ! grinning smiley

    - Arbois Poulsard 2000, J. Puffeney : pour une mise en bouche, on aurait pu tomber plus mal! Ce joli vin de poulsard, à la belle robe tirant sur la brique, est confituré et épicé à souhait, doté en plus d'une belle fraîcheur. Un vrai beau poulsard, frais et gouleyant!

    - Arbois Trousseau 2000, cuvée des Géologues, L. Aviet : la robe un peu plus soutenue que le précédent, le nez est très expressif, fruité et légèrement caramélisé, avec une pointe de réglisse. La structure acide est un peu trop marquée à mon goût, rendant le vin un peu maigre en milieu de bouche, mais, à sa décharge, la bouteille était ouverte depuis plusieurs jours et a pu pâtir d'une aération trop prolongée. Un vin néanmoins frais et pas désagréable.

    - Arbois 88, C. Loye, cuvée du Luron : assemblage 50% trousseau, 50% poulsard.La robe est très brillante, éclatante, d'un rouge rubis peu soutenu, que d'aucuns pourraient trouver diluée, ce qui n'est évidemment pas le cas. Le fruité est magnifique (petits fruits rouges), la structure très élégante. Une grande fraîcheur et un équilibre tout en finesse. Un vin surprenant, d'une jeunesse phénoménale.

    - L'Etoile VV 99, Ph. Vandelle : un chardonnay élevé sous voile mis en bouteilles à 2 ans. Une puissance et une longueur remarquables, dans un registre oxydatif (noix, surtout) avec une belle acidité qui contribue à garder de la fraîcheur malgré un côté gras et miellé qui commence à apparaître. Un vin qui s'impose immédiatement par ses arômes, qui vous sautent à la figure, avec un côté un peu agressif, une véritable "claque" ou un "coup de poing" , c'est comme on veut, mais qui se dompte progressivement.

    - Arbois La Fauquette 99, M. Gahier : chardonnay oxydatif également, parce que le terroir permet naturellement l'évolution sous voile et qu'il ne sert à rien de lutter contre, le vin s'oxydera quand même! La noix saute moins au nez que le précédent et le vin possède un soupçon de finesse, de race et de classe supplémentaires. Il se livre progressivement, pendant longtemps, et la finale est immense, avec un retour de la noix dans les caudalies. Beaucoup d'opulence dans ce vin que je verrais bien vieillir un peu comme les vins de Camille Loye. Très beau!

    - Arbois Vin Jaune 95, M. Gahier : le deuxième millésime de jaune seulement pour Michel Gahier, insuffisamment satisfait de sa production antérieure. Le nez est immense, intense et complexe, se révélant petit à petit: noix, épices, amande, miel, curry... L'attaque est franche sur une base acide, avec du gras qui se développe et s'amplifie jusque dans la finale, interminable. Un vin qui imprègne et que l'on transpire par tous les pores de sa peau! Grandiose!

    Olif