Saint-Lothain, petit village des Côtes du Jura, proche de Poligny, est abreuvé par dix-sept fontaines, réparties dans les différentes rues, dont la fontaine de Rose, adossée à la Maison de Rose, dans le
quartier de Rose, juste en bas de l’église. Mais qui donc est cette Rose? Les supputations vont bon train et on se plaît à l’imaginer ancienne bonne du curé de Saint-Lothain, mais en fait rien n’est certain. A-t-elle eu la chance de connaître Charles Sauria, le plus illustre enfant du village, qui a eu un jour une illumination en frottant un bâtonnet soufré sur un grattoir, inventant du même coup l’allumette à friction?
Saint-Lothain, célèbre pour avoir accueilli la Percée du Vin Jaune 2005, un bon cru, tant du point de vue météo que pour la qualité du millésime du vin mis en perce ce jour-là.
Si l’eau de la fontaine de Rose est potable, un fait qui mérite d’être souligné car de plus en plus rare dans les villages, le vin de la Maison de Rose l’est également, voire plus.
Une petite propriété de 2,5 ha, une maison plus qu’un domaine, de création récente (2000) et dirigée par Dominique Grand, qui a choisi de voler ses propres ailes en laissant sa place au sein du grand Domaine Grand basé à Passenans et dont la production remplit les étalages de la grande distribution.
Cette maison, qui a vocation a rester petite (un comble pour un Grand?), offre une gamme plutôt restreinte de vins mais dont l’élevage est fignolé, peaufiné, bichonné, résolument moderne en privilégiant l‘ouillage systématique et les vinifications parcellaires.
Le terroir de Saint-Lothain est argilo-calcaire, situé à flanc d’une petite colline, exposé diversement. Dominique Grand cultive essentiellement deux parcelles donnant leur nom aux différentes cuvées: Saugeot et Novelin.
La dégustation s’est effectuée en compagnie de Dominique Grand et a porté sur les vins en bouteille, actuellement commercialisés.
Côtes du Jura Saugeot 2002, Chardonnay
Vif et tendu, minéral, avec des notes de pierre à fusil, il possède une longue finale acidulée.
Côtes du Jura Saugeot 2003, Chardonnay
Le nez est plus riche, fruité, mûr. L’attaque est enrobée, la bouche est plus grasse et moins minérale qu’en 2002, et la finale possède un peu d’amertume.
Côtes du Jura Novelin 2002, Savagnin
Une cuvée ouillée resplendissante, au nez très mûr, sur les agrumes, et présentant une petite note salée en finale. L’acidité est superbe, le vin est tendu, frais, gouleyant.
Côtes du Jura Novelin 2003, Savagnin
Plus convaincant que Saugeot dans ce millésime, il ne présente pas de déficit en acidité malgré sa grande maturité et son registre aromatique de foin coupé.
L’école Buissonnière 2004, Vin de Table
Une vendange tardive de Savagnin à l’équilibre demi-sec, possédant de la nervosité, de la légèreté, avec une acidité parfaitement intégrée, recherchant l’expression rafraîchissante du cépage. Du fruit mis en bouteille! Gourmand, séducteur, un vin coup de cœur!
Côtes du Jura Vin de Paille 2001
Un équilibre sur le fil entre acidité, sucre, notes oxydatives de fruits secs et fraîcheur. Très beau.
Macvin
De couleur très claire, il est soutenu par une belle acidité qui « amortit » son côté marc dans la longueur. Un beau Macvin!
Le domaine produit également un vin rouge non goûté ce jour-là, mais les blancs constituent véritablement un excellent achat. Coup de cœur pour les vins issus de savagnin, dont l’acidité est magistrale, d’une grande droiture. De quoi largement voir la vie en Rose!
Olif