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Mas Jullien, verticale montagnarde

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Une idée lancée en l'air, comme ça: est-ce que les cigales chantent aussi dans le Haut-Doubs, quand on ouvre plein de bouteilles du Mas Jullien? Saisie au bond, elle ne tarda pas à être mise en application, à l'Auberge des Montagnards, Chez Walter, le lieu désormais incontournable d'orgies bachiques savamment orchestrées. Une belle verticale, avec en guest stars deux vénérables ancêtres, qui n'ont pas hésité à faire le déplacement pour être déquillées au champ d'honneur! De 2006 à 2000, avec une incursion en 1990, une série de 14 bouteilles pour le plaisir des papilles, en accompagnement d'une fondue de cerf, de la viande émincée délicatement fondante trempée dans un bouillon discrètement épicé. Les cigales n'ont pas chanté, mais les Montagnards si! Halte-là, halte-là, halte-là....! Et ils se sont régalés!



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Les bouteilles ont été ouvertes trois heures au préalable, épaule à peine dégagée, sans carafage. Il a été prévu une bouteille de secours en raison un échantillon douteux à l'ouverture, qui s'est effectivement révélé être défectueux.

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On se fait la bouche avec un Vin de Pays de l'Hérault Blanc 2007, frais, droit, à la fois floral et minéral, possédant de la tension et de la vivacité en bouche. Le Blanc languedocien comme on l'aime: de vieilles vignes  de Carignan et Grenache blanc, majoritaires, complétés par Clairette, Viognier et Roussane.

Sans état d'âme aucun (quoique...!), on continue de se faire la bouche au Grenache avec une mini-série d'Etats d'âme. 2006, d'abord, fringant et fruité, développant des notes de zan et de réglisse. La chair et le fruit, pour un vin particulièrement croquant et gouleyant. 2005 se la joue plus sur le cassis, possédant fraicheur et équilibre, même si la finale est légèrement astringente. 2004 est dans un premier temps peu expressif. Nez fermé, attaque renfrognée, bouche à peine austère, une pointe d'alcool en finale. Cela se lissera un peu à l'aération, sans toutefois posséder le fruité séducteur de ses cadets.


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Place au Grand vin, constitué désormais de syrah, mourvèdre et carignan à parts égales. 2006 possède un boisé à peine perceptible, au nez comme en bouche, mais ce n'est pas une volonté délibérée, Olivier Jullien utilisant de grands contenants (demi-muids, cépages séparés, pendant un an, puis assemblage en foudre pendant une année supplémentaire). 2005 fut le grand absent de cette dégustation. Impossible de remettre la main sur le carton, involontairement égaré dans la cave! 2004 est une superbe réussite, déjà très plaisante, au premier nez viandé. La bouche est droite, franche et fruitée, longue. Très beau! 2003 offre un nez très mûr et une bouche volumineuse. Riche, avec une petite amertume finale, ses tanins commencent à peine à se fondre et à digérer l'extravagance du millésime. Aux antipodes, 2002, millésime réputé dilué, possède beaucoup plus de fraicheur. Les tanins sont relativement souples, permettant de bien l'apprécier, sans qu'il donne le sentiment de légèreté. La finale est à peine ferme. 2001 a donc bénéficié d'un repêchage. Le premier nez liégeux du premier échantillon n'a fait que s'accentuer, nécessitant l'ouverture d'une bouteille de secours qui se révèlera superbe. Un vin complexe, long et élégant, qui n'en est qu'à ses balbutiements. 2000 se goûte encore sur le fruit et la fraicheur, augurant bien de son potentiel. La bouche est agréablement fondue, avec des tanins bien civilisés. Tout au plus note-t-on une finale à peine asséchante. Nous aurons la chance et le plaisir de goûter en outre à deux vieux millésimes, issus d'une collection privée (merci Jojo!). Les deux derniers exemplaires, malheureusement, mais le plaisir n'en sera que décuplé! C'était le temps où les vins du Mas étaient vinifiés par parcelles et non assemblés à la mise. Les Cailloutis 1990 fait preuve d'une grande finesse, averc beaucoup d'élégance. Tanins fins, légèrement chocolatés, avec une pointe de menthol. Pas du végétal exacerbé, juste une fraicheur bienvenue, venant souligner avec beaucoup de classe la structure du vin. Superbe, et loin d'être en phase terminale! Les Depierre 1990 jouent dans le même registre aromatique, mais l'équilibre est plus précaire. Le végétal ressort, l'alcool pointe son nez en finale. Un vin toujours debout, mais plus fragile, qui pâtit surtout de la comparaison avec son frère jumeau. Une pareille tenue presque 20 ans après, aucun doute, cela signe le Grand vin! La patience n'est pas la moindre des vertus de l'adorateur du Mas Jullien!

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Une telle soirée-dégustation ne serait pas complète s'il n'y avait un peu de sucre avec le dessert. Le Mas Jullien a l'énorme avantage d'être un domaine complet, proposant tous les types de vins. D'abord, La Méjeanne 2003, un vin moelleux à l'équilibre demi-sec (chenin, viognier, grenache blanc), du moût de raisins partiellement fermenté, d'après la législation, qui possède une matière riche sur les fruits de la passion, amenant de l'acidulé, mais un petit déséquilibre sur le sucre en ce millésime particulièrement opulent. Et puis, une Clairette Beudelle 2002, sur le coing et les fruits secs, possédant encore un léger perlant dû à une probable reprise de la fermentation il y a quelques années.

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Décidément! Quel beau domaine que ce Mas Jullien, très prisé des amateurs. Pour preuve, d'autres belles dégustations retrouvées ici ou sur le web.

Olif


Commentaires

  • Ah que de souvenirs me reviennent en lisant ces lignes ! Depierre et Cailloutis ont été nos premiers coups de coeur en Languedoc, dès le millésime 88. Les vins étaient superbes dès la mise, mais grâce aux conseils d'Olivier Jullien, on a toujours gardé quelques bouteilles, qui se sont la plupart du temps révélées spectaculaires au vieillissement. Nous avons également systématiquement constaté un vieillissement plus harmonieux sur Cailloutis, sur tous les millésimes de 88 à 96, avant l'assemblage des 2 cuvées à compter de 97.
    Alain

  • Quel chance, de pouvoir faire une telle verticale! Pour moi, Mas Julien, d´but de 90, cela évoque aussi des souvenirs - notre premier passage au retour de l'achat de notre mule dans les Cevennes - la bête était contente de la pause du transport - et Olivier ne va peut-être pas avoir oublié ces deux éluminés avec l'animal dans le camion, qui passaient déguster. Comme il était en train de plumer un faisan pour le repas du soir, nous discutions à la maison - du ramassage des cèpes dans l'Espinouse, de ses terroirs, de notre vignoble naissant...

    À l'époque, je préférais les Cailloutis aux Depierres (88/89) - il faudra que je fasse des fouilles dans ma cave, pour voir, s'il ne me reste pas une bouteille oubliée après la lecture de ton blog:-)!

  • Superbe !

    Un intéressant Carlan 2007 bu mercredi dernier, vivant, fougueux.
    (50% vieux Grenache - Cinsault - un peu de Syrah - pourcentage variable de très vieux Carignans)

  • Ceux qui ont de très vieux millésimes en cave sont des chanceux, Alain et Iris! Je sais que je vais pouvoir en garder quelques-unes de la décennie 2000 et je me réjouis d'y goûter dans une dizaine d'années.

    J'adore Carlan d'une manière générale, Laurent. Mais nous ne l'avons volontairement pas inclus à cette série pour ne pas brouiller les cartes.

  • Dommage que les appréciations ne portent que sur les composés carbonés, c'est à dire sur les sucres, tanins, le fruité, l'acidité,surtout pour un tel domaine où les vins présentent des caractéristiques minérales, salines et de sapidité intéressantes. Et l'internaute aurait aimé en savoir plus sur les pratiques viticoles de ce vigneron.

    Olif , tu fais dans le michou bidou ou quoi ?

  • La minéralité, David, elle est sous-jacente et s'exprime plus dans la structure du vin. Cette dégustation fut purement hédoniste et a accompagné le repas. Il ne s'agissait par ailleurs nullement d'une étude en profondeur du domaine, auquel j'ai déjà consacré un billet récemment.
    http://www.leblogdolif.com/archive/2009/05/07/mas-jullien.html

    Rassure-moi quand même: tu penses sincèrement que Michoubidou aurait pu l'écrire comme ça, celle-là??

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