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Dives bouteilles ... - Page 12

  • En passant par Reverolle (CH): cave de rêve, dégustation de rêve!

    Date: le 14/11/2004 à 23:15

    Reverolle! Un petit village perdu sur la rive droite du Léman, à  une encablure de Lausanne, sur les hauteurs de Morges. Si votre route personnelle vous y conduit un jour, n'omettez pas de passer par Vufflens-le-Château, vous vous trouverez nez à  nez, au sortir d'un virage, avec un château de conte de fées perdu au milieu des vignes. Un endroit un peu surréaliste comme la Suisse sait encore souvent en offrir.

    La Cave de Reverolle, cavedereve sur le web, un endroit qui ne paye pas de mine vu de l'extérieur, tout juste si une enseigne signale l'endroit! A l'intérieur, c'est le paradis de l'amateur. Il suffit de descendre les marches qui mènent à la cave pour comprendre que le bon goût règne à  cet endroit. Un bon goût qui doit pour beaucoup à  Pierre Muller, dont la sélection de vins frôle l'irréprochabilité. Vins suisses, vins français, vins italiens, tous de grande réputation. Quelques trésors disséminés dans des recoins de la cave, des vieux millésimes esseulés, un rayonnage de «rescapées», des fins de lots, et de l'autre côté de la rue, dans l'entrepôt, des montagnes de caisses et de cartons soigneusement empilés sur plusieurs étages et rangés de façon très précise dans des allées numérotées. Une organisation méthodique, efficace, helvétique!

    Pour stimuler le désir de l'amateur, de dégustations sont régulièrement organisées par Pierre Muller, assorties d'offres promotionnelles. En cette mi-novembre 2004, honneur à  la Bourgogne, essentiellement millésimée 2002. Et deux vignerons invités qui n'ont rien de bourguignon, mais qui viennent élargir les horizons de cette journée: Romain Papilloud, digne représentant du Valais, et Didier Barral, une certaine vision du Languedoc, idéaliste et très pure.

    Dégustation en trois parties, donc, qu'il fallait bien aborder dans un sens ou dans l'autre.

    Honneur donc au national de l'étape, j'ai nommé Romain Papilloud, une déjà  vieille connaissance (plus d'un an!) faite grâce à  LPV et sa cohorte de fiers valaisans. L'occasion de regoûter à  une gamme que je connais déjà  mais qui m'éblouit toujours autant.

    Fendant Grand Cru Amandoleyre 2003
    La preuve qu'il était possible de vinifier un beau fendant bien sec dans cette caniculaire année 2003. Vif et minéral, il me séduit par son caractère tranchant, le plus pur qu'il m'ait été donné de goûter dans ce millésime en Valais, n'en déplaise aux partisans du « petit sucre »!

    Petite Arvine 2002
    Un vin d'école, dont la typicité n'a d'égale que la pureté! Attaque mordante, sur les agrumes, vivacité, finale saline, une petite arvine sur le fil du rasoir, avec tout ce qui fait la séduction de ce cépage lorsqu'il est bien vinifié sur des terroirs adaptés.

    Amigne 2003
    Le « petit sucre » sur l'amigne ne me dérange pas du tout, tellement il s'accommode ici de l'acidité pour parvenir à  un bel équilibre. Jolis arômes de châtaigne, d'amande, de massepain. J'adore!

    Cornalin 2003
    Quel séducteur! Riche et concentré, ses notes fruitées de cassis se mêlent à  une jolie touche d'amande. Du volume, de la concentration, de la fraîcheur, tout concourt pour que ce vin soit divin dans quelques années.

    Syrah Barrique 2002
    Un cépage qui a de l'avenir en Valais, dont j'ai déjà  goûté quelques beaux spécimens, mais qui ne m'a encore rarement autant séduit que cette magnifique bouteille de 2002, épicée et poivrée, délivrant un fort joli fruité (fraise écrasée, cassis) et dont la très belle matière n'est en rien masquée par la barrique, qui ne fait qu'apporter l'étoffe sans pervertir les arômes.

    Après une telle entrée en matière, il fallait que la suite « assure »! Direction la Bourgogne, avec une sélection éclectique de beaux domaines, certains très réputés, d'autres qui se sont avérés être de jolies découvertes.

    Pouilly-Fuissé 2002, Terroir de Fuissé, Olivier Merlin
    On attaque par les blancs, avec un beau domaine de Pouilly, dont cette même cuvée, millésimée 1998, goûtée récemment, est un véritable bonheur. Ce 2002 séduit moins, du fait d'un boisé trop marqué, exotique, trop travaillé. La bouche est grasse, riche, puissante, exotique, avec des notes d'agrumes et d'ananas. Il faut lui laisser du temps, en espérant qu'il digère harmonieusement tout ce bois.

    Saint-Aubin 1er cru En Remilly 2002, Marc Colin
    Beaucoup plus frais et minéral que le précédent, citronné, il possède une matière plus aiguisée, séductrice, vive et longue. Pur et minéral, sans aromatique extravertie, un chardonnay comme je les aime!

    Meursault 2002, Albert Grivault
    Le nez est un peu fermé et s'ouvre progressivement sur des notes de fruits mûrs (agrumes). La bouche est ample, entre gras et vivacité, avec un léger côté exotique, mais très peu marqué. Un vin tout en retenue, avec un potentiel certain, pour ne pas dire énorme.

    Beaune Les Fleurs Blanches 2002, domaine Tollot-Beaut
    Place aux rouges et retrouvailles avec le domaine Tollot-Beaut, pour un Beaune Village déjà  relativement souple et agréable, caractérisé par une note fumée marquée, probablement due au barriquage. On sent pourtant le vin encore prisonnier de cette gangue de bois qui donne une finale légèrement amère.

    Volnay Les Grands Poisots 2002, Joseph Voillot
    Un grand charmeur, sur le fruit, la confiture de framboise. Une belle acidité fraîche, une grande facilité, mais un petit manque de longueur. Pas immense, mais bon!

    Pommard 1er cru Grand Clos des Epenots 2002, De Courcel

    La robe sombre, colorée, tranche d'avec le style du précédent. Beaucoup d'extraction, de boisage aussi, donnant le sentiment d'un grosse matière épicée et poivrée, un peu rêche, avec des tanins qui décollent un peu les gencives en finale. Un monstre, mais pas dans le style que je préfère.

    Nuits-Saint-Georges 2002, Frères Lécheneaut
    Le premier nez est boisé, mais cela s'estompe vite, laissant la place à  des notes fruitées et épicées. De la longueur, de l'acidité, de la fraîcheur, de bien belles promesses pour un vin en élégance et en dentelles.

    Nuits-Saint-Georges 1er cru Clos des Argillères 2002, Dureuil-Jenthial
    Situé à  Rully, en Côte Chalonnaise, ce domaine possède maintenant des vignes en Côtes de Nuits. Un nez très mûr, m'évoquant le pamplemousse, possédant donc de la fraîcheur. La bouche est bien enrobée, riche, néanmoins acidulée, très élégante. Un vin qui a de la classe!

    Vosne-Romanée 1er cru les Suchots 2002, Confuron-Cotedidot
    Robe sombre. Nez dense et profond, un peu poussiéreux, avec des notes de cacao. De la puissance enrobée en bouche, bien calibrée. Belle matière à  attendre!

    Charmes-Chambertin 2002, Perrot-Minot
    Nez légèrement grillé, révélant un grain très fin, serré, ample et large, long. Grande densité, digne d'un grand cru, et grande bouteille en devenir, cueillie dans sa phase embryonnaire.

    Chambolle-Musigny 2001, G. Barthod
    A souffert de passer derrière le Charmes-Chambertin, lui, le vin fin et délicat, fruité et souple. A boire pour le plaisir, de préférence avant un Chambertin!

    Chambolle-Musigny 1er cru Les Fuées 2001, G. Barthod
    La matière est plus soutenue, mais la bouteille vient juste d'être ouverte au sortir de la cave. La température de service trop fraîche fait ressortir les tanins et la rend un peu difficile à  juger.

    Morey-Saint-denis 1er cru Les Chaffots 2000, H. Lignier
    C'est un 2000, cela se sent, le nez est plus fondu, ouvert, fruité, floral, chocolaté. D'un abord assez aisé en bouche, il possède encore des tanins bien ressentis et est loin d'avoir dit son dernier mot, même s'il peut déjà  s'apprécier.

    Troisième et ultime étape de ce tour de table, la rencontre avec Didier Barral et une dégustation commentée de ces vins. Personnage très disert, homme de conviction, profondément respectueux de l'environnement, il se laisse volontiers aller à  exprimer son credo et fustiger ceux qui ne sont pas à  l'écoute de la nature, entre autres la génération des productivistes (dont son père!), embobinés par les sirènes de l'industrie chimique. Des arguments empreints de bon sens et des phrases bien senties à  l'encontre des Bordelais (en général), des Alsaciens (pas tous!) et des Bourguignons (« même si on les aime bien, ce sont de petits artisans ! »). Fou rire intériorisé car nous étions en compagnie d'un vigneron bourguignon incognito! Apologie du sans soufre, en quête de la «buvabilité»: son vin est fait pour être bu, et même en cas d'abus, doit faire le moins de dégâts possibles sur l'organisme! Et si j'ai bu une grande partie de ses paroles, je me laisserais volontiers mieux convaincre, preuve gustative à  l'appui!

    Faugères Tradition 2001
    60% Carignan, 30% grenache, 10% cinsault. Vendange non éraflée. Récolte bien mûre, cela se sent, donnant un vin légèrement réduit au nez, mais charnu, frais, fruité et rond, qui glisse tout seul.

    Faugères Jadis 2001
    50% Carignan, 40% Syrah, 10% Grenache. Quelle texture! Une chair grenue, comme quand un petit frisson parcourt l'échine, frisson de plaisir évidemment, là  où la peau est la plus fine! Un vin quasiment orgasmique! Mais je sais me tenir en public!

    Valinière 2001, Vin de Table
    Déclassé, comme en 2000, pour excès de volatile. 80% Mourvèdre, 20% Syrah. La matière est dense, animale, plutôt fourrure, et le grain très serré. Un cheval fougueux qu'il va falloir dompter pour le mériter et, pour cela, à  mon avis, faire preuve de beaucoup de patience.

    Blanc 2002, Vin de Pays de l'Hérault
    80% Terret blanc et Terret gris, complété par Viognier et Marsanne. Sans soufre également, avec las conséquences que cela implique sur sa robe, plutôt soutenue, légèrement brunie même. Son caractère oxydatif lui permet de passer sans problème derrière les rouges, même Valinière. Arômes de pomme caramélisée, presque tatin, et une structure veloutée caressante. Un vin qui ne peut pas plaire à  tout le monde, vu son caractère, mais j'aime plutôt bien. On se demande pourquoi!

    Après-midi éclectique mais passionnante, le reflet d'une gamme de vins très riche et d'une sélection judicieuse de la part de Pierre Muller, faisant littéralement de la petite cave de Reverolle une vraie cave de rêve.

    Olif

    http://www.lapassionduvin.com

  • Les 20 ans du CAVE S.A.!

    Date: le 17/12/2004 à 13:31

    20 ans! Le bel âge! ça se fête! Le Club des Amateurs de Vins Exquis a donc réuni ses clients, ses sympathisants, ses amis, pour une double rencontre dans les locaux de l'Hôtel Beaurivage, un palace genevois situé au bord du lac Léman, que certains n'hésitent pas à  appeler encore Lac de Genève, ce qui fait ricaner gentiment les Vaudois!

    Une véritable institution locale, que ce Club très particulier, basé à  Gland, dans le canton de Vaud, petite ville dont le nom peut prêter à  sourire, mais ne comptez pas sur moi pour tomber dans la grivoiserie, je ne mange pas de ce pain-là !

    Créé en 1984 à  l'initiative de Jacques Perrin, ce Club avait pour but d'offrir à  ses adhérents la possibilité d'acquérir les meilleurs vins au meilleur prix. Et d'inciter les gens à  la découverte, en créant une lettre d'information mensuelle, ainsi qu'une revue passionnante, Vinifera, et en organisant régulièrement des dégustations de haut niveau. Une véritable reconnaissance mutuelle s'est établie entre la majorité des vignerons, dont certains au nom prestigieux, et le CAVE, qui les a soutenus, à  une époque où il n'était peut-être pas aussi évident de s'imposer. Et de fait, ils ont répondu présent lorsqu'il s'est agi de commémorer cet anniversaire et de proposer à  la clientèle une dégustation de prestige, suivie d'un repas de gala.

    Le GJP n'a donc pas hésité à  fourbir à  nouveau ses costards-cravates, tout juste revenus du pressing après la Paulée de Meursault, et à  franchir la frontière, pour se mêler à  la foule helvétique qui se pressait dans les salons du Beaurivage.


    Le port de la cravate, une spécialité du GJP!


    Une foule venue de différents horizons: de Suisse évidemment, de la France savoyarde et jurassienne voisine, mais aussi du Luxembourg, l'occasion de faire connaissance avec un des invités d'honneur de cette manifestation, le Président du Grand Jury Européen, j'ai nommé François Mauss. GJP et GJE, même combat?




    La dégustation

    Chaque vigneron proposait à  la dégustation en général deux cuvées, ce qui portait à  une quarantaine le nombre de vins à  déguster. Plus de rouges que de blancs, et nous attaquons un tour préliminaire en ne goûtant que les vins blancs, ou presque, puisqu‘un ou deux nous auront échappé avant le passage aux rouges. Les vins sont commentés par domaine et non dans l'ordre de la dégustation, par souci de clarté.

    Egly-Ouriet

    Presque une évidence de débuter la dégustation avec une petite flûte de Champagne, surtout en provenance de ce beau domaine à recommander vivement.

    - Les Vignes de Vrigny: un Champagne non dosé, 100% Pinot Meunier. Récolte à  maturité, élevages longs sur lies (3 ans au minimum), une philosophie à  laquelle j'adhère totalement. Et le résultat est à  la hauteur. Un très beau vin, élégant, fin et racé, vif mais équilibré avec justesse.

    - Brut Tradition: Assemblage de Pinot Noir et Chardonnay en Grand Cru. Un Champagne tendu et minéral, au bel équilibre et à  la bulle particulièrement fraîche. Très convaincant!

    Domaine des Comtes Lafon

    Sympathique mais brève rencontre avec Dominique Lafon, pressé d'aller goûter les vins d'André Ostertag et de tailler une bavette avec lui. Juste le temps d'évoquer la Paulée de Meursault et le passage au domaine, et hop! le voilà  parti! Les vins sont, quant à  eux et fort heureusement, restés dans nos verres.

    - Mâcon Milly Lamartine 2003: fruité et crayeux, un vin dont la (relative) mollesse me semble caractéristique de certains 2003.

    - Meursault Clos de la Barre 2000: nez d'une grande distinction, sur les agrumes bien mûrs. La bouche est racée, élégante, minérale et d'une belle longueur. Un bien beau classique!

    Domaine Ostertag

    André Ostertag est également présent, un fidèle du CAVE S.A. depuis le début, "recruté" par Dominique Lafon.

    - Pinot Gris Muenchberg 2001: le nez est riche, intense mais en bouche, la minéralité est affirmée, confinant presque à  l'austérité, mais d'une grande pureté. Très, trop jeune, il devrait faire une bouteille magnifique dans de longues années.

    - Riesling Fronholz 2002: minéral, avec pour moi de petites notes pétrolées, et très mûr, une partie des raisins ayant même botrytisés, il allie richesse et fraîcheur, intégrant superbement son sucre résiduel. Encore un magnifique vin vers lequel je reviendrai à l'heure de l'apéritif!

    Domaine Georges Vernay

    Ce domaine emblématique de Condrieu a remonté un petit bout du Rhône pour faire découvrir deux de ses cuvées emblématiques. Christine Vernay, qui préside maintenant aux vinifications, est une vigneronne exigeante, adepte du classicisme en appellation Condrieu.

    - Condrieu Les Chaillées de l'Enfer 2002: nez archétypique de viognier sur la pêche blanche, presque too much, un peu artificiel, donnant l'impression au Seb de prendre sa douche avec du Tahiti Douche à  la pêche! En bouche, c'est par contre de la pêche de vigne à  croquer! Peut-être un effet millésime?

    - Côtes du Rhône Sainte-Agathe 2002: une curiosité, presque, puisqu'il s'agit de vignes de syrah plantées sur l'appellation Condrieu! Le vin est un peu atypique également, avec un nez presque pharmaceutique, et en bouche une acidité marquée. Encore une fois dû au millésime?

    Marie-Thérèse Chappaz

    Toujours un plaisir que de revoir Marie-Thérèse, venue elle aussi en amie, mais dont les vins sont déjà  épuisés depuis longtemps, même au CAVE S.A.!

    - Petite Arvine 2003: nez lactique, presque fromager, mais une belle structure malgré le petit sucre imputable au millésime (Marie-Thérèse s'en excuse d'ailleurs chaque fois qu'elle sert un verre!), mais qui commence à  se digérer. La tension minérale est quand même bien là , même si la finale saline est encore masquée.

    - Grain Pinot 2003: un joli Pinot Noir, très caramel au lait, qui possède un joli fruité et qui se laisse boire avec délectation.

    Château de Roquenégade, Corbières

    Une véritable découverte pour moi, que les vins de Frédéric Juvet, pourtant un ami de la première heure du CAVE. Un vigneron jovial et sympathique, qui fait des vins à  son image.

    - Roussanne 2002, Vin de Table: Frédéric Juvet aime la roussanne et ne se prive pas de la vinifier seule, même si cela lui retire le droit à  l'appellation. Un vin très agréable, fruité, sur la poire William, qui possède un joli soyeux en bouche et beaucoup de fraîcheur, malgré une rondeur bien marquée. Finale légèrement alcooleuse.

    - Corbières rouge 2001: très légèrement animal au nez, c'est un vin corsé, qui allie puissance et douceur épicée. 45% grenache, 45% syrah, 10% carignan.


    Simon Maye et fils

    Un grand plaisir que de retrouver Axel Maye, après la visite au domaine de ce printemps, et l'occasion de converser longuement avec lui puisque ce sera mon voisin de table lors du repas.

    - Petite Arvine 2003: le nez est lactique, mais on retrouve le côté tranchant et salin de la petite arvine, tous les sucres ayant été digérés.

    - Syrah 2002 barrique: le boisé est encore légèrement perceptible, mais le fruité épicé est poivré s'exprime déjà  bien. Une très belle réussite!

    Domaine de la Janasse

    Le Rhône était plutôt bien représenté, ce jour-là , avec cet autre très beau domaine plutôt méridional.

    - Châteauneuf du Pape 2002: un vin immédiat et accessible, presque souple, à  boire. Une victime du millésime, mais un vin plus qu'honorable. Les Rhodaniens ne se déplaçant pas sans biscuit, nous aurons l'occasion de goûter, en fin de repas, un VV 95 en magnum, absolument superbe.

    - Côtes du Rhône Les Garrigues 1999: un simple Côtes du Rhône, dont les vignes jouxtent l'appellation Châteauneuf. Très ouvert au nez, sur la cerise chocolatée (c'est un 100% grenache!), il possède des tanins un peu stricts et rustiques mais se laisse bien boire du fait d'un bel équilibre. Un vin franc du collier!

    Tardieu-Laurent

    Encore du Rhône, avec quelques échantillons de cette célèbre maison

    - Gigondas 2001: une très jolie syrah à  la robe noire, au nez poivré et épicé, un peu animal (fourrure), et à  la texture dense et serrée.

    - Châteauneuf du Pape 2001: un vin d'une grande densité et d'une chair admirable, très soyeuse, reposant sur la triade animal-griotte-chocolat.

    Peyre-Rose

    Troisième rencontre de l'année avec Marlène Soria et son millésime 1998, toujours avec le même plaisir.

    - Clos des Cistes 1998: le nez commence à  m'être très familier (poudre de cacao, griotte, avec de la minéralité) mais les tanins sont un peu trop marqués, presque sévères, le vin étant servi trop frais et la bouteille venant juste d'être carafée.

    - Syrah Léone 1998: des tanins plus fondus et un vin qui se laisse mieux approcher que les Cistes. L'élégance de Léone n'a d'égale ce jour-là  que celle de Marlène!


    Pago de Los Capellares

    Une vraie découverte que ce domaine espagnol qui nous propose 3 vins à  la dégustation, d'un très bon niveau.

    - Ribera del Duero 2003: un vin passé 3 mois en barrique, à  la robe noire et au fruité charnu. La rondeur des 2003 a également touché l'Espagne.

    - Tinto Crianza 2001: 90% tinto fino, 10% cabernet sauvignon. Une matière beaucoup plus serrée.

    - Tinto Réserva 2000: texture crémeuse, gros volume initial terminant sur une grande acidité.

    Dugat-Py

    Une rencontre avec la famille Dugat-Py, ça ne se refuse pas, tellement c'est exceptionnel! Il paraîtrait même que c'est seulement la troisième fois qu'ils se déplaceraient dans une manifestation de ce genre! Malheureusement, peu de temps pour entreprendre un dialogue tant la foule se presse pour goûter leurs vins.

    - Gevrey-Chambertin Coeur de Roy 2002: le nez est grillé de façon très élégante, témoignant de son élevage. Le boisé est encore bien perceptible en bouche, mais pas envahissant, se mettant au service d'une matière dense et immense. Il faut laisser le temps au temps!

    - Gevrey-Chambertin 1er cru 2002: un cran au-dessus dans la subtilité du toucher de bouche et la précision millimétrique de définition du grain. Un vin qui éclabousse les autres de toute sa classe! Personnellement, je suis conquis! On est en droit de faire la fine bouche devant le prix, mais ces vins-là  sont quand même des vins d'exception.

    Sociando-Mallet

    Fidèle parmi les fidèles, Jean Gautreau avait fait le déplacement depuis la Gironde et veillait au service de Sa Majesté!

    - La Demoiselle de Sociando 2002: souple et agréable, aimablement ouvert et fondu, c'est plutôt une bonne surprise dans un registre assez simple, pour un second vin parfois décrié.

    - Sociando-Mallet 2001: nez intense de cabernet récolté bien mûr, alliant poivron, bois noble, havane, tabac blond. Une puissance maîtrisée avec des tanins encore marqués et beaucoup de longueur. Un grand potentiel pour un très beau vin.

    Domaine Armando Parusso

    Une petite plongée dans l'univers des vins italiens que je connais fort mal. Des vins d'homme !

    - Barbera d'Alba Ornati 2002: des tanins acérés qui ressortent dans une grande acidité finale. Un vin dissocié dans une phase bien peu séductrice.

    - Barolo 1997: de la myrtille à  profusion dans un ensemble puissant mais plutôt harmonieux.

    Daumas-Gassac

    Passionnante rencontre avec Roman Guibert, représentant le célèbre domaine languedocien aux accents bordelais.

    - Daumas Gassac 2002: un premier échantillon très certainement bouchonné, mais pas de l'avis de tous, ne permet pas de porter un jugement sur le vin. Roman finit par ouvrir une seconde bouteille et cela n'a effectivement rien à  voir ! Premier nez animal, j'y retrouve la fraîcheur caractéristique des 2002 languedociens que j'ai eu l'occasion de goûter cette année. Très bon !

    - Daumas Gassac 2001: un vin plus dense et serré, vraisemblablement plus fermé, également, qui illustre bien la différence entre les deux millésimes. A attendre !

    Domaine des Sablonnettes

    Un domaine angevin dont on commence à  parler beaucoup et qui a fait le déplacement transversal jusqu'à  Genève, après une première étape à  Chambéry pour présenter sa gamme à  des Savoyards fin connaisseurs. Vignerons exigeants, Christine et Joël Ménard sont les seuls à  proposer à  la dégustation des liquoreux. Nous clôturons donc notre parcours par le passage à  leur stand.

    - Coteaux du Layon Les Erables 2001: nez très confit, évoquant (par auto-suggestion ?) le sirop d'érable, mais dans lequel je retrouve aussi une petite note que je qualifierais de poussiéreuse, mais qui pour certains est minérale, apportée par le terroir. La même impression que lors des LPViades en mai dernier, lorsque nous avions goûté les vins de ce domaine. La structure est splendide mais je ne peux m'empêcher d'être perturbé par cette sensation poussiéreuse.

    - Coteau du Layon Rablay 2002, Le Vilain Canard: une parcelle déclassée par L'INAO et qui ne pourra bientôt plus revendiquer l'appellation Coteaux du Layon. Et pourtant, comme dans le conte, le vilain canard est probablement un magnifique grand cygne ! Présentant de la volatile au premier nez, il développe une puissance et une intensité magistrales, magnifiquement équilibrées par un beau support acide.

    Le repas

    Après cette longue dégustation apéritive, il fallait bien se restaurer! Sur les 700 invités à  la dégustation de l'après-midi, il n'en restait plus que 200 pour se régaler lors d'un somptueux repas concocté par le chef du Beaurivage.

    Ayant laissé le stylo au vestiaire, j'insisterai essentiellement sur la qualité des mets proposés et surtout la perfection des accords.

    Après un parfait Champagne Brut non dosé d'Egly-Ouriet à l'apéritif, l'acidité marquée du Pinot Gris Muenchberg 1996 d'André Ostertag s'est parfaitement mariée avec les grosses langoustines rôties en kadaïf et chiffonnade de basilic. Le classicisme de l'accord entre les coquilles Saint-Jacques rôties au noix et le Meursault-Charmes 1997 du domaine des Comtes Lafon n'en était pas moins exceptionnel. Sur le filet de canette au miel d'épices, il fallut se partager entre la cuvée Emile Peynaud 2001 de Daumas-Gassac et la Cuvée Jean Gautreau 1995 de Sociando-Mallet. Choix cornélien, mais comme l'a souligné François Mauss, le propre de ces grands vins d'exception, c'est que l'on peut passer de l'un à  l'autre de façon quasi-naturelle et harmonieuse, et vice-versa.


    Emile Peynaud 2001 vs Jean Gautreau 1995: la pléthore de munitions laisse rêveur !


    Cela ne nous a nullement empêchés de revenir sur le blanc en accompagnement du vieux Gruyère affiné 30 mois : le Païen 2002 de Simon Maye en a surpris plus d'un dans l'assemblée ! Et pour terminer avec le crumble d'ananas confit, rien de mieux que le Côteaux du Layon La Bohême 1999 du domaine des Sablonnettes.

    Un sans faute !

    Amateurs de vins exquis, bienvenue au club !


    Olif


  • Grands blancs!

    Date: le 24/12/2004 à 19:08

    Prat-Ar-Lier ou Pont-Ar-Coum? Même si la liaison Ouest-Est n'est pas des plus rapides, le Jurassien pas encore totalement crétin ne crache pas sur une bouffée d'iode en provenance de l'Atlantique. C'est même une tradition au GJP  (Grand Jury Pontissalien), que d'organiser des soirées huîtres. Souvenez-vous:
    la guerre de sécession autour d'une poignée d'huîtres, ou encore, bien avant, la transhumance des huîtres, un quasi-pêché de jeunesse écrit sur LPV!

    La principale originalité de cette soirée, outre son comité plus restreint, venait de la provenance des huîtres et de la façon de les accommoder. Infidélité à Gillardeau pour commémorer les non moins excellentes huîtres d'Yvon Madec, de Prat-Ar-Coum, en souvenir des dernières vacances estivales en Finistère Nord.

    Des huîtres en trois services, cela faisait un moment que j'en rêvais!

    Au naturel, d'abord, panaché de plates n°3, à la saveur iodée et saline, riche et puissante, et de Spéciales creuses n°3, charnues, aux jolis arômes de noisette. Et puis des huîtres en gelée, une recette inédite glanée sur le web, une gelée élaborée avec un fumet de Saint-Jacques et du vinaigre échaloté, une grande première réussie à merveille. Et, enfin, des huîtres gratinées au Champagne, un grand classique toujours aussi réjouissant. Pour ceux qui goûtaient moyennement les huîtres, mais aussi les autres, une assiette de Saint-Jacques servies sur un lit de salade mélangée clôturait le repas. Fromage, dessert, et puis au lit! Ce qui nous a quand même menés fort tard dans la soirée!

    Et avec tout ça, pour rester en phase avec la fine pellicule de neige qui recouvrait alors les sommets montagneux, des blancs. Des grands, des tranquilles, d'autres moins, mais que des blancs! A part deux rouges. Et un Porto ! Rouge aussi! Que des grands blancs, surtout, piochés dans les régions septentrionales limitrophes, de façon totalement délibérée et volontaire. Champagne, Bourgogne et Alsace. Un grand quart nord-est qui a quand même trouvé le moyen de faire l'impasse sur le Jura ! Pourtant l'autre région des grands blancs, si mes souvenirs sont exacts !

    Les vins ne sont pas servis à l'aveugle et les commentaires sont un peu laconiques, je n'avais pas beaucoup envie de bosser ce soir-là !

    Les Vignes de Vrigny, Egly-Ouriet
    Pour se faire le palais en ouvrant les huîtres, une petite gorgée de cet excellent Champagne 10% Pinot Meunier qui allait avoir le privilège d'entrer dans la sauce.

    Cuvée William Deutz 1996
    Un Champagne de race, à la bulle d'une finesse qui n'a d'égale que son élégance. Beaucoup de vivacité, une acidité par encore parfaitement fondue, mais beaucoup de tenue, voilà un vin qui mérite quelques années de cave pour s'assagir et s'exprimer pleinement.

    Crystal 1990, Roederer
    Le nez est intense, riche, brioché, vineux, développant par la suite des notes de mirabelle et d'amande finement grillée. Gras et mordant à la fois, il est superbement équilibré par sa bulle. Très grande bouteille, achetée il y a maintenant plusieurs années, et à qui j'ai laissé le temps de s'épanouir dans ma cave.

    Les Oliviers 2001, J.L. Denois
    Assemblage de Marsanne-Roussanne en Vin de Pays d'Oc. Un joker du Seb! Très beau toucher de bouche, soyeux, partant légèrement sur l'oxydation.

    Meursault-Blagny 2001, domaine Martelet de Cherisey
    Un deuxième échantillon en provenance de ce domaine repris en 1999, et dont les vignes étaient auparavant exploitées en fermage par Louis Latour. Minéral et tendu, un Meursault comme je les aime!

    Meursault-Charmes 1999, domaine René Monnier
    L'antithèse du précédent, gras et boisé, un peu outrancier. Son gras est néanmoins plaisant.

    Bienvenue-Batard-Montrachet 1999, domaine Leflaive
    Curieusement (?), le premier nez pétrole légèrement, style fond de cuve, mais pas celle du grand-père du Seb. Arômes terpéniques, donc, qui évoluent rapidement vers un joli grillé. En bouche, c'est confondant de pureté, bouleversant pour le Seb, bouleversifiant pour François. Alors Bienvenue, Bâtard, au Panthéon des grands vins!

    Riesling Altenberg de Bergheim 1999, M. Deiss
    Les notes terpéniques de ce riesling font relativiser celles du vin précédent! C'est surtout très mûr, opulent, riche, mais d'une grande longueur et d'un très bel équilibre qui permet toutes les audaces culinaires, en l'occurrence avec les Saint-Jacques ce soir-là , sans que le résiduel ne vienne gêner à aucun moment.

    Zeroo Default, Domaine Schueller
    Parce que François avait encore une petite soif, il a fallu redescendre à la cave chercher une autre bouteille joker! Et derrière l'Altenberg, ce Zero Defaut n'en avait toujours pas, de défaut, si ce n'est qu'il est plus sec, plus minéral, plus tendu, mais avec du fruit derrière (de la pomme séchée).

    Vosne-Romanée La Colombière 1999, Fabrice Vigot
    Un beau vin, légèrement fumé, jouant plus sur l'élégance et la finesse que la concentration. Une découverte!

    Gevrey-Chambertin VV 2002, S. Esmonin
    A l'aveugle, celui-là ! La robe est éclatante, le nez révèle un boisé finement grillé qui prend pour l'instant le dessus sur une matière très concentrée qui possède beaucoup de race. Personnellement, j'aime beaucoup!

    Fonseca Vintage Port 2000
    Un des nombreux trésors qui garnissent la cave du Seb. D'une richesse époustouflante, il sublime le vieux Stilton déniché pour l'accompagner, puis se la joue sur du velours avec le gâteau au chocolat et aux épices. C'est riche, gras, intense, sans jamais être lourd ni alcooleux. Une très grande bouteille, assurément, même si en l'occurrence elle était petite (50 cl).

    Une vraie soirée de Noël avant l'heure, histoire de clôturer une année particulièrement faste avec le GJP. Et de faire passer celle qui s'annonce. Ce soir, 24 décembre, cela risque d'être moins pointu, je vais dans la belle famille!

    Olif et le GJP, from Pontarlier (25)

    http://www.lapassionduvin.com

  • Un anniversaire qui fait Tâche!

    Date: le 08/03/2005 à 16:51

    35 ans, on ne se sent pas encore tout à  fait vieux même si on n'est déjà  plus trop jeune, alors, ça se fête! Cela fait quelques années que les miens sont derrière moi, mais ce n'est pas une raison pour laisser les potes dans la détresse de mettre une année de plus au compteur. Surtout quand ce copain dispose d'une cave dont je n'aurais même pas osé rêver quand j'avais 35 ans et qu'il est tout disposé à  marquer le coup de façon indélébile. Et, pour sûr, on s'en souviendra encore longtemps, des 35 ans du Seb!

    Cuvée William Deutz Rosé 1996
    Beaucoup de classe et d'élégance dans ce champagne rosé très vineux qui a eu pour seul tort de passer en vedette américaine. Peut-être encore un peu fermé, également. Pas un champagne d'apéritif car il lui manque un côté incisif et appétant, mais une néanmoins très belle bouteille à attendre un peu en cave.

    Champagne Veuve Clicquot Vieille réserve 1995
    Là  encore un Champagne très riche mais au nez somptueusement ouvert, sur la viennoiserie, la bonne petite brioche bien ronde et encore toute chaude d'un boulanger artisanal. La bulle est vive et fine, apportant le peps nécessaire à  l'équilibre de ce très beau champagne dont les arômes persistent longuement en bouche.

    Chassagne-Montrachet 1er cru Morgeot 1994, Domaine Leroy
    Un magnifique vin de chardonnay dont les effluves résonnent encore dans mes narines! Une intensité et une richesse hors du commun, où l'on sent à  la fois la complexité du cru et l'apport du vieillissement, la grande maturité du raisin et le soin apporté à  la vinification. C'est par sa structure et sa texture qu'il impressionne encore le plus. Je me demande si j'ai déjà  bu un vin aussi parfait! Mais une perfection qui ne lasse pas, qui n'exige pas que l'on soit à  la recherche du moindre petit défaut! Juste un instant que l'on a envie de prolonger. Une perfection tout simplement parfaite! Un des plus grands vins blancs que j'ai eu l'occasion de boire en cette année 2005 débutante. Un des plus grands vins, toutes couleurs confondues, tous millésimes confondus, depuis que je déguste du vin, même. C'est vous dire si c'est bon!

    Puligny-Montrachet 1er cru Les Combettes 2000, Domaine Jacques Prieur
    Un sparring-partner de 1er choix pour le Chassagne de Leroy et ce vin a beaucoup plu, parce qu'il fait preuve d'une séduction assez immédiate, avec ses arômes d'agrumes, d'ananas, et possédant en outre beaucoup de fraîcheur. Dans une phase plutôt primaire, voire primo-secondaire, il a, je pense, besoin de temps pour se magnifier, et il en a les moyens. Même si le Chassagne l'a un peu éclaboussé de toute sa classe!

    La Tâche 2000, Domaine de la Romanée Conti
    Si l'on excepte la Conti 1979 que j'ai à  peine eu le temps d'entregoûter lors de la Paulée de Meursault, il s'agit de la première bouteille de ce domaine mythique, le rêve de tout amateur de Bourgogne, que j'ai l'occasion d'apprécier pleinement. J'avais bel et bien égaré mon stylo mais n'avais pas non plus l'envie de prendre scolairement des notes, juste me laisser porter par l'instant. Carafée 2 heures avant le repas, servie en accompagnement d'un tournedos Rossini (l'accord de choix, paraît-il!), cette Tâche est bien ouverte lorsqu'elle se présente dans nos verres. On y décèle la pureté du fruit derrière de francs arômes de pétales de roses fanées. Fanées, mais avec encore un sacré éclat! La netteté dans la structure, la finesse dans la définition, l'élégance dans la longueur, la classe qui parle, sans épate, sans poudre aux yeux. De la finesse, toujours! L'âme d'un grand terroir!
    Ce moment fut grandiose et beau, à  peine troublé par une petite goutte de ce précieux nectar qui tomba de la carafe. Et bien vous me croirez si vous voulez, mais il y a eu ni tache, ni Tâche sur la nappe!

    Je ne sais comment ce vin se comportera dans 25 ans, probablement très bien, mais il aurait été dommage de ne pas profiter d'un petit aperçu de son potentiel actuel, avant que je sois moi-même un peu trop vieux!

    Château La Conseillante 1970 (magnum)
    Autre temps fort de cette soirée, l'ouverture de ce magnum de la Conseillante, une des grandes réussites du millésime, si l'on en croit les critiques autorisés, juste histoire de voir si un vin de Bordeaux vieillit mieux ou moins bien qu'un solide gaillard du Haut-Doubs. Toujours surprenant, la capacité d'évolution d'un vin dans un grand contenant! La robe de ce 1970 en magnum n'est pas celle d'un vin très évolué, ses arômes n'ont pas encore basculé complètement dans le tertiaire, mêlant des effluves de havane, de cèdre, de bois noble et d'épices, la structure du vin est encore loin de souffrir le moindre creux en bouche et possède beaucoup d'allonge. Une sensation d'harmonie totale, un instant d'émotion rare où l'on reste suspendu sur son petit nuage, le verre aux lèvres.

    Je ne sais comment ce vin se comportait, il y a 25 ans, probablement très bien, et il est dommage de ne pas l'avoir goûté à  cette époque-là , pendant que j'étais moi-même un peu trop jeune!

    Chateau Pajzos 1991 , Tokaji dry, 100 % furmint
    Une originalité de plus à  mettre à  l'actif du Seb, ce Tokaji dry au nez surmaturé mais sec en bouche et un peu oxydatif! Idéal sur le fromage, même s'il a été un peu éclipsé par les monuments d'avant, permettant de se refaire la bouche avant d'attaquer les sucreries.

    Ruster Ausbruch 2001, Feiler-Artinger
    Un liquoreux autrichien de la région du Burgenland, résultat de l'assemblage de 4 cépages : Chardonnay, neuburger, weissburgunder et welschriesling. 10 % alcool, beaucoup de fraîcheur, avec des notes d'ananas confit, et une certaine légèreté qui n'est pas sans évoquer celle de l'Ode à  L'instant Présent d'André Ostertag. Un très beau liquoreux, gourmand à  souhait, à  cueillir sur son fruit, le mariage idéal avec un délicieux gâteau à  l'ananas de Mr Poix-Daude.

    Après tout cela, on a encore goûté à  un ou deux trucs fortement alcoolisés, mais ma mémoire faisait défaut depuis longtemps!

    Vivement les 36 ans du Seb! 36 ans, ça se fête aussi, non?

    Olif

  • L'Alchimie des Vins Etonnants à Pontarlier

    Date: le 12/03/2005 à 08:44

    Pontarlier, ville-étape du tour de France des vins étonnants! Avant Evreux, même! Le grand prix de la montagne!


    Quand l'alchimiste des saveurs de Pontarlier reçoit le caviste étonnant du Web, à  l'initiative du GJP, la soirée étonne et détonne ! Prévu de longue date, et déjà  reporté une fois, ce rendez-vous a tenu toutes ses promesses, par l'originalité des vins proposés par Eric Reppert, par celle de la cuisine de Pierre-Ivan Boos, avec subtile recherche d'accords, et enfin par l'intérêt suscité chez des dégustateurs allant du novice complet au plus confirmé, mais souvent prisonniers d'une approche très traditionnelle et classique du vin.

    Soirée très enneigée pour la saison (nous sommes début mars), mais qui n'a pas refroidi les ardeurs des participants, même ceux venant des pays tropicaux. Et l'horaire étant à  peu près respecté, on attaque par un petit verre apéritif ! Plusieurs, en fait!

    Prima Donna 2004, Prieuré La Chaume, Vin de Pays de Vendée
    60% Chardonnay, 40% Pinot Noir vinifié en blanc, une curiosité en provenance d'un nouveau vignoble vendéen, entièrement planté il y a quelques années et situé à  Vix. Très aromatique (sapide ?), sur les fruits blancs et des arômes encore fermentaires, il est à  la fois vif, frais, tendu et gras, témoignant de sa grande richesse qui ne procure aucune sensation de lourdeur. Simple et désaltérant !

    Les Zunics 2001, Frères Couillaud, Vin de Table
    Le Muscadet du XXIème siècle? Assemblage inédit et « zunique », surtout dans cette région, de Petit Manseng, Viognier, Chardonnay, Sauvignon gris et Muscat à  petits grains, ce vin a tout pour dérouter, même le dégustateur le plus averti. La robe est dorée, le nez très mûr, limite surmaturé, développant d'intenses notes de fruits exotiques, de papaye, de mangue, sur des notes un peu oxydatives. La bouche ne suit pas le nez dans ce registre très aromatique et se révèle sèche, plutôt stricte, avec un beau support acide. La marque du petit Manseng, assurément, qui s'exprime plutôt bien hors de son royaume, toujours à l'Ouest, mais bien plus au Nord!

    Péchigo 2000, Chenin Moelleux, Vin de Table
    Direction Sud-Est, cette fois, du côté de Limoux, pour un cépage habituellement rencontré plus à  l'Ouest. Dans un registre demi-sec, moelleux, un vin très riche qui s'épanouit dans le verre sur des notes oxydatives de pommes au four, de cire et d'encaustique, avec en bouche la patine d'un vieil escalier en bois bien ciré. Une grande douceur!

    Bel Canto 2003, Merlot, Prieuré La Chaume, Vin de Pays de Vendée
    Retour à  l'Ouest, pour un vin à  la robe noire à  reflets violines, qu'on verrait bien dans le Sud! Le nez est floral, sur la violette, et je ne peux m'empêcher d'y associer des notes métalliques, qui pourrait évoquer la Négrette. Ou le Ragoûtant, puisqu'on est de nouveau en Vendée! Perdu ! Il s'agit d'un beau Merlot, qui possède une attaque soyeuse et riche, mais dont la finale est particulièrement amère. Une amertume qui persiste longtemps en bouche et qui déroute un peu. Il s'agit ici du premier millésime et je pense que ce domaine est porteur de beaucoup de promesses. Thierry Michon risque bientôt de ne plus être tout seul à  produire des choses hors normes en Vendée!


    Après cette mise en bouche très appétissante, les vins suivants seront servis sur le repas, Pierre-Ivan ayant travaillé quelques accords.

    Le Nombre d'Or 1998, Blancs de Blancs, L. Aubry
    Avec l'amuse-bouche, une petite brochette de fruits de mers accompagnée d'une tête de crevette frite, tout à  fait comestible et qui croustille sous la dent, ce très beau et très original Champagne, constitué d'un assemblage de 7 cépages, dont certains se perdent dans la nuit des temps. Chardonnay, Pinot Noir, Pinot Meunier, Arbanne, Petit Meslier, Fromenteau et Enfumé. Tout un programme qui est à l'origine d'un vrai Champagne de table, riche et complexe, vineux, développant de jolis arômes de fruits blancs frais sur fond très tonique grâce à  une bulle fine et vive. Un vrai vin plaisir qui a remporté un franc succès ce soir-là !

    Ineptie 2002, Domaine des Belles Pierres, Vin de Table
    Roussane, Viognier et Muscat à  petits grains récoltés en surmaturité, lorsque le millésime le permet, donnent un vin riche et gras, comportant un peu de sucre résiduel, ce qui fut à  l'origine de sa non-homologation en AOC. Beaucoup de maturité, donc, dans ce vin à l'équilibre pourtant plutôt sec, les 7 g de SR ne suffisant pas à  en faire un vin moelleux. Puissance et douceur, sans l'once d'une lourdeur, font de ce vin un idéal compagnon d'une cuisine plutôt épicée et relevée, se mariant parfaitement avec l'entrée que nous avait concocté l'Alchimiste des Saveurs, un Tataki de bonite au sishimi, gomasio et vinaigrette à  l'huile de sésame!

    Pour accompagner les deux vins rouges, servis simultanément, des Joues de porc braisées au cumin et genièvre, Quinoa et poêlée de racines hivernales, fondantes à  souhait, firent merveille.

    Z de L'Arjolle 2002
    Le Zinfandel du Sud de la France, travaillé expérimentalement au domaine de L'Arjolle en collaboration avec l'INRA de Montpellier. Un vin du Sud, épicé, à  la robe burlat, mais au boisé encore trop marqué, la structure pêchant un peu par manque d'opulence, sur une matière acidulée et maigrelette. La petite sucrosité finale ne suffit pas à rétablir l'harmonie d'un vin qui me semble encore bien dissocié à  ce stade.

    Chenançon noir 2002, La Tour de Penedesses
    Un autre cépage expérimental, fruit du croisement entre le Grenache et le Jurançon noir, qui n'est que très peu cultivé. Beaucoup d'originalité, pourtant, et une matière riche et opulente, une vraie liqueur de fruits noirs épicés et poivrés, crémeuse à  souhait, qui prend le temps de s'installer en bouche jusque dans la finale qui comporte un soupçon d'amertume, à  la manière d'un vieux Carignan. Beaucoup plus convaincant que le Z, servi en parallèle.

    Djebel 2001, Hautes Terres de Comberousse
    Pour accompagner le fromage, un Saint Marcellin aux écorces d'orange confites, avec mesclun d'herbes à  l'huile d'archide grillée, un véritable OVNI, comme le nomme Eric Reppert, du Rolle passerillé sur pieds, élevé sur lies fines sans ouillage pendant 3 ans. On retrouve bien là  un registre oxydatif caractéristique de fruits secs, de figue, d'épices, de miel de châtaignier. Son côté moelleux, presque liquoreux, le rend très séduisant et forme un joli accord avec le fromage.

    L'Archaïque 2001, Domaine du Grand Lauze
    Du Mourvèdre vendangé tardivement, en surmaturité, affichant 185 g de sucre résiduel, et exhalant une grande concentration de fruits noirs, cassis et myrtille, sur des notes évoquant le rancio et le tabac blond. Un vin assez étonnant, finalement, ce qui ne surprend guère lorsque l'on connaît le thème de la soirée! L'idéal pour clôturer, en fait, et sublimer un Soufflé renversé au chocolat, voile de sucre au poivre à  queue et glace de lait!

    Une soirée à  inscrire dans les annales, une vraie réussite, liée autant à  la qualité et l'originalité des vins présentés que par celle du menu les accompagnant. Un genre d'alchimie étonnante, quoi!



    Olif

  • Balade initiatique au cœur de la Côte des Blancs

    Date: le 23/04/2005 à 15:39

    Orchestrée par Jacky Rigaux, à la demande du CAVE S.A., cette soirée-dégustation d’anthologie a permis de toucher au sublime en proposant de découvrir quelques perles de la Côte des Blancs sur la Côte, à Gland (CH) . En dehors de la Bourgogne même, in situ, il n’y a guère qu’en Suisse que l’on puisse goûter à autant de merveilles en même temps! Par chance, le Jura est situé à égale distance des deux, ce qui permet de basculer aisément d’un côté ou de l’autre selon les opportunités!

    Présenté comme un philosophe du terroir par Jacques Perrin, le maître à penser du CAVE, Jacky Rigaux s’est fendu d’un petit speech introductif fort clair et enrichissant, permettant d’appréhender de façon assez simple la complexité de la notion bourguignonne de terroir. Présentation évidemment accommodée à la sauce Olif, ce que j'en ai retenu, en fait!

    Au départ était le Néant! Il y eu un jour et il y eu une nuit et Dieu décida de créer la Bourgogne, d’emblée, histoire de ne pas boire de l’eau jusqu’au 7ème jour!

    Nooon! COUUUUPEZ...!

    En fait, ce n’est pas du tout ça! L’histoire de la Bourgogne, c’est une histoire humaine et géologique, remontant déjà à l’Antiquité, avec des noyaux d’élite autour de Gevrey et Meursault, identifiés comme tels du temps de Romains. L’anticlinal de Gevrey, qui a fait ascensionner le Jurassique moyen et privilégié l‘émergence de sols calcaires, se prolonge par le synclinal de Volnay, assorti de davantage de marnes argileuses recouvrant la couche calcaire. Des terroirs beaucoup plus propices à la production de grands blancs, concentrés dans cette zone au Sud de Beaune avec le Montrachet comme colline idéale, à l'exception de la zone similaire du Charlemagne, sur la montagne de Corton, issue de la jonction du synclinal et de l‘anticlinal, et comportant le même type d‘argile. La variété des terroirs se fait par le jeu des failles et des courants d’air, différenciant ainsi des zones parfois très proches géographiquement. Les bons moines n’ont-ils pas parlé d’emblée de notion de « climat », faisant référence autant à la géologie qu’à la climatologie?

    Si ce qui fait en partie le charme de la Bourgogne est d’abord constitué par son Histoire et ses Terroirs, il ne faut pas perdre de vue que ce qui est essentiel pour l’amateur pressé et hédoniste (non, ce n’est pas une tare!), à savoir le contenu du verre, l‘est aussi pour l‘amateur de Bourgogne. Rien ne vaut alors de passer aux travaux pratiques avec quelques échantillons prestigieux de ce qui peut être produit sur ces grandes terres à blanc!

    Dégustation non à l’aveugle, par paires en principe comparables, sauf deux vins qui ont été servis isolément.

    Meursault Les Tessons, Clos de Monplaisir 2002, Domaine Roulot
    Robe jaune pâle. Nez très pur, finement grillé et toasté, où perce la minéralité à l’agitation. Un côté grillé qui évoque un peu le style des vins de Coche-Dury, le « mercaptan de bois » comme j’ai pu entendre, ou plus exactement l’autolyse des levures, une certaine forme de réduction s‘harmonisant à l‘aération, plus qu’un boisage excessif (seulement 15 à 18% de bois neuf sur ce vin). L’attaque est franche, vive, possédant une jolie tension minérale. Un petit joyau, véritable modèle de précision et de netteté aromatique.

    Meursault Bouchères 1er cru 2002, Domaine Roulot
    Avec les Bouchères, on rentre dans le « bon ventre de la pente », ce milieu de coteau qui va être à l’origine des plus belles parcelles, d’abord en 1er Cru puis en Grand Cru. La robe est également jaune pâle, mais un peu plus soutenue que celle du vin précédent, légèrement dorée. Le nez est très mûr, sur les agrumes, le citron. La bouche est ample et déjà grasse, avec une structure large non dénuée de vivacité, terminant sur une acidité citronnée qui apporte la longueur. Vinification identique au précédent, hormis un pourcentage de bois neuf s’élevant jusqu’à 30%, et une structure radicalement différente, que l’on peut juger plus complexe et profonde que celle des Tessons, mais pas plus belle! Un exercice au cours duquel la notion de terroir devient palpable, et en plus les vins sont bons!

    Meursault Perrières 1er Cru 2000, Comtes Lafon
    Le plus prestigieux des 1ers Crus de Meursault, celui qui aurait pu (ou dû?) être classé en Grand Cru, par un des plus grands domaines de l’appellation.
    La robe dore légèrement. Le nez est retenu, frais et minéral. La bouche est d’une grande pureté, minérale, ample et progressive, allant crescendo, presque cristalline. La longueur est exceptionnelle. Un vin magnifique à un stade encore embryonnaire.

    Meursault Genevrières 1er Cru 2002, Domaine Bouchard Père et Fils
    Un autre 1er Cru vedette, dans un beau millésime. Nez très mûr, sur les agrumes, les fruits exotiques, un peu anisé. La bouche est ample et grasse, opulente, minérale et citronnée en finale, avec de la fermeté. Dans une phase primaire accessible, ce très beau vin diffère totalement des Perrières dans son expressivité, même en intégrant la différence de millésime et de producteur.

    Meursault Les Narvaux 1999, Domaine d‘Auvenay
    Retour sur un « village » , mais lequel! Un des quatre ou cinq capables de rivaliser en terme de vieillissement avec un 1er Cru, et par un domaine d’anthologie, de surcroît! Le nez envoûte, riche, gras et frais en même temps, archétypique du canon murisaltien, qui associe, d’après Jacky Rigaux, gras et minéralité. La bouche est d’une précision exemplaire, avec un toucher délicat, en dentelle, mais d’une grande densité. On le sent qui résiste, qui ne se livre pas encore complètement, mais la longueur est déjà phénoménale. Un vin qui ne fera que s’épanouir dans le verre, d’un niveau exceptionnel!

    Puligny-Montrachet 1er Cru Le Cailleret 1998, Domaine de Montille
    La robe est jaune pâle, le nez citronné, un peu sur le zeste. Pur et cristallin, vif et tendu, sur le fil, la finale s’élargit un peu sans trop s’écarter de la ligne. Un vin d’une grande beauté épurée! Prolongement naturel du Montrachet, Le Cailleret a l’avantage de se révéler plus vite que son illustre voisin.

    Puligny-Montrachet 1er Cru Les Demoiselles 1998, Michel Colin-Deléger
    La robe est très dorée. Le nez reste frais, mais présente un côté oxydatif net, miellé, avec des arômes de vieille cire. Il était pourtant plutôt réductif à l’ouverture, justifiant un carafage long de plus de 5 heures. La bouche est grasse, visqueuse et veloutée, puis termine sur des amers prononcés, dans une sensation un peu alcooleuse.Un bon vin, d'un style différent, mais un cran en dessous du précédent.

    Chassagne-Montrachet 1er Cru En Rémilly 1997, Michel Colin-Deléger
    Un premier cru situé dans le prolongement du Montrachet, avec le même sous-sol, mais dans l’amorce de la combe, donc pas soumis aux mêmes conditions climatiques. Le nez est très riche, un peu miellé, dans un registre superposable au Puligny précédent du même domaine. La structure manque d’un peu d’amplitude et de longueur et le vin paraît moins abouti que tous ceux goûtés préalablement.

    Chassagne-Montrachet 1er Cru Rémilly 1997, Verget
    La robe est jaune soutenu et le nez épanoui, alliant des arômes de cake aux zestes d’agrumes et de miel. La bouche est large et ample, longue et persistante, possédant une très belle acidité pour le millésime. Un beau vin à maturité!

    Corton Charlemagne 1999, Domaine Leroy
    L’intrus de la soirée, puisque un peu à l’écart de la Côte des Blancs. Nez très pur, sur la réserve, avec une petite pointe de minéralité empyreumatique, à peine teintée d’hydrocarbure. On est loin d’un Riesling mais pour Jacky Rigaux, cette petite touche terpénique est la marque du terroir du Charlemagne. En bouche, on nage dans l’opulence, mais une opulence non démonstrative, avec une profondeur et une densité exceptionnelles qui n’ont d’égales dans le superlatif que la longueur. Beaucoup de viscosité, et une acidité magnifique, pour un équilibre qui frôle la perfection. Un des sommets de la soirée, assurément, même s’il reste encore deux vins à venir, et pas des moindres!

    Bâtard-Montrachet 2002, Michel Niellon
    Nez puissant, presque un peu démonstratif, sur les fruits blancs caramélisés. La bouche est riche et enrobée, un peu flan au caramel, avec une touche miellée. Un petit côté oxydatif indéniable, mais une minéralité marquée et une belle acidité persistante. Un vin riche et puissant!

    Montrachet  2000, Comtes Lafon
    Nez très pur, encore sur le fruit, pêche de vigne (?) et fruits blancs. En bouche, une grande droiture minérale et une acidité prédominante, qui induisent une longueur et une persistance exceptionnelles, se perdant dans de beaux amers finaux. A un stade embryonnaire, il promet énormément, pour qui aura la chance de tremper ses lèvres dans ce nectar dans une dizaine d’années, quand ce terroir majuscule, aux caractéristiques idéales, à mi-pente, exposé plein Est, se révélera dans le vin.

    Pour Jacky Rigaux, le terroir, c’est une philosophie, un choix de vie! Il y a des soirs comme cela, où on l’on a envie de se prendre pour un grand philosophe!
    Une dégustation dont on ressort en tout cas ébahi et heureux, pour avoir touché à l‘indicible! Avec la même extase que celle de l’alpiniste qui contemple la vallée depuis le sommet.

    Olif, escaladeur de grands sommets bourguignons!




  • Grand vin du Marquis de Léoville, l'Intégrille!


    Date: le 26/04/2004 à 23:45

    Ou presque! Pas exactement une intégrale, mais pourtant, c'était un véritable marathon auquel nous étions conviés à l'Oenothèque de Leytron, à l'initiative d'une poignée de Passionnés du Vin.com, qui ne se rendaient pas compte de l'ampleur de la tâche.
    Initiée en janvier 2003, cette dégustation orgiaque aura mis 13 mois à se concrétiser, même pas la durée de gestation d'une éléphante!

    Retour sur la genèse de l'événement:

    16 janvier 2003, 7 heures 48. Un Valaisan bordeauphile lance l'idée d'une petite verticale de Léoville Las Cases avec 8 millésimes présents dans sa cave. 3 de ses compatriotes surenchérissent dans la foulée, apportant 9 millésimes supplémentaires.

    7 novembre 2003, 14 heures 27. Le projet, jusque-là en sommeil, refait surface. La vitesse supérieure est enclenchée, mais le moteur tourne encore au ralenti. Un autre Helvète se joint au groupe.

    10 décembre 2003, 9 heures 43. Notre Valaisan, trépignant d'impatience, fait jouer de l'accélérateur. Le moteur commence à monter en régime. Un Parisien spécialiste des vieux millésimes se joint au groupe et à partir de là , tout s'emballe. Dans les jours qui suivent, 5 millésimes se rajoutent aux autres pour porter le total à 17 le 15 décembre 2003. Un Jurassien pas encore totalement bordeauphobe fait acte de candidature pendant qu'un autre vieux millésime fait son apparition.

    20 décembre 2003, 18 heures 54. La date du samedi 24 avril est arrêtée. La dégustation se déroulera en Valais, à l'origine du projet, dans les locaux de l'Oenothèque de Leytron.

    6 janvier 2004, 17 heures 23. La dégustation prend encore plus fière allure par l'apport de 3 millésimes anciens d'anthologie et encore 3 autres qui viennent compléter la série. A la date du 13 janvier, nous en sommes à 24 millésimes différents, allant de 1934 à 2000.

    5 avril 2004, 9 heures 18. 10 autres bouteilles sont venues s'ajouter à la longue liste ce qui nous porte à 32 millésimes, dont un 47 en double exemplaire, mise négoce et mise Château.

    9 avril 2004, 11 heures 34. Visiblement insatisfaits du nombre de bouteilles, nos amis Helvètes décident d'introduire Léoville-Barton 2000 en pirate pour un face à face avec son homologue.

    Dites 33, Monsieur le Marquis! En fait, le compte n'est pas tout à fait bon: 32 millésimes seulement, 33 bouteilles, 1 magnum, 1 intrus, 9 heures de dégustation quasi non-stop! Et ce n'est pas tout! Le lendemain, 5 tubes de dentifrice (celui pour rendre les dents blanches!), 5 boîtes d'Alka-Seltzer, 25 sachets de Bicarbonate de soude! Cette folle journée restera dans les Annales comme celle de tous les records!

    17 avril 2004. Toutes les bouteilles sont arrivées saines et sauves à l'Oenothèque de Leytron, dissimulées dans des paquets jaunes de la Poste Helvétique ou dans le coffre de voitures frontalières. Elles ont une semaine pour se remettre du décalage horaire et se présenter sous leur meilleur jour.

    C'est parti!

    Samedi 24 avril 2004, 12heures 30. Les premiers participants commencent à arriver à l'Oenothèque de Leytron. Les visages sont souriants et détendus, une manière conviviale d'évacuer le stress et la pression. La fébrilité commence à poindre lors de l'installation des bouteilles pour la photo.

    - Mets plutôt celle-là  ici!
    - En ligne droite ou en arc de cercle?
    - Et le magnum, il est mieux où? Devant ou derrière?
    - T'aurais pas vu la 48?
    - Elle est cachée par la 59!

    Crépitements des flashes, aucun doute, ce sont des stars! Les bouteilles, pas nous! Et poseuses en plus!


    Samedi 24 avril 2004, 13heures 30. Les photos à peine terminées, c'est l'heure d'entamer le débouchage et le carafage de certains exemplaires. Tous les sommeliers présents sont recrutés pour cette tâche, ce qui a finalement occasionné beaucoup de boulot à notre ami Fabien. Enfin, ça y'est! Toutes les bouteilles sont ouvertes, tous les dégustateurs sont là , ouvrez le ban, sonnez trompettes, ça va commencer!

    Participent à cette séance, Paski55, Claudius, Yves Zermatten, Alain Winemega, JérômeM, Fabien, Dominique Fornage, un dégustateur Valaisan confirmé et réputé, ainsi qu'un autre Valaisan, ami de longue date de Paski, qui préfèrera sans doute garder l‘anonymat, puisque j'ai complètement oublié son nomgrinning smiley, et votre serviteur, Olif. Xavier « Oeno.ch » qui met les locaux à notre disposition, ne peut malheureusement se joindre à nous, car réquisitionné par l'Armée Suisse à l'occasion de la célèbre Patrouille des glaciers, mais il réussit tout de même à déserter 5 minutes pour nous faire une petite visite-éclair.

    Samedi 24 avril 2004, 12heures 40.Création officielle du Las Cases'Group from Leytron.

    Après moult hésitations, les vins sont finalement servis par séries, dans l'ordre initialement prévu, ou presque, séries qui seront pour certaines fractionnées de manière à ne pas avoir trop de verres simultanément.

    Première série: celle des petits!

    1977: robe grenat encore brillante, légèrement tuilée, nez assez fin, empyreumatique, qui s'étiole assez rapidement. La bouche est un peu mince et manque de consistance.

    1987: robe grenat homogène, premier nez pas tout à fait net (champignon moisi?) qui laisse place à des notes « entre deux », pas complètement tertiaires, de cigare et de prune. Attaque franche, mais vin de demi-corps, manquant de longueur. Probablement passé.

    1991: robe grenat sombre, nez relativement peu expressif, légèrement moka. Plus corpulent que le précédent, je lui trouve une relativement belle concentration pour le millésime, mais tout est relatif! Pour Dominique Fornage, on sent les progrès réalisés en vinification malgré une matière initiale relativement pauvre.

    1992: robe tuilant légèrement, nez marqué par des faux-goûts (pansement, iode, vieux champignon). Demi-corps, longueur correcte, finale acide. Maigrelet!

    1993: robe d' un encore bel éclat. Nez évolué qui libère progressivement des notes empyreumatiques agréables, plutôt moka. En bouche, je lui trouve pourtant des tanins sévères et austères. Plus de matière et mieux structuré que les précédents mais pour moi un millésime sans charme.

    1997: robe juvénile, mais nez finement torréfié, sur le moka, l'arabica. La bouche est séduisante et fondue, équilibrée, même s'il semble surtout tenir grâce à son bois. Un 97 charmeur, séduisant, assez typique de son millésime, et bien évidemment très controversé. A prendre pour ce qu'il est, un vin de plaisir, sans côté racoleur à mon avis.

    Deuxième série: celle des intermédiaires!

    1979: robe grenat évoluée, arômes tertiaires empyreumatiques, légèrement cacaotés, structure encore vive et fraîche, finale un peu courte, mais c'est un vin d'une compagnie très agréable. Plutôt une bonne surprise, même s'il ne faut pas l'attendre indéfiniment.

    1978: robe brillante, ne faisant pas son âge. Nez un peu sur la réserve, très élégant, se révélant par petites touches encore fruitées (prune). Bouche ample, ronde, harmonieuse, étonnamment concentrée. Une très belle bouteille encore loin du déclin.

    1983: robe grenat soutenu, nez intense, sur la réduction (écurie), s'harmonisant à l'agitation. Bouche ample et ronde, bien structurée, finissant sur des tanins un peu amers. Tout à fait correct sans que l'on puisse conclure à un grand vin.

    1994: robe sombre, nez sur la réserve, mais la bouche est vive et fraîche, sans verdeur, bien construite, avec une longue finale. Beau vin, encore très jeune, un des meilleurs 94 que j'aie bu.

    1999: s'il me fallait qualifier un vin de putassier et grossier, ce serait celui-là ! Le nez est très boisé, toasté. La matière est crémeuse, mais avec impression de dilution ou d'assèchement en milieu de bouche. La rétro se fait sur les tanins du bois. Je n'aime guère!

    Troisième série: celle des vénérables anciens!


    1934: l'ancêtre! Robe tuilée mais encore soutenue. Le nez est un peu éteint. En bouche, on retrouve pourtant de la vivacité, sur des notes de prune et de cacao. Respect pour l'aïeul, de l'âge du beau-père de Fabien!

    1947, mise négoce (Cruse): fin septembre, au petit matin, en plein sous-bois à la saison des champignons. Bolet? Tricholome? Non, finalement, liège! Et dire que le bouchon était venu en entier!

    1947, mise Château: robe tuilée mais sombre, nez concentré, puissant, un peu empyreumatique. Un peu d'austérité, une acidité encore marquée, beaucoup de tonus en fait, le rendant très agréable à boire, malgré un durcissement rapide à l'air. Loin d'être passé, une bouteille à consommer rapidement après ouverture.

    1948: poussière de cacao au nez, mais une fraîcheur réjouissante. La matière est somptueuse, les tanins, quoique légèrement poussiéreux, sont très civilisés et délivrent de belles notes empyreumatiques de chocolat. Longue finale toujours vive. Quelle jeunesse! Un superbe vin!

    Quatrième série: celle des robes sombres et denses!

    1985: carafé en dernière minute, le nez s'ouvre peu à peu et le vin se révèle par petites touches. Bien fondu, à maturité, c'est une bouteille très agréable dans un registre plutôt élégant.

    1986: austère, avec des tanins sévères et séchards, il est soit complètement fermé, soit victime d'un problème de bouteille, pardon de magnum. Une déception!

    1988: nez encore fermé, légèrement brûlé, avec un petit côté végétal (poivron) mais bien mûr. Volume imposant, grosse structure et retour du fruit en finale.

    1989: nez fin et racé, et pourtant, grosse concentration, tanins un peu massifs, volume imposant, de la mâche en finale. Une bouteille superlative qui fait malgré tout preuve d'un bel équilibre, un grand vin en devenir.

    Cinquième série: celle des jeunots!

    1995: très fruité (fruits noirs), fine touche boisée, belle structure, plus en élégance qu'en puissance. Classique mais peu expansif.

    1998: nez torréfié, sur le cèdre. Gras et opulent, avec des tanins charnus, enveloppant bien la bouche. Trop facile? D'un style international? Peut-être, mais c'est bon et on sent quand même la race!

    1996: si le boisé est encore présent, le grain est très fin, les tanins sont serrés et la structure fraîche en bouche. Longueur exceptionnelle! Un monstre, à attendre longtemps!

    Sixième série: le match des 2000!

    Je n'étais pas favorable à cette petite digression mais finalement, je ne le regrette pas! Elle nous a fait mesurer combien inconsciemment, nous avions appréhendé le style Las Cases, puisque tout le monde (ou presque) a identifié les vins à l'aveugle.

    LLC 2000: fruits noirs, crème de fruits, liqueur de fruits! De l'alcool, donc, un peu, mais une texture un peu serrée, presque guindée, légèrement poussiéreuse. Un vin d'aristocrate, à boire le petit doigt en l'air!

    LB 2000: gras, riche et opulent, il libère un fruité explosif, sauvage, presque exubérant. Les tanins sont veloutés, d'un soyeux rare. Un côté bohème, débridé, baroque diront certains, qui le rend déjà diablement séducteur. Du fait d'une acidité élevée, il sera considéré comme le plus bourguignon dans l'esprit. Je fonds littéralement!

    Septième série: celle des «légendes»!

    1961, mise négoce (Nicolas): avec celui-là , la légende en a pris un coup! Robe tuilée, nez dérangeant, iodé, évoquant le varech à marée basse. Quelques notes tertiaires finissent par apparaître par vaguelettes successives. Décevant!

    1982: robe sombre, juste évoluée sur les bords. Très beau nez, chocolaté, fruité, puissance et concentration, une grande jeunesse du fait d'une belle acidité. J'aime beaucoup mais c'est un vin très controversé!

    1990: si la robe est belle, le nez est désagréable, marqué par des notes iodées et du bouchon. Un rendez-vous manqué!

    Samedi 24 avril 2004, 20 heures. Fin de la première manche, départ direction Uvrier, à l'Hôtel des Vignes, pour la dernière série qui sera servie en accompagnement du repas. Cela ne fera pas de mal de se remplir l'estomac avec des choses consistantes.

    Petit intermède avec un Johannisberg 1962 de Provins Valais, apporté par Dominique Fornage, une bouteille ayant défié le temps pour livrer une expression étonnamment originale et de toute beauté de ce cépage (le sylvaner) qui a trouvé en Valais une terre d'accueil exceptionnelle.

    Retour ensuite à nos Moutons, euh...à nos Marquis, pour un délicieux et (trop) copieux repas. Les dernières bouteilles furent les plus difficiles à apprécier à leur juste valeur par bon nombre d'entre nous arrivés à saturation. De pourtant bien grands millésimes qui méritèrent une séance de rattrapage le lendemain midi.

    Menu du Samedi 24 avril

    Foie gras au torchon servi sur un pain maison aux lardons
    Fines tranches de coquille d'agneau fumé accompagnées d'une salade de taboulé
    Melon de Cavaillon et jambon de Parme
    Salade asiatique aux ailerons de poulet

    ****

    Petit risotto aux morilles et aux pointes d'asperges

    ***

    Magret de canard au Chutney de mangue
    Pommes paillasson
    Bouquetière avec les légumes du moment

    ***

    Chariot de fromages

    ***

    Fraises marinées à  la Dôle et quenelle de glace vanille bourbon

    Huitième série: ceux du repas!

    1973: robe sombre, évoluée, presque couleur brique. Joli nez tertiaire cacaoté, évoquant les beaux grenaches. Bouche souple et fondue, très agréable. Un vin d'hédoniste!

    1971: évolué, il se caractérise par une petite note de verdeur et une acidité marquée, trop pour ce qui reste de matière.

    1970: souple et harmonieux, dans un registre superposable aux précédents, il se comporte bien mieux que dans mes souvenirs. L'acidité, également présente, est mieux équilibrée.

    1975:encore du fruit (petits fruits à noyaux), une structure droite, rectiligne, avec des tanins encore bien marqués et peut-être un peu d'austérité due au millésime. La matière est belle et la tenue à l'air remarquable (il n'aura pas bougé d'un iota le lendemain midi, il se sera même amplifié). Pour amateur encore patient!

    1966: nez tertiaire magnifique, cacao, pruneau, sous-bois. L'harmonie d'un beau Bordeaux à maturité. Une très belle bouteille que j'ai beaucoup appréciée malgré la lassitude qui commençait à s'installer.

    1955: encore beaucoup d'allant, de la rectitude presque, même s'il s'exprime moins agréablement que le 66. Il ne dépare pas dans cette ultime série, même si les papilles demandent bientôt grâce!

    1959: probablement un des sommets de la soirée et de la journée. Encore très sur le fruit (cerise) avec un petit côté noyau, il est très tonique, presque autant que son conscrit valaisan. Une grande bouteille dans un grand millésime!

    Dimanche 25 avril, 0 heure. Les valeureux rescapés de ce marathon décidèrent d'un commun accord de clôturer la soirée. Rude journée qui a vu un des favoris abandonner en cours d'épreuve, au début du 8ème round, pour raison médicale, et où un deuxième a été quasiment porté à bout de bras et de paupières pour arriver à franchir la ligne d'arrivée, terrassé à la fois par un hoquet opiniâtre et un sommeil du juste. Je me demande si pour la prochaine verticale, il ne faudra pas exiger un certificat médical au départ de l'épreuve.(aaa)
    A l'heure de se coucher, tout le monde arborait fièrement un sourire estampillé « Las Cases », les dents joliment colorées de tous les tanins de la journée. De quoi faire de beaux rêves au pied des montagnes valaisannes, toujours coiffées de leur blanc bonnet.

    Dimanche 25 avril, 0 heure 15.Dissolution officielle du Las Cases'Group from Leytron! C'est la fin d'une belle aventure qui se poursuivra néanmoins jusqu'à la fin d'après-midi, sur une terrasse surplombant la ville de Sion, de quoi réviser encore un peu!

    C'est fini!

    Si je devais résumer cette verticale en quelques mots, je dirais que le Grand vin du Marquis de Léoville est effectivement un grand vin, qui s'en tire cependant de façon irrégulière suivant les millésimes. Plus grand ou aussi grand que les plus grands, je ne sais, mais pour qui a eu le bonheur de tremper ses lèvres dans un 1947, un 1948, un 1959, un 1966, un 1978, un 1989, un 1996, un 1998, voire un 2000 (même si sur ce coup-là , Barton m'a plus impressionné!), cela ne fait aucun doute! Monsieur le Marquis est bien une légende bordelaise!

    Olif

     

  • 1963, Mission (Haut-brion) impossible ?

     

    Date: le 05/10/2003 à 17:59

    Cette Mission, si vous l'acceptez, consistera à  goûter (et plus, si affinités) un vin du millésime 1963, réputé être un des plus piteux de la deuxième moitié de XXème siècle.

    La Mission Haut Brion 1963, vin de Graves

    Musique: Ta ta! tatata ta! ta tata ta! tatata!

    La bouteille d'abord ! Elle est plus grande qu'une bouteille normale ! En fait, cela s'explique: c'est un magnum !
    L'étiquette a beaucoup de choses à  nous raconter : elle trahit ses origines mais il faut l'habitude d'un expert pour la faire parler! Visiblement conservée dans une bonne cave humide et sur des porte-bouteilles en métal (elle est un peu déchirée et roulée sur elle-même par endroits), elle inspire confiance!
    Le bouchon est complètement imbibé, un peu mou, et malgré une manoeuvre prudente d'extraction avec un château Laguiole, il se casse à  la base, juste au niveau de la mention du millésime. 1963 ! Mon coeur palpite d'émotion ! Miracle ? Les effluves qui se dégagent sont fort alléchantes, déjà  au niveau du bouchon en lui-même, puis au dessus du goulot.

    La robe est grenat évoluée, mais encore sombre, brillante, limpide et d'un superbe éclat. Il se dégage des senteurs de prune, de vieux cuir, de sous-bois (pas trop marqué). Intensément aromatique, subtil, ce nez est vraiment très beau et enivrant !
    En bouche, les tanins sont joliment fondus, le vin est rond, charnu, d'une constitution irréprochable. De faiblesse ou de creux, point ! Un modèle d'équilibre ! Long et intense !

    Au delà  de l'émotion procurée par la découverte de mon année de naissance, la satisfaction de boire un vieux vin qui en remontrerait aux jeunes, dans un millésime sur lequel personne ne miserait un kopeck, fut source de grande satisfaction. 40 ans et une jeunesse incroyable, c'est tout moi, tiens !

    Ce merveilleux magnum a éclipsé les petites soeurs sélectionnées pour l'accompagner : La Mission 86 en bouteille, au nez très expressif mais austère et fermé en bouche, et La Chapelle de la Mission 98, en demi-bouteille, plutôt bien construit mais ne jouant pas dans la même cour.

    Un grand moment gustatif! Si vous avez eu 40 ans cette année, ruez-vous sur tous les magnums de La Mission Haut-Brion 1963 que vous pourrez trouver!

    Olif