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Dives bouteilles ... - Page 10

  • Diverses bouteilles belges!

    Date: le 13/10/2004 à 21:42

    Belges par leurs propriétaires, mais françaises par leurs origines. Elles ont pourtant bel et bien été bues en Belgique au cours d'un week-end mémorable (une verticale de Beaucastel d'anthologie!), mais ne méritent pas d'être complètement éclipsées.

    Grange des Pères blanc 2000, Vin de Pays de l'Hérault
    Dégusté « à froid », après une longue route, sans être encore en condition, ce vin m'a pourtant séduit par son côté incisif et son élégance. Le même, version 2001, avait été carafé du fait de la présence de gaz et se montrait sous un jour oxydatif, beaucoup plus fermentaire, ce qui n'était pas non plus pour me déplaire. Une bouteille à défaut (et pas défectueuse!), mais j'aime les vins à défaut (et pas défectueux!)!

    Charmes-Chambertin 1999, Philippe Charlopin
    A l'aveugle, sa robe sombre et son premier nez m'entraîneraient presque vers le Roussillon, du fait d'un côté très mûr, presque solaire. Du bois, très fin et grillé, il y en a aussi, puis le pinot noir se révèle enfin, avec ses notes fruitées denses, un peu terreuses.
    La structure est imposante, volumineuse, à la trame encore un peu serrée mais non dénuée de charme, qui devrait avoir beaucoup de choses à raconter dans les prochaines années.
    Probablement plus Charlopin que Charmes-Chambertin, mais c'est très bon et très bien fait!

    Château Rieussec 1983
    A l'aveugle également. Sa magnifique robe ambrée, presque cuivrée, encore pourvue d'une belle brillance, et ce nez botritysé, avec un rôti caractéristique, nous emmènent d'emblée à Sauternes. La bouche possède un petit côté rancio, fruits secs, qui se développe et ajoute à la grâce de l'instant. Plus moelleux que liquoreux, un tel vin incite à laisser vieillir patiemment ses Sauternes. En cave, parce que la même bouteille, le lendemain, était usée prématurément, supportant mal une aération prolongée.

    Côtes du Jura 1999, Savagnin, Luc et Sylvie Boilley
    Nez sur les agrumes, la pomme verte, le calva. La première gorgée, le palais encore parasité par un morceau de gingembre confit, servi sur une brochette de Comté à l'apéritif (le sacrilège!), fait douter sur d'éventuelles notes liégeuses, qui ne se confirment pas une fois les papilles de nouveau calibrées, et après avis du sommelier, qui le trouve « Comme d'habitude! ». Craignant qu'il soit too much pour nous (« Vous savez, le Savagnin est un cépage particulier! »), il nous propose d'ouvrir à la place un Chardonnay. Que nenni! Nous connaissons et aimons le Savagnin!
    Le caractère oxydatif de cette cuvée s'affirme au fur et à mesure de l'aération, pour réaliser un accord plutôt réussi avec des Saint-Jacques rôties au Noilly-Prat. Je reconnais qu'il y a là tout de même de quoi dérouter l'amateur non averti, la grimace de mes voisins de table ne m'ayant pas échappé!smiling smiley

    Domaine Santa Duc 2001, Gigondas
    Le nez de fruits rouges très mûrs évolue par la suite vers des nuances animales, plutôt fourrure. Beaucoup de classe dans la persistance des arômes, ainsi que dans la structure en bouche. Très beau vin, idéal avec le gibier.

    Après tout!!! 2000, François Villard
    Une curiosité rhodanienne, un moût de raisins partiellement fermentés, récolté en décembre 2000 (marsanne, viognier, syrah). Symphonie d'automne finissant, avec des fruits secs, des épices, de l'abricot sec et encore des figues séchées. Un équilibre presque aérien, malgré les 13° d'alcool et les 140 grammes de résiduel, tout en finesse, avec une finale bien enveloppée, fraîche et vivace. Tellement bon qu'on dirait un vin de Paille jurassien!smiling smiley

    Olif

  • Ah! Quel Beau Castel!

    Date: le 11/10/2004 à 19:58

    ...ou A la recherche de l'équilibre méridional ...!

    Rarement un domaine n'aura porté aussi bien son nom! Réunis par la passion du vin (et par La Passion du Vin), 16 millésimes du Château Beaucastel en rouge, complétés de 4 millésimes de la cuvée Vieilles Vignes en blanc, (ainsi qu'un pirate, pour que le compte soit bon!), se sont alignés sur la table de l'Ecole d'Hôtellerie de Florennes, en Wallonie. Au pays de la bière, au cÅ“ur d'une région très « wallonnée », dont les courbes joliment arrondies répondent à celles des autochtones du beau sexe, aussi délicatement rebondies. Fin de l'aparté poétique!

    Les Blancs


    On commence par les blancs, servis dans un ordre de millésime décroissant, et augmentés d'un intrus à l'aveugle. Les robes sont similaires dans les teintes, plus soutenues en 1997 et 1999, presque ambrées, hormis celle du dernier verre, immédiatement identifié comme étant l'intrus, beaucoup plus claire, jaune pâle.

    Château Beaucastel 2000 Vieilles Vignes
    Le nez est miellé, sur des notes un peu fermentaires de coing, de pomme cuite. La texture est onctueuse, élégante, grasse, limite huileuse, affichant une belle longueur. Son immédiateté le rend très aimable et plaisant.

    Noté: le plus séducteur!

    Château Beaucastel 1999 Vieilles Vignes
    De prime un peu moins ouvert, il ne se dévoile qu'à l'aération pour s'imposer comme le plus dense et le plus profond. Moins gras que le précédent, il possède en contrepartie un meilleur équilibre du fait d'une tension beaucoup plus ferme.

    Noté:le plus profond!

    Château Beaucastel 1998 Vieilles Vignes
    Visiblement en provenance de Liège, dont il a rapporté le célèbre goût, il aurait eu pour lui une structure plus que bien bâtie. Le bouchon l'emporte néanmoins sur la pomme! Dommage!

    Noté:vrouklets! (le plus bouchonné en franco-provençal des Fourgs!)

    Château Beaucastel 1997 Vieilles Vignes
    Miel et amande, sur fond de tarte tatin, s'affichent dans un style légèrement oxydatif, portés très loin et pendant longtemps par une acidité marquée. Un peu strict dans son expression pour l'instant, c'est un style que j'aime beaucoup et qui devrait à mon avis acquérir de la grandeur au vieillissement.

    Noté: le plus oxydatif!

    Château Rayas 2000
    Est-ce la différence de couleur qui joue en sa défaveur? Mais à l'image de sa robe un peu pâle, il fait pâle figure derrière Beaucastel, manquant de chair, maigrelet, presque aqueux et dilué. Décevant!

    Noté : le moins Beaucastel!

    Fin de la série des blancs avec une plutôt très bonne impression sur cette cuvée Vieilles Vignes, malgré la bouteille bouchonnée, et le sentiment d'avoir dégusté un vin dense et profond, riche et élégant, taillé pour affronter les meilleurs plats en cuisine.

    Les rouges:


    Les vins sont servis par série de 5, par ordre de millésime décroissant, hormis le 1969 qui est dégusté seul, en dernière position.

    Château Beaucastel 2001
    Une bombe de fruits noirs qui pète au nez, accompagnée de réglisse et de goudron, avec des plumes aussi, ce qui rend les tanins soyeux et patinés, dans un style résolument sudiste, rétrospectivement différent de celui des vins qui vont suivre.

    Noté:le plus éclatant!

    Château Beaucastel 2000
    Un nez riche et complexe, fruité, floral, légèrement viandé, épicé (cannelle), d'une élégance folle. Tout en finesse, il ne roule pas les mécaniques, s'imposant en douceur et dans la durée.

    Noté: le plus élégant et racé!

    Château Beaucastel 1999
    Une matière dense, fermée et austère, avec des tanins encore ardus. Je ne l'ai pas bien goûté ce soir-là , tout en lui reconnaissant un grand potentiel. Il mérite d'être revu dans quelques années. Il n'y a pas urgence!

    Noté:Noté: le plus sévère!

    Château Beaucastel 1998
    Attention, bouteille à controverse! Pour moi, il n'y a aucun doute, elle est bouchonnée! Révélant une usure prématurée par déséquilibre et défaut de structure, pourtant imposante, il est clair qu'il s'agit d'un problème de bouteille. Pas évident pour tous, le débat contradictoire est ouvert!

    Noté: 98, blanc et rouge, même combat!

    Château Beaucastel 1997
    De la série, c'est le seul dont la robe commence à briquer légèrement. C'est également le seul à jouer dans le registre animal, pas trop prononcé, accompagnant un fruité bien présent encore, griotte et pruneau. Il commence à être bien fondu et se boit avec délectation.

    Noté: le plus miaou!

    Château Beaucastel 1996
    Un bien joli nez que ce 96 (prononcer nonante-six!)! Pruneau, griotte, un peu chocolaté, il donne de belles raisons d'espérer. Las! La bouche est loin d'être à la hauteur! Malgré la vigueur de l'alcool, l'acidité l'emporte pour créer dissociation et déséquilibre dans la finale. C'est bien dommage!

    Noté:le plus dissocié!

    Château Beaucastel 1995
    D'abord fermé, le nez s'ouvre sur des notes de café, de griotte et de pruneau. La structure est dense et serrée, délivrant avec parcimonie des notes de pruneau, et semble prometteuse. Un vin qui nécessite encore du temps.

    Noté: le plus fermé?

    Château Beaucastel 1994
    Un vin à  maturité, tertiaire mais encore fruité, fondu, aux tanins souples et agréables, procurant un réel plaisir.

    Noté: le plus inattendu!

    Château Beaucastel 1993
    Dans le même registre que le 1994, mais relativement plus souple, un peu moins charmeur, à la structure légèrement déliquescente en finale.

    Noté: le plus à  boire!

    Château Beaucastel 1990
    Le nez est déjà évocateur! Nous avons là une des grandes bouteilles de la soirée. Très complexe et riche, il respire l'harmonie. Cuir, musc, pruneau, chocolat, Dermaplast (un genre de pansement helvétique!). Une véritable symphonie d'arômes qui accompagne merveilleusement une structure sans faille!

    Noté: le plus épanoui!

    Château Beaucastel 1989
    Avec cette troisième série qui débute, on arrive de plein pied dans des vins ayant atteint leur phase de maturité et qui doivent démontrer leur aptitude au vieillissement. Les robes sont encore toutes bien soutenues, comme celle de ce 89, qui ne fait pas son âge. Il peine plus à se dévoiler que le 90 bu juste avant. Dans un registre empyreumatique (cacao), il possède des tanins encore un peu serrés au sein d'une matière imposante. Il est loin d'avoir dit son dernier mot!

    Noté:le plus dense?

    Château Beaucastel 1988
    Le registre commence à devenir classique: cacao, cuir, griottes. Sa solide carapace commence à s'effriter pour le rendre accessible. Il parvient en plus à garder de la fraîcheur grâce à une grande et belle acidité bien intégrée.

    Noté:le plus frissonnant?

    Château Beaucastel 1985
    Derrière le 88, il apparaît comme beaucoup plus évolué, développant des notes tertiaires de musc, de pansement, de pruneau. Il tient encore bien le choc même si ce n'est plus sur lui qu'il faut compter pour une grande garde.

    Noté: le plus tertiaire!

    Château Beaucastel 1983
    Le retour de la bête! Très fondu également, il joue dans un registre plus animal que le précédent. Souple et harmonieux! C'est également lui qui possède la robe la plus évoluée de la série.

    Noté: il en reste encore beaucoup à déguster?

    Château Beaucastel 1981
    La robe est toujours très sombre. Ce vin ne fait décidément pas son âge! Empyreumatique dans son aromatique, il possède toujours beaucoup d'allant, sans creux ni faiblesse, et en remontrerait à bien des petits jeunes.

    Noté: le plus jeune des anciens?

    Château Beaucastel 1969
    Le petit dernier pour la route! A donner le tournis! La robe est tuilée mais encore soutenue et homogène. Encore beaucoup de vigueur, avec des arômes de cacao, de malt, de cognac, témoignant de sa puissance alcooleuse qui tient encore magnifiquement la distance. Déclinant pour certains, je pense que sa grande longueur est là pour démontrer le contraire. Il a logiquement perdu de sa rondeur fruitée mais il nous mène encore bien loin.

    Noté: le plus érotique!

    Après un tel monument à la gloire du plus bel âge, il est temps de reposer les papilles. S'il fallait faire un quinté de l'émotion et du plaisir procuré, ce serait 1969, 1989, 1990, 1988, 2000, 1981, 1997 et 2001. Cela fait beaucoup pour un quinté, même +, mais cela permet de souligner la régularité et l'homogénéité des vins produits par Beaucastel. Mis à part le 1998, à regoûter, et le 1996, souffrant de la faiblesse du millésime, tous les vins sont d'un très haut niveau qualitatif, faisant de cette superbe verticale un moment d'exception. On peut également relever de façon presque curieuse et paradoxale, puisque contraire à sa réputation, que très peu de vins s'exprimaient sur un mode animal. Je l'ai presque regretté!

    Beaucastel? Un monument de finesse dans un monde viril!

    Olif



  • Aberlour, « La bouche du ruisseau qui murmure »

    Date: le 25/09/2004 à 16:36

    Petit intermède écossais en cette période de vendanges débutantes, la rencontre de L.A.C.A.V.E. avec deux représentants de la maison Pernod, venus nous inculquer quelques notions sur cette distillerie du Speyside appartenant à leur groupe, réunion suivie d'une fort intéressante dégustation des fleurons de la maison, augmentés de quelques intrus, puis d'un excellent repas concocté par notre alchimiste favori, Pierre-Yvan Boos, du restaurant L'Alchimie à  Pontarlier.

    Située dans la vallée de la Spey, au pied du Mont Ben Rinnes, la distillerie d'Aberlour fut fondée en 1879 par James Fleming, qui réussit d'emblée à la placer dans le peloton de tête des distilleries, en hommes d'affaires avisé qu'il était. Après plus d'un siècle d'évolution et de changements, Aberlour jouit toujours d'une aussi bonne réputation et produit un certain nombre de malts parmi le haut du panier. Son nom dérive du gaélique « Lour », qui signifie « ruisseau bavard, qui murmure », en raison du caractère tourbillonnant et bouillonnant de ses eaux, qui dévalent le Mont Ben Rinnes de cascades en cascades avant de rejoindre la rivière Spey à l'aber-lour, la « bouche du ruisseau qui murmure ».

    Il est long le chemin qui sépare ce « New Spirit » incolore, un alcool brut d'alambic issu de la distillation de l'orge fermentée, du Single embouteillé! Il faut pour cela passer par deux autres étapes, l'une correspondant à de l'Aberlour de 10 ans élevé en fût de Bourbon, à la couleur paille très claire, l'autre au même orge fermenté élevé 10 ans en fût de Sherry, et qui présente alors une robe un peu plus ambrée, les deux produits seront alors assemblés 50/50 pour produire la version que nous connaissons en bouteille. Instructif de humer la différence entre les trois échantillons!


    Après ces quelques notions théoriques émaillées d'exemples concrets, place à  la pratique, la dégustation proprement dite:

    Aberlour 10 ans
    Robe paille, à peine ambrée, la résultante d'un assemblage de 50% de fûts de Sherry et autant de fûts de Bourbon. Le premier nez est typique de cette version, paraît-il, très caramel au lait. Le deuxième nez, après adjonction d'une goutte d'eau, laisse apparaître la complexité, avec une sensation très fruitée qui souligne des notes boisées. L'attaque est ronde et suave, la finale miellée et poivrée. Un Single harmonieux, qui monte en puissance progressivement, d'un excellent rapport Q/P.

    Glenfiddish 12 ans d'âge
    Un premier intrus, dégusté dans un but comparatif. Le premier nez est un peu piquant, sur le feu de l'alcool, mais avec une petite touche mentholée qui permet de maintenir un certain degré de fraîcheur. Le deuxième nez, après ajout d'une goutte d'eau, voit le feu s'assagir une peu. L'attaque en bouche reste chaude, un peu acide, avec révélation d'un peu d'amertume en finale, limite sensation d'astringence.

    The Balvenie Doublewood, 12 ans d'âge
    Un Single élevé 10 ans dans des fûts de Bourbon puis 2 ans dans des fûts de Sherry. Le premier nez est fumé, un peu tourbé, miellé, malté, assez puissant en fait, riche et complexe, avec apparition dans un deuxième temps de notes de suie. Après adjonction d'eau, les arômes évoluent vers des notes de fruits secs, de miel, de vanille. D'une grande douceur en bouche, rond et enveloppé, c'est un Single « coup de poing » car il ne possède pas une grande longueur. Il s'exprime dans l'urgence, surtout en attaque, mais je dois reconnaître que j'aime beaucoup.

    Aberlour 15 ans, Cuvée Marie d'Ecosse
    Une bouteille réservée au marché français, pour cause d'homogénéité de gamme (impossible de préserver une telle qualité si les volumes devaient être plus importants). Merci Pernod!
    Les meilleurs fûts d'Aberlour 10 ans vont donc vieillir 5 ans de plus pour produire cette cuvée (80% de fûts de Sherry, 20% de fûts de Bourbon).
    Un premier nez très Sherry, justement, sur le kirsch et la cerise à l'eau de vie (un peu pareil, me direz-vous!), puis le deuxième nez délivre des notes plus fruitées, vanillées, avec un peu de miel et surtout une touche de cuir! Comme un cartable neuf à la rentrée! Rond et ample en bouche, la finale est plutôt longue et épicée, évoquant le gingembre. Encore une fois un très beau Malt, riche et complexe.

    Aberlour A'bunadh
    Prononcer [A bounache], c'est du gaélique! Un Single brut de fût, non réduit, qui titre 59,8°. Un Single sans âge, mais d'une moyenne de 17 ans, car issu d'un assemblage entre un 22 ans et un 25 ans, complété par un fût de 7 ans dans le but de rehausser le niveau alcoolique. Fort joli flacon, d'ailleurs, de type pharmaceutique, pour rappeler les us et coutumes du début du siècle où les habitants du village d'Aberlour passaient à la pharmacie récupérer un flacon médicinal vide pour aller le remplir directement au fût à la distillerie sise juste en face.
    Le premier nez exprime à merveille tout le classicisme et la richesse de ce Single: Toffee, Sherry et vanille! En bouche, c'est gras et huileux, caressant, avec des arômes complexes de cuir, de chocolat, de vanille bourbon, un peu à la manière d'un vieux Rhum, de fruits secs, un peu à la manière d'un vieux Tokaji. Aucune agressivité malgré la puissance de l'alcool, mais une grande maîtrise de bout en bout. Un Single riche, ample, puissant et complexe, la synthèse de tout ce qu'on peut espérer trouver dans un alcool de ce type. Magnifique! A réserver évidemment à l'après dîner.

    Olif, pour L.A.C.A.V.E.

  • Land of Scotland par L.A.C.A.V.E.

    Date: le 28/06/2004 à 22:59

    La dégustation estivale de L.A.C.A.V.E., le club de Whisky de Pontarlier, centrée sur cette gamme de Single Malts produite par Signatory, devait se dérouler en plein air, autour d'un grand feu, pour saluer l'arrivée de l'été, Pierre-Yvan Boos, du restaurant L'Alchimie à  Pontarlier, se chargeant de nous concocter quelques grillades pour prolonger la soirée! Les mauvaises langues disent que dans le Haut-Doubs, les deux mois les plus froids de l'année sont juillet et août car ce sont ceux où on arrête le chauffage! Cette fin juin 2004 n'a pas réussi à  faire mentir le dicton. Il fallait être vraiment motivé pour pique-niquer en soirée à 1100 mètres d'altitude! C'est donc dans les locaux de l'Alchimiste que la séance s'est déroulée, comme de coutume.

    Land of Scotland, des single malts censés être représentatifs des différentes régions écossaises. Vieillis en fûts de chêne neufs et ayant subi chacun 3 distillations successives, ils ont pour caractéristiques de tous présenter une robe très pâle.

    Petite mise en bouche avec un blend pour commencer.

    Benveg, 40°
    Couleur ambrée. Un whisky de grain avec une touche réglissée au nez. Très fruité en attaque, il termine sur une finale un peu brûlante. Bien fait, plutôt plaisant, c'est un bon whisky d'apéritif.

    Western Isles 1993
    Nez sur la farine de froment. L'attaque est franche, nette, limite agressive car l'alcool prédomine, mais ensuite la structure se canalise, se calibre, l'alcool se fond progressivement dans la bouche pour finir sur des notes de rhubarbe. Très longue persistance et grande élégance pour un malt à  forte personnalité.

    Speyside 1994
    Produit de d'une seule distillerie, Drumdich, qui a refait surface en 1993. Nez farineux assez agréable. Un malt rond et fruité, presque gouleyant en entrée de bouche, pas très complexe mais qui donne l'impression de vouloir glisser tout seul. L'alcool est pourtant bien là , mais la finale n'est pas chaude, la bouche restant bien fraîche.

    Orkney 1996
    Un nez plutôt discret, mais il possède de la rondeur en bouche. Cependant, la finale est un peu sévère et alcooleuse, légèrement tourbée et iodée, limite pharmaceutique. Bof!

    Islay 1998
    Un malt qui provient en grande partie de Balblair. Nez tourbé et iodé assez classique pour un Islay. Souplesse en attaque, manque d'ampleur en milieu de bouche, finale brûlante, un Single qui ne me convainc pas totalement, même s'il n'est pas franchement désagréable.

    5 malts pour une séance, c'est déjà  pas mal ! Des Single Malts très abordables et dont il faut souligner l'exceptionnel rapport Q/P, un bon apprentissage pour le néophyte que je suis. Place au pique-nique, installés confortablement et au chaud. Un casse-croûte amélioré à  ce point, c'est du bonheur! Mention spéciale pour le dessert, une variation autour du whisky, avec une glace au goût de fumé, une mousse de Whisky, et un mini Irish Coffee. Compliments au chef!

    Olif et L.A.C.AV.E.



  • Les Gars du GJP font Les Baux...

    Date: le 29/09/2004 à 23:03

    ...et les filles du GJP sont belles!

    Les Baux de Provence! Un haut-lieu touristique et pittoresque, au coeur des Alpilles, ce massif rocheux qui fleure bon la Provence, les cigales et les oliviers. Une appellation également, née en 1995, après scission d'avec les Coteaux d'Aix, qui se caractérise par un climat plus chaud et ensoleillé, donc souvent plus précoce, avec une exposition nord-sud et des vignes, balayées par le mistral, sur des sols calcaires. L'encépagement est souvent restreint au tandem grenache-syrah, éventuellement complété par du mourvèdre et du Cabernet Sauvignon, minoritaire, ce qui a conduit le plus célèbre domaine du secteur, le domaine de Trévallon, à se ranger au sein des Vins de Pays des Bouches du Rhône. Les rendements sont bas, rarement au-delà de 30 hl/ha, souvent moins. Des vins supposés exprimer au mieux leur terroir minéral, et ce d'autant qu'un certain nombre de domaines se sont convertis à la biodynamie.
    332 ha répartis sur 13 domaines qui revendiquent l'appellation, Trévallon exclu, donc.

    Cette dégustation s'est déroulée chez le Seb, qui a pris en charge la partie logistique. 3 blancs et 7 rouges, dégustés à l'aveugle au décours d'un petit repas de fort belle facture: amuse-bouches puis carpaccio de saumon avec les blancs, côte de boeuf grillée avec les rouges. L'ordre de service des rouges s'est effectué de façon aléatoire, après carafage d'une demi-heure, sauf pour Trévallon, carafé 3 heures au préalable.


    Les Blancs:

    Mas de la dame 2001, Coteaux d'Aix en Provence
    Robe claire, nez plutôt floral, un peu miellé, avec un côté minéral déjà marqué, pour tout dire très agréable. La bouche n'est pas tout à fait à hauteur du nez, un peu molle, malgré des notes minérales marquées à la limite du pétrole. Décapant! Pas désagréable, si ce n'est son caractère alangui qui aurait peut-être été atténué par une température de service plus fraîche.

    Noté: Tintin au Pays de l'Or Noir!

    Domaine Hauvette 2002, Vin de Pays des Bouches du Rhône
    Robe claire, brillante, nez raffiné sur le fleurs blanches. La bouche se révèle également un peu molle, mais il possède beaucoup de profondeur. On pourrait lui préférer plus de vivacité mais c'est un vin très séduisant, qui s'épanouirait probablement plus sur un poisson en sauce qu'un carpaccio de saumon appelant plus de minéralité.

    Noté: un Vin de Pays des Fines Bouches (du Rhône)!

    Mas Sainte-Berthe 2001, Vin de Pays des Bouches du Rhône
    La robe est franchement trouble, homogène. Le nez, un peu piquant, sur la pomme verte et les fruits blancs. En bouche, un très léger perlant vient rehausser le vin, lui apportant du nerf et de la vivacité. Un assemblage original, 70% roussanne, 30% grenache, qui a tout pour plaire.

    Noté: Personne n'a vu mes lunettes?

    Les Rouges:

    Domaine Hauvette 1995, Les Baux de Provence
    Le premier millésime de l'appellation, une bouteille anniversaire offerte par le caviste de Rev', Pierre Muller, sans certitude sur son évolution. La robe est justement évoluée, un peu tuilée. Le nez développe de fines notes empyreumatiques de cacao sur un fruit encore bien présent. Les tanins sont légèrement asséchants en finale, un peu stricts, n'incitant pas à le conserver encore bien longtemps, mais c'est une bouteille plutôt très agréablement fondue.

    Noté: la (bonne) surprise de la soirée!

    Terra d'Or 2000, Chapoutier, Coteaux d'Aix
    L'intrus rouge de la soirée, en provenance du terroir voisin. Sa robe sombre tranche avec celle de son sparring partner! Le premier nez est plutôt violent, sur le vernis à ongles, le dissolvant. La bouche est volumineuse, massive et ample, loin d'être dénuée de charme. Beaucoup de matière, qui s'étire interminablement dans une finale aux tanins croquants, encore un peu sévères. Un vin d'homme, assez viril, mais au potentiel énorme. A attendre, mais avec grand plaisir!

    Noté: le gros bras de la soirée, mais un coeur d'or!

    Château Romanin 2000, Les Baux de Provence
    Robe soutenue, nez fruité, agréable et fondu, auquel on pourrait reprocher un petit manque de vigueur et de personnalité. La bouche est souple, aimable, presque un peu trop pour moi, surtout derrière Terra d'Or. Globalement bien fait, il a du mal à me séduire complètement.

    Noté: le préféré de ces dames!

    Mas de la Dame 2000, Coin Caché, Les Baux de Provence
    Bouchonné! Ce coin-là  le restera définitivement, caché!

    Noté: j'suis vraiment caché!

    Domaine Hauvette 2000, Les Baux de Provence
    Un fruité très mûr saute immédiatement au nez, très plaisant. En bouche, les tanins sont déjà bien arrondis, civilisés, développant un beau volume. L'anti-thèse de celui qui va suivre mais un vrai vin plaisir.

    Noté: droit dans le mûr!

    Domaine de Trévallon 2000, Vin de Pays des Bouches du Rhône
    La « star » attendue de la soirée, et à mon grand soulagement, il n'a pas déçu! Ma première rencontre avec un vin d'Eloi Dürrbach! Les notes finement grillées du nez, témoignant d'un très beau boisé, viennent souligner délicatement les réjouissantes notes fruitées. Classieux et élégant, il révèle en bouche de subtiles notes d'olive noire et de tapenade, qui viennent nous rappeler que l'on est bien aux Baux de Provence, même si ce n'est pas revendiqué. Assemblage Syrah-Cabernet Sauvignon 50/50.

    Noté: une star au firmament!

    Mas Sainte-Berthe 2001, Cuvée Louis David, Les Baux de Provence
    On change radicalement de style avec le dernier rouge de la soirée. Sur les fruits frais, le pamplemousse et les agrumes, agréablement mentholé, il dispense une fraîcheur bienvenue. Et s'il semble moins complexe au premier abord, il n'en procure que plus de plaisir. 35% grenache, 40% Cabernet Sauvignon, 25% Syrah.

    Noté: Goliath n'a qu'à bien se tenir!




    Les vins de dessert
    Avec cette catégorie, on s'éloigne évidemment des Baux. Il fallait faire confiance au Seb pour nous dénicher quelques perles!

    Klein Constancia 1990, Vin de Constance
    La robe est ambrée. Le nez, sur le raisin croquant, évoque le muscat. Nous partons tous allègrement à Rivesaltes! Son côté légèrement oxydatif qui s'exprime dans des notes de fruits secs ne l'empêche pas de développer une séduisante liqueur, ronde, caressante, enveloppante, qui perdure dans une finale interminable, marquée par des notes de mine de crayon.

    Noté: il avait bon goût, Napoléon!

    Domaine de la Rectorie, L'oublée, Banyuls Hors d'âge
    La robe est ambrée également, plus soutenue, presque cuivrée. Un magnifique rancio emplit le nez et la bouche, appelant (en vain) le Havane. Des arômes envoûtants et un côté très sec, très peu liquoreux, finissent de subjuguer.

    Noté: après ça, il n'y a plus qu'à aller se coucher!

    Fin de la séance! Encore une bien belle soirée, avec des flacons de haut niveau, tant en blanc qu'en rouge (les liquoreux sont hors concours!), qui viennent nous rappeler que les Baux de Provence est une appellation à ne pas négliger dans ses choix, avec des vins très souvent d'un excellent rapport Q/P. Si vous êtes sages, la prochaine fois, nous testerons également les huiles d'olive!

    Olif, pour le GJP


  • Le Cellier des Templiers, ambassadeur des vins de Banyuls en foire-expo!


    Date: le 11/09/2004 à 22:42

    Cette vénérable institution qu'est le Cellier des Templiers, à  la force de vente éprouvée, inspirée des méthodes de feu notre Henri Maire jurassien, était bel et bien présente dans le Haut-Doubs à  l'occasion de la Haute foire Gastronomique de Pontarlier. L'occasion d'un petit dépaysement et d'un passage en revue de (presque) toute la gamme.


    On attaque par les Collioure, vinifiés de façon parcellaire.

    Domaine de La Banette 2001
    Totalement fondu et harmonieux, d'une agréable souplesse, il vaut mieux le boire rapidement pour profiter de ses jolis arômes de pruneau.

    Château des Abelles 2003
    Seulement un mois de bouteille, récolté avec des rendements de 15-20 hl/ha, et déjà , il exprime magnifiquement les caractéristiques de ce millésime 2003 par son côté suave, voluptueux et fruité. Un petit délice!

    Abbaye de Valbonne 2002
    Sept mois de vieillissement en fût. Si le boisé n'est pas trop marqué, le fruité est moins étincelant et le côté alcooleux ressort. A sa décharge, le vin est probablement servi trop chaud, à  la température régnant sous le vaste chapiteau.

    Il est temps de passer aux Banyuls!

    Banyuls Grand Cru, Viviane Le Roy 1993
    Robe acajou clair, nez marqué rancio, sur les fruits secs et les amandes. La bouche d'abord arrondie en attaque, devient vive très sèche, longue et intense. Il s'agit d'un vin vinifié en sec qui ne me semble pas avoir la puissance et la richesse d'un Palo Cortado, même si mon expérience dans ce domaine n'est pas encore importante.

    Banyuls Grand Cru Henri Canis 1994
    Il s'agit là  d'un demi-sec. La robe est toujours acajou, mais beaucoup plus soutenue, limite foncée. Beaucoup plus rond, l'équilibre demi-sec le rend également plus harmonieux et accessible.

    Banyuls Grand Cru Amiral Vilarem 1996
    Il s'agit d'un Grand Cru Rimatge mise tardive. La couleur est pruneau, la bouche un concentré de fruits rouges, cerises, fruits à  noyaus, légèrement kirschée, mais l'alcool passe magistralement.

    Banyuls Grand Cru Président Vidal 1993
    C'est un doux, à  la couleur tuilée, pruneau, mais encore brillante. Son côté très doux le rend chaleureux et séduisant, avec un beau rancio.

    Banyuls Rimatge 2002
    Attention, petite bombe de fruits, framboisée, veloutée, caressante et gouleyante, malgré ses 16°. Un vin dangereusement bon! Coup de coeur et superbe rapport Q/P!

    Une très belle gamme, malheureusement Hors Commerce, c'est à  dire qu'il faut passer par un agent commercial pour s'en procurer, minimum par caisse de 12 (6 pour les Banyuls). Il est conseillé de se regrouper pour profiter d'un échantillonnage intéressant! Je n'ai pas commandé de petit carton de rosé pour Noël!

    Olif

  • Le GJP n'est pas mort, il Bandol encore !

    Date: le 04/09/2004 à 12:55

    Soirée de rentrée pour le GJP ! Finies les vacances, il est temps de se remettre à bosser sérieusement. Au menu, Bandol ! Concernant le titre, il me semble bien l'avoir déjà faite, celle-là , mais, désolé, je n'ai pas trouvé mieux ! La preuve en image (interdite aux moins de 18 ans) :



    On attaque très fort avec les amuses-bouches et

    Champagne Bollinger rosé Grande Année 1995
    Produit uniquement les années exceptionnelles, cette cuvée est élaborée avec 66% de Pinot Noir, dont 7,5% en provenance de la Côte aux Enfants, et 34% de Chardonnay. La robe est d'une tonalité plutôt originale, pas vraiment rosée, mais orangée, limite ambrée. La bulle est très fine. Le nez un peu brioché donne déjà le sentiment d'une vinosité marquée. L'attaque est franche, arrondie, avant que le vin ne soit porté par une acidité alliant vivacité, fraîcheur et longueur. Déjà très plaisant du fait de sa nervosité, il devrait acquérir complexité et richesse au vieillissement. Un grand Rosé.
    Noté : vous êtes sûrs que c'est du rosé?

    Pour accompagner une petite poêlée de cèpes de La Fauconnière (une forêt des environs de Pontarlier), cuisinés à  la bordelaise,

    Château Haut-Gléon blanc 2001
    Nez fruité et floral, frais et riche en même temps. La bouche est grasse, mais pas trop, onctueuse de texture, avec une petite amertume finale qui confine presque à la salinité. Un blanc à l'élégance rare.

    Noté :vous êtes sûrs que c'est du Corbières?

    Arbois 1999 En Paradis, Domaine Rijckaert
    Un savagnin ouillé impressionnant ! Une robe jaune clair, un nez à peine exotique, avec des notes d'agrumes, bien mûrs, avec une toute petite sensation oxydative (interprétée à postériori), et surtout une acidité rectiligne d'une grande longueur, en rien altérée par une petite perception alcooleuse finale. L'équilibre est aérien. Très beau, limite magnifique, il n'a pas du tout été identifié Jura à l'aveugle ! Etonnant, non ?

    Noté : vous êtes sûrs que c'est du Jura?

    Avec les petits rognons de Mr Chambon, servis avec des légumes à  la provençale,

    Château Vannières 1999
    Nez puissant, viril, d'abord sur des notes animales, plutôt fourrure, puis fruité, pruneau, cerise noire, cassis à l'aération. beaucoup de matière, mais des tanins déjà civilisés.

    Noté : une belle entrée en matière!

    Domaine de la Tour du Bon Saint-Férréol 1999
    Nez un peu animal, viril aussi, mais par rapport au précédent, une matière enrobée, des tanins soyeux et patinés, même si plutôt solides. Légère sensation alcooleuse en finale, qui passe plutôt bien vu la belle constitution. Une main de fer dans un gant de velours !

    Noté : La tour du Très Bon!

    Domaine de la Tour de Bon Saint-Férréol 1998
    De grandes similitudes avec son petit frère dans son expression un peu sauvage, animal fougueux, sévèrement burné pour Le Seb, des « couilles de taureau » pour François ! Il se laisse pourtant apprivoiser et la finale semble mieux construite et enveloppée que celle du 99. Un monstre en devenir !

    Noté : La Tour du Vraiment Très Très Bon! Merci à  son généreux donateur !

    Sur le « Toussaint Louverture », gâteau au chocolat, banane et épices douces,

    D'où, vin muté du domaine de la Tour de Bon
    Avec cette cuvée originale, on retrouve les mêmes caractéristiques olfactives et gustatives que Saint-Ferréol, avec une sensation plus alcooleuse évidemment, mais bien fondue dans l'impressionnante matière. Des airs de parenté avec un Rivesaltes!

    Noté : un vin d'où?

    Maury 2001, Domaine de la Préceptorie de Centernach, cuvée Aurélie Pereira de Abreu
    Nez magnifique de précision, sur la cerise et son noyau, un fruité riche et opulent, une matière somptueuse, veloutée, imposante et consensuelle. Un vrai bonheur!

    Noté : on aurait peut-être pas dû finir la bouteille!

    Une reprise en fanfare pour le GJP, donc, pour une soirée que l'on peut noter dans son ensemble : « Dur, dur, de se lever le lendemain matin ! ». Petit décrassage prévu cet après-midi, ou alors petite sieste, j'hésite encore !
     

    Olif, pour le GJP





  • Voyage au coeur de la Gruyère

    Date: le 02/08/2004 à 20:10

    Rencontre franco-suisse prévue depuis quelque temps, ce voyage au coeur de la Gruyère fut l'occasion d'un dépaysement complet avec comme temps forts la dégustation de superbes flacons ainsi qu'une confrontation fromagère du plus haut niveau. Les petits plats dans les grands ! Et nous eûmes même droit à un concert de cor des Alpes, précédant le tir de moult feux d'artifices. Il n'y a pas à dire, ils savent recevoir, les habitants de la Gruyère ! Et ce, même si notre arrivée tombait la veille du 1er août, le 14 juillet helvétique la prise de la Bastille en moins !

    Avant le spectacle pyrotechnique, par contre, tout se passait dans le verre ! Feu !

    Petite Arvine 2001, Clos des Corbassières, Domaine Cornulus
    Percutante, cette Petite Arvine ! Un nez très pur, sur de beaux agrumes, avec la petite touche saline et une légère amertume finale plutôt agréable. De la vivacité et du nerf pour un véritable modèle du genre !

    Petite Arvine 2001, Jérôme Giroud
    Le nez est ici très mûr, toujours sur les agrumes, mais presque confit (écorce de pamplemousse séché), qui donne presque une impression de sucrosité à ce vin pourtant bel et bien sec. Pas mal de gras, moins tranchante que la précédente, presque alanguie, je me demande s'il n'y a pas également un tout petit côté oxydatif ! L'équilibre est néanmoins très beau, le manque de vivacité étant compensé par une belle complexité. Une autre facette de ce cépage, révélée par le vieillissement ?

    Chasselas Clos des Corbassières 1999, Domaine Cornulus
    Servir un chasselas derrière deux magnifiques Petites Arvines, une cause perdue d'avance ? Et bien non ! La robe commence à dorer, d'un beau jaune, le nez est riche et puissant, intense et complexe. La bouche est entière, pleine, développe un beau gras et s'impose dans la fraîcheur. Magnifique ! La grandeur du Chasselas ! Ce Clos des Corbassières doit vraiment être un terroir d'exception, réussissant aussi bien à l'arvine qu'au fendant !

    Cuvée Maria 1999, Fiefs Vendéens, Domaine Saint-Nicolas
    Mais que fait donc ce vin des Fiefs en Helvétie ? La concrétisation de l'axe d'échange Est-Ouest qui s'est établi entre la Vendée et le Valais ! Robe ambrée, nez caramélisé, évoquant la tarte Tatin, la pomme au four, mais aussi le foin sec. Son caractère surmaturé oxydatif ne fait aucun doute ! Très concentré, il est doté d'une longue finale rémanente. Du Grand Art qui ne dépare pas dans cette mise en bouche apéritive de très haut niveau.

    Pommard 1997, Clos des Epeneaux, Domaine du Comte Armand
    La robe est encore juvénile, sombre mais brillante. Le premier nez, un peu animal et terreux, laisse la place à une perception végétale qui va en s'amplifiant à l'aération. l'impression d'humer la rafle ! Il y a pourtant là une belle matière, avec des tanins bien enrobés, soyeux, encore un peu serrés. Un vin d'une grande concentration, long, qui, je l'espère, s'harmonisera avec le temps.

    Cornalin 2000, Romain Papilloud
    La bouteille de la consécration pour ce cépage dont j'apprécie l'originalité et qu'intuitivement je sentais pouvoir donner de grandes choses. Consécration également pour Romain Papilloud, un vigneron de tout premier plan en Valais, qui confirme bien là tout son talent.
    La robe est opaque, intransigeante et sans concession. Tout fruit au premier abord (cassis, bigarreau), il révèle sa complexité à l'aération, délivrant des effluves de tabac blond, puis de clafoutis aux cerises. Les tanins sont superbes, serrés juste ce qu'il faut, onctueux, la texture est crémeuse, veloutée, la bouche est ample et longue.
    Vraiment une très belle bouteille que je suis heureux d'avoir dégustée en si bonne compagnie ! Surtout que c'était la dernière dans ce millésime !

    Syrah 2000, Romain Papilloud
    Difficile de distinguer la robe de celui-ci du précédent, la pénombre commençant à s'installer sur la Gruyère. Le nez est sur le fruit, à peine médicinal (cachou, sirop pour la toux). En bouche, le fruit le dispute à la fleur, les notes de violette, légèrement poivrées, finissant par s'imposer. Très syrah, en fait, la matière est riche, bien structurée, possédant indéniablement beaucoup d'élégance et une parenté avec un beau Crozes-Hermitage. Encore une belle bouteille, signée Romain Papilloud, dans un très beau millésime en Valais.

    The Picrate, Les Chiens 1996, Eric Callcutt
    Un assemblage de Chenin, Pineau d'Aunis et Cabernet ! Elevage 48 mois en fût, peu ou pas soufré, caractère oxydatif évident. On retrouve ces notes caramélisées de pomme au four, mais dans une ambiance acide démentielle ! Too much ! A sa décharge, il est préconisé de l'ouvrir et de l'aérer 48 à 72 heures avant ! Pas convaincant dans les conditions dans lesquelles il a été dégusté !

    Arbois Pupillin Vin Jaune 1988, Pierre Overnoy
    Pour accompagner un royal plateau de fromages franco-suisses, ce qui se fait de mieux en matière de pâtes pressées cuites, quoi de mieux que la Rolls du vin jaune? Nez original sur le concombre et la gentiane. La palette aromatique plus typique du jaune se développe crescendo en bouche sur l'écale de noix, les épices, avec une toute petite note étherée qui apporte la « gnac » , pour s'estomper puis réapparaître à nouveau dans une finale interminable. Plus dans un registre de finesse que de puissance, ce qui est loin d'exclure la longueur, il s'impose par son élégance racée ! A savourer sur un Beaufort d'été, un Fribourg de 2 ans, de 3 ans, un Comté de 4 ans, voire encore d'autres fromages de ce type si on a la chance de se les procurer. L'accord parfait, à faire se damner un Saint !

    Rivesaltes ambré 15/10, Château La Casenove
    Vendangé en 1997, mise en mars 2004, il s'agit d'un vin muté qui développe un joli rancio sur des notes de vanille bourbon évoquant un beau vieux Rhum Antillais, le feu de l'alcool en moins.

    Lacryma 1996, Cave de L'Angélus
    Une grosse matière riche et confite, un grand concentré de coing agrémenté de pâte de coings, pour un équilibre totalement différent du précédent, intégrant superbement les 15,5° d'alcool. Une grande douceur !

    Le Seb ayant rendu l'âme prématurément avant le fromage (pour cause de grande fatigue consécutive à un excès de travail la semaine précédente, si, si !), nous n'avons pas jugé utile de clôturer la soirée par un vieux rhum antillais. Et c'est en fredonnant quelques classiques des Beatles que le sommeil du juste nous a rejoint.

    Ah ! La Gruyère !

    Olif

  • Meursault-Château Chalon, via Pontarlier!

    Date: le 06/06/2004 à 21:19

    Ce n'est pas le chemin le plus direct, mais l'occasion d'une rencontre choc entre deux régions, deux vignobles, deux vignerons, en terrain neutre, au pays de l'Absinthe et à l'initiative du GJP.

    Plein de bonnes raisons d'ouvrir de vieux et beaux flacons, en fait! Et de mettre les petits plats dans les grands pour les accompagner! Nous ne sommes pas allés jusqu'à prendre Un Emile à l'apéritif, on attaque d'emblée par Meursault!

    Meursault 1er cru Les Genevrières 1992, Charles et Rémi Jobard

    Le premier millésime solo de Rémi Jobard, même si le nom de son père figure encore sur l'étiquette. Le seul changement notable par rapport aux millésimes précédents, ce fut une modification de taille à la vigne (passage au cordon de Royat). Le nez est très profond, intense, envoûtant, sur des notes prononcées de rhubarbe fraîche, associées à un léger moka. Finesse et élégance pour un vin qui s'ouvre crescendo, patiné. Fondu enchaîné et grande harmonie. Un vin étincelant et la barre a été placé peut-être un peu haut d'entrée de jeu. Quoique...!

    Meursault 1er cru Les Charmes 1994, Charles et Rémi Jobard

    Année pluvieuse, limite « pourrie », pas un sommet en Bourgogne. Très finement grillé, il possède une acidité encore marquée mais un peu de lourdeur et une finale qui se fait sur l'amertume. Il a du mal à passer derrière les Genevrières 92!

    Meursault 1993, J.F. Coche-Dury

    La patte de Jean-François Coche ou un boisé encore marqué? Un concentré de pain grillé toasté, assez caractéristique de son style pourtant, l'antithèse du vin qui va suivre! Très bon même si un peu monocorde.

    Meursault-Charmes 1993, Domaine Matrot

    Très joli bouquet sur la rhubarbe, la tarte tatin, un peu caramélisée. Cela reste très pur, presque cristallin, pour un vin tout en finesse.

    Meursault 1er cru Les Poruzots dessus 1999, Rémi Jobard

    Le vin a été carafé une heure au préalable. Un 1er cru méconnu, voisin de la Goutte d'Or. Robe très pâle, nez encore sur la réserve, mais le vin possède déjà une belle harmonie, avec un équilibre somptueux entre gras et acidité. Il ne fera que s'ouvrir et mieux s'exprimer pas la suite. A attendre, mais que c'est beau!

    Meursault 1er cru Les Genevrières 1997, Rémi Jobard

    Nez puissant, sur le foin, le beurre frais. Bien structuré, avec de l'acidité qui apporte de la longueur. Pas aussi impressionnant que le 92, il est fort bien constitué mais ce n'est pas celui qui résistera le mieux à l'oxygénation.

    Fin de l'apéritif, on peut passer à table en emportant les fonds de bouteilles pour les tester sur la terrine de poisson de Valérie. La Bourgogne s'impose haut la main dans cette première manche, mais le Jura n'a pas encore touché la balle! Son tour va venir!

    Petite phase de transition histoire de se préparer le palais pour ce qui va suivre:

    Arbois Savagnin 1992, J. Puffeney

    Changement complet de registre, on aurait pu y aller plus progressif! De l'oxydatif pur et dur! Très évolué, mais sans aucun signe de fatigue, un vin qui a encore de la gnac! Noix et curry en puissance mais sans renier l'élégance, ni même la finesse, qui s'exprime dans la longueur.

    Côtes du Jura 1986, J. Macle

    Beaucoup plus minéral, pétrolant légèrement même, sa gamme aromatique est vaste, alliant épices, cannelle et moka aux notes fondues d'hydrocarbures. Un vin magnifique, qui caresse le palais. Subjugant!

    Après une telle bouteille, nous sommes prêts à affronter le poulet aux vin jaune et aux morilles et le Château Chalon! C'est parti!

    Château Chalon 1996, J. Macle

    Troisième rencontre avec ce vin en peu de temps et toujours aussi séducteur malgré sa jeunesse. Morilles, noix et épices se partagent le devant de la scène!

    Château Chalon 1997, J. Macle

    Encore plus juvénile, son côté fougueux et étheré ressort un peu plus que sur le précédent, mais il ne demande que du temps pour se fondre!

    Château Chalon 1992, domaine Berthet-Bondet

    Il a servi à arroser le poulet et je me demande si ce n'était pas son meilleur rôle! Très puissant et alcooleux (alcool à brûler), il n'est guère plaisant à boire.

    Côtes du Jura vin jaune 1984, Château La Muyre

    Elevé 10 ans en fût et donc mis en bouteilles en 1994, c'est un miraculé de cette triste année 1984 dans le Jura (Château Chalon entièrement déclassé). Nez sur la noisette, l'écale de noix, il possède beaucoup de finesse et de longueur. Beau vin!

    Château Chalon 1978, J. Macle

    Nez intense de moka, façon Nespresso, mentholé, évoluant sur des notes minérales de pétrole, bouche riche sur le café, grande acidité merveilleusement intégrée! Que l'âge sied bien à Château Chalon!

    Château Chalon « La vigne aux Dames » 1978, M. Perron

    Hasard total de la programmation que cette confrontation entre deux vins du millésime 78, mais hasard heureux, évidemment! Même palette aromatique, peut-être encore plus complexe: moka, fruits secs, curry, morilles, pomme séchée, puis évolution vers des notes pétrolées. Longueur et finesse, douceur presque même dans la finale, un très grand vin!

    Château Chalon écrase définitivement de sa classe cette deuxième manche, qui s'est terminée par un match dans le match entre un vieux Comté de 30 mois et un gruyère de Fribourg. La Bourgogne est restée totalement muette et la Suisse n'avait pas la partie facile pour cette rencontre à l'extérieur!

    Le troisième set, consacré aux douceurs, ne parviendra pas à départager ces deux grandes appellations que sont Meursault et Château Chalon, le terrain ayant été envahi par des étrangers! Le Seb ayant en charge le dessert et son accompagnement, il fallait s'attendre à boire quelques originalités!

    Klein Constancia 1998, Vin de Constance

    Le vin préféré de Napoléon Ier (pas dans ce millésime-là , évidemment!), au nez très expressif, presque exubérant de litchi, de rose, de cerise, d'écorce d'orange, avec un côté très frais qui lui donne des airs de désodorisant! Il se tient bien en bouche, d'un équilibre presque aérien, sans lourdeur. Etonnant!

    Don P.X. 1972, étiqueta doble, Toro Albala, Montilla Morilles

    L'oxydatif jurassien enfoncé! Une robe noire, colorant les parois du verre, un nez confituré, pruneau, noix, fruits secs et une liqueur goudronneuse concentrée qui tapisse le palais, envoûtante, à la longueur impressionnante, qui gomme complètement les effluves de Château Chalon s'étant incrustées dans les papilles! Une expérience gustative unique, qu'on n'oublie pas!

    Vous aurez compris que les deux vignerons ayant participé à cette soirée étaient Rémi Jobard et Laurent Macle, accompagnées de leurs épouses respectives (et même de Jolie Maman pour l'un!). Qu'ils soient remerciés de leur contribution en vieux millésimes de leur production et nul doute que cette soirée en appellera d'autres, peut-être sous d'autres cieux, au coeur du vignoble!


    Olif

  • 1ères REVEVIN: Domaine de Chevalier, l'esprit et le vin !


    Date: le 24/05/2004 à 11:42

    Première des dégustations thématiques choisie par le staff des 1ères rencontres de Saint-Jean-de-Monts, ce tour d'horizon du fameux domaine de Pessac-Léognan avait tout pour séduire. Les conseils prodigués par le Domaine en matière de service ayant été respectés à  la lettre, grâce au GO PhR, improvisé sommelier en chef, les GM participant à  cette session n'avaient plus qu'à  s'attabler sur la terrasse du Chai Carlina.

    A la manière des Jurassiens, nous commençons par une série de rouges avant d'attaquer les blancs. Les notes qui suivent sont les miennes, traduisant, je pense, l'impression générale, mais certaines perceptions n'étaient pas partagées par tout le monde. Elles seront donc vraisemblablement complétées par d'autres.

    Esprit de Chevalier rouge 1998 :

    Robe brillante, nez poivré, fruité, boisé. Tanins fondus un peu asséchants, un peu stricts. Finale courte. Un vin un peu mince mais correct pour la mise en bouche.

    Esprit de Chevalier rouge 2000 :

    Robe grenat, nez torréfié légèrement puis poivron dominant, assez mûr toutefois. La bouche est relativement charnue, plus structurée que le précédent, avec une acidité encore marquée. C'est mieux, même si ce n'est pas encore ça !

    Domaine de Chevalier rouge 2001 :

    Le nez nous livre un boisé de qualité sur des notes plutôt florales. La bouche est quand même un peu austère mais possède de l'épaisseur et de la longueur, avec sensation alcooleuse en finale. C'est sûr, il est jeune !

    Domaine de Chevalier rouge 1998 :

    Le nez est plus ouvert, complexe, avec une aromatique plutôt animale sur des notes de torréfaction. Les tanins sont soyeux mais deviennent abrupts en finale, ce qui procure une sensation de cassure et nuit à l'équilibre du vin. La bouche ne tient pas tout à  fait les promesses du nez, mais c'est plutôt bien quand même !

    Domaine de Chevalier rouge 1995 :

    Nez complexe, empyreumatique (cacao), floral, animal. Là  encore, on s'attend à  un très beau vin car l'attaque est ample. Mais la finale est sévère, sur des tanins anguleux. Finale un peu acide. Pas mal non plus, mais...

    Domaine de Chevalier rouge 1987 :

    Chevalier s'est taillé une réputation dans la réussite des petits millésimes des années 80. Nous allons donc pouvoir juger sur pièce! La robe tuile légèrement, le nez est épanoui. Le poivron bien mûr ressort au milieu de notes de cacao et de cuir. Souple et fondu, il possède encore suffisamment de longueur pour être harmonieux. Très bien pour le millésime, c'est une certitude, très agréable dans l'absolu également, il tranche d'avec les autres par son côté charmeur.

    Esprit de Chevalier blanc 1998 :

    Robe jaune pâle, nez très mûr, sur les agrumes, le miel, la cire, avec un côté très oxydatif ! Long, frais et acidulé, j'avoue avoir beaucoup aimé même si c'est complètement atypique pour un Pessac !

    Esprit de Chevalier blanc 2000 :

    Robe jaune pâle, nez plus typique de sauvignon bien mûr, bourgeon de cassis et notes légèrement fumées. L'attaque est vive, l'acidité tranchante et la finale se fait sur de l'amertume. Plus conforme aux attentes mais une expression très simple.

    Domaine de Chevalier blanc 1993 :

    Robe encore très pâle, à  reflets verts, témoignant d'une grande jeunesse. Nez intense et complexe d'un vin à  maturité, sur les agrumes, les fruits exotiques et le citron, qui contribue à  la grande fraîcheur ressentie, apportant vivacité en bouche, sur un gras onctueux et élégant qui pointe. La race des grands !

    Domaine de Chevalier blanc 1997 :

    Le nez présente d'abord de la réduction sur un boisé encore marqué mais le fruit s'exprime peu. On sent encore comme une retenue pour un vin qui a certainement pas mal de choses à  livrer. A attendre !

    Domaine de Chevalier blanc 1999 :

    Nez également très mûr sur des notes oxydées. La bouche est dissociée avec perception liégeuse. Pas du bouchon franc, mais ça devrait le devenir. Une bouteille à  problème, impossible à  juger.

    Domaine de Chevalier blanc 2002 :

    Nez de sauvignon typique, un peu pipi de chat avec des notes fermentaires. Vif et acidulé en bouche, c'est un vin très jeune dans une phase peu séduisante actuellement. A revoir dans 5 ans, pas avant !

     

    Si cette dégustation n'a pas soulevé l'enthousiasme général, elle fut néanmoins d'un bon niveau. La seule bouteille à  véritablement sortir du lot pourtant fut le blanc 1993 qui est une petite merveille. Le 1987 rouge se défend encore pas mal mais on ne peut quand même pas trop lui en demander non plus.
    Je me demande si nous ne devenons pas un peu trop exigeants ! Surtout avec Bordeaux?

    Olif

  • 1ères Rencontres Vendéennes autour du Vin: Vins de vigneronnes valaisannes en vacances en Vendée


    Date: le 24/05/2004 à 23:10

    Pour cette dégustation d'exception, nous disposions uniquement des vins mais pas des vigneronnes. Ce qui n'était déjà  pas si mal! Grâce aux relations internationales du GO en chef de ces Rencontres, j'ai nommé PhR, nous possédions un échantillonnage impressionnant de vins de ces deux grandes dames valaisannes, en souvenir d'une amitié indéfectible et de vacances déjà lointaines passées au doux climat océanique vendéen. L'occasion pour nous de démontrer que la petite arvine est loin d'être aussi salée que l'océan Atlantique; heureusement que la terrasse du Chai Carlina était balayée ce jour-là  par un fort vent de terre, nous mettant à  l'abri des embruns!

    Autant vous le dire tout de suite, la dégustation qui va suivre fut un moment fort de ces Rencontres, qui n'ont fait qu'aller crescendo, la verticale de Suronde en ayant été le point culminant, de par la qualité des vins, certes, mais surtout du fait de la présence de Francis Poirel en personne. Nul doute que si les dames Suisses avaient fait le voyage à  l'Ouest, la concurrence eût été rude!

    Fendant 2003, Marie-Bernard Gillioz (MBG) :

    Robe très claire, presque limpide. Très variétal au nez, sur la fleur de vigne, c'est un vin frais et désaltérant, le fendant de soif par excellence.

    Fendant La Liaudisaz 2002, Marie-Thérèse Chappaz (MTC) :

    Robe claire, limpide. Nez sur des notes fermentaires de poire, il développe en bouche une minéralité beaucoup plus affirmée sur une finale légèrement saline. Plus complexe que le précédent et à  attendre un peu en cave, à  mon avis.

    Petite Arvine Grain blanc 2001, MTC :

    Robe pâle, nez archétypique sur les agrumes, mais citronné et miellé, témoignant de sa richesse potentielle et de sa fraîcheur. En bouche, la belle acidité domine, et la finale saline se fait sur une amertume de bon aloi. Très belle petite arvine, tranchante et riche en même temps.

    Petite Arvine 2002, MBG :

    Robe pâle, nez curieux de caoutchouc brûlé, probablement en relation avec de la réduction car il s'estompe à  l'aération. En bouche, on retrouve une belle vivacité et de la longueur, mais la comparaison avec le Grain Blanc joue en sa défaveur.

    Pinot Gris 2002, MBG :

    Robe pâle, nez évoluant sur des notes un peu fermentaires avec une pointe de réduit. La bouche révèle un vin gras et rond, sans lourdeur, qui nécessite probablement un peu de temps pour s'harmoniser. Une bouteille originale et intéressante.

    Grain d'Or 2002, MTC :

    Il s'agit d'un ermitage (marsanne) à  la robe très pâle mais au nez intensément aromatique sur la rhubarbe, la fraise, la truffe blanche, d'une pureté cristalline. La texture en bouche est onctueuse, soyeuse, riche et fraîche en même temps. L'équilibre est magistral et le vin en tout point admirable. Chapeau, Marie-Thérèse!

    Dole La Liaudisaz 2002, MTC :

    Robe rubis, légèrement trouble. Nez au départ un peu réduit, épicé, fruité (fraise), avec des notes fumées. Une Dole « sérieuse », bien charpentée!

    Dole 2000, MBG :

    Robe rubis, nez de framboise, de violette. Son côté friand, presque facile, la rend désaltérante.

    Humagne rouge 2001, MTC :

    Robe rubis, nez légèrement animal, fumé et poivré. En bouche, l'assise tannique est un peu lâche (c'est une humagne!) et le vin se livre sur des notes épicées.

    Syrah 2002, MBG :

    Robe pourpre, nez archétypique de syrah, sur la violette, les épices et les fruits rouges. Les tanins sont souples, fondus, pêchant un peu dans leur structure; il n'empêche, le vin est agréable même s'il ne peut prétendre à  gagner énormément de complexité au vieillissement.

    Cornalin 2002, MBG :

    Robe pourpre, très joli nez sur le cassis, la menthe poivrée et la feuille de cassis. Bien bâti, avec de la puissance, de la longueur et déjà  de la séduction. Très beau vin!

    Foradori 2001 :

    Un pirate introduit à  la dernière minute par Jérôme en raison de ses similitudes supposées avec le cornalin. Et bien en fait, non! Sur la fraise Tagada, la banane, son côté amylique et artificiel l'a fait se ratatiner complètement!

    Grain noble 2001, Petite Arvine, MTC :

    Couleur jaune pipi, nez d'agrumes très citronné, il développe en bouche une belle vivacité malgré une liqueur très riche. Une longueur immense contribue à  donner la sensation de très grand vin!

    Grain noble 2001, Marsanne :

    Robe d'un beau jaune doré, nez sur l'olive verte et la truffe blanche. Sa grande richesse et sa puissance en bouche s'accompagnent d'une sensation minérale (mine de crayon). La rétro se fait sur des notes infinies de truffe blanche. Tout le monde est à  genoux!

    Bravo Mesdames! Sur douze bouteilles, aucun déchet! 4 immenses vins, 3 excellents, les 5 autres oscillants entre le bon et le très bon, dans des registres variés, de la simplicité à  la richesse en passant par la franchise.

    Aimez le Valais, il vous le rendra bien!

    Olif

  • 1ères Rencontres Vendéennes autour du Vin : Château de Suronde, en Quarts et en entier !


    Date: le 25/05/2004 à 16:44

    Point culminant de ces 1ères Rencontres vendéennes autour du Vin (ou comment anticiper l'actualité !), cette dégustation était prévue de longue date, bien avant la controverse bettannienne, qui , tout grand dégustateur qu'il est, peut néanmoins se planter, ce qui finalement est plutôt rassurant. Ce qui est plus grave, par contre, c'est l'impact que peut avoir son discours après avoir porté un avis aussi tranché et définitif sur seulement deux bouteilles dégustées. Enfin, bref, passons!

     

    Grâce aux relations de PhR, le super GO en chef de la manifestation, nous avions la chance d'avoir à nos côtés Francis Poirel en personne, accompagné de l'intégralité de sa production en Quarts-de-Chaume depuis le millésime 95. Le Quarts-de-Chaume en entier donc, même s'il s'agissait uniquement des « meilleurs quarts de la récolte, pendante ... ».

    Pour l'anecdote, Francis Poirel, un artisan vigneron jovial et fort sympathique avait fait le voyage la veille, et nous avons passé une grande soirée festive autour des vins que nous avions emmenés et des plats proposés par Phil85 du Chai Carlina, qui avait mis un tigre dans son moteur et passé la surmultipliée pour gérer le soutien logistique des rencontres en même temps que sa clientèle, fort nombreuse en ce pont de l'Ascension. J'avais apporté dans mes valises un Quart-de-Chaume 1988 du Château de Suronde, période Laffourcade, pensant qu'il était intéressant de remonter dans le temps. Ce fut effectivement éloquent, pas dans le sens où je l'imaginais pourtant, avec un vin vert, acide, vraisemblablement chaptalisé, rien à voir avec ce que nous allions goûter le lendemain.

     

    Anjou blanc 2001:

    Très pur, sur le fruit avec une minéralité qui perce, il laisse la bouche fraîche de par son équilibre et sa belle structure acide.

    Sauvignon 2001:

    En magnum et ouvert depuis la veille. Il s'ouvre sur des notes de fraise, de menthe poivrée et/ou de feuille de fraisier. Grande et belle structure acide qu ressort en finale, un vin qu'il faut attendre, d'après Francis, mais déjà diablement bon!

    Anjou blanc 1998:

    Nez puissant, intense et complexe, avec des notes miellées. La bouche fait ressortir de discrètes notes cartonneuses, précurseurs du liège sans doute, traduisant un problème de bouchon, qui ma foi, est loin de rendre le vin imbuvable!

    Quarts-de-Chaume 1995:

    Année très sèche à l'origine d'un passerillage des raisins. La robe est dorée, brillante. Le nez est intense, terpénique débutant et confit, abricot sec, pâte de coing. La bouche est vive, portée par une belle acidité, longue. Minéralité et fruits secs s'expriment en rétro-olfaction. Très longue persistance! La barre est placée très haut pour une entrée en matière!

    Quarts-de-Chaume 1996:

    Année à botrytis. Si la robe est similaire, le nez est moins aromatique, plus minéral (graphite). S'y ajoutent des notes de coing. La bouche est un peu plus molle mais plus intense, plus profonde et plus grasse. La richesse se révèle dans le temps et dans la finale. Difficile de trancher entre 95 et 96! Lequel préférer? Sans aucun doute les deux, qui reflètent magnifiquement les différences entre millésimes.

    Quarts-de-Chaume 1997:

    Ce millésime est en fait la somme des deux, puisque la chaleur de l'été a fait passeriller les raisins qui se sont gorgés à nouveau d'eau avec les pluies de septembre et le botrytis s'est finalement installé par la suite. Le nez d'abord un peu réservé, se livre par petites touches, hésitant entre la minéralité, le confit et le botrytis. Ce qui ne fait que le rendre plus complexe, en fait. La bouche est onctueuse mais fraîche, s'amplifie progressivement, la liqueur s'étale pour se fondre dans une finale en queue de paon. J'en suis bouche bée! Un vin grandissime qui ne souffre certainement pas d'un excès de manque de soufre!

    Quarts-de-Chaume 1998:

    Année pluvieuse dans laquelle produire un vin liquoreux s'est révélé être un tour de force! Le nez est très original, pour ne pas dire surprenant, sur des notes de cake au rhum et aux raisins. Une vraie gourmandise qui évolue par la suite sur de la quinquina et de l'orange amère. La bouche est légèrement déséquilibrée avec une perception du sucre trop importante, mais dans le contexte, c'est un vin plus qu'honorable.

    Quarts-de-Chaume 1999:

    Nez frais, légèrement mentholé, sur la cire et le miel. Une grande richesse en glycérol, donc, mais une fraîcheur bien présente grâce au menthol et à l'acidité.

    Quarts-de-Chaume 2000:

    Encore un nouveau nez, pas le plus réussi, mais le millésime fut assez calamiteux. Des notes iodées, pharmaceutiques s'imposent à moi et ne me quittent plus. La bouche est épicée, un peu alcooleuse avec une finale dissociée et une rétro iodée.

    Quarts-de-Chaume 2001:

    Très acidulé, limite citronné, on décèle déjà de la minéralité (mine de crayon) et des notes confites d'abricot. La bouche est encore un peu dissociée mais la liqueur est belle. A attendre et ça devrait être très beau!

    Quarts-de-Chaume 2002:

    Echantillon tiré du fût. La robe est à peine trouble et le nez s'ouvre sur des notes fermentaires de pomme de bois. La liqueur est rafraîchissante et la finale très acidulée.

    Quarts-de-Chaume 2003:

    Tiré du fût également, la robe est trouble, le nez également fermentaire, sur la pomme, le cidre. A l'oreille, on entend la mer! Le vin pétille joyeusement. La bouche est grasse, riche et onctueuse, très concentrée avec une belle acidité et une finale fraîche. Un vin impressionnant qui devrait faire un malheur dans quelque temps!

    Quarts-de-Chaume 2003, cuvée Victor et Joseph:

    Le coeur des Quarts, 29° potentiel! Liquoreux de l'extrême, 360 g de SR, 6° d'alcool, il possède une richesse énorme et la bouche reste fraîche malgré tout ce sucre! Un véritable PMG dans les Quarts!

     

    Difficile de ne pas être séduit par cette verticale d'anthologie! Après avoir goûté un 1988 caricatural la veille, on mesure mieux le chemin parcouru pour obtenir de grands vins. Ce qui est certain, c'est qu'avec le Château de Suronde les Quarts-de-Chaume ont retrouvé tout leur lustre d'antan. Si j'étais Seigneur de la Guerche, j'exigerais volontiers chaque année une dîme de ce vin-là !

     

    Olif

  • On aurait aussi pu dire le Sud...!

    Date: le 17/04/2004 à 17:56

    Retrouvailles au GJP, hier soir, Le Seb étant enfin descendu de son cocotier antillais, gavé de vieux Rhum JM, et désireux de se refaire un palais apte à  goûter du bon vin.

    Le thème de la soirée s'était articulé autour de la découverte de Gourt de Mautens 2001 et paf! voilà  que je l'avais dégusté la veille par surprise aux Jardins de Saint-Vincent! Pas opposé à  une remise du couvert néanmoins, nous lui avons trouvé quelques partenaires d'envergure. En vedette, le grenache!

    Chablis 1er cru Vaillons 2000, domaine Raveneau

    Mince! Pour la mise en bouche, c'était pas du grenache! Mais ça se laissait plutôt bien siffler! Bien jeune mais à  la minéralité déjà affirmée, on y retrouve de jolies notes anisées de fenouil au milieu d'autres herbes coupées. C'est beau!

    Château Rayas 1996

    La robe commence à  briquer de manière imperceptible. Nez très fin, cacaoté, légèrement fruité, typiquement sur le noyau de cerise, aérien et d'une élégance rare. Une belle puissance, fondue et bien canalisée en bouche, avec de la longueur et de l'harmonie. Pas de doute, il se goûte bel et bien comme un grenache, un beau même, pas dissocié pour un sou! Je me permettrai donc très humblement de ne pas être d'accord du tout avec les commentaires de Mark Squires! Avons-nous bu le même vin?

    1996 Chateauneuf-du-Pape Reserve (Rayas)
    Tasting like syrah, this wine is gamey, has those animal fat notes, and prominent flavors. It seems a bit bretty, too. Its color is light and the body is as well; there is little depth here, and it seems unbalanced as the powerful tannins assert themselves. This is made in vins de garde style, but I fear the fruit here will not even come close to keeping up with the tannins. Too thin, disjointed, and rather disappointing. 85 points.



    Châteauneuf du Pape Croix de Bois 1998, Chapoutier

    Un 100%grenache également, ça ne pouvait pas mieux tomber! La robe est burlat, très homogène. Cacao et cerise, évidemment, dans un style superposable au précédent, avec pourtant un peu plus de puissance (millésime?) et probablement moins d'harmonie pour cause de finale un peu plus chaude, voyant revenir de façon franche l'alcool en rétro-olfaction. C'est très beau même si l'élégance de Rayas s'impose.

    Rasteau 2001, domaine Gourt de Mautens

    On l'avait gardé pour la fin, celui-là , pensant qu'il jouerait un peu les rouleaux compresseurs. 65% de grenache seulement. Le nez est plutôt végétal, mentholé avec des notes boisées vanillées tout à  fait supportables. Une grosse matière enveloppe la bouche pour terminer dans une grosse mâche finale avec sensation alcooleuse de vieux Rhum martiniquais. Et le Seb s'y connait dans ce domaine! Est-ce le même vin que celui goûté la veille ou bien est-ce que je me gourre de Mautens? (Désolé, celle-là , je n'ai pas pu m'en empêcher!) Vraiment, je ne le reconnais pas! Pas les mêmes conditions de dégustation mais quand même!

    Gewurtztraminer Fronholz SGN 1998, André Ostertag

    La petite gâterie finale, au sud du nord de l'Alsace! Frais par son côté mentholé, mais artificiel par une note pharmaceutique, on finit par retrouver le litchi au milieu d'une liqueur que je trouve légèrement déséquilibrée par un excès de perception sucrée. Impression mitigée.

    Voilà , je pense que la prochaine fois, on retournera au Nord! Faut quand même varier les plaisirs! Mais le grenache, c'est bien bon, ma foi!

    Olif

  • De Chambolle à Musigny, le grand amour !

    Date: le 17/03/2004 à 13:23

    Au GJP (Grand Jury Pontissalien, pour les p'tits nouveaux, rassemblement d'amateurs demeurant dans la bonne ville de Pontarlier (25), dont l'objectif n'est pas de faire de l'ombre au Grand Jury Européen de François Mauss, mais d'organiser quelques belles dégustations thématiques à intervalles aussi rapprochés que possible !), on aime flâner au coeur de la Bourgogne. Cette fois, le parcours sera court, virtuel et pas réel. Petit dans l'espace, plus grand dans le temps, sur une période couvrant 12 années, de 1988 à 2000. 7 vins de Chambolle-Musigny, 7 domaines différents, 2 «village», 4 premiers crus, 1 Grand cru (oui, mais lequel !), 3 88. Voilà pour les amateurs de chiffres. Pour les puristes, nous étions en quête de la finesse légendaire de l'appellation, tout en souhaitant communier autour d'une bouteille de rêve. Amen !

    Les vins sont servis à l'aveugle en 2 séries. Les 4 plus jeunes ont été carafés, les 3 anciens débouchés 1 heure au préalable et habillés d'une fort élégante chaussette de ski afin de les dissimuler jusqu'à la collerette. Les petits plats ont été mis dans les grands ! Valérie nous a concocté en plat principal un carré d'agneau spécial Musigny, une recette d'Alain Senderens travaillée dans le cadre d'un accord mets-vins, accompagné de légumes craquants et d'une sauce au pistou. Le voyage peut commencer !

    - Chambolle-Musigny 1999, domaine G. Roumier : robe rubis éclatante, nez fruité avec une nette composante florale (pivoine ?), tanins fins, un peu lâches. Plutôt plaisant mais pas d'une grande complexité.

    - Chambolle-Musigny 1999, domaine Guillon : robe rubis soutenu, nez très petits fruits rouges, évoquant bien le pinot. Développe un plus gros volume en bouche que le précédent avec des tanins encore bien marqués et de la mâche en finale avec perception de l'alcool. Sa relative puissance et sa belle concentration en imposaient presque pour un premier cru !

    -Chambolle-Musigny 1er cru La Combe d'Orveau 1998, Anne Gros : robe rubis clair, d'une belle brillance. Un vin de fruit, gourmand, tout en finesse et en élégance. De la dentelle ! Je penchais pour Roumier !

    - Chambolle 1er cru Les Amoureuses 2000, Domaine Groffier : robe rubis foncé, jolis arômes de framboise associés à une note animale. Bouche ample, longue finale avec une sensation de sucrosité. Un vin imposant, l'antithèse du précédent !

    - Chambolle-Musigny 1er cru Les Cras 1988, Domaine G. Barthod-Noellat : il s'agit de l'actuel domaine Ghislaine Barthod. Le G, c'est pour Gaston. Quelques traces d'évolution sur la robe et un nez très ouvert mais diversement apprécié, sur des notes de champignon, de vieille souche, de sous-bois, avec une pointe de cacao. Je trouve ça beau et complexe. La bouche est ronde et charnue, sans faiblesse aucune. Longueur et équilibre finissent de caractériser ce très beau vin qui a encore de beaux jours devant lui.

    - Chambolle-Musigny 1er cru Les Feusselottes 1988, G. Mugneret : le G, c'est pour Georges ! La robe est encore soutenue et le nez plutôt fin mais un peu discret. La bouche est malheureusement déséquilibrée par une acidité trop marquée qui confine au décharnement. Pas complètement déshonorant, il souffre de la comparaison avec les autres cuvées.

    - Musigny VV 1988, Domaine Comte Georges de Vogüé : la robe est encore très jeune. La bouche est ample, structurée et calibrée à merveille, avec un grain de tanins d'une finesse incomparable et une longueur impressionnante. Grand vin, grand cru, Musigny forcément ! C'était une évidence, tout le monde l'a reconnu ! Ouf de soulagement ! Il n'aurait plus manqué que ce soit une déception !

    -Ruster Eiswein 2001, Osterreich Burgenland Weinguthof Landauer : la petite douceur finale, sur le dessert. J'espère n'avoir rien oublié dans l'intitulé, ma voisine de table avait beau être Allemande, je ne suis pas sûr d'avoir tout compris ! Mentholé, avec une belle acidité, ne titrant que 10°, il permet de finir sur une note rafraîchissante.

    Entre Chambolle et le GJP, c'est décidément le grand amour !

    Olif, pour le GJP

  • Ascension vers les blancs sommets bourguignons!

    Date: le 12/03/2004 à 11:47

    Il n'y a pas que les sommets du Jura qui soient blancs, certains blancs bourguignons sont des sommets! Et comme au GJP, on aime la Bourgogne, on n'allait pas se priver de faire une petite soirée autour d'une sélection de quelques-uns des plus réputés chardonnays du voisin !

    Réunion donc dans la cave du Bon Echanson pour une séance plénière élargie en compagnie des amis de l'Echanson. Pas de mise en bouche, ça commence très fort avec le haut du panier ! Vins servis par paires, non à l'aveugle !

    - Vougeot 1er cru blanc 2000, Domaine de la Vougeraie

    Appellation méconnue à l'ombre du Clos du même nom, les vins de Vougeot étaient initialement destinés à servir de vin de messe aux moines de l'abbaye de Citeaux (« l'alléluia des moines de Citeaux »). Ils savaient vivre, nos amis les moines, car ce vin était idéal pour remplir leurs burettes !

    Les vins du domaine de la Vougeraie, regroupant toutes les propriétés du groupe Boisset, sont élaborés par Pascal Marchand, ancien régisseur du domaine du Comte Armand, qui a carte blanche pour faire de la Vougeraie une référence en Bourgogne.

    La robe de ce Vougeot est d'un beau jaune brillant. Nez sur les agrumes, un peu exotique, légèrement mentholé. Gras, ample et puissant, à la texture onctueuse, il reste frais par son côté mentholé. C'est très bon, mais c'est too much ! Trop travaillé ! Un vin de vinificateur qu'on pourrait croire en provenance du Nouveau-Monde ! Pas concurrentiel, de surcroît, quand on connaît son prix (75€) ! Pourtant, il emballe par son côté flatteur, même s'il divise !

    - Meursault Perrières 2000, Domaine Matrot

    Servi en parallèle avec le précédent, il n'y a pas photo, en tout cas pour moi ! Très minéral, avec une pointe de grillé, sur le beurre frais et les herbes coupées et séchées, il me plaît énormément par son côté pur et droit. Sa belle acidité légèrement citronnée assure la longueur ! De biens beaux cailloux, ma foi !

    - Puligny-Montrachet 1er cru Le Cailleret 1999, Domaine de Montille

    Plutôt réputé pour ses rouges de Pommard et Volnay, le domaine de Montille réussit plutôt bien avec ce Puligny voisin du grand Montrachet ! Miel, foin, amande, beurre + une pointe de fraîcheur mentholée ! L'équilibre semble atteint et le vin s'exprime à merveille ! La finesse et l'élégance à son optimum. On doit pouvoir l'attendre encore un peu.

    - Beaune Clos des Mouches blanc 1999, Domaine Drouhin

    Le pendant du Vougeot, en plus suave et moins extrême ! Beurré et miellé en attaque, il possède un joli mordant qui s'exprime plutôt en finale, réhaussant son côté onctueux. Bel équilibre.

    Et voilà qu'arrive en fait le véritable point faible de la Bourgogne ! Point de liquoreux pour accompagner les mignardises ! Contraints de s'éloigner vers le Sud-Ouest, nous ne tardons pas à revenir sur nos terres pour nous abreuver de quelques douceurs !

    - Pacherenc du Vic Bilh Brumaire 94, Alain Brumont

    Un Pacherenc de 10 ans à  la vivacité étonnante, frais et acidulé. Il ne fait pas son âge !

    - Côtes du Jura Vin de Paille 2000, domaine Morel-Thibault

    Du coing et de la fumée ! On se croirait dans le tuyé du Papy Gaby, grand fumeur de salaisons du Haut-Doubs ! De la suie, presque ! Des notes inhabituelles sur un Paille que nous ne nous expliquons pas bien !

    - Côtes du Jura Vin de Paille 1999, domaine Morel-Thibault

    Il fallait en avoir le coeur net ! Cette deuxième bouteille, d'un millésime antérieur, retrouve des notes de coing, associées à de la mine de crayon, mais pas de notes de fumée ! La liqueur est belle et l'équilibre satisfaisant ! Cela rassure un peu !

    Il est temps pour nous de redescendre des sommets ! Retour sur terre, dans la nuit, le vent et la froidure ! Dur ! Heureusement qu'à l'horizon se profile déjà une autre soirée-dégustation, de Bourgogne rouge cette fois ! Rien n'arrête le GJP !

    Olif

  • La Roussillonnaise du GJP

    Date: le 18/02/2004 à 09:59

    Le GJP a entonné sa Roussillonnaise, hier soir, pour la première soirée de l'année 2004. En préambule, j'en profite juste pour vous rappeler le refrain :

    Allons enfants du GJP,
    Le jour de boire est arrivé !
    Buvons, buvons,
    Qu'un sang impur nous abreuve de Roussillon !

    Je tiens cependant à préciser que les paroles n'ont pas été écrites sous l'influence de l'alcool et que nous ne l'avons pas reprise en choeur après la soirée !

    15 heures ! L'heure solennelle du carafage ! La pression monte gentiment. Pour l'échauffement, juste quelques étirements du coude et du poignet, puis une grande respiration. J'empoigne le Compact® dans la main droite et la première bouteille dans la gauche. Non, pas la Muntada ! Il faut aller crescendo pour ne pas risquer bêtement l'accident à froid ! Finalement, les mouvements s'enchaînent : Tchac ! Pof ! Tchac ! Pof ! Tchac ! Pof !...
    Une arme redoutable, que ce Compact® par L'Esprit et le Vin !

    Le salaire de l'ouvreur, c'est le droit de goûter en avant-première les vins avant de les déverser dans la carafe. Jolie impression d'ensemble avec quelques vins qui me semblent sortir un peu du lot. Wait and see ! L'épreuve de la dégustation à l'aveugle risque de ménager quelques surprises !

    Allez zou ! C'est parti ! Les vins sont commentés dans l'ordre de la dégustation, qui fut parfaitement aléatoire, au bon vouloir de Patricia et Nathalie qui ont effectué le service sans que je puisse voir de quelle carafe il s'agissait, ceci afin de ne pas la reconnaître. Du coup, je me suis même essayé à une véritable dégustation à l'aveugle, un bandeau sur les yeux !

    Tous les vins sont en appellation Côtes du Roussillon ou Villages, sauf un.

    Hautes Terres 2001, Mas Amiel

    Nez un peu en retrait, avec une touche boisée assez légère. Cerise, noyau de cerise, un peu alcooleux mais pas trop en attaque, il finit par chauffer le palais en finale. Assez long, c'est plutôt pas mal pour un tour de chauffe !

    Talon Rouge 2001, Château de Jau

    Nez sur le guignolet, mais moins marqué cerise que le précédent, il est relativement souple et fondu, développant un beau volume en bouche. Très plaisant mais sans grande complexité pour une bouteille qui se veut quand même le haut de gamme du domaine (autour de 20€).

    Gauby VV 2000

    Nez un peu plus animal au départ, épicé, puis légèrement boisé grillé à l'aération mais bien intégré. Gros volume en bouche avec de la puissance, l'alcool tapisse la bouche mais se dilue bien sur la longueur. Les tanins sont très soyeux et jamais agressifs. A l'aveugle, impossible de différencier le style Gauby du style Bizeul, du fait, je trouve, de leur similitude. Je penchais pour le Clos des Fées, perdu !

    La Désirade 2001, Mas de Lavail

    Premier nez un peu boisé qui libère à l'agitation de jolies notes de griottines de Fougerolles (ce qui revient en fait à de la cerise à l'eau de vie !). Harmonie en bouche avec des tanins patinés et onctueux, soyeux. Classe et élégance dans un registre superposable à la précédente, peut-être plus abouti ! Belle bouteille et véritable révélation de la soirée. Champion du rapport Q/P (autour de 10€).

    La Muntada 2000

    Nez peu expressif, voire fermé à double tour, vin puissant et alcooleux, chaud, massif et monolithique. Je ne sais trop quoi en penser si ce n'est que ce fut une groooossssse déception, surtout quand on connaît son prix !

    Clôt de Taillauque 2000, Le Casot des Mailloles

    L'intrus de la soirée, en fait, puisqu'en Vin de Table vraisemblablement parce qu'il s'agit d'une cuvée 100% grenache. Nez marqué sur la poussière de cacao type Nesquik, il est fondu, harmonieux, long et équilibré, donnant une sensation de plénitude. Sur son plateau de maturité, c'est un vin gourmand et très beau.

    La Torre 2001, domaine Gardiès

    Nez un peu boisé, puis cerise et épices. C'est une marée montante en bouche avec une puissance qui va crescendo jusque dans une longue finale qui voit apparaître une sensation alcooleuse. C'est bon !

    Commandant Jaubert 1998, Domaine de La Casenove

    Peut-être le plus riche au niveau des arômes, épices et cannelle, puis chocolat. Bouche relativement souple et fondue, mais bien soutenue néanmoins avec un agréable retour de notes chocolatées en finale. Beau vin.

    Le Clos des Fées 2000

    Nez d'abord un peu alcooleux et étheré, puis cerise chocolatée, type Mon Chéri®, avec une petite touche végétale (?) Tanins fins, globalement bien équilibré, c'est bon, largement supérieur à ce stade à son « rival » sur le papier.

    Domaine du Clos des Fées VV 1999

    Cacao au nez, un peu terreux ou poussiéreux, il est très harmonieux et équilibré. Un vin prêt à  boire.

    Banyuls Grand Cru Mas de la Serra 1993, Cellier des Templiers

    La petite gâterie finale, sur des gâteaux au chocolat. Robe tirant sur le pruneau et la brique, bien soutenue. Nez élégant développant un beau rancio avec des notes de pruneau, d'amande, de cigare. Un vrai nectar !

    En guise de conclusion, il faut souligner la grande homogénéité de cette dégustation, avec des vins qui se situent dans l'ensemble à un bon niveau qualitatif. On notera tout de même une certaine similitude d'expression et ce côté chaleureux, solaire, parfois à la limite de l'alcooleux, qui est un peu éprouvant pour les papilles. 10 vins (sans le Banyuls), c'était presque 2 de trop ! Mais nous avons vraiment du mal à nous restreindre, boulimiques que nous sommes ! Il y aurait même pu en avoir plus !

    Mention spéciale au Mas de Lavail, dont j'ai déjà commenté très favorablement la cuvée Ego, 100% grenache, un domaine à suivre de très près.
    Grosse interrogation sur La Muntada. Probablement une phase très ingrate mais quand même ! Un grand vin ne l'est-il pas tout au long de son évolution (c'est une petite provocation gratuite! ) ? Surtout à ce prix-là , ce devrait être un critère obligatoire!

    Voilà , fin du compte-rendu, vous pouvez tous reprendre le refrain de la Roussillonnaise avec moi :

    Allons enfants du GJP...




    Olif et le GJP


  • Dix-huit rahs!

    Date: le 21/01/2004 à 09:23

    3 x Syrah, en fait! Patrice Lescarret n'a pas l'exclusivité du calembour et de l'à -peu-près, cher à  Bobby Lapointe!

    Une triangulaire déséquilibrée au départ...et à  l'arrivée! Trois millésimes différents, inégaux, trois appellations différentes, le long ou en marge du Rhône, trois expressions différentes de ce beau cépage!

    Les trois robes sont superposables, grenat sombre à  reflets violines plus ou moins marqués, témoignant de la jeunesse des vins, mais dès qu'on approche le nez en haut du verre, ça diverge, et sans jeu de mots vaseux cette fois-ci!

    Syrah 2002, Chamoson, Simon Maye, Valais

    Un mélange de fruits et de fleurs envahit les fosses nasales. Cassis et violette s'entremêlent pour donner un vin plaisant, affichant sympathiquement et sans complexe son côté variétal.
    Pas au niveau des plus grandes syrahs du Rhône (private joke!), mais je ne crois pas que le millésime s'y prête, et ce d'autant que ce vin n'est pas passé en barrique, si je ne m'abuse.

    Une bouteille éminemment agréable néanmoins, à  boire sur son fruit.

    Saint-Joseph 2001, Le Paradis Saint-Pierre, Domaine Coursodon

    Le premier nez, très légèrement animal, s'efface rapidement au profit de notes de fruits mûrs, avec un côté limite blet. Les tanins du bois sont encore nettement ressentis et procurent une sensation un peu astringente en finale, qui voit revenir de petites notes viandées pas déplaisantes du tout. La matière est dense, le vin a besoin de temps, à  oublier dans un coin de la cave!

    La Syrare 2000, Côtes du Vivarais, Alain Gallety

    Le nom du cépage se prêtant bien aux jeux de mots, tout le monde en profite, celui-ci n'étant pas, et de loin, le plus mauvais!
    Concernant le vin, on joue ici dans la catégorie de ce qu'on peut appeler les bombes ou les monstres! Un style qui divise!

    Nez très fumé, bouche très grasse, glycérinée, un peu lourde, limite écoeurante, longue, sur une finale un peu acide avec mâche imposante. Un vin "Poids-Lourd"!

    L'intérêt de ce vin pour moi, c'est de montrer le potentiel d'un vignoble méconnu et qui peut bien faire. Une volonté affichée de porter haut le Vivarais même si les effets sont pour l'instant appuyés. Les intentions étant louables et le vigneron vraisemblablement talentueux, je pense que l'on devrait évoluer vers plus de finesse et d'élégance dans les années à  venir. Du moins je l'espère!

    Finalement, elle est pas si mal que ça, cette toute simple syrah du Valais!

    Olif

  • Quand le GJP s'attaque à L.A.C.A.V.E. !

    Date: le 23/01/2004 à 19:55

    Vous connaissiez déjà le GJP, Grand Jury Pontissalien, association non officielle ayant pour modeste but notre épanouissement personnel dans le domaine du vin, ce qui est déjà beaucoup, vous allez faire connaissance avec L.A.C.A.V.E. , L'Association des Connaisseurs et Amateurs pour la Valorisation des produits Extérieurs, regroupement d'amateurs haut-doubiens passionnés par le monde du whisky et des alcools. Ce club n'a pour l'instant qu'une année d'existence (il s'agit d'une ramification d'un autre club de la région) et propose 5 soirées annuelles, autour des Single Malts essentiellement, sous la houlette d'un vrai passionné, Serge, qui je l'espère, viendra participer activement sur LPV. Quel dynamisme, dans le Haut-Doubs!

    Exercice relativement nouveau pour nous que la dégustation successive de plusieurs Malts, mais c'est armés d'un grand courage que nous (Le Seb et moi) avons accepté de relever le défi ! Rendez-vous donc à L'Alchimie, sans nul doute le restaurant le plus inventif de la ville, qui nous recevait pour la dégustation qui fut suivie d'un repas.

    Les Malts sélectionnés sont en général des bouteilles commandées dans des boutiques spécialisées et très pointues dans ce domaine, telle la Maison du Whisky, entre autres.

    Prestonfield Malt, 10 ans, 43°

    Un pur produit de distillerie, dans le Speyside, sélectionné par Signatory Vintage, vieilli en fût de sherry. Et de fait la robe est ambrée. C'est un beau whisky d'apéritif, floral, développant des arômes de fruits secs et d'amande. Très doux et rond en bouche, on perçoit une sensation alcooleuse longue et chaleureuse en finale avec développement de jolies notes de noyau de cerise.

    Royal Brackla, Vintage 91, 43°

    Une sélection Signatory Vintage également, élevé en « cask » pendant 9 ans.
    Originaire des Highlands, il offre une robe jaune très clair (natural color), du fait d'un élevage probable en fût neuf.
    Le nez est plutôt fruité, assez fin, mais l'attaque est franche, presque agressive, et évolue sur des notes iodées marquées. Très long, il devient doucereux en finale. Belle constitution !

    Macallan 12 ans, 46°

    Embouteillage par Murray Mac David, une version un peu particulière de ce Single.
    La robe est ambrée (vieillissement en sherry cask). Malgré le degré élevé, l'alcool n'agresse pas le nez, plutôt marqué par des notes farineuses. On a l'impression de croquer des grains d'orge ! Sensation un peu particulière pas entièrement convaincante ! D'autant que l'alcool se manifeste beaucoup en bouche.

    Bowmore 92, 11 years old, 46°

    Poursuite de la traversée de l'Ecosse avec visite de l'île d'Islay. La robe est claire, toujours en relation avec un élevage en fût neuf. Pas de doute sur son origine pourtant, la tourbe et l'iode sont bien là ! Des notes fumées, auxquelles nous sommes bien habitués dans les tuyés du Haut-Doubs, s'y ajoutent, accentuant son caractère typé. Bouche bien structurée, équilibrée, longue et racée. Un Single entier, que l'on apprécie ou pas, mais dont on ne peut nier la force de caractère !


    Vintage Islay 97, 45°

    Bottled in 2003, il s'agit d'un assemblage de Malts d'Islay par Signatory Vintage dans la collection Stills of Scotland. Non filtré, brut de fût.
    La robe est jaune clair. Le nez, d'abord iodé, révèle par la suite toute sa complexité sans agressivité aucune. Très équilibré, une sensation chaleureuse en finale vient caresser le gosier. Je suis sous le charme de ce très beau et original Malt. Une révélation.

    Après un petit entracte consistant qui nous permet de nous refaire les papilles avec, en accompagnement du joli menu concocté par le Chef de L'Alchimie, un Marigny-Neuf 2003, sauvignon du Haut-Poitou vinifié par Ampelidae avec un petit sucre (un vin d'hiver à boire sur son fruit), et un toujours très beau Côtes du Ventoux de Fondrèche Fayard 2001, nous attaquons la deuxième partie de la soirée avec la dégustation de vieux rhums !

    En principe, une seule bouteille est prévue mais c'est là que le GJP sort sa botte secrète en la personne du Seb, au long passé colonial antillais et grand amateur de ce breuvage !

    Santa Teresa, rhum du Vénézuela, 15 ans d'âge

    Agressif, l'alcool saute au nez et le brûle littéralement, masquant le côté fruité vanillé qui apparaît timidement par la suite. La finale chauffe terriblement faisant ressortir une grande amertume. Il faut du courage pour le boire !

    Rhum vieux agricole Depaz, issu des plantations de la Montagne Pelée, Martinique, 45°

    Une couleur brune, un nez agréable de vanille, de banane séchée, de mangue, une bouche ronde avec une finale très légèrement brûlante, en font un beau rhum bien agréable en digestif.

    Trois Rivières, Martinique, 62°

    Le « décollage », idéal pour le premier Ti-Punch de la matinée, et pour nous plutôt un atterrissage ! "Pa ni pwoblem" ! Rhum blanc agricole très fruité au nez et absolument pas agressif. La bouche révèle bien le fort taux d'alcool qui appellerait un peu de sirop de canne et de citron vert pour masquer la légère amertume ! En fermant les yeux, on entendrait presque le bruit des cocotiers qui s'entrechoquent!

    Eprouvante soirée pour les papilles, mais ô combien intéressante et instructive, qui en appellera certainement d'autres ! Tous ces Single élevés en « cask » ne furent pas loin de nous en donner un au moment de se coucher, de casque, mais finalement, la nuit et le réveil se sont plutôt bien passés !

    Olif, pour le GJP et L.A.C.A.V.E.

  • Un peu de chaleur sudiste dans le blizzard !

    Date: le 26/01/2004 à 09:24

    Petite réunion impromptue du GJP chez le Seb hier soir, chacun devant amener une bouteille que les autres devaient essayer de découvrir. Une certaine unité dans le choix des vins pas du tout préméditée ! Et une convergence vers le Sud, histoire de se réchauffer un peu ! Quand les grands esprits se rencontrent !

    Domaine de la Marfée, Les Champs Murmurés 2000

    Nez très animal, réduit, sur des notes de cour de ferme, légèrement acidulées, type fiente de poule ou guano, mais désolé, je suis un gars de la campagne, j'aime bien ça ! Le renard n'est pas bien loin, le carignan non plus ! Un joli fruité très frais en bouche (cassis évidemment !), une grande longueur et un bel équilibre pour ce vin très convaincant.

    Châteauneuf du Pape, domaine Marcoux 99

    C'était ma bouteille et ce ne fut pas, et de loin, la meilleure de la soirée ! Un nez pas net a fait discuter un goût de bouchon, mais pas de façon franche, intermittent, s'estompant à  l'aération pour revenir à nouveau prendre en traître en bouche ! Des notes de cacao un peu poussiéreuses, type Nesquik, apparaissent à  l'agitation et viennent se substituer par moment aux précédentes. De la matière, du potentiel, mais une impression mitigée pour cause d'arômes douteux. A revoir même si ce sera difficile, je n'en avais qu'une ! Bouteille carafée 8 heures au préalable.

    Domaine Mortiès, Que Sera Sera 2001

    Un magnifique nez de café moulu, type Arabica. On se croirait chez le torréfacteur du coin ! Puis de subtiles et adorables notes viandées rappellent le steak qui se trouve dans l'assiette. Du bonheur ! Un vin tout en finesse et en élégance !

    Cigalus 99, Vin de Pays d'Oc

    La robe est d'une noirceur impressionnante ! Au nez, les notes de poivron bien mûr associées à  un joli boisé torréfié nous emmènent tout droit du côté de Saint-Estèphe. Perdu ! Tanins marqués par une légère amertume, mais un vin de noble constitution, atypique pour du Languedoc, mais plutôt bon ! Assemblage 50% merlot 50% cabernet sauvignon, je crois !

    Don PX 1972, Gran Reserva, Toro Albala

    Une grosse gâterie du Seb pour finir ! On ne pouvait descendre plus au Sud avec ce vin exceptionnel qui a la grosse côte sur LPV en ce moment .

    A voir l'aspect, il est légitime de se demander si on va boire de la mélasse ou du Fernet-Branca ! Il suffit pourtant d'approcher son nez du verre pour être envoûté par des arômes de pruneau, de fruits secs, de noix, d'amandes. De l'oxydatif total ! Inaltérable ! Un peu d'amertume de bon aloi vient s'équilibrer de façon majestueuse en bouche.
    Une structure longue et impressionnante pour un vin d'anthologie.
    C'est grand, c'est beau, c'est bon !

    Olif

  • Pierre qui roule..

    Date: le 19/12/2003 à 11:59

    Cette pierre-là , elle est plutôt précieuse ! Preciosus en latin, mais nombreux sont ceux qui voudraient la dessertir de son écrin. C'est bien là le problème avec les mythes, il faudrait ne pas vouloir les approcher pour ne pas détruire la part du rêve qui est en nous.

    Peu de vins en France ont acquit ce statut d'exception (mais est-il toujours enviable ?) : la Romanée Conti et le Montrachet en Bourgogne, Yquem et Pétrus à Bordeaux. Si Yquem semble le plus accessible et le moins décevant de ces vins fameux, eu égard à son prix, il n'en est pas tout à fait de même pour son collègue de Pomerol à qui il est fréquemment reproché de ne pas avoir le lustre nécessaire pour défendre son statut. Ce qui lui a longtemps valu de n'être gratifié que de ** dans le Bettane et Desseauve. Parker avance une explication dans son guide : ce serait en raison d'une frilosité, voire d'une peur de prendre des risques lors de la vinification, que les propriétaires «assurent», en se contentant du minimum syndical, forcément élevé pour un cru de ce rang. Vendanger tôt pour éviter la pluie, clarifier et filtrer pour épurer le vin, mais aussi, du coup, l'appauvrir ! Ce qui expliquerait les résultats inégaux de la décennie 80. Si 82 et 89 sont des monuments, 81, 83 et 86 sont en deçà de la réputation du cru, 87 également mais dans une moindre mesure car le millésime a quand même été surpassé.

    Deux bouteilles de ce nectar dormaient depuis des années dans nos caves respectives et la perspective de les aligner côte à côte pour une soirée d'exception faisait petit à petit son chemin. A événement exceptionnel, organisation exceptionnelle : une soirée de gala devait servir de rampe de lancement à ces deux monstres sacrés, forcément non issus des meilleurs millésimes, mais qu'importe ! Foin des grincheux qui minimiseront l'importance de la dégustation ! En route pour le mythe !

    Pétrus, mythe à  mi-temps...

    La partie logistique de la soirée prise en charge par Le Seb et Nathalie, nous n'avions qu'à apporter religieusement nos flacons. De vraies stars ! Et poseurs, en plus ! Les deux bouteilles côte à côte, entourées par les carafes, ça vous fait un de ces effets pour la photo! Séance de débouchage à l'aide d'un Screwpull à manette. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Grosses inquiétudes sur le 86 ! Pour employer ce qui pourrait être un belgicisme, rien qu'à sentir le bouchon, ça sentait déjà le bouchon ! Peut-être n'est-ce que passager (on peut toujours rêver !), on carafe quand même pour voir !

    Place à la mise en bouche !

    Pour accompagner les petits toasts au foie gras maison sur pain aux figues :

    Domaine du Clos des Fées, Passa Minor 98, Muscat Petits Grains

    Une véritable bouteille collector, produite uniquement cette année-là par Hervé Bizeul, dénichée dans une cave de rêve en Suisse par Le Seb ! Le nez est un peu déroutant, sur le menthol, l'eucalyptus, la sève de pin. Les arômes muscatés ne sautent pas à proprement parler au nez ! Bouche ample, sur le coing avec en milieu de bouche une sensation métallique. Rétro sur la pâte de coing et toujours des notes de sève de pin. Une grande originalité et une bouteille très intéressante au final.

    Sur une poêlée de Saint-Jacques servies sur un lit de mâche :

    Coulée de Serrant 99

    Carafée en début de matinée, elle a eu un peu de temps pour s'ouvrir mais elle l'a fait péniblement. Le nez reste discret, sur de légères notes miellées. La bouche est déconcertante ! Pas d'amplitude ni de volume, une impression de vin aqueux, « coupé à l'eau », malgré une grande longueur. Pour tout dire extrêmement décevant !

    Ermitage De L'Orée 91, Chapoutier

    Robe jaune soutenu. Nez un peu oxydatif, sur les fruits secs, marqué par une sensation alcooleuse (eau de vie de marc). Attaque vive, avec de l'acidité, mais la bouche reste globalement sévère et sèche, avec rétro sur l'alcool et les fruits secs. On sent le beau vin, mais ce n'est pas consensuel. Son caractère très « typé » ne peut pas plaire à tout le monde. Est-ce un problème d'éducation de palais ?

    Sur une côte de boeuf de Mr Chambon, cuite à  la perfection par Le Seb, et accompagnée de petites rattes et de crosnes :

    Pétrus 86

    Le passage en Impitoyable a guéri toute vélléité de mettre ce breuvage en bouche ! Une grande leçon à en tirer : les mythes ne sentent pas que la naphtaline, ils peuvent aussi sentir le bouchon !

    Pétrus 87

    Petit millésime pour Bordeaux, mais grand pour Pétrus ! La robe est encore sombre sans trace d'évolution. Très empyreumatique, sur le tabac, la fumée, le bois noble, il développe une puissance phénoménale en bouche, toute en finesse et en élégance. Puissance, finesse, longueur, élégance, race et distinction, je crois bien que beaucoup d'éléments sont là pour dire qu'on est en présence d'un grand vin dans l'absolu. A mettre au Panthéon des grandes bouteilles bues cette année, au même titre que La Mission 63. Qui a parlé d'effet millésime ?

    Cheval-Blanc 94

    Remplaçant de dernière minute, il n'a guère eu droit à l'échauffement ! Changement rapide de température, carafage brutal à froid, la partie s'annonçait difficile pour lui, surtout derrière le monument précédent.
    Nez d'abord un peu réduit, puis sur les fruits bien mûrs, le tabac blond, il développe volume et ampleur en bouche, mais aussi relative souplesse malgré une grande longueur. Un côté accessible immédiat et très féminin, il correspond tout à fait à l'image que j'ai de Cheval-Blanc.
    Finalement, il se tire plutôt bien de l'exercice difficile auquel il était confronté !

    Sur un « Pavé de la place », délicieux gâteau au chocolat de Mr Poix-Daude, servi avec un duo de crème, vanille et caramel :

    Mas Amiel Prestige 15 ans d'âge

    Un superbe vieux Maury à  la robe tuilée qui développe un rancio magnifique, pruneau, havane... Les papilles demandent grâce !

    Rhum JM 1990, Les Héritiers Crassous de Médeuil, Martinique

    On ne pouvait pas refuser un vieux rhum au Seb, dont la Martinique est quasiment la deuxième patrie ! Une vraie caresse au gosier à la descente et une agréable sensation de chaleur alcooleuse qui remonte. Il n'y a plus qu'à se laisser aller ! Enfin pas trop quand même, car il faut rentrer, même s'il n'y a que 500m à faire !

    Que rajouter à cette superbe soirée qui vient clôturer une saison gustative faste pour le GJP ! Rien, si ce n'est qu'il sera cependant dur d'oublier l'immense déception de ce bouchon bien amer !

    Pétrus qui r'ule n'amasse pas m'usse ! (c'est pour la rime !)

    Olif