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En léger différé du vignoble! - Page 14

  • Bordeaux en 10 leçons, l'intégrale

    Bordeaux en 10 leçons!

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    Bordeaux ! Le nom fait rêver tout amateur de vins ! Que celui qui n’a jamais eu le moindre émoi en parcourant le célèbre classement de 1855 passe son chemin. Le récit de cette escapade girondine risque fort de le laisser de marbre. Enfin, ça m’étonnerait quand même , j’espère bien y glisser un peu de ma verve habituelle, si tant est que j’en aie un peu, ce que j’aime à croire ! Par contre, le curieux qui se dira : « Tiens ! Olif est malade, il s’est remis à boire du Bordeaux ? » ne devrait pas être déçu ! Pas si malade que ça l’Olif ! C’est quand même drôlement bon, le vin de Bordeaux, non ?

    Ce périple bordelais du Club des Amis du Bon Echanson, prévu et organisé de longue date, tombait à pic car succédant aux 3èmes REncontres VEndéennes autour du VIN, auxquelles participait le GJP*, en formation légèrement réduite. De Saint-Jean de Monts à Pauillac, terminus du voyage, le chemin n’était pas long. Par contre, pour s’y rendre, le parcours est parsemé d’embûches ! Passe ton bac d’abord !

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    Et pour le bac, mieux vaut être ponctuel ! 19 heures à Royan. Le ferry est toujours à quai mais les grilles sont fermées ! Quelques médocains de retour de week-end agitent leurs mouchoirs sous notre nez et à notre barbe. On a un peu trop traîné à la terrasse du Chai Carlina ! Heureusement, il en reste encore un, à 20 heures 30. Nous patienterons donc au bistrot du port, un vrai de vrai de bord de mer, avec gouvernail, pont en bois et marins de pacotille en pull rayé et tablier de serveur.

    21 heures 30. Nous retrouvons une bande de joyeux jurassiens ayant fait la transversale et ripaillons à la fois dans les salons de l’hôtel et dans la joie et la bonne humeur, en faisant sauter ni vu ni connu quelques bouchons autour d’un plateau repas préparé à notre attention.

    Après un gros dodo bien réparateur, à nous le Médoc ! Et le Sauternais ! Et les Graves ! Tout ça en 10 leçons, à venir épisodiquement, le feuilleton de l’été sur le Blog d’Olif .

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    Et, spéciale dédicace pour Estèbe, la petite station-service où on allait faire le plein de carburant à la pompe!

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    * GJP: Grand Jury Pontissalien, secte d’adorateurs de Bacchus, basée sur les hauts plateaux du Doubs

    Bordeaux 2006 - (1) Leçon de recueillement à Lafite

    Lafite-Rotschild. Le nom fait rêver les amateurs de finance et de vin du monde entier. Y compris dans le Jura! Au point de s’inscrire en tête de liste du périple médocain GJPesque. La barre aurait-elle été placée trop haut d'emblée? A voir!

    Le baron Eric n’est pas là pour nous accueillir. Tout de même! Foin de la déception, le jeune maître de chai qui nous balade dans le dédale souterrain du château en connaît un rayon. Y compris en matière de terroir, un genre de truc qui existe aussi à Bordeaux. La hite culmine à 27 mètres au dessus de la mer. De combien Lafite dépasse t’il les autres crus de Pauillac?

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    Après s’être extasiés devant la plus grande collection de vieux millésimes du monde, nous pénétronsRevevin_mdoc_115 dans le chai de Ricardo Bofill, un véritable temple dédié au vin, à l‘acoustique soignée. Nous nous y recueillons avec dévotion, au son des barriques que l’on roule. Il paraît que certains soirs d’automne, on peut y entendre le sanglot long des violons, même en été. Quand la 35ème heure a sonné et que les ouvriers viticoles laissent la place aux mélomanes empapillonnés pour des musicales viniques classiques. De la meli-mélomanie, un verre de 1er Grand Cru Classé à la main, le petit doigt en l'air!

    Lafite-Rothschild 1993: à maturité, ce vin exhale des notes de poivron bien mûr sur fond de bois noble et de Havane. Les tanins sont fondus mais n’arrivent pas à se départir de leur caractère revêche, inhérent au millésime. C’est quand même bien bon, et surtout prêt à boire.

    Lafite-Rothschild 2005: d’un tout autre acabit, le nez séduit d’emblée, par sa fraîcheur et son caractère fruité, sur la gelée de fruits noirs, une des constantes du millésime, semble t’il. Pas compoté pour un sou! Les tanins sont soyeux, d’une finesse sans égal, élégants et raffinés. En finale, le bois transparaît, légèrement vanillé, l’air de rien, l’apanage de la jeunesse. Sans épate, du début à la fin, en grand seigneur! Pour un premier 2005, on aurait pu tomber plus mal!

    Fin du recueillement!

    Bordeaux 2006 - (2) Leçon de terroir à Haut-Marbuzet

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    Encore tout ébaudis de la visite de Lafite, les Amis du Bon Echanson quittent non sans peine  la commune de Pauillac pour se rendre à Marbuzet, charmant lieu-dit entre Cos et Montrose. Tout en haut de Marbuzet, plus exactement, au Château Haut-Marbuzet, où nous avons le privilège d’être invités à déjeuner (ça sert d’avoir des relations!). Accueillis par le dynamique Hughes Duboscq, qui co-gère le domaine avec son frère Bruno, sous la houlette du charismatique et toujours présent paternel Henri, nous partons illico en direction d’un belvédère où nous jouissons d’une vue panoramique sur la Gironde et le vignoble de Haut-Marbuzet.

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    « Derrière les grands terroirs médocains, cherchez l’irlandais! ». Ici, il se nommait Mac Carthy. Vaste propriété d’un seul tenant morcelée au fil des héritages, la famille Duboscq n’a de cesse de la reconstituer depuis une cinquantaine d’années. Le domaine actuel est constitué d’un noyau d’élite de 52 ha, en exposition Est, descendant en pente douce vers la Gironde. Parmi les plus belles terres du secteur, jouxtant celles de Montrose, mais n‘ayant pas la même aura. « Qui sont mes voisins? » fut, paraît-il, la première phrase prononcée par un célèbre maçon qui vient d’acquérir une petite résidence secondaire dans le secteur. Une nouvelle motivation pour les Duboscq à résister aux groupes financiers et rester une propriété familiale.

    Le sol, constitué de gravilles médocaines très drainantes, l’exposition idéale en bordure d’estuaire, un encépagement  à forte proportion de merlot pour arrondir la virilité de Saint-Estèphe, le travail des hommes, qui au fil des siècles a modelé et modifié cette terre, autant de composantes du terroir que revendique Hughes Duboscq, et qui font de Haut-Marbuzet un vin populaire, chéri des amateurs. Et ce, pas uniquement en raison d’un boisé souvent qualifié de racoleur, qui tend à s’estomper actuellement. La preuve!

    Haut-Marbuzet 2005: robe opaque. Superbe nez sur la gelée de fruits noirs. Bouche droite, nette, tanins fins, serrés, sans agressivité. Finale un peu stricte mais avec de la personnalité. A ce stade,  le bois ne domine absolument pas le vin, qui possède un velouté extrêmement séduisant. Une grande réussite.


    Bordeaux 2006 - (3) Leçon d’inobjectivité par Henri Duboscq

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    La rencontre avec Henri Duboscq dans son fief de Haut-Marbuzet fut assurément un moment inoubliable de ce séjour bordelais. Homme volubile, charmeur, charmant, intarissable, il est finalement à l’image de son vin, et réciproquement.

    Sa volonté de faire de Haut-Marbuzet un vrai vin populaire, adulé par le peuple, ne l’a pas fait ménager ses efforts. Mais il y est parvenu, notamment en respectant ses acheteurs et clients. Son château est l’un des rares du Médoc à avoir développé une clientèle particulière, toujours bien reçue au domaine.

    « Haut-Marbuzet, qualité moyenne, émotion garantie! », assène rigolard, Henri Duboscq, revendiquant son statut de cru non classé, mais défie quiconque, après avoir passé un agréable moment au château, de ne pas approcher différemment son vin. La subjectivité, ou plus exactement l’inobjectivité, est l’apanage des amateurs, Henri Duboscq aime à la cultiver.

    Opération séduction réussie en ce qui me concerne, j’aime quand les vins ont une âme, celle de leur terroir et/ou de leur géniteur.

    Il est l’heure de passer à table. Par pudeur et respect, les appareils photos, les calepins et les stylos sont restés au vestiaire. Florilège d’impressions pour moments émotifs intenses ! Avec des vins d’une qualité très supérieure à la moyenne!

    Comment oublier l’alliance subtile d’œufs de cailles pochés sur lit de truffes et d’un Haut-Marbuzet 2000, un vin retenu, bridant la fougue de sa jeunesse, pour se livrer au contact de la truffe?

    Comment rester insensible à la densité d’un Haut-Marbuzet 1982? Un vin « out of the world » pour Robert Parker, et que l’on pourrait qualifier plus simplement d’extra-terrestre, en bon français de chez nous.

    Comment ne pas être subjugué par la jeunesse mature d’un Haut-Marbuzet 1964, une cure de jouvence pour Valérie, ma voisine de droite, née la même année?

    Comment ne pas voir en ce Passito de Pantalleria 2003 un vin au magistral bouquet, qui n’est pas celui de Carole, même qu’il est bien meilleur ? Appréciation personnelle d’Henri Duboscq, qui loue néanmoins les mérites de la Star pour avoir su braquer les projecteurs sur cette appellation sicilienne méconnue.

    Les bonnes choses ont une fin, nous sommes déjà attendus à une encablure d’ici, au Château Lynch-Bages. Pour de nouvelles aventures, et un nouvel épisode à venir, sur le Blog d’Olif.


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    Bordeaux 2006 - (4) Leçon de prononciation à Lynch-Bages

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    Et vous, vous le prononcez comment, le nom de ce château? [ɭɛ̃ʃ-ʙɑʝ], [ɭɨŋʧ-βɛʒ], [ɭɨŋʧʙɑʒ]?

    Situé dans le hameau de Bages, sur la commune de Pauillac, ce 5ème cru classé est qualitativement au niveau d'un second! Il s'agit évidemment de Lynch-Bages, dont la prononciation peut varier selon l'anglicisation ou non du nom. Toujours est-il que c'est les papilles gavées de Haut-Marbuzet que nous nous y rendons, sur les coups de 16 heures 30. Après un début de visite classique, la vis sans fin, le pressoir, le cuvier, la mise en bouteille (ça fait quel bruit, une bouteille de Lynch-Bages 2004 qui s'éclate sur le carrelage?), nous sommes rejoints par Jérôme Leroux, jeune maître de chais d'origine bretonne, qui nousRevevin_mdoc_139_1 conduit dans un premier temps au musée de Lynch, là où l'on cultive la mémoire. Vieilles cuves, vieux pressoirs, tout est encore en place et semble prêt à fonctionner, le tout agrémenté de peintures murales plutôt modernes, thème de l'exposition estivale actuelle, celle d'un artiste dont je n'ai pas retenu le nom, désolé pour lui! Art et vin, une thématique chère au château, qui tous les ans invite un artiste à présenter ses oeuvres.

    Très pragmatique, le Club des Amis du Bon Echanson, lui, est venu pour déguster l'ensemble de l'oeuvre de Lynch-Bages. Ce n'est déjà pas si mal! Nous aurons même droit à une double verticale, le Château Les Ormes de Pez de Saint-Estèphe, appartenant également à la famille Cazes, ayant été débouché pour l'occasion.

    Les Ormes de Pez 2005
    Le premier nez est encore un peu marqué par la barrique mais le fruit vient bien à l'aération. Un beau fruit digne de 2005, mûre, myrtille et cassis, avec beaucoup de rondeur en bouche et des tanins soyeux. La finale est douce et agréable.

    Les Ormes de Pez 2003
    Le nez est frais, ouvert, fruité, avec juste une petite note boisée. La bouche est concentrée, bien arrondie, les tanins sont polissés, le fruit revient bien en finale au milieu d'une note de grande fraîcheur.

    Les Ormes de Pez 2001
    Nez un peu plus complexe, où le fruité primaire laisse la place à des notes de bois noble, de cèdre et de havane. Un vin droit, élancé, avec beaucoup de fraîcheur en finale.

    Les Ormes de Pez 1998
    Nez de poivron mûr, un peu chocolaté, tanins fondus, un rien rustiques, mais loin d'être inélégants.

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    Lynch-Bages 2005
    La robe est noire, avec des reflets violines. Magnifique fruit, un peu poivré, au nez. Matière tannique imposante, dense et compacte, avec du fruit derrière, ne demandant qu'à se libérer, et une grande fraîcheur qui s'installe dans la bouche en finale.

    Lynch-Bages 2003

    Nez torréfié, arabica grillé. De la rondeur en attaque mais un vin puissant, à la longue finale comportant une petite pointe d'amertume.

    Lynch-Bages 2001
    Nez plus classique, élégant, mais peu expressif. La bouche est stricte, droite, un peu austère. La finale est élancée. Un vin qui manifestement traverse une phase un peu fermée.

    Lynch-Bages 1998
    Le nez est ouvert, complexe, empyreumatique. La bouche est concentrée, se fond progressivement, les tanins s’arrondissant et s’assouplissant. Belle longueur et très beau vin, au potentiel encore incomplètement exprimé!

    Lynch-Bages 1990
    Une petite cerise sur le gâteau, ce 90 est épanoui, ouvert, heureux de vivre, tout comme nous. Poivron mûr, eucalyptus, cèdre, beaucoup de fraîcheur, de l’harmonie, des tanins fondus et une finale persistante. Parfait et à point!

    Fin de cette superbe dégustation mais poursuite du marathon, il est temps pour nous de partir vers un ultime château. Initiales LB également! Suspense, suspense…


     


    Bordeaux 2006 - (5) Leçon de jardinage à Barton

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    Barton. Moitié Léoville, moitié Langoa. Léoville, le château sans château. Langoa, le château, à l'ombre de Léoville, qui n'en a pas. L'un deuxième, l'autre troisième, les deux très bons, la prime à Léo. Peut-être que c'est aussi le nom du jardinier!

    Un bout de sol irlandais à Saint-Julien, Médoc. Orange and green! Pour le plaisir des yeux, avant celui du palais.

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    Langoa-Barton 2005
    Nez sur les fruits noirs bien mûrs, myrtille en tête, avec un boisé très fin. Les tanins sont soyeux, mais encore à peine compacts. Jolie fraîcheur en finale.

    Léoville-Barton 2005
    Nez un peu fermé, les fruits noirs ne sont pas loin derrière. Grande droiture, grande longueur, les tanins se fondent délicieusement dans la finale où l'on cherche en vain un brin de fermeté. Un vin magnifique de race et d'élégance.

    Réserve de Léoville 2003
    Nez très mûr, un peu compoté, bouche ronde et charnue, longueur moyenne. Destiné à un plaisir et une consommation immédiats.

    Réserve de Léoville 2001
    Nez que je qualifierais d'intermédiaire, avec des notes d'évolution débutantes: poivron, tabac. Bouche d'amplitude moyenne, sur une finale un peu acidulée.

    Langoa-Barton 1997
    Ce petit millésime 1997 est toujours aussi séducteur, quand les vins avaient suffisamment de matière pour affronter quelques années. Ici, on arrive pourtant au bout de ce qu'il avait à exprimer, avec des notes tertiaires de champignon, de fumé, de poivron. Les tanins sont souples et fondus, et on ne gagnera plus grand chose à l'attendre encore.

    Léoville-Barton 1999
    Premier nez peu expressif, puis un léger boisé transparaît au delà de notes de fruits noirs. Un beau volume, bien concentré, avec de la fraîcheur qui se prolonge jusque dans la finale. Un bien joli vin qu'il faut attendre encore un peu.


    Bordeaux 2006 - (6) Leçon de mycologie à Myrat

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    Château Myrat, le miraculé ! 2ème cru classé de Sauternes en 1855, détenu de longue date par la famille de Pontac, Myrat a vu son vignoble arraché en 1975, à une époque où gagner sa vie en produisant un vin liquoreux était presque une gageure. En 1988, alors que les droits de plantation allaient expirer, Jacques de Pontac décide de reprendre l’exploitation familiale et replante entièrement le vignoble. Le temps n’allait guère jouer en sa faveur. Celui qui passe et celui qu’ilRevevin_mdoc_165 fait. Troisième feuille, et premier millésime potentiel, 1991.  Suivant ! 1992 ? Bis repetita ! 1993 ? Guère mieux ! Le premier véritable millésime du renouveau à Myrat sera donc le 1994. Le vin est affaire de temps et de patience, c’est ce qui explique la présence d’une horloge au fond du chai à barriques du château. Une belle comtoise, ce qui n’échappe pas aux yeux aguerris des Francs-comtois pur jus du Club des Amis du Bon Echanson !

    Et la leçon de mycologie, dans tout ça ? Et bien, elle trouve son explication dans le discours de Monsieur de Pontac, nous parlant de son appellation, de son château, de son vignoble et résumant ainsi son activité : «Finalement, je ne suis qu’un cueilleur de champignons !» . Une définition pour le moins originale mais tellement vraie du métier de vigneron dans le Sauternais !

                                                                            

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    Château Myrat 1998 :
    Robe dorée. Nez poivré, rôti, sur l’abricot confit. Un très beau botrytis, donc, avec un très joli équilibre sur la fraîcheur, malgré le gras du vin, et une belle longueur. Finale savoureusement épicée. Très beau !

    Château Myrat 2002 :
    Nez retenu, mais légèrement confit, sur des notes d’abricot. Un vin riche et puissant, mais rond, possédant beaucoup d’acidité, exprimant une minéralité type mine de crayon. Finale acidulée rafraîchissante. Superbe !

    Château Myrat 2003 :
    Premier nez boisé. En bouche, une grosse liqueur riche et concentrée, onctueuse, tapisse la bouche. Beaucoup de glycérol, 170 g de sucre résiduel. Un vin qui demande certainement un petit peu de temps pour s’harmoniser.

    Château Myrat 2001 :
    Nez de botrytis marqué, très pur, très net. Equilibre sur l’acidité, avec une longueur conséquente et beaucoup de fraîcheur. Un vin droit, magnifique.

    Château Myrat 2005
    :
    Premier nez peu expressif, puis délivrant un fruité primaire sur des notes de poire. Long, avec une finale légèrement marquée par le fût, développant une légère amertume. Dans une phase un peu difficile. A revoir.

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    Monsieur de Pontac (4éme en partant de la gauche) entouré par les amis de l'Echanson

    Bordeaux 2006 - (7) Leçon de choses à Guiraud

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    Deuxième étape dans le monde des douceurs, après Barsac, direction Sauternes et Château Guiraud, où nous sommes attendus par Xavier Planty soi-même, l’homme qui préside aux destinées du domaine depuis une bonne vingtaine d’années. Et qui est visiblement heureux du montage financier qui lui a permis de devenir actionnaire du Château en association avec FFP, la holding de la famille Peugeot, Stéphane Von Neipperg et Olivier Bernard.

    « Vous n’avez pas peur de marcher 25 minutes? » nous questionne t’il d’emblée. Au contraire, on ne demande que cela, un peu d’exercice après toutes ces agapes vendéo-bordelaises!

    Revevin_mdoc_179 Et nous voilà partis dans l’allée bordée d’arbres qui traverse le vignoble, longeant la station d’épuration innovante, ultraperformante et 100% biologique de Guiraud. Et, tandis que nousRevevin_mdoc_181 gambadons dans la nature, nous devisons de papillons, de botanique et de biodiversité. Pas moins de 4 espèces d’orchidées différentes à Guiraud, dont une très rare qui ne pousse qu’ici, et nulle part ailleurs dans le Bordelais, pour la Revevin_mdoc_185 grande fierté de Xavier Planty. Et la vigne, dans tout ça? Ben, elle s’épanouit tout autour, prenant la place d’honneur dans ce microcosme, mais sachant tirer profit des haies et bosquets qui l’entourent, et qui bien souvent ont dû être replantés suite à un arrachage intempestif il y a bien longtemps de cela. Un gros travail de paysagiste, indispensable pour pouvoir exercer le métier de vigneron.

    « Et tout ça pour récolter du raisin pourri! », nous lâche t’il, hilare!

    Il y a de la noblesse, dans ces paroles-là! Comme dans le raisin botrytisé de Guiraud, d’ailleurs!


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    Bordeaux 2006 - (8) Leçon de gourmandise à Guiraud

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    « Il faut boire vos Sauternes jeunes! »

    Une sentence assénée par Xavier Planty à l’heure de passer à table dans la salle de dégustation de Château Guiraud! De quoi réviser mon point de vue personnel, qui ne m’encourageait guère à « quiller » sur le fruit mes vins blancs bordelais « pourris et champignonneux »! Début des travaux pratiques sur le champ, mais à table, à l’occasion d’un menu traiteur, avec participation de notre part, le vin, c’était Guiraud qui régalait. Une première au Château, faut croire qu’on est vraiment bien vu, au Bon Echanson de Pontarlier! Mais bon, on a des relations!

    Un repas de travail aussi, puisque nous n’arrêterons pas d’évoquer, entre deux bouchées, des thèmes aussi passionnants que Sapros, le soufre, le bio, le deuil de Napoléon Ier (raison pour laquelle les étiquettes de Guiraud sont noires, je vous expliquerai si besoin!).

    Revevin_mdoc_190Tout est sur la table, à nous de jouer, maintenant, c’est du self-service! Entrées à base de légumes,Revevin_mdoc_192 de poisson, homard à la parisienne, lotte mijotée à l’armoricaine, blanquette de veau à l’ancienne et gâteau au chocolat. Tout est supposé s’accommoder d’un vin de botrytis Eh! bien, c’est vrai! Sauf la blanquette, mais, en fait, on ne l’a pas goûtée! Plus faim! Même si les vins de Guiraud sont d’une telle gourmandise et délicatesse!

    A refaire, sans aucun problème! Le Tout Sauternes devrait faire des ravages lors des déjeuners ou dîners!

    Guiraud 2005
    Le rôti perce déjà sous le fruit et laisse percevoir une magnifique liqueur bien difficile à recracher! Elancé, avec une acidité remarquable, il allie finesse et élégance et devrait s’imposer comme l’un des musts du millésime (je n’ai pas goûté les autres, mais je sens instinctivement que c‘est Guiraud que je préfère!).

    Guiraud 2000
    Constitué de 60 % de Sauvignon, du fait du millésime, il possède une jolie fraîcheur mentholée, sur des notes de fruit secs et d’abricot. La bouche est ronde et onctueuse, ne se départit pas de sa fraîcheur, une plutôt belle réussite pour l’année!

    Guiraud 2003
    Nez lactique, caramel au lait, possédant une certaine fraîcheur. Onctueux, riche, gras et opulent, il laisse la bouche fraîche grâce à des notes délicieusement caramélisées en finale.

    Guiraud 2001
    La robe est dorée. Nez rôti, épicé, typique d’un beau botrytis. En bouche, un vin élégant, digeste, distingué, aérien, à la finale fraîche et revigorante. Un ensemble déjà harmonieux et fondu, une grande bouteille pour le futur, déjà diablement gourmande! On en redemande!

    Guiraud 2002
    Un millésime plus difficile à appréhender, marqué par une grande acidité, mais déjà équilibré, pur et aérien. Un vin très droit, minéral, sur un registre actuel de zestes d’agrumes confits. Laissons-lui du temps! Ce sera très beau!

    Guiraud 1989
    Avec le dessert, un deuxième dessert! La robe dore magnifiquement. Au nez, c’est un festival! Abricot, figue, une pointe de menthol. La bouche est riche, à l’équilibre précis, long, caramélisant légèrement en finale. Je verrais bien une tarte tatin là-dessus! Il n’y en avait pas, mais s’il fallait retenir une seule chose de tout cela: n’hésitez pas à boire vos Sauternes jeunes, mais gardez-en quelques bouteilles de côté pour vos vieux jours!

    Oserez-vous, comme à Guiraud, un repas tout au Sauternes? Je vous le recommande!

    Bordeaux 2006- (9) Leçon de bâtonnage à Latour Martillac

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    De retour du Sauternais qui les avait abreuvés une bonne partie de la journée et regagnant le Médoc qui les hébergeait, les Amis du Bon Echanson furent soudainement pris d’une petite soif à hauteur de Martillac. Cela tombait fort bien car un rendez-vous avait été programmé au Château Latour-Martillac, justement. Le hasard fait bien les choses!

    Pour la dernière visite au menu de l’escapade bordelaise, nous eûmes droit à la totale! Tour de la propriété en compagnie d’une accorte hôtesse, rencontre de Tristan Kressmann, le directeur général du domaine, petit film et leçon de vinification par Valérie Vialard, la jeune œnologue de la maison (plus de 10 ans de boutique quand même). Sans oublier la dégustation, bien sûr, mais chaque chose en son temps!

    Tout d’abord, une petite séance théâtrale avec pour décor le chai à barriques des blancs. Des fûts bien alignés, apparemment sans histoires. Mais que se passe t’il donc dans celui-ci? Les lies sont toutes avachies au fond! Les paresseuses! Vite! Au travail, petites lies!
    « Le bâton! Le bâton! »  s’écrièrent en choeur les Amis du Bon Echanson formés à l’école de Guignol et du gendarme! Et voilà que Valérie monte à califourchon sur le fût, empoigne son grand bâton, et aussi sec les petites lies se remettent en suspension, non mais!

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    C’est à peine romancé, mais en gros, c’est à peu près ce qui s’est passé. Reste plus qu’à aller goûter!

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    Latour-Martillac rouge 1997
    Nez très ouvert, sur le poivron mûr. Bouche arrondie, fondue, avec un certain degré de gourmandise dans la souplesse. A point et assez typique du millésime.

    Latour-Martillac rouge 2002
    Le premier nez est un peu boisé, finement grillé, mais il y a du fruit derrière (les cabernets étaient superbes en 2002). La bouche est concentrée, les tanins sont un peu serrés mais non agressifs, possédant de la finesse. La longueur pourrait être plus importante.

    Latour-Martillac rouge 2005
    La robe est noire. Le nez évoque la gelée de mûre, un très joli fruité possédant de la fraîcheur et que l’on aura souvent retrouvé sur le millésime, le bois est à peine marqué. En bouche, le vin est plutôt corsé, les tanins du bois sont présents, mais le grain est dense et fin. Petite amertume finale.

    Latour-Martillac blanc 1998
    La robe dore légèrement. Le nez est très aromatique, un peu bourgeon de cassis, fleur blanche, acacia. Un vin frais, élégant et expressif, manquant d’un peu de profondeur dans sa structure néanmoins.

    Latour-Martillac blanc 2004

    La mise date de trois mois. Le fruité primaire est encore présent (fruits à chair blanche), de même qu‘un léger boisé, mais non aromatique. Nerveux et vif, il est pour l’instant dans la droiture et va sans doute nécessiter d’un peu de temps pour s’harmoniser et se complexifier.

    Latour-Martillac blanc 2005
    Le sauvignon qui claque au nez! Fruits exotiques, fruits blancs, bourgeon de cassis. Déjà du gras, de la sève, une belle acidité, de la longueur. Un futur beau vin en devenir!

    Voilà, fin des pérégrinations bordelaises des Amis du Bon Echanson. Ne manque plus que le banquet final. Ce sera la dernière leçon!

    Bordeaux 2006 - (10) Leçon de chant du départ à Arcins

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    Dans Arcins, terrible Arcins
    Le lion est d’or ce soir
    Et les hommes tranquille festoient
    Le lion est d’or ce soir

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    o wimboe o wimboe o wimboe
    o wimboe o wimboe o wimboe
    o wimboe o wimboe o wimboe

    Tout est sage dans le village
    Le lion est d’or ce soir
    Plus de rage, plus de carnage
    Le lion est d’or ce soir

    o wimboe o wimboe o wimboe
    o wimboe o wimboe o wimboe
    o wimboe o wimboe o wimboe
    o wimboe o wimboe o wimboe


    L'indomptable, le redoutable
    Le lion d’or ce soir
    Viens ma belle, viens ma gazelle
    Le lion dort ce soir*

    Chant du départ, mais aussi banquet final, les Amis du Bon Echanson regagnant leurs pénates sacrifient au rituel dernier repas chez Jean-Paul Barbier, au Lion d’Or à Arcins. Une adresse un peu hors des modes et du temps, où les châteaux médocains possèdent leurs propres casiers à bouteilles, régalant ainsi leurs invités de leur production, sans verser le moindre droit de bouchon. Depuis, il y a un semblant de carte des vins, mais chacun est convié à amener sa propre bouteille s‘il le souhaite.

    Truculent personnage, Jean-Paul Barbier aime à évoquer son service militaire dans l’Est de la France lorsqu’on lui fait part de nos origines franc-comtoises. L’endroit où il a eu le plus froid de sa vie! Et puis Baden Baden, et un tas d’autres choses devenues des classiques.

    Ce soir-là, la cuisine est toujours aussi goûteuse, simple et juste, de l’assiette de filets de sardines au pigeon sur escalope de foie gras en passant par la côte de bœuf du voisin de table. Les vins sont de Léoville et Langoa, rien à redire, évidemment. Les mini-cannelés sont à réserver en début de repas, si l’on veut avoir le bonheur d’en croquer un morceau. Les meilleurs de tout le Médoc, à ce qu’il paraît!

    Mais le lion rugit moins fort, ce soir. Un peu désabusé, même, lorsqu’il parle de la chasse aux oiseaux migrateurs sur les bords de Gironde, qui n’est plus ce qu’elle devrait être. L’indomptable, le redoutable, le Lion d’Or, est fatigué, ce soir.

    o wimboe o wimboe o wimboe
    o wimboe o wimboe o wimboe


    Olif

    *Librement inspiré d'Henri Salvador, évidemment!

  • Bordeaux 2006 - (10) Leçon de chant du départ à Arcins

    Revevin_mdoc_214

    Dans Arcins, terrible Arcins
    Le lion est d’or ce soir
    Et les hommes tranquille festoient
    Le lion est d’or ce soir

    o wimboe o wimboe o wimboe
    o wimboe o wimboe o wimboe
    o wimboe o wimboe o wimboe
    o wimboe o wimboe o wimboe

    Tout est sage dans le village
    Le lion est d’or ce soir
    Plus de rage, plus de carnage
    Le lion est d’or ce soir

    o wimboe o wimboe o wimboe
    o wimboe o wimboe o wimboe
    o wimboe o wimboe o wimboe
    o wimboe o wimboe o wimboe


    L'indomptable, le redoutable
    Le lion d’or ce soir
    Viens ma belle, viens ma gazelle
    Le lion dort ce soir*

    Chant du départ, mais aussi banquet final, les Amis du Bon Echanson regagnant leurs pénates sacrifient au rituel dernier repas chez Jean-Paul Barbier, au Lion d’Or à Arcins. Une adresse un peu hors des modes et du temps, où les châteaux médocains possèdent leurs propres casiers à bouteilles, régalant ainsi leurs invités de leur production, sans verser le moindre droit de bouchon. Depuis, il y a un semblant de carte des vins, mais chacun est convié à amener sa propre bouteille s‘il le souhaite.

    Truculent personnage, Jean-Paul Barbier aime à évoquer son service militaire dans l’Est de la France lorsqu’on lui fait part de nos origines franc-comtoises. L’endroit où il a eu le plus froid de sa vie! Et puis Baden Baden, et un tas d’autres choses devenues des classiques.

    Ce soir-là, la cuisine est toujours aussi goûteuse, simple et juste, de l’assiette de filets de sardines au pigeon sur escalope de foie gras en passant par la côte de bœuf du voisin de table. Les vins sont de Léoville et Langoa, rien à redire, évidemment. Les mini-cannelés sont à réserver en début de repas, si l’on veut avoir le bonheur d’en croquer un morceau. Les meilleurs de tout le Médoc, à ce qu’il paraît!

    Mais le lion rugit moins fort, ce soir. Un peu désabusé, même, lorsqu’il parle de la chasse aux oiseaux migrateurs sur les bords de Gironde, qui n’est plus ce qu’elle devrait être. L’indomptable, le redoutable, le Lion d’Or, est fatigué, ce soir.

    o wimboe o wimboe o wimboe
    o wimboe o wimboe o wimboe


    Olif

    *Librement inspiré d'Henri Salvador, évidemment!

  • Bordeaux 2006- (9) Leçon de bâtonnage à Latour Martillac

    Revevin_mdoc_195

    De retour du Sauternais qui les avait abreuvés une bonne partie de la journée et regagnant le Médoc qui les hébergeait, les Amis du Bon Echanson furent soudainement pris d’une petite soif à hauteur de Martillac. Cela tombait fort bien car un rendez-vous avait été programmé au Château Latour-Martillac, justement. Le hasard fait bien les choses!

    Pour la dernière visite au menu de l’escapade bordelaise, nous eûmes droit à la totale! Tour de la propriété en compagnie d’une accorte hôtesse, rencontre de Tristan Kressmann, le directeur général du domaine, petit film et leçon de vinification par Valérie Vialard, la jeune œnologue de la maison (plus de 10 ans de boutique quand même). Sans oublier la dégustation, bien sûr, mais chaque chose en son temps!

    Tout d’abord, une petite séance théâtrale avec pour décor le chai à barriques des blancs. Des fûts bien alignés, apparemment sans histoires. Mais que se passe t’il donc dans celui-ci? Les lies sont toutes avachies au fond! Les paresseuses! Vite! Au travail, petites lies!
    « Le bâton! Le bâton! »  s’écrièrent en choeur les Amis du Bon Echanson formés à l’école de Guignol et du gendarme! Et voilà que Valérie monte à califourchon sur le fût, empoigne son grand bâton, et aussi sec les petites lies se remettent en suspension, non mais!

    Revevin_mdoc_197Revevin_mdoc_198Revevin_mdoc_199 Revevin_mdoc_200Revevin_mdoc_201Revevin_mdoc_202

    C’est à peine romancé, mais en gros, c’est à peu près ce qui s’est passé. Reste plus qu’à aller goûter!

    Revevin_mdoc_208_1

    Latour-Martillac rouge 1997
    Nez très ouvert, sur le poivron mûr. Bouche arrondie, fondue, avec un certain degré de gourmandise dans la souplesse. A point et assez typique du millésime.

    Latour-Martillac rouge 2002
    Le premier nez est un peu boisé, finement grillé, mais il y a du fruit derrière (les cabernets étaient superbes en 2002). La bouche est concentrée, les tanins sont un peu serrés mais non agressifs, possédant de la finesse. La longueur pourrait être plus importante.

    Latour-Martillac rouge 2005
    La robe est noire. Le nez évoque la gelée de mûre, un très joli fruité possédant de la fraîcheur et que l’on aura souvent retrouvé sur le millésime, le bois est à peine marqué. En bouche, le vin est plutôt corsé, les tanins du bois sont présents, mais le grain est dense et fin. Petite amertume finale.

    Latour-Martillac blanc 1998
    La robe dore légèrement. Le nez est très aromatique, un peu bourgeon de cassis, fleur blanche, acacia. Un vin frais, élégant et expressif, manquant d’un peu de profondeur dans sa structure néanmoins.

    Latour-Martillac blanc 2004

    La mise date de trois mois. Le fruité primaire est encore présent (fruits à chair blanche), de même qu‘un léger boisé, mais non aromatique. Nerveux et vif, il est pour l’instant dans la droiture et va sans doute nécessiter d’un peu de temps pour s’harmoniser et se complexifier.

    Latour-Martillac blanc 2005
    Le sauvignon qui claque au nez! Fruits exotiques, fruits blancs, bourgeon de cassis. Déjà du gras, de la sève, une belle acidité, de la longueur. Un futur beau vin en devenir!

    Voilà, fin des pérégrinations bordelaises des Amis du Bon Echanson. Ne manque plus que le banquet final. Ce sera la dernière leçon!

    Olif

  • Bordeaux 2006 - (8) Leçon de gourmandise à Guiraud

    Revevin_mdoc_176

    « Il faut boire vos Sauternes jeunes! »

    Une sentence assénée par Xavier Planty à l’heure de passer à table dans la salle de dégustation de Château Guiraud! De quoi réviser mon point de vue personnel, qui ne m’encourageait guère à « quiller » sur le fruit mes vins blancs bordelais « pourris et champignonneux »! Début des travaux pratiques sur le champ, mais à table, à l’occasion d’un menu traiteur, avec participation de notre part, le vin, c’était Guiraud qui régalait. Une première au Château, faut croire qu’on est vraiment bien vu, au Bon Echanson de Pontarlier! Mais bon, on a des relations!

    Un repas de travail aussi, puisque nous n’arrêterons pas d’évoquer, entre deux bouchées, des thèmes aussi passionnants que Sapros, le soufre, le bio, le deuil de Napoléon Ier (raison pour laquelle les étiquettes de Guiraud sont noires, je vous expliquerai si besoin!).

    Revevin_mdoc_190Tout est sur la table, à nous de jouer, maintenant, c’est du self-service! Entrées à base de légumes,Revevin_mdoc_192 de poisson, homard à la parisienne, lotte mijotée à l’armoricaine, blanquette de veau à l’ancienne et gâteau au chocolat. Tout est supposé s’accommoder d’un vin de botrytis Eh! bien, c’est vrai! Sauf la blanquette, mais, en fait, on ne l’a pas goûtée! Plus faim! Même si les vins de Guiraud sont d’une telle gourmandise et délicatesse!

    A refaire, sans aucun problème! Le Tout Sauternes devrait faire des ravages lors des déjeuners ou dîners!

    Guiraud 2005
    Le rôti perce déjà sous le fruit et laisse percevoir une magnifique liqueur bien difficile à recracher! Elancé, avec une acidité remarquable, il allie finesse et élégance et devrait s’imposer comme l’un des musts du millésime (je n’ai pas goûté les autres, mais je sens instinctivement que c‘est Guiraud que je préfère!).

    Guiraud 2000
    Constitué de 60 % de Sauvignon, du fait du millésime, il possède une jolie fraîcheur mentholée, sur des notes de fruit secs et d’abricot. La bouche est ronde et onctueuse, ne se départit pas de sa fraîcheur, une plutôt belle réussite pour l’année!

    Guiraud 2003
    Nez lactique, caramel au lait, possédant une certaine fraîcheur. Onctueux, riche, gras et opulent, il laisse la bouche fraîche grâce à des notes délicieusement caramélisées en finale.

    Guiraud 2001
    La robe est dorée. Nez rôti, épicé, typique d’un beau botrytis. En bouche, un vin élégant, digeste, distingué, aérien, à la finale fraîche et revigorante. Un ensemble déjà harmonieux et fondu, une grande bouteille pour le futur, déjà diablement gourmande! On en redemande!

    Guiraud 2002
    Un millésime plus difficile à appréhender, marqué par une grande acidité, mais déjà équilibré, pur et aérien. Un vin très droit, minéral, sur un registre actuel de zestes d’agrumes confits. Laissons-lui du temps! Ce sera très beau!

    Guiraud 1989
    Avec le dessert, un deuxième dessert! La robe dore magnifiquement. Au nez, c’est un festival! Abricot, figue, une pointe de menthol. La bouche est riche, à l’équilibre précis, long, caramélisant légèrement en finale. Je verrais bien une tarte tatin là-dessus! Il n’y en avait pas, mais s’il fallait retenir une seule chose de tout cela: n’hésitez pas à boire vos Sauternes jeunes, mais gardez-en quelques bouteilles de côté pour vos vieux jours!

    Oserez-vous, comme à Guiraud, un repas tout au Sauternes? Je vous le recommande!

    A suivre…

    Olif

  • Bordeaux 2006 - (5) Leçon de jardinage à Barton

    Revevin_mdoc_144

    Barton. Moitié Léoville, moitié Langoa. Léoville, le château sans château. Langoa, le château, à l'ombre de Léoville, qui n'en a pas. L'un deuxième, l'autre troisième, les deux très bons, la prime à Léo. Peut-être que c'est aussi le nom du jardinier!

    Un bout de sol irlandais à Saint-Julien, Médoc. Orange and green! Pour le plaisir des yeux, avant celui du palais.

    Revevin_mdoc_146Revevin_mdoc_149Revevin_mdoc_148

    Langoa-Barton 2005
    Nez sur les fruits noirs bien mûrs, myrtille en tête, avec un boisé très fin. Les tanins sont soyeux, mais encore à peine compacts. Jolie fraîcheur en finale.

    Léoville-Barton 2005
    Nez un peu fermé, les fruits noirs ne sont pas loin derrière. Grande droiture, grande longueur, les tanins se fondent délicieusement dans la finale où l'on cherche en vain un brin de fermeté. Un vin magnifique de race et d'élégance.

    Réserve de Léoville 2003
    Nez très mûr, un peu compoté, bouche ronde et charnue, longueur moyenne. Destiné à un plaisir et une consommation immédiats.

    Réserve de Léoville 2001
    Nez que je qualifierais d'intermédiaire, avec des notes d'évolution débutantes: poivron, tabac. Bouche d'amplitude moyenne, sur une finale un peu acidulée.

    Langoa-Barton 1997
    Ce petit millésime 1997 est toujours aussi séducteur, quand les vins avaient suffisamment de matière pour affronter quelques années. Ici, on arrive pourtant au bout de ce qu'il avait à exprimer, avec des notes tertiaires de champignon, de fumé, de poivron. Les tanins sont souples et fondus, et on ne gagnera plus grand chose à l'attendre encore.

    Léoville-Barton 1999
    Premier nez peu expressif, puis un léger boisé transparaît au delà de notes de fruits noirs. Un beau volume, bien concentré, avec de la fraîcheur qui se prolonge jusque dans la finale. Un bien joli vin qu'il faut attendre encore un peu.

    A suivre...

    Olif



  • Bordeaux 2006 - (4) Leçon de prononciation à Lynch-Bages

    Revevin_mdoc_133_1

    Et vous, vous le prononcez comment, le nom de ce château? [ɭɛ̃ʃ-ʙɑʝ], [ɭɨŋʧ-βɛʒ], [ɭɨŋʧʙɑʒ]?

    Situé dans le hameau de Bages, sur la commune de Pauillac, ce 5ème cru classé est qualitativement au niveau d'un second! Il s'agit évidemment de Lynch-Bages, dont la prononciation peut varier selon l'anglicisation ou non du nom. Toujours est-il que c'est les papilles gavées de Haut-Marbuzet que nous nous y rendons, sur les coups de 16 heures 30. Après un début de visite classique, la vis sans fin, le pressoir, le cuvier, la mise en bouteille (ça fait quel bruit, une bouteille de Lynch-Bages 2004 qui s'éclate sur le carrelage?), nous sommes rejoints par Jérôme Leroux, jeune maître de chais d'origine bretonne, qui nousRevevin_mdoc_139_1 conduit dans un premier temps au musée de Lynch, là où l'on cultive la mémoire. Vieilles cuves, vieux pressoirs, tout est encore en place et semble prêt à fonctionner. Le tout agrémenté de peintures murales plutôt modernes, le thème de l'exposition estivale actuelle, celle d'un artiste dont je n'ai pas retenu le nom, désolé pour lui! Art et vin, une thématique chère au château, qui tous les ans invite un artiste à présenter ses oeuvres.

    Très pragmatique, le Club des Amis du Bon Echanson, lui, est venu pour déguster l'ensemble de l'oeuvre de Lynch-Bages. Ce n'est déjà pas si mal! Nous aurons même droit à une double verticale, le Château Les Ormes de Pez de Saint-Estèphe, appartenant également à la famille Cazes, ayant été débouché pour l'occasion.

    Les Ormes de Pez 2005
    Le premier nez est encore un peu marqué par la barrique mais le fruit vient bien à l'aération. Un beau fruit digne de 2005, mûre, myrtille et cassis, avec beaucoup de rondeur en bouche et des tanins soyeux. La finale est douce et agréable.

    Les Ormes de Pez 2003
    Le nez est frais, ouvert, fruité, avec juste une petite note boisée. La bouche est concentrée, bien arrondie, les tanins sont polissés, le fruit revient bien en finale au milieu d'une note de grande fraîcheur.

    Les Ormes de Pez 2001
    Nez un peu plus complexe, où le fruité primaire laisse la place à des notes de bois noble, de cèdre et de havane. Un vin droit, élancé, avec beaucoup de fraîcheur en finale.

    Les Ormes de Pez 1998
    Nez de poivron mûr, un peu chocolaté, tanins fondus, un rien rustiques, mais loin d'être inélégants.

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    Lynch-Bages 2005
    La robe est noire, avec des reflets violines. Magnifique fruit, un peu poivré, au nez. Matière tannique imposante, dense et compacte, avec du fruit derrière, ne demandant qu'à se libérer, et une grande fraîcheur qui s'installe dans la bouche en finale.

    Lynch-Bages 2003

    Nez torréfié, arabica grillé. De la rondeur en attaque mais un vin puissant, à la longue finale comportant une petite pointe d'amertume.

    Lynch-Bages 2001
    Nez plus classique, élégant, mais peu expressif. La bouche est stricte, droite, un peu austère. La finale est élancée. Un vin qui manifestement traverse une phase un peu fermée.

    Lynch-Bages 1998
    Le nez est ouvert, complexe, empyreumatique. La bouche est concentrée, se fond progressivement, les tanins s’arrondissant et s’assouplissant. Belle longueur et très beau vin, au potentiel encore incomplètement exprimé!

    Lynch-Bages 1990
    Une petite cerise sur le gâteau, ce 90 est épanoui, ouvert, heureux de vivre, tout comme nous. Poivron mûr, eucalyptus, cèdre, beaucoup de fraîcheur, de l’harmonie, des tanins fondus et une finale persistante. Parfait et à point!

    Fin de cette superbe dégustation mais poursuite du marathon, il est temps pour nous de partir vers un ultime château. Initiales LB également! Suspense, suspense…

    A suivre...

    Olif

  • Bordeaux 2006 - (7) Leçon de choses à Guiraud

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    Deuxième étape dans le monde des douceurs, après Barsac, direction Sauternes et Château Guiraud, où nous sommes attendus par Xavier Planty soi-même, l’homme qui préside aux destinées du domaine depuis une bonne vingtaine d’années. Et qui est visiblement heureux du montage financier qui lui a permis de devenir actionnaire du Château en association avec FFP, la holding de la famille Peugeot, Stéphane Von Neipperg et Olivier Bernard.

    « Vous n’avez pas peur de marcher 25 minutes? » nous questionne t’il d’emblée. Au contraire, on ne demande que cela, un peu d’exercice après toutes ces agapes vendéo-bordelaises!

    Revevin_mdoc_179 Et nous voilà partis dans l’allée bordée d’arbres qui traverse le vignoble, longeant la station d’épuration innovante, ultraperformante et 100% biologique de Guiraud. Et, tandis que nousRevevin_mdoc_181 gambadons dans la nature, nous devisons de papillons, de botanique et de biodiversité. Pas moins de 4 espèces d’orchidées différentes à Guiraud, dont une très rare qui ne pousse qu’ici, et nulle part ailleurs dans le Bordelais, pour la Revevin_mdoc_185 grande fierté de Xavier Planty. Et la vigne, dans tout ça? Ben, elle s’épanouit tout autour, prenant la place d’honneur dans ce microcosme, mais sachant tirer profit des haies et bosquets qui l’entourent, et qui bien souvent ont dû être replantés suite à un arrachage intempestif il y a bien longtemps de cela. Un gros travail de paysagiste, indispensable pour pouvoir exercer le métier de vigneron.

    « Et tout ça pour récolter du raisin pourri! », nous lâche t’il, hilare!

    Il y a de la noblesse, dans ces paroles-là! Comme dans le raisin botrytisé de Guiraud, d’ailleurs!

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    A suivre, toujours à Guiraud, mais à table cette fois…

    Olif

  • Bordeaux 2006 - (6) Leçon de mycologie à Myrat

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    Château Myrat, le miraculé ! 2ème cru classé de Sauternes en 1855, détenu de longue date par la famille de Pontac, Myrat a vu son vignoble arraché en 1975, à une époque où gagner sa vie en produisant un vin liquoreux était presque une gageure. En 1988, alors que les droits de plantation allaient expirer, Jacques de Pontac décide de reprendre l’exploitation familiale et replante entièrement le vignoble. Le temps n’allait guère jouer en sa faveur. Celui qui passe et celui qu’ilRevevin_mdoc_165 fait. Troisième feuille, et premier millésime potentiel, 1991.  Suivant ! 1992 ? Bis repetita ! 1993 ? Guère mieux ! Le premier véritable millésime du renouveau à Myrat sera donc le 1994. Le vin est affaire de temps et de patience, c’est ce qui explique la présence d’une horloge au fond du chai à barriques du château. Une belle comtoise, ce qui n’échappe pas aux yeux aguerris des Francs-comtois pur jus du Club des Amis du Bon Echanson !

    Et la leçon de mycologie, dans tout ça ? Et bien, elle trouve son explication dans le discours de Monsieur de Pontac, nous parlant de son appellation, de son château, de son vignoble et résumant ainsi son activité : «Finalement, je ne suis qu’un cueilleur de champignons !» . Une définition pour le moins originale mais tellement vraie du métier de vigneron dans le Sauternais !

                                                                            

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    Château Myrat 1998 :
    Robe dorée. Nez poivré, rôti, sur l’abricot confit. Un très beau botrytis, donc, avec un très joli équilibre sur la fraîcheur, malgré le gras du vin, et une belle longueur. Finale savoureusement épicée. Très beau !

    Château Myrat 2002 :
    Nez retenu, mais légèrement confit, sur des notes d’abricot. Un vin riche et puissant, mais rond, possédant beaucoup d’acidité, exprimant une minéralité type mine de crayon. Finale acidulée rafraîchissante. Superbe !

    Château Myrat 2003 :
    Premier nez boisé. En bouche, une grosse liqueur riche et concentrée, onctueuse, tapisse la bouche. Beaucoup de glycérol, 170 g de sucre résiduel. Un vin qui demande certainement un petit peu de temps pour s’harmoniser.

    Château Myrat 2001 :
    Nez de botrytis marqué, très pur, très net. Equilibre sur l’acidité, avec une longueur conséquente et beaucoup de fraîcheur. Un vin droit, magnifique.

    Château Myrat 2005
    :
    Premier nez peu expressif, puis délivrant un fruité primaire sur des notes de poire. Long, avec une finale légèrement marquée par le fût, développant une légère amertume. Dans une phase un peu difficile. A revoir.

    Revevin_mdoc_171
    Monsieur de Pontac (4éme en partant de la gauche) entouré par les amis de l'Echanson


    A suivre...

    Olif

    NB: pour des raisons techniques légèrement dépendantes de ma volonté, la sixième leçon paraît avant la 4 et la 5. On essaiera de remettre un peu d'ordre dans tout ça à la fin!

  • Bordeaux 2006 - (3) Leçon d’inobjectivité par Henri Duboscq

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    La rencontre avec Henri Duboscq dans son fief de Haut-Marbuzet fut assurément un moment inoubliable de ce séjour bordelais. Homme volubile, charmeur, charmant, intarissable, il est finalement à l’image de son vin, et réciproquement.

    Sa volonté de faire de Haut-Marbuzet un vrai vin populaire, adulé par le peuple, ne l’a pas fait ménager ses efforts. Mais il y est parvenu, notamment en respectant ses acheteurs et clients. Son château est l’un des rares du Médoc à avoir développé une clientèle particulière, toujours bien reçue au domaine.

    « Haut-Marbuzet, qualité moyenne, émotion garantie! », assène rigolard, Henri Duboscq, revendiquant son statut de cru non classé, mais défie quiconque, après avoir passé un agréable moment au château, de ne pas approcher différemment son vin. La subjectivité, ou plus exactement l’inobjectivité, est l’apanage des amateurs, Henri Duboscq aime à la cultiver.

    Opération séduction réussie en ce qui me concerne, j’aime quand les vins ont une âme, celle de leur terroir et/ou de leur géniteur.

    Il est l’heure de passer à table. Par pudeur et respect, les appareils photos, les calepins et les stylos sont restés au vestiaire. Florilège d’impressions pour moments émotifs intenses ! Avec des vins d’une qualité très supérieure à la moyenne!

    Comment oublier l’alliance subtile d’œufs de cailles pochés sur lit de truffes et d’un Haut-Marbuzet 2000, un vin retenu, bridant la fougue de sa jeunesse, pour se livrer au contact de la truffe?

    Comment rester insensible à la densité d’un Haut-Marbuzet 1982? Un vin « out of the world » pour Robert Parker, et que l’on pourrait qualifier plus simplement d’extra-terrestre, en bon français de chez nous.

    Comment ne pas être subjugué par la jeunesse mature d’un Haut-Marbuzet 1964, une cure de jouvence pour Valérie, ma voisine de droite, née la même année?

    Comment ne pas voir en ce Passito de Pantalleria 2003 un vin au magistral bouquet, qui n’est pas celui de Carole, même qu’il est bien meilleur ? Appréciation personnelle d’Henri Duboscq, qui loue néanmoins les mérites de la Star pour avoir su braquer les projecteurs sur cette appellation sicilienne méconnue.

    Les bonnes choses ont une fin, nous sommes déjà attendus à une encablure d’ici, au Château Lynch-Bages. Pour de nouvelles aventures, et un nouvel épisode à venir, sur le Blog d’Olif.

    Revevin_mdoc_132

    A suivre...

    Olif

  • Bordeaux 2006 - (2) Leçon de terroir à Haut-Marbuzet

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    Encore tout ébaudis de la visite de Lafite, les Amis du Bon Echanson quittent non sans peine  la commune de Pauillac pour se rendre à Marbuzet, charmant lieu-dit entre Cos et Montrose. Tout en haut de Marbuzet, plus exactement, au Château Haut-Marbuzet, où nous avons le privilège d’être invités à déjeuner (ça sert d’avoir des relations!). Accueillis par le dynamique Hughes Duboscq, qui co-gère le domaine avec son frère Bruno, sous la houlette du charismatique et toujours présent paternel Henri, nous partons illico en direction d’un belvédère où nous jouissons d’une vue panoramique sur la Gironde et le vignoble de Haut-Marbuzet.

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    « Derrière les grands terroirs médocains, cherchez l’irlandais! ». Ici, il se nommait Mac Carthy. Vaste propriété d’un seul tenant morcelée au fil des héritages, la famille Duboscq n’a de cesse de la reconstituer depuis une cinquantaine d’années. Le domaine actuel est constitué d’un noyau d’élite de 52 ha, en exposition Est, descendant en pente douce vers la Gironde. Parmi les plus belles terres du secteur, jouxtant celles de Montrose, mais n‘ayant pas la même aura. « Qui sont mes voisins? » fut, paraît-il, la première phrase prononcée par un célèbre maçon qui vient d’acquérir une petite résidence secondaire dans le secteur. Une nouvelle motivation pour les Duboscq à résister aux groupes financiers et rester une propriété familiale.

    Le sol, constitué de gravilles médocaines très drainantes, l’exposition idéale en bordure d’estuaire, un encépagement  à forte proportion de merlot pour arrondir la virilité de Saint-Estèphe, le travail des hommes, qui au fil des siècles a modelé et modifié cette terre, autant de composantes du terroir que revendique Hughes Duboscq, et qui font de Haut-Marbuzet un vin populaire, chéri des amateurs. Et ce, pas uniquement en raison d’un boisé souvent qualifié de racoleur, qui tend à s’estomper actuellement. La preuve!

    Haut-Marbuzet 2005: robe opaque. Superbe nez sur la gelée de fruits noirs. Bouche droite, nette, tanins fins, serrés, sans agressivité. Finale un peu stricte mais avec de la personnalité. A ce stade,  le bois ne domine absolument pas le vin, qui possède un velouté extrêmement séduisant. Une grande réussite.

    A suivre...

    Olif

  • Bordeaux 2006 - (1) Leçon de recueillement à Lafite

    Lafite-Rotschild. Le nom fait rêver les amateurs de finance et de vin du monde entier. Y compris dans le Jura! Au point de s’inscrire en tête de liste du périple médocain GJPesque. La barre aurait-elle été placée trop haut d'emblée? A voir!

    Le baron Eric n’est pas là pour nous accueillir. Tout de même! Foin de la déception, le jeune maître de chai qui nous balade dans le dédale souterrain du château en connaît un rayon. Y compris en matière de terroir, un genre de truc qui existe aussi à Bordeaux. La hite culmine à 27 mètres au dessus de la mer. De combien Lafite dépasse t’il les autres crus de Pauillac?

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    Après s’être extasiés devant la plus grande collection de vieux millésimes du monde, nous pénétronsRevevin_mdoc_115 dans le chai de Ricardo Bofill, un véritable temple dédié au vin, à l‘acoustique soignée. Nous nous y recueillons avec dévotion, au son des barriques que l’on roule. Il paraît que certains soirs d’automne, on peut y entendre le sanglot long des violons, même en été. Quand la 35ème heure a sonné et que les ouvriers viticoles laissent la place aux mélomanes empapillonnés pour des musicales viniques classiques. De la meli-mélomanie, un verre de 1er Grand Cru Classé à la main, le petit doigt en l'air!

    Lafite-Rothschild 1993: à maturité, ce vin exhale des notes de poivron bien mûr sur fond de bois noble et de Havane. Les tanins sont fondus mais n’arrivent pas à se départir de leur caractère revêche, inhérent au millésime. C’est quand même bien bon, et surtout prêt à boire.

    Lafite-Rothschild 2005: d’un tout autre acabit, le nez séduit d’emblée, par sa fraîcheur et son caractère fruité, sur la gelée de fruits noirs, une des constantes du millésime, semble t’il. Pas compoté pour un sou! Les tanins sont soyeux, d’une finesse sans égal, élégants et raffinés. En finale, le bois transparaît, légèrement vanillé, l’air de rien, l’apanage de la jeunesse. Sans épate, du début à la fin, en grand seigneur! Pour un premier 2005, on aurait pu tomber plus mal!

    Fin du recueillement! A suivre...

    Olif

  • Bordeaux en 10 leçons!

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    Bordeaux ! Le nom fait rêver tout amateur de vins ! Que celui qui n’a jamais eu le moindre émoi en parcourant le célèbre classement de 1855 passe son chemin. Le récit de cette escapade girondine risque fort de le laisser de marbre. Enfin, ça m’étonnerait quand même , j’espère bien y glisser un peu de ma verve habituelle, si tant est que j’en aie un peu, ce que j’aime à croire ! Par contre, le curieux qui se dira : « Tiens ! Olif est malade, il s’est remis à boire du Bordeaux ? » ne devrait pas être déçu ! Pas si malade que ça l’Olif ! C’est quand même drôlement bon, le vin de Bordeaux, non ?

    Ce périple bordelais du Club des Amis du Bon Echanson, prévu et organisé de longue date, tombait à pic car succédant aux 3èmes REncontres VEndéennes autour du VIN, auxquelles participait le GJP*, en formation légèrement réduite. De Saint-Jean de Monts à Pauillac, terminus du voyage, le chemin n’était pas long. Par contre, pour s’y rendre, le parcours est parsemé d’embûches ! Passe ton bac d’abord !

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    Et pour le bac, mieux vaut être ponctuel ! 19 heures à Royan. Le ferry est toujours à quai mais les grilles sont fermées ! Quelques médocains de retour de week-end agitent leurs mouchoirs sous notre nez et à notre barbe. On a un peu trop traîné à la terrasse du Chai Carlina ! Heureusement, il en reste encore un, à 20 heures 30. Nous patienterons donc au bistrot du port, un vrai de vrai de bord de mer, avec gouvernail, pont en bois et marins de pacotille en pull rayé et tablier de serveur.

    21 heures 30. Nous retrouvons une bande de joyeux jurassiens ayant fait la transversale et ripaillons à la fois dans les salons de l’hôtel et dans la joie et la bonne humeur, en faisant sauter ni vu ni connu quelques bouchons autour d’un plateau repas préparé à notre attention.

    Après un gros dodo bien réparateur, à nous le Médoc ! Et le Sauternais ! Et les Graves ! Tout ça en 10 leçons, à venir épisodiquement, le feuilleton de l’été sur le Blog d’Olif .

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    Et, spéciale dédicace pour Estèbe, la petite station-service où on allait faire le plein de carburant à la pompe!

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    A suivre…

    Olif

    * GJP: Grand Jury Pontissalien, secte d’adorateurs de Bacchus, basée sur les hauts plateaux du Doubs

  • Domaine Julien Meyer, la Biodynamie Nature!

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    Pour commencer la série Alsace, on ne va pas faire dans l’œnologiquement  correct et bien pensant. Direction Nothalten, dans le Bas-Rhin pour la découverte du week-end en ce qui me concerne! Un domaine comme je les affectionne, un vigneron comme je les aime, des vins comme je les adore! Respectueux de leur terroir et vinifiés de manière non aléatoire ! De la biodynamie tendance nature, et des vins en liberté, décoincés, euphorisants. Pas dans le genre consensuel mou, c’est le moins qu’on puisse dire! On attaque la dégustation sur les chapeaux de roues en compagnie de Patrick Meyer,  qui faisait du compost à la vigne en nous attendant.

    Nature 2004
    Assemblage Sylvaner-Pinot blanc, destiné à une consommation immédiate, un vin de fruit, de plaine, sans véritable terroir. J’aime son côté croquant, immédiat, et sa grande digestibilité.

    Mer et Coquillages 2004
    Sylvaner et Riesling à destination d’une assiette d’huîtres! Belle maturité de fruits, avec une pointe terpénique. Un vin de plaisir.

    Pinot blanc Les Pierres Chaudes 2004
    80% Auxerrois, 20% Pinot blanc. Minéral et tonique, avec du fond, pourvu d’une belle fraîcheur.

    Sylvaner Zellberg 2002
    Porté par une belle acidité, au caractère tranchant, ce vin minéral redonne toutes ses lettres de noblesse au Sylvaner, cépage injustement méprisé en Alsace.

    Sylvaner Zellberg 2005
    Prélevé sur cuve. Robe encore légèrement trouble, arômes d’agrumes (pamplemousse), excellente buvabilité par son caractère frais et vif. Prometteur!

    Sylvaner Zellberg 2004
    La minéralité est au rendez-vous. De belles promesses pour un caractère assez superposable au 2002.

    Johannisberg 2004, Sélection Excelsus, Valais
    Un vin dégainé de ma glacière de façon inopinée, qui permet d’appréhender quelques différences d’approche inter-vignobles. Le nez est agréable, la bouche développe un peu de gras, la structure est lisse, à peine monocorde. La finale est marquée par la présence d’amers et une sensation chaleureuse, alcooleuse. Voici une petite comparative qui ne veut absolument rien dire, tant ce vin était bien sorti au milieu des siens il y a 15 jours en Valais (le compte-rendu ne devrait peut-être pas tarder à arriver!).

    Sylvaner Zellberg 1998
    Nez mûr, encore porté par des agrumes, mais le minéral perce. La bouche, encore retenue, dévoile quelques largesses et une belle amplitude. Entamant une seconde jeunesse, il démontre avec éclat que les beaux vins de Sylvaner ont un grand potentiel de vieillissement.

    Riesling 2004
    Petit exercice de style avec ce vin, goûté sur trois bouteilles différentes, ouvertes à différents moments. Entre celle dont l’ouverture remonte au 1er mai, celle du 10 mai et celle du jour même, le 13 mai, on gagne en épanouissement aromatique ce que l’on perd en minéralité et en fraîcheur. Fugaces notes terpéniques sur la cuvée intermédiaire, mais un ensemble toujours cohérent.

    Riesling Zellberg 2004

    Nez fruité primaire, avec une jolie minéralité qui pointe. Pour connaître son évolution dans deux ans, se reporter au vin suivant.

    Riesling Zellberg 2002
    Profond, complexe et minéral. Un ensemble harmonieux et très plaisant à ce stade. Pour connaître son évolution dans deux ans, se reporter au 2000, que nous ne goûterons pas ce jour. Désolé!

    Riesling  Grittermatte 2004

    N’a pas fini tous ses sucres avant la mise. Il en reste 16 g, à peine perceptibles, du fait d’une grande acidité. Ils sont destinés à être « mangés » en bouteille, au fil de l’évolution, qui, en moins de 6 mois, est déjà fulgurante, paraît-il!

    Riesling Muenchberg 2002
    Nez élégant, citronné, minéral. Bouche droite, tendue, finale acidulée, qui révèle son terroir.

    Riesling Muenchberg 2004
    Là encore, comme pour le Zellberg, on a le sentiment d’une copie conforme, dans le style, avec juste deux ans de moins. Le côte fruité variétal est encore là, mais le terroir transparaît. Il faut l’attendre!

    Riesling  Muenchberg 2000
    La robe commence à dorer, le nez gagne en profondeur et en complexité, le terroir est là, dans toute sa splendeur. Très long, très beau, très bon.

    Pinot Noir Les Pierres Chaudes 2004

    Une cuvée sans soufre à la légère réduction initiale et qui révèle par la suite un fruité gourmand aux tanins fins.

    Pinot Noir Heissenstein 2002
     
    De vieilles vignes de 50-60 ans, sur le même terroir que les Pierres Chaudes. D’ailleurs, il me semble bien que cela veuille dire la même chose dans les deux langues! Je lui trouve un caractère floral, malgré une pointe de volatile. J’aime son grain fin, sa belle amplitude, ses tanins croquants en finale.

    Pinot Noir Heissenstein 2000

    Le teint est trouble, légèrement bruni, comme Carla, mais toujours brillant, comme Dany, mais comme Carla aussi. Là aussi, de l’acidité volatile qui traîne, lui donnant de la digestibilité, mais un peu trop marquée pour prétendre à un statut supérieur.

    Pinot Noir Heissenstein 1996

    La robe est évoluée mais avec un éclat persistant. De la rondeur, de l’harmonie, de la complexité, un certain épanouissement. J’aime beaucoup!

    Muscat Petite Fleur 2004

    Se goûte moyennement ce jour, d’après Patrick, car il manque de « gnac », la bouteille étant ouverte depuis un ou deux jours. Je le trouve quand même sympa, avec de la fraîcheur.

    Muscat Petite Fleur 2005
    Un échantillon prélevé sur cuve, histoire d’avoir un aperçu de son peps habituel. Avec un peu de carbonique, c’est vrai que ça pétille plus!

    Pinot Gris 2004
    Sur le fruit, rond et charmeur!

    Pinot Gris Fanny Elizabeth 2003

    De la rondeur et de la richesse inhérente au millésime, mais un ensemble cohérent, avec une finale encore un peu dissociée.

    Gewurztraminer Heissenberg 2004

    Elégance, finesse et légèreté, pour un Wurtz l’aromatique variétale pas trop appuyée, frais et vif malgré ses 25 g de sucre résiduel. « Faire de la dentelle avec de la concentration », voilà résumé le credo de Patrick Meyer. Et il y arrive, le bougre!

    Riesling  VT Muenchberg 1998
    Un Riesling aux accents minéraux et terpéniques, mais à l’équilibre harmonieux, aérien et longiligne.

    Pinot Gris VT 2000
    Gras et puissant, rond et équilibré.

    Gewurtztraminer VT 2000
    Grande pureté de l’aromatique, finale fraîche, équilibre étincelant, un beau Gewurtz, une belle VT!

    Riesling  SGN 2000
    Une très belle liqueur pour la gourmandise finale!

    Fin de la première étape. Je me suis particulièrement régalé avec les vins de plaine (et de fruit), destinés à une consommation rapide. Nature et Mer et coquillages devraient être mes deux vins blancs de l’été! J’ai été séduit par la race et la classe du Sylvaner Zellberg, qui démontre avec éclat tout le potentiel du cépage, que j’avais rarement dégusté à un aussi haut niveau en Alsace, même si mon expérience est petite dans ce domaine. J’ai été ébloui par la prestance du Muenchberg et la révélation progressive du terroir dans cette mini-verticale. Et enfin, les Pinots noirs du Heissenstein possèdent une très jolie trame malgré les quelques défauts liés à leur mode de vinification, des défauts que je sais apprécier en tant que qualités selon les circonstances! On pourra tester différentes interprétations sur le domaine, plus ou moins judicieuses et/ou arbitraires (je laisse à chacun le libre choix de son avis et je revendique aussi ma subjectivité!), sur le Forum des dégustateurs.

    Olif

  • Eboulis de Cayas à Leytron!

    Retour à Leytron pour une expérience inédite, une verticale de Syrah du Valais, un des cépages du renouveau valaisan! La Syrah, le cépage emblématique des Côtes du Rhône septentrionales, a tout pour bien faire, en Valais: le Rhône, encore plus septentrional qu’en Côte Rotie, des coteaux abrupts, du soleil, et des vignerons passionnés par ce cépage. Gilles Besse, étroitement associé aux destinées de la maison Germanier Bon Père, de Vétroz, nous a rejoints à l’Oenothèque de Leytron pour commenter cette belle dégustation de Cayas, la Syrah prestigieuse de la maison, élaborée par assemblage des plus beaux raisins des trois plus beaux terroirs du domaine.

    Cayas 2004
    Un échantillon tiré sur cuve, dans une phase de jeunesse peu expressive, mais dans lequel on devine quelques relents épicés et poivrés. A revoir dans quelque temps.

    Cayas 2001
    Robe déjà à peine évoluée, arômes de pétale de rose, de fumée, de suie, avec une petite touche empyreumatique chocolatée. Un vin à dominante florale bien typé syrah, à la structure tannique aimablement fondue.

    Cayas 2000
    Dans un style superposable, mais un peu moins réussi que le précédent, parce que le fût transpire, au travers de notes légèrement boisées. La finale est un poil chaleureuse.

    Cayas 1998
    Nez complexe, teinté d’évolution, balsamique, chocolaté. Bonne assise tannique bien lissée, à point! Beau vin!

    Cayas 1995
    Robe sombre, terreuse, trouble, évoluée. Nez épanoui et complexe, sur le pruneau, la truffe, l’olive noire. Encore bien du peps et de la séduction! A peine éclipsée par un sparring-partner de dernière minute et d'envergure, un Côte Rotie 1991 de Jamet. Pas cool pour cette très belle Cayas 1995, de lui faire affronter un tel client. Mais il faut reconnaître qu’elle s’en est tirée avec les honneurs!

    Valais_048 Pour rester dans l’ambiance Bon Père, et avant d’aller se restaurer deux étoiles, un passage par leValais_047 caveau du domaine à Vétroz nous permet un rinçage apéritif de gosier avec un Fendant, si ce n’est deux! Les Terrasses 1992, bouchées à vis, démontrent avec éclat les capacités de garde de ce cépage, même dans ces conditions expérimentales. Complexité, fraîcheur, minéralité, et, de façon surprenante, persistance d’un peu de carbonique, qui témoigne de la bonne étanchéité de la vis! Le Grand Cru Balavaud 2003 ne démérite pas, gardant également beaucoup de fraîcheur. Les deux vins ont remporté la Coupe Suisse du Chasselas, chacun à leur époque!

    A suivre…

    Olif

  • Verticale de Cornalin de Sierre par la face Nord

    Résumé des épisodes précédents:

    Après un excellent échauffement à grands coups de Petite Arvine et d'Amigne, la Patrouille du Vignoble affiche une forme olympique avant d'aborder verticalement le Cornalin de Denis Mercier.

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    Cornalin de Sierre 1996, Denis Mercier

    La robe est encore grenat soutenu, à peine tuilée sur les bords. Le premier nez, animal sauvage, tonifie et réveille. Il s’estompe vite à l’aération pour laisser la place à des notes plutôt tertiaires empyreumatiques torréfiées (moka). Encore pas mal de corps et une belle longueur pour un vin qu’il vaudrait mieux ne plus attendre trop longtemps en cave.

    Cornalin de Sierre 1995, Denis Mercier
    Là encore, la robe est relativement homogène. Le vin délivre encore beaucoup de fruit, un joli cassis assez pur, sur des notes de suie et de fumée. La bouche reste fraîche, acidulée, équilibrée. Un vin de demi-corps, bien tonique, à la finale un poil chaleureuse!

    Cornalin de Sierre 1999, Denis Mercier
    On poursuit la série des nonantes avec ce 99 à la robe grenat brillante, au nez fruité éclatant, cerise noire, mûre, cassis, avec du végétal croquant et une acidité fraîche dans le verre. Un vin d’une grande jeunesse!

    Cornalin de Sierre 1998, Denis Mercier
    Une robe pourpre violacée de cardinal sous laquelle il est vain de vouloir faire des découvertes. Dans une phase peu expressive, avec une bouche serrée mais bien structurée. Je ne le goûte pas très bien ce jour-là et je serais curieux de le revoir dans d'autres circonstances.

    Cornalin de Sierre 2000, Denis Mercier
    Robe presque violine. Un vin fruité, acidulé, frais, de bonne constitution, un peu moins harmonieux que celui qui va suivre et qui était servi en parallèle.

    Cornalin de Sierre 2001, Denis Mercier
    Robe burlat, nez intense de fruits frais, cassis, cerise noire, bouche bien stucturée, tannique. Un grand potentiel, qui donne envie de l'attendre quelques années.

    Une dégustation assez homogène. J’avoue ne pas être insensible à la patine des ans sur un vin de Cornalin (ce qui était loin de faire l’unanimité au sein de la patrouille), mais je ne pense pas qu’il faille se lancer dans la longue garde non plus. Entre 5 et 10 ans me semble actuellement un bon compromis.

    Nouveau dénivelé en vue, avec une verticale de Cayas, la Syrah emblématique de la maison Germanier Bon Père, qui nous a dépêché un excellent guide, en la personne de Gilles Besse, l’un des deux œnologues de la maison.

    A suivre...

    Olif

  • La Patrouille du Vignoble à l’assaut du Valais

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    Le Valais, une impressionnante collection de sommets alpins dépassant 4000 mètres d’altitude, mais pas celui qui est sur la photo! Situés au fond de longues vallées parallèles et transversales à la Vallée du Rhône, ils ont pour nom Grand-Combin (alt. 4'314m), Dent-Blanche (alt. 4'356m), Bishorn (alt. 4'159m), Cervin (alt. 4'478m) ou encore Mont-Rose (alt. 4'634m). Un Mont-Rose largement supérieur au cru de Saint-Estèphe, même lorsque ce dernier prétend atteindre des sommets comme en 2003, soit dit en passant!

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    Le Valais, une impressionnante collection de cépages, cultivés au fond de la vallée ou à flanc de coteaux. Une haute vallée du Rhône qui jouit d’un ensoleillement exceptionnel et d’un micro-climat qui voit pousser des abricotiers au pied des neiges éternelles!

    Lorsque la Patrouille du Vignoble a posé son barda à l’Oenothèque de Leytron, sur les coups de 15 heures en ce samedi 29 avril 2006, elle ne connaissait encore rien du programme de l’après-midi. Elle ne savait pas qu’elle allait avoir à affronter deux verticales censées la conduire vers les sommets. Une double verticale, parsemée de quelques fragments d’horizontales, une manière d’avoir une approche globale des vins de la région, à la manière de l‘ascension d‘un 4000. Non exhaustive, mais abordable sous différents angles. Judicieux! Et pas besoin de s’encorder!

    Et on poursuit évidemment par des blancs, pour se refaire la virginité du palais après les superbes Marsannes dégustées chez Marie-Thérèse Chappaz.

    Petite Arvine 2004, René Favre & fils
    Robe claire, nez salin, avec des notes d’agrumes et l’amertume qui va avec. Un vin minéral, avec une finale iodée sur les amers. Manque d’un peu de séduction à ce stade, même si on ne peut lui reprocher son caractère archétypique.

    Petite Arvine 2001, Sélection Excelsus, Jean-Claude Favre

    La robe dore franchement! Les années supplémentaires se font sentir au niveau de la couleur! Le nez est mûr, riche, sur les agrumes, beurrant presque un petit peu. Une expression inhabituelle de la petite arvine, riche, presque à tendance oxydative, mais j’ai surtout le sentiment d’une belle maturité de fruits. J’aime plutôt bien.

    Petite Arvine 1998, Germanier Bon Père
    Une cuvée élevée en barrique, au nez légèrement beurré et aux notes boisées encore présentes. La bouche est lisse et patinée, mais paradoxalement fluette et décharnée, courte, ne donnant le sentiment de tenir que par son ossature bois! La première Petite Arvine que j’ai eu l’occasion de découvrir, à Arvinis en 2001. Séquence nostalgie… Je pense qu’il est plus que grand temps de la boire! Je crains qu’il ne m’en reste une ou deux bouteilles à la cave!

    Petite Arvine 2001, barrique, Fabienne Cottagnoud
    Nez et bouche séduisantes, sur le tabac à pipe, l’écorce d’orange. De la patine, stimulée par une belle acidité et une longueur satisfaisante. Plutôt plaisant, même si l’on peut toujours s’interroger sur la nécessité de barriquer l’arvine.

    Petite Arvine 2000, Jean des Crêtes, Les fils Maye
    Le nez n’es pas désagréable, discrètement fruité. En bouche, ça se gâte un peu: sucre résiduel, du gaz, des amers dissociés, un équilibre improbable, caricature de ce qu’il vaudrait mieux ne pas réaliser avec la petite arvine!

    Amigne 2004, légèrement douce, Germanier Bon Père

    Fréquemment vinifiée « avec un petit sucre », l’amigne le supporte généralement bien. Il faut pour cela que l’équilibre soit aérien pour que ce petit résidu se transforme en volupté! Ici, j’aurais tendance à le trouver un peu lourdaud! Une Amigne pas totalement convaincante!

    Amigne 2001, Romain Papilloud

    Une version beaucoup plus satisfaisante qui a en outre l’opportunité de démontrer le potentiel de garde de l’amigne. A peine de sucre, de la minéralité, une bouche riche. Une amigne que je ferais volontiers mienne!

    Amigne 2001, Fût de chêne, Fabienne Cottagnoud

    Le nez est élégant et subtil, anisé. La patine de la bouche gomme superficiellement la présence d’un léger sucre, loin d’être prépondérant. Un vin séduisant qui interpelle également sur la mode du barriquage de l’amigne! Quand c’est bien fait, il serait dur d’aller contre!

    Arvine, Amigne, un large pan de l’identité valaisanne! Avec un troisième cépage, rouge celui-là, pas très facile à travailler aux dires des vignerons, mais dont il serait grandement dommageable de se priver! J’ai nommé Messire Cornalin, que nous allons aborder à la verticale, du côté de Sierre, au domaine Denis Mercier. Prenons une grande inspiration avant une petite remontée dans le temps!

    A suivre...

    Olif

  • 29-30 avril 2006 en Valais: La Patrouille du vignoble

    Tandis que tout là-haut dans la montagne, l’était pas seulement un vieux chalet, mais aussi des glaciers et des patrouilleurs qui faisaient la course, dans l’espoir d’aller plus vite que les autres, tout en bas, dans la vallée, l’était une oenothèque, des vignes et des patrouilleurs qui les arpentaient, dans l’espoir de prendre tout leur temps pour apprécier les vins qui en étaient issus.

    Info La Patrouille du vignoble
    La Patrouille  du vignoble est une course exceptionnelle au cours de laquelle il s'agit, en une étape, de rallier Martigny à Sierre.

    Cette épreuve unique se caractérise par sa longueur, son altitude moyenne moyennement élevée et le profil de son itinéraire. Vouloir y participer exige non seulement une réelle expérience du vignoble ainsi que la maîtrise des conditions extrêmes de dégustation qu'on peut y affronter, mais aussi une préparation morale et physique spécifique et minutieuse.
    Le concurrent s'engage à satisfaire les critères de compétence suivants:
    pratiquer régulièrement des dégustations et des courses dans le vignoble
    être très bon dégustateur
    savoir déguster"encordé", être bien entraîné et avoir une bonne descente
    être capable dans des conditions normales d'effectuer les tronçons:

    Fully-Leytron  en 3 h 15*
    Fully-Sierre      en 7 h 30**
    Leytron-Vétroz en 2 h 00*      *:temps maxima
    Vétroz-Chamoson, à reculons, les yeux bandés   en 8 h 30**    **:temps moyens indicatifs

    Cette épreuve se dispute par patrouilles civiles d’un certain nombre de concurrents. Elle est ouverte à des formations masculines, féminines, mixtes ou les trois à la fois.

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    La patrouille du vignoble, arpentant les coteaux de Fully et se dirigeant, non sans appréhension, vers la Combe d’Enfer!

    Après un cours magistral sur le vignoble dans un amphithéâtre d’enfer, laValais_036 patrouille a fait un détour par l’hospice pour saluer des ceps de Marsanne tirebouchonnés et âgés de 80 ans (prononcer huitante ans!). Si tous les petits jeunots avaient autant de choses à nous dire!

    Valais_040 Dans des conditions particulièrement difficiles en raison d'un mistral valaisan virevoltant et tourbillonnant à la manière d'une bise alpine, la Patrouille s'en retourne à Fully pour un contrôle anti-dopage sous la tonnelle deValais_032_1 Marie-Thérèse Chappaz, suivi d’un ravitaillement. Les choses sérieuses commencent!





    Fendant du Président Troillet 2005, Marie-Thérèse Chappaz:
    Un Fendant sans malo, vif et séduisant laissant percevoir derrière des notes encore amyliques une minéralité crayeuse et une touche d’herbe aromatique. Longueur moyenne, mais c’est un vin apéritif.

    Petite Arvine 2005, Marie-Thérèse Chappaz:
    Pêche de vigne, agrumes, abricot, et beaucoup de rondeur. Une pseudo apparence de viognier pour cette petite arvine qui en est bien une, même si elle est riche en alcool (15,2°!). Parfaitement sèche; elle se démarque du viognier par sa petite finale saline caractéristique et sa nervosité non feinte.

    Petite Arvine 2003, Clos des Corbassières, Domaine Cornulus
    Nez beurré, riche, aromatique, évoquant la Marsanne, de par sa richesse et sa largesse. Là encore, il s’agit bien d’une Petite Arvine, avec sa finale saline. Un équilibre loin d’être déplaisant, même si inhabituel, victime de l’effet millésime.

    Marsanne 2002, Denis Mercier
    Nez complexe et puissant, sur la rhubarbe, la réglisse, bouche ample et large, grande longueur. Un vin au caractère affirmé, jouant dans un registre de puissance, mais possédant un bel équilibre.

    Marsanne Les Serpentines 2004, Gérald Besse

    Une Marsanne qui marsannise : eau de vie de framboise, olive verte, truffe blanche! La bouche est bien minérale, longue avec une belle vivacité l’emportant sur la puissance. Rétro olfaction sur l’olive verte. Superbe!

    Marsanne 2003, Marie-Bernard Gillioz
    Nez exotique, fruits jaunes, confit, riche et puissant. Un vin plein, avec une finale immense et une longue rétro.

    Marsanne Grain Noble 2003, Marie-Thérèse Chappaz
    Une gâterie pour terminer! Du pur botrytis, avec une fraîcheur et un toucher de bouche somptueux. Une petite pointe d’acidité finale réhausse le tout, empêchant de sombrer dans la mélancolie et rendant le vin sautillant et primesautier. Une caresse au palais! Le nez, Marie-Thérèse le trouve trop riche, miel et cire d’abeille, mais cela n’arrive même pas à gâcher la bouche! Une Marsanne comme on aimerait en boire plus souvent!

    Tarte aux oranges 2006 de Nathalie
    Tellement bonne que je n'ai rien craché, même que j'en ai repris une part! Avec la Marsanne grain Noble de Marie-Thérèse, on ne pouvait rêver plus bel accord!

    Fin du premier mouvement

    Olif

  • Grands Jours de Bourgogne 2006: la Trinquée de Meursault

    C’est le printemps, les températures remontent et les jours rallongent. Nulle part ailleurs ils ne sontGrands_jours pourtant aussi Grands qu’en Bourgogne. Cette manifestation biennale permet de faire le tour des vins de  la région en une petite semaine. A chaque jour son lieu et ses appellations. Le samedi, c’était Meursault, et nous avons eu l’opportunité d’aller y trinquer! L’occasion unique de côtoyer les vignerons venus y présenter des vins en provenance exclusive de la commune de Meursault. Majoritairement du blanc, donc, mais pas seulement puisque figuraient également quelques rouges, en appellation Bourgogne, Meursault, Blagny et Volnay-Santenots.

    En revanche, pas d’unité sur le millésime, même si 2004 était logiquement majoritaire. Des vins tout juste mis en bouteilles chez la plupart, mais qui se goûtaient plutôt bien dans l’ensemble. Retour vers un classicisme de bon aloi, après l’extravagant 2003 qui n’a pas très bien réussi au chardonnay par ici. D’une manière générale, les vins sont minéraux, frais, tendus et acidulés, loin de l’équilibre des 2003.

    Et c’est pourtant avec quelques vins issus de cette année-là, chez Alain Coche-Bizouard, que nous débuterons notre parcours dans la cuverie du Domaine Jacques Prieur, qui hébergeait cette Trinquée de Meursault. Le Meursault Limozin s’en sort le mieux, avec un nez légèrement grillé, du gras et de la longueur pour un équilibre plutôt satisfaisant. Il suffit de comparer le Charmes 2003 avec le 2004 , ce que nous avons pu faire, pour se rendre compte du rôle du millésime. Acidulé et mordant, finement grillé, ce Charmes 2004 a tout le temps de s’assagir, tout comme ces jolies Gouttes d’Or 2004, à la finale bien salivante.

    Passage au Domaine J. Matrot pour y retrouver Thierry Matrot, qui nous tend les bras, pour retrouver des vins dans un style droit et tendu (comme ses bras), que j’affectionne particulièrement. D’abord un joli Meursault 2004, bouché à vis pour le marché américain, puis un remarquable Charmes 2004, très prometteur, possédant déjà toute la longueur et la minéralité requises, puis un Charmes 2001, un soupçon grillé, avec un peu de gras qui vient étoffer une remarquable trame acide, pleine de droiture. En rouge, le Blagny La pièce sous le Bois 2004 possède une pureté de fruit remarquable, déjà toute en rondeur. Un style que j’affectionne particulièrement, dans les deux couleurs.

    Gentiment chambrés pendant toute la dégustation par le voisin, François Mikulski, nous n’avons qu’un pas de côté à faire pour le mettre à l’épreuve. Et là aussi, que du tout bon, à commencer par un Meursault 2004, assemblage de différentes parcelles, dont 20% de jeunes vignes de Charmes, totalement décoiffant malgré une mise toute récente. Le Meursault Poruzots-Dessus 2004 est également magnifique, gras, long et séducteur, tout comme le Genevrières, plus acidulé, droit et minéral. La aussi, une petite incursion dans le rouge laisse une excellente impression avec ce Volnay Santenots du Milieu 2004 de toute beauté, déjà complexe (fruits rouges, cuir, réglisse) et rempli de minéralité.

    La petite halte au Domaine Jean Monnier, à une encablure de là, n’en sera malheureusement que plus anecdotique. Nous y goûterons un Meursault La Barre 2004 ultra boisé et un peu court, un Clos du Cromin beaucoup plus présentable, fruité, frais et acidulé, et un Charmes 2004 tout juste correct.

    Un climat qui donne envie de se replonger dans le domaine murisaltien fétiche du GJP, chez Rémi Jobard. Après de très beaux villages (Sous la Velle, frais et acidulé, En Luraule, plus gras et persistant, Chevalières, goûté un peu vite et dont j’ai perdu le souvenir, désolé, mais il était loin d'être mauvais!), place aux Premiers Crus (Poruzots-Dessus, légèrement grillé, minéral, acidulé, très beau mais un tout petit cran en dessous de celui de François Mikulski, un Genevrières ample et magnifique, un Charmes déjà beurré, gras, très bien structuré), du nanan pour nos papilles!

    L’heure tourne! Le GJP, soutenant un train de sénateur et prenant le temps de bien discuter avec l’homme ou la femme derrière son tonneau, réalise qu’il doit presser un peu le pas et faire un tri ultra sélectif  pour découvrir les vins de quelques autres vignerons qu’il affectionne. Direction le cuvier n° 3, pour une incursion dans la fin de l’alphabet, chez Roulot d’abord, pour y redécouvrir des vins déjà goûtés lors de la Paulée de Meursault 2004. Exit la phase difficile d’alors (une réduction marquée), et des vins mis en bouteilles récemment et affichant déjà toutes leurs qualités, du Bourgogne 2004, un vin plaisir, rond et fruité, au très bon Vireuils 2004, en passant par le Tessons 2004, encore à peine réduit, et le superbe Perrières 2004, à se génuflexer!

    Pour rester dans l’esprit Paulée 2004, nous poursuivons par Pierre Morey, qui propose les vins de son domaine et de son négoce, mais qui a été victime de son succès, puisque à court de certains échantillons. Après un Meursault 2004 rafraîchissant, sur des notes de tilleul-citron, on passe à un plutôt large Bouchères 2004 du négoce Morey-Blanc, tout comme ce Volnay-Santenots 2004, qui possède beaucoup de matière, du peps et de la longueur.

    Direction le cuvier 1, chez les B de l'alphabet, et il y a du monde à voir sous cette lettre à Meursault! Quasiment un chapiteau complet! Nous ne ferons que 3 domaines, à commencer par le Domaine Michel Bouzereau, dont le GJP apprécie beaucoup les vins. Jean-Baptiste Bouzereau affiche un grand sourire non contrefait. Sa mine enjouée reflèterait-elle la qualité de ses vins en 2004? A n’en pas douter! Des Grands Charrons aux Perrières, en passant par Limozin, Tessons, Genevrières et Charmes, nous déclinerons toute une gamme progressivement croissante et d’un très haut niveau. Un domaine incontournable!

    Tandis que nous nous extasions sur son Genevrières, Jean-Baptiste nous vante celui du domaine Bouzereau-Gruère, particulièrement réussi, à ce qu’il paraît! Ne faisant ni une, ni deuze, nous nous rendons au stand de ce domaine mais nous ne serons pas aussi conquis, ni par le Charmes, un peu alcooleux, ni par le Genevrières, riche, mais avec des amers marqués.

    A deux tonneaux de là, une virtuelle connaissance du Web présentait les vins du domaine bel-familial. Allez! Foin des rancoeurs passées, je n’ai pas pour habitude d’avoir la rancune tenace! Et puis, si le Domaine Buisson-Charles reste médiatiquement discret, ses vins ont acquit une réputation plutôt flatteuse sur le Net. Sympathiquement mis en bouche par un Meursault VV 2004, rond, fruité et séducteur, nous poursuivons par un très beau Charmes 2004, qui a toutefois été un peu éclipsé par celui d’Alix de Montille, venue nous rejoindre autour du tonneau pour déguster. François B., sortant tout juste d'une projection télévisuelle canalaire mondovinesque, peine encore à s’en remettre!  Retour au vin avec une magnifique Goutte d’Or 2004, d’une longueur exceptionnelle, puis un Meursault Cras dans un style totalement différent, large et puissant, un peu chaleureux en finale. Et puis, pour terminer, un Volnay-Santenots 2004 épatant, si ce n’est plus, à la matière épicée et concentrée, un brin solaire, long et complexe. Mon seul regret, ne pas en avoir gardé un peu dans le verre pour la route, car il s’est agi du dernier vin dégusté l’après-midi. On eût pu plus mal finir!

    Deux heures trente de dégustation, sans prétention à l’exhaustivité, et, au final, une sélection plutôt judicieuse.

    S’il fallait ne retenir que 3 domaines de cette sympathique Trinquée, parmi ceux que nous avons rencontrés, je pense qu’il s’agirait du Domaine Roulot, un léger cran au dessus des autres, ce qui ne constitue pas à proprement parler une surprise, de François Mikulski, du Domaine Michel Bouzereau, du Domaine J. Matrot et de Rémi Jobard, dont les vins me plaisent de plus en plus et qui réussit un remarquable tir groupé en 2004. J’ai bien peur que ça fasse 5, mais tant pis, cela aurait pu être encore pire!

    Côté vins, les 3 blancs que j’aurais envie de mettre en avant risquent fort d’être 5 également, voire plus, dont un rouge! Le Meursault-villages de François Mikulski, son Poruzots-Dessus, le Perrièresdu Domaine M. Bouzereau, le Goutte d’ Or et le Santenots du Domaine Buisson-Charles, m’ont particulièrement enthousiasmé.

    J’ai personnellement beaucoup apprécié le style acidulé, parfois acéré, de ces Meursault 2004, le retour vers des équilibres minéraux qui me conviennent plutôt bien.

    La Trinquée à peine terminée, place à la Banée! Tout juste le temps de se changer!

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    Olif, pour le GJP

  • Le Clos de La Perrière à Fixin, comme aux plus Grands Jours!

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    Fixin, commune du nord de la Côte de Nuits, coincée entre Marsannay et Gevrey-Chambertin, peine à se démarquer de ses voisines et ne jouit pas de la renommée à laquelle elle pourrait prétendre. Pas de Grand cru, comme à Gevrey, mais pourtant, au XIXème siècle, un des Premiers crus du village rivalisait avec les plus grands vins de Bourgogne. On le comparait même au Chambertin! Le Clos de la Perrière, appartenant à la famille Joliet depuis 150 ans, était déjà cultivé au XIIème siècle par les moines de Citeaux. La belle affaire, diront certains, mais Bénigne Joliet, qui a repris le flambeau à la suite de son père Philippe, a pour ambition, ni plus ni moins, que de rendre au Clos son lustre d’antan. Louable intention pour laquelle il ne lésine pas sur les moyens. Le domaine, comportant 4,5 ha d’un seul tenant, est toujours en monopole, lui conférant une situation d’exclusivité. Pratiquant une viticulture la plus respectueuse de l’environnement, sans pour autant se réclamer du bio, Bénigne n’hésite pas à se remettre en question, notamment en matière de vinification, puisqu’il a fait appel depuis 2005 à Philippe Charlopin pour le conseiller, repoussant du coup son dossier de reclassement en Grand Cru.

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    Jouissant d’une situation exceptionnelle sur les hauteurs de Fixin, la vue qui s’offre à nous depuis le balcon du Manoir, en ce dimanche matin 26 mars 2006, vaut bien 5*! Il paraît que par grand beau temps, on aperçoit le Mont-Blanc. Même si celui-ci était un peu noyé dans la brume, nous avons néanmoins tutoyé des sommets en matière de dégustation!

    Répondant à une invitation lancée par Bénigne sur les forums vins, en clôture des Grands Jours de Bourgogne, une poignée d’internautes, certains mal réveillés pour cause de passage à l’heure d’été au décours de la Banée de Meursault, se sont retrouvés dès potron-minet au Manoir, pour une visite guidée et une dégustation commentée. Une diagonale du Clos, d’abord horizontale sur le millésime 2005, avec dégustation parcellaire avant l’assemblage final, puis verticale sur 4 millésimes. Passionnante « dissection » d’un terroir permettant d’appréhender le travail du vigneron!

    Les 4 fûts-témoins de 2005 dégustés avant la version définitive, celle de l’assemblage, m’ont laissé rêveur! Les différentes sous-parcelles constituant le Clos ont chacune leur personnalité, apportant qui la matière, qui la fraîcheur, qui la charpente, dans un millésime de surcroît fort bien né. Et, comme par bonheur, l’assemblage est bien supérieur à chacun des fûts goûtés séparément! Un vin magnifique en devenir. Effet millésime? Effet Charlopin? Probablement les deux, mais le terroir est quand même bel et bien là!
     
    De 2000 à 2004, les vins du Clos de la Perrière n’ont cependant pas à rougir! Le 2000 est prêt à boire, possédant quelques petites notes d’évolution terreuse, le 2001 possède un grain dense et serré d’une jolie définition, qui donne envie de l’attendre encore un petit peu, le 2002 est à garder précieusement en cave et le 2003 est d’une fraîcheur presque étonnante pour le millésime. Quatre très beaux vins qui ne rendent que plus méritoires les immenses progrès encore accomplis en 2005! Un palier supplémentaire a semble-t'il été franchi!

    Pour clôturer la dégustation, Bénigne offre aux retardataires un nouveau tour de vignes, histoire de bien ancrer dans notre esprit la Queue du Hareng, les 4 Peupliers, la Vierge, le Bas du Chemin, le Parc Haut et le Parc Bas.

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    Et si le Clos de la Perrière…?

    Merci à Bénigne Joliet pour cette splendide matinée passée en excellente compagnie.

    Olif

  • Peggy Buronfosse, vigneronne dans la Combe de Rotalier

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    La Combe de Rotalier. Un hameau perdu au fond d’une reculée jurassienne, au sud de Lons le Saunier, à flanc de Revermont. Juste quelques maisons agglutinées les unes contre les autres. Un mini bout du monde où l’on atterrit, soit par erreur, lorsque l’on s’est égaré, soit parce que l’on cherche le domaine Ganevat, dont l’histoire est rattachée depuis plus d’un siècle et plusieurs générations de vignerons à cette fameuse combe, juste sous la roche. Sans l’invitation de Teva, je ne suis d’ailleurs pas sûr que j’y serais venu pour une autre raison! Le partage et la réciprocité, sur le Web, cela a quand même du bon! Sa passion du Jura, j’ai cru comprendre que je n’y étais pas totalement étranger. Et maintenant, c’est lui qui m’y fait découvrir un(e) vigneron(ne)! Cela me plaît plutôt bien, comme deal!

    Depuis 1999, Fanfan Ganevat n’est plus le seul vigneron domicilié dans La Combe. Un jeune couple en quête de retour à la terre est venu s’installer juste en face. Buronfosse, c’est leur nom, pas typiquement jurassien, puisque mi-lyonnais, mi-stéphanois. Peggy et Jean-Pascal, leurs prénoms. Officiellement, c’est Peggy la vigneronne, Jean-Pascal enseigne au lycée agricole de Montmorot, près de Lons le Saunier, même si à terme il est prévu qu‘il rejoigne totalement le domaine lorsque celui-ci sera sur les rails.

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    Non issus d’un milieu viticole, ils ont atterri ici pour fuir la vie citadine, dans l’optique de cultiver leur propre jardin. Elever des poules, des lapins, tuer le cochon, faire leur propre saucisson, le pendre dans la cave, retrouver le goût de la vraie vie, retrouver le goût tout simplement, connaître l’origine de ce qu‘ils mangent et de ce qu‘ils boivent. Attirés initialement par la polyculture, la viticulture s’est peu à peu imposée à leur esprit. Un sacré challenge pour des autodidactes! A force de patience, ils acquièrent petit à petit un certain nombre de parcelles pour constituer un domaine de 1,5 ha, éclaté entre Vercia, Grusse et Rotalier. Tout petit éclatement, en fait, puisque les 3 communes sont limitrophes. Du Chardonnay, essentiellement, mais également un peu de rouge (Pinot et Ploussard) et en 2002, leur première parcelle de jeunes vignes de Savagnin. Et puis, dans le même temps, un peu de perfectionnement théorique à Beaune, « l‘auto didacture » affichant rapidement ses limites, surtout lorsque l‘on a la volonté de progresser !
    Beaucoup de travail à la vigne, notamment de l’ébourgeonnage, avec la volonté de faire peu mais faire bien. Tirant profit des erreurs passées (la perte complète de la récolte 2001 en rouge, par exemple, suite à une négligence en cave) et bénéficiant au début des conseils avisés de Fanfan Ganevat, Peggy materne ses vins comme ses propres enfants, ceux qui sont déjà là et ceux à venir, les défendant avec conviction et enthousiasme, même lorsqu’elle sait qu’ils sont perfectibles. Avec volonté et acharnement, elle progresse petit à petit, s’investissant par ailleurs au sein des institutions viniques locales. Récompensée lors de la dernière Percée du Vin Jaune en tant que jeune vigneronne nouvellement installée, elle s’est vu remettre un énorme dzi gravé à son nom qui trône dans le petit coin dégustation, situé entre les deux caves où reposent les fûts. C’est d’ailleurs en leur direction que nous nous rendrons en premier lieu, armés d’une pipette que Peggy manie avec précision et très précautionneusement.

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    Dégustation au fût

    Côtes du Jura Les Ammonites 2004
    De jeunes vignes de Chardonnay situées sur la commune de Vercia sur un terroir argilo-calcaire contenant beaucoup de fossiles, d’où le nom de la cuvée. Goûtée sur deux fûts différents, l’un frais, droit et minéral, l’autre possédant plus de gras.

    Côtes du Jura Les Varrons 2004
    Produit sur le versant sud-ouest de la butte, il a été vendangé à 12,2 ° naturels et sévèrement trié. Deux fûts différents également, l’un légèrement boisé, minéral, mais possédant déjà du gras, l’autre beaucoup plus citronné, au fruité dominant. Prometteur!

    Côtes du Jura Grusse 2005
    Cette cuvée bénéficie d’un élevage plus court. Elle est destinée à une mise en bouteilles au début de l’été. Les deux fûts dégustés montrent une jolie matière, un millerandage ayant été à l’origine d’une baisse naturelle des rendements. Beaucoup de fruit, à peine de gaz encore, rendant le vin tonique, le deuxième fût n’a pas encore fini tous ses sucres.

    Côtes du Jura Les Varrons 2005
    Pas facile à goûter, car n’a pas fini ses sucres, possède du gaz et est marqué par le fût. Mais la matière est prometteuse.

    Côtes du Jura Les Ammonites 2005
    Trouble et fermentaire, l’un des deux fûts dégustés est marqué par une réduction sévère, pas du tout inquiétante à ce stade.

    Côtes du Jura Poulsard 2004
    Sous sa robe pelure d’oignon, c’est un vin très léger, aux arômes de bonbon anglais très acidulé. Par comparaison, le 2005 tiré du fût et goûté en parallèle, affiche une robe rubis soutenu et une jolie concentration, très prometteuse.

    Dégustation en bouteilles

    Côtes du Jura Grusse 2004
    L’élevage court lui sied à merveille, à cette cuvée de Chardonnay récolté sur les coteaux de Grusse. Légèrement réglissé, aromatiquement frais, c’est un vrai vin plaisir, à la franchise agréable

    Côtes du Jura Les Varrons 2003
    Minéral, avec du gras, de la longueur, de la fraîcheur, c’est un très joli vin qui réussit à faire oublier la canicule du millésime dont il est issu.

    Côtes du Jura Pinot 2003
    Récolté à 9hl/ha, il possède un côté gourmand, épicé, compoté et acidulé qui le rend très agréable à boire,m ais on pourra le garder quelque temps.

    Vin de Paille 2002
    Gras en attaque, ce Paille vire assez vite sur le versant surmaturé sec, faisant ressortir de l’alcool en finale sur des notes de graphite. L’acidité est bien marquée, accentuant la sensation de longueur, mais pas suffisamment intégrée à mon goût. Le 2004, dont Peggy ira nous prélever un échantillon au fût, est dans le même esprit, volontairement, mais possède plus d’équilibre et d’harmonie, plus de gras, plus riche, tout en conservant la minéralité finale.

    Au final, une découverte vraiment sympathique, qui vaut le détour. Pour le cadre (magnifique), la vigneronne (volubile, charmante, passionnante) et les vins (sincères). Mention particulière pour les Chardonnays, bien sûr, avec une cuvée Les Varrons qui s’inspire avec bonheur de ce que la famille Labet réalise sur le même terroir (j’ai regoûté depuis à la maison ce 2003, vraiment épatant pour un prix plus que raisonnable (8€)), et la cuvée Grusse, pour son immédiateté et sa fraîcheur. Côté rouge, ceux-ci sont pour l’instant plus anecdotiques, mais le Pinot 2003 s’en sort pas mal du tout et le Poulsard 2005 devrait concrétiser les progrès effectués dans ce domaine par Peggy. A suivre, donc! Et ce sera avec plaisir!

    Peggy et Jean-Pascal Buronfosse
    Vignerons à la Combe de Rotalier
    39190 ROTALIER
    03 84 25 05 09

     

    Olif