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En léger différé du vignoble! - Page 11

  • Le Sud-Revermont côté terroirs (2): les Grands Teppes

    Les Grands Teppes

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    Les Grands Teppes VV 1920, celles de droite, coteau légèrement descendant exposé à l'Ouest.
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    Les Grands Teppes VV 1919, celles de gauche, regardant vers l'Est, en direction de la Combe de Rotalier. En arrière-plan, la roche et le domaine.

    Un climat monopole du domaine Ganevat, situé sur la commune de Vercia, défriché et planté par l'arrière-grand-père dans la première moitié du XXème siècle. Les Teppes, ce sont des friches. Désormais, à cet endroit-là, ce n'en sont plus et il a fallu avoir le nez creux pour repérer toute la qualité de ce terroir!. Des marnes rouges plus compactes et qualitatives du côté droit que du côté gauche. Le Chardonnay y acquiert une minéralité exceptionnelle, exprimant droiture et tension, un vin de grande garde. Elevé au petit lait, qui plus est, de la bio haut de gamme! On y trouve aussi du Melon à queue rouge (une variété de Chardonnay typiquement jurassienne), du Savagnin vert ainsi qu'une toute nouvelle plantation de Pinot noir.

    - Côtes du Jura 2007, Melon à queue rouge: 11,7° naturels et pourtant c'est mûr! En pleine phase réductrice, le nez nécessite de passer outre. Bouche nette et tranchante, acidulée et citronnée. J'aime beaucoup!

    - Côtes du Jura 2007, Chardonnay Grands Teppes VV 1920: les vignes de droite, plantées une année après celles de gauche, sur un terroir qui s'avère un peu plus qualitatif. Ce sont elles qui rentrent majoritairement dans la cuvée Grands Teppes Vieilles Vignes, d'une manière générale. Un vin épuré, droit et acidulé, avec une finale qui zeste. C'est mûr, riche, mais ça reste droit et tranchant.

    - Côtes du Jura 2007, Grands Teppes Vieilles Vignes 1919: les vignes de gauche, plus hétérogènes. Une partie de la vendange servira à faire du crémant, l'autre rentrera dans l'assemblage de la cuvée VV. Pour l'anecdote, une cuvée Grands teppes, sans la mention VV a été produite en 2000 avec les raisins les plus qualitatifs. La barrique goûtée possède plus de gras que son homoloque senestre, mais l'équilibre est très beau et harmonieux. Le caractère minéral ressort à peine moins à ce stade.

    Au cours du repas qui suivra la dégustation, nous aurons la chance de faire une verticale des Grands Teppes VV de 2006 à 2001. Stylo posé. De mémoire, les années paires ont remporté la palme sans que les autres déméritent. Les caractéristiques du millésime ressortent clairement au-delà de la trame apportée par le terroir. 2006 épuré et minéral, 2005 riche et opulent (probablement "too much" pour être bien apprécié à ce stade), 2004 droit et tendu, 2003 large et puissant, 2002 dans la tension également, 2001 miraculé du millésime, 2000 passé à la trappe de la dégustation pour cause d'abondance de biens.

    Au lieu-dit Les Grands Teppes pousse aussi un pêcher, dont les pêches se goûtent merveilleusement, mais ça, on en déjà parlé!

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    A suivre...

    Olif

     

  • Le Sud-Revermont côté terroirs (1): Sous la Roche

    Sous la Roche

    Domaine Ganevat, Sous la roche, Combe de Rotalier, Sud-Revermont, Jura d'en-bas. L'adresse favorite des marathoniens par tous les temps. Avant d'attaquer la traditionnelle visite de toutes les caves du village, chacune d'entre elles hébergeant son lot de fûts, Fanfan nous propose un petit échauffement dans le vignoble, à la découverte de ces terroirs que l'on connait un peu déjà pour les avoir identifiés plus ou moins aisément dans le verre. Une passionnante façon de "visualiser" le vin au travers des caractéristiques de son environnement, d'essayer de le comprendre et de se rendre compte du travail extraordinaire fourni pas le vigneron à la vigne.

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    On commence par Sous la Roche, juste au dessus de la maison, et son cadre exceptionnel, juste sous la roche, en fait. D'où son nom. Des éboulis calcaires et des marnes rouges exposés plein Sud, qui accueillent Trousseau, Poulsard, Savagnin, etc. La parcelle a été entièrement replantée il y a quelques années, ce sont donc de jeunes vignes, mais elles s'autolimitent déjà naturellement en matière de rendements.

    Tous les vins commentés ont été dégustés au domaine le samedi 23 août, au fût (2007) ou en bouteille (2006 et millésimes plus anciens).

    - Côtes du Jura Poulsard 2007, Cuvée de l'enfant terrible: un poulsard de fruit vinifié sans soufre et égrappé grain par grain! Un boulot de titan, malgré les rendements minuscules, ceci afin de triturer le moins possible le raisin et de laisser la fermentation se faire dans le grain autant que faire se peut, évitant ainsi au maximum les artefacts parasites extérieurs. A ce stade, on est encore proche du jus de fruit fermenté. D'ailleurs, c'en est.

    - Côtes du Jura Trousseau 2007, Plein Sud: seulement 12 hl produits sur 62 ares. Non pigé et protégé à la neige carbonique lors de la fermentation. Belle robe rubis, nez sur la fraise écrasée et bouche d'une rondeur fruitée gourmande. Certains dégustateurs martiens chevronnés , de passage avant l'élaboration d'un Guide pas mûr, ont cru y déceler de la volatile. Vraiment de drôles d'oiseaux, ces petits hommes verts! 11,2° naturels pour un vin qui lui est parfaitement mûr, frais, digeste et buvable. Ici, on ne fait pas la course au degré et on ne ramasse pas non plus en sous-maturité. Le travail à la vigne et l'autolimitation des rendements y sont pour beaucoup.

    - Côtes du Jura Pinot Noir 2007, Cuvée Julien: des raisins qui ne viennent pas de Sous la Roche, mais les trois rouges ont été goûtés successivement et à deux reprises, en début et en fin de soirée. 11,6° (vérifiés à 3 heures du matin au mustimètre à alcool, avec point d'eau et tout et tout!). La matière est dense, un peu serrée, charnue. Un vin droit qui fait la part belle au fruit et à la minéralité.

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    A suivre...

    Olif

     

  • Vendanges 2008 au domaine Ganevat, la pêche!

    Premiers coups de sécateurs du côté des Grands Teppes, dans la Combe de Rotalier, en compagnie de Fanfan Ganevat, et premiers émois?

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    La pêche, comme diraient les deux hurluberlus de la Chanson du Dimanche. Les raisins ne sont pas encore prêts, évidemment. Il faudra attendre la fin septembre (autour du 25) pour voir les premières grappes tomber. Les pêches de vigne sont par contre à point et permettent de se ravitailler avant un petit tour quasi-exhaustif des climats et des terroirs du Sud-Revermont. L'épreuve du terrain avant celle du verre!

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    Des pêches de vigne et de terroir, reflètant elles aussi toute la minéralité de cette ex-grande friche fort judicieusement plantée par les ancêtres de Fanfan. On va se régaler!

     

    Olif

  • Puf Puf!

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    Une rencontre avec "le Puf" est un moment rare et privilégié dans la vie d'un amateur de vins. L'occasion d'une grande et belle dégustation, car le vigneron est généreux, ne rechignant pas à déboucher quelques bouteilles. L'acheteur n'y trouvera que très peu son compte, par contre,  car il n'y a pas grand chose à vendre au domaine. Les gens de passage y sont néanmoins bien reçus, même s'ils sont curistes à Salins. Les 2006 ne sont pas encore en bouteilles, tandis que les 2005 sont déjà quasiment épuisés. Il faudra s'adresser à des cavistes avisés et mon petit doigt me dit que les Helvètes ne sont pas les plus mal lotis dans ce domaine.

    On attaque cette dégustation par une série de Chardonnays, une fois n'est pas coutume dans le Landerneau jurassien:

    Arbois Chardonnay 2003 : nez puissant, ouvert, caramélisé, bouche large, gros volume et belle longueur.

    Arbois Chardonnay 2004 : nez fin, légèrement grillé, bouche tendue, qui s’arrondit progressivement, beau retour d’acidité en finale.

    Arbois Chardonnay 2005 : nez sur le fruit, entre les deux précédents, riche, complet, une approche de la perfection.

    Trois variations passionnantes autour du millésime, trois vins totalement différents: de la largeur du 2003 à l'opulence superlative du 2005, en passant par la tension du 2004, chacun trouvera aisément sa place en cave et sur la table de l'amateur, suivant l'occasion.

    Arbois Sacha 2004 : 30 % Sa, 70% Cha. Une oxydation fine, sur les épices, de la vinosité, finale acidulée. Bel équilibre oxydatif.

    Un assemblage, pour clore cette première série, avant d'attaquer les rouges. Le Jura dans ce qu'il a de plus classique mais également de plus réussi dans le style.

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    Arbois Poulsard 2006 (tiré du fût): robe prune, encore à peine trouble. Droit, léger et friand.

    Arbois Poulsard 2005 : robe rubis, éclatante. Nez sur la cerise et l’amande amère. Bouche droite, parfaitement ciselée, précise, sans bavures. Finale légèrement tannique, mais d’un grain très fin. Du potentiel mais déjà beaucoup de plaisir.

    Arbois Trousseau 2005 : robe colorée, nez plutôt fermé, bouche ronde aux tanins enrobés. Déjà très agréable.

    Arbois Pinot 2005 : trame fine et élégante, tanins bien présents, de la concentration et de la longueur, jolie amertume finale, très Pinot.

    Arbois Pinot 2006 (tiré du fût) : tendre, soyeux, fruité.

    Superbe série de rouges, avec des vins encore en devenir mais déjà bien accessibles. Il faudra se dépêcher d'en acquérir quelques flacons! Mention particulière au Poulsard et au Pinot 2005.

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    Arbois Savagnin ouillé 2005
    : très belle aromatique, acidulé, droit et long.

    Arbois Savagnin 2003 : en version oxydative, sur les épices, avec un beau fruit en milieu de bouche, finale sur les épices et les fruits secs.

    Arbois Trousseau 99 sous voile : un Trousseau vinifié en blanc et élevé à la manière d’un jaune, sous voile. 450 mg d’éthanal. Robe dorée, bouche suave et douce. Puissance, longueur, petite amertume finale sur le moka. Pas la finesse d’un vrai Jaune de Savagnin, mais on se laisse surprendre et séduire !

    Arbois Chardonnay VT 1999, L’Oubliée : une parcelle « oubliée » pendant les vendanges 1999 et récoltée début novembre. Sensation olfactive de grande maturité, mais ça goûte sec. Grande douceur, épicée et miellée,  et longueur sensationnelle. Un vin épatant !

    Arbois Savagnin VT 1999 : le même, version savagnin. Premier nez sur la croûte de fromage, puissant, manquant de netteté, mais s’améliorant progressivement à l’aération. Riche, un peu alcooleux, mais de la tension, même si l’équilibre se fait plutôt dans la puissance. Moins séduisant que le Chardonnay récolté en même temps et élevé de la même façon.

    Arbois Vin jaune 2000 : l’oxydation ménagée élevée au rang du grand art. Finesse, droiture et élégance. Le Puf privilégie systématiquement les élevages longs sur les Jaunes, les laissant volontiers quelques années de plus en fût avant la mise. De là à les commercialiser en cubitainer, comme on lui a déjà demandé...

    Arbois Vin Jaune 2001 : en phase de fermeture, plutôt simple d’expression, avec sensation de légèreté en bouche. Il titre pourtant 15,3°, une véritable prouesse pour le millésime et ne demande qu’à s’épanouir.

    L'oxydation ménagée dans tous ses états! Tous les cépages jurassiens ou presque s'y prêtent, finalement. Si le Savagnin a évidemment la part belle, ce sorcier de Puf a fait des miracles avec une barrique de Trousseau oubliée dans la cave à Jaune et une parcelle de Chardonnay oubliée à la vendange. L'art et la manière d'expérimenter avec talent!

    Arbois Vin de Paille 2003 : 14,5°, 117 g de résiduel. Robe abricot, nez sur l’abricot confit, les épices, le clou de girofle, le miel. Rond et harmonieux en bouche, légèrement confit. Superbe !

    Pour clore la dégustation, une petite douceur. Obligé! Un Paille à l'équilibre divin, riche et complet, dans un millésime propice à faire des grands liquoreux.

    Merci, Monsieur Puf!

    Olif

  • Ça plane pour Vieux Château Certan, un Pomerol aérien!

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    Après Saint-Emilion, Pomerol, pour une ultime visite de domaine lors de cette virée en rive droite. On reste sur le plateau argilo-calcaire, direction Vieux Château Certan. Un petit malentendu lors de la prise de rendez-vous aurait pu nous priver de l'accueil d'Alexandre Thienpont, mais tout s'est finalement arrangé, et ce dernier eut en plus à coeur de se faire pardonner ce petit embrouillamini.

    Dans la famille Thienpont depuis près d'un siècle, Vieux Château Certan trace sa route sereinement parmi les Grands Crus les plus prestigieux, jouant sur la sincérité et l'authenticité. Pour Alexandre Thienpont, le vin dans la bouteille reflète évidemment son terroir, mais un peu aussi, inconsciemment, de la personnalité de son géniteur. Et de nous citer untel, vigneron à la carrure de rugbyman, qui produit des vins carrés et massifs, à son image. Sans me tromper, je peux donc affirmer que ça plane pour Vieux Château Certan et qu'il s'agit de l'un des vins de Pomerol les plus aériens qui soit.

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    Grande première depuis que nous visitons régulièrement des domaines bordelais huppés, Alexandre Thienpont s'empare d'une pipette et nous allons déguster le 2007 à même la barrique, l'assemblage final étant déterminé dès le départ. 70% merlot, 30% cabernet franc. Un vin au fruité frais et naturel, à la trame soyeuse, gourmande, et qui se laisse boire déjà avec délice.

    Et puis, toujours dans le chai à barriques, nous aurons la chance d'apprécier le 2006, suave, frais et précis, d'une grande netteté en bouche, le 2005, issu d'une année merlot, au fruité très pur, alliant finesse, fraicheur et élégance, malgré la richesse du millésime, et enfin le 2004, à la gloire du cabernet franc, droit, classique, encore un peu serré mais d'une grande beauté formelle.

    Quatre millésimes particulièrement réussis et maitrisés ici, le fruit d'un travail méticuleux axé sur la précision et la fraicheur.

    Olif

  • Le bonheur est dans le pré ... et la vérité dans l'Overnoy!

    Il est des instants privilégiés dans la vie d'un amateur oenophile. De ceux où l'on entend des mouches voler, même s'il n'y a pas de mouche. Réunis par Pierre Overnoy au lieu-dit En Chaudot, une poignée de privilégiés (vignerons, sommelier, restaurateurs, chocolatier, épaulés par de simples amateurs particulièrement vernis) a reçu l'enseignement du Maître, délivré dans la plus grande simplicité et en toute modestie. Moment convivial et ludique, mais concentration et sérieux exigés pendant la dégustation. " On doit entendre voler une mouche, même s'il n'y a pas de mouche!" assène rituellement avec un petit sourire Pierre Overnoy, avant de partir chercher une mystérieuse carafe dans le cellier.

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    "N'oubliez pas de me donner la marque des pneus du tracteur..."

    Prompt à la détente, Fanfan Ganevat dégaine un magnum de derrière les fagots, en guise de "fait-la-bouche":

    - Côtes du Jura Grands Teppes Vieilles Vignes 2006: minéral, tendu, droit, tonique (une pointe de CO2), cristallin en bouche et d'une grande pureté. C'est riche (14,6° naturel), mais c'est frais et exemplaire. Une future bouteille d'anthologie, lorsqu'elle sera en vente. Une mise en bouche de premier choix!

    Place à la dégustation concoctée par Pierre. Les blancs sont dégustés en premier, à l'aveugle, avec plusieurs missions à remplir. Premièrement, la franchise: toutes les appréciations sont sollicitées, y compris les moins bonnes, même si ce sera dur de trouver des griefs aux vins présentés. Deuxièmement, risquer un pronostic sur "le cépage, le millésime et la marque des pneus du véhicule qui a transporté le vin". En ce qui concerne l'appellation et le producteur, tout le monde a eu bon: Arbois-Pupillin, Pierre Overnoy. A signaler que, hors les vins jaunes, tous les vins du domaine dégustés sont des vins ouillés, chardonnays comme savagnins.

    Aussitôt servi, aussitôt humé! Oui, Pierre! 0,8 seconde pour prendre le premier nez d'un vieux vin, il ne fallait pas se laisser distraire. Même pas par un escadron de mouches volantes.

    - Arbois-Pupillin Vin Jaune 1959: premier nez fugace sur la croûte de fromage, puis le moka, évoluant sur des notes de pétrole et une petite touche métallique. Bouche d'une finesse remarquable et d'une grande longueur, qui repart pendant longtemps après que le vin ait été dégluti et/ou recraché. Tout au plus peut-on lui reprocher un petit creux, une faiblesse passagère en milieu de bouche. Un vin qui évolue par vagues successives, dans l'espace et dans le temps. Tout le monde s'accorde à lui trouver de l'âge, mais de là à en faire un quinqua! Pour une entrée en matière...! Où cela va-t-il nous mener?

    - Arbois-Pupillin 1990: robe dorée à reflets rosés. Nez sur l'écorce d'orange, les épices, soyeux, complexe. En bouche, matière riche et caressante, onctueuse et arrondie, sur une finale toujours vive et tendue. Chardonnay? Savagnin? Les avis sont partagés! Mais à l'unanimité il s'agit d'un superbe vin! Et bel et bien d'un chardonnay.

    - Arbois-Pupillin 1989: une nouvelle fois un nez extrêmement complexe, sur l'orange confite (une note qui s'avèrera caractéristique de l'évolution des vins, qu'ils soient ouillés ou pas, chardonnay ou savagnin), l'amande, l'anis étoilé, le pamplemousse rose. Bouche suave et voluptueuse. Finale sur la moka, d'une grande douceur, un peu évanescente, avec une pointe d'alcool. Un millésime de grande maturité, récolté à 14,6° naturels. Beaucoup de raisins ont été confits (plutôt que détruits) par des attaques de cochylis (le ver de la grappe), apportant ces notes presque rôties.

    - Arbois-Pupillin 1987, Vieux Savagnin Ouillé (pendant 7 ans): premier nez sur la croûte de fromage, fugace, puis cake au raisins et épices. La bouche possède une grande tension acide, équilibrée par un côté miellé. Perception d'acidité volatile, qui est au service du vin, plutôt que le contraire, le rendant particulièrement digeste.

    - Arbois-Pupillin 1989, Vieux Savagnin Ouillé (pendant 11 ans): le nez met du temps à venir, puis délivre progressivement de belles notes d'écorce d'orange, de malt. La bouche est ciselée, fuselée, malgré une structure un peu serrée. Droiture et finale salivante, impeccable, un vin qu'il faut savoir aller chercher et qui n'a pas l'immédiateté des précédents. Un des plus beaux Savagnins vinifiés par Pierre, d'après lui. Et qu'il faudra encore attendre pendant longtemps.

    - Arbois-Pupillin Vin Jaune 1989 : robe ambrée, nez évoquant un vieil Armagnac, sur les raisins de Corinthe et l'écorce d'orange. Ce n'est pourtant pas un alcool, "ça sent même un peu le vin!". L'équilibre est magistral en bouche, d'une grande finesse et d'une infinie longueur, sans caractère démonstratif. Une évidence, l'esprit du Savagnin, un vin qui a basculé sur la période sotolon, l'ester responsable des notes fines d'épices et de curry. "Toute la noblesse de l'amer", un vin au début de sa carrière. Bienheureux ceux qui en possèdent en cave. 30 années séparent les deux clavelins dégustés, permettant d'apprécier tout le chemin parcouru et la lente maturation en bouteille de ce divin nectar.

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    Concentration, concentration! On entendrait une mouche voler dans le verre de Fanfan...

    Entracte. Avant d'attaquer les rouges, qui seront dégustés à table, Fanfan a grillé quelques nouvelles cartouches.

    - Savagnin ouillé 2007, Fanfan Ganevat: nez fumé, épicé, avec des relents de céleri en branches. " Y'en a la moitié dedans" ricane Fanfan, "je me suis mis à faire un potager!" Du gras, de la richesse et du fruit, presque une gourmandise déjà prête à boire, alors qu'il n'est qu'aux prémices de son élevage. Personne ne l'imagine aussi jeune.

    - Savagnin ouillé 2004, Fanfan Ganevat: nez grillé, toasté, présentant un peu de réduction. Bouche tonique, du gaz à peine perceptible. Un vin tendu, droit et minéral, avec une finale acidulée sur les agrumes.

    - Arbois Chardonnay Saint-Paul 1976, Camille Loye: nez présentant des signes d'évolution mais encore très frais, sur le cake au raisins, la noisette, l'orange confite. Bouche droite, enrobée mais tendue, avec une certaine puissance. Encore largement debout, peut-être à peine altéré par un bouchon déficient, car certains ne l'ont pas reconnu à sa véritable valeur.

    - Côtes du Jura Trousseau Plein Sud 2007, Fanfan Ganevat: nez carbonique, offrant beaucoup de fruit, typé "sans soufre". Frais, digeste et gouleyant, l'archétype du vin parfait à boire. D'ailleurs, on en a bu.

    - Côtes du Jura 2007, Pinot noir Z, Fanfan Ganevat: plus coloré, charnu, vivifiant (encore pas mal de gaz), il goûte plutôt bien en ce moment, livrant une belle pureté de fruit en bouche.

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    Y a pas, sommelier, c'est un vrai métier!

    Les mouches ayant terminé leur pause syndicale et repris leurs figures aériennes, retour à la concentration et à la dégustation. Mêmes règles du jeu: appellation, producteur, cépage, millésime et les roues du tracteur...

    - Arbois-Pupillin 1989, En Chaudot: robe encore soutenue, légèrement orangée. Nez ouvert, sur la cerise. Un bien joli fruit! Bouche vive et tonique, fine et élégante, dans laquelle on relève toutefois quelques notes d'évolution. Cela tient encore largement debout, et se donne même des airs de vieux Volnay. C'est un Ploussard, évidemment, un pur jus de goutte récolté au lieu-dit En Chaudot, où nous nous trouvions pour déguster, une vigne actuellement arrachée et qui n'a pas été replantée.

    - Arbois-Pupillin 1989, Huguenette : il pouvait s'agir de la même bouteille que précédemment, mais pas tout à fait, le terroir diffère et les vins ont été élevés séparément, même si de façon identique. Nez sur la prune, net et précis, bien défini. Bouche tout en fruit, soyeuse, chair veloutée. Très jeune dans l'esprit, moins évolué que le précédent et très élégant. Avantage Huguenette pour la jeunesse.

    - Arbois-Pupillin 1976 : robe très soutenue, sanguine. Nez complexe, évolué, un peu chocolaté. Encore beaucoup de fruit et une bouche nette, droite et élégante. Un vin qu'il faut aller chercher, par petites touches, parce qu'il ne se livre pas spontanément, mais un vin superbe avec encore du potentiel.

    - Arbois-Pupillin 1990 : robe toujours sombre, nez fruité sur la cerise, bouche tonique avec une petite pointe d'amertume en son milieu, qui me dérange à peine, mais la fraicheur est incroyable pour un vin de cet âge.

    - Arbois-Pupillin 1986 : nez sur les fruits à noyau, avec une note métallique gênante. Bouche déséquilibrée, un peu végétale, avec persistance de gaz et l'alcool qui ressort. Tout cela est un peu dissocié, même si le vin est toujours concentré et debout. Un problème de bouteille n'est pas exclu, car ce 86 ne se goûte généralement pas de cette façon. Dommage...

    - Arbois-Pupillin 1979, Guy Overnoy : la robe est plus claire, rubis orangée, revenant sur des standards plus classiques en matière de ploussard. Le nez est fruité, frais, acidulé. La bouche est au diapason. Il persiste une pointe de gaz, apportant tonicité et fraicheur. Un bien beau ploussard "comme on aime", résistant aux ans, désaltérant. Cette bouteille a été produite par le frère de Pierre Overnoy.

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    Le Sud-Revermont en force! Allez Fanfan, allez Juju, allez Rotalier!

    Fin de la dégustation, les escadrilles de mouches peuvent atterrir. Que dire après un tel moment, si ce n'est rester bouche bée et gober les mouches qui volent encore, même s'il n'y a pas de mouches? De très grands vins, en blanc, en rouge, en jaune, un feu d'artifice de toutes les couleurs! Et surtout des vins qui tiennent la distance, indestructibles malgré une vinification "nature" et sans soufre depuis toujours.

    Avec le fromage, il fallait bien revenir sur quelques savagnins, alors direction Château Chalon, pour une déclinaison de trois millésimes: 2001, totalement déclassé, 1999 et 1985. Du domaine Macle, bien sûr, et ce fut superbe, comme à l'accoutumée, mais plus la force de prendre des notes, juste celle de s'abandonner dans le sotolon et les effluves d'épices, de malt, de curry et de moka.

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    Un Château Chalon 1985, on ne va quand même pas le cracher dans le seau!

    Et puis une dernière gâterie avec le dessert, après un Malaga en Solera, un "magnum" de Vin de Paille 1989 du domaine Labet, à la superbe tension acidulée.

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    75 cl de pure gourmandise, un véritable magnum... de Paille!

    Aucun doute, en cette délicieuse soirée, le bonheur était dans le pré... et la vérité dans le verre. Nul doute que lors du "procès" de Pierre Overnoy, lors du prochain Goutatou d'Arbois, la partie civile aura fort à faire!

    Olif







  • Coup de Coeur de Foudre au Jonc Blanc

    Coup de Coeur, Coup de Foudre, Coup de Coeur de Foudre...

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    Voluptueux, sensuel et charnel Vin de Table (du bergera quoi?), ce Coeur de Foudre 2005 est un dangereux séducteur. Des arômes de petits fruits noirs, une bouche charnue, des tanins accrocheurs, et, au final, une remarquable fraicheur. Victime d'un double désagrément (rejeté de l'appellation et contraint de changer de nom), il est récompensé largement par l'agrément que l'on a à le boire. 100% Merlot, vinifié de façon plutôt naturelle, en vieux foudre, et voilà le résultat!

    Flash-back. Vélines, commune de l'AOC Montravel, Dordogne. Prononcer Mon(t)ravel, comme dans Mon(t)rachet, ou encore comme l'auteur de Mon Boléro. Copieusement arrosées par des averses intermittentes, les vignes voient la végétation proliférer. Contrairement à celles arrosées de désherbant, où c'est plutôt le contraire, comme on peut s'en douter.

    Au Jonc Blanc, les coquelicots viennent apporter une petite touche de couleur et de gaité à ce printemps maussade.

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    La rencontre avec Franck Pascal fut un peu improvisée par Eric B. à l'heure de l'apéritif. A boire avant de manger,  finalement! Déguster, plutôt, à même la cuve. Un véritable sport pour accéder au goulot ou à la bonde, mais Franck s'y entend plutôt bien.

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    Tous les rouges dégustés (2006 et 2007) allient fraicheur, densité et gourmandise. Pas de notes plus précises, vivement la mise en bouteilles ou en magnum qu'on y regoûte! Qu'il s'agisse de Les Sens du Fruit ou de la future cuvée qui devrait porter tout simplement le nom du domaine. En blanc, coup de coeur (de foudre?) pour Acacia 2006, un Sauvignon d'exception, récolté à belle maturité, hors des canons habituels pour ce cépage, mais tellement bon!

    Olif

    P.S.: à lire également sur le domaine du Jonc Blanc

  • Plus d'un tour dans son Agassac!

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    Château d'Agassac, Ludon-Médoc. Encore une propriété placée sous le signe du renouveau! Plus de 10 années qu'une nouvelle équipe dirigeante a été mise en place par le propriétaire actuel, Groupama, avec pour objectif de redresser la barre et de promouvoir le domaine et ses vins. Un véritable conte de fées, en fait. Il était une fois un fort joli château du Médoc qui tombait en ruines. On raconte qu'une belle princesse endormie vivait à l'intérieur, n'attendant que son Prince Charmant pour ouvrir un oeil. Ce qui fut fait en 1997 avec l'arrivée du dynamique Jean-Luc Zell, qui a sorti plusieurs axes de travail de son Agassac à malices. Le premier, évidemment, ce fut la remise en état du vignoble et des chais, afin d'avoir à disposition un vin de qualité, conforme à son rang, raison d'être de la propriété. Ensuite, place à la restauration du Château, à l'architecture superbe, pour en faire un lieu de séminaires et de conférences mis à disposition des entreprises qui le souhaitent. Et enfin développer une politique d'oenotourisme efficace, déjà récompensée deux fois par un Best of Wine Tourism, pour rentabiliser l'investissement au mieux. Un triple challenge réussi avec brio par Jean-Luc Zell, apte à réunir l'amateur de vins, le cadre supérieur en formation et le père de famille désireux d'occuper sa progéniture intelligemment, l'un n'empêchant pas l'autre et réciproquement.

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    Ce n'est pas pour participer au jeu de pistes à la recherche de la Princesse endormie que nous nous sommes rendus au Château d'Agassac. Evidemment! Ni pour écouter parler des mille et une façon de  placer un contrat d'assurance-bateau à quelqu'un qui a le mal de mer. Que nenni! Mais plutôt pour découvrir et goûter le vin qui y est produit, pardi! Parce qu'il parait que "D'Agassac, c'est un Bordeaux agaçant". Qui refuse la standardisation ,la mode, le conformisme. Voilà un esprit qui ne peut que nous plaire. Et ça nous a plu.

    Le fil conducteur de la dégustation qui va suivre, c'est la fraicheur et la buvabilité. Terme probablement galvaudé ailleurs, mais plus rarement entendu dans le Bordelais, où la course à la concentration et au boisage surchauffé fait rage. Un vin bâti sur la finesse et l'élégance (assemblage de 25% de fût neuf en moyenne, 50% de fût d'un vin et 25% de cuve), qui peut s'apprécier jeune. Nous dégusterons en tout 10 vins, de 2000 à 2007 au préalable, dans l'ordre croissant des millésimes pour mieux apprécier tout le travail accompli. On verra que 2004 constitue un véritable tournant. 1998 et 1999 seront dégustés au cours du repas. Deux millésimes à point, bien appréciés en mangeant, mais qui ne seront pas commentés plus que cela, le carnet et le stylo ayant pris également leur pause syndicale.

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    - Château d'Agassac 2000: nez très fin, trame fine et fondue en bouche, belle finale juteuse. De le fraicheur et du plaisir pour un vin qui possède beaucoup d'élégance.

    - Château d'Agassac 2001: nez très mûr, sur la prune, le tabac. Bouche pleine et charnue, tendue, minérale. Finale droite et à peine austère. Un beau vin en devenir, qu'il faut attendre encore un peu.

    -Château d'Agassac 2002: nez très net, sur le fruit et le réglisse. Tanins souples et ronds, finale à peine courte.

    - Château d'Agassac 2003: l'année de la canicule, celle où il fallait faire des choix de vinification très particuliers et un peu aléatoires. Cuvée constituée de 82% de Cabernet Sauvignon, les merlots ayant un peu grillé sous le soleil. Le nez est lui aussi un peu grillé, puissant, chaleureux. La bouche est fraiche malgré la concentration. Sudiste dans l'esprit, il tire plutôt pas mal son épingle du jeu.

    - Château d'Agassac 2004: contient une plus grande proportion de cabernets, ceux replantés en 1997 étant devenus suffisamment qualitatifs pour être intégrés au grand vin. Droiture et élégance, fraicheur et netteté en bouche, tanins veloutés et fins, longue finale intégrée, voilà l'archétype du vin recherché par Jean-Luc Zell. Les efforts fournis depuis la reprise en main commencent à payer et se ressentent dans le vin.

    - Château d'Agassac 2005: nez intense, matière enrobée et concentrée, finale fraiche et acidulée. Un vin superlatif encore sur la réserve, qu'il faudra attendre patiemment en cave.

    - Château d'Agassac 2006: joli fruit au nez, structure aboutie, à la trame fine et au soyeux incomparable. Très beau vin.

    - Château d'Agassac 2007: 50% CS, 50% Merlot. Sur le fruit, tanins souples et enrobés, sans agressivité, un peu de mâche en finale, mais le fruit reste frais et revient bien.

    Sans aucun doute, avec Groupama, Agassac est devenu le Haut-médoc qui assure! C'est rassurant pour l'avenir de la propriété.

    Olif

  • François Despagne à Grand Corbin: la vigne est son jardin!

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    Situé sur le plateau argilo-sableux de Saint-Emilion, limitrophe de Pomerol, Grand Corbin Despagne vient tout juste de retrouver son lustre d'antan dans le classement 2006 des vins de Saint-Emilion. La mention "Grand cru classé"  figure à nouveau sur les caisses bois du millésime 2006, tout juste mis en bouteilles et préparé pour l'expédition, le jour de notre visite. Un rétablissement de situation dont François Despagne n'est pas peu fier, cela se sent. Car son travail acharné pendant 10 années à la tête du domaine a payé. A juste titre. Amoureux de la vigne et du sol, il a tout mis en oeuvre pour que Grand Corbin redevienne un vrai vin de terroir. Un vrai boulot de jardinier! La compréhension du sol et du sous-sol, élément-clé de la compréhension du vin futur, fut l'une de ses préoccupations premières. D'abord en creusant des fosses pédologiques sur toutes les parcelles qui composent le terroir de Grand Corbin, ce qui lui a permis d'étudier la façon dont il fallait gérer la vigne: densités de plantation, enherbement ou pas, adéquation entre cépage, sol et sous-sol... Puis en concentrant ses efforts sur la production de beaux raisins, aptes à donner de beaux vins, avec un gros travail à la vigne.  "On n'est pas dans la Wine industry, ici!" Travail en lutte raisonnée certifiée, avec quelques essais en bio sur certaines parcelles. Pour comprendre et évaluer. En fonction des résultats obtenus, une conversion pourrait tout à fait être envisagée, mais cela se fera de toute façon en douceur.

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    Leçon d'épamprage sous une petite pluie intermittente

    Ben oui, ici, on n'est pas dans la Wine industry, comme aime à le répéter François Despagne, mais on élabore le plus "pomerolais des Saint-Emilion". Un vin tout en élégance et en raffinement, dont les progrès ne sont qu'aux balbutiements, tant le potentiel est grand, un vin fait pour être bu et qu'il fait bon boire, car élaboré dans cet esprit de fraicheur et de buvabilité, un terme à la mode que l'on ne retrouve encore que fort peu dans la bouche des oenologues ou maîtres de chais bordelais, un peu trop inféodés à un certain système de notation.

    Grand Corbin Despagne 2004: fin, élégant, tanins relativement souples, équilibre frais. Très bon.

    Grand Corbin Despagne 1999: nez épanoui, sur la truffe et les épices, la marque du merlot, qui représente 70% de l'assemblage, d'une manière générale. Un vin parfaitement à point.

    Grand Corbin Despagne 2007: GCD verson fruitée, avec de la fraicheur, des tanins veloutés, une belle longueur, dans un style droit et élégant.

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    Moment trop vite passé en compagnie de François Despagne, passionnant dans son approche de la vigne et du vin, une rencontre que tout le monde aurait souhaité pouvoir prolonger, car il est clair qu'on n'est pas dans la Wine industry, à Grand Corbin. Mais il est déjà temps d'aller entendre sonner L'Angélus...

    Olif

  • Beaujolais, Beaujolais...

    Tandis qu'un certain Michel B. lance, dans L'Amateur (The WineLover), une alerte rouge sur la région, mettant en garde à juste titre contre la dégradation du patrimoine viticole par une culture intensive qui laisse les sols exsangues, la résistance s'organise!

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    (La pelouse du Château Cambon, du côté de Saint-Jean d'Ardières. Rien à voir avec celle d'un Château de Bordeaux.)

    C'est que le Beaujolais aimerait bien faire parler de lui un peu plus souvent que juste le troisième jeudi de novembre! On le comprend aisément. Arrachons les bananiers et les framboisiers, replantons de la vigne, crénom! Pour faire du vin, du vrai, avec des arômes naturels et des levures indigènes non aromatisées. Retrouvons le goût et l'odeur du Gamay, le produit de beauté des amateurs de vin franc et gouleyant, celui qui fait rougir les joues de plaisir, bien avant que les irrémédiables outrages de l'âge, associés à une surconsommation de boisson alcoolisée, ne viennent frapper du sceau de l'indélébile les pommettes boursoufflées de l'intempérant, malgré les recommandations des ayatollahs hygiénistes qui nous gouvernent, fort mal au demeurant, prônant l'épanouissement dans le travail, la rigueur et l'austérité, alors que de temps en temps, boire un bon coup, rigoler un petit peu et profiter de la vie ne peut pas nous faire de mal, non mais c'est vrai, quoi! Ne pas oublier de respirer au milieu de la phrase, ou à la rigueur siffler un verre de Beaujolais pour reprendre son souffle.

    En un mois et demi, j'ai fait une telle cure de Beaujolpif que j'en suis encore tout imprégné. Je sue le Gamay par tous les pores de ma peau. Suis-je normal? J'ai trouvé ça bon! J'en ai bu en Bourgogne, ce qui n'est déjà pas rien. J'en ai bu en Beaujolais, ce qui est plus courant. J'en ai bu en Vendée, ce qui est déjà moins banal. J'en ai bu en Bordelais, ce qui est carrément hallucinant. Partout où je vais en ce moment, je déguste et/ou bois du Beaujolais. J'en rêve même la nuit et me relève pour le pisser. J'exagère à peine.Le Beaujolais, on peut en boire toute l'année, et pas que les mois en "R". Comme les huitres, en fait. Sauf que c'est plus dur de les associer les deux. Quoique...

    Tout ça a commencé au Off de Ouf du Château Prieuré-Roch. Après les bulles et les blancs, le Gamay! D'abord chez Cyril Alonso, du Domaine de l'Ancestra, avec deux cuvées indécentes à en rester sur le c..: Régnié 2004 Un des Sens et le Château Gonflable 2006, Grand Q Glacé, une deuxième mise de ce désormais célèbre Beaujolais-Villages, bâti sur la fraicheur et le croquant. Le même Cyril Alonso retrouvé à la Beaujoloise, in situ, qui nous a abreuvé à La Source du Noune, une Ô gazeuse rosée, 100% naturelle, livrée en bouteille de limonade!

    En parlant du Noune, plus connu à l'état-civil sous le patronyme de Georges Descombes, rencontré à Prieuré-Roch, on retiendra un Régnié 2006 concentré, épicé et charnu, ainsi qu'un beau Brouilly 2005, minéral et acidulé.

    Impossible de passer sous silence les vins du Domaine Marcel Lapierre, bien connus des vrais amateurs de Beaujolais, dégustés lors des deux manifestations, et qui constituent une référence incontournable en la matière.

    Petit coup de projo sur un petit nouveau qui a le vent en poupe et le vin en proue: Karim Vionnet, avec son unique cuvée de Beaujolais-Villages, qui donne envie d'en boire. Ce n'est pas le moindre des compliments!

    Belle et grande rencontre que celle avec Jean-Paul Brun, du Domaine des Terres Dorées, le Beaujolais à son plus haut niveau au travers de cuvées alliant tradition et modernité.

    Et puis, ultime plaisir, une dégustation des vins d'Yvon Métras, en compagnie de la pétillante Caribou. Ultime dégustation à la Beaujoloise et ultime vin, la fameuse cuvée Ultime 2005 d'Yvon, un Fleurie grandiose qui réveille les papilles et allume le regard. Pas vrai, Caribou?

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    Il semblerait donc que ça bouge, en Beaujolais, et que certains ont anticipé l'état d'alerte. Pas uniquement dans le  monde du vin alternatif, d'ailleurs. Ce sera le thème du Quart d'heure américain en Beaujolais des REVEVIN 2008. Alors, on en reparle bientôt!

    Beaujolais, Beaujolais...

    Olif

  • Vieux-Chateau Certan, grandeur et simplicité

     

    S'il fallait ne retenir qu'un seul domaine à Pomerol, VCC s'impose de toute évidence! De 2007 à 2004, la perfection faite vin!

    Merci, Mr Thienpont!

    Olif

  • Sur la Cote Pavie, s'il n'en reste qu'un...



    ... Pavie-Maquin, évidemment!

    Superbe 2001, mais pas possible de gouter à 2007 pour cause de soutirage en cours! Il parait qu'il est délicieux, pourtant!

    Olif

  • L'Angélus sonnera trois fois...

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    C'était sur les coups de midi! Du mo-blogging en léger différé, car j'ai un peu de mal à suivre le rythme! N'est pas Baraoumobile qui veut!

    Le 2007 est d'une belle gourmandise, le 2001 est à point aujourd'hui.

    Olif

  • Grand Corbin, un chateau en Despagne!

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    Nouvellement réintégré parmi les Saint-Emilion Grand Cru classé, sous la houlette du dynamique François Despagne, un vin qui tient son nouveau rang!

    Olif

  • D'Agassac, c'est agaçant...

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    ...mais c'est drolement bon! Verticale sur 10 millésimes, la qualité ne fait que progresser! 2004, 2005 et 2006 exceptionnels!

    Olif

  • Bernard Van Berg, le vigneron qui sort du Grand Ordinaire


    Photos  Copyright B. Van Berg

    "Le vin le plus simplement", telle est la devise de Bernard Van Berg, vigneron à Meursault. Plus qu'un domaine, plus qu'un vigneron, il s'agit d'un concept: celui de la production d'un vin de "haute couture", selon les précepts d'une viticulture de jadis, faisant fi des rendements, remettant au goût du jour certains modes de conduite de la vigne (échalas) et naturellement tournée  vers le bio. Oui Madame, tout ici est fait à la main! A la main et à dos d'homme, le plus souvent celui du fils de la maison, qui en profite pour travailler ainsi sa musculature dans les coteaux bourguignons.

    Mais qu'est-ce qui a donc bien pu pousser Bernard Van Berg, photographe belge réputé, à venir s'installer à Meursault pour élaborer du Bourgogne Grand Ordinaire de luxe? L'amour du vin et du travail bien fait, très certainement. Authenticité, exigence et qualité sont les mamelles du domaine Van Berg. Chaque grain de raisin est bichonné comme s'il s'agissait d'une pépite. Aucun n'est issu d'appellation prestigieuse. Gamay, Pinot noir et Chardonnay viennent tous de terroirs de deuxième ordre et/ou de villages limitrophes de la prestigieuse Côte. Et pourtant! Le soin apporté au raisin à la vigne se retrouve à la cave où, après foulage aux pieds, la vendange, non égrappée, est élevée exclusivement en fût neuf. De quoi attiser quelque suspicion de la part d'un réfractaire au bois comme moi, mais cette option s'avère finalement cohérente, comme va le démontrer la dégustation qui va suivre, préparée au domaine à l'occasion des Grands Jours de Bourgogne.

    Tous les vins sont en appellation Bourgogne Grand Ordinaire, repli stratégique qui permet de mettre en avant à la fois leur origine géographique et le millésime, tout en s'éloignant du standard de la production locale. Evidemment, tout cela a un prix, apte à faire tousser pas mal de monde. Le BGO le plus cher de tout l'Univers, voilà qui fait jaser dans le microcosme! Etant donné sa qualité, cette micro production ne peine pourtant pas trop à trouver sa niche à l'export, notamment du côté de la Belgique, attentive aux efforts fournis par le domaine.

    Rouges:

    - 2002, Au Tennis: élevé pendant 5 années avec renouvellement des fûts au bout de 2 ans, ce qui nous donne au bout du compte un vin 200% fût neuf. La bouche parait énorme, avec des tanins plutôt marqués mais relativement soyeux. Une certaine élégance malgré une sensation globale de dureté (mise relativement récente) et un caractère végétal présent.

    - BGO 2003: rendements minuscules du fait de la canicule, assemblage des différentes parcelles de Pinot noir du domaine, élevées 18 mois en fût neuf. Le nez reste frais et fruité, avec un caractère végétal certain. Bouche concentrée et fraiche, avec beaucoup de tanins légèrement asséchants en finale. Un gros volume en bouche pour un vin qui doit encore digérer son élevage.

    - 2004, Au Tennis: Pinot noir vendangé le 15 octobre, après un tri drastique, non pressé et élevé 20 mois en fût neuf. Un jus de goutte exclusif qui possède une attaque très soyeuse. Les tanins ressortent beaucoup plus en finale, sur une note plutôt végétale.

    - 2005, La Combe: un joli Gamay très concentré, épicé et fruité, qui garde fort à propos une grande fraicheur.

    - La Rose 2005: derrière des notes légèrement fumées, un Pinot noir qui fait preuve de fraicheur et de friandise.

    - En Busigny 2005:  un pinot Noir sérieux, concentré et fruité, tonique, avec une belle finesse. Le fruit revient bien en finale, dans une belle harmonie.

    Les Gamets 2005:  comme son nom l'indique, du gamay, en provenance du lieu-dit En Busigny.  Fraicheur et belle acidité, procurant une sensation de grande buvabilité, même si la finale est à peine tannique.

    - Les Bergers 2005: un vin droit, net, concentré et charnu.

    - En Busigny 2006: échantillon tiré du fût, soyeux et fin, gourmand et élégant.

    - En Busigny 2007: malo non faite. Joli fruit, tonique et frais.

    - Les Gamets 2007: après une pointe de réduction, se développe une chair fine, soyeuse et gourmande.

    - Solaire 2007: une vendange tardive de Pinot noir, le 6 novembre 2007, pour un caractère surmaturé sec étonnant. Le nez évoque un Porto, la bouche est pleine, riche, possédant acidité et fraicheur. Un vin exceptionnel!

    Rosé:

    - La Rose 2007: une production infime de Pinot noir vinifié en blanc et élevé en fût neuf. Le nez est très "jus de raisin", on se croirait à la cave le jour des vendanges. Bouche légèrement tannique, fraiche, fine et gouleyante.

    Blancs:

    - Le Fourneau 2005: grande maturité, du gras, puis de la droiture et une grande longueur.

    - Le Fourneau 2006: fruits blancs, d'une grande netteté aromatique, fraicheur et gourmandise.

    - Le Fourneau 2007:  au stade fruité très primaire, mais d'une grande pureté d'expression, avec une sensation de sucrosité résiduelle.

    Au final, des vins d'une grande évidence et d'une réelle qualité. Plutôt inhabituel pour ces trois lettres plus souvent frappées du signe de l'infamie: quand BGO rime avec vin, tout simplement. Une rime poétiquement non riche mais des vins destinés à une élite qui l'est plutôt. Au vu du travail effectué à la vigne et à la cave, le positionnement du domaine Van Berg  peut tout à fait se justifier.

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    Olif

  • Château Chalon: la Vierge, la Tour et le Clos Bacchus

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    Balade castel-chalonnaise hivernale, sous un grand ciel bleu. Passage devant la Vierge et la Tour Charlemagne, unique vestige du château médiéval des seigneurs de Chalon, mais pour une prière à Bacchus, dont la "chapelle" trône au coeur du vignoble. Mécréant que je suis!

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    Le domaine Macle, c'est un peu la référence en matière de Château Chalon, ce qui n'est un secret pour personne. Un domaine hissé au sommet par Jean Macle, vigneron éminemment respecté et respectable. Cet héritage est soigneusement entretenu par son fils Laurent, qui perpétue avec bonheur la tradition, même si l'envie d'explorer d'autres voies le titille un peu. On devrait en principe avoir le bonheur d'assister à un élargissement de la gamme dans les années à venir.

    Après avoir goûté quelques 2007 au fût en cave fraiche, plutôt fraiche, normal pour la saison, retour au caveau pour s'installer autour de quelques bouteilles:

    - Côtes du Jura 2005, Chardonnay: un pur chardonnay au domaine Macle, c'est une grande première. Sous voile, certes, en attendant peut-être de bientôt les mettre (les voiles!) -qui sait?-. Des raisins sélectionnés qui ont permis l'élaboration d'une nouvelle cuvée, distribuée parcimonieusement au amateurs éclairés et intéressés. On est dans le registre oxydatif fin, pur et élégant. Net, long, avec une finale sur les épices, ce beau chardo évoque irrésistiblement les belles cuvées de Camille Loye ou l'élégante Fauquette de Michel Gahier.

    - Côtes du Jura 2005: la cuvée traditionnelle du domaine, comportant 20% de Savagnin, comme à l'accoutumée. La différence d'expression saute aux papilles, même si un premier échantillon est dégusté à une température un peu trop élevée. Le nez est plus puissant, réglissé, presque un peu madérisé sur la première bouteille. La bouche est plus large, un peu lâche, bien caractéristique d'un oxydatif jurassien d'école, du genre qui plait bien aux autochtones. Les mises ultérieures devraient plus privilégier la finesse.

    - Côtes du Jura 2004: fin et élégant, bien défini, ce 2004 goûte particulièrement bien en ce moment.

    - Château Chalon 2000 Lot n°1: très fin, sur les morilles, l'écale de noix, il persiste et signe. L'élégance même à 330 mg d'éthanal.

    - Château Chalon 2000 Lot n°2: nez marqué sur la noix, très oxydatif. Pêchu en attaque, il devient net et droit au fur et à mesure de la dégustation. Un style plus claquant que le précédent, mais qui ne manque néanmoins pas de finesse. 528 mg d'éthanal, ça se sent!

    - Château Chalon 1999: une bouteille en passe de devenir un des monuments de l'appellation et du millésime. Un Château d'anthologie, dans une année de rêve, qui a en outre la particularité de bien se goûter à tous les stades de son développement. A chaque fois que j'ai mis les lèvres dedans, c'était bon! Rondeur en attaque, légèrement miellée, d'une grande douceur et d'une infinie longueur, avec en finale retour d'une acidité immense. Superbe et magistral, je ne m'en lasse pas!

    - Château Chalon 1990: la robe commence à dorer légèrement, le nez se confit, sur l'écorce d'orange, le moka, avec une petite touche de pétrole. Long et droit, il commence à se livrer par petites touches et acquérir toute sa dimension et sa complexité.

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    Olif

     

  • Romaric, du sang neuf chez Chavy, chouette!

    Bon, le titre, je reconnais, c'est moyen-moyen. Mais je n'ai pas mieux!

     

    En préambule à la dégustation des 2007 du domaine Lescure, nous avons eu l'opportunité, grâce à la présence de Romaric Chavy parmi nous, de goûter en avant-première aux 2007 du domaine Chavy-Chouet. En association avec son père Hubert, bien connu dans le landerneau murisaltien, notamment en raison de quelques frasques de jeunesse, Romaric travaille d'arrache-pied à une meilleure reconnaissance du domaine familial, avec une approche qui tend de plus en plus vers le bio. La proportion de vins embouteillés ayant quasiment doublé en 2007, au détriment de la vente d'une partie de la récolte au négoce, chose dont on ne peut que se réjouir, les amateurs devraient pouvoir plus facilement y trouver leur compte, d'autant que les vins dégustés en cours d'élevage sont déjà très prometteurs.

    - Bourgogne blanc Les Femelottes: robe légèrement dorée, nez très mûr, belle vivacité, vin droit et plaisant.

    - Puligny-Montrachet Les Enseignères: nez citronné, encore un peu fermentaire, avec des notes d'agrumes. Du gras en bouche, avec une belle tension minérale. Finale acidulée et salivante.

    - Puligny-Montrachet 1er Cru Hameau de Blagny: nez sur la réserve, un peu beurré, avec des notes de noisette. La bouche est tendue, minérale jusque dans la finale, avec apparition d'une pointe de gras.

    - Meursault Charmes du Milieu: bouche nette, tonique en attaque (carbonique résiduel), avec de la rondeur et du gras.

    - Meursault Clos des Corvées de Citeau: un véritable clos, monopole du domaine, qui donne un vin généreux au nez citronné et à la matière opulente, enrobée, riche, avec du gras.

    - Bourgogne rouge "La Taupe": nez kirsché, pinotant joyeusement. Tanins soyeux, au velouté frais et à la belle gourmandise.

     

    DOMAINE CHAVY-CHOUET

    Romaric & Hubert Chavy

    31 rue de Mazeray 21190 MEURSAULT

    Tél. : 03 80 21 61 74

     

     

    Un domaine à suivre de près et des vins à revoir bientôt, pour confirmer leur beau potentiel.

     

    Olif