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En léger différé du vignoble! - Page 9

  • Bientôt une cuvée des Rachais sous voile?

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    Pour quelle autre raison l'ami Francis Boulard chercherait-il à percer tous les secrets du Château Chalon en soumettant Laurent Macle à la question? Hein, pourquoi?

    Un week-end riche en surprises, orchestré par l'indispensable Jeanne, et Francis est aux anges, ne leur laissant pas sa propre part de savagnin.


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    Le nez scotché dans son verre de 2009, Francis n'a pas réussi à y déceler d'arômes de noix. Mais du pamplemousse frais pressé du jour sur une trame acidulée droite et tranchante. Un superbe millésime en perspective, à n'en pas douter. Forcément, une année en 9..!

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    Laurent Macle délaissant un temps la guillette pour la pipette, voilà qui est inhabituel, mais ses micro-cuvées de chardonnay et de savagnin ouillés, en 2007 comme en 2008, valent le détour et sont destinées à être bien plus qu'une curiosité et/ou une expérience sans lendemain.

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    Olif

    P.S.: Francis, tu pourras publier des photos du Jura sur ton blog! Je ne t'en veux pas d'être venu à Château Chalon sans me prévenir!  :depelle:
  • Philippe Bornard, ou un demi-siècle de grands vins d'Arbois, côté Jardins!

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    Une soirée spéciale concoctée par notre jardinier favori: la venue de Philippe Bornard aux Jardins de Saint-Vincent, pour une dégustation de vieux millésimes d'Arbois-Pupillin. Des vins qui n'ont pas été produits sous son nom, puisque la création de son domaine remonte à 2005 (le premier millésime qu'il a commercialisé), mais des bouteilles qui traînent dans sa cave depuis un bon bout de temps. Une soirée résolument placée sous le signe du rouge en général et du ploussard en particulier.

     

    Préambule. Oui, dans le Jura, on fait du vin rouge. Et du rouge qui se boit. Et du rouge qui vieillit bien, de surcroît. A l'instar des plus grands vins. "Plus le vin vieillit, plus il s'éloigne de sa mère", un vieil adage jurassien qui signifie qu'avec le temps, le cépage devient plus difficile à identifier, le terroir prenant le dessus. Tout ce qu'on attend d'un grand vin d'Arbois.

     

    Les vins sont goûtés à l'aveugle, avec pour mission ludique de déterminer le cépage et le millésime. Forcément évident, non? On va bien voir!

     

     

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    - Arbois-Pupillin Ploussard 1976: robe brique, orangée, lumineuse et d'encore une belle brillance. Le nez est sur l'évolution, moka, épices, écorce d'orange. Très fin, tout en dentelle. Comme la bouche, aux tanins presque diaphanes, mais encore bien là, complètement fondus. De la tenue et de la longueur, avec une finale qui a encore la force de s'étirer. La délicatesse d'un grand ploussard! 33 ans aujourd'hui, mais il ne faut pas s'attendre à une résurrection, il n'est pas encore mort!

     

    - Arbois-Pupillin Ploussard 1986: robe orangée, légèrement plus soutenue que celle du précédent. Le nez présente un défaut évident, mais néanmoins non rédhibitoire. Légèrement liégeux, mais pas complètement bouchonné. La bouche est ronde, riche, opulente, portée par un certain degré alcoolique, presque solaire, mais tout en gardant beaucoup de fraicheur. La finale est marquée par une amertume qui n'est pas sans rappeler la note olfactive initiale. De la matière, du volume, encore du potentiel, dommage que la dégustation soit altérée par ce défaut de bouchon vraisemblable.

     

    - Arbois-Pupillin Ploussard 1992: robe rubis soutenu, brillante. Nez qui pinote (cerise) puis part sur des notes chocolatées. La bouche est éclatante, aux tanins parfaits, possédant beaucoup d'énergie, de la fraicheur, de la rondeur, du velouté. Une magnifique bouteille dans un millésime pourtant peu réputé. Celui de l'après-gel! Une année très productive, qui a fait que cette parcelle de vieilles vignes a été vendangée 3 semaines après les autres. Tout le monde est parti sur un trousseau ou un pinot noir. Le ploussard, quand même...

     

     

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    - Arbois-Pupillin Pinot noir 1990: la robe est rubis foncé. Le tout premier nez, sur le moka, laisse augurer d'un vin suave en bouche. Effectivement! Un vin riche, avec une finale chaleureuse et persistante, qui possède une jolie fraicheur acidulée pour bien l'équilibrer. Très jeune dans l'esprit, et j'aurais parié sur un trousseau!

     

    - Arbois-Pupillin Ploussard 1990: le nez est puissant, épicé, riche. La bouche est soyeuse, tactile et dynamique, avec des tanins veloutés, arrondis par l'alcool. Sans déséquilibre, car le vin est long et tonique. Très beau! J'aurais bien parié sur un Pinot!

     

    - Arbois-Pupillin Pinot noir 1990: le même que précédemment, mais pas tout à fait le même! Après une petite réduction première, apparaissent des épices et de la griotte. L'ensemble reste un peu fermé, sur la retenue, malgré la suavité des tanins et la richesse de la bouche. Du potentiel, une grande jeunesse, mais un vin peut-être pas complètement abouti, comparativement à la première bouteille de pinot. "Jus de presse" versus "jus de canne", non assemblés, ce qui, pour Philippe Bornard, est une erreur. Les deux auraient dû être assemblés, pour une belle complémentarité.

     

    - Arbois-Pupillin Trousseau 1988: la robe est à peine trouble, la bouche est acide et mordante, possède une légère amertume finale. Un peu bancal et mal fichu, moins fondu, il n'a pas vieilli harmonieusement. Premier trousseau de la soirée, je l'attendais, mais je crois que j'ai dit pinot!

     

    - Arbois-Pupillin Ploussard 1995: le nez est superbe mais la bouche est en dedans. Serrée, à peine mordante, avec de l'acidité et de l'alcool, mais une finale asséchante. Le parfait reflet du millésime 95, un millésime dur, qui le restera sans doute.

     

    - Arbois-Pupillin Trousseau 1999: belle robe rubis, d'un bel éclat. Nez fruité, cerise, griotte, qui pinote allègrement. Belle bouche aux tanins enrobés, d'une grande jeunesse, presque encore en devenir. Un très beau vin, qui malgré sa relative jeunesse, ne fait encore pas son âge. Il s'agit d'une récolte issue de troisième feuille, avec des rendements de 15 hl/ha.

     

    - Arbois-Pupillin Ploussard Point Barre 2006: floral, épicé, fruité et digeste, avec une petite amertume végétale finale qui ne dérange pas plus que cela dans ce style de vin, au contraire. Elle accentue la buvabilité! Back to the future. Le saut dans le temps est évident. Une semi-carbonique (puisque le raisin est égrappé manuellement), sans soufre. Du raisin mis dans une cuve, point barre! Et ce n'est pas devenu du vinaigre, loin de là!

     

    Arbois-Pupillin Trousseau Le garde-corps 1985: carafé à l'avance, car généralement à son optimum le lendemain. Fruité et épicé, riche et plein, velouté et persistant, complexe et réservé, d'une grande longueur, voilà un vin exponentiel et magnifique. Particulièrement bon le jour même, nul doute qu'il soit exceptionnel le lendemain, mais ce soir-là, il n'y en aura plus pour le vérifier! De vieilles vignes de trousseau plantées sur argile, ce qui n'est pas courant. Mais les Anciens du pays savaient déjà depuis longtemps que c'est à cet endroit-là que l'on produisait les plus beaux vins de trousseau à Pupillin. Les petits gars de Montigny en restent le nez scotché au verre!

     

     

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    - Arbois-Pupillin Melon 1969: du vrai melon d'Arbois, celui d'avant la généralisation des clones de chardonnay. Toujours du fruit derrière la crème catalane passée au fer chaud, avec des notes grillées et du moka. La bouche garde de la fraicheur. "Pas loin de basculer", mais il tient toujours debout. 69, "le millésime du marchand de bonheur", loin d'être le plus difficile à avaler!

     

    - Arbois-Pupillin Savagnin 1998: un raisin surmûri, vendangé fin novembre, élevé sous voile, sans avoir fini tous ses sucres, et mis en bouteilles au bout de 8 années. Un petit miracle œnologique qui donne au final un croisement improbable entre vin jaune, vin de paille et macvin. Nez sur le raisin de Corinthe, le marc. Bouche avec un petit air de vin muté (l'alcool!) et de surmaturé sec (même s'il reste du sucre résiduel à peine perceptible). Ce vin m'a rappelé L'air du Temps de Christophe Abbet, dont on compare volontiers certains de ses vins à ceux des Jurassiens. Comme un effet boomerang!

     

    Avec le traditionnel mâchon, quelques quilles supplémentaires, dont un Vin de Pays des Gaules 2008 de Marcel Lapierre que je n'ai pas trop apprécié (végétal exacerbé) et ce sentiment de Plénitude 2006. Ou comment le Pinot noir de Concise (NE) réussit à séduire des palais jurassiens par son naturel fruité, charnu et pulpeux. Une belle bouteille signée Christophe Landry, l'Helvète Underground et vigneron de Travers!

     

     

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    Olif

  • Luca Roagna, ou le Barbaresco civilisé

     

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    Piémont et merveilles, part two. Suite de l'incursion olifo-pipettienne en terr(it)oir(e) piémontais: une fois le Roero épuisé, cap sur Barolo et Barbaresco. En passant par La Morra, qui nous offre un panorama de la mort sur ce magnifique vignoble étagé, disposé sous forme d'un enchaînement de collines. Un paysage saisissant, inattendu, d'une beauté à couper le souffle. Des parcelles disposées de manière identique du côté de Barbaresco, évoquant inévitablement un amphitéatre.

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    Prêts, donc, pour recevoir un cours magistral de Nebbiolo et de Dolcetto! Quelques mauvais élèves ont planté dans le sens de la pente, afin de pouvoir mécaniser un peu plus facilement ces terroirs pentus parfois difficiles à travailler. Luca Roagna n'est pas de ceux-là. Son amphithéâtre de Pajé est un modèle de viticulture respectueuse du sol et du raisin. L'un des rares ici à vinifier avec une approche bio, sans pouvoir néanmoins afficher de certification. Cinquième génération au domaine, Luca est encore tout jeune, mais il a des bases solides et une très haute idée du Barbaresco, l'authentique, le traditionnel, celui que la plupart des vignerons du cru ont oublié en chemin. Vendange à maturité parfaite, macérations douces et longues, (jusqu'à 100 jours!) pour extraire au maximum les bons tanins du Nebbiolo, cépage plutôt riche en la matière, et ne pas les masquer avec de vulgaires tanins du bois. Elevages longs, voire très longs (jusqu' à 8 ans et même plus!), en foudre, suivis d'un vieillissement en bouteilles au domaine, afin de ne pas vendre précocément des vins qui risqueraient d'être bus trop tôt. Une démarche complètement atypique, hors du temps, où seule prime la qualité du vin proposé à l'acheteur, à un prix pourtant très accessible, comparé aux stars de la région.

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    Après le cours magistral en amphithéâtre, place aux travaux pratiques dans l'intimité de la cave, avec, pour se faire le palais, une initiation à la Dolcetto vita. Le Dolcetto, c'est un peu "le bébé de la propriété", le vin qui se boit sur la jeunesse et sans trainer. Le 2008 est un bébé Cadum, aux tanins souples, avec de la minéralité en bouche, et une grande fraicheur. Que la vie lui soit douce! Le Barbera est un cépage plus mordant et acide, mais loin d'être barbant. Il nécessite de l'enrobage sur ses tanins pour ne pas entrainer une constriction de la mâchoire. Ce 2004 est joliment fruité et épicé, parfaitement équilibré.

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    Le "jeu du Nebbiolo" peut désormais commencer. Celui de vins bien trop jeunes pour être bus, d'après Luca, mais déjà très bons à boire. Une quasi intégrale des vins du domaine proposés à la vente, ouverts la veille à l'occasion de la venue d'un importateur suédois. Ou peut-être est-ce le contraire? Il en a eu de la chance, ce Suédois, de passer avant les blogueurs français! Le millésime 2003 se décline en Langhe Rosso (soyeux et frais, à ne pas donner au chat), Barbaresco Pajé (yeah!) et Barolo La Rocca e la Pira (il y a pire!). Des vins frais et juteux, sans lourdeur, et pourtant  issus de vendanges beaucoup plus tardives que tous les autres produits dans leur appellation respective. Une maturité parfaite des peaux et des pépins qui a ramené de l'acidité et beaucoup de fraicheur. Si le Pajé est tout simplement fabuleux, intense et légèrement chocolaté, la Rocca e la Pira n'est pas en reste. Vous m'en mettrez une caisse de chaque! Trois cuvées parcellaires nous sont également proposées à la dégustation: un Barolo Vigna Rionda 2005 (une parcelle située à Serralunga d'Alba, cultivée avec amour par un vieux vigneron du cru à qui Luca achète les raisins, et un vin remarquable par la qualité et la fraicheur de ses tanins, qui possèdent déjà une rondeur toute féminine), un Barbaresco Asili 2004 (issu d'une colline face à l'amphithéâtre de Pajé, exposée Sud, un vin plus viril linéaire et droit, à la minéralité affirmée, qui impressionne par la qualité de sa finale, ferme et autoritaire) et un Barbaresco Montefico 2004 (autre sélection parcellaire, au nez peu expressif, le Nebbiolo n'étant pas un cépage particulièrement aromatique, à la minéralité calcaire, mais dont les tanins sont néanmoins soyeux et élégants).

    A présent, on ne joue plus. L'affaire devient sérieuse. Pensez donc! Huit ou douze années de foudre, auxquelles il convient de rajouter une ou deux années supplémentaires de vieillissement en bouteilles! Place aux grands vins, ceux qui sont bâtis pour l'éternité et qui laissent un souvenir impérissable à qui a eu la chance de pouvoir y tremper ses lèvres.


    - Barbaresco Riserva Pajé 1999 :
    Huit années de foudre, deux de bouteilles, 5 minutes de verre! Un Barbaresco à l'ancienne, issu des vieilles vignes de 60 ans de Pajé. La quintessence du cru, qui fait succomber aux charmes des barbares. Complexe, immense, goûteux, jouissif.

    - Barolo Riserva La Rocca e la Pira 1995 :
    La puissance du Barolo, après l'élégance du Barbaresco. Douze années de foudre révèlent toute la dimension de cette cuvée d'exception aux tanins bien patinés.

    - Barbaresco Crichët Pajé 2000 :
    Une sélection parcellaire dans la parcelle! Les meilleurs et les plus beaux raisins vendangés à haute maturité, au mois de novembre, macérés très longuement (jusqu'à 100 jours), donnent à ce vin minéral et épicé une élégance somptueuse et une classe folle


     

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    Pour clore la dégustation, une curiosité locale, qui mériterait d'être vendue en pharmacie et/ou d'être remboursée par la Sécurité Sociale: le Barolo Chinato, du Barolo additionné de quinine! Pas question pour Luca d'utiliser un vin insuffisant lors de la fabrication! Derrière les herbes aromatiques naturelles, le zucchero et l'alcool, il y a du vin. Et ça se sent, malgré l'amertume de la quinine. Apéritif ou digestif, il fallait y goûter un jour! Et ce jour-là il fut les deux. Cloturant la dégustation, il libéra l'appétit avant de se rendre à Alba. A La Libera, justement, sur les recommandations de Luca. Une blanche adresse à ne pas manquer, où on ne vous prend pas pour des truffes, en saison ou non.



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    Olif, inviato in Italia per la blogo d'Olifo



    P.S.: les vins du domaine Roagna sont disponibles en France chez Oenotropie.




  • La Mailloche 2009 à l'Octavin, tout de bon!

    La Mailloche 2009

     

    Un petit tour en Arbois pour écouter chantonner dans les cuves et goûter 2 ou 3 jus au domaine de L'Octavin en compagnie de Charles Dagand et de Saint-Vernier.

     

    C'est déjà du tout bon: une belle acidité avec de la minéralité sous-jacente bien palpable, celle des grands terroirs, dont La Mailloche fait sans aucun doute partie. Aucun ajout de cochonnerie dans les jus depuis la vendange, tellement c'est sain et beau. Pourvu que ça dure!

     

    Olif

  • L'étoffe du Roero

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    "Piémont et merveilles!", voilà un voyage organisé de tout premier ordre! Forcément, quand on laisse carte blanche à PhR, l'homme à la Pipette, qui est par ailleurs GO en chef de Vigne'Horizons, la micro-agence de développement oenophilo-touristique. Vigne'Horizons, c'est le vinotourisme sans frontières, à visage humain et à taille humaine, celui qui sait aussi parler italien avec les mains.

    Avant de débarouler en Barolo comme des barbares and Co, une halte indispensable en Roero s'imposait, afin de poser les valises. A la Cascina Vrona, par exemple, un des fleurons de l'Agriturismo italien. Chambres cosy avec piscine au milieu des vignes, bêlements, mugissements et cocorici matinaux (matini?), table d'hôtes particulièrement goûteuse le soir.

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    Une cascina au cœur du vignoble, où il n'y a qu'à chiner. Voire se laisser griser par une virée en scoot, cheveux au vent sous le casque. La dolce vita, quoi!

    A tout juste une encablure de là se trouve le domaine Angelo Negro et figli, où nous fûmes reçus de prime, comme des coqs en pâtes, malgré la tristesse ambiante d'un deuil local encore tout frais.

    Le Roero, uno piccolo fratello per Barolo, n'a pas froid aux oreilles! Pourtant, cette appellation méconnue vit dans l'ombre de ses deux prestigieuses voisines, Barolo et Barbaresco. Leur point commun, c'est le Nebbiolo, ce cépage typiquement piémontais, riche en tanins et plutôt pauvre en couleur, même si l'amateur de ploussard a de quoi en attraper des complexes. Roero malgré lui, avec ses paysages vallonés originaux, constitués de successions de petites collines, les bric, entièrement plantées de vignes jusqu'au sommet et constituant à elles seules un genre de climat à la bourguignonne, un microterroir, just another bric in the vignoble.

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    Le domaine Angelo Negro et figli est un domaine familial de 60 hectares, une azienda agricola en pleine expansion, qui vient tout juste de se doter d'un cuvier et d'un chai ultra-modernes, construits dans le respect des matériaux traditionnels. La salle de dégustation s'ouvre sur les vignes. Au menu, Arneis, Barbera, Nebbiolo, salame maison, délicieux fromage local, gressins et parmiggiano regiano. Un moment de franche convivialité autour des vins du domaine en compagnie de la riante Emanuela, puis de son frère Angelo.

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    Chez Negro, on produit plusieurs cuvées, dans différentes appellations et dans les deux couleurs. Il fallait goûter à tout. On attaque par les blancs et l'original cépage Arneis, qui, contrairement à la croyance populaire, ne tient pas son nom d'un ecclésiastique émigré dans les Pyrénées occidentales. Tu parles d'une sauce!

    Trois cuvées de blanc, donc, du floral et fruité Arneis 2008 (élevage en cuve) à Gianat 2007, une sélection parcellaire (terroir argileux) élevée 8 mois en barrique et un peu trop boisée à mon goût. Ma préférence va naturellement à Pernaudin 2007, de vieilles vignes sur sol sableux, élevage en cuve inox, qui possède complexité et profondeur, avec un caractère discrètement oxydatif alliant gras et acidité. Pour cloturer les blancs, on se rince le palais avec une Método classico 2005, correcte mais le dosage ressort un peu trop pour moi.

    On enchaîne par le Barbera d'Alba, loin d'être le cépage le plus barbant du coin. Là encore, trois cuvées: le 2008 "cuve" goûte sur le fruit (cassis, myrtilles) avec des notes lactiques: frais, immédiat et plaisant. Nicolon 2007, issu de vignes de 45 ans, élevé 8 mois en barriques est un vin riche et capiteux, sur la feuille de cassis et le poivre, aux tanins déjà soyeux, avec du volume sur une finale un peu chaude, mais néanmoins une jolie rétro sur les fruits noirs. Bric Bertu 2006 a fait un an de fût. La bouche est bien quilibrée, sur des tanins frais jusque dans la finale. Mon préféré de la série des Barbera, un cépage qui possède généralement beaucoup d'acidité et qui a besoin d'un certain enrobage des tanins pour mieux glisser dans le gosier.

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    Petit détour par le Barbaresco, où le domaine possède deux parcelles, ainsi qu'une petite cave, le vin du Barbaresco devant être vinifié in situ. Place au Nebbiolo, donc. Le Cascinotta 2006 est élevé 12 mois en foudre. Il fleure bon la fraise écrasée, malgré des tanins un peu rugueux et à peine d'alcool en finale. Le Basarin 2005 est plus complet (élevage de 18 mois), poivré et épicé, avec des tanins élégants et suaves, plutôt classieux. Il faudra savoir l'attendre.

    Retour en Roero, pour un Prachiosso 2006 (vignes sur sable) frais et souple, sur la fraise et le cassis, légèrement acidulé, puis un Sudisfa 2005 (assemblage de parcelles) concentré, aux tanins polis mais à la finale à peine ferme et chaleureuse.

    L'assemblage de Cabernet sauvignon et de Merlot, en association avec le Nebbiolo, fait basculer en appellation régionale Langhe, que l'on évitera de donner au chat ou de laisser dans sa poche. La cuvée Millon 2006 ne m'a néanmoins pas vraiment convaincu, du fait d'une dureté des tanins avec sécheresse finale. L'internationalisation des cépages n'a pas que du bon, même si elle correspond à une attente de la part du consommateur de base, que nous appellerons Lambda parce qu'il est docile comme un agneau de Panurge, le consommateur, oui-da.

    On termine par quelques petites douceurs pour la route: d'abord un épatant Birbet Bracheto, le vin des enfants, titrant à peine 5° d'alcool, et se buvant comme un bon jus de fruits frizzante, suivi d'un Passito d'Arneis Pernaudin 2005, vin partiellement botrytisé, puis passerillé sur claies, aux arômes de tarte aux pommes se goûtant un peu trop sur le sucre.


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    Tour d'horizon complet, donc, pour un domaine attachant et spirituel, une mise en bouche particulièrement séduisante pour le néophyte piémontais, avant l'Alba-llade des gens heureux, ceux qu'il vaudrait mieux ne pas prendre pour des truffes.

    Olif


  • Nicolas Joly's Birthday

    Jeudi 16 juillet 2009. Jour chaud, jour solaire. Celui d'une sympathique rencontre impromptue, quasi-improvisée, avec deux journalistes, chez Stéphane Tissot, dans son antre de Montigny. De passage dans le Jura, Marc Vanhellemont, de la revue belge IVV, et André Devald, journaliste danois dont le nom de la revue m'échappe (je ne parle pas danois couramment, mais André maitr!se bien le français, par contre), font le plein de sensations jurassiennes. Trois jours de pérégrinations intensives pour capter la quintessence d'une région que Marc connait déjà sur le bout du pouce, s'y sentant quasiment comme chez lui. In vino du Jura véritas!

     

    Tour de vignes vite fait, d'En Muzard à Curon. Pas loin de 30° sous le soleil, exactement. La Tour est là pour nous mettre à l'ombre. N'y manquent qu'une table, des chaises et des verres.

     

    Arbois vu de la Tour

    Arbois vu de la Tour de Curon, aux volets habituellement clos, ouverts pour l'occasion

     

    Retour à Montigny pour déguster les 2007 de Stéphane. Jour fruit? Ça goûte plutôt bien. Insolamment, même! Quand des vins biodynamiques goûtent comme ça, c'est que c'est au moins l'anniversaire de Nicolas Joly! Cuvée classique 2007 désaltérante, des Bruyères qui maillochent un peu (probablement en raison de l'intégration d'une nouvelle plantation en échalas, qui avait donné naissance à une cuvée Troisième feuille en 2006), des Graviers minéraux comme jamais, une Mailloche qui mailloche de moins en moins, perdant progressivement sa rusticité argileuse au profit d'une élégance de plus en plus racée, En Barberon 2006 d'une grande complexité olfactive et à la personnalité résolument affirmée, et, pour finir, Curon 2006, qui vous expédie direct dans la quatrième dimension vinique. Côté rouge, le Plouplou dessoiffe toujours autant, sans soufre et sans esbrouffe, le Trousseau possède un beau soyeux et un joli fruit, le Pinot noir En Barberon a rarement été aussi buvable et digeste dans sa prime jeunesse (une seule cuve, vinifiée 100% en grains entiers). Dernière session à la santé de Nicolas Joly, les savagnins. Du limpide Traminer 2007 au Jaune 2002, fruité en attaque, profond en finale, en passant par le jouissif Savagnin 2005 sous voile, passionnante passerelle entre les deux. De l'oxydation maitr!sée. C'est à dire comme ménagée, mais en mieux.

    Direction La Balance, mets et vins en Arbois. Les mets, ce sont ceux concoctés par Thierry Moyne, les vins, Stéphane y pourvoira encore largement. On (re)commence avec deux Crémants 2007 servis à l'aveugle en parallèle. L'un élaboré avec les levures du commerce, standard, l'autre avec des levures indigènes (pied de cuve de Paille). Le premier pète le fruit, est plus immédiat, mais lasse vite. Le second est moins facile à appréhender, mais au final est bien plus vineux et complexe. Pas photo, même si une dégustation trop rapide peut fausser le jugement. Je me suis laissé prendre! A l'avenir, la majorité des Crémants du domaine seront indigènes.

    S'en suivront un certain nombre de bouteilles, pour accompagner le menu Délices de Saison et, entre autres, quelques blancs (superbes En Barberon 2007 et 2000, douteuses Bruyères 99 (liège?)) sur le pas du tout vaseux Tartare de carpe de Mme Roubez. 2 ou 3 rouges (exceptionnel Arbois Pinot noir Aymeric 1997, entre autres) pour ceux qui avaient pris de la viande ou juste pour le plaisir, et enfin une petite poignée de jaunes (le puissant et original Vin jaune cuvé, millésime 1992 et le 1985, fondu et prêt à boire) sur le sublimissime coq maison.

    Avec le dessert, déclinaison de liquoreux, à apprécier comme un dessert à eux tout seuls: Mélodie 2004, le Savagnin de glace qui est en train de  la briser et de changer gentiment de registre aromatique, Audace 2006, Spirale 2005 et 2006 (beaucoup plus acidulée, car quasi-exclusivement savagnin, le Ploussard étant rentré majoritairement dans Audace), et enfin PMG 2005, très PMG, voire encore plus, avec pas loin de 500 g de sucres résiduels.

     

    Y'a pas, c'était vraiment la fête au village ce jeudi soir-là. Et très certainement l'anniversaire de Nicolas Joly!

     

    Arbois

     

    Olif

  • Domaine Overnoy-Crinquand, le Pupillin craquant!

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    Si tu ne vas pas à Pupillin, il peut arriver que Pupillin vienne à toi! A l'initiative de la Biocoop de Pontarlier, Mickaël Crinquand, venu livrer quelques cartons, est resté une grande partie de la journée pour faire salon à lui tout seul devant la vitrine. Un lien de famille lointain avec Pierre Overnoy, avec qui il ne faut pas le confondre, même s'ils ont démarré la certification bio la même année. Polyculteurs dans l'âme, la famille Overnoy-Crinquand élève également du bétail. Des vaches qui paissent tranquillement du côté d'En Chaudot, notamment, chez le même Pierre Overnoy, lorsque des dégustateurs intempestifs ne viennent pas perturber leur repas du soir. Moins une qu'on se soit fait sonner les cloches, ce soir-là, en fait!

    Pas goûté au lait du Domaine Overnoy-Crinquand, cette fois-ci, mais à quatre jus de la treille: un sérieux Arbois-Pupillin Ploussard 2005, aux tanins un peu durs, à attendre, un Trousseau 2006 d'une pure gourmandise, toujours en AOC Arbois-Pupillin, tout comme ce Savagnin 2004, dense, fruité et charnu, qui comblera les amateurs de vins oxydatifs. Le Velours du Jura, un vin de liqueur cuit, qui de ce fait ne peut revendiquer l'appellation Macvin, possède un bien joli équilibre et joue effectivement sur du velours.

    Bref, une gamme tout à fait séduisante, avec laquelle on ne se polluera pas le palais. Robiocoop veille sur nous!

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    Olif




  • Flamboyante dégustation à Rotalier

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    L'orage a beau avoir grondé toute la journée, l'Ouest lointain a fini par s'embraser, donnant un caractère doublement flamboyant à cette dégustation crépusculaire autant que prometteuse. A l'invitation de Julien Labet, nous nous sommes retrouvés une poignée sous un mélèze rotalien à déguster jusqu'au bout de la nuit le millésime 2007 en horizontale, suivi d'une incursion en 2005 puis 2002. Beaucoup de vins blancs à goûter, donc, avant de se reconstituer grâce à une sublime côte de bœuf et quelques vins rouges du cru.

    Le domaine Labet, situé à Rotalier, c'est avant tout un collectif: les parents, Alain et Josie, ainsi que trois enfants, Julien, Romain et Charline. Précurseur dans les élevages parcellaires de vins ouillés, Alain Labet a peu à peu confié la direction des opérations en cave à Julien, qui possède en outre son domaine en propre, sur des parcelles parfois contigües à celles du domaine familial. Les éventuelles différences entre les cuvées viendront de la vinification, Julien expérimentant un peu plus sur la production de son domaine personnel, notamment en diminuant les doses de soufre. Les vins sont servis rafraichis, à l'aveugle, l'identification du cépage et du terroir n'étant pas forcément si évidente que cela, même pour un grand vigneron comme Alain Labet. Tous sont en appellation Côtes du Jura, évidemment!

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    - Fleur de savagnin En Chalasse 2007: une vigne plantée en 2003 et des raisins récoltés en légère surmaturité, avec 12,7° de potentiel. Un vin riche, puissant, minéral, légèrement anisé, porté par une très grande acidité.

    - Fleur de savagnin En Chalasse 2006: récolté avec un peu moins de botrytis qu'en 2007, il possède pourtant une grande douceur en vouche. Une sensation presque voluptueuse. Riche et puissant, il termine sur une sensation rafraichissante d'agrumes et de beaux amers, signe de sa grande acidité.

    - Savagnin 2006: une cuvée spéciale de savagnin gros vert récolté au lieu-dit La Bardette et élevé 28 mois en fût. La robe est dorée, le nez est confit, sur l'écorce d'orange. La bouche est parfaitement calibrée, large et longue, avec une finale très épicée. Superbe!

    Place au Chardonnay sur les cuvées suivantes:

    - Fleur de Chardonnay 2007: nez frais et minéral, légèrement iodé avec une pointe de lactique. Tonique (du gaz!), acidulé et frais. Cette cuvée, issue de vignes de 45 ans provenant du sommet des Varrons, est élevée sur lies, en mode réductif qui apporte des notes de menthol et un caractère végétal. Le sommet de la butte des Varrons, c'est du "caillou", un sol purement calcaire.

    - Les Varrons 2007: nez légèrement anisé, avec des notes de pêche blanche. Relative rondeur, minéralité marquée, un peu rèche, bouche large et finale un peu chaude. A ce stade, il manque un peu d'éclat.

    Les Varrons 2007, Julien Labet: une parcelle distincte, exploitée par Julien, indépendamment de celle du domaine, et embouteillée sous son nom. Nez très anisé, fenouil, vivacité en bouche dès l'attaque. Un vin dynamique à la finale acidulée sur une belle amertume. Beaucoup moins de SO2 (8 mg) que dans la cuvée du domaine et une bouteille qui remporte tous les suffrages.

    - La Reine 2007: une toute petite parcelle d'argiles rouges qui ne produit que 2 pièces. Le nez est grillé, très fin, mais ce n'est pas de la réduction car l'élevage ne se fait pas sur lies. Bouche vive, d'une classe folle, élégante, acidulée en finale. Un vin absolument superbe, d'une définition irréprochable.

    - En Chalasse 2007: nez très fruit (pêche), gourmand, même si Alain Labet n'apprécie que moyennement ce qualificatif passe-partout. La bouche est en léger décalage, acidulée, avec une finale un chouïa amère, moins gourmande que ne le laissait supposer le nez. Pas mal de raisins en surmaturité à la vendange, dans cette cuvée.

    - Le Montceau 2007: nez fin, légèrement lacté, praliné. Bouche élégante et racée, à la texture délicate et soyeuse. Finale d'une grande douceur, suave, soutenu par un trait acidulé. Un magnifique vin, issu de sols calcaires blancs du Batonien. Alain Labet est épaté, retrouve la grandeur du Montceau, pour lui disparue depuis quelques millésimes.

    - La Bardette 2007: petite déception car elle ne se goûte pas bien. De la réduction qui amène de l'amertume, malgré la pointe de gaz. Elle n'est pas en place, mais ça viendra probablement, elle demande du temps, la Bardette, en principe.

    - En Chalasse 2007, VV de 70 ans: nez retenu, bouche fondue, calibrée, bien structurée, sur une longue finale salivante. Un vin apaisant, avec de la chair, qui laisse tout le monde béat d'admiration, même si le coucher de soleil commençait à s'éteindre.

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    Une petite lampe, au chevet du coucher de soleil éteint!

    - La Beaumette 2005: nez sur les agrumes qui se prolonge par un ananas somptueux en bouche. Un peu de gaz, une belle tonicité, prolongée par une grande acidité. Comme du Gros Manseng, mais dans le Jura, il franchit le mur du "nçon".

    - Les Varrons 2005: nez caramel au lait, breton sur les bords, c'est à dire un peu salé. Iodé, large en bouche, puissant, pas détendu. Il ne se livre pas complètement, quoi, même si le côté caramel lui vient apparemment du terroir.

    - La Reine 2005: nez discret, mais une bouche fuselée et élégante, tendue en finale. Un vin scintillant!

    - La Bardette 2005: le nez est très fin, comme retenu, discret mais élégant, tout en dentelle. Le fruit perce en bouche, cette Bardette saura se livrer dans le futur à qui aura la patience de l'attendre.

    - Fleur de Chardonnay 2002:  une bouche un peu taillée à la serpe, incisive, qui possède beaucoup d'acidité, plutôt tartrique, et une rusticité toute jurassienne, ce qui n'a évidemment rien de péjoratif pour un vin positionné en entrée de gamme, avec 7 années de cave.

    - La Bardette 2002: un vin paradoxal, à l'élevage un peu particulier. Mis en bouteille avec des levures de fermentation alcoolique, non terminée alors, ce qui lui donne un caractère oxydatif involontaire, sans signes d'oxydation véritable. Un peu compliqué à appréhender sur cette bouteille, tandis qu'une autre, goûtée il y a un mois au restaurant s'était avérée somptueuse. Pas reconnu, du coup!

    - Le Montceau 2002: nez superbe, intense, plein, un peu miellé. Bouche à la fois riche et contenue, se livrant par petites touches successives, mais, au final, se donnant totalement. Magnifique vin! Et Alain Labet n'en finit pas de retrouver ce Montceau qu'il aime tant et qu'il avait un peu perdu de vue depuis quelques millésimes. Une petite merveille emplie de fraicheur.

    - En Chalasse 2002: nez puissant, enrobé, miellé, encaustique. Un vin riche, au caractère légèrement oxydatif, à la finale légèrement amère, peut-être pas tout à fait en place actuellement. A revoir, surtout qu'il s'agit en théorie d'un des vins les plus prometteurs produits par le domaine.

    - Les Varrons 2002: nez légèrement grillé, caramel au lait, la marque du terroir. "Sur l'âge", mais sans évolution marquée, il laisse la bouche nette, tout en imposant son caractère et sa minéralité calcaire. Longue finale et très belle bouteille.


    Réputé pour ses blancs, le domaine produit également quelques rouges considérés comme anecdotiques par Alain et Julien Labet. Il n'en est rien, évidemment. Modestie, quand tu nous tiens! Les poulsards du Sud-Revermont, à l'instar de ceux de Fanfan Ganevat, n'ont rien à envier aux meilleurs du nord du département. "Le 98, c'était même du Rayas, à la vendange", d'après Alain Labet. C'est en tout cas ce qu'il imaginait faire au vu de la qualité des raisins, quasiment exceptionnelle. Au bout de plus de 10 années, ce n'est peut-être pas Rayas quand même, mais un vin néanmoins sublime, qui défie le temps. D'une jeunesse à toute épreuve, des tanins soyeux (bon, pas ceux de Rayas!) et toujours beaucoup de fruit. La côte de bœuf ne s'est pas plainte, loin de là.


    Pour ce qui est de prolonger sa connaissance de l'appellation Côtes du Jura, on n'hésitera pas à se référer à l'excellent article d'Emmanuel Zanni, dans le dernier numéro du Rouge & le Blanc, la revue de référence de l'amateur du rouge et du blanc. Et du jaune aussi, parce qu'apparemment, ils sont tombés sous le charme de la région, les petits gars du Rouge & le Blanc. Ça fait quand même plaisir que des journalistes qui écrivent sur le vin s'intéressent véritablement au vin et aux vignerons, finalement.



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  • La Liaudisaz, 20 ans de cave, la dégustation

     

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    Insaisissable Marie-Thérèse! Pas simple de la prendre en photo sans qu'elle ne bouge! 20 ans, c'est l'âge de la cave, mais c'est aussi celui de sa fougue et celui de son mental. Une organisation sans faille, ou presque, qui a permis au plus grand nombre de déguster toutes les cuvées du domaine. de la Liaudisaz J'allais dire toutes les cuvées à la vente, mais bon nombre sont déja épuisées ou très fortement contingentées (du style UNE bouteille par personne). Il valait mieux avoir réservé avant!

    6 blancs, 1 rosé, 7 rouges, 3 liquoreux, 18 possibilités de déguster, puisque la Marsanne grain noble était proposée deux fois, avec deux accords différents, fromage puis chocolat. Pas question de se contenter d'un seul verre, donc, c'eût été dommage. Une dégustation volontairement proposée sans crachoirs, c'était la fête, on était là pour goûter plus que pour déguster. Les conducteurs durent ruser pour se fabriquer un petit crachoir personnel à l'aide d'un gobelet individuel. Gobelet qu'il fallait aller vider aux toilettes réglièrement et surtout ne pas renverser. Heureusement, Le Châ fut l'homme de la situation une fois de plus. Quel homme, ce Châ! Et quelle situation, mes pieds en sont encore rouges de confusion. Quelle idée aussi, de me demander l'heure, alors que je n'ai pas de montre!

     

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    Plus qu'une dégustation, donc, il s'agissait d'un parcours initiatique d'accords. Vins et fromages, de différentes provenances, d'affinages différents. Vin et vin, aussi, parce qu'à certains stands, le ravitaillement solide faisait défaut, puis vin et chocolat pour terminer. Millésime 2008 en ce qui concerne les vins, sauf mention contraire.

     

    - 3 Fendants pour la mise en bouche: celui de Martigny Les Bans développe un certain gras, Plaimont est plus tonique, Président Troillet comporte une dimension supérieure, plus minérale.

     

    - La Petite Arvine Grain blanc, elle, c'est une princesse, aux dires de Marie-Thérèse. Elle n'a pas réussi à terminer tous ses sucres, n'en faisant une nouvelle fois qu'à sa tête. Elle posède beaucoup de gras, sur des notes d'agrumes qui aboutissent à une petite amertume finale, bien adoucie par le peu de sucre résiduel. Il est clair que les puristes la préfèreraient parfaitement sèche, mais quel vin!

     

    - L'assemblage Grain cinq est constitué de cinq grains différents. Qui l'eût cru? Une belle complémentarité pour un équilibre subtil et un vin au final très séduisant.

     

    - L'Ermitage Grain d'Or possède toutes les qualités de ses prédécesseurs des millésimes antérieurs. Un vin opulent, riche, gras, puissant, mais parfaitement équilibré. L'olive verte, la truffe et l'eau de vie de framboise ne sont pas loin.

     

    - Le Rosé rhodonite, assemblage de jus de presse et de saignée, est un beau rosé plutôt vineux, qui joue la parfaite transition avec les Dôles qui vont suivre. Mon Puiné, simple, c'est son rôle, La Liaudisaz plus charnue mais bien gouleyante.

     

    On passe aux choses plus sérieuses avec le Grain Pinot, rubis éclatant, fruité et cristallin au nez, d'une parfaite fraicheur sur des petits tanins lisses mais croquants. Un très beau Pinot noir valaisan, l'un des plus renversants qu'il m'ait été donné de goûter dans sa jeunesse jusqu'à présent.

     

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    - Les spécialités valaisannes se succèderont ensuite. D'abord Grain Mariage, jeunes vignes de Cornalin et d'Humagne assemblées, frais et revigorant, puis, surtout, le Grain Cornalin, d'une belle densité fruitée qui m'a énormément plu, et, enfin, le Grain Syrah, encore plus dense, plus sérieux, plus profond, destiné à une belle garde. Le Grain Noir 2007, derrière ces trois-là, me séduit à peine moins, sans démériter pour autant.

     

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    - Place aux doux, avec une agréable mise en bouche par le Grain Doux 2008, un moelleux à l'équilibre demi-sec qui dialogue parfaitement avec un gressin aux oranges confites. La Malvoisie 2007 est une pure petite merveille acidulée, à la fraicheur exquise. Que dire alors de la Petite Arvine Grain Noble 2006 qui semble faite pour une idylle avec le Vieux Stilton? Tout simplement magnifique, d'une fraicheur exemplaire malgré la grande richesse en sucres. La Marsanne Grain Noble 2006 est à l'unisson, plus opulente, encore plus riche, mais sans uen once de lourdeur. Elle se joue du fromage et se fond dans un chocolat conçu pour elle, ganache aux truffes et à l'eau-de-vie de framboise.

     

    Un sans faute dont Marie-Thérèse est coutumière, même si l'on est évidemment en droit de préférer telle ou telle cuvée. Rien à jeter, rien à cracher (pour cette fois), il fallait tout avaler (ou presque)!  Une journée haute en couleurs, malgré la blancheur éternelle des sommets valaisans. On n'a pas tous les jours 20 ans, malheureusement!

     

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    Olif

     

     

  • La Liaudisaz, 20 ans de cave, une journée de fête!

     

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    Sans nul doute, Fully était "the place to be", en ce dernier dimanche de mai. Pour commémorer les 20 ans de la cave de la Liaudisaz, Marie-Thérèse Chappaz recevait tous ses clients et amis, les transformant, l'espace d'un instant, en beaux ouvriers de la Belle Usine de Fully.

    Petite arvine, raclettes, fraises du Valais, organisation parfaite, musique et soleil, tous les ingrédients étaient en place pour faire de cette rencontre une fête dont on aura envie de se souvenir. La dégustation de toutes les cuvées du millésime 2008 se faisait en accord avec fromage, pain ou chocolat, selon le vin servi, pour décupler le plaisir.

     

    Aperçu en images, avant quelques notes de dégustation:

     

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    11h30, la foule était déjà au rendez-vous

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    Raclette(s): pas loin de 10 fromages valaisans d'origine différente pour accompagner les pommes de terre

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    Marie-Thérèse et Steve Bettschen en plein débriefing organisationnel

     

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    Le Châ, ouvrier bénévole d'un jour à la Belle usine de Fully, véritable bras gauche des jeunes filles temporairement handicapées

     

     

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    Un air de musique festive sous les chataigniers

     

     

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    Fraises du Valais nature, un dessert particulièrement goûteux et rafraichissant!

     


    La fête fut belle, Marie-Thérèse en fut la reine. Bon anniversaire, la Liaudisaz!

     

    Olif

  • Grégory Monnier, l'histoire du chimiste devenu vigneron "sans chimie"

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    Ça bouge dans le Jura! Les jeunes poussent à la roue, s'impliquent, s'engagent. Et ça fait du bien! Le parcours de Grégory Monnier est à ce point particulièrement éloquent.

    Après une enfance passée dans tous les recoins du monde, profession parentale oblige, il a éprouvé le besoin de revenir aux sources. De  retrouver ses racines et de s'implanter dans un improbable petit village jurassien, terre de ses ancêtres, sur les contreforts du Revermont lédonien. Vatagna. Lieu-dit coincé entre Conliège, pas celui des goûts de bouchon, et Montaigu, pas celui qui descend grave de la digue. La grande banlieue de Lons le Saunier, préfecture jurassienne célèbrée pour son compositeur d'hymne national. Rouget de Lisle, certes, mais de Lons également.

    Après des études de chimie, Grégory Monnier a eu envie de s'en passer. De travailler le sol. De le faire revivre. De se venger de toutes ces années passées à apprendre comment polluer la terre en 10 leçons. Il reprend donc les vignes de Charles Clavelin, à Nevy sur Seille, de jolis coteaux à l'aplomb de l'abbatiale de Château Chalon. Dont une partie en appellation Château, s'il vous plait! 2004 sera son premier millésime, 2007 son premier millésime officiellement en bio, 2008 son premier millésime peut-être en grande partie sans soufre. Une évolution à pas de géants, dictée par ses goûts, par ceux de ses amis et de ses clients, par la volonté de s'approcher au plus près de la vérité du raisin. Son métier de vigneron commence, il cherche ses influences du côté de Laurent Macle, son voisin de vigne, de Fanfan Ganevat, de Jean-Etienne Pignier. Comme références, dans le secteur, on ne peut guère mieux! Il envisage actuellement de replanter un joli coteau sur la commune même de Vatagna, pour redonner ainsi sa vocation viticole à la commune où il habite. Une terre pour l'instant vierge de tout désherbant ou exfoliant. Un beau projet! Autant dire que lorsque Gregory aura pris un peu de bouteille, comme ses vins, il faudra très certainement compter avec lui dans le Landerneau jurassien.

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    Avant de gagner la cave, déguster une petite série de 2008 en fûts, passage en revue de la production actuellement en bouteilles:

    - Crémant du Jura 2006: une mise en bouche agréable et fruitée, due à la présence de savagnin rose et de chardonnay muscaté sur la parcelle qui a servi à élaborer ce Crémant.

    - Côtes du Jura 2004: le premier millésime du domaine, un pur Chardonnay non ouillé. 3 ans de fût, un caractère forcément oxydatif, mais peu marqué, s'ouvrant même sur une réduction première. Bouche épicée, nette, finale acidulée et droite. Un abord pas très simple, mais une plutôt jolie réussite, surtout pour un premier millésime.

    - Côtes du Jura 2005: élaboré en petites quantités à l'aide d'une cuve à plafond mobile. Du Chardonnay issu d'éboulis calcaires. Nez "typé", sur l'amande douce, du réglisse, des fruits jaunes dominants en finale. Estampillé Jura, mais avec une belle fraicheur.

    - Côtes du Jura 2007: le premier millésime officiellement bio du domaine, du chardonnay ouillé, soufré à 2g/hl au pressoir. Elevage en fûts de 3 vins, légèrement filtré, mis en bouteille en novembre 2008. Le bois marque à peine, séchant un peu l'attaque et à l'origine de notes un peu vanillées. La bouche est droite et d'une franchise respectable. A attendre un peu pour que tout se mette en place.

    - Côtes du Jura Savagnin 2005: initialement destiné à une cuvée de Château Chalon, il n'aura donc pas fait son temps! Oxydation fine, acidulé, long, épicé, un vin tout en retenue et en élégance.

    Passage à la cave, ensuite, afin de mettre à l'épreuve de la pipette les 2008 encore en fûts. Aucun sulfitage jusqu'à présent, et des vins qui se tiennent remarquablement, que ce soit le Chardonnay ou le savagnin, dégustés sur différentes barriques.

    Retour au caveau, pour quelques petites douceurs: d'abord un Macvin blanc d'une grande droiture, à l'acidité tranchante, puis un Macvin rouge, composé de 80% de poulsard, 10% trousseau et 10% pinot noir, évoluant sur des notes de noyau de cerise, et enfin un Elixir des Abbesses 2005, élaboré à la manière des vins de paille, jouant sur d'originales notes de liqueur de café.

    Voilà donc un jeune vigneron qui tatonne, qui se cherche encore un peu, qui commet quelques erreurs (ses rouges 2005 complètement ratés et passés à la trappe) mais les assume, et qui possède une grande envie de progresser et d'évoluer dans le meilleur sens possible. Un domaine très prometteur, qu'il sera plaisant de suivre d'années en années et un nouveau nom à retenir dans le paysage viticole jurassien du côté de Vatagna.

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    Dans un ou deux siècles, on trouvera le même clavelin, étiqueté Domaine Monnier


    Olif

  • Mas Jullien, là où chantent les cigales...

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    Une visite au Mas Jullien constitue toujours en soi un micro-évènement. D'abord parce que ce n'est pas si fréquent que cela de pouvoir s'y rendre.

    "Vous faites donc partie de ces privilégiés qui achètent directement au Mas?" s'était enquit le petit Monsieur dijonnais, dont la femme est native de Jonquières, je le rappelle à l'intention de ceux qui auraient perdu le fil.

    Oui, Monsieur! Je suis un privilégié, on n'a que ce qu'on mérite! D'ailleurs, ce passage au Mas, afin de récupérer mes bouteilles du dernier millésime, fut l'occasion d'ouvrir la boite aux souvenirs en compagnie de Marie Jullien et d'Albane, la tante d'Olivier Jullien, de se remémorer "le bon vieux temps de LPV", celui où j'ai appris à connaitre les vins du Languedoc en général (et ceux du Mas en particulier) et grâce à quoi j'ai vraisemblablement bénéficié d'un petit coup de chance pour faire partie de cette fameuse liste de privilégiés pouvant acheter en direct au domaine.

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    Un privilège en cachant un autre, cette année, nous aurons la chance et le bonheur (visiblement, nous n'avons pas été les  seuls!) de goûter au fût les vins en cours d'élevage. Et donc de visiter la cave à rouges, drivés par Jean-Baptiste, employé du domaine, déjà croisé à Paris au salon de l'UGM en compagnie d'Olivier Jullien. Les vins du Mas sous un jour nouveau, puisque les élevages sont effectués séparément pour chaque cépage. Seule la cuvée Mas Jullien est assemblée en foudre, après une année en demi-muid. Elle y restera pendant une année supplémentaire.

    - Etats d'âme 2008: un fût de grenache qui goûte déjà admirablement. Fruité, gourmand, soyeux, du gras sur les tanins, déjà bien bon!

    - Carlan 2008, grenache: issue d'un terroir froid de schistes et de grès, du côté de Saint-Privat, cette cuvée a rapidement a pris son autonomie, pour s'affirmer et devenir incontournable. Beaucoup de tension, de droiture et de minéralité, un vin que j'affectionne particulièrement, d'une manière générale.

    - Les Rougeos 2008, grenache: le dernier bébé de la cave, toujours en provenance de Saint-Privat et des Salses, dont le sort n'est pas encore formellement décidé. Assemblage avec une autre cuvée existante ou création d'une nouvelle étiquette? S'il me fallait donner mon avis, en l'état, c'est superbe et je me verrais bien en encaver quelques-unes l'année prochaine! Un vin droit et élégant, de grande race, avec toujours cette minéralité exacerbée par la nature des sols et du climat, relativement en altitude.

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    - Mas Jullien 2008: dégustés cépage par cépage, carignan, syrah et mourvèdre rentrent généralement pour 1/3 de chaque dans l'assemblage final. Très beau carignan, syrah fougueuse, mourvèdre sérieux et posé, la complémentarité devrait jouer à fond pour donner une nouvelle fois un très beau vin en fin d'élevage. Passionnant à goûter de cette manière!

    - Mas Jullien 2007: en foudre, pour sa deuxième phase d'élevage. Tous les cépages sont donc assemblés, en proportion quasi-égale. Les tanins se fondent progressivement, la structure s'affine, il possède beaucoup de charme. La matière est magnifique, dense, avec beaucoup de fond, mais déjà une belle buvabilité. Très bon!

    - Mas Jullien 2006: ouvert et épanoui, du fruit sur une belle structure tannique. Déjà affable, on va néanmoins lui laisser un peu de temps pour se mettre en place.


    Et les cigales du Mas, alors? Quand est-ce qu'elles chantent? Avant de se trouver dépourvues, lorsque la bise sera venue, je l'espère! Les cigales du Mas, c'est en fait un bonus, un cadeau de la part d'Albane, dont le fils contrebassiste élabore une cuvée personnelle, la bien nommée Mas Canta Cigales. Dans le millésime 2006, cela donne un vin très parfumé, qui chante et gouleye, aux tanins souples, suaves et agréables. Une bien jolie bouteille, appréciée  non pas sur place, mais après le retour à la maison. Les cigales chantaient encore au fond du verre, une fois la dernière goutte avalée. Merci Albane!

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    Olif

  • Francis Boulard, le Champenois qui aime les petites fleurs jaunes


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    Le paysage n'est pas aussi grandiose que du côté du massif de l'Espinouse, mais cette plaine à blé-betterave ne manque pas pour autant de charme et n'est pas aussi monotone qu'il pourrait y paraitre à première vue. Du haut de ce mont Rachais, au cœur du massif de Saint-Thierry, la vue est panoramique sur le clocher de l'église de Cormicy, même si le dénivelé n'impressionne pas outre mesure le montagnard jurassien. Non, ce qui épate le plus, ce sont les petites fleurs jaunes qui tapissent le sol de cette vigne biodynamique et qui ne laissent aucun doute sur l'identité du propriétaire. Les Rachais, c'est le bébé de Francis Boulard, une parcelle de Chardonnay qu'il bichonne et qu'il a entièrement convertie en biodynamie depuis le millésime 2001. Partout autour, le sol est net, clean, désespérément vidé de toute sa substantifique moelle. Pas l'ombre d'un pissenlit, pas de quoi se constituer une petite salade agrémentée de deux ou trois lardons en saison. Tandis que biodiversité et compétition entre les différents végétaux permettent, grâce à la biodynamie, un équilibre des sols qui favorise le développement de beaux raisins bien mûrs avec un pH particulièrement bas. Ce qui se traduit dans les moûts, puis dans les vins, par une acidité et une minéralité phénoménales, qui s'accentuent au fil des années. Le millésime 2008 des Rachais, un vin pour l'instant tranquille qui n'a pas encore fait sa malo, possède une tension magistrale. Droite, pure, longiligne et saillante. Du grand art, le propre des grands terroirs parfaitement respectés.

    Depuis ce beau week-end d'avril 2009 et le tour des parcelles du domaine Boulard au cœur de la montagne Saint-Thierry, les sols ont été griffés, la vigne est toute propre et belle, les pissenlits ont été priés d'aller se faire voire ailleurs, la floraison terminée. Mais qu'il est bon de voir un sol vivre, respirer et s'exprimer ainsi!

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    Francis Boulard et Saint-Vernier, en train de contempler la vigne ou d'effeuiller les pissenlits?

    La ferme du Luxembourg, le long de la célèbre route 44, qui servait de ligne de front pendant la Grande Guerre, celle  que Brassens préfère, est devenue par la force des choses Luxembourg-Vendangeoir depuis que la famille Boulard a investi les lieux. Les bâtiments du corps de ferme ont été aménagés en chais. Le caveau de dégustation arbore fièrement au plastron toutes les récompenses acquises de haute lutte depuis une paire de décennies. Des trophées bien mérités, qui récompensent des années de travail et d'effort, consacrées à l'élaboration d'un véritable vin de Champagne.

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    Au cours de cette dégustation impromptue et improvisée, généreusement proposée par Francis, nous aurons la chance de goûter les différentes cuvées du domaine (Réserve, Millésimé, Mailly Grand Cru) dans leurs versions Brut et Nature. Même si le dosage est plutôt bien dosé (une lapalissade pourtant loin d'être évidente!), dans tous les cas, la version Nature, non dosée, se révèlera à mon avis supérieure, celle que j'ai préférée dans tous les cas. Le sommet, forcément,  ce sont ces Rachais 2004 (le 2002 est désormais épuisé), dans une version Extra-brut (dosage à 3 g/l pour le 2004, sauf erreur, Francis rectifiera si besoin). Un mont Rachais qui n'a quasiment rien à envier à son homologue bourguignon, si ce n'est l'orthographe champagnisée. Des Champagnes qui savent aussi se tenir à table, en association avec un véritable repas champenois, tarte au Maroilles et salade au lard, en quantités généreuses également, les Champenois étant passés maîtres dans l'art de recevoir. Cela mérite bien une petite chanson, librement inspirée de hauts faits d'armes qui se sont déroulés par ici. Et Champagne!


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    La route des grands vins de Champagne, elle passe bel et bien par la route 44!


    Aux Braves vignerons du Massif Saint-Thierry
    La Route 44
    (2me Mille)
    D'après M. Robert GUILLON (pardon à lui!) / Air : La Riviera

    I
    ""...
    Et qu' plein d'bonne fortune
    On bouff ' du pissenlit dans les Rachais !
    Les bulles s'affolent
    On est bien vit' boul'versé
    ...

    REFRAIN
    Sur les bords d'la Route Quarant' quat'
    On reçoit une flûte dans les patt's
    Et si vous montrez votr' poitraille
    Vous risquez d' déguster un Maroilles !
    ...

    II
    Mais y a Cauroy les Hermonville
    Où l'on vient se retaper
    Ca c'est un' bath ville
    On trouve chez Boulard ... des bulles pour s'abreuver
    On se r' fait la fiole
    L'palais se trouve vite rassasié
    Quand on est mariole
    ...

    III
    Mais faut qu' ça finisse
    Ca n' peut pas toujours durer,
    Saluer l'ami Francis
    Un jour ou l'autre, faut s'en aller ...
    ...
    Après avoir fait sauter les bouchons
    Plus d' Rachais, d'Petræa, d'Comète, de Mailly
    On aura retrouvé son Pays.
    Mais vivement l'retour
    Au Vendangeoir Luxembourg !

    ''Mai 2009"

    (la version originale peut s'apprécier ici, c'est peut-être préférable pour les vénérables poilus!)

    Olif

  • Jonquières, château et dépendances

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    - "Et qu'est-ce qui vous a donc amené à Jonquières?" s'enquit la petite dame dijonnaise venue se ressourcer dans son pays natal et prendre, entre autres, des nouvelles de la famille.

    - "Le vin, Madame! Le vin!"

    Eh! oui, c'est qu'on en ferait, des kilomètres, pour partir à la découverte de la France des vignobles. Sans non plus être sectaire, car la soif de nouveaux paysages nous pousse volontiers sur sur le littoral breton lors de la grande transhumance estivale. Bière, cidre et chouchen sont alors notre boisson quotidienne, mais pas exclusivement, évidemment, faudrait voir à ne pas exagérer non plus! Cette parenthèse printanière fut donc languedocienne. Direction le haut Hérault. Jonquières, très précisément, là où le quidam peut mener un semblant de vie de château l'espace d'une escapade. Virée vinique, c'est le printemps, certes, mais de façon non unique, c'est le printemps. Randonnique également. Forcément, c'est le printemps. Entre une visite au Mas Jullien et un tour de vignes sur la colline de Lisson.


    1er mai, 9 heures 30. Déjà la foule dans le Désert, qui se ruant pour prier Guilhelm, qui courant composter le billet pour Saint-Jacques. "Ultreïa!", camarades pélerins, notre parcours suivant un temps celui de la confrérie de la coquille. "Ultreïa!" Quel cirque, cet Infernet! Pas la moindre connexion avec les gens de la terre, si ce n'est un pélerin ou un pékin égaré. Paysages à couper le souffle, ascension à couper le souffle également, tandis que le mistral, lui, par contre, se met à souffler. Le ciel se dégage, le soleil pointe son nez, mais la garrigue est encore humide de ce printemps arrosé. Les asphodèles sont en fleur, fugace ravissement printanier, dont il faut se hâter de profiter.


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    "Je suis hélas fou d'elle
    Délicate asphodèle
    Délètère éternité
    D'un hiver et d'un été
    Passé loin d'elle
    Ma blanche Adèle
    Terrestre asphodèle
    À défaut d'ailes"

    C'est beau comme du Rimbaud, ça a l'air d'être du Baudelaire, mais ce n'est que de l'Olif, désolé! La Nature inspire autant le poète que le blogueur!

    L'asphodèle, quant à elle, ne fut pas la seule fleur qui s'est offerte durant le séjour. Le Mimosa tint également une fort jolie place.

    Tout d'abord en Terrasse, sous l'horloge de Montpeyroux. Sympathique bistrot-bar à vins, la Terrasse du Mimosa est le successeur du restaurant de l'Horloge. On y mange une cuisine simple et goûteuse, agrémentée des plus beaux vins du secteur, dont un choix appréciable servi au verre. Le must ce soir-là: le Grand Pas de l'Escalette 2006, superbe!
    Et puis, ce fut la maison-mère: Le Mimosa à Saint-Guiraud, aux accents plus gastronomiques. Menu capricieux, présenté oralement avant le repas, service au verre capricieux également, fonction de ce que Bridget et David Pugh auront retenu pour accompagner le menu. Capricieux, mais classieux, puisque, ce soir-là, nous auront droit à un très beau vin de table blanc d'Aupilhac, une aromatique cuvée Sarments 2007 de l'Aiguelière, assemblage de sauvignon et viognier, un impeccable et droit Mas Jullien blanc 2006, un superbe Pic-Saint-Loup Clos Marie Cuvée Simon 2004, un époustouflant Clos des Cistes 2002 de Marlène Soria et pour finir, une originale Clairette Rancio du domaine de Clovallon. Menu en images:
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    On ne pouvait pas quitter Jonquières sans goûter à la production de nos hôtes châtelains, Isabelle et François de Cabissole, car les vins du Château de Jonquières ne sont pas non plus des aristocrates inaccessibles. D'abord en apéritif sur la terrasse, avec un joli rosé 2006, frais et fruité, légèrement épicé. Puis, de façon plus exhaustive en compagnie des co-locataires d'un week-end: à retenir, un joli blanc 2007, très floral, une cuvée Domaine 2007 aux tanins souples et une cuvée La Baronnie 2006, encore à peine marquée par le bois, mais de belle constitution. A signaler également, une originale Risée de Blanc 2003, du chenin surmaturé élevé en mode oxydatif pendant plus de 5 ans en barrique. Troublant!

    Rosé de Jonquières


    Jonquières, idéale destination pour boire du vin à la source. Une bien agréable façon de se ressourcer, quoi!

    Olif
  • Lisson, la colline aux Iris

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    Du haut de sa colline de Lisson, qui domine le superbe village médiéval d'Olargues largué au loin, Iris Rutz-Rudel se sent pousser des ailes.  "Si Jaur est su, Jaur est bienvenu", a du se dire Iris, lorsqu'elle est tombée amoureuse de cette vallée du Jaur, au pied du Mont Caroux et du massif de l'Espinouse. Ce paysage, aux formes de femme couchée, Iris le contemple debout. Cette colline de Lisson, c'est un peu son enfant, à elle et à son mari Claude, décédé en 2001. Ils l'ont accouchée, défrichée, modelée, domptée, terrassée. Et replantée avec la vigne originelle. Pas tout à fait, en fait. Car l'encépagement du domaine de Lisson est plutôt original, essayant de trouver la meilleure adéquation cépage-sol: mourvèdre, sur les sols schisteux juste au-dessus de la maison et dans le grandiose amphithéâtre du Clos des Cèdres, cabernet-sauvignon en terrasse dans les Echelles de Lisson, pinot noir sur les éboulis calcaires du Clos du Curé, mais aussi merlot et petit verdot au Clos des Cèdres. Un travail titanesque à effectuer, non mécanisable du fait de la déclivité. Sans parler de la nécessité de cloturer les parcelles et d'électrifier les clotures, pour tenter de limiter les dégâts occasionnés par les sangliers du secteur, vendangeurs avant l'heure. Et quand il ne s'agit pas de cochons, gare aux autres  maraudeurs! Tous la même engeance, quand le raisin est bon! 2008 sera finalement un millésime de blaireaux, ces sagouins poilus, blancs et noirs, qui ont négocié sur pieds une grande partie de la récolte, assemblée finalement en une seule pièce, à l'exception d'une fillette de Pinot noir de Monsieur le Curé. A noter que de son temps, au début du siècle dernier, le bon père d'Olargues, qui savait vivre et s'y connaissait prou en sang du Christ, y envoyait sa bonne entretenir la parcelle. Une bonne à tout faire, pas du tout folle de la messe à Olargues, préférant de loin la vie au grand large sur la colline de Lisson.

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    Pour en revenir au cas Lisson, comme on se plait autant à dire du côté d'Aix en Provence qu'à Saint-Pons, prévoir, pour une visite en bonne et due forme, avec tour complet des différents clos:

    - un minimum de temps (deux bonnes heures, au bas mot)
    - une bonne paire de chaussures de marche
    - une gourde bien remplie
    - un bon appareil-photo
    - une mémoire de botaniste, pour retenir le nom de toutes les petites fleurs croisées sur le chemin, dont des iris, ça c'est une certitude, d'où le  pluriel du titre,
    - en saison, un fusil pour les sangliers et un sac pour ramasser les châtaignes et/ou les champignons.

    Et lorsque l'on redescend à la maison, qui joue inlassablement sa jolie petite musique éolienne, si Klaus est dans une phase créative, le bonheur n'est pas loin. Café aromatisé à la fève tonka, biscuit agrémenté de crème chantilly, suivi d'un petit salon de dégustation aux chandelles à la cave. De quoi oublier aisément d'avoir eu à jouer les Iron-Men avec lui pour suspendre une barrique de fleurs sur le devant de la maison!

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    Au menu dégustation du jour, flash-back en 2002, avec un Clos des Cèdres bien ouvert, à point, à la trame très fine, très discrètement animal, mais pas de quoi effaroucher une jeune fille de bonne famille. Minéral, légèrement serré, mais frais et gouleyant. Un mourvèdre de fort belle tenue, impeccable pour maintenant et pendant encore quelques années. Les Echelles de Lisson, assemblage bordelais languedocien, cabernet-sauvignon et merlot, offre un nez très bordelais, tabac, cigare et bois de santal. La bouche est encore compacte, marquée par de la mâche, très bien structurée, mais la finale est encore un peu dure, ferme et tannique.

    Klaus avait encore envie d'être créatif en cuisine le soir venu, malheureusement, nous avions d'autres obligations, c'est regrettable. Mais le véritable bonheur, en cette première belle journée printanière 2009 du Haut-Languedoc, c'est d'avoir arpenté cette terre de Lisson, d'avoir palpé l'indicible, tout le travail "kolossal" fourni pour produire les merveilleux flacons du domaine de Lisson. Des vins qui ont une chair et une âme, des bouteilles que l'on est fier d'avoir en cave. Pour tout ça, merci Iris et Klaus.

    Olif

  • Philippe Bornard, rusé vigneron pupillanais

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    Philippe Bornard est un vigneron rusé. Comme son nom semble l'indiquer. Coopérateur de longue date à Pupillin, il a, depuis toujours, vinifié quelques cuvées à titre personnel et privé. Depuis 2005, il avance crinière au vent. Il a cessé de vendre son raisin à la coopérative, pour produire désormais ses propres vins. Et c'est tant mieux! Un jeune domaine, mais un vigneron qui a de l'ancienneté et du bagage. Et des millésimes anciens à la cave. Son plaisir: les ouvrir et en faire profiter les amateurs et les amatrices, bien au frais dans le joli carnodze aménagé dans une des magnifiques caves du domaine. Une dégustation à l'aveugle, où il s'agissait d'identifier cépage et millésime. Le producteur? Ben, on le connaissait tous! Cela peut paraitre facile de prime abord, mais le sans-faute est rare. Les meilleurs se fourvoient allègrement, confondant trousseau et ploussard, voire, pour les plus mauvais, ploussard et poulsard, ce qui est définitivement mal vu à Pupillin. Même si, comme chacun sait, l'important, c'est finalement d'en boire.

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    Philippe Bornard à la Beaujoloise 2009 (une photo piquée à Estèbe, mais il n'avait qu'à pas la laisser trainer sur mon disque dur!)


    Les cépages rouges jurassiens, ces grands incompris, ont largement de quoi séduire les amateurs lorsqu'ils sont travaillés intelligemment. Ils possèdent en outre une grande aptitude au vieillissement. Les plus anciens, récoltés mûrs et bien vinifiés, dans les beaux millésimes, ont de beaux jours devant eux et paraissent encore bien jeunes. La preuve avec le premier vin à ouvrir le bal, un Arbois-Pupillin Ploussard 1976 à la robe œil de perdrix, une grande partie des anthocyanes étant restée accrochée aux parois de la bouteille. Dépouillé de ses atours, pas de sa matière. Evolué, certes, mais sa structure droite, acidulée, poivrée et fraiche porte encore bien loin. 33 ans, le gaillard! Et toujours debout. Le Trousseau 1997 fut l'un des plus beaux vins proposés à la dégustation. Le plus complet, certainement. Une structure parfaitement bien définie, à maturité optimale, un grand moment gustatif. Le Pinot noir 1990 était un petit cran en-dessous, sans démériter pour autant. Plusieurs autres vins au programme, pas un seul âgé de moins de 10 ans, mais une grosse panne de stylo n'a pas permis la prise de notes précises. Sans aucun doute la faute à Mehdi, le trublion retardataire de la soirée, ratapoil* de surcroît. Quelque soit leur âge, aucun des vins n'a failli. En blanc, mention particulière pour un Chardonnay 1976, impeccable, qui n'était pas s'en rappeler les vins de Camille Loye du même millésime. Certains ont préféré le 1979, malgré un petit manque de netteté sur le premier nez. On ne peut pas pour autant leur en vouloir! Des vins idéalement vinifiés, avec le moins d'intrants possibles, embouteillés avec un peu de gaz, ce qui leur assure fraicheur et longévité.

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    La jolie et rusée étiquette orangée du domaine. Seul le nom de la cuvée change de l'une à l'autre, Goupil, lui, est toujours là.

    Beaucoup plus récent, servi sur les succulentes saucisses vigneronnes cuites dans la cheminée, cet Arbois-Pupillin Ploussard 2008 en macération carbonique sera le dernier coup de cœur: du raisin, point barre! D'ailleurs c'est son nom, à cette cuvée. On en boit des seaux,  Point barre! Le futur est en marche, mais le passé a de beaux restes, du côté des Chambines** et de la Côte de Feule**.


    Olif

     

    * ratapoil: nom masculin, si c'est un homme, féminin le cas contraire. Personne qui a élaboré du vin pour sa propre consommation alors qu'il n'est pas officiellement vigneron.

    "Hmm!, il est bon, ton vin de ratapoil. Meilleur que celui que fait Untel!" En principe, ce genre de choses ne se dit pas. Ce n'est pas correct pour Untel.

    ** Les Chambines et la Côte de Feule sont deux noms de parcelles situées sur Pupillin. On essaiera d'y voir un peu plus clair sur les terroirs pupillanais un de ces jours.

  • Aÿ, aÿo ...

     

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    "... on rentre du boulot!"  D'Aÿ, plus précisément. Qu'il faut prononcer "ailli", en Champenois sparnassien de la vallée de la Marne. De Aÿ à "aÿo", il n'y avait qu'un pas, que mes nains de balustrade n'ont pas faÿ à franchir. En ce qui me concerne, ce n'était pas du vrai boulot. Plutôt un lundi au soleil, entre paysages rieurs mais plutôt lunaires trop rarement parsemés de pissenlits, dégustation de vins clairs et bulles festives.

    La Champagne, vignoble béni de Dieu? On serait tenté de le croire, au vu de cette photo prise sur les hauteurs de Dizy. Mais de quelle Champagne s'agit-il, au fait? Celle des producteurs de raisins pour grosses maisons en quête de volumes destinés à arroser les Formule 1 en cas de victoire au Grand Prix? Ou bien celle des vignerons, les irréductibles qui veulent à tout prix élaborer du vin de Champagne, à boire de préférence dans un verre et pas dans une flûte? Je parle évidemment de la Champagne des vignerons, de tous ceux qui ont pour ambition de faire leur propre vin pour le vendre sous leur propre nom. En bio, en biodynamie, en voie de conversion, en lutte intégrée, tous ceux qui étaient là avaient envie de faire réfléchir sur leur approche du vin de Champagne, tout en se questionnant eux-mêmes. En faisant déguster à la cantonnade des vins clairs, non encore champagnisés, et leurs pendants à bulles. Premier véritable salon de ce genre à être organisé en Champagne et très joli succès, plus de 200 personnes s'étant inscrites pour participer à l'événement. Excellente ambiance, très pédagogique, heureusement ludique, avec de fort belles émotions gustatives et de grandes découvertes.
     
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    17 vignerons, présentant en principe chacun 3 vins clairs et 3 Champagnes, parfois avec une concordance parfaite entre les cuvées,  l'exercice fut passionnant de bout en bout. Mais avec plus de 100 vins à déguster, il fut aussi éprouvant pour les papilles, malgré le caractère souvent revigorant de la bulle. Au final, il a fallu faire l'impasse sur quelques vins clairs et sur 4 domaines. Dommage!  Globalement, très peu de vins inintéressants parmi ceux dégustés, un constat plus que satisfaisant.

    Quelques grandes révélations (pour moi), avec les vins de Jean-Baptiste Geoffroy (dont un exceptionnel Blanc de Rose 2006, un pur rosé de saignée contenant 60% de Pinot Noir et 40% de Chardonnay, et un superbe Extra-Brut 2000), ceux de Raphaël Bérèche (dont un tout aussi exceptionnel rosé d'assemblage, comportant 7% de vin rouge, comme quoi, le coupage...!) et ceux des Frères Laherte (avec une épatante cuvée Les Clos, complantation de 7 cépages). D'autres très beaux vins chez des vignerons plus ou moins connus des amateurs (Les Rachais 2004 de Francis Boulard, Louis 98 de  Benoit Tarlant, L'Apôtre 2004 de David Léclapart, Le Mesnil 2004 de Pascal Doquet, L'Avizoise 2004 de Pascal Agrapart...), mais la liste n'est pas exhaustive.
     
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    Curieusement (ou pas?), certains vins se goûtaient mieux en clair que leur supposé équivalent champagnisé. Reflet à la fois des millésimes, probablement, mais aussi de l'état d'esprit et des options de vinification du vigneron, qui ont pu se modifier avec le temps, comme ce fut le cas chez Françoise Bedel, dont les vins clairs 2008 étaient absolument superbes, tandis que les Champagnes présentés (Divin secret 2003, Entre ciel et terre 2001, L'âme de la terre 1998) se goutaient sous un jour différent, un peu moins convaincant: des vins riches, puissants, destinés à la table et moins à leur aise en dégustation pure. Des choix assumés et néanmoins passionnants pour comprendre l'évolution des vins ... et celle de la vigneronne!

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    Journée riche en sensations, donc, en rencontres aussi, et un Salon qui devrait devenir un incontournable du printemps champenois.

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    Olif
  • Sul Q ...

    Passage rapide mais printanier dans la Combe de Rotalier, pour y retrouver un étonnant caviste en goguette et se reformater le palais à la minéralité jurassienne de référence, celle qui vit et qui laisse la part belle au raisin.

     

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    2008, le millésime a la grosse cote, à l'heure où tous les regards sont focalisés sur le grand bazar médiatique bordelais. Millésime difficile, mais millésime de vigneron. Comme d'hab', finalement. Les bons, on sait depuis longtemps qu'ils parviennent à se jouer des pièges météorologiques et climatiques, à grands coups de viticulture respectueuse de l'environnement, à la vigne, et à grands coups de vinification intelligente, réfléchie et respectueuse du raisin, à la cave. Comme certain pourrait le résumer par "un max de raisin, un min de sulfites!". Un peu réducteur, mais assez parlant. Plutôt!

    Chez l'ami Fanfan Ganevat, on a un peu de tout ça, en fait. Qui peut le plus (à la vigne), peut le moins (à la cave). Le soufre, Fanfan, il est en train d'oublier ce que c'est. A vrai dire, le besoin s'en fait de moins en moins sentir. Les vins n'en veulent plus, s'épanouissent dans le verre, tiennent à l'air, résistent au temps. Le Côtes du Jura Pinot Noir Julien, vinifié de deux façons jusqu'au millésime 2005, avec un minimum de soufre à la mise ou sans (cuvée Z), est zans zoufre en intégralité, depuis le millésime 2006. Sans faillir, sans dévier d'un iota de sa pureté aromatique originelle.

    Côté pipette, passage en revue d'une grande partie des blancs 2008, sur fûts, avec des réussites qui devraient être étourdissantes. Fabuleux chardonnays des Chalasses VV 1902, à la tension remarquable, et des Grands Teppes VV, d'une grande plénitude. Exceptionnel Savagnin Marnes bleues des Chalasses, qui emmène loin, très loin, encore plus loin qu'il n'est possible d'imaginer. M'étonnerait pas que certaines de ces cuvées récoltent un 20/20 de la part des dégustateurs chevronnés et patentés qui ont parcouru la région dernièrement, dans l'optique d'un panorama du millésime. Prochainement chez votre marchand de journaux. Des vins qui ont de la vie, et qui vibrent à l'unisson de leur géniteur. Un modèle que l'on aimerait bien voir se développer dans d'autres régions. Malheureusement pour elles, je crains que le Jura ne soit inimitable. Sans pour autant péter plus haut que son Q ... L'apothéose finale, tiens, d'ailleurs.

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    "Allez Fanfan, montre nous ton Q..."

    Sul Q...: sélection de grains nobles de Savagnin, vendangé le 23 décembre 2002. C'est écrit sur l'étiquette. Robe ambrée, grosse liqueur, riche et onctueuse, coing et pamplemousse, acidité phénoménale malgré l'exceptionnel taux de sucre résiduel (de l'ordre de 300 grammes, de mémoire). Que dire d'autre? Sinon en rester ... Sul Q ... !

     

    Olif

     

  • Plein phare sur Nuits!

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    Nuits-Saint-Georges en fête, c'était ce 4ème week-end de mars. Un grand ciel bleu, mais une bise à ne pas décapoter une dedeuche! Programme  nuiton chargé et éclectique, l'abondance de bien Nuits, sans nuire pour autant à la santé. Traditionnelle vente de vins aux Hospices pour les bonnes œuvres, virée en antiquités Citroën pour les nostalgiques de l'Ami6 ou de la GS, semi-marathon dans les vignes pour les sportifs et les membres de l'ANPAA, ou encore marathon de dégustation pour les exemptés de course à pied et les excommuniés de l'INCa, voilà qui laissait le choix!

    Evidemment, je me suis concentré sur la partie dégustation, qui avait trouvé dans les Halles de Nuits un asile de jour. 41 vignerons y présentaient leurs vins, de quoi s'échauffer les papilles jusqu'à la tombée de la nuit. Petite sélection personnelle de vins et de domaines plutôt excitants:

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    - Domaine Ballorin & F: THE découverte du salon! Un domaine dont on m'avait vanté les mérites pas plus tard que la veille, du côté de Montparnasse.  Ces cavistes parisiens réputés, toujours sur les bons coups les premiers! L'occasion était trop belle pour ne pas creuser la question. Tandis que Gilles, profitant du beau temps, est au labour, Fabienne, elle, n'est pas à la bourre. Elle prend on temps pour parler du domaine, expliquer sa philosophie, son parcours, ses motivations. Créé "de rien" en 2005, ce domaine de 5,5 ha est désormais certifié bio depuis 2008, avec une approche biodynamique et des labours au cheval, lorsque c'est possible, notamment sur le secteur des Damodes. Une approche terrienne qui donne des vins plutôt aériens. Finalement, ce n'est pas très étonnant! Le Bourgogne Pinot Noir Le Bon 2007 porte bien son nom, même si celui-ci lui vient de Philippe, une des grandes figures historiques de la Bourgogne médiévale. Fruité, gourmand, évident et gouleyant, bon, forcément. Le Marsannay Les Echezots 2007, issu d'une combe froide et ventée, à maturité tardive, possède la tension, la fraicheur et la minéralité des terroirs froids. Acidulé, un brin austère à ce stade, sa droiture et sa franchise sont de belles promesses pour l'avenir. Cerise (ou plutôt cassis) sur le gâteau, le Nuits-Saint-Georges 2007 Les Damodes, est un cran au-dessus. Plus dense, plus profond, plus serré, il est à attendre, même si le cassis qu'il délivre déjà au nez est envoûtant. Toute petite production (une pièce), particulièrement soignée (labour au cheval), un vrai coup de cœur! Les Parisiens peuvent trouver les vins du domaine (dont le fort beau Côtes de Nuits Villages Le Village 2007) aux Caves Delambre, Mi-Fugue, mi-raisin, au pied de la tour Montparnasse.

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    - Domaine Thibault Liger-Belair: pas à proprement parler une découverte, puisque le nom est plutôt célèbre en Bourgogne. Le prénom commence à le devenir également: Thibault fait partie de la jeune génération de vignerons bourguignons qui savent faire fructifier avec bonheur le patrimoine de leurs ancêtres. Bio certifié, adepte de l'infusion plutôt que de l'extraction, les vins du domaine possèdent une franchise et une netteté dignes de bien des éloges. Du Hautes-Côtes de Nuits "Le Clos du Prieuré" 2006, au fruité bien présent, jusqu'au sublime Nuits-Saint-Georges Les Saint-Georges 2006, à la fraicheur éclatante, en passant par le NSG "Les Porrets" 2005, à la matière élancée. Un vigneron à suivre de très près.

    - Domaine Chantal Lescure: là non plus, on n'est pas dans le registre de la nouveauté. François Chavériat a déjà largement fait ses preuves, hissant le domaine Chantal Lescure au sommet de la Côte. Celle de Nuits, mais aussi celle de Beaune. Son approche biodynamique permet l'élaboration de vins droits, minéraux, pleins, mûrs, fruités, révélateurs de leur sol respectif. Une nouveauté en primeur sur le salon, un Côtes de Beaune blanc Clos des Topes Bizot 2007: des vignes de chardonnay de 7 ans, provenant de 5 clones différents, dont l'un muscate gentiment. Grande maturité, puissance, richesse (un soupçon de sucre résiduel, non perceptible en bouche) mais fraicheur, grâce à un élevage long, sur le versant légèrement oxydatif. Un Côtes de Beaune pas très orthodoxe, mais une typicité Lescure, ou plus exactement Chavériat, pour un vin hors des sentiers battus, à forte personnalité.

    :bravo:

    Très beau Nuits-Saint-Georges 2006, produit dans la plaine, sur un sol argilo-sableux. Droit et rafraichissant. Le NSG Les Damodes 2006 possède un côté salin exhausteur de tanins, beaucoup de suavité, une grande tension et une longue persistance. Derrière tout ça, le Pommard 2005 Les Bertins m'a tuer. Des tanins compacts, mais bien enrobés, une grosse matière en bouche. Un costaud au cœur tendre, qui ne demande que quelques années pour se laisser amadouer. Heureusement que Clos Vougeot 2006 était là pour me ressusciter, même si tout le monde n'a pas eu le bonheur d'y goûter.

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    - Domaine de l'Arlot: voilà un autre domaine très intéressant, à suivre de près. Situé à Prémeaux-Prissey, au sud de Nuits, il travaille en biodynamie, vinifie en grappes entières, avec un ajout minimal de SO2. Deux premiers crus en monopole, le Clos de l'Arlot et le Clos des Forêts Saint-Georges, qui se déclinent en premier et deuxième vins, selon l'âge des vignes, et également en NSG blanc, le Clos de l'Arlot étant planté pour moitié en chardonnay.

    - Domaine Gouges: passage obligé, incontournable, chez ce hérault de l'appellation. Trois vins à goûter, un Bourgogne Pinot blanc 2006, au fruité encore primaire (poire) et à la bouche aiguisée, à peine tannique en finale, un NSG village 2006, encore tannique, mais sans austérité, et pour finir, un NSG 1er Cru Les Porrets Saint-Georges, serré et corsé, à attendre.

    D'autres vins très intéressants goûtés chez Vincent Lécheneault, au domaine Alain Michelot et chez Jean-Michel Guillon, mais sans prendre le temps de prendre des notes, car il était temps de rentrer.

    Il faisait encore jour que le Nuits était déjà loin pour moi...

    Olif

  • Saumur, you are so ...


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    "Une poule à Saumur

    Qui picolait du vin mûr

    Picoli, picola

    Lève son verre et puis s'en va..."

     

    Cette comptine enfantine apprise sur les bancs de l'école, les vignerons saumurois en ont encore la larme à l'œil à sa simple évocation. Je ne l'ai moi-même apprise qu'hier. Je vous la livre tel quel.


    Saumur, dont la lumière hivernale du petit matin est particulièrement photogénique, méritait bien une étape sur la route du Salon des Vins de Loire. Celle du retour, après avoir fait la connaissance de quelques représentants de la gent vigneronne locale au parc des expositions angevin.

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    Tout d'abord sur le Salon, en plein cœur du village de Saumur-Champigny, Antoine Sanzay, que l'on avait croisé également la veille dans les travées des Greniers. Tout de suite reconnu! Il faut dire qu'en 24 heures, il n'avait pas beaucoup sanzé changé. Toujours la même Expression, sa cuvée fétiche qui va désormais revendiquer son climat pour s'appeler les Poyeux, terroir d'où elle est issue. Le 2008, malo non faite, est déjà magnifique, avec des tanins serrés, mais so... mûrs!  Le 2007 n'est pas en reste, d'un joli soyeux, avec du gras. Une formidable Expression du vin de Saumur-Champigny! Le 2006, apprécié à une belle table locale, moyen-âgeuse à souhait, Les Ménestrels, a parfaitement accompagné un risotto d'huîtres au parmesan suivi d'un canard de Challans magnifiquement préparé. Le Saumur blanc Les Salles Martin 2007, du chenin sur calcaire, goûté en fin d'élevage, allie du gras en attaque à de la nervosité finale. Un beau vin comme je les aime.

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    Ensuite, direction le Clos Cristal, le vignoble des Hospices de Saumur. Tout comme en Bourgogne, l'hôpital sait survivre, en Saumurois, fournissant à ses assurés sociaux la possibilité de développer leur petit cancer dans quelques décennies. Un véritable placement pour les années à venir! La particularité du Clos Cristal, outre qu'il soit en bio, c'est de posséder un patrimoine historique singulier, une aubaine pour les futurs vinotouristes. Des murs, au travers desquels les ceps poussent, ce qui leur permet d'accélérer la maturité des raisins. Le Clos Cristal, un domaine so ...murs! Cette exceptionnelle cuvée Les Murs se trouve régulièrement déclassée pour atypicité, comme en 2007, un vin pourtant admirable, détendu, épanoui, affichant fièrement des notes de fruits cuits, limite surmaturité, mais néanmoins empreints d'une grande fraicheur. Un véritable coup de cœur pour un vin hors du commun!

    Toujours sur le Salon, rencontre palpitante avec Guillaume Keller, du Château de Fosse-Sèche: des rouges solides (Eolithe 2006 et Pigeonnier 2005) et des blancs extra (Arcane 2006 et Tries de la Chapelle 2007, fabuleux botrytisé sec, récolté à tout petit rendement, l'une des très grandes émotions gustatives de ce Salon d'Angers).

    Et puis, de retour à la maison, après un passage chez un excellent caviste du cru, Aux Saveurs de la Tonnelle (THE caviste so ... murois, paraît-il), découverte des vins du domaine du Pas Saint-Martin, également en bio, des vins épatants, en rouge comme en blanc.

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    Saumur, petite cité tranquille, au fabuleux patrimoine historique, valait donc bel et bien le détour, malgré la fraicheur hivernale.

    Saumur, you are so... nice
    Saumur, you are so...good
    Saumur, you are so...mur!

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    Olif