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En léger différé du vignoble! - Page 8

  • Une bonne bouille ...

    ... mais de dos.

     

     

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    26 septembre 2010. Dimanche bourguignon. Au saut du lit, direction Monthélie. Pour une séance de vendange impromptue dans la Côte des blancs, côté rouges. Sixième jour de vendanges au domaine Rémi Jobard. Les blancs sont tous rentrés, hormis les aligotés, ce qui sera chose faite sur les coups de midi. En rouge, seuls les Volnay-Santenots (climat précoce qui excite les convoitises?) ont été coupés. Bilan des courses: peu de raisins, mais de qualité, qu'il faudra néanmoins trier. Des vendanges au petit trot, loin d'être au petit trop! 50% de récolte en moins par rapport à 2009. Accélération finale pour cause météorologique. Ici, en principe, tout sera bouclé demain ou mardi au plus tard.

     

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    Statut: assistant chef de rang.

    Mission: tenir compagnie à Charles Jobard lors de sa supervisation, au doigt et à l'œil, d'une armée de vendangeurs dans les Champs Fulliots.

    Profil exigé: avoir de la conversation, quelques rudiments de patois bourguignon, des notions en indépendance algérienne et en diagnostic pré-implantatoire, une bonne paire de bottes, accessoirement un appareil-photo.

    Salaire: une potée du vendangeur, un fringant Monthélie Champs-Fulliots 1997 pour l'accompagner et une excellente journée passée au grand air.

     

     

     

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    Olif

     

     

     

     

  • Une grosse claque dans le Beudon!

    Très certainement la grosse découverte lors de Vinéa 2010! Des vignes dans le ciel, des vins célestes, une grosse claque dans le bedon. Le nom de Beudon vient de là, d'ailleurs, parait-il. Cette langue de terre tirée par la montagne, au dessus de Fully, est exposée plein sud, comme un bon gros ventre bombé surplombant la vallée. On y accède par téléphérique privé ou par des sentiers de chèvre rendant périlleux le retour à Fully, des cartons plein les bras.

     

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    Ces vignes dans le ciel du Domaine de Beudon, à Fully, ont été plantées par un notable illuminé dans la première moitié du XXème siècle, puis reprises à son décès en 1971 par Jacques Granges, alors frais émoulu d'une école d'ingénieur. Un pari un peu fou, pour un amoureux de la nature à la recherche d'un paradis perdu. Par conviction, il est le premier à appliquer les principes de la biodynamie en Valais, et ce depuis 1993. Ce qui lui permet de préserver la biodiversité  de son terroir unique et de cultiver, en plus de la vigne, plein d'autres plantes médicinales. Beaucoup plus intéressé par les plantes et leur cultures que par la vinification proprement dite, Jacques Granges confie celle-ci à un ami dans la vallée.

     

     

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    Une grande partie des cuvées du domaine était proposée à la dégustation lors de Vinéa. Y compris de vieux millésimes, toujours disponibles à la vente. Au sommet, la Petite arvine 2008, qui dépasse le stade purement variétal, le Gamay 2008, poivré et gentiment tannique et le Pinot noir 2006, gourmand, frais et finement acidulé. Le Fendant 2005, rapporté en souvenir, est étonnant de maturité et de fraicheur, rien à voir avec le standard que l'on peut déguster chez la majorité des vignerons locaux. Moins de gaz, mais pourtant une belle vivacité, de la densité et une belle profondeur qui en font un vrai vin de terroir, apte à la garde.

     

     

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    La  Dôle 2004 est toujours debout, pour quelque temps encore, je pense. À mille lieues de l'archétype du Passetoutgrains, qu'il soit bourguignon ou helvétique. Un exceptionnel grain de vin, pas passe partout, qui la rend extrêmement buvable, mais sans céder à la facilité. Un vin qui a du fond ... et des ailes. Une Dôle adorée, une Dôle adulée!

     

    Olif

     

    P.S.: les vins de Beudon sont disponibles à l'œnothèque de Fully, quasiment au pied de la langue rocheuse, au prix propriété.

     

    P.S.2: malgré le vertige occasionné par la montée en téléphérique, le Châ, qui en a fait sa grosse découverte 2009, a publié un article très complet sur Beudon pour Vin-Terre-Net, après s'être rendu sur place. Le court historique écrit dans ce billet s'en est largement inspiré, à l'insu de son plein gré.

     

  • Escale au 7ème (Confiden)Ciel

    Il faut avoir un grain, pour cela. Un grain de noblesse, un grain de confidentialité, un  Grain Noble ConfidenCiel. Un grain de folie aussi, probablement aussi, pour laisser en pâture aux étourneaux d'aussi bons raisins, naturellement et richement sucrés, passerillés ou botrytisés. Sweet Wallis, doux Valais, douce vallée. Amigne, arvine, marsanne, johannisberg, malvoisie, païen, seuls ou en assemblage, peuvent revendiquer le label imposé par la charte. Sélection de raisins de qualité, sur des terroirs privilégiés et qualitatifs, sans chaptalisation, élevage en foudre ou barrique pendant 12 mois minimum, voici quelques-uns des critères requis pour pouvoir être proposé à l'agrément et, peut-être, apposer le prestigieux autocollant elliptoïde sur son flacon.

     

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    Fort gentiment convié au Château de Villa afin de participer non pas à une dégustation d'agrément mais à l'évaluation d'un échantillonnage de grains nobles sélectionnés, c'est avec grand plaisir que j'ai fait la semaine dernière une apparition valaisanne en compagnie de l'ami Laurent Vins-Confédérés. Une douce apparition au cours de laquelle il s'agissait de déguster et noter selon un barême précis (presque une grande première pour moi!) une série de 30 vins liquoreux de la charte Grain Noble. Plus une mise en bouche et un bonus de clôture. L'équivalent, grosso modo, de 5 à 6 kilos de sucre qui ont transité dans le gosier. Et pourtant! Et pourtant...! Rarement bouche resta aussi fraîche et désaltérée après un exercice aussi opulent. La preuve d'une maîtrise du processus et d'un équilibre généralement bien construit, entre sucre, alcool et acidité.
    De cette après-midi fort studieuse mais néanmoins décontractée, en compagnie de dégustateurs réputés (Dominique Fornage, Jacques Perrin, Steve Bettschen), de grands journalistes spécialisés helvétiques et bourguignons (Pierre Thomas, Alexandre Truffer, Christophe Tupinier de Bourgogne Aujourd'hui), de confédérés blogueurs (Laurent Vins-Confédérés), de sommeliers, d'œnologues, que sais-je encore,  je retiendrai un très haut niveau global des vins issus de la charte. De nombreuses variables sont venues compliquer et enrichir la dégustation (7 millésimes, 5 cépages différents + divers assemblages), rendant l'interprétation des appréciations un peu plus difficile et aléatoire. De ces 32 vins, parmi ceux notés au moins 90 à titre personnel,  je retiendrai le Johannisberg Larmes de décembre 2008 de Thierry Constantin, pour son côté riche, rond, frais et acidulé en même temps, l'Ermitage grain Doux Collection F 2007 des Fils de Charles Favre, pour sa belle finesse, la Petite Arvine Tourbillon 2007 de Provins Valais, première cuvée du nom en arvine et grande réussite, pour son caractère opulent, riche et légèrement oxydatif, l'Ermitage grain noble 2008 de Philippe Darioli, tiré sur fût, pour sa belle et longue finale saline acidulée, l'Arvine Noblesse 2007 de Gérard Dorsaz, tirée sur fût, aux beaux amers salivants, la Malvoisie Grain Noble 2002 de Philippoz frères, pour sa belle évolution oxydative sur le café et l'arabica.

     

    Mention particulière pour l'Arvine Grain noble 2008 de Marie-Thérèse Chappaz, tirée sur fût, à un stade encore ingrat et inabouti, mais bourré de promesses, et à la cuvée d'Ermitage 2006 Vendange d'octobre, toujours chez Marie-Thérèse, complètement hors norme (plus de 300g de sucre résiduel, 9° d'alcool), mais dont l'équilibre sirupeux ne manque pas de fraicheur, une véritable prouesse.

     

    Les dégustateurs réunis ont pour leur part plébiscité la Petite Arvine Tourbillon 2007 de Provins Valais, lui octroyant une moyenne de 91,6 points sur 100. Bravo!
    Et comme en Valais, tout finit par une raclette, surtout lorsque l'on se trouve en son temple ...

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    5 fromages, à volonté, arrosée comme il se doit de moult fendant, pinot blanc, paîen, ermitage, johannisberg, petite arvine, humagne blanche, chardonnay, savagnin jurassien même.

     

    La belle vie valaisanne, quoi!

     

    Olif

     

    P.S.: un grand merci à Emmanuel Charpin et Dominique Fornage, du Château de Villa, pour l'organisation millimétrée et minutée de cette belle journée, malgré le dépassement d'horaire inéluctable, imprévu et incontrôlable lors de la raclette finale, me contraignant à un retour très tardif dans le Haut-Doubs. Que n'ai-je donc pris une chambre sur place?

     

  • REVEVIN 2010: le Domaine de Juchepie

     

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    Clôture désormais rituelle des REVEVIN, le dessert sucré en compagnie de son géniteur ligérien. cCest au tour d’Eddy et Mileine Oosterlinck de venir nous faire découvrir sa production de Coteaux du Layon sous le patio du Chai Carlina. Enfin, pas tout à fait. Ce que le froid ascensionnel n’avait pas réussi à faire, les égouts montois y sont parvenu. Des reflux d’eau nauséabonde, remontant de l’Avenue de la Mer (pourtant déserte à cette heure-ci!) jusque dans le patio, nous ont contraint à un repli interne au milieu de la cave du Chai. On est là pour goûter à du sucre, pas à de la m...! Pour se faire la bouche, rien ne vaut  pourtant du sec. Une production devenue une quasi nécessité pour les vignerons angevins, devant l’affaissement du marché des liquoreux, même quand les vins sont superbes. 6 tries successives, en moyenne pendant les vendanges, permettent de prendre moins de risque dans la gestion des maturités et de ramasser à point pour élaborer le type de vin que l’on souhaite.

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    Le Sec de Juchepie, tout le monde se l’arrache, et il y en a peu. Que ce soit le 2005, au superbe équilibre alliant onctuosité, tension et élégance, sur une finale parfaitement fraîche, ou le 2007, à la jolie trame vive et acidulée. Deux superbes chenins au top, qui ne doivent pas occulter les splendeurs sucrées qui vont suivre.

     

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    En liquoreux, nous goûterons aux quatre cuvées existantes. La production d’Eddy et Mileine se décompose en deux cuvées parcellaires (Les Churelles et les Quarts) et en deux Têtes de cuvée non parcellaires (La Passion et Quintessence), à la recherche de la plus grande expression du millésime. Pour compliquer  utilement les choses, la dégustation portera également sur deux millésimes distincts de chaque cuvée, des années supposées opposés par essence: botrytis versus passerillage.

    L’exercice fut aussi réjouissant que passionnant.

     

    -      Coteaux du Layon Faye d’Anjou Les Churelles : en 2006, il donne un vin tout simple, frais, acidulé, l’expression même du rôti dans un millésime de botrytis. 1997, année de passerillage et grand millésime, c’est autre chose. La robe est dorée. Le nez, d’une grande complexité, délivre des notes de miel, de coing, de fleurs blanches. La bouche développe pas mal d’onctuosité et du gras, sans aucune lourdeur. La finale se fait miel mais reste fraîche. Superbe !

     

    -      Coteaux du Layon Faye d’Anjou Les Quarts : 2003, année de passerillage, donne un vin opulent et miellé, tandis que 2004 joue plus sur la minéralité carbonifère et le graphite, même si la bouche est également étoffée.

     

     

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    Avec La Passion, on arrive dans la recherche d’une grande concentration. La richesse liquoreuse favorise le développement d’arômes complexes, le challenge étant de parvenir à conserver une fraîcheur indispensable pour que le vin reste buvable. 2002, année de passerillage, donne un vin droit, frais et équilibré, à la robe dorée et aux entêtants arômes d’abricot. Le botrytis de 2004 fait ressortir des notes de mine de crayon et de thé fumé, sur l’abricot initial. Un vin riche et gras, à l’acidité plus basse, et à la superbe robe ambrée, évoquant une évolution légèrement oxydative.

     

    La Quintessence nous emmène au bout du processus, dans le registre de l’extrême concentration et des vins hors normes. 1997 est somptueux, salin et iodé, aux magnifiques notes rôties, et à l’équilibre subtil. 2003, sur des notes d’abricot et d’épices, est tout en élégance et en distinction. Fabuleux. Match nul entre botrytis et passerillage, en terme de qualité, même si les deux expressions sont clairement différentes.

     

     

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    Les sessions liquoreuses des REVEVIN se suivent, ne se ressemblent pas et s'imposent de plus en plus comme un moment incontournable, un véritable hâvre de douceur ascensionnel. Merci à Eddy et Mileine Oosterlinck pour ce grand moment gustatif et aux deux Philippe vendéens de l'avoir organisé.

     

    Sunday, sweety sunday...

     

    Olif

     

  • En Chaudot, avec Alice Feiring...

     

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    Alice et Pierre. Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer un jour. Alice Feiring a sauvé le monde de la parkerisation avec amour, tandis que Pierre Overnoy a sauvé le Jura de la henrimairisation avec conviction. En pleine tournée européenne de promotion de son dernier ouvrage, une œuvre salutaire de résistance face à l'internationalisation du goût du vin, la journaliste américaine Alice Feiring a posé ses valises dans le Jura, plus précisément En Chaudot, dans la campagne pupillanaise profonde. Cette rencontre historique avec le pape du vin sans soufre non formaté, pas question de la manquer, d'autant plus qu'elle était assortie de quelques petits bonus pour la bonne bouche.

     

     

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    Echanges, dédicace, dégustation, au cœur de la nature, par une météo enfin clémente. Les vaches broutent dans le pré, les papillons butinent, les poules picorent, les lapins se font croquer par le chien, les invités se délectent de la gentillesse et de la simplicité d'Alice, entre deux verres de Chardonnay 2007 de Manu Houillon et une ou deux gougères au Comté. Le Ploussard 2009, tiré du fût, n'a pas encore été noté par Parker, c'est trop tard pour lui. Noté "trop bon" par mes soins. Mais il n'y en aura pas pour tout le monde.

     

     

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    Alice Feiring, La Bataille du vin et de l'amour, Editions Jean-Paul Rocher

     

    Olif

     

    P.S.: grâce à Alice, le titre de mon futur bouquin, celui que j'aurais eu envie d'écrire, je le tiens enfin. "La bataille du vin et de la bio-connerie. Comment j'ai sauvé la France de la bettanisation." Pas mieux pour l'instant!

  • Dégustation de Rêve en petit Comité...

     

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    Ça y'est, je peux mourir. Pas après avoir vu Venise, un truc de belle-mère, mais pour être allé à la Romanée-Conti. Le rêve inaccessible de tout œnophile normalement constitué. Un genre de quête du Graal qui laisse complètement ébahi une fois la geste accomplie. Récit de cette journée épique, minutée comme une horloge suisse pourtant légèrement grippée à l'allumage. Finalement, 10 heures pile à Vosne grâce à l'emprunt d'un itinéraire-express. La ponctualité helvétique peut se hausser de nouveau du col.

     

    Sur le portail rouge, anodin en apparence, deux initiales au sommet. RC. Pas besoin d'en dire plus. Cela ne peut aucunement signifier Rez-de-Chaussée. Le quidam passe devant sans même se détourner, là où l'initié se génuflexionne et s'auto-flagelle à grands coups de guide vert de la RVF sur la tête, en rêvant de pouvoir un jour y introduire ne serait-ce que le bout d'un orteil.

     

     

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    En attendant le chef de culture Bernard Noblet, son petit panier de verres sous le bras, et le départ pour la cuverie, précaution d'usage et passage aux toilettes. Au fond à gauche, comme un peu partout ailleurs dans le monde. Sauf qu'ici, pour y aller, on passe devant des palettes de caisses en bois estampillées "Société civile du Domaine de la Romanée Conti" et sur lesquelles on peut aussi lire "La Tâche", "Richebourg", "Romanée Conti", "Montrachet". Juste posées là, en attendant qu'un transporteur vienne les chercher. Et les expédier au bout du monde. Les toilettes, elles, sont juste ordinaires. Comme un peu partout dans le monde, d'ailleurs. Il n'est même pas écrit DRWC sur la porte.

     

     

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    Les toilettes, c'est juste après les palettes, au fond à gauche.

    Toutes les commissions ayant été faites, y compris la grosse, celle qui consistait à régler en espèces une caisse bois tatouée 007 sur le front, c'est parti pour un endroit secret qui recèle de nombreux trésors. Les yeux bandés et à la queue leu leu .

     

     

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    "Je frappe au n°3, je demande Mr Noblet...."


    Au n° 3, de manière totalement anonyme, dans une rue de Vosne, on trouve une cuverie. Semblable à la plupart des cuveries bourguignonnes. Petite concession à la beauté vraie: des cuves en bois, la marque des plus grands. Ici, l'on produit l'un des vins réputé être le plus cher au monde. Il vieillit en silence à la cave, avec tous ses congénères du millésime 2009. Manquent juste à l'appel les Echezeaux et le Corton,  excusés pour cause de travaux.

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    Une fois parvenus dans le chai à barriques, le silence s'impose. Certains se frottent la moiteur de leurs mains sur le pantalon. Surtout, ne pas transpirer du front, que cela reste discret. Drôlement émouvant, quand même. La nuit, tous les chais sont gris, mais celui-là brille perpétuellement par la qualité des vins qui y reposent. Chaque fût est estampillé du nom de la cuvée qu'il contient, ce qui, il faut bien l'avouer, est très classe et particulièrement pratique pour s'y retrouver. Savoir que tous ces crus mythiques se trouvent à portée de pipette laisse rêveur. Une fois parvenu à cet endroit précis, aucun n'est inaccessible. On les goûte tous, comme on ferait de n'importe quel vin, dans n'importe quelle cuverie. La simplicité avec laquelle le visiteur de passage est reçu impressionne. Bernard Noblet, de prime abord très réservé, ne manque pas d'humour, essentiellement pince-sans-rire, incitant à la retenue réciproque tant que l'on ne l'a pas totalement appréhendé. La dégustation des 2009 au fût peut enfin commencer. D'un point de vue technique, 100% vendange entière (sauf cas particulier, selon les millésimes) et 100% fût neuf pour les Grands Crus.

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    Le premier coup de pipette fut pour les Grands Echezeaux. Plein, séveux, élégant et fin, il me subjugue déjà complètement, même malo non finie. Une entrée en matière de haut vol, qui laisse pantois quant à la suite à envisager. Mon Dieu, est-ce possible?

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    Suivant une progression logique dans la hiérarchie des crus, direction la Romanée Saint-Vivant, qui présente une structure beaucoup plus massive et imposante de prime abord. Le boisé, imperceptible au nez, se fait sentir en bouche, mais au service du fruit, qu'il vient soutenir. Équilibre frais, fin, avec un joli retour du fruit en finale, très persistant. Finalement, peut-être que Dieu existe?

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    Richebourg est dans la retenue. Le nez, très précis, s'ouvre sur une réduction passagère. On sent beaucoup de finesse, mais le vin est encore complètement resserré sur lui-même. La qualité des tanins ne laisse aucun doute sur celle du vin encore en devenir, qui devrait s'épanouir dans la longueur et la finesse. Sans nul doute le plus réservé de tous à ce stade, mais un véritable Dieu du stade.

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    Derrière, un fût qui fait Tâche! Non pas qu'il soit sale, évidemment, mais je ne sais pas m'en empêcher. Moi, La Tâche, j'en ferais bien mon vin de copain, si ce n'était le prix. Ouvert et généreux, il se donne comme pas permis. La finesse de grain est absolue, sur des notes légèrement florales, réhaussées par une pointe tonique (malo non terminée). Du bonheur déjà en fût, qui devrait se prolonger en bouteille. Mon Dieu, suis-je déjà au Paradis?

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    A tout seigneur tout honneur, le mot de la fin au fût de Romanée-Conti, le plus près de la sortie, en fait. Pour une fois, la malo est déjà terminée. Le seul des Grands Crus à l'avoir faite jusqu'à présent, alors qu'habituellement il se laisse désirer. Comment peut-on recracher ça, même à ce stade? Floral, fin, élégant, suave, hautement buvable. Le temps suspend son vol à nos lèvres. Le seau restera désespérément vide, même si, le fin du fin consistera à participer à l'ouillage collectif en remettant la dernière petite goutte du verre dans le fût où elle a été prélevée. Un petit geste solidaire mais méritant, que Dieu saura rendre.

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    Retour au domaine proprement dit, dans la salle de dégustation, pour un petit jeu de découverte du millésime et de l'appellation à l'aveugle. Comme une grosse cerise sur un gâteau déjà bien copieux, même si cela n'est pas apte à effrayer les dégustateurs besogneux que nous sommes.

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    - Échezeaux 1999: nez sur l'âge, à l'évolution harmonieuse. Chocolaté, un peu floral, avec encore du fruit, et des tanins "à faible niveau d'astringence". C'est à dire pas astringents du tout, en fait, mais avec une pointe d'acidité parfaitement intégrée. Long et persistant, loin de son apogée, ce "bas de gamme", dixit Bernard Noblet, un petit sourire en coin.

    - Échezeaux 1990: nez fin et complexe, aérien, sur le cacao et le pruneau. Tanins tout en dentelle, fins, frais et élégants. Grande longueur, toujours sur la finesse, la signature des grands millésimes.

    - Batard-Montrachet 1995: 900 bouteilles produites par an, une cuvée non commercialisée mais régulièrement proposée à la dégustation. Une vendange tardive sans botrytis, une cuvée "à l'ancienne", récoltée bien mûre, à la robe dorée par l'âge, au nez empyreumatique de vieux chardonnay, sur le cacao, la cire le beurre rance. Mais pas n'importe quel beurre rance! Un Bordier, un qui a du goût, de la personnalité, de la race et de la classe. La bouche est droite, bien sèche et minérale, s'opposant à l'exubérance et la richesse du nez, évoluant sur le beurre salé caramélisé, façon Kouign-Amann. Exceptionnel!


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    Gloire à Bernard Noblet, un saint homme qui préside aux destinées du cru le plus fabuleux au monde. Sans rire.


    Ainsi s'achève, la larme à l'œil, ce périple à la Romanée Conti, qui compta dans ma vie d'amateur, même si je ne suis pas Romanée de la dernière pluie. Avant de mourir, en fait, j'aimerais bien avoir l'opportunité de regoûter à ces 2009 dans une petite vingtaine d'années. Si cela n'est pas trop vous demander, mon Dieu?

    Olif

    P.S.: la DRC fait régulièrement "portes ouvertes", en ce printemps 2009, et bon nombre de privilégiés ont pu apprécié la grandeur du cru, ici ou . Les veinards!
  • REVEVIN 2010. Le Clos Saint-André en Vendée: Mourat, mourra pas!

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    Saint-Jean de Monts, Vendée occidentale, Loire méridionale. 7èmes REVEVIN, millésime 2010. Pot d'accueil des arrivants lointains, exténués d'avoir roulé toute la journée, parfois même en mode "conduite accompagnée". Plutôt envie de s'en jeter un derrière la cravate que de passer déjà en mode "dégustation on". Grâce à Jérémie Mourat, on va pouvoir faire les deux, en fait. Avant-première et dégustation de son premier millésime du Clos Saint-André, dans son Fief de Mareuil, où le nom de Mourat est plus que bien connu. Déjà 12 ans qu'il vinifie, notamment au domaine familial, célèbre pour sa cuvée Marie du Fou, et puis et puis... C'est fou! Recréer le vignoble originel du Clos Saint-André, totalement disparu, mais pourtant réputé être issu des meilleurs terroirs, ne fut pas une mince affaire. De la patience il a fallu. Grâce à Jérémie Mourat, le Clos-Saint-André ne mourira pas. Une telle virginité des sols, pendant plus de 40 ans, sur les plus beaux coteaux de l'appellation, il ne fallait pas trop la brusquer. Le bio s'est naturellement imposé, il eût été dommage de ne pas en profiter. Les vinifications se font en œuf Nomblot pour les blancs, en demi-muid pour les rouges. Sulfitage léger à la mise. Bouteilles bourguignonnes, étiquetées "Loire méridionale".

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    2009, premier millésime, et la qualité est déjà au rendez-vous. Une troisième feuille qui a éclos en année chaude, donnant des blancs de très haute maturité, récoltés à 14° potentiels, si ce n'est plus. Du chenin qui garde pourtant une énorme fraicheur, sur la cuvée Clos-Saint-André et même sur Les Terres-Quarts. Une mise récente, mais des vins déjà en place, assez séduisants. A ce stade, le Clos Saint-André l'emporte du fait d'une acidité mieux perçue, mais les Quarts, plus puissants et plus riches, devraient tenir la distance.

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    Le gros coup de cœur de cette intro revevineuse, en ce qui me concerne, ce fut sans nul doute pour Grenouillère 2009, une négrette même pas verte, au sujet de laquelle Jérémie avait quelques craintes du fait de la mise récente. Assez caractéristique du cépage, à la fois végétale et métallique, elle était toute imprégnée de gourmandise et de fraicheur. Il faut bien avouer qu'après le troisième double-magnum, les papilles commençaient à saturer un peu, mais, en attendant, la négrette s'était parfaitement requinquée de sa mise, tandis que les Revevineurs se mettaient une sacrée requinquée. Le Pinot ragoutant, nom local de cette variété de raisin que l'on trouve également à Toulouse, au Fronton de la négrette et de la violette, est effectivement plutôt ragoutant. On en boirait des litres!


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    Une chose est sûre, le Clos-Saint-André et la production de Jérémie Mourat seront à suivre avec attention. Il serait même avisé d'en mettre quelques bouteilles en cave, s'il y reste de la place et encore du vin sur le marché. Allo, la Vendée?

    Olif

  • Des tulipes plein la tête...

     

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    L'abbaye de Marbach se situe un peu plus au nord que celle de Murbach, au pied du Grand Ballon de Guebwiller. Il est probable que, dans des temps immémoriaux, il en existait une troisième, à Morbach, au pied du Mont de Vénus, avant qu'il ne soit rasé et prenne le nom de Sainte-Odile. L'ancienne abbaye  de Marbach, entre Husseren-les-Châteaux (3 mais en fait 5, finalement "les", comprend qui peut!) et Obermorschwir, s'est transformée, le temps d'un week-end, en temple des vins natures, grâce à l'abnégation de 4 vignerons alsaciens épris de liberté (Jean-Pierre Frick, Christian Binner, Bruno Schueller et Patrick Meyer). Un lieu de méditation où les cierges ont eu tendance à brûler par les deux bouts, surtout après envahissement par une horde de boit-sans-soif avides de naturel. Cette biennale, inaugurée il y a deux ans chez Christian Binner, a vu plus grand cette année, avec le soutien total et indéfectible de l'AVN, l'association qui donne du plaisir là où il y a à boire du bon vin naturel, en se délocalisant dans un lieu vaste et idyllique, perdu au milieu de nulle part, où l'on pouvait entendre s'ouvrir, librement et sans contrainte, aussi bien une douzaine d'huitres de Blainville, élevées en pleine mer par Cyril Hess, que deux douzaines de bouteilles d'Edelzwicker 2009 100% nature de Bruno Schueller.

    Arrivés à l'heure du repas le samedi, c'est à table qu'il fallait se rendre, la majorité des vignerons- exposants ayant déserté leur stand pour la cantine.

     

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    Du blanc avec les huîtres pour débuter, donc, mais aussi du rouge, de manière improvisée. Un verre de Cornas 1999 sans soufre de Thierry Allemand, ça ne se refuse pas. Il fallait juste se trouver au bon endroit, au bon moment. Et tant pis si ça ne s'accorde pas avec les huîtres.

    Une fois rassasiés, c'est le début de l'immersion complète en milieu peu ou pas sulfité. Des vins libres loin d'être tous sauvages, contrairement à bien des idées reçues.

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    Libres, les vins d'Estelle et Cyrille Bongiraud! Qui d'ailleurs a dit que les vins serbes étaient acerbes? Pas ceux de la Fransuska vinaria, en tout cas. Un véritable bain de jouvence et une aventure humaine de tout premier plan, pour ces Bourguignons enthousiastes et communicatifs, volontairement expatriés dans les Balkans, à la recherche d'un vignoble perdu et en quête d'excellence. De par l'originalité des vieux cépages locaux aux noms imprononçables et la qualité d'une belle variante épicée de Gamay, voilà une vraie belle découverte.

    Libres aussi, les vins de la Grapperie, de Renaud Guettier. Majoritairement Chenin ou Aunis du Vendômois. Le flash angevin du début d'année s'est concrétisé en Alsace. Avec un gros coup de cœur pour Adonis 2008, un Côteau du Loir qui ne s'endort pas sur son brin de laurier. 100% Pineau d'Aunis, j'adore Adonis. Pas eu la possibilité d'en emporter quelques échantillons, le vigneron ayant joué les prolongations à la cantine le dimanche après-midi.

    On ne peut plus libérés, les vins du Matin Calme ou encore ceux de Patrick Meyer, encore fatigué de son rôle de serveur la veille, ce qui nous a valu la chance de bénéficier du sourire de Mireille lors de la présentation des vins du domaine. Encore meilleur, je dirais!

    Totalement débridés, les vins d'Alsace de Bruno Schueller, dont un splendide Riesling Pfersigberg 2007 et un remarquable Gewurtztraminer VT qui vous ferait presque adorer le cépage de manière inconditionnelle.

    Complètement free, les Minervois de Jean-Baptiste Sénat, que Charlotte se désespérait de vendre aux mangeurs de choucroute. Changer l'Aude en vin, c'est bien, mais en bière, c'est plus difficile!

    Bien loin de la prison soufrée, les vins de Gilles et Catherine Vergé, aériens, minéraux et digestes. T'inquiètes M'man, continue de lui souffler  à l'oreille son Jean-Marie de fils qui vogue joliment de ses propres ailes en Beaujolais, avec cette cuvée également libérée de toute contrainte soufrée.

    Et puis également tant d'autres, libres comme l'air, à l'image de leurs géniteurs: René Mosse, Evelyne et Pascal Clairet, Emile Hérédia, Philippe Valette, Frédéric Gounand, Dominique Derain, Loïc Roure, Jean-Louis Tribouley...

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    Le soir, c'était la piste à l'étoilé, les jardins de la terre sous chapiteau. Thierry Schwartz, du Bistro des Saveurs d'Obernai, avait concocté un giga menu gastronomique pour 300 couverts, servi efficacement par des occasionnels, bénévoles ou co-organisateurs, drivés à la baguette par la maitresse de maison et de tente pour l'occasion. Avant quelques averses au dessus de la toile, ce sont les vignerons qui ont rincé en dessous, dans une ambiance de Paulée murisaltienne, en plus libérée et plus nature. Les bouteilles ont circulé sur les tables, certaines planquées par dessous, et il fallait jouer du coude pour se procurer un soupçon de Cornas 2006 Chaillots de Thierry Allemand ou une larme de Pfersigberg cuvée H 2001 de Bruno Schueller. Sur l'assiette, l'huitre en deux services, iodée et végétale, épata. La Rouge de Heiligenstein cuite en croûte de sel m'a fait oublier que, d'une manière générale, je n'aime guère la betterave. Le spaghetti de veau se les roulait façon Kebab. Le cake à la carotte fut un régal, trempé dans le caramel au beurre salé. Joli menu, en vérité, véritable prouesse technique à servir à temps pour autant de convives, magnifiquement agrémenté des meilleurs vins qui vont avec.

    Le genre de salon qui vous fait briller les pupilles, reluire les papilles ... et pousser des tulipes plein la tête.

     

     

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    Olif
  • Dégustation inguinale à la BiojoLeynes

    Leynes, petit village du Beaujolais au cœur de l'appellation Saint-Véran, jumelé avec La Brévine, vallée réputée comme étant la plus froide de Suisse occidentale. On comprend mieux ce jumelage de la part des neuchâtelois, avides de pulls en laine de toutes sortes. Le gamay, on en trouve aussi, dans le vignoble helvètique, mais moins que le chasselas. Ça tombe bien, Chasselas se trouve juste à côté de Leynes, au creux du pli. Tu parles d'une coïncidence!

     

     

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    A Chasselas, on produit essentiellement du vin à base de gamay. La boucle n'est pas loin d'être bouclée. Beaujolais, Biojolais, BiojoLeynes. Grâce à ce néo-salon créé pour fêter les vins bios, à l'initiative de 3 vignerons du secteur: Pierre Boyat, Yann et Stéphanie Desgouille, Catherine et Philippe Jambon. Plus qu'un salon, un marché bio où la crème de la viticulture biojolaise s'était donné rendez-vous. On y croisait même les Perraud en goguette, de l'autre côté de la barrière, venus, non pas faire déguster, mais goûter et remplir le caddie de charcuteries et autres Tranches de Jambon pour leur petite boutique de Vauxrenard.

     

    Malgré la météo peu sûre et changeante, contraignant au repli dans la salle des fêtes, plutôt que de risquer le plein air arrosé sur la place du village, il ne fallait pas se leurrer. La BiojoLeynes fut une grande réussite. Beaucoup de monde, une belle ambiance, de bons vins, des vignerons enjoués et souriants. La fête au gamay et au Beaujolais! Sur les coups de 15 heures, on manquait de pain, mais pas de vin, c'est tant mieux.

    Du vin dont il faudra bien extirper quelques coups de cœur. Subjectifs, forcément. Et surtout, des découvertes.

     

    En 2008, malgré tous les aléas de l'existence vigneronne chasselassienne, il y aura du Jambon Blan ... chard. Grâce à Guy, Blanchard, qui a rétrocédé quelques-uns de ses raisins. Son vin à lui, celui de son bled, s'appelle le Vin d'Montbled. Le sien. Cela fait plusieurs fois que j'y goûte cette année et c'est vraiment très bon, pur et minéral. Le top, cela reste quand même Les Perrières Vieilles vignes, une merveille, toutes Perrières du monde entier confondues. Nouveau goûtage chez Michel Guignier, celui de Vauxrenard (parce qu'il a un homonyme, également en bio, du côté de Morgon), juste pour le plaisir. Moncailleux 2006 est un sommet caillouteux, exceptionnellement bon ce jour-là, et probablement aussi les jours suivants.

     

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    Au prix d'une légère translation sur la gauche, on pouvait découvrir une moitié de Bicéphale buveur, pris en flagrant délit le nez dans le verre. Non, ce petit Coin de Paradis, perdu dans une Grotte, ce n'est pas un Cerdon. Mais un gamay du Beaujolais et il n'y en a pas eu assez pour contenter tout le monde jusqu'à la fermeture. 6,5°, une robe groseille et une gourmandise régressive irrésistible. Le rouge 2005, en magnum, qui faisait son capricieux jusque-là, s'est complètement laissé aller. A 14 heures, il n'en restait déjà plus. Pour goûter aux micro-cuvées sans tracteur, sans électricité ou encore récoltée avec les dents, quand ce n'est pas à quatre pattes ou même en slip bleu, il faudra se déplacer à Saint-Etienne des Oullières, mais ça devrait valoir le coup. Le Domaine des Grottes, un nouveau nom à retenir, d'autant que Perrine est aussi charmante que Belge, tandis que Romain aussi, même s'il n'est pas Belge pour un sou. On remarque tout de suite, sur le cliché, que Perrine a les yeux de l'amour pour Romain, tandis que le Céphale n'a que les yeux du buveur. Michel Guignier, en arrière-plan, ne s'y est d'ailleurs pas laissé prendre.

     

     

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    L'autre grande découverte, c'est Hervé Ravera, de Marchampt, qui n'a pas hésité à ramener son Grain de Sénevé sur la table. Troisième millésime (2009) et déjà en "Roue libre". Le pas du sans soufre, pas osé jusque-là, a été franchi. Avec bonheur, puisque, des trois cuvées goûtées, sur ses trois premiers millésimes, c'est celle qui remporte tous les suffrages. Un vin juteux, frais et croquant, en totale roue libre. Ça bouge, chez les Grobis!

     

     

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    Un autre gros coup de cœur, et ce ne fut pas le dernier, pour les vins du Crêt de Ruyère de Jean-Luc Gauthier. Ce Biojô nouvo 2009 a beau être certifié non conforme pour défaut organoleptique majeur, il n'en est pas moins fichtrement bon. Tout comme le Chiroubles et le Morgon 2008. Jean-Luc cherche actuellement à lever le pied sur la production de vin et, en 2009, il a vendu une partie de ses raisins, notamment à Jean-Marc Brignot, qui vinifiera donc du Beaujolais en plus de son Jura, et peut-être même bien du Champagne également.

     

     

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    Juste avant la fermeture, alors que je ne m'attendais même plus à être émoustillé, dernier gros flash sur les vins de Bruno Debize, vigneron à Bully, Beaujolais du Sud. Un nombre impressionnant de cuvées à goûter (à la Beaujoloise, il en avait apporté 18!), avec quelques particularités (un blanc de Chadonnay et Pinot gris, fraichement replanté en toute légalité, et qui, depuis, n'est plus autorisé dans l'appellation). Une gamme passionnante, dont un Beaujolais Nouveau 2009 encore bien fringant pour son âge et un Villages 2001, qui, s'il semble amorcer une pointe de déclin d'après Bruno, n'en demeure pas moins solide sur ses jambes.

     

    A tout cela, il convient d'ajouter les beaux Brouilly de Patrick Vermorel (domaine de la Fully), les élégants Saint-Véran de d'YS (Yann et Stéphanie Desgouille), le vin de pays "Noir de rouge" (trilogie de 2007, 2008 et 2009, avec une préférence pour le dernier-né) et le Saint-Véran de Pierre Boyat. Sans oublier la Roumanie Contée, présentée pour PUR par Anthony Tortul himself et Carole Testard.

     

     

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    Plein de vins, plein de belles rencontres, un exquis bœuf bourguignon au repas-vigneron. Et un immense regret: celui de ne pas avoir photographié le sourire lumineux de Catherine Jambon et Stéphanie Desgouille avant de repartir. On reviendra, alors... Rien que pour ça!

     

    Olif

     

  • Avant-goût ascensionnel

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    Préambule à un monologue ascensionnel vendéen du savagnin, cette collecte d'échantillons est l'occasion de repartir à l'assaut du vignoble jurassien, entre deux ou trois séances de dégustation internationales, belgo-champagno-beaujolo-alsacienne. La vie est belle, mais pas toujours facile, pour l'amateur! Dur, dur. Problèmes d'emploi du temps, forcément, pas toujours aussi extensibles qu'il le faudrait. Bon, on ne va pas se plaindre non plus, lorsque l'on goûte aux variations terroiristes ictériques de Stéphane Tissot, pour qui l'oxydation peut aussi être une affaire de terroirs. Qui vont marquer différemment le vin Jaune et laisser s'exprimer le sol. Exercice plutôt éloquent, avec trois vins pas tout à fait les mêmes, malgré des pratiques identiques en cave. La cuvée classique, toute en rondeur, révèle avec bonheur son fruit sur fond oxydatif très fin et immensément long. En Spois, très immédiat, se laisserait boire à grandes lampées en cas de température de service un peu fraiche. Du fruit, de la minéralité, une finale claquante qui appelle un autre verre. Les Bruyères fait l'effet d'un Vin Jaune d'après-dîner, par son côté tourbé au nez, un peu plus riche et opulent, avec une pointe chaleureuse en finale. Un air de Single Malt d'Islay!


    Après le Jaune, il est bon de se rouler une fois de plus dans le Paille. Spirale infernale de 2007, constituée de 5 fûts destinés à être assemblés. 2 de Poulsard-Savagnin, vinifiés ensemble, et 3 de Savagnin pur, qui goûtent très différemment. Séparément aussi bien qu'assemblées dans tous les sens. Le caractère très acidulé du cépage vient tonifier la finale, laissant envisager toute l'opportunité d'une cuvée de Spirale "pur Savagnin" dans ce millésime. Affaire à suivre avec grand intérêt ...

    Tant qu'on est dans les sucres, on trempe ses lèvres dans Spirale 2008 et 2009, PMG 2009 (sur la fraise écrasée), puis dans deux Macvins rouges  2009 "vintage" (pinot et trousseau séparés), et, pour finir, Spirale, Audace et PMG 2006, actuellement à la vente. L'augmentation de la proportion de Savagnin dans Spirale est à l'origine d'une vivacité finale extrêmement plaisante, malgré la grande concentration. Le monde des ultra-liquoreux a encore de bien beaux jours devant lui, au domaine Tissot.



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    Pour bientôt tout savoir sur le Savagnin, une seule solution, rendez-vous sur la croisette de Saint-Jean de Monts, à l'occasion des 7èmes REVEVIN. Plutôt que de monter les marches du palais, on y descendra les escaliers de la cave!

     

    Olif

  • Il n'y a que Aÿ qui m'aille!

     

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    Plutôt que de se gargariser à grands coups de soit-disant grandes cuvées, plus ou moins pailletées d'or, quand il ne déplore pas que le Champagne soit réservé à une élite de trop bien nantis, l'amateur éclairé autant qu'avisé ferait mieux de venir faire un tour à Aÿ au mois d'avril pour découvrir la Champagne qui bouge dans le bon sens et se délecter des meilleurs champagnes de vignerons, ceux qui osent encore mettre les mains et les pieds à la vigne et qui vous regardent droit dans les yeux lorsqu'il s'agit d'émettre un avis sur leurs petites bulles élaborées avec soin et surtout le plus grand des amours.

    Le Champagne n'est pas qu'un produit de luxe et la Champagne n'est pas qu'un vignoble passé au napalm. Face à cette armada luxueuse de grandes maisons qui proposent des cuvées de base à déguster le petit doigt en l'air, la mimique crispée et les fesses bien serrées, 17 vignerons irréductibles, parmi d'autres, jouent pour la deuxième fois la carte de la pédagogie. Pour éclaircir les idées des pros comme des amateurs et leur faire découvrir le miracle du Champagne. D'abord du vin clair, le millésime en cours, en l'occurence 2009, puis du Champagne, afin de mesurer le chemin parcouru, du raisin à la bulle, avant et après champagnisation. Ce pétillant événement printanier a pour nom Terres et Vins de Champagne et il s'est déroulé au Castel Jeanson d'Aÿ. L'étape parfaite sur le chemin du retour,  en cas de virée belge autant que printanière. Petite après-midi tranquille, en mode gustatif tout aussi tranquille, juste avant de passer en mode moins tranquille, donc à la bulle, puis à la bulle et enfin à la bulle. Les vins clairs de 2009 impressionnent d'une manière générale par leur fruité et leur maturité. Ils n'attendent que la deuxième fermentation, qui viendra leur apporter pétillance, tonicité, vivacité et fraicheur. Ces vins-là s'apprécient et se boivent, la rareté de certaines cuvées étant leur seul luxe. Sur le salon,  en quelques heures, seulement 7 vignerons éprouvés, ce qui fait déjà une quarantaine de cuvées dégustées, la moitié en vins clairs, l'autre en vins champagnisés. L'exercice est pourtant déjà éloquent. Dans les deux cas, il s'agit de vrai vin, et ce n'est pas le moindre des compliments. Un réel plaisir de retrouver là Benoit Tarlant, David Léclapart, Aurélien Laherte, Raphaël Bérèche, Francis Boulard (aussi fier, à juste titre, de ses vins que de la présence de Delphine à ses côtés), Alexandre Chartogne, Franck Pascal et tant d'autres. Une journée à l'organisation exemplaire, globalement saluée par tous les participants pour son caractère passionnant, ludique et pédagogique en même temps.

     

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    Après un intermède touristique à Hautvillers, le berceau du Champagne d'un certain Dom Pérignon, là où la plupart des habitations arborent fièrement une enseigne en ferronnerie à l'effigie du métier de l'occupant (beaucoup de vignerons ou d'ouvriers travaillant à la vigne, forcément, mais pas que, et je cherche d'ailleurs toujours la plaque du gynécologue du canton!), passage-éclair à Epernay pour une mousse en terrasse, d'origine plutôt belge aux entournures, honte sur nous et pardon à toute la Champagne. Et finalement, retour à Aÿ, pour participer au repas vigneron du soir. Fromages du Bon Manger, bien bons à manger, et charcuterie au menu, les reliefs de la journée. Mais un repas royal, du fait de la qualité des produits et de la convivialité de l'instant. Tout en (re)dégustant (à la borgne pour certains, à l'aveugle complet pour d'autres) un vin de chaque vigneron de la journée (ou presque), servis par le Monsieur Loyal champenois, Benoit Tarlant himself. Parmi les grands moments, de façon non exhaustive, le Blanc de Rose de Jean-Baptiste Geoffroy (déjà coup de cœur personnel l'an dernier), Entre Ciel et Terre de Françoise Bedel, Reflets d'Antan de Raphaël Bérèche, Les Clos d'Aurélien Laherte, L'Artiste 2005 de David Léclapart, Vénus 2004 de Pascal Agrapart, Les Barres d'Alexandre Chartogne et, pour la dernière et bonne bouche, la cuvée Louis de Benoit Tarlant. A signaler également, en marge de toutes ces bulles, un épatant Coteaux Champenois rouge de Jean-Baptiste Geoffroy, dont la finesse de texture m'a laissé complètement baba.

     

    Pour la deuxième année consécutive, comme pour célébrer la qualité de cet événement, un immense ciel bleu se déployait au-dessus de la Champagne. Un ciel d'un bleu très pur, miraculeusement non affecté de trainées blanches, sans retombées de cendres volcaniques pour autant.

    Décidément, qu'elle est belle, la Champagne des vignerons, celle de la terre et du vin, celle de Terres et Vins!

     

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    Crédit photo: Victor Pugatschew

     

    Olif

     

    P.S.: que la moutarde me monte au nez et le rouge au front si quelqu'un estime être dépositaire avant moi de l'intitulé  "Il n'y a que Aÿ qui m'aille". Je n'en ai trouvé nulle trace sur le Web.

  • La tronche en biais...?

     

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    "Petit ou grand, un bon vin a la gueule de l'endroit où il est né, et les tripes du bonhomme qui l'a fait." Cette petite phrase percutante de Jacques Puisais, très à la mode en ce moment, ne s'applique pas de la plus merveilleuse des façons à celui-là. Celui-là, il a la gueule de Travers mais pas la tronche en biais pour autant. Droit dans ses bottes, simple et franc, un poil rustique. Et des tripes, il en faut pour produire du vin ici à cette altitude.  Son nom, c'est le Travers-Saints, tout simplement parce qu'il renaît chaque année sur le coteau surplombé par l'église de Travers. Un  Travers-Saints 2009 particulièrement béni des dieux, probablement le millésime du millénaire, précédent et à venir, qui a bénéficié en outre de la plus haute technologie lors des vendanges, grâce à une très novatrice trieuse optique manuelle et oculaire, que bien des grands châteaux bordelais envieraient.

     

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    Come-back à Fleurier, donc, dans la cave-garage de la Clavenière, pour y déguster, de façon exhaustive et sans salir le bassin, la production  2009 de Christophe Landry, l'Helvète underground, et Pascal Stirnemann. Certainement le plus excitant tandem viticole de tout le haut canton neuchâtelois. Dégustation et consulting spécialisé, parce que l'avis des flying wine-blogueurs de France et de Suisse voisines, ce n'est quand même pas rien pour un domaine de cette importance, qui produit essentiellement un excellent pinot gris neuchatelois, aussi bien dans sa version sèche que liquoreuse. Des vignes situées à Serrières, un quartier neuchâtelois qui doit apparemment beaucoup à Suchard, et qui donnent un vin sec à l'équilibre plutôt tendu et aux jolis arômes de poire william. La richesse du millésime 2009 en plus.

     

    En rouge, l'assemblage Gamaret-garanoir est plutôt pulpeux. Un peu rustique, comme il se doit, avec une pointe d'amertume finale, mais des tanins enrobés et suffisamment de fraicheur. Et de la rondeur. Le Pinot noir Plénitude possède une belle robe rubis et pinote joliment. De la dentelle, dans le registre des pinots fins et élégants.

     

    Goûté également au Rosé de Pinot noir 2009 et à l'assemblage Clavin, 2 vins de négoce sans prétention, plutôt agréables, bien vinifiés et destinés à une consommation rapide auprès des Valtraversins, qui en sont friands, à ce qu'il paraît.

     


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    Le Pinot Gris passerillé 2007 de la Clavenière, c'est l'Yquem neuchâtelois, récent finaliste au Grand prix des Vins Suisses. Le 2009 est sur cette voie, celle du garage de Fleurier évidemment, mais aussi sur celle de la gloire. Une très belle liqueur acidulée s'exprimant curieusement un peu mieux à ce stade dans la feuillette neuve que dans le fût plus ancien.

     

     

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    Le consulting s'est ensuite poursuivi jusqu'en soirée, à la table du Restaurant S., une adresse fort sympathique planquée dans une petite rue de Fleurier. On y a essentiellement parlé vin, de Suisse et d'ailleurs, et Internet, de Suisse et d'ailleurs. Entre deux excellentes bouchées d'asperges, de risotto et d'agneau. Et entre deux gorgées de vin vaudois, valaisan et tessinois. Nul doute que de ce consulting-là, il en ressortira de grandes choses!

     

    Olif

     

  • Quintessence d'Essence des Sens

     

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    Grande journée de dégustation bourguignonne et biologique organisée par Muriel Deléger au Hameau de Santenay le Haut, L'Essence des Sens, off officiel satellite des Grands Jours de Bourgogne, a eu la décence d'inviter le Jura à la fête. Uniquement des vignerons "bio", dynamiques, parfois biodynamiques. En conversion pour certains, mais déjà convertis aux idées avant d'être officiellement certifiés.

     

    Impressions furtives ...

     

     

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    - Une découverte scintillante: Champ d'étoiles. Ou comment un couple belge motivé vient biodynamiser le Sud-Revermont en reprenant le domaine Richard Delay à Gevingey. 2008 est leur premier millésime, 2010 sera déjà certifié. Un joli concept, des vins et des étiquettes qui ne le sont pas moins. Mention spéciale à un Pinot noir au fruité enjôleur et à la finale merveilleusement fruitée.

     

     

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    - Une bouteille impressionnante: "Le Clos", du domaine Guillot-Broux. Des vignes "franc-de-pied" replantées en 2001 sur la parcelle des Perrières. Une robe dorée, un nez pregnant, une bouche dense et profonde, une longueur interminable, une bouteille sidérante. Le reste de la gamme aussi, d'ailleurs. Avec les vins du cousin Julien, des Vignes du Mayne, découverts à la Dive, l'appellation Mâcon-Cruzille a de beaux jours devant elle.

     

     

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    - Une bulle nébuleuse: Née bulleuse, un pétillant rosé à base de gamay, ou quand le Beaujolais s'amuse. C'est rigolo et rafraichissant. C'est à Lachassagne (69) que ça se passe, chez Bernard Vallette. Avec deux "l".

     

     

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    - Une courbe séduisante: Chut ... Derain. Un aligoté pétillant qui épouse bien les formes pour se lover là où il faut.

     

     

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    - Un retour aux sources: le véritable Melon de Bourgogne is back home! Enfin, celui-là n'était jamais vraiment parti dans le Muscadet. Probablement les derniers pieds qui restent ancrés dans le val de Saône. Et ils se trouvent chez Guy Bussière. Tel un Phénix, il est fier de ses racines. Arpège en 2008, c'est un assemblage de Chardonnay et d'Aligoté, faibles rendements obligent.

     

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    - Et, probablement le meilleur pour la fin, deux Alices, au pays merveilleux des vins tendance "nature", De Moor et Bouvot, à Chablis et en Arbois. Des vins enchanteurs, à L'Octavin comme chez De Moor. Et deux superbes sourires en prime. Bravo les filles!

     

    Olif

  • Pressée de paille et goulée de rouge

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    Clic clic clic clic ... fait le pressoir à chaque mouvement du cliquet. Flic floc flic floc... fait le liquide sirupeux qui s'écoule dans le seau.  Glou glou glou glou ... fait le gourmand buveur en se délectant de ce nectar. Du bon sirop pour remplir la gourde avant l'effort, dommage que la Transjurassienne soit maintenant terminée. Plus de 300g de sucre, une couleur brique orangée, des arômes de coing et une fraicheur paradoxale laissant la bouche nette. Il n'y a plus qu'à laisser faire et fermenter.

     

     

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    Ça se passait mardi après-midi dans la Combe de Rotalier, chez l'incontournable Fanfan Ganevat, bien rentré de Saumur après une divine soirée qui s'est prolongée très tard, à ce qu'il parait.

     

    Une douceur pour mise en bouche, avant de passer à des choses un peu moins consistantes mais tout aussi réjouissantes. La construction du nouveau chai par gravité se termine. Aussi moderne qu'à Bordeaux, mais bien plus artisanal dans sa conception. Sans l'ombre d'une nanotechnologie, ni le concours d'un architecte hors de prix. Que du naturel. Avec pour l'instant de gros panneaux isolants amovibles pour fermer les portes. Les barriques de rouge 2009 y sont au frais dans le gravier, continuant ainsi au ralenti leur processus naturel de vinification. Le Poulsard de l'enfant terrible n'a même pas tout à fait terminé sa fermentation et garde encore quelques sucres résiduels qui le rendent irrésistible de gourmandise. Mais la véritable bombe, c'est le futur "J'en veux!", dont il faudra vouloir vite. Que des vieux cépages dont personne ne voudrait plus et qu'ici on s'arrache, refusant évidemment de les arracher. Franchement trop bon! Le Trousseau Plein Sud possède un grain plus fin et une concentration supérieure, s'annonçant superbe, tout comme le Pinot noir de Grusse-En Billat, première cuvée parcellaire du nom, qui tient la dragée haute en matière de minéralité à la toujours grandiose Cuvée Julien. Des rouges comme ça, le Jura peut en être fier. Pour preuve, tout le monde n'en aura pas!

     

    Ce sera qui, les gâtés...?

     

     

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    Olif

     

  • Dive(s) bouteille(s)...

     

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    Brézé. Son château, ses caves troglodytiques, sa cuisine dédiée (le jarret de porc, les carottes, les endives,...  tous braisés). La onzième DB est de retour au Pays. Back to the roots! Sur son brin de laurier normand, elle ne s'est pas endormie dans la Loire. Le cadre est juste grandiose, le casting vigneron juste exceptionnel, le ciel juste bleu et la température de service juste un peu fraiche. Organisation néanmoins impeccable par la divine prêtresse, Sylvie Augereau. Manquait juste un ou deux radiateurs par ci par là et un stand de vin chaud.

     

     

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    Dans le carré de l'Est, juste à droite en entrant, Savoie, Bourgogne, Jura, Champagne et Alsace se répartissent l'espace. On se croirait au pays, dis, tellement il fait bon! Fort belle mise en bouche avec les Saint-Véran d'Arnaud Combier. Mandeliers 2008, Barnaudière et Goutte de Charme 2007 étalonnent très haut les papilles. Le palais est désormais affûté. Gare!

     

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    Malheureusement pas de quoi se faire hara-kiri avec Fanny Sabre, Pommard, Volnay et Aloxe sont trop froids pour se goûter à leur avantage, comme la plupart des pinots noirs ce jour-là, d'ailleurs. On y reviendra une prochaine fois, aux beaux et/ou grands jours, peut-être? Grosse sensation pourtant du côté de Mâcon Cruzille, avec les vins de Julien Guillot (les Vignes du Mayne), le crusillez-vous? Des blancs épatants de minéralité, des rouges itou, dont une superbe cuvée Manganite, du gamay sur manganèse, ainsi qu'un Auguste Bourgogne Pinot noir, d'une grande finesse d'expression. Les "maynes", ce sont évidemment les moines, ceux de l'abbaye de Cluny, qui ont protégé les vignes des ravages de la chimie depuis bientôt 900 ans. Ce qui fait du domaine des Vignes du Mayne le plus ancien domaine en bio au monde. S'il vous plait. Mazette!

     

     

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    Impasse volontaire sur les Chablis d'Alice et Olivier de Moor, goûtés la veille à Renaissance. Mais là aussi, des vins extraordinaires de précision et de minéralité. Passage éclair dans le Jura, pour se refaire une santé avec du Savagnin. Juste le minimum. Quelques bulles naturellement pétillantes, du côté de Philippe Bornard, un Savagnin qui va bien, un Chardonnay en goguette et, tant mieux, un Ploussard bien connu de nos services. Le Côtes du Jura 2002 Jaune de Fanfan Ganevat est quant à lui une petite bombe fruitée et gourmande, d'une buvabilité inhabituelle pour un jaune à ce stade. Les notes oxydatives se fondent dans celles des fruits jaunes et rendent le vin d'une grande séduction. Casquette ... euh... chapeau, Fanfan!

     

     

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    Toujours à l'Est, les savoyards font bloc de glace. Jacques Maillet, toujours aussi sympathique, et ses vins toujours Autrement bons, côtoie Jean-Yves Péron, avec un seul R s'il vous plait. Adepte d'une vinification nature et sans soufre, Jean-Yves a pourtant  décidé de faire des essais de sulfitage homéopathique sur certaines cuvées (de l'ordre d'1g à la mise). Le profil aromatique de la Mondeuse s'en trouve alors totalement métamorphosé. Les deux styles de vins sont très intéressants. A signaler une passionnante Jacquère 2008 élevée en mode oxydatif, au nez riche et puissant et à la bouche acidulée et salivante. Un domaine coup de cœur!

     

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    Dans le couloir rhodanien, en plein mistral, on se réchauffe comme on peut. Et on se régale avec les magnifiques vins d'Hervé Souhaut, du domaine Romaneaux-Destezet, sis dans la haute vallée du Doux, celle où il ne fait pas -36,7° le matin. Des vins remarquables, dont un magnifique blanc de viognier-roussane apte à séduire tous ceux qui ne sont pas fans des assemblages viognier-roussane. La Souteronne étonne, même goûtée dans le sous-terrain, Sainte-Epine n'a même pas besoin d'être retirée du pied, Jésus Marie Saint-Joseph!

     

    Emportés par le mistral, c'est en Italie que nous atterrissons. Chez Luca Roagna, dont les vins ont déjà été largement commentés par ailleurs. Définitivement fan, même dans la froidure et hors Piémont.

     

     

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    Tournicoti, tournicoton. Après la pause escargot et/ou fouée et/ou sandwich plutôt bienvenue, retour au turf pour déguster Languedoc, Roussillon, Loire et compagnie. Rythme intense à l'heure de la sieste, qui nous voit passer par Zélige-Caravent (goûté la veille à Renaissance, hormis une délicieuse huile d'olive ramenée en guise de deuxième trophée), Frédérique Barriol-Montès du domaine de Casenove (et ses épatantes cuvées rouges ou ambrées), Bruno Duchêne, Loïc Roure, le Petit Domaine de Gimios, Sénat, Casot des Maillols. Plein d'autres seraient à goûter (Edouard Lafitte, Maxime Magnon,..) mais gros coup de mou du côté du stylo, du verre et de l'appareil-photo.

     

    "Nul n'est censé ignorer la Loire" (© Glougueule), comme il est écrit à la base du verre fourni à l'entrée. Direction la dernière des caves troglodytiques, pour une descente du grand fleuve en Spiegelau. Tout de suite dans le grand Bain avec Alexandre dont les Pouilly-Fumé sans esbrouffe lavent prodigieusement bien le palais. De la belle ouvrage, à recommander vivement. Passage-éclair auprès de Thierry Germain, au programme du lendemain à Angers, pour aller découvrir Noella Morantin, dont les vins de Touraine sauvignonnent gaiement. M'est avis qu'on en reparlera bientôt, de ces vins et de cette vigneronne-là!

     

     

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    Dernière découverte au pas de charge avec les vins de Grégory Leclerc, vigneron à Chargé. Un vigneron, du bon raisin, de l'humour, du vin, ça détonne! Du Coup de canon à la Mule, le gosier n'est pas pour autant chargé et tout se siffle avec entrain.

     

    Enfin du monde chez l'Auvergnat d'à côté! Antepenultième dégustation à la buvette de Patrick Bouju, en compagnie de quelques arsouilles qui trainaient par là. The Blanc, Lulu, La Bohême, que du tout bon, mais je suis déjà fan depuis longtemps.

     

    Back to the roots au carré de l'Est, pour un ravitaillement de Jambon, sans un seul morceau de pain pour autant. Deux vins, un très beau blanc issu d'achat de raisins chez Guy Blanchard et Bataille 2005, une petite bombe de gamay épicée et poivrée. Dire que j'en connais qui n'ont pas aimé! Encore bravo, Monsieur Jambon!

     

    Impossible de clôturer un tel marathon sans se replonger dans un verre de Jaune 2002 de Fanfan Ganevat. La boucle est bouclée. Le sommeil est assuré. A moins d'un imprévu du genre trottoir qui traverse la route sans crier gare, sur le chemin du retour. Mais ça, ça n'arrive jamais, hein? Oui, je sais, le lendemain matin, on fait ce qu'on pneu!*

     

    Olif

     

    * on touche un peu ici au domaine de la private joke, faut pas trop chercher à comprendre!

     

    P.S.: la dive a fait le plein de blogueurs, qui s'en sont donné à cœur joie, ici, ou encore .

  • Poligny 2010, au cœur de la Percée...

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    Divin clavelin. Back to the roots, too! Poligny 1997. Tandis que Snake Plisken tentait de libérer le président des Etats-Unis de sa prison manathanesque, dans un New-York apocalyptique, les Jurassiens festoyaient sous un soleil radieux, se rinçant le gosier à grands coups de clavelins dans les rues de la capitale du Comté. Poligny 2010, 13 ans plus tard. Snake Plisken n'est pas encore de retour à Los Angeles que les Jurassiens, sous un soleil timide parvenant néanmoins à percer lui aussi, continuent de carburer au Jaune en chantant à tue-tête dans les rues polinoises.

    Bien moins froid qu'à l'Ouest du Pécos, même!

     

     

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    Une foule bigarrée, des fanfares d'instruments à vent, une bonne humeur communicative, quelques allemands en short, une grosse ambiance festive, un tonneau à mettre en perce et du Vin Jaune à profusion, c'est tout cela à la fois, la Percée. Sans parler des discours officiels, des parrains et tout le tintouin.


    First, opération clavelinage. Mission délicate qui consiste à sélectionner un ou deux flacons dignes d'arborer comme une légion d'honneur sur le plastron. De manière appliquée et zélée, je me suis prêté pour la première fois au jeu. Il faut savoir être sérieux, parfois. Mission accomplie. Ouf, on n'a pas sorti Auguste!

     

     

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    Deuzio, opération repérage. A partir du samedi midi, c'est quartiers libres pour déambuler dans les rues de la ville. De chouettes  véritables caves particulières ont été mises à la disposition des vignerons. La foule se presse dans les escaliers qui permettent d'y accéder. Cette année, ils sont 73 à faire déguster 500 vins différents. Du blanc, du rouge, du jaune, des bulles, du sucre. Le perceur et la perceuse de base doivent faire un choix, pour distiller leurs dix précieux tickets-dégustation. C'est plus prudent, parce que la maréchaussée veille à toutes les entrées et sorties de la ville.

    Tour de caveaux express, avec pour double objectif de saluer quelques connaissances vigneronnes et de déguster du savagnin dans tous ses états, en vue d'un futur SWWT* qui devrait faire une étape Ascensionnelle et printanière en Pays Montois.

     

     

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    Une institution: Laurent Macle. Sur les coups de 12 heures 30, avant le rush de l'après-midi, même pas de surprise. Tout est toujours excellent! Côtes du Jura 2006, et Château Chalon 2002, comme Macvin et Crémant. Petite info à l'intention des aficionados, la cuvée de Chardonnay ouillé 2007 pourra être dégustée et achetée à la propriété, sur demande expresse exclusivement. Ne pas se gêner, donc. Ben tiens, manquerait plus que ça!

     

     

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    Une découverte: le domaine Marie-Anne et Frédéric Lambert, au Chateley, près de Toulouse-le-Château. Un petit domaine familial de création relativement récente, qui propose à la vente plusieurs cuvées sympathiques (chardonnay et assemblage, en mode oxydatif), à regoûter tranquillement au coin du feu, à une meilleure température de service. Oui, il faisait aussi un peu frais dans le Jura en ce premier week-end de février, mais moins que dans la Loire fin janvier.

     

     

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    Une bouteille coup de cœur: goûtée à plusieurs reprises, au stand, puis en salle de presse, le Côtes du Jura Naturé 2005 de Peggy et Jean-Pascal Buronfosse. Du Savagnin ayant porté 20 mois le voile, avant de se révéler splendide dans sa natureté. 2010 sera pour le domaine la première année officiellement en bio. Avec la conversion prochaine de Julien Labet, sur ses vignes en propre, et l'ami Fanfan, le vieux de la vieille, Rotalier est en passe de devenir un véritable modèle jurassien du bon et du bio.

     

    Dans le cadre de la prépa SWWT, deux autres beaux savagnins goûtés dans la Maison de Rose, en compagnie de Dominique Grand. Je n'en dis pas plus, pour ménager un peu de suspense, des fois que des oreilles indiscrètes me lisent.

     

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    Vivement Poligny 2024! En attendant, la prochaine Percée, ce sera en Arbois, et ça risque de décoiffer également!



    Olif

    * SWWT: Savagnin World Wine Tour, un truc dément, genre Percée, mais comme il n'en arrive qu'une ou deux fois par siècle. Surtout en Vendée.
  • Le retour de la revanche du fils du Bojo Nouvo

     

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    Tout le monde le croyait déjà enterré, cadavérisé, en dehors de quelques îlots de résistance, surplus invendus de bibine à deux balles achetées en trop grands volumes par la grande distribution, et voilà qu'il fait sa réapparition sous le sapin. On a bien fait d'en garder quelques topettes de côté, prévisionnant une bonification dans le temps. Le Bojo Villages Nouvo 2009 de Michel Guignier n'a pas encore fini de faire parler de lui dans les verres. Il reste gouleyant et frais, tout en ayant acquis une structure plus harmonieuse.

     

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    Michel Guignier est un vigneron atypique, adepte de la polyculture, qui cherche à préserver l'écosystème de son domaine. perché sur les hauteurs de Vauxrenard, en haut du col de Durbize. Pratiquant une viticulture conventionnelle jusqu'en 2000, il s'oriente vers la biodynamie quasiment du jour au lendemain, lorsqu'il prend conscience de l'engrenage incontrolable dans lequel s'engage notre société de consommation. La vache folle est passée par là, révélant au grand jour la folie de l'homme. Depuis 2003, il s'est engagé dans la certification, obtenue haut la main. Adepte de la biodiversité, la biodynamie s'est vite imposée comme un choix cultural idéal. Frappé de plein fouet par la grêle, comme nombre de vignerons du secteur, en 2008 (touché à 95%) et 2009 (touché à "seulement" 75%), il reste philosophe et s'adapte à la situation, avec pour ambition de produire le meilleur vin possible avec la matière première à sa disposition. Des vins le plus souvent "Pur jus", c'est à dire sans ajoût d'aucune sorte, et parfois trop bons pour passer le cap des dégustations d'agrément, vinifiés grappes entières en macération semi-carbonique et élevés dans des cuves béton.

     

    Petit tour d'horizon de la production disponible au domaine à la mi-novembre, en quantités ultra-limitées:

     

    - Mélodie d'Automne 2009: du Bojo-Villages Nouvo qui n'en a pas le nom, juste un étiquetage différent en 2009 où les volumes sont confidentiels. D'ordinaire, il s'agit d'une cuvée spéciale élaborée pour certains cavistes, du Nouvo qui cache son nom pour ne pas prêter le flanc aux préjugés. Très bon et fruité mi-novembre, il gagne toujours à prendre quelques mois en bouteilles. Nickel à Noël, il devrait être à son optimum à Pâques. Un vin structuré mais gouleyant, qui n'oublie pas son fruit en chemin.

     

    - Fleurie Au bon Grès 2004: resté en cuve jusqu'au printemps 2009, parce qu'il ne donnait pas entière satisfaction, il s'est vu offrir une séance de rattrapage devant une soudaine et inespérée amélioration en cours d'élevage. La patience du vigneron a des vertus. Dense et riche, minéral (issu d'un terroir gréseux pur), il possède la précision et la tension nécessaires à son épanouissement dans le verre.

     

    - Fleur de granit 2006: du Fleurie déclassé en Vin de Table, "Pur jus", serré, minéral, charnu et acidulé en finale. "C'est encore un peu vite" de le boire, pour Michel Guignier, il faut lui laisser le temps de s'épanouir en bouteilles.

     

    - Moncailleux 2006: un Moulin à Vent déclassé, issu d'une vendange très mûre. Dense et charnu, poivré, fermé et à la texture un peu serrée, ses tanins durcissent en finale, du fait d'une température de service légèrement frisquette.

     

    - Fleur de granit 2007: cette cuvée-là à fini par trouver grâce aux yeux de l'agrément. Après une légère réduction première, là encore, du vin, juteux et fraix, sur une trame minérale et joliment acidulée.

     

    - Moulin à Vent 2007: une bouteille ouverte depuis 3 jours, qui se goûte plutôt bien, malgré une légère trace d'oxydation en finale.

     

    - Beaujolais-Villages 2007: du fruit et de la gourmandise, avec du vin derrière. Sans Gibolin, évidemment. Très bon, presque trop, dur d'y résister!

     

     

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    Olif

  • Alors? Il a quel goût, cette année, le Bojo Nouvo?

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    Ce qui est certain, c'est qu'à Vauxrenard, il ne sent pas le renard! Il n'a d'ailleurs pas non plus le goût de Bojo Nouvo, qu'il soit "Brut de cuve" aux Côtes de la Molière, ou "Pur Jus" chez Michel Guignier. Idem à Cambon, chez Marcel Lapierre, pour qui Siné s'est fendu d'une étiquette originale. Trois Beaujolais nouveaux différents, non standardisés, qui ont en commun l'amour du raisin et du travail bien fait.

     

    Du Beaujolais de vigneron, du vin bourré de raisin, croquant et gourmand, sans le moindre arôme levurien artificiel fermentaire. Du vin rond et charnu, qu'on a envie de boire, dans le seul but de se faire plaisir.

     

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    Mais chûûûût!, il faudra attendre 0 heure 01 demain jeudi pour pouvoir y goûter! Le nouveau de 2008, il est déjà reparti depuis longtemps!

    Olif
  • Décuvage à l'Octavin

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    Opération "décuvage de Commendatore", hier, au domaine de l'Octavin. Il fallait retrousser ses manches pour jouer du coude, de la fourche et de la pompe. Et aussi dégainer de temps en temps l'appareil photo pour immortaliser le petit pressoir à cliquet en train de fonctionner. Un véritable travail de fourmi, un sacerdoce même, agrémenté tout au long de la journée par une dégustation des jus de 2009 et de quelques 2008 en cours d'élevage ou déjà en bouteilles.

     

     

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    Charles aux manettes. Tranquillement, rien ne presse! Mais ça presse quand même!

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    Alice aux commandes, avec le sourire, tellement c'est facile!

    Pressurage doux, pressurage long, mais le gros gâteau de marc n'en est que meilleur. Pour autant, pas autant que les raisins du chapeau avant pressurage, le plus souvent encore entiers, et qui ont subi une fermentation enzymatique à l'intérieur des baies.

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    Un bon gros gâteau à se partager pour emplir les sacs!

    Les jus se goûtent déjà particulièrement bien, avec beaucoup de gourmandise et une jolie concentration. Presque trop, pour les amateurs de vins friands, puisque le Trousseau affiche cette année pas loin de 14° naturels, contre 12° l'année dernière. Sur les blancs, l'acidité est limite, malo non faite, mais l'équilibre est loin d'être inintéressant. Si elle pouvait ne pas se faire, ce serait bien, si elle doit se faire, eh bien!, elle se fera!

    En bouteille, Commendatore 2008 est un peu fermé, mais la matière est belle. Zerlina 2008 (assemblage Trousseau et Pinot noir du secteur de Curon) livre un bien joli message, avec un équilibre déjà harmonieux.


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    Un tout nouveau costume pour le Commendatore 2008, toujours aussi sélect, mais plus sobre et épuré. Comme le vin à l'intérieur de la bouteille.

    Olif
  • Vendanges de Travers...

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    Dimanche 18 octobre 2009, Travers, Val de Travers, canton de Neuchâtel, Suisse, pays de l'absinthe et du vin du même nom. Le ban des vendanges a sonné. L'instant est solennel, le temps a suspendu son vol.

    6 heures 15 à l'église du village, qui surplombe les coteaux de ce petit bout de vignoble improbable, qui n'existe même pas sur les cartes.


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    Tout le monde est dans les starting-blocks. La ponctualité suisse, certainement. Des hordes de vendangeurs investissent les rangs de vignes, le sécateur entre les dents. Impatients d'en découdre avec des raisins particulièrement mûrs, au point que d'aucuns commencent à parler de ... millésime du siècle ... et de Travers, ou alors c'est juste parce que c'est écrit en italique?


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    Les caissettes se remplissent: gamaret, diolinoir, garanoir, pinot noir, chardonnay et consorts s'entassent. Tous fils du Val de Travers, mais de provenances diverses, complantés pour le meilleur. Point de vinification séparée, évidemment, pour de si petites quantités. Pour l'anecdote, les Chardonnays ont été repiqués à partir de plants provenant du Montrachet. Le terroir n'est pas identique, évidemment, mais excusez du peu!


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    6 heures 15 au clocher de l'église de Travers. La ponctualité suisse, sans doute. Les vendangeurs ont fini de cueillir les raisins.


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    Les caissettes sont pleines et les coupeurs ont été particulièrement efficaces. La ponctualité suisse, forcément. Il est déjà temps de changer de casquette et de devenir égrappeur. Grain par grain, toute la vendange est ainsi éraflée. La qualité a un prix et la mécanisation, vue de travers par ici, n'est pas prête de faire son apparition dans le vallon.


     

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    Tous à l'égrappage, petits et grands. Un poste très performant avec banc à lecture optique individuelle, nécessitant de la précision dans le geste, pour l'appréciation du calibre du raisin. Petite illustration en images:

     

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    le raisin est délicatement pincé entre deux doigts, afin d'apprécier sa taille, sa consistance et son élasticité...


     

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    ... une légère traction entre le pouce et l'index le désolidarise de sa grappe nourricière ...


     

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    ... celui-ci est impeccable, parfaitement calibré, digne du Travers-Saints.


    Une efficacité redoutable et à moindre coût! Bernard Magrez et son Pape-Clément peuvent aller se rhabiller!


    6 heures 15 au clocher de l'église de Travers. La ponctualité suisse, toujours. L'heure d'une pause bien méritée.


     

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    La veille, la neige a blanchi les sommets environnants et le soleil peine à réchauffer les doigts gourds baignés de jus de raisin. Au menu, soupe de courge maison et saucisses grillées. Probablement le dernier barbecue de l'année. Un régal! Arrosé d'un épatant Chardonnay Charmes 2007 du domaine de la Clavenière (pas un Meursault mais un vin de table du pays de Neuchâtel), tendu et vif, avec une pointe de grillé, (le boisé se fond) puis un Clavin rouge 2007, assemblage rouge du même domaine, non dénué de franchise et de gourmandise.


     

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    6 heures 15 au clocher de l'église de Travers. On n'aura pas vu la pause passer!. La ponctualité suisse, c'est quelque chose! Il est déjà temps de retourner finir l'égrappage, ce qui sera fait en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.


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    Au total, ce seront douze caissettes de 25 kilos  chacune qui seront récoltées, une production plutôt confortable en ce millésime 2009 et, qui plus est, de qualité.

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    Une partie des raisins égrappés. Admirer le parfait remplissage et empilage des caisses.


    L'étape suivante verra le temps filer un peu plus vite, puisqu'il fallait quitter le clocher de Travers des yeux. Direction Fleurier, au garage, pour l'ultime processus de la journée: l'encuvage. Suivi d'un foulage aux pieds, dans les règles de l'art.


     

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    Fouler le raisin, c'est le pied!


    Les premiers tests sont déjà encourageants, puisque le moût pèse au final 95° Œchslé, ce qui constitue presque un record pour le vin de Travers. Seul 2003 avait fait mieux à ce jour.

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    Le Travers-Saints 2009 poursuit désormais son bonhomme de chemin, à l'abri dans un garage de Fleurier, au cœur du Val de Travers. Place à la fermentation et aux bonnes pratiques œnologiques destinées à l'amener à sa destination finale: la bouteille, puis le verre du Traversin.



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    Une bien belle histoire en train de s'écrire et qui prendra le temps qu'il faut pour le faire. Moi, par contre, je dois filer. Il est déjà 6 heures 15 au clocher de l'église de Travers et je vais être en retard!

     

     

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    Olif