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En léger différé du vignoble! - Page 13

  • Road-blogging en Roussillon (1): vignerons paysagistes en Languedoc-Roussillon

    Trois vignerons en Languedoc-Roussillon, trois approches différentes du vin qui se traduisent par des expressions différentes dans le verre, mais trois démarches superposables sur le terrain : le métier de vigneron nécessite un  véritable savoir-faire de paysagiste ! Rendre sa biodiversité au terroir, une condition indispensable au développement harmonieux de la vigne !

    Hervé Bizeul, le Maître Loyal du fantastique cirque de Vingrau, pratiquant du "raisonné extrême", plante des oliviers, façonne des murets, favorise le retour des oiseaux pour une sonorisation naturelle du paysage, qui avait tendance à disparaître.

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    Démarche superposable au Clot de l’Oum, chez Eric Monné, apôtre du bio, qui veut redonner vie et cohérence à cette « vallée de l’orme » qui s’ouvre sur un paysage fantastique. La vigne y côtoie également l’olivier, les pierres extraites du sol ont donné naissance à des murets mais aussi à des petits casots (des cabanes qui peuvent servir de remise, de cave improvisée, voire de mini résidence secondaire), les habitations (la cave et la future maison) se fondent dans l’environnement de manière plutôt harmonieuse.

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    Et que dire de Lisson, où Iris Rutz-Rudel, aux conceptions très "nature", a entrepris une tâche colossale : faire revivre cette colline sauvage que la nature a repris à l’homme le siècle précédent. Énorme travail de défrichage, de plantation, en réutilisant les terrasses existantes, afin de voir réapparaître la vigne à un endroit qu’elle aurait pu ne pas quitter.

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    Coïncidence et dernier petit clin d’œil, ces trois vignerons, aux conceptions du vin parfois radicalement différentes sont blogueurs. Et les trois se côtoient aussi dans ma cave ! Personne n'est parfait!

    Olif

  • Slurp in Geneva (1): le Prix de la Presse

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    Genève, Confédération Helvétique. Son grand lac, son geyser d’eau, ses canons, ses vins, son prix du Jury de la Presse. Sans oublier sa cuisine slurp, une des 7 merveilles du monde de la gastronomie à l’est du Pécos.

    Grand honneur qui échut à un humble vinoblogueur jurassien amateur: décerner, en compagnie du gotha journalistique helvète, le très convoité Prix de la Presse à un vin rouge genevois d’assemblage. Un Jury hautement sélectif et particulièrement exigeant, constitué notamment de la virevoltante Scoopette et du très rock’n’roll Estèbe, autant dire qu’il fallait se tenir à carreau !

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    Tandis que les heureux vins pré-sélectionnés s’emmaillotaient de noir pour conserver leur incognito avant le coup de projo médiatique, sans savoir encore que le domaine des Curiades, Cuvée du Marquis de Coudrée 2006 allait l’emporter (le sixième en partant de la gauche, cela paraissait pourtant évident!), certains jurés subissaient depuis la veille une préparation physique intense, histoire de savoir de quoi on allait causer le lendemain. La préparation, on aura l'occasion d'y revenir, mais ce qui est certain, c'est que le lendemain, cela a causé, entre deux ablutions de rouges tanniques assemblés. Mais comme les délibérations du Jury sont classées Top secret, il faudra se contenter des images! Des images qui parlent d'elles-mêmes, cela va sans dire!

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    Olif, envoyé spécial au Jury de la Presse des vins de Genève, au bord du Grand Lac que je n'ai même pas été fichu de prendre en photo, si c'est pas misère, il y avait une super lumière!

  • Coup de Foudre à Molamboz...

    ... pour une boisson s'apparentant à la limonade, mais en bien meilleur! Un Pet Nat 2005 qui n'est évidemment pas élevé en foudre, mais qui permet de prendre l'Escampette, ou à défaut la tangente. 100% chardonnay, mais, contrairement à son aîné de 2004, il est parfaitement sec. La bulle est visuellement très fine, même au service; le nez porte sur l'élégance du fruit et la bouche est vive, sèche et bien définie. Très beau vin, auquel il ne manque même pas la gourmandise de la version légèrement sucrée. Dégorgé "à la sauvage" dans la cour du domaine, chez Jean-Marc Brignot, évidemment.

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    Auparavant, deux Savagnins 2005 prélevés à la cave, l'un sur cuve, l'autre sur fût, en mode oxydatif, sous léger voile. Avantage fruit pour le premier, mais une structure magnifique sur le deuxième, qui devrait bientôt être bon pour la mise. Les petits noms de baptême ne sont pas encore officiels mais deux cuvées à guetter avec intérêt dès leur commercialisation. Allelouiah!

    Olif

  • Alternative alsacienne (1)


    Après l’Alsace biodynamique du domaine Josmeyer, à l’élégante beauté et à la grande droiture (un style très séduisant, il faut bien le reconnaître), place à une Alsace alternative, biologique également, libérée des contraintes de l’oenologiquement correct mais avec la même volonté de bien faire, de produire le meilleur vin possible en laissant s’exprimer le terroir au mieux, avec le moins d’artifices possibles. 

    Bruno Schueller et Patrick Meyer, deux vignerons alsaciens que j’affectionne tout particulièrement, se retrouvent donc mêlés bien involontairement à cette dégustation alternative, un coup en haut, un coup en bas, mais à chaque fois du côté du Rhin.  Avec de chaque côté son lot de bizarreries non conventionnelles mais particulièrement réjouissantes.

    On commence chez Patrick Meyer, du domaine Julien Meyer à Nothalten (67). Pas de rouges à goûter, ou presque, malheureusement, sauf en cours d’élevage, donc des 2006 au fût, mais je n’ai pas pris de notes. Pierres chaudes et Heissenstein laissent une très bonne impression mais il faudra être de bonne heure au domaine pour espérer en avoir un petit peu. Tous les autres millésimes sont épuisés, faut-il que ce soit vraiment bon, alors ! « Le Pinot noir, c’est le cépage anti-matière par excellence », pour Patrick. Inutile et vain de rechercher la concentration et l’extraction, ce qu’il mérite, c’est la finesse et l’élégance, pour causer véritablement terroir ! La preuve, avec une bouteille de dernière minute.

    Pinot noir 2004 Heissenstein
    Le nez est plutôt floral, mais la bouche possède une tension minérale très fine, avec un joli grain de vin. Il se goûte très bien !

    Approche similaire chez Bruno Schueller, du domaine Gérard Schueller à Husseren les Châteaux (68), mais là, même s’il a fallu insister un petit peu, on a réussi à goûter à de fabuleux pinots noirs. Plus rien à vendre non plus par contre, ce ne sera pas la peine d’insister !

    Pinot noir 2006, tiré du fût
    Robe rubis, à peine trouble. Joli nez qui pinote bien ,très fruit, croquant, avec de petits tanins friands.

    Pinot noir LN012, sur fût
    Des raisins récoltés sur le grand cru Eichberg, un vrai grand terroir. Encore un peu de carbonique et une bouche légèrement tannique, mais au grain très fin.

    Pinot noir LN012 2005
    En bouteille celui-là, mais déjà épuisé ! Un 2005 archétypique, possédant une belle matière très concentrée, mais avec des tanins souples, soyeux, qui donnent déjà envie de le boire à grandes lampées. Très beau, facile à boire, avec ses notes olfactives de griotte et d’amande amère.

    Pinot noir Le Chant des Oiseaux 2004
    Une bouteille qui se mérite ! Il faut savoir la réclamer, mais il faut aussi que Bruno ait envie d’aller la chercher au fond de la cave. Qu’il la retrouve, aussi, car cela n’a pas été simple, elle était bien cachée. Il y a déjà longtemps que les oiseaux ne chanteront plus pour les acquéreurs potentiels, car aucune bouteille de ce magnifique pinot noir produit sur Pfersigberg n’est plus disponible à la vente. Il y a là de quoi verser une grosse larme ! La consigne de Bruno, c’est d’arrêter de vanter les qualités de ce vin. Un peu qu’on va lui désobéir ! De vieilles vignes de plus de 50 ans sur un terroir en Grand cru, le Pfersigberg donc, et un élevage de 2 ans en barrique, sans soufre. Nez retenu, réduit, prêt à se livrer. La robe est soutenue, tirant sur des nuances légèrement orangées. Bouche nette et précise, superbe de définition, avec un grain de tanins très fin, même si ceux-ci sont encore bien compactés. Très belle finale, d’une grande longueur, pour un très beau vin qui mérite un peu de temps pour se livrer pleinement.

    (à suivre...)

    Olif

  • Josmeyer, au nom du Hengst...

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    Il y pousse de belles plantes, au Domaine Josmeyer, à Wintzenheim. Probablement la rançon de la biodynamie! Fondé en 1854 par Aloyse Meyer, le domaine familial doit son nom à Joseph Meyer, qui a souhaité se démarquer de tous les Meyer alsaciens. Tout comme la série Au nom de la Loi doit son nom à Josh Randall, ce qui n'a absolument rien à voir sauf que ça sonne un peu pareil à l'oreille. Le Hengst, il fait un peu la loi, chez Josmeyer, parce que c'est là qu'on y produit quelques-uns des plus beaux vins du domaine et peut-être même de toute l'Alsace. Le Hengst, c'est l'étalon, et cela nous ramène un peu au western et aux chasseurs de primes.

    Rangeons la Winchester à canon scié, nous n'avions pas rendez-vous avec Steve Mac Queen, au Domaine Josmeyer, mais avec Christophe Ehrard, winemaker et ambassadeur des vins du domaine à l'étranger. Visite des caves et installations, qui confirment bien toute la politique qualitative mise en oeuvre ici, puis passage éclair dans le hangar où sont stockés les produits biodynamiques. Après une petite reniflette de bouse de corne, histoire de se faire une petite ligne de 500 et s'éclaircir les naseaux, rendez-vous au caveau de dégustation pour une très jolie série de vins, quasiment un sans-faute. Une gamme multiple, déclinée avec tous les cépages. Nous goûterons aux vins d'artistes, dont l'étiquette fait référence à l'art, d'une manière générale, et qui sont plutôt des vins de fruit, aux vins de la série Prestige, des expressions abouties du cépage reflétant au plus juste leur terroir, et aux Grands crus, la quintessence de deux climats de grande valeur, le Hengst et le Brand.

    Pinot blanc 2006, gamme artiste
    80% auxerrois, 20% Pinot blanc. Un vin simple et gourmand, fruité et souple, dans un registre encore très levurien et fermentaire.

    Pinot blanc Les Lutins 2001
    Issu d'un terroir un peu plus profond, sur le Herrenweg de Wintzenheim. Le nez est très ouvert, sur les fruits blancs. La bouche est large et possède un bel équilibre. Rond, plein et vineux, voilà une très belle bouteille à maturité.

    Pinot Auxerrois H Vieilles Vignes 2002
    Récolté au coeur du Hengst, ce 100% auxerrois constitue la parfaite expression de son terroir. Minéral, avec une pointe légèrement hydrocarbure, sec et tendu, c'est une véritable épure, un superbe étalon!

    Sylvaner 2005
    Une cuvée de Sylvaner rouge, une rareté que l'on devrait voir refleurir régulièrement, car il s'agit d'un cépage plutôt intéressant. Ce joli vin de fruit possède beaucoup de charme et de rondeur, mais ne manque pas de fond.

    Muscat 2005
    Constitué de 50% de Muscat d'Alsace et de 50% de Muscat Ottonel, il est joliment fruité, très typé muscat, frais et ne manquant pas d'acidité.

    Riesling 2005 Le Kottabe
    Retour à la gamme artiste, pour la série des rieslings. Nez végétal, plutôt fin, fruité, avec une petite pointe hydrocarbure. Droit et sec, avec une belle finale salivante.

    Riesling Les Pierrets 2002
    Dans cette gamme Prestige, le domaine Josmeyer recherche la minéralité du cépage sur des sols marno-calcaires. De fait, le vin est minéral, tendu, avec une superbe acidité bien mûre. Un très beau vin!

    Riesling Les Pierrets 2003
    La minéralité saura-t-elle affronter les affres du millésime? Suffisamment, oui, malgré une tension un peu relâchée, mais suffisamment de fraîcheur pour faire passer le tout. Plutôt bien, pour un 2003.

    Riesling Brand 2004
    Sur sol granitique, le Riesling fait merveille, exprimant un caractère droit et tranchant, racé, fin et élégant. C'est beau! De quoi s'interroger sur les affres d'une femme qui s'abandonne, un verre à la main. Elle a quoi, ta femme? Un Brand! Sans commentaire!

    Riesling Hengst 2004

    Sur ce terroir marno-calcaire, le Riesling prend des airs d'étalon. Nez pur et minéral, complexe, puissant, s'ouvrant et s'élargissant progressivement à l'encolure. Un vin superbe, et un grand coup de coeur pour ce climat.

    Riesling Hengst 2003
    L'aromatique est très mûre, un peu caramélisée. La bouche possède de la fraîcheur et une acidité correcte, mais la finale retombe un peu vite.

    Pinot gris 2005, Le Fromenteau
    Un nouvel artiste, ce Pinot gris au nez fumé, puissant,  et à la bouche ronde et fruitée, parfaitement sèche, ce qui est suffisamment rare concernant ce type de vin pour le signaler.

    Pinot gris Fondation  VV 2001
    Large d'épaules, mais avec un bel équilibre dans la rondeur et la puissance. Parfaitement sec, il se laisse boire avec délectation.

    Pinot gris Hengst 2002
    Nez confit, sur l'écorce d'oranges, avec beaucoup de fraicheur. On retrouve l'acidité et la trame minérale du Hengst en bouche. Elégant et très bon, il possède à peine de résiduel, mais celui-ci est parfaitement intégré et fondu.

    Gewurtztraminer 2005, Les Folastries
    Un gew parfaitement sec, à l'aromatique typique (rose, litchi), mais sans lourdeur ni caractère entêtant. Une grande pureté d'expression pour un vin simple et droit.

    Gewurtztraminer Hengst 2002
    Nez minéral et très fin, sans notes variétales, sur des zestes d'agrumes confits. Le terroir a repris le dessus, avec une finale poivrée et épicée. Le sucre résiduel est parfaitement fondu.

    Gewurtztraminer Hengst 1995
    Nezd'une grande pureté, minéral, très légèrement zesté. Bouche droite et minérale, quasiment sèche. Superbe équilibre!

    Pinot gris Hengst SGN 1995

    Une gourmandise finale, avec 40 g de SR. Sa fraicheur juvénile éblouit, tout comme sa superbe acidité, témoignant d'un équilibre quasi parfait.

    Alors que la dégustation semblait toucher à sa fin, un ultime rappel:

    Riesling Hengst Samain 1997
    Cette cuvée récoltée  au moment d'Halloween n'est produite que certaines années, lorsque le raisin le permet. Samain, en Celte, c'est le début de la saison sombre. 1997 n'est pas le grand millésime alsacien espéré, mais les vendanges tardives étaient de qualité. C'est un vin très fin, très droit, construit autour de l'élégance. Il a du mal à s'imposer derrière le Pinot gris SGN, mais je pense que cette bouteille-là n'a pas démérité.

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    Olif

  • A bon Chablis, bon rablis!

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    Chablis, dans l'Yonne, au coeur de la Bourgogne, profonde et historique. De l'Histoire et du vin. Voilà un lieu de séjour idéal pour s'enrichir culturellement et gastronomiquement. Trop tentant pour ne pas se laisser faire. L'idée de départ, c'était une opération commando. Envahir les Burgondes pour rendre aux Séquanes ce qui semble leur appartenir de droit. Pour cela, après avoir posé ses valises, il fallait reculer d'une case, et repartir en direction de l'Auxois, en Côte d'or, future Côte d'Ordures, d'après l'ASPA, puisqu'un projet de méga-décharge est prévu du côté de Semur, mais pas derrière, ce qui risquerait de la rendre rapidement visible aux yeux de tous. L'Auxois et son Mont du même nom, qui aurait pu être le siège d'un haut fait d'armes historique du temps de ce vieux Jules si on n'avait pas trouvé mieux depuis, de l'autre côté de la Saône. L'Auxois et son Mont, du haut duquel, un grand guerrier gaulois veille sur la plaine des Laumes, longue de bien plus de 3000 pas et occupée maintenant en grande partie par une urbanisation galopante (du côté de Venarey), et bientôt par un méga-archéoparc destiné à mettre en valeur les vestiges archéologiques de la région, dans le but de drainer un maximum de touristes. Dérober puis déplacer la statue de Vercingétorix jusqu'à l'Alésia jurassienne, pour l'ériger en surplomb de la plaine de Syam, au sommet des Gyts, ne sera pas une mince affaire et, la mort dans l'âme, il a fallu renoncer! Pas assez fort, malgré la bonne potion magique chablisienne! Il y aura donc pour l'instant toujours deux Alesia Mandubiorum, l'une pour touristes, et l'autre pour puristes.

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    Un petit tour par Semur, histoire de grignoter -j'ai honte!- un sandwich américain et des mauvaises frites, mais ça faisait plaisir aux enfants, et c'est le retour à Chablis, pour une deuxième opération commando, cette fois couronnée de succès, au domaine William Fèvre, une excellente adresse chablisienne qui produit d'une manière générale des vins élégants et purs, où l'élevage sait se montrer discret (pas plus de 2% de fûts neufs en moyenne).

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    Chablis 2005
    L'entrée de gamme, générique, qui est parfaite pour la mise en bouche. Rond, fruité, généreux mais ne manquant pas d'une certaine fraîcheur, un joli vin tout simple.

    Chablis 1er cru Les Lys 2005
    Superbe de minéralité et de vivacité, ces Lys possèdent un bel équilibre tout en longueur. J'aime beaucoup!

    Chablis 1er cru Vaillons 2005
    Le pendant des Lys, qui peut être intégré aux Vaillons en cas de besoin, sur une exposition plus chaude. Le nez est très mûr, l'équilibre est plus dans la rondeur, la finale se fait sur de beaux amers présageant d'une belle garde, suivie d'une acidité mordante et salivante.

    Chablis 1er cru Mont de Milieu 2005
    Le nez est légèrement iodé, salin. La bouche, très tendue, finit sur des notes salines. Un vin à la grande droiture et à la tension appétissante.

    Chablis Grand Cru Bougros 2005
    Nez minéral, sur le silex, bouche puissante, grande longueur, finale rémanente.

    Chablis Grand cru Bougros Côte Bouguerot
    Une parcelle des Bougros, contigüe aux Grenouilles, qui possède une minéralité et une tension bien distinctes du Bougros "standard". Droit et pur, il possède un équilibre qui m'a totalement conquis.

    Chablis Grand cru Vaudésir 2005
    Il s'agit du terroir le plus chaud de Chablis. Le vin issu de ce beau millésime 2005 est gras, puissant, rond, long et salin, acidulé en finale.

    Chablis Grand cru Valmur 2005
    Le terroir le plus froid des Grands Crus est censé donner le vin le plus typé Chablis, celui où l'on devrait approcher au plus près le kimméridgien. De fait, le vin est très minéral, avec une fraîcheur et une vivacité marquées, et une très belle longueur.

    Chablis Grand cru Les Preuses 2005
    Cette cuvée est un assemblage de deux coteaux d'exposition différente, mais complémentaires en 2005. Harmonieux, gras, équilibré, long et acidulé, il donne un sentiment de plénitude et d'aboutissement. Pour la méditation!

    Ayant bien médité sur mon propre sort grâce à ces Preuses, il ne restait plus qu'à aller vérifier sur place la distribution géographique des Grands crus dans l'amphithéâtre chablisien. Et acheter quelques andouillettes chez Michel Soulié. Et du jambon persillé chez le voisin Marc Colin. Et puis rentrer prendre le repas du soir à l'Hostellerie des Clos, avant de goûter à un repos bien mérité. La douceur de vivre chablisienne après l'expédition en Auxois...

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    Olif

    N.B.: j'ai beau réfléchir, je ne trouve vraiment aucune justification valable à ce titre complètement foireux, je vous prie de bien vouloir m'en excuser!

  • Mondeusanités!

    Un néologisme olifien, qui vaut largement la "bravitude" de Ségolène, pas la célèbre blogueuse, celle qui fait toute une histoire de boire et manger, mais "la royale", et qui va nous permettre de faire un flash-back sur la Savoie, en (plus que) léger différé du vignoble, et de revenir sur ce cépage fabuleux et fabuleusement méconnu qu'est la Mondeuse. L'un des plus anciens cépages autochtones savoyards, très certainement apparenté à la Syrah, dont il serait même l'ascendant et que les Romains appelaient Vitis Allobrogica. On rapporte même que la retraite précipitée de Jules César en 52 avant J.C. n'était pas due aux coups de boutoirs répétés de Vercingétorix, mais bel et bien à la pénurie de Mondeuse parmi ses légionnaires, ce qui a conduit le proconsul à faire sauter le bouchon d'Alésia pour gagner au plus vite l'Allobrogie afin que ses troupes puissent se désaltérer.

    Nul doute que si Jules César avait connu le Blog d'Olif, il aurait poussé sa soif de conquêtes et de "mondeusanités" jusque dans la Combe de Savoie, au pied du massif des Bauges, après avoir fait une halte le long du Rhône, sur le versant Ouest du massif de la Charvaz. Et qu'il aurait rendu visite à nos deux compères Gilles et Louis. Après une étape chez Noël. Sacré vieux Jules, va! Allez, on retourne en Allobrogie, sans lui et par n'importe quel temps!

    Pluie à Arbin...
    A tout seigneur tout honneur, arrêt à Arbin, où, une fois de plus, c'est le grand bain! Déluge pluvial et nuit tombante ne permettent pas d'apprécier le paysage ni de fouler la vigne au pied. On en profite pour se rendre immédiatement au chaud dans le caveau de Louis Trosset pour réviser un peu ses gammes.

    Arbin Mondeuse Prestige de Arpents 2005
    Sur des notes poivrées, humant la violette et développant un joli fruité, cette version de la Mondeuse du domaine est dans une phase gourmande qui est un appel à se laisser boire. Les tanins sont soyeux et veloutés.

    Arbin Mondeuse Harmonie 2005
    Nez sur la gelée de fruits mûrs, avec une touche de miel et d'épices. Une grande concentration et de la puissance, mais des tanins à peine amers en finale, méritant une meilleure intégration. Une bouteille à attendre.

    Arbin Mondeuse Confidentiel 2005
    Sur le premier échantillon, une légère déviance armatique laisse présager du fait que le vin soit bouchonné! Impression confirmée à l'ouverture d'une deuxième bouteille, qui elle est parfaitement nette, mais du coup, un peu fraîche car tout juste sortie de cave, ce qui accentue la sensation tannique. Mais la constitution est imposante, la complexité sous-jacente, la longueur bien présente, ce qui laisse à penser que cette cuvée "confidentielle" ne devrait pas le rester bien longtemps, dans les milieux autorisés en tout cas.

    Arbin Mondeuse Confidentiel 2003
    Le premier nez est très particulier, un peu racinaire, végétal, iodé, évoquant, sur une suggestion de Louis Trosset lui-même et approuvée par tous, la tête de crevette. Un arôme que l'on ne s'attend pas particulièrement à trouver dans un vin et qui est, pour tout dire, un peu déroutant. D'un point de vue structurel, ce 2003 est plutôt bien concentré, sans être pour autant compoté, gardant une fraîcheur bienvenue. Son caractère marin, sans doute!

    Arbin Mondeuse Confidentiel 1996
    Petite remontée dans le temps avec cette bouteille aux arômes plutôt évolués (cuir, pruneau) et à l'acidité (inhérente au millésime, d'une manière générale) un peu trop marquée.

    Arbin Mondeuse Confidentiel 1994
    Un vin à la robe encore bien jeune et dont les arômes sont à cheval sur le secondo-tertiaire. Encore beaucoup de fruit, des épices, un peu de poivre et des notes légèrement animales, style fourrure et vieux cuir. Structure en bouche impeccable pour une Mondeuse en pleine forme.

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    ...neige à Chignin!
    On n'y voyait guère plus le lendemain du côté de Chignin, mais la pluie se transformait petit à petit en neige, blanchissant le coteau et les cheveux de Gilles Berlioz qui nous recevait de façon fort conviviale dans sa salle à manger. Un domaine dont on parle beaucoup en ce moment et qui le mérite. La Savoie biodynamique, exigeante et avide de perfection. Avec un résultat plus que probant en bouteilles!

    Chignin 2005
    Nez fruité primaire sur la poire, bouche mordante, fraîche et fruitée, avec une pointe de gourmandise. Une Jaquère archétypique, comme on aimerait en boire plus souvent.

    Roussette de Savoie 2004
    Nez très mûr, sur le coing. La minéralité se ressent particulièrement bien en bouche, avec cette structure droite et tranchante, non exempte de rondeur en milieu de bouche, et cette finale terpénique et salivante.

    Chignin Bergeron 2004
    Premier nez fermé et inexpressif. Bouche possédant de la rondeur et du gras, sur fond d'arômes abricotés. Un vin puissant et chaleureux, avec ce qu'il faut de fraîcheur, à qui il faut laisser le temps de s'exprimer.

    Gamay 2004
    Robe rubis clair, brillante. Nez fruité, fumé, développant d'assez jolies notes de tabac à pipe et de sirop de grenadine. Frais et croquant, ce véritable vin de soif est devenu de l'histoire ancienne, car peu rentable économiquement (faibles rendements et prix de vente ridiculement bas). Les vignes ont finalement été arrachées pour être replantées en Mondeuse et Persan.

    Gamay 2005
    Initialement non soufré, il fut passé en barrique et légèrement sulfité du fait d'une évolution défavorable en cours de vinification. Aromes surprenants de cassis et de feuilles de cassissier. En bouche, l'acidité est marquée, jusque dans la finale, salivante et acidulée. Un Gamay hors des sentiers battus, un peu déroutant.

    Mondeuse 2003
    Très colorée, bouche pleine et concentrée, tanins fermes en finale.

    Mondeuse 2004
    Un vin tout fruit, relevé par une pointe de poivre, rond et concentré, porté par une jolie acidité et une grande fraîcheur.

    Mondeuse 2005
    Une version non chaptalisée et très nature de ce beau cépage, qui possède en attaque un côté végétal plutôt friand, beaucoup de fraîcheur et une grande "buvabilité".

    Mondeuse 2002
    La robe est presque opaque. Le nez commence à développer des arômes complexes de cuir et de sous-bois sans pour autant prendre des notes d'évolution marquée. Jolie bouche bien constituée pour un vin parfaitement à point!

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    Noël au balcon, Dupasquier au tison
    Un proverbe également de circonstance pour ce retour à Jongieux, chez Noël Dupasquier, juste avant que la neige ne fasse son apparition sur la Savoie. Nouvelle dégustation, quasi-exhaustive, de la production du domaine, et je ne reviendrai pas sur tous les vins déjà commentés ici, les impressions étant similaires et toujours aussi bonnes. Je rajouterai simplement quelques notes sur d'autres vins dégustés à cette occasion et plus particulièrement les rouges, qui se présentent sous un jour légèrement différent de ceux de la Combe de Savoie.

    Gamay 2004
    Nez végétal et racinaire pour un vin simple et léger, au prix défiant toute concurrence.

    Pinot Noir 2004
    Robe rubis soutenu, brillante. Beaucoup de fruits en bouche comme au nez, avec un végétal croquant et une jolie mâche finale.

    Mondeuse 2004
    Un vin agréablement fruité (groseille), bien charpenté, à la finale légèrement épicée.

    Mondeuse 1987
    La Mondeuse vieillit bien, la preuve! Celle-ci arbore une robe encore bien jeune, ne tuilant sur les bords qu'en pleine lumière. Festival d'arômes se succédant assez rapidement, il faut les cueillir au fur et à mesure et rester vigilant pour n'en manquer aucun! Cacao, fruits rouges, cuir, sous-bois, kirsch, petits fruits à noyaux... La bouche possède encore beaucoup de tonus et de fraîcheur.

    Roussette de Savoie Marestel 1987

    Dégustée avant les rouges et un peu par erreur (Noël pensait avoir ouvert un 88!), ce fut finalement une excellente idée. Nez torréfié, moka, relativement évolué et complexe. La bouche s'adoucit, s'arrondit, sans que le vin ne perde sa minéralité. Beaucoup de fraîcheur et de tenue pour une bouteille qui entame en pleine forme sa 20ème année.

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    Olif


    NB: les différentes photos du vignoble ont été prises antérieurement à la balade savoyarde de fin janvier 2007.

  • Marathon des neiges dans la Combe de Rotalier

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    Dans la catégorie endurance, voilà bien l'épreuve reine! Une dégustation au Domaine Ganevat, dans la Combe de Rotalier! Un parcours du combattant qui nécessite abnégation et concentration, en plus d' un équipement performant (verre Spiegelau Authentis, chaussures Salomon, polaire Aigle), surtout au vu des conditions météo difficiles de cette fin janvier 2007 ! Question ravitaillement, pas de soucis à se faire, des arrêts au stand ont été prévus tous les 20 mètres.

    Jura_annif_jero_015 Le coach Fanfan, après avoir fait part des dernières recommandations en matière de sécurité, s'apprête à donner le signal du départ. La Combe de Rotalier, 66 habitants, à peu près autant de caves, en grande partie occupées par Fanfan et ses vins. Un véritable trust! Et c'est parti pour un marathon de 5 heures de dégustation en plusieurs tours du village. Il fallait être solide, ce jour-là, pour suivre le rythme d'enfer imposé par Fanfan. Mais ce n'est pas un peu de neige qui allait refroidir nos ardeurs. On attaque par un premier tour, pour tâter du 2006, évidemment encore en fût ou en cuve, puis on refait le même tour, ou presque, pour goûter aux 2005. Les conditions atmosphériques font que les vins se goûtent sur la réduction, les lies ayant été remises en suspension du fait de la chute de la pression barométrique. Les principes de l'élevage parcellaire bourguignon étant appliquées ici au pied de la lettre, les différentes cuvées marquent leur terroir de façon quasi parfaite.

    Issu d'un terroir de graviers et de marnes rouges, Les Grands Teppes donnent un vin tendu et droit, quel que soit le millésime, avec un supplément de profondeur pour la cuvée Vieilles Vignes. Avantage au 2005 à ce stade, mais le 2004 n'est pas mal du tout dans le genre.

    Sur les marnes grises des Chalasses, le vin s'exprime plus en longueur et en puissance, sans négliger pour autant la race et la pureté. La palme aux Vieilles Vignes, millésime 2004, l'expression parfaite de la grandeur du terroir.

    La cuvée Florine, du nom de la fille de la maison, ne démérite pas pour autant, elle donne même bien souvent le ton à toute la gamme, comme ce sera le cas en 2005, un vin superbe!

    A l'instar du Nain et du Géant, le Savagnin se décline ici en jaune et en vert. Dont l'assemblage à la pipette ne donne pas naissance à un Savagnin bleu, contrairement aux lois chromatiques de base, mais à un vin dont la noblesse est néanmoins bien présente, riche, puissant et acide, aussi bien en 2003 qu'en 2004.

    On ne saurait oublier de mentionner la Cuvée de Vieux Savagnin ouillé 1998, "Les vignes de mon père", un sublissime vin hors des canons jurassiens habituels.

    Question rouge, Fanfan est loin d'être à la traîne. Sauf en ce qui concerne les rendements, où son exigence le conduit bien bas, de façon inversement proportionnelle à la qualité du vin. 11 hl/ha pour Les Vignes de l'enfant terrible, un Poulsard sans soufre égrappé grain par grain, aux arômes de pamplemousse rose épicé, et guère plus pour "J'en veux!", un vin de table fait de bric et de broc, aux tanins croquants, savoureux et rustiques, qui vient tout juste de changer de nom pour devenir "J'en aurais bien voulu!", tellement les quantités étaient ridicules.

    5 heures plus tard, encore bien difficile de s'arracher de la Combe, il y a toujours un petit truc de derrière les fagots à goûter. Et c'est finalement hors délais que nous franchirons la ligne d'arrivée, à Pontarlier. Disqualifiés si près du but, c'est rageant!

    Olif

     

    Les notes d'Eric et de Zappa sont disponibles en cliquant sur leur nom.

    D'autres notes sur les vins du Domaine Ganevat ici ou .

  • L'affaire du voile

    Voile

    Rien à voir avec l'Islam, les Talibans, la lapidation, Pétillon ou Jack Palmer, mais, quand même..., ce voile, quelle affaire! On va donc causer terroir, pierres, que l'on sera aimable de ne pas jeter à la femme adultère (même si je ne suis pas derrière), levures, savagnin, vin, Château Chalon, Jura, rien que des choses habituelles sur ce blog. De manière tout à fait ludique, parce qu'on n'est pas là pour s'ennuyer, mais néanmoins intéressante, on va tout faire pour.


    Avant

    Après!

    Pourquoi ce raisin, si fruité et pamplemoussé à la sortie du pressoir, développe des notes maltées, épicées, "noyées" et "terpéniquées", après 6 ans d'élevage? Comment son acidité se civilise-t'elle, se complexifie-t'elle, se densifie-t'elle? Ceci pour en faire un des plus grands vins du Jura, système solaire inclus, comme aurait pu dire l'esthète Helvète Estèbe, qui ne perd jamais une occasion de ne pas garder sa langue dans sa poche, surtout lorsqu'il s'agit de lapper du Jaune! Autant de questions qui devraient rester sans réponses, mais au moins, j'aurais fait mon possible d'essayer!
    Pour cela, une seule solution, direction Château Chalon, au domaine Macle, pour y retrouver Laurent, le fiston de la famille, qui nous a concoté une nouvelle fois une dégustation exceptionnelle.

    "Petite" mise en bouche par une série de Chardonnay sélectionnés sur fûts, avant d'attaquer la grande verticale de Savagnin:

    - Chardonnay 2006: toujours en cuve, celui-là, malo non faite. Il exprime un fruité primaire gourmand, avant de se laisser aller à un peu de mordant en fin de bouche.

    - Chardonnay 2005: une année supplémentaire d'élevage, et le voile a fait son apparition. Prélevé sur un fût relativement récent en provenance de Bourgogne, il est encore marqué par une légère note boisée qui n'est absolument pas la marque du domaine et qui sera complètement gommée à la fin de l'élevage oxydatif. Petite note "éthanal", vernis à ongles, et grande longueur. Un vin déjà pourtant doté d'une suprême élégance!

    - Chardonnay 2004: le premier nez n'est pas d'une grande netteté, très levurien, un peu iodé, la signature d'un voile épais, d'après Laurent Macle. La bouche est ample et puissante, marquée par une grande acidité et une rétro sur les épices et la noix.

    - Côtes du Jura 2004: le même que précédemment, assemblé à 15 à 20% de savagnin, ce qui correspond au "standard" du domaine en appellation Côtes du Jura. L'apport du savagnin dans l'équilibre est fondamental sur un millésime aussi délicat que 2004. Le nez est franc, pur et droit, la note levurienne n'est plus perçue. La bouche possède plus d'allonge, est mieux constituée, la finale se fait sur une belle acidité salivante.

    - Chardonnay 2003: un échantillon sous voile prélevé avant la dernière mise de ce millésime. Le nez est tout à fait caractéristique d'une très belle oxydation fine, sur les épices et la pomme. Un vin rond, gras et soyeux en bouche, qui ne manque pas de nerf.

    - Côtes du Jura 2003: nez légèrement malté, sur les épices douces et le froment. Toujours de la levure, mais dans ce qu'elle apporte de mieux au vin. Bouche élégante et fraîche, avec une belle acidité finale.

    - Côtes du Jura 2000: un lot de millésime plus ancien remis à la vente après avoir subi une légère filtration qui lui faisait défaut à l'époque de sa première commercialisation. Cela permet d'attendre les premières mises de 2004, qui démarrent tout doucement, le 2003, une superbe réussite, étant désormais épuisé au domaine. Nez discret avec une pointe de menthol. Bouche arrondie, développant une pointe de gras. Long et harmonieux, un joli vin prêt à boire!

    - Côtes du Jura 1996: superbe nez d'une grande pureté, légèrement malté! D'une droiture parfaite en bouche, il est long et puissant, d'une persistance intense, mais toujours d'une grande finesse. Un très beau vin, issu d'un millésime très réussi ici.

    - Savagnin 2006: prélevé sur cuve, un Savagnin tout nu, avant la formation du voile. La robe est encore trouble, le premier nez réduit fugacement, sur des notes de caoutchouc. En bouche, le fruité domine, sur le pamplemousse, sans l'amertume, d'une grande gourmandise. Une petite perle signe vraisemblablement le début de la fermentation malo-lactique.

    - Savagnin 2005: prélevé sur fût, comme les suivants. Le voile est pudique, encore discret, mais il me semble déjà en percevoir l'apport au niveau de la trame du vin. Un peu moins fruité, un peu plus minéral, pas encore totalement oxydatif, déjà très élégant.

    - Savagnin 2004: le voile fait son oeuvre, nappant le vin d'arômes de pommes plus marqués, tandis que la structure s'étoffe, se densifie et s'enrichit. Pas l'éclat du 2005, mais une belle matière pour le millésime.

    - Savagnin 2003: le voile s'emballe, mais probablement du fait d'un effet millésime. Le nez claque sur l'éthanal, avec ses flaveurs de noix verte, ce qui n'est pas la marque habituelle des vins du domaine. Bouche large, riche et puissante, mais ne tenant qu'imparfaitement sur la longueur.

    - Savagnin 2002: un voile d'une grande délicatesse, presque sensuel, a recouvert ce vin aux senteurs florales et aux arômes discrètement levuriens, sur la mie de pain. Le retour vers la finesse. Le fruit n'est pas masqué, l'acidité est bien présente. Longueur et droiture semblent caractériser ce superbe futur Château Chalon. On approche tout doucettement du produit fini.

    - Savagnin 2001: sur celui-ci, exit le voile, il est en bouteilles; son élevage s'est arrêté au bout de trois années pour cause de déclassement complet du millésime avant la vendange. Un "simple" Côtes du Jura, donc, une cuvée de Savagnin pur, collector qui n'est pas à la vente. Il y en a de toute façon très peu, une grande partie de la (petite) récolte étant passée dans l'assemblage de Côtes du Jura du domaine. Nez légèrement caramélisé, avec un soupçon de végétal. Un peu mou en attaque, il se reprend en finale pour délivrer une acidité bienvenue sur une sensation un peu chaleureuse.

    - Savagnin 2000: le futur Château! Bientôt mis en perce à la Percée de Salins les Bains. Le voile a fait son oeuvre. Assez classiquement, avec un nez sur la noix et les épices douces. La bouche s'harmonise, avec beaucoup de rondeur, rendant ce nectar déja bon à avaler!  Au fur et à mesure que le Savagnin prend le voile, le Château Chalon se dévoile. Il lui a fallu 6 ans pour peaufiner ce petit bijou, il était temps de le découvrir! Il ne sera néanmoins pas commercialisé avant le printemps, une fois les 99 définitivement écoulés (ils sont toujours rationnés), ceci afin de combler le vide laissé par le millésime 2001.

    - Château Chalon 1999: le lot 02, bientôt épuisé, possède un superbe équilibre dans la droiture, avec une grande trame acide. Le lot 03, bientôt en vente, est pour l'instant légèrement différent, sur des notes de marc. Il n'est pour l'instant pas complètement en place, à mon avis. Avec le temps, d'après Laurent Macle, les mises différentes d'un même millésime finissent par tendre vers la même expression.

    - Château Chalon 1988: pour être convaincu du statut de plus grand vin du monde du Château Chalon (Curnonsky en cite 4 autres, mais je n'en ai retenu qu'un, le principal, en fait!), il faut pouvoir goûter un jour à l'un de ces clavelins affinés par le temps. La robe dore comme les blés. Le nez est superbe et épanoui, sur le moka, l'écorce d'oranges confites. Un rien minéral, avec quelques notes type hydrocarbure qui apportent de la complexité et de la tension. En bouche, c'est d'une grande douceur. L'acidité porte le vin délicatement jusque dans une finale harmonieuse d'une grande beauté. Incrachable!

    En trois petites heures, une joyeuse bande de détectives amateurs a réussi à résoudre l'énigme du voile. Enfin, résoudre...!  Approcher! Jack Palmer, l'homme au chapeau mou, serait quand même fier de nous.

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    (Dessin extrait de Wikipédia)

     

     

    Merci à Laurent Macle de nous avoir offert un tel moment de plaisir.

    Vivement la Percée 2007!

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    Olif

    P.S.: On peut également aller consulter à loisir les notes prises par l'ami Zappa lors de cette dégustation sur le Forum des Dégustateurs.

  • Ayze, 281-283 rue du Gringet

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    En Savoie, on fait du vin, cela devrait commencer à se savoir un petit peu, et pas que dans les milieux autorisés. Maintenant, voilà qu'on en fait même chez la dame, dans la Hiaute, et du bon, en plus, à se demander pourquoi le chanteur-vigneron Francis Cabrel n'est pas venu dormir ici lorsque l'envie lui prit de faire pousser deux trois ceps au lieu de la chansonnette!

    Et comme si produire du vin ici n'était pas une originalité suffisante, Ayze s'est taillé une réputation dans l'élaboration de vins mousseux. Méthode traditionnelle avec un cépage qui l'est moins! Du Gringet! Du quoi? Du Gringet! Cela aurait pu ressembler à du Savagnin jaune, ce que tout le monde croyait plus ou moins, mais la génétique a eu raison de cette belle histoire: ce n'en est pas! Merci la science, et bravo quand même!

    Quand on remonte la Côte d'Arve depuis la bonne ville de Bonneville, on est fort aise d'arriver à Ayze. Qu'il faut prononcer "A-i-i-ze", ne vous en dépla-i-i-se! Un peu plus loin, on prolonge jusqu'à Marignier, là où la paix eût pu nicher, si Bobby eût été savoyard.

     

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    281-283 rue du Gringet, par contre, c'est là qu'on peut dénicher le domaine Belluard, actuellement dirigé par Dominique Belluard, qui nous reçoit en cette fin de matinée tristounette du point de vue météo. Le domaine Belluard, c'est 12 ha de vignes, dont 8 en biodynamie, 3 types de sols (des éboulis calcaires, des sédiments de glaciers et des argiles rouges, riches en fer) et 1 cépage qui n'a pourtant rien d'un mollasson, mais qui s'épanouit sur ce terroir de molasse, le Gringet.

    Trois en un, découverte d'une appellation, d'un cépage, d'un vigneron. A quoi ressemblez-vous donc, petit Gringet?

    On commence par les 2006, sur cuves, et par terroirs successifs. Les conditions barométriques de la journée (apparition d'une dépression en provenance de l'Islande, de quoi filer un gros coup de déprime) font travailler les vins qui se goûtent sous l'angle de la réduction. Sur éboulis calcaires, transparaît la minéralité, malgré des notes fruitées fermentaires de poire. Les sédiments de glaciers apportent une note fumée et plus de volume sans nuire à la sensation minérale. Le Feu, sur argiles rouges, est un vin tendu et minéral, à la grande maturité de fruit, sur les agrumes; il démarre sa fermentation malo-lactique et Dominique Belluard laisse volontiers beaucoup de carbonique en cours d'élevage afin de diminuer l'apport de soufre. Le 2006 destiné à la méthode traditionnelle est tonique et vif, acidulé, droit et minéral. Un joli vin tranquille qui n'attend que la prise de mousse!

    Si l'élevage s'effectue principalement en cuve inox, ce contenant bien pratique ne satisfait pas pleinement Dominique qui souhaite couver ses vins au mieux. Et pourquoi pas en oeuf béton, alors?

     

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    Impressionnants, ces oeufs! La grande classe! On en a gobé un ou deux, juste pour voir! Suivant l' ancienneté de l'oeuf (un ou deux vins), le même jus se présente et se goûte de manière étonnament différente: le premier arbore une robe claire et tend vers la minéralité, restant pur et droit; le second affiche une robe encore trouble, joue sur les agrumes et le versant acidulé, avec une légère dureté accentuée par un carbonique plus marqué.

    Passage au Sarto, un genre de Carnodzet mais en plus savoyard, pour s'attabler autour du vin en bouteilles, bientôt rejoints par Monsieur Belluard Père, à l'oeil pétillant comme un vin d'Ayze, surtout lorsqu'il chamaille son fils.

    Gringet 2005, Cuvée des Alpes
    Nez frais, aromatique. La bouche possède du gras et de la tension. Un vin élégant, pur et droit, à l'apparente simplicité qui confine à l'épure.

    Gringet 2005, Le Feu
    Nez intense et puissant, sur les agrumes confits et l'écorce d'orange. La bouche possède du volume, du gras et de la densité. Minéralité et droiture, longueur et persistance, voilà une très belle bouteille produite sur ce fameux terroir d'argiles rouges. 4 g de sucre résiduel témoignent de sa grande maturité et de sa richesse, sans pour autant gêner la dégustation.

    Ayze Méthode traditionnelle 2004
    Brut dosé à 4-5 g. Un vin frais à la bulle tonique, vif, net, à la finale légèrement fumée et minérale.

    Ayze cuvée Mont-Blanc 2003
    Cuvée non dosée, ayant passé 3 à 4 années sur lattes. Premier nez lactique fugace, puis surgissent les fruits jaunes et la mirabelle, sur fond de brioche dorée. Equilibre arrondi mais restant frais, un Ayze très vineux, élégant et néanmoins minéral. Chapeau!

    Oui! Chapeau l'Ayze, chapeau le Gringet, chapeau Monsieur Belluard! Et pendant qu'on y est, chapeau Marc Veyrat, le savoyard au chapeau, même s'il n'y est pour rien sur ce coup-là.

     

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    Aah! la Savoie... Même la Hiaute!


    Olif

  • Stéphane Tissot, la totale, mais pas l'ultimate!


    Stéphane m'avait pourtant prévenu: "Ne venez pas trop tard, on fera la totale!" Et ce n'est pas le peu de retard sur notre timing qui allait nous en empêcher! Une fois de plus, grande leçon de terroir, que l'on pourrait sous-titrer "Au Pays des Jivaros jurassiens". Ou comment, suivant la nature du sol, le vin va être très réducteur ou non au cours de l'élevage. De quoi en perdre la tête! Une constante dans la comparative, verre en main, des terroirs argileux versus les terroirs calcaires. La Mailloche réduit, pas Les Bruyères! Ajoutez à cela la différence entre fûts, plus ou moins âgés, et cette composante sera plus ou moins marquée.  Pas simple, tout cela! Le mieux est de se laisser guider, au pas de course, par Stéphane, avide de regoûter à certaines choses en même temps que nous.

    On commence par l'ambiance classique du caveau, avec les blancs ouillés, en bouteilles et à la vente:

    - Arbois Chardonnay 2005
    L'entrée de gamme du domaine, nouvelle version (première mouture en 2004). Une entrée haut de gamme, avec un nez fruité, frais, précis, mais une certaine opulence liée à la richesse du millésime. Du plaisir immédiat, net, sans bavure, un superbe rapport Q/P!

    - Arbois Les Graviers 2004
    16 mois d'élevage. Nez droit, minéral. Bouche acidulée, tranchante, presque aiguisée. Un Chardonnay sur terroir calcaire dans un style très minéral que j'affectionne beaucoup.

    - Arbois La Mailloche 2004
    Nez légèrement plus réducteur, mais la constante fumée et épicée apparaît rapidement à l'aération. Bouche ample, belle matière, complexe, fumée, argileuse et minérale. Cette Mailloche est très Mailloche, et se goûte plutôt bien actuellement, même si nous l'avons fait un peu rapidement.

    - Côtes du Jura Chardonnay En Barberon 2003
    A peine soufré à la mise car il n'a pas réussi à finir tous ses sucres! 4 g de résiduel. Déjà bien en place, il comporte acidité et gras, avec une pointe de CO2 volontaire pour assurer le liant. Un vin riche et complexe.

    Arbois_2006_008 - Arbois La Tour de Curon, Le Clos 2004
    Premier millésime de cette bientôt très célèbre tour. Troisième feuille récoltée à 14,3 ° potentiel. Le premier nez révèle une petite note anisée, puis de l'orange confite, et tout se joue ensuite dans le registre le plus délicat qui soit malgré la richesse phénomémale de constitution. L'acidité majestueuse, tout en finesse, souligne constamment la matière, jusque dans l'immense et longue finale. Un vin qui laisse pantois, et que nous regoûterons, par bravade, derrière la série des oxydatifs et le superbe Jaune 99. La Tour tient bon et impose sa matière derrière le Jaune!

    Il est temps d'aller faire un petit tour en cave et de dégainer la pipette!

    - Chardonnay 2005, base de Crémant
    Histoire de se refaire la bouche derrière la Tour, ce Chardonnay tranquille, à la fois vif et riche, brioché et fruité, est destiné à buller, probablement en compagnie d'un peu de 2006, ceci afin d'assurer un standard de Crémant au Domaine, à la manière des BSA des maisons de Champagne. A moins qu'il ne soit millésimé au vu de son grand potentiel?

    - Arbois Les bruyères 2005
    Un vin "pas possible", à la matière riche, mais dont la droiture, l'acidité et la longueur sont exemplaires! Une superbe minéralité!

    Les fûts de 2005 s'enchaînent et il est dur de continuer à prendre des notes! Le Clos de la Tour, Les Graviers, moins réducteur du fait de son terroir calcaire, En Barberon (retour vers la réduction), La Mailloche... Tous ces vins en cours d'élevage sont extrêmement prometteurs.

    Encore plus dur, on passe aux 2006! On en profitera pour saluer l'apparente qualité d'un tout nouveau tonnelier, Chassin, dont les fûts neufs savent rester en retrait et ne pas marquer le vin. La Mailloche, Les Bruyères, En Barberon (sans soufre), La Tour de Curon, qui curieusement a déjà terminé ses sucres, contrairement à tous les autres vins (7 fûts en tout et pour tout, nous en goûterons 6!), autant de belles réussites potentielles car 2006 devrait être très grand ici (maturité optimale précoce des baies, à l'origine d'une vendange précoce, avant les pluies). En rouge, 3 fûts différents de Trousseau. Le deuxième est le meilleur, ne me demandez pas pourquoi! Tout ce que j'ai retenu, c'est que 2006 sera une grande année à Trousseau pour Stéphane, comme 2005 est grande pour les Poulsards.

    Retour au caveau, pour un aperçu des rouges en bouteilles! A partir de 2005, tous les Poulsards sont vinifiés sans soufre, et malgré tout plus typés terroir que mode de vinification, ce qui n'est pas forcément évident.

    - Poulsard 2005
    Premier nez lactique, un peu végétal. Fruité croquant, matière sympathique avec de la mâche en finale.

    - Poulsard Les Bruyères 2005
    On retrouve là la marque plus classique des Poulsards, sur un joli fruité épicé, même s'il possède beaucoup de fraîcheur gourmande.

    - Arbois Trousseau Singulier 2005
    Beaucoup moins singulier que son grand frère millésimé 2004, ce Trousseau affiche une belle robe rubis bien propre. Concentré mais encore un peu tannique en finale, on lui laissera un peu de temps pour s'exprimer au mieux. Le 2004 regoûté vite fait en parallèle se porte beaucoup mieux actuellement, même si sa robe se singularise toujours autant.

    Arbois_2006_009 Ensuite, direction le hammam, pour y goûter au Savagnin 2003, prêt à être embouteillé. Hammam temporaire car Stéphane utilise beaucoup la vapeur pour nettoyer et stériliser ses installations, ce qui était le cas ce jour-là. Ambiance moite et chaleureuse garantie!

    Pour se faire la bouche, une petite rincette au Traminer 2004, toujours aussi frais et fruité, puis, pour le fun, un Gringet de Dominique Belluard à Ayse (désolé, j'ai zappé le millésime!), élaboré dans le même esprit et possédant beaucoup de similitudes avec le précédent.

    Arbois Savagnin 2003
    L'oxydatif selon Stéphane. 3 ans d'élevage sur lies sans ouillage. Un vin qui allie puissance et finesse, fruité et caractère oxydatif, gras, onctuosité et fraîcheur. La finale se rapproche de celle d'un jaune par sa longueur et ses notes miellées d'épices douces. Un futur monstre sacré. L'assemblage avec du vin de voile destiné à élaborer le Jaune 2003 a permis à Stéphane de goûter ses "sélections parcellaires" de Jaune avec déjà des différences gustatives selon les terroirs, ce qui promet des choses passionnantes à l'horizon 2009!

    Vin Jaune 1999
    Une grande réussite que ce vin jaune finement oxydatif et très long. Il préfigure certainement les futurs vins jaunes de terroir chers à Stéphane, qui devraient bel et bien confirmer que la notion de "terroir et oxydation ménagée" a bel et bien un sens.

    Après un petit retour sur la Tour (cf supra), on attaque les liquoreux, parce que, finalement, l'heure tourne!

    Vin de Paille 2003
    Scoop! La grande nouveauté au domaine, cette année, c'est le retour d'un vrai Vin de Paille, 200g de SR, 14,5° d'alcool, même si Stéphane reste convaincu que l'avenir du Paille reste dans la recherche de la concentration et la complexité, au détriment de l'alcool. Celui-ci présente un nez original, sur le tabac blond à pipe, un peu miellé et fruits secs. La texture reste riche et onctueuse malgré l'acidité soutenue. L'anti-Spirale!

    Spirale 2004
    On retrouve la caractéristique des millésimes précédents, à savoir une minéralité type mine de crayon et des notes de coing. Texture onctueuse, non sirupeuse et rondeur gourmande. Le sucre passe tout seul! Quand on aime ça!

    Audace 2005
    Ploussard passerillé, ce 2005 affiche 8,5° d'alcool pour 320 g de SR. Peut-être moins abouti que la première version 2004, cela reste un vin original et plaisant en mesure de se tailler une petite place entre Banyuls et Maury.

    PMG 2003
    460 g de SR pour environ 6° d'alcool. Comment résister à une telle gourmandise? C'est fort en sucre, mais ce n'est jamais lourd. La richesse et la concentration de ce moût est vraiment phénomémale. A réserver aux amateurs et à lamper par petites gorgées près de la cheminée!


    "La vie est belle dans le Jura!" Ce sera le mot de la fin, tout droit sorti de la bouche de Stéphane.


    Pour mémoire, l'adresse du tout nouveau site internet du domaine: http://stephane-tissot.com/


    Olif

  • La Tournelle, bar à vins, bistrot, cave, domaine...

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    Après le succès de son Bistrot d'été, en bordure de Cuisance, Pascal Clairet n'a pas hésité bien longtemps avant d'ouvrir la version Hiver, dans son caveau de dégustation du Domaine de la Tournelle. Quelques coups de marteau et de tournevis à donner, et tout sera prêt pour recevoir les premiers clients. Même formule, avec des vins au verre, ceux du domaine mais pas seulement, et quelques bricoles à grignoter.

    Pour découvrir une grande partie des vins du domaine, nous descendrons quelques marches pour déguster à la cave, au milieu des fûts, dans la fraîcheur d'un endroit pourtant chaleureux.

    Arbois_2006_003

    L'Uva Arbosiana 2005
    Ploussard en macération carbonique pour la soif! Nez fruité, craquant, bouche tonique, sans que le gaz ne marque trop. Un vin de comptoir que l'on peut garder quand même quelques années.

    Arbois Trousseau des Corvées 2004
    Vendangé fin octobre, ce Trousseau a été cuvé peu de temps pour préserver le fruit et la fraîcheur. Simple et droit, minéral, respectant bien le fruit, on peut tout juste lui reprocher un manque de longueur.

    Arbois Trousseau des Corvées 2005
    Belle couleur, soutenue et brillante. Si le premier est un peu réduit, cela s'estompe vite, et la bouche possède un fruité incomparable, avec de la rondeur et des tanins très fins. La finesse, credo de Pascal, avec des rendements très faibles.

    Chardonnay Les Corvées sous Curon 2006
    En cours de fermentation, il délivre un fruité primaire intense, une quintessence de poire William qui promet beaucoup.

    Chardonnay Terre de gryphées 2002
    Nez très ouvert, intense, encaustique, agrumes bien mûrs, associé à une grande minéralité argileuse. Bouche large et longue, finale salivante et acidulée. Superbe!

    Chardonnay Corvées sous Curon 2003
    Nez mûr et riche, sur la peau d'orange. Droit dans ses bottes en bouche, son acidité naturelle est bien présente, manquant peut-être un peu de fondu à l'heure actuelle. Petite amertume finale qui rappelle l'écorce d'orange du premier nez.

    Chardonnay Terre de gryphées 2003
    Premier nez anisé, fenouil, bouche soyeuse et onctueuse, avec du gras et de l'acidité, plutôt bien fondue dans la masse. La mise est récente, le vin mérite encore un peu de temps pour bien se mettre en place.

    Fleur de Savagnin 2004
    Premier nez suicidaire qui sent l'autolyse à mort! Une fois les dessous de bras bien aérés, on retrouve une belle expression de savagnin ouillé, mûr, récolté à 12,5° potentiels, ce qui est plutôt très bien dans le millésime 2004. Belle structure et équilibre en bouche très plaisant. A carafer ou à attendre, pour découvrir un pied de reine sous des sabots tout crottés!

    Fleur de Savagnin 2003
    Nez riche et puissant, caramélisé. La bouche possède une acidité naturelle presque tranchante, pure et droite. Voilà un savagnin qui n'a pas souffert de la canicule, possédant une belle fraîcheur malgré sa richesse de constitution.

    Arbois Solstice 2004
    Une vendange tardive de savagnin, parfaitement sèche, magnifique de pureté, apte à amadouer bien des grands loups helvètes. A boire en bonne compagnie, à toute heure du jour et de la nuit, sur les recommandations du petit chaperon rouge.

    Arbois Solstice 2003
    16,6°! Celui-ci a un peu cuit pendant la canicule! Premier nez légèrement oxydatif, sur l'écale de noix, malgré l'ouillage. Embouteillé avant le 2004, puis débouteillé en raison d'une reprise de fermentation et des bouchons qui sautaient tout seuls (il n'avait pas réussi à finir tous ses sucres!), il est dans une phase curieuse où il n'arrive pas véritablement à choisir son camp. Note miellée et sucrée en finale, comme on peut retrouver sur les savagnins de voile.

    Savagnin de voile 2002
    Nez oxydatif très fin sur les épices douces. De la rondeur, à peine chaleureuse en milieu de bouche, qui s'estompe et se perd dans une longue et jolie finale.

    Vin jaune 1999
    Nez un peu fermé, mais déjà très élégant, dans la finesse, sur des notes maltées. Bouche dense et profonde, méditative, longue finale acidulée. Très beau, un jaune comme je les aime!

    Vin de Paille 2002
    Robe cuivrée. Superbe nez sur les fruits secs et les raisins de Corinthe. Bouche riche et onctueuse sans perception trop marquée du sucre, arrondie par l'alcool, à l'équilibre subtil et aérien. Très beau!

    Vin de Paille 2005
    Prélevé à la bonbonne, il possède déjà une robe ambrée. Encore très peu alcoolisé, il est gourmand et fruité, avec une acidité et un équilibre déjà remarquables.

    Envie d'un verre de vin? De plusieurs? Suivant vos disponibilités et votre soif de découverte, le Bistrot ou le caveau de Pascal Clairet sont grand ouvert, sur la Petite Place d'Arbois!

    Olif

  • Le Valaisan Robert Taramarcaz et ses Muses à la conquête du Jura Neuchâtelois

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    Il fallait se lever de bonne heure, ce samedi 11 novembre 2006, pour profiter de La vue des Alpes, au col éponyme, entre La Chaux de Fonds et Neuchâtel (CH). Le 11/11 à 11h11, on ferme ! Rideau ! Fini, la vue des Alpes! Pluie et brouillard. Juste le temps de capter un reflet doré sur le lac et la silhouette fantomatique des sommets alpins helvétiques, puis direction le Chalet de l'Hopital, à 500 mètres de là, pour une rencontre vinique délocalisée sur les hauteurs, organisée par Valais_006, amateur passionné déjà instigateur d'une patrouille valaisanne printanière. Cette fois-ci, le Valais est venu à nous, en la personne de Robert Taramarcaz, du Domaine des Muses, efficacement secondé au service par sa charmante épouse. Créé à Sierre en 1993 par les parents Taramarcaz, le domaine a pris un nouvel élan depuis 2001, date à laquelle Robert l'a rejoint après avoir bourlingué entre Bourgogne, Nouvelle-Zélande et Changins, pour parfaire ses connaissances et obtenir ses diplômes d'oenologie. Son objectif: positionner d'emblée ses vins dans le haut de gamme en travaillant de façon optimale à la vigne comme à la cave et valoriser leur image en les associant à ses deux autres passions qui sont l'art et le théâtre. Des Muses bienveillantes, dont certaines ont donné leur nom à des cuvées prestigieuses du domaine.

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    On commence la dégustation par les rouges, selon les habitudes de Robert, qui apporte un éclairage sur ses vins en même temps que nous les découvrons dans le verre.

    La_vue_des_alpes_015 - Cornalin 2005
    Travaillé comme un vin de fruit, la véritable vocation de ce cépage selon Robert. De fait, intensément fruité, sur la griotte, avec une pointe animale. La belle acidité rend la bouche fraîche et nette, droite et charmeuse. Cépage difficile, le Cornalin mérite qu'on le bichonne de cette façon.

    - Pinot Noir Réserve 2004
    Elevage barrique de 10 à 12 mois pour une jolie définition du Pinot noir, au grain très fin et au boisé discret, très septentrional dans l'esprit, droit, possédant beaucoup de fraîcheur. Issu de vignesLa_vue_des_alpes_014 situées sur la rive gauche du Rhône, là où l'ensoleillement est le moins important, une zone qui convient plus particulièrement au Pinot, surtout si l'on veut élaborer des vins construits sur la fraîcheur et éviter les notes complètement cuites de pruneau que l'on retrouve fréquemment en Valais sur des terroirs trop chauds. Une belle réussite!

    - Syrah 2005
    Assez typique, fruitée, poivrée et réglissée au nez, elle possède une bouche charnue, acidulée et fraîche, le credo des Muses en matière de vin.

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    - Fendant 2005
    Nez sur la fleur de vigne, la pêche blanche, minéral et un peu crayeux. La bouche est soyeuse et grasse, sous-tendue par la minéralité et une pointe de gaz pour la tonicité. C'est frais, gras et minéral en même temps. Une interprétation plutôt classieuse du Chasselas, vraisemblablement liée à ses origines, de vieilles vignes situées sur Vétroz et Conthey. Un Fendant qui risque d'être élevé bientôt au rang de spécialité, si l'arrachage intensif se poursuit anarchiquement au profit de cépages jugés plus rentables (la petite arvine), mais pas toujours opportuns en remplacement du Chasselas.

    - Humagne blanche 2005
    Au nez, c'est un panier de fruits exotiques (mangue, ananas), témoignant d'un élevage un peu appuyé, mais c'est volontaire, l'humagne blanche  possédant suffisamment de structure, d'une manière générale, pour supporter le bois, ce qui demande au vin un peu de temps pour se fondre, d'après Robert. La bouche est fraîche, cossue, longuement persistante, légèrement tannique en finale, une des caractéristiques de l'Humagne. Si beaucoup lui reprochent son boisage trop marqué, je trouve ce vin empreint d'une certaine élégance et suis curieux de le regoûter dans quelque temps. C'est pour moi une des plus belles Humagnes blanches que j'aie eu l'occasion de goûter, mon expérience n'étant toutefois pas immense dans ce domaine.

    - Petite Arvine 2005
    Asez typique, avec son nez salin, sur les agrumes et la rhubarbe. L'attaque est ronde, riche, la finale salivante à souhait, mais pas trop, l'amertume habituelle étant atténuée par une légère sucrosité volontaire. Très peu, et ce n'est pas gênant, même si les puristes la préfèreraient parfaitement sèche.

    - Muscat flétri 2005
    Une interprétation particulièrement intéressante du cépage: récolté en plusieurs tries et passerillé sur cagette. Le nez est joliment muscaté et la bouche possède un équilibre aérien, bâti sur la fraîcheur, dans un style plutôt demi-sec, léger et gourmand (25 g de SR environ).

    - Polymnie Séduction Or 2004
    La_vue_des_alpes_016Un petit verre de poésie? Voilà qui est fait avec cette Muse à base de Malvoisie (20%) et Ermitage (80%), élevée en barriques neuves à chauffe forte. Du pur botrytis qui truffe un peu au nez (la marsanne), et qui part sur des notes d'olive verte et de mine crayon. Malgré sa richesse et sa puissance, le vin reste frais. Le bois est encore présent mais n'est là que pour consolider la structure du vin et soutenir le caractère légèrement oxydatif de la marsanne. Une gourmandise de plus!

    Une dégustation "taramarquable", pour reprendre le bon mot de Nathalie, et un domaine avec lequel il faudra compter en Valais. Les Muses semblent disposées à veiller sur lui!

    La_vue_des_alpes_006 Travelling arrière. Il pleut toujours sur la vue des Alpes. Fondue enchaînée. Et dégustation comparative de Chasselas pour le fun. Pas deLa_vue_des_alpes_020 notes, l'instant était à la convivialité, mais le Fendant 2005 des Muses et la Pierre de Soleil 2005 de Jérôme Giroud remportent la palme. Jusqu'à ce qu'un Arbois Fauquette 1999 de Michel Gahier, surgi de nulle part, ne vienne brouiller les cartes. Celles des Jurassiens français, en tout cas. On ne se refait pas! Et puis (par quel miracle? Si, je sais, une bande de joyeux alsaciens se trouvait dans l'assistance!), un Pinot Noir sans soufre 2004 de Bruno Schueller. Totalement surréaliste! Du bonheur!

    Clap de fin!

    Olif

     

  • Jean-Marc Brignot, le vigneron arboisien qui monte en fléchettes

    Jeanmarc_brignot_005 Jeanmarc_brignot_004

    Molamboz, Jura. Village du vignoble, dans la plaine arboisienne. Un des rares endroits au monde où l'on déguste et boit du vin tout en jouant aux fléchettes au son de Brassens. Un genre de Pub à vins naturels, accent normand inclus. Celui de Jean-Marc Brignot, qui a convié le GJP* à un match amical autour d'une bonne bouteille, voire plus si affinités.

    Alliance jurasso-normande pour une dégustation les pieds sous la table, accompagnée d'une véritable poule au blanc, d'un authentique Camembert et d'une non-moins réelle tarte flambée pommes-raisins. Ne manquait qu'une bolée de cidre pour que l'illusion soit parfaite. Heureux normands qui pourront également célébrer le mariage de la pomme et du raisin dans pas bien longtemps. Où? A Caen. Quand? Les 25 et 26 novembre prochains. La crème des vins naturels en Normandie, ce sera une grande première!

    Caen1Caen2

    Petit aperçu de la production du représentant jurassien (spéciale dédicace à l'intention des Normands, mais aussi des Auvergnats, Les Dix Vins Cochons, c'est la semaine suivante à Chateldon):

    - Arbois Soliste 2004
    Savagnin de cuve sous voile pendant un an avec 20% de raisins botrytisés. Le nez est très finement oxydatif, d'une grande netteté et élégamment défini. La bouche s'enrobe progressivement, gagnant en harmonie au fil du temps. La finale est joliment croquante, avec des arômes d'épices et d'écale de noix. Un vin dorénavant bien en place, qui procure beaucoup de plaisir.

    - La Foudre d'Escampette 2005
    Une gourmandise Pet' Nat' en passe de devenir un des grands classiques de la maison. Pur chardonnay rond et tonique, avec une légère sucrosité résiduelle et une "bulle qui nettoie", cette Foudre d'Escampette est idéale pour prendre la poudre d'escampette! "Humour!" se serait écrié Antoine Decaunes et nulle part ailleurs! "Et vous trouvez ça drôle?" lui aurait répondu Pine d'huître! "Pine d'huître, il a pas d'organe! Pine d'huître, il a pas d'organe!" Comprenne qui pourra!

    Après ces deux vins blancs apéritifs, l'assemblée s'est soudain mise à chanter à tue-tête: "Viens Poupoule, viens Poupoule, viens!" Poule au blanc et au rouge, une réponse jurassienne à la normande!

    - Arbois PP 2005
    2/3 Ploussard, 1/3 Pinot noir. A moins que ce ne soit 2/3 Ploussot, 1/3 Pinard. A vérifier sur l'étiquette. Le premier nez est un peu sauvage, légèrement réducteur. Il change vite à l'aération. La bouche est fruitée, charnue, ronde et croquante. La finale présentait antérieurement, d'après Jean-Marc, une petite pointe d'oxydation que l'on ne retrouve pas cette fois-ci. Les tanins sont un peu marqués avec une note balsamique volatile. La mise est récente, le vin est en train de se mettre en place, son humeur est changeante actuellement, mais le potentiel est indéniable. A suivre avec intérêt!

    - Arbois PBG 2005
    Encore un vin indécis, au nom définitif incertain. PBG, pour Parcelle en Bas à Gauche. A moins que ce ne soit Ploussard Bien Gaulé! Une couleur, une matière et une concentration impressionnantes! Le premier nez est sur l'amande amère, l'Amaretto, la griotte. "C'est du bizarre" pour un Ploussard! Surtout que pour l'instant, il ne tient pas en place! Mais quel vin! Lorsqu'il se sera un peu assagi et stabilisé, on devrait tenir là une des toutes grandes expressions de ce cépage si capricieux.

    - Arbois Cuvée Marc 2005
    95% Ploussard, 5% Trousseau, en complantation. Une robe d'une intensité et d'une concentration inhabituelles pour un Ploussard. Inhabituelle n'est plus tout à fait le mot exact, au vu de la robe des deux vins précédents, mais celle-ci est noire comme de l'encre, ou presque. Et c'est du Ploussard! Il va falloir que je reprenne rendez-vous avec mon ophtalmo! Le nez est cacaoté, un peu balsamique, avec une petite pointe de végétal. La matière est superbe, comme "toute la came" rentrée ici en 2005. Superbe!

    - Arbois Trousseau 2005
    Une cuvée qu'il va falloir baptiser, maintenant le dépucelage effectué! Exit le Trousseau du Puceau, la version 2004, qui par définition sera unique, vive le Trousseau 2005, dont la robe de soirée n'a rien à envier à celle de Marc. Rond et croquant, concentré, il y a du vin dans cette bouteille! Un cépage à redécouvrir complètement, au vu de cette interprétation brillantissime!

    - Arbois "Chardonnay pas fini " 2005
    Le nom est loin d'être encore trouvé pour ce vin au stade d'ébauche, encore en cuve. Le premier nez est marqué acétate, mais il s'agit de sa première sortie depuis sa naissance, on l'excusera donc bien volontiers. Un Chardonnay récolté à maturité "optimale", c'est à dire avec beaucoup de botrytis, millésime 2005 oblige. Fermentation non terminée, donc encore un peu de sucre, un chouïa de gaz, mais un fruité charmeur. Fraîcheur, droiture, salinité, volupté pour un équilibre quasiment aérien. Un véritable OVNI, à la fraîcheur stupéfiante.

     

    Mauvais joueur, le Seb claque la porte et dégomme les ailettes! Trop fort aux fléchettes, Jean-Marc! Et en rouges 2005 aussi! Y a pas d'lézard! Même s'il manque à cette dégustation une cuvée dénommée "Que d'lézards". On essaiera de remédier à cela bientôt!

    Olif

    Pour mémoire, à Molamboz, on joue aussi aux cartes, ici et !

     

    * GJP: Grand Jury Pontissalien, secte d’adorateurs de Bacchus, basée sur les hauts plateaux du Doubs et qui n'a de jury que le nom!

  • News arboisiennes

    Profitant d'un séminaire se tenant à la Saline Royale d'Arc et Senans, mon véhicule auto-piloté a, par coupable habitude, prit la direction d'Arbois, me donnant l'opportunité d'une petite prise de température (buccale) post vendange. Pas de fébrilité excessive chez Stéphane Tissot, en train de soutirer ses rouges 2005 pendant que les 2006 fermentent joyeusement. Il fallait couper tôt, cette année, pour avoir terminé avant le dernier week-end de septembre, noyé sous les eaux. Petit paradoxe vigneron, Stéphane fait désormais partie des premiers vignerons à vendanger, tandis que certains (pas forcément les meilleurs) se vantent d'attendre le plus possible, que leur raisin soit bien mûr! Le truc, c'est que Stéphane a constaté que, depuis la conversion en biodynamie, ses raisins sont plus précocément à bonne maturité. Allez comprendre!

    Bon, alors quelques nouvelles de chez André et Mireille Tissot, en vrac et vite fait:

    - le site internet du domaine, tant attendu, vient de voir le jour, et ce n'est pas trop tôt! Perfectionniste comme à son habitude, Stéphane veut en faire un outil exhaustif sur le domaine, à l'usage du professionnel comme de l'amateur, avec études de terroir, fiches techniques, etc.

    - les rouges 2005 (poulsard et trousseau) sont de petites merveilles. Ben oui, on les a goûtés, puisqu'ils étaient en train d'être soutirés! Tous les poulsards du domaine sont désormais vinifiés sans soufre, même la cuvée parcellaire des Bruyères, qui a de nouveau été isolée cette année.

    - Le Clos de la Tour de Curon 2004 va être mis en bouteilles dans une dizaine de jours et ne devrait pas tarder à défrayer la chronique. Par ses qualités, c'est sûr, un équilibre inédit dans le Jura jusqu'alors, et une finale pharaonnesque digne d'un Schoenenbourg de Marcel Deiss ou d'un Batard-Montrachet de Ramonet. Par son prix aussi, qui va en faire tousser plus d'un, de l'inédit dans le Jura également, mais on en reparlera après la sortie!

    - Le Paille 2006 a été récolté en abondance. Les raisins de poulsard et de savagnin commencent à flétrir gentiment et se goûtent déjà bien actuellement. Un ou deux pépins à recracher de temps en temps, quand même! Il y aura de l'Audace, de la Spirale et même le retour d'un véritable vin de paille élaboré dans les règles de l'art.

    - Egalement goûté un délicieux breuvage qui ne ressemble à rien de connu jusqu'à présent, à la couleur rose orangée rappelant étonnamment le pamplemousse rose. Au goût également, mais c'est peut-être de l'auto-suggestion. Beaucoup d'acidité, en tout cas, et du sucre, puisqu'il s'agit d'un trousseau surmaturé, passerillé et botrytisé. Un genre d'accident qui devrait donner naissance à un truc de "ouf"! A suivre avec intérêt!

    Voilà, c'était le JT d'Olif, en léger différé d'Arbois et de Montigny les Arsures. Je vous épargne les sujets passionnants abordés lors de mon séminaire à Arc et Senans!

    Olif

  • Dans le grand bain à Arbin

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    La Combe de Savoie, un jour de pluie. Pas sur la photo, parce que là, c’était neige et soleil le premier janvier 2005, un temps très photogénique! La douche nous a rincé à Arbin! On y (sa)voyait goutte que goutte! Mais il fallait qu’on goûte, coûte que coûte! Goûte que goûte, goutte que goutte! On était venus pour la mondeuse, on a été servis. « Quand c’est trop,…c’est Trosset! », s’écrient en chœur les fidèles du Blog d’Olif! Bingo! Même si théoriquement, il ne faudrait pas trop l’ébruiter. Car il n’y a plus grand-chose à vendre, au domaine! Les 2004 sont quasiment tous écoulés, les 2005 pas encore tous en bouteilles. Néanmoins, une sympathique et passionnante rencontre avec Louis Trosset, bien au chaud et au sec dans sa cave, le verre à la main.

    Mondeuse 2005, Prestige des Arpents
    Nez épicé, un peu végétal, poivré. En bouche, les tanins sont soyeux, grenus, serrés, presque compacts, mais on sent le gras sous-jacent. Un vin encore chahuté par la mise récente, mais déjà bien séducteur.

    Mondeuse 2004, Prestige des Arpents
    Le nez est minéral (pierre à fusil), un peu réglissé, avec une pointe végétale. La matière est relativement souple, lâche, agréable. Un vin franc et net en bouche.

    Mondeuse 2004, Harmonie
    Plutôt fermé au nez, on finit par y déceler quelques notes épicées. Les tanins sont marqués, procurant une sensation de mâche finale. Un vin doté d’une belle concentration, sur la réserve, à attendre quelque peu.

    Mondeuse 2002, Confidentiel
    Le nez est enjôleur: cassis, mûre, myrtille, gelée de petits fruits noirs. Tout en finesse et en élégance, mais bien étoffé, il allie fraîcheur et concentration. Le résultat d’un tri exemplaire à la vigne, le millésime 2002 n’étant pas particulièrement réussi  en Savoie. Un vin d’anthologie, superbe! Mais inutile de se précipiter, il y a longtemps qu’il n’y en a plus! C'était la dernière!

    Condrieu La Doriane 1995, Guigal
    Pas à proprement parler un vin de chez Trosset, mais on l’a bu là-bas! Un élixir de jouvence que l’on peut se procurer dans les bonnes pharmacies du secteur (private joke). Nez superlatif, puissant, riche. En bouche, la richesse s’affirme, la structure est ample, la bouche soyeuse et patinée. Grande longueur et finale à peine chaleureuse, mais la bouteille n’a malheureusement pas pu être rafraîchie suffisamment. Un vin qui impressionne par la largeur de sa charpente, avec un équilibre cohérent de bout en bout, dans un style opulent. Merci au généreux donateur!

    Olif

  • Domaine Dupasquier à Jongieux, toute la noblesse de son Altesse

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    Marestel, Jongieux, Savoie, sur le versant Ouest du Mont de la Charvaz. Un coteau qui surplombe le Rhône, fait d’éboulis calcaires, et qui sied à merveille à son Altesse, le cépage de l’AOC Roussette de Savoie. Un cépage dont les origines, sujettes à polémique, ne sont peut-être pas royales, mais qui produit un vin ayant tous les atouts pour le devenir. Injustement méconnue, son Altesse se donne des faux airs de riesling pour laisser exprimer une superbe minéralité et une grande complexité, l‘apanage des grands vins. Un cépage noble, donc, forcément, avec un nom pareil.

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    Marestel (prononcez Marétel), le cru emblématique de Jongieux est le fleuron de la maison Dupasquier (prononcez comme vous voulez!) dont les caves se situent au pied des coteaux pentus de la Charvaz. Noël Dupasquier est un vigneron d’une gentillesse et d’une humilité rares. Pour lui, le vin se fait tout seul! Ce qui est presque une évidence, à condition, bien sûr, de ramasser des raisins mûrs et sains. C’est là tout le rôle et le savoir-faire de l’homme. Ce qui n’est déjà pas rien! J’en tiens pour preuve, la dégustation qui va suivre!

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    Jacquère 2004
    Un vin apéritif, frais, vif, avec des arômes de fleur de vigne et une acidité de bon aloi. Pour la soif, simple et droit!

    Chardonnay 2004
    Au premier nez, une petite note de réduction presque liégeuse s’estompe assez vite à l’aération. L’attaque possède une pointe de gras, puis une vague acide apporte droiture et longueur.

    Roussette 2004

    Nez acidulé, avec une petite pointe terpénique, un peu hydrocarbure. Un vin droit et minéral en bouche, avec une grande acidité directrice et beaucoup de fraîcheur.

    Marestel 2004
    Nez déjà très minéral, pierre à fusil, très mûr, quand même un peu fermé. La structure en bouche est excitante, prometteuse, à la complexité sous-jacente, avec beaucoup de longueur et une grande persistance aromatique. Une future grande bouteille!

    Roussette 2003
    Un registre totalement différent, mais pas déplaisant pour autant. Nez miellé, confit,  ouvert, évoquant par moment le pain d’épices et la cannelle. On y décèle une pointe de sucre résiduel. Très 2003 dans l’esprit, mais il n’est pas déséquilibré!

    Marestel 2003
    Dans le même style que le précédent, avec un nez très mûr, presque caramélisé. Bouche riche et puissante, longue. Même s’il manque de nerf par rapport à 2004, l’équilibre est cohérent, affirmé, et on le réservera à des plats richement constitués.

    Marestel 2002
    Premier nez éclatant, d’une grande netteté. Bouche admirablement construite, droite, longiligne, avec une acidité porteuse et salivante en finale. Des effluves de tabac blond s’échappent du fond du verre vide…Magnifique, même pour un non-fumeur!

    Marestel 1995
    Robe dorée, nez épanoui, riche, complexe, sur les agrumes confits et un peu d’hydrocarbures, la figue séchée. Beaucoup de minéralité, de la longueur, une finale extravertie. Superbe!

    Marestel 1988
    Nez se révélant progressivement, par petites touches. Finesse et subtilité! Bouche patinée, onctueuse, harmonieuse, dans un registre de crème aux œufs, de champignon. D’une grande douceur, ce vin resplendissant apporte un sentiment de plénitude!

    Fleur d’Altesse 2000
    Une cuvée passerillée sur pied, possédant 25 g de SR. A ce stade, ça goûte quasiment sec, un équilibre sur le fil! Élégant en diable et d’une originalité folle!

    Fleur d’Altesse 2005

    Echantillon tiré sur fût, une cuvée majoritairement botrytisée contrairement au 2000. 55 g de SR, pour un nez très fruité primaire, sur la poire et la pêche blanche, et un équilibre demi-sec subtil et aérien, me rappelant certains vins de ce style privilégiant le fruit et la fraîcheur (Ode à l’Instant présent d’André Ostertag, par exemple). Sauf, évidemment, que celui-ci est en cours d’élevage. Et que la complexité ne devrait pas tarder à arriver!

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    Une magnifique dégustation qui démontre bien que l'Altesse sur un grand terroir produit de grands vins, surtout lorsque l'on a affaire à un grand vigneron. Ne manquez pas ce fabuleux vignoble, au cadre enchanteur, à la cuisine raffinée et aux vins magiques, vieillissant harmonieusement.

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    Je ne saurais que recommander la lecture du n° 79 de la revue Le Rouge & le Blanc, qui consacre un article très élogieux au domaine Dupasquier, et la consultation de ce superbe site sur les vins de Savoie.

    Olif

  • Bienvenue à Aloha!

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    Une bouffée d'air vendéen dans la grisaille jurassienne actuelle, et un petit retour sur les 3èmes REVEVIN de Saint-Jean de Monts pour un compte-rendu en retard sur un tout nouveau domaine digne d'intérêt. L'occasion de saluer l'existence du blog de Samuel Mégnan, que je viens tout juste de découvrir. Un blog sur lequel Samuel nous distille (parcimonieusement) l'apprentissage de son métier de vigneron en Vendée.

    Aloha à Aloha, ce qui signifie Bienvenue à Aloha, en vendéo-hawaïen! Tous les vins sont du millésime 2005, le premier du domaine.

    Aloha, version blanc:
    3/4 Chenin, 1/4 Chardonnay, pour un assemblage plutôt mordant, droit, vif et tonique, au nez possédant encore des arômes fermentaires.

    Aloha, version rosé:
    50% Pinot Noir, 25% Gamay, 25% Cabernet franc. Un joli rosé, rond en attaque, frais, acidulé en finale.

    Aloha, version rouge:
    Assemblage Pinot noir-Gamay, 50/50, en macération carbonique. Un vin élégant et fin en attaque, s'élargissant progressivement. D'une franchise agréable et sans rusticité.

    Aloha, L'âme de fond:
    80% Cabernet franc, 20% Gamay. Robe violine, nez intense, épicé, floral et végétal, sur la violette. Solide structure tannique, mais pas dure ni astringente. C'est bon!

    Aloha, Belharra:
    80% Cabernet sauvignon, 20% Pinot noir. Nez fermé, peu expressif. En bouche, c'est riche et concentré, les tanins sont soyeux, mais serrés et denses. Bonne longueur. Un vin qui mérite d'être attendu, avec la patience du surfeur!

    Un joli tir groupé pour un premier millésime, béni des dieux du surf, il faut bien le reconnaître!

    En bonus, une note sur un vin d'un des "mentors", Christian Chabirand, dont les vins du Prieuré La Chaume commencent à être connus des initiés.

    Prieuré La Chaume, Orféo 2003:
    Robe noire, opaque. Nez puissant, racinaire, sur la gentiane, torréfié, avec des notes de fruits mûrs. La bouche est large, fraîche, tannique, marquée par une amertume finale non déplaisante.

    Olif

    P.S.: pour parfaire ses connaissances sur Aloha, on se replongera avec délice dans les notes de PhR et d'Eric.

  • Jean-Claude FAVRE, à Chamoson, un vigneron «hautement sélectif»!

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    La patrouille du vignoble valaisan, le retour! Lâchement abandonnée à son triste sort il y a quelque temps, pour cause de surbooking et, peut-être, de manque d’inspiration, la revoici, plus fringante que jamais! Nous la retrouvons dès l’aube (10 heures pile!), en ce dimanche 30 avril 2006, sur les hauteurs de Chamoson, goûtant à la fois la beauté du paysage, la fraîcheur de la bise valaisanne et la présentation du vignoble par Jean-Claude Favre, célèbre vigneron de l’appellation. Chamoson et son cône de déjection, un cas unique dans toute l’Europe viticole, à l’origine d’un terroir très particulier et de la spécificité de l’appellation.
    Chez Jean-Claude Favre, on pratique une sélection rigoureuse, «élevée», d’où le nom du domaine, Sélection Excelsus, qui confine par là même à l’excellence!

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    C’est dans le tout nouveau caveau de dégustation des encaveurs de Chamoson que nous nous rendons pour y déguster la production de Jean-Claude, un très grand moment de cette Rencontre Autour des Vins Valaisans concoctée par notre ami Valais_006.

    Fendant Excelsus 2005
    Un fendant d’école, simple, vif, apéritif, possédant un joli fruit et de la tonicité. Il se boit tout seul!

    Johannisberg Excelsus 2005

    Encore tout en fruit, mais avec une minéralité sous-jacente, il n’est pas dépourvu d’élégance.

    Johannisberg Excelsus 2000

    Belle maturité de fruit, du gras, de la minéralité et un toucher de bouche patiné, velouté, avec une finale sur de beaux amers.

    Johannisberg Excelsus 1997

    Un vin issu d’un millésime moyen en Valais. Le nez est un peu évolué, légèrement champignonneux, lactique. La bouche possède une certaine tension mais la longueur est moyenne.

    Pinot Gris Excelsus 2005
    Jolies notes de mangue au nez. Gras et puissant, il reste frais en bouche, même si la finale est un peu crayeuse. Un vin parfaitement sec, presque une prouesse dans ce millésime!

    Humagne Blanche 2003

    Le premier millésime de ce cépage commercialisé par Jean-Claude. Ce traditionnel « vin des accouchées » a bénéficié d’un élevage en barrique et explose de notes de macaron à la noix de coco. Gras et riche (effet millésime), la finale retombe un peu mais garde de la fraîcheur.

    Dole 2004

    Une des dernières "véritables" Doles, constituée uniquement de Pinot noir et Gamay dans des proportions à peu près identiques. Point d’ajout d’autres jus, ceux que l’on n'a pas cru bon de faire figurer dans la cuvée mono cépage! On a affaire ici à un vin simple et franc, avec un côté légèrement lactique.

    Cornalin Excelsus 2004

    Le nez exprime un cassis giboyeux à la manière d’un Carignan sudiste, sur lequel vient se greffer des notes musquées. Porté par une acidité fraîche, la finale est encore un peu tannique.

    Cornalin Excelsus 2000
    Nez profond, intense, évoquant le lard fumé, la suie, un peu à la manière d’une syrah. Beaucoup de corps, de la longueur, de la fraîcheur et une finale à peine tannique, mais sans astringence.

    Cornalin Excelsus 1995
    Nonante-cinq! Un beau millésime potentiel, considéré comme grand en nonante-sept, mais qui n’a pas eu l’évolution attendue. La robe est encore brillante, le nez est épanoui, évolué, avec des notes balsamiques et chocolatées. La bouche est limite tertiaire, assez évoluée, mais possède beaucoup de corps. Les tanins sont malheureusement un peu secs en finale.


    Une dégustation d'un excellent niveau, qui met en évidence le prince de Chamoson, le Johannisberg, qui a trouvé sous le cône de déjection un terroir de prédilection! Le Cornalin n'est pas en reste, un cépage difficile mais qui, dans des mains expertes, mérite une grande renommée!

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    Olif

  • Christophe Abbet, artiste vigneron éleveur, Martigny (VS)

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    M-art-igny, Valais, au pied du Grand Saint-Bern-art, ville d’art-chéologie, de pin-art et d’art tout court.

    La fondation Pierre Gianadda accueille cet été les chefs d‘œuvre de la peinture européenne du Metropolitan Museum of Art de New-York, tandis que Christophe Abbet, artiste vigneron éleveur,  expose ses œuvres en permanence à Martigny-Bourg.

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    Quelques douelles de tonneaux usagés, et hop!, une ambiance ethnique dans le caveau! Quelques grains de Gamay artistiquement vinifiés, et hop!, une bouteille d‘A Propos d‘ailes!. A l’étiquette joliment calligraphiée. Et il y en a plein d’autres, dans ce style-là! Des œuvres au bon goût de raisin, qu’on peut toucher et goûter, totalement dédiées au vivant. Des œuvres pour ainsi dire slurpiques, comme dirait l’esthète Helvète Estèbe, qui ne perd pas une occasion d’égarer ses notes de dégustation lorsqu’il s’intéresse à l’art vinique.  Charité bien ordonnée commençant par moi-même, je n’ai pas retrouvé son calepin, mais le mien, que je m’empresse de déchiffrer, là, tout de suite, maintenant.



    Petite Arvine 2004

    Une petite arvine sèche, mais avec néanmoins un poil de sucre, vraisemblablement très peu, pas volontaire mais témoignant de la grande maturité de raisin, et qui, malgré tout, reste tendue grâce à sa grande acidité. Ne serait-ce pas cela qui permettrait le vieillissement harmonieux du cépage, comme le suppute Christophe Abbet? L’équilibre me ravit, superposable à celui d’un noble riesling alsacien.

    Gamay de Fully Vieilles Vignes 2004

    Que voilà un beau Gamay bien gouleyant, frais, épicé, réglissé, soyeux, charnu et d’une grande buvabilité.

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    L’un dans l’autre 2004
    Robe soutenue, nez épicé, légèrement lactique, avec un petit côté syrah marqué. Tanins un peu serrés, mais de la fraîcheur et du croquant, de par une acidité végétale friande. 50% Gamay, 50% Syrah, à y bien réfléchir, on retrouve l’apport des deux cépages.

    Piège 2004
    Nez original, floral et fruité. Un vin plaisir, avec de l’acidité, de la fraîcheur et de la gourmandise plein les yeux! C'est du Gamay!

    Humagne rouge 2004
    Nez très baroque, sur le cassis, le cassissier, le cuir et la fourrure. Assez typique de l’humagne, finalement, animal, fruité et végétal. La robe est plutôt claire, rubis, malgré une longue macération. Une humagne rouge très réussie, expressive et goûtue

    Syrah 2004
    Noir, c’est noir! Olive noire, cerise noire, tapenade, le tout se fondant dans une belle structure acidulée et fraîche. Ça joue!

    A Propos d’Ailes 2003
    Un Gamay surmaturé récidiviste, après une première expérience en 2000! Une récidive, mais différente. Nez sur le poivre de Séchouan, le bois exotique, la griotte. Pas trop cuit, ni trop surmaturé, de l’originalité, de l’élégance, un vin d’une grande séduction!

    L’air du Temps 1999
    La robe dore légèrement, c’est dans l’air du temps! Le nez est d’emblée puissant, sur les épices, les fruits secs, la pomme à cidre. Un style indéniablement oxydatif, même si la volonté n’est pas de faire un succédané de vin jaune, contrairement à ce qui a été dit dans la presse. La bouche est riche, la finale tonique, la longueur conséquente. Petite arvine et Marsanne (+ une petite « touchette » de Chardonnay) en élevage long, sans ouillage.  En accompagnement de quelques fromages et charcuteries valaisannes, préparées par Christophe pour l’occasion, c’est le top!

    « Je ne sais pas si vous estimez que c’est de la chance, mais j’ai plusieurs millésimes d’Ambre au frais, du fait d’une verticale prévue! »

    Il faut croire que c’en est une, de chance! Pas moins de 6 millésimes à déguster, dont un collector, pas (encore?) commercialisé. Ambre, un vin sans concession, qui commence à se tailler une solide réputation dans l’univers des vins liquoreux. Marsanne et Petite Arvine en proportion variable selon les millésimes, suivant la qualité de la vendange, l’évolution des fûts et l’inspiration de Christophe, à la recherche perpétuelle du "caractère intime et mystérieux, sans âge," des vins liquoreux. « Ah! Mon Dieu! Mon Dieu! » s’extasiait-il le nez dans le verre en humant de l’Ambre en direct live, sous les caméras de la TSR et le regard mutin d’Annick Jeanmairet. Je confirme! Ah! Mon Dieu! Mon Dieu!

    Ambre 1998
    Un vin qui n’avait pas jusqu’à présent trouvé grâce aux yeux de son géniteur, et qui attendait là, tout seul, dans son fût, perdu au fond de la cave. Battant sa coulpe et se jurant de finir par plaire! La durée de l’élevage, un élément déterminant dans l’expression du vin! A l’origine du style légèrement oxydatif de l’Ambre, particulièrement marqué ici: fruits secs, café, notes de torréfaction. La liqueur est très riche et onctueuse, mais non dénuée de fraîcheur. Les pièces du puzzle se mettent en place!

    Ambre 1999
    La robe est ambre, presque acajou. Un millésime d’une grande richesse: 9° d’alcool, 285 g de sucre résiduel, une densité et une concentration hors du commun, mais avec de l’acidité, qui tient le vin dans la durée et la fraîcheur, sur des notes d’abricot confit!

    Ambre 2004
    Encore embryonnaire, il s’exprime sur un fruité primaire à base d’ananas, d’agrumes confits. Pas encore complètement fini, il présente encore beaucoup d’acidité volatile et à peine de gaz en finale (léger picotement de la langue). La vivacité de l’arvine!

    Ambre 2003
    Nez plutôt original, fumé, sur le thé vert. Ultra liquoreux, il possède de la vivacité et de la fraîcheur, indispensables pour digérer tout ce sucre. Toujours en cours d’élevage, évidemment!

    Ambre 2002
    Un vin « tensio-actif », le côté acidulé sur les zestes d’agrumes, prédominant à ce stade, qui voit co-exister la liqueur et l’acidité, non fusionnelles pour l’instant, mais pas complètement dissociées. Là encore, la poursuite de l’élevage est indispensable pour atteindre l’harmonie.

    Ambre 2001
    Nez « fini », sur les fruits secs, le thé fumé, et un boisé un peu perceptible. Un vin aérien, qui n’empâte pas la bouche, l’harmonie est presque atteinte, le caractère acidulé de l’arvine apportant fraîcheur et vivacité.

    Pour une chance, c’en était bien une!

    Christophe Abbet, Martigny, Valais, un nom (ou plutôt trois!) que tout amateur d’art se doit de retenir! Le randonneur également, si jamais l'envie lui prend d'user ses semelles dans le Valais viticole!

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    Olif