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jean-marc brignot

  • L'été, il n'y a pas que le rosé, aux Jardins...

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    Soirée décontractée et estivale aux Jardins de Saint-Vincent, la deuxième depuis que Stéphane-Saint Vernier-Planche est revenu sérieusement aux affaires. La première, c'était en mars, et un compte-rendu figure sur le blog de la Pipette, ce qui fait que je me suis un peu laissé aller à ne rien faire. Cette fois, plus d'excuses, il m'a bien fallu reprendre le stylo.

     

    Plusieurs guests de passage au caveau grand ouvert sur la rue, certains ont même laissé quelques flacons non étiquetés à découvrir en avant-première lors de la soirée. Mais, patience... Auparavant, il s'agissait de trinquer à l'année supplémentaire du jardinier, signe d'une grande maturité de sa part. Fidèle, il l'est, puisqu'il est revenu cultiver son Jardin à la Saint-Vincent. Fidèle, il l'est aussi à Vouette et Sorbée, lui qui nous a fait découvrir le premier ce magnifique Champagne de Bertrand et Hélène Gautherot, toujours aussi impeccable à boire et parfait pour une mise en bouche.

     

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    L'été donne envie de rosé, mais ce type de vin n'est pas toujours aisé à appréhender par l'amateur. Par le professionnel non plus, d'ailleurs, même le jardinier de Saint-Vincent a du mal à en trouver un à son goût. Ni blanc, ni rouge, juste rose. À mon sens, le vrai bon rosé est un vin assumé, qui ne louche pas sur une autre couleur. Vineux, mais pas trop, il est destiné à accompagner les mets estivaux qui ne nécessitent pas un blanc et qu'un rouge trop coloré dénatureraient. Un vrai bon rosé doit être rose, sans doute, mais pas trop pâlichon, parce que la robe, finalement, on s'en fout un peu. À poil, le rosé, concentrons-nous exclusivement sur le nez et la bouche.

     

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    Avec Galéjade 2011, d'Alain Allier (Mouressipe), on n'est déjà pas dans le rosistiquement correct. Robe orangée, bien turbide, mais c'est joli quand même, en harmonie avec l'étiquette. Nez floral, sur la rose fanée, puis agrumes (mandarine) et litchi. Bouche fluide, avec de tout petits tanins accrocheurs et une belle persistance en bouche. Un rosé plein de gourmandise!

     

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    Le temps fait tout, en Languedoc, c'est Rémi Poujol qui le pense et le dit. La robe de son rosé est plutôt soutenue, groseille. Un nez caramel au lait, franchement lactique, et une bouche imposante, un peu chaude, avec une pointe de volatile finalement bienvenue. C'est un 2009, et il est à souhaiter que le temps fasse tout pour lui, parce que, à ce stade, c'est un rosé un peu compliqué à boire, il faut bien le reconnaître.

     

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    On passe à la pointure au dessus, ce qui se fait probablement de mieux en matière de rosé "nature": Tavel 2010, domaine de L'Anglore. Le velouté de tanins des vins de L'Anglore, je crois bien que je le reconnaitrais entre mille. La robe est légèrement trouble, d'un beau rosé orangé, avec la pulpe. C'est fruité, c'est frais, c'est bon, on en boirait des seaux, mais ce n'est pas aussi simple que cela. Un vrai beau vin de terroir qui fait honneur à l'appellation et au vin rosé d'une manière générale.

     

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    On passe au blanc, avec ce Côtes du Rhône 2010 du Domaine Jamet. Un peu fermé à ce stade, avec une pointe de réduction, il a du mal à se lâcher. La bouche est agréable, mais on la sent bridée et la finale reste pâteuse. 60% marsanne, 30% viognier et 10% roussane, et ce n'est pourtant jamais mou ni lourd. Pas vraiment dans un style nature, c'est sûr, mais il faut savoir rester ouvert...

     

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    Heureusement, French Wine is not dead. Grâce à Anthony Tortul et à la Sorga, qui nous enchante avec ce blanc 2010 de viognier et terret bourret, non, tu n'es pas bourré, Jean-Claude. La bouche est ronde, marquée Sud, mais gourmande, tout en étant bâtie sur les amers, qui assurent la fraîcheur finale. Une belle réussite.

     

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    À ce stade de la dégustation, il est presque temps de faire une parenthèse pour saluer l'un des guests de la soirée, de passage à l'heure de l'apéritif, mais qui n'a pas manqué de nous laisser quelques échantillons de sa production jurassienne, tout juste tirées du fût. D'autant plus émouvant qu'il s'agit sans doute là des dernières bouteilles made in Jura par Jean-Marc Brignot, ex- as tiré de la Manche. Ces vins-là ne lui auront pas trop donné de boulot, à Jean-Marc. Ça tombe bien, il ne court pas après. Des raisins de 2004, sa première vendange arboisienne, qui ont été mis dans des fûts et laissés bien tranquilles jusqu'à maintenant, dans la pénombre d'une cave sans électricité. Chardonnay seul, assemblage chardo-savagnin dans des proportions tenues secrètes (nul ne le sait véritablement, en fait) et savagnin seul, restés 7 ans et quelque sous un voile sans intervention humaine d'aucune sorte. Dur de départager les deux chardonnays, pur ou en assemblage (ma préférence personnelle va au premier cité, pour sa finesse superlative, versus le côté éthanal plus marqué de l'assemblage), mais, ce qui est certain, c'est que le savagnin 2004 fera date. Il ne revendiquera évidemment ni l'appellation "vin jaune", ni le clavelin, ce n'est pas le genre de la maison, mais il marquera sans nul doute les esprits pour les siècles des siècles. Un fruit toujours présent et des airs de fino, qui s'épanouissent dans une finale en queue de paon. C'est magnifique, ce ne sera pas donné, mais on risque de se les arracher car ce sera définitivement collector, puisque cette année 2012 verra le départ de Jean-Marc pour de nouvelles aventures au pays du Soleil Levant, après d'ultimes vinifications pour le compte de Vinibrato, en Beaujolais et en Alsace.

     

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    Merci Jean-Marc, mais aussi Merci, Vincent La Boria, pour ce Côtes du Roussillon 2010 made in Trilla, réjouissant, gourmand et enthousiasmant, qui a bien accompagné les plats de charcuterie enfin arrivés sur la table parce qu'il commençait à faire un peu faim.

     

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    Pour clore les agapes rouges, petit tour sur le Causse avec ce Rouge de Causse 2010 du Petit Domaine de Gimios, au grain encore serré, un poil rustique, procurant le même plaisir, un brin jouissif, que celui de se frotter contre une joue mal rasée. Viril et séducteur en diable.

     

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    Dernier clin d'œil au vigneron arboisien monté en fléchettes, au travers de ses deux dernières réalisations, produites avec les raisins de la famille Bannwarth, en Alsace. Gewurtz et Pinot gris comme il est difficile d'en avoir déjà bu auparavant. Et pourtant, ça se boit, même que c'est bon.

    Sayonara, Jean-Marc Sensei (先生)!


    Olif


    P.S.: la prochaine séance de dégustation aux Jardins, ce sera véritablement au jardin, ou plus exactement dans les vignes, à la Mailloche, avec Carlito et Alice, du domaine de l'Octavin. Le vin nature dans la nature, le retour, et c'est déjà bientôt. Vivement..!

  • Pets allowed

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    L'été, on le sait, il ne fait pas bon abandonner son chien sur une aire d'autoroute italienne. Rocco veille, et aussi Freddy. Les toutous, pourtant, ça peut être sympa, sur la plage. À condition qu'ils n'inondent pas le sable de leurs déjections. Qu'ils soient un minimum civilisés, quoi, on n'est pas des bêtes! On peut sans problème adopter un Tel Quel à poil dur de Thierry Puzelat, même si ce n'est pas encore la saison, ou caresser un CHI WA WA de Vinibrato, fermement tenu en laisse par Jean-Marc Brignot. Un petit toutou à son pépère qui se la joue décontracté, en boxer et Ray-Ban. Ne pas hésiter à le prendre par le colbac et l'agiter vigoureusement pour qu'il lâche les gaz, le calbute est bien serré et les lunettes bien accrochées. Mais après, oui, après. Les raisins de Jean-Luc Gauthier font du bien au gosier. Du gamay du Beaujolais, coupé en 2009, ni vil ni déloyal pour un sou, heureusement qu'il a échappé à l'arrachage préconisé en 1395 par Philippe le Hardi. Pas du jus de chique, du jus de CHI WA WA, ouah ouah, on en redemande.

     

    Une bouteille désormais collector, l'une des dernières de Saturne, généreusement lâchée par le gars Ewen lors de mon passage là-bas en décembre 2010.

     

    Olif

     

     

    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.

  • VDV#34: Vinstantané!

     

    Vendredisduvin Pour cette 34ème session des Vendredis du vin, il fallait faire court. Les bans à peine publiés, et nous voilà déjà le dernier vendredi du mois! Heureusement, notre nouvelle présidente, les yeux planqués derrière son objectif, les a également grands ouverts sur le vin. Grâce à Pauline, ces 34èmes VDV sont dans la bouette, Coco. Accent franc-comtois de rigueur, sinon, la tentative d'humour ne fonctionne pas très bien.

     

    Une photo, un vin, un souvenir. Trois raisons de ne pas boire Contrex. Dilemme! Quoi mettre en avant? La qualité de la photo? Celle du vin? Le souvenir? Euh ....

     

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    Les mouches ont pied, Vin de table 2004, Jean-Marc Brignot


    Ce n'est donc pas cette fois que je gagnerai le prix Pulitzer. Ni le Sony World Photography Awards. Non, je ne pense pas. Jamais non plus ce vin ne remportera une médaille d'or au Concours des vins de Mâcon, ni ne se verra auréolé d'un 100 Parker. Pire encore, il ne fera même pas rêver l'amateur de vins ni le buveur d'étiquettes.  Une chance, finalement. Parce que cette bouteille-là n'existe désormais plus. Dans ma cave tout du moins, et je doute qu'il en reste encore beaucoup d'exemplaires de par le monde. Les mouches auront définitivement pied dans mon verre. Plus rien à sucer sur les parois. Si c'est pas misère...

    Flash-back. Fin décembre 2005. On jouait cartes sur table à Molamboz, chez Jean-Marc Brignot, nouvel as sorti de la Manche. De drôles de jus, dans de drôles de flacons. Et puis Wanda,  pas un poisson, mais ce grand chien, aussi impressionnant que gentil. Pour une unique fois sur l'étiquette, en compagnie de son maître. Le ploussard  2004 vinifié en blanc ne donnait déjà pas sa part aux mouches, mais n'a pourtant jamais voulu se parer d'un teint de jeune fille pudique au cours de son élevage. Définitivement resté de la blancheur nacrée d'une jeune vierge, mais pas effarouché pour autant, y compris dans sa jeunesse. Une chair à croquer, à pleines dents, que je pensais un peu décatie,  à l'aube de cette nouvelle décennie, et qui s'est révélée être d'une grande fraicheur et d'un équilibre souverain, celui de la reine des mouches.

    Eyes wide shut, eyes wine open...

     

    Olif

     

    P.S.: ce week-end, en Arbois, après une heure de sommeil en moins, interdiction de ronfler dans son verre, mais cela ne dispensera pas d'avoir le nez dans le vert, par contre! Jean-Marc Brignot n'y sera pas, mais il y aura plein d'autres belles découvertes à faire.

     

     

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  • Pédalonavoile

    fi 44.50 ¬ 4.57. Et π? Et pis c'est tout! Cette équation libidineuse figurant sur l'étiquette devrait permettre, à défaut de connaître l'âge du capitaine, de savoir en combien de gorgées on peut liquider la bouteille de Pédalonavoile. A moins que cela ne corresponde à la durée nécessaire pour remonter sans encombre les raisins ardéchois de Gérald Oustric à Molamboz dans le Jura? En évitant les bouchons, cela va de soi.

     

     

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    Le Pédalonavoile est un moyen de locomotion très peu polluant, particulièrement croquant, gouleyant et désaltérant, vibrant et vinibratant, à la consommation ultra raisonnable, pas plus d'un magnum au 100, à deux ou trois. Il ne demande qu'un léger effort à fournir du côté du coude, effort minime lorsque le vent est favorable et que la mer est calme. Allegro Vinibrato!

     

    Vinibrato, c'est un négoce 100% raisin produisant du vin 100% vibrant, vinifié par Jean-Marc Brignot, de Molamboz (39). En provenance du Beaujolais, de l'Ardèche, du Jura et peut-être même encore d'ailleurs. A découvrir de préférence dans les bars à vins pour bobos branchés de la capitale, mais aussi en Province, dans les mastroquets pour ploucs déconnectés. Partout où c'est ouvert tard le soir et où l'on sait bien boire, en fait.

     

    Olif

     

     

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  • Prendre Racines...

     

    Prendre Racines...

     

    Adresse parisienne de poche, désormais incontournable, planquée sous l'adorable passage couvert des Panoramas. Il fait bon y soigner le mal par le mal, en l'attaquant à la Racines. S'installer à une table, y prendre racine, justement. En se délectant d'un verre de Quartz 2007 de Claude Courtois (un sauvignon sans soufre, spécialement élaborée pour Racines), d'un Vin d'étable 2005 de Jean-Marc Brignot, par exemple, ou d'un Vitriol 2005 de Pierre Beauger (un Gamay d'Auvergne à la rusticité séduisante), ou encore un Rosso dei Muni 2007, un italien nature qui parle autant avec la bouche qu'avec les mains. Le bonheur assuré, en association avec la cuisine plus qu'organique de Pierre Jancou. Et son exceptionnel lard de Colonnata, ultra-finement coupé et servi sur une planche de charcuterie parfaite en guise d'amuse-bouche collectif.

     

    Lard de Colonnata, mmm...!

     

    Service impeccable, attentionné et de bon conseil, à la hauteur de la convivialité de l'endroit.

    Passage obligé, panorama imprenable, réservation indispensable. Racines, un immense plaisir qui se laisse volontiers chroniquer.

     

    Racines

    8, passage des Panoramas
    75002 Paris
    Téléphone : 01 40 13 06 41

     

    Olif

  • Un puceau bien troussé

    Première cuvée de trousseau réalisée par Jean-Marc Brignot, millésime 2004, suite à son installation dans le paysage arboisien.

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    Un fort joli dépucelage, ma foi, où l'on sent déjà la patte du vinificateur sur un cépage inédit pour lui à l'époque. Le côté "nature" est évident, au premier plan: robe légèrement trouble, de couleur prune, joli nez fruité et floral, présence d'une pointe de gaz qui ne me perturbe nullement car elle ne fait qu'apporter de la fraicheur, texture soyeuse d'un vin sans soufre réjouissant, qui tient admirablement en bouche. C'est somme toute assez léger (11,8° d'alcool), très gouleyant et désaltérant.

    Olif

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  • Coup de Foudre à Molamboz...

    ... pour une boisson s'apparentant à la limonade, mais en bien meilleur! Un Pet Nat 2005 qui n'est évidemment pas élevé en foudre, mais qui permet de prendre l'Escampette, ou à défaut la tangente. 100% chardonnay, mais, contrairement à son aîné de 2004, il est parfaitement sec. La bulle est visuellement très fine, même au service; le nez porte sur l'élégance du fruit et la bouche est vive, sèche et bien définie. Très beau vin, auquel il ne manque même pas la gourmandise de la version légèrement sucrée. Dégorgé "à la sauvage" dans la cour du domaine, chez Jean-Marc Brignot, évidemment.

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    Auparavant, deux Savagnins 2005 prélevés à la cave, l'un sur cuve, l'autre sur fût, en mode oxydatif, sous léger voile. Avantage fruit pour le premier, mais une structure magnifique sur le deuxième, qui devrait bientôt être bon pour la mise. Les petits noms de baptême ne sont pas encore officiels mais deux cuvées à guetter avec intérêt dès leur commercialisation. Allelouiah!

    Olif

  • Jean-Marc Brignot, le vigneron arboisien qui monte en fléchettes

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    Molamboz, Jura. Village du vignoble, dans la plaine arboisienne. Un des rares endroits au monde où l'on déguste et boit du vin tout en jouant aux fléchettes au son de Brassens. Un genre de Pub à vins naturels, accent normand inclus. Celui de Jean-Marc Brignot, qui a convié le GJP* à un match amical autour d'une bonne bouteille, voire plus si affinités.

    Alliance jurasso-normande pour une dégustation les pieds sous la table, accompagnée d'une véritable poule au blanc, d'un authentique Camembert et d'une non-moins réelle tarte flambée pommes-raisins. Ne manquait qu'une bolée de cidre pour que l'illusion soit parfaite. Heureux normands qui pourront également célébrer le mariage de la pomme et du raisin dans pas bien longtemps. Où? A Caen. Quand? Les 25 et 26 novembre prochains. La crème des vins naturels en Normandie, ce sera une grande première!

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    Petit aperçu de la production du représentant jurassien (spéciale dédicace à l'intention des Normands, mais aussi des Auvergnats, Les Dix Vins Cochons, c'est la semaine suivante à Chateldon):

    - Arbois Soliste 2004
    Savagnin de cuve sous voile pendant un an avec 20% de raisins botrytisés. Le nez est très finement oxydatif, d'une grande netteté et élégamment défini. La bouche s'enrobe progressivement, gagnant en harmonie au fil du temps. La finale est joliment croquante, avec des arômes d'épices et d'écale de noix. Un vin dorénavant bien en place, qui procure beaucoup de plaisir.

    - La Foudre d'Escampette 2005
    Une gourmandise Pet' Nat' en passe de devenir un des grands classiques de la maison. Pur chardonnay rond et tonique, avec une légère sucrosité résiduelle et une "bulle qui nettoie", cette Foudre d'Escampette est idéale pour prendre la poudre d'escampette! "Humour!" se serait écrié Antoine Decaunes et nulle part ailleurs! "Et vous trouvez ça drôle?" lui aurait répondu Pine d'huître! "Pine d'huître, il a pas d'organe! Pine d'huître, il a pas d'organe!" Comprenne qui pourra!

    Après ces deux vins blancs apéritifs, l'assemblée s'est soudain mise à chanter à tue-tête: "Viens Poupoule, viens Poupoule, viens!" Poule au blanc et au rouge, une réponse jurassienne à la normande!

    - Arbois PP 2005
    2/3 Ploussard, 1/3 Pinot noir. A moins que ce ne soit 2/3 Ploussot, 1/3 Pinard. A vérifier sur l'étiquette. Le premier nez est un peu sauvage, légèrement réducteur. Il change vite à l'aération. La bouche est fruitée, charnue, ronde et croquante. La finale présentait antérieurement, d'après Jean-Marc, une petite pointe d'oxydation que l'on ne retrouve pas cette fois-ci. Les tanins sont un peu marqués avec une note balsamique volatile. La mise est récente, le vin est en train de se mettre en place, son humeur est changeante actuellement, mais le potentiel est indéniable. A suivre avec intérêt!

    - Arbois PBG 2005
    Encore un vin indécis, au nom définitif incertain. PBG, pour Parcelle en Bas à Gauche. A moins que ce ne soit Ploussard Bien Gaulé! Une couleur, une matière et une concentration impressionnantes! Le premier nez est sur l'amande amère, l'Amaretto, la griotte. "C'est du bizarre" pour un Ploussard! Surtout que pour l'instant, il ne tient pas en place! Mais quel vin! Lorsqu'il se sera un peu assagi et stabilisé, on devrait tenir là une des toutes grandes expressions de ce cépage si capricieux.

    - Arbois Cuvée Marc 2005
    95% Ploussard, 5% Trousseau, en complantation. Une robe d'une intensité et d'une concentration inhabituelles pour un Ploussard. Inhabituelle n'est plus tout à fait le mot exact, au vu de la robe des deux vins précédents, mais celle-ci est noire comme de l'encre, ou presque. Et c'est du Ploussard! Il va falloir que je reprenne rendez-vous avec mon ophtalmo! Le nez est cacaoté, un peu balsamique, avec une petite pointe de végétal. La matière est superbe, comme "toute la came" rentrée ici en 2005. Superbe!

    - Arbois Trousseau 2005
    Une cuvée qu'il va falloir baptiser, maintenant le dépucelage effectué! Exit le Trousseau du Puceau, la version 2004, qui par définition sera unique, vive le Trousseau 2005, dont la robe de soirée n'a rien à envier à celle de Marc. Rond et croquant, concentré, il y a du vin dans cette bouteille! Un cépage à redécouvrir complètement, au vu de cette interprétation brillantissime!

    - Arbois "Chardonnay pas fini " 2005
    Le nom est loin d'être encore trouvé pour ce vin au stade d'ébauche, encore en cuve. Le premier nez est marqué acétate, mais il s'agit de sa première sortie depuis sa naissance, on l'excusera donc bien volontiers. Un Chardonnay récolté à maturité "optimale", c'est à dire avec beaucoup de botrytis, millésime 2005 oblige. Fermentation non terminée, donc encore un peu de sucre, un chouïa de gaz, mais un fruité charmeur. Fraîcheur, droiture, salinité, volupté pour un équilibre quasiment aérien. Un véritable OVNI, à la fraîcheur stupéfiante.

     

    Mauvais joueur, le Seb claque la porte et dégomme les ailettes! Trop fort aux fléchettes, Jean-Marc! Et en rouges 2005 aussi! Y a pas d'lézard! Même s'il manque à cette dégustation une cuvée dénommée "Que d'lézards". On essaiera de remédier à cela bientôt!

    Olif

    Pour mémoire, à Molamboz, on joue aussi aux cartes, ici et !

     

    * GJP: Grand Jury Pontissalien, secte d’adorateurs de Bacchus, basée sur les hauts plateaux du Doubs et qui n'a de jury que le nom!

  • Cartes sur table à Molamboz, chez Jean-Marc Brignot

    Pour clore sa trilogie hivernale et déposer un brelan d’as sur la table, le GJP a abattu son joker et atterri à Molamboz, dans la plaine arboisienne, chez Jean-Marc Brignot, pour une relecture de ses gammes, tout juste neuf mois après la première visite au domaine. Neuf mois! Le temps d’une gestation humaine! La majorité des vins dégustés alors sont maintenant en bouteille et proposés à la vente. Une rencontre avec Jean-Marc est toujours un grand moment! Malgré son air nonchalant, l’exigence est une de ses priorités. Son credo du sans soufre ne l’empêche pas de vouer un véritable amour pour cette terre du Jura et ses cépages, le Ploussard tout particulièrement, et son ambition est d’en proposer sa propre vision, dans un respect total. Respect  de la terre, respect de la vigne, respect du raisin, respect du vin, respect de la nature, respect du consommateur … et respect du vigneron, à la recherche d’une cohérence dans sa gamme. Récolte, pressurage et mise sont les trois moments clés de la vinification du blanc. Le reste du temps, c’est un « boulot de feignant », et ça lui convient bien! Son grand truc, c’est les bulles, mais il n’y en aura pas en 2005, à son grand désespoir! Les rouges, c’est moins évident, mais il y travaille! Et grâce à des parcelles situées sur quelques-uns des plus beaux terroirs d’Arbois (Curon, Curoulet,…), Jean-Marc dispose d’une matière première de grande qualité, ce qui fut vrai pour son premier millésime en 2004, et le sera probablement encore plus en 2005.

    Il faisait déjà presque nuit et grand froid lorsque nous sommes arrivés à Molamboz. Le temps d’uneDsc02685 minute de recueillement et la bénédiction de la vierge du patelin, nous gagnons la cave pour découvrir une magnifique pierre de quelques tonnes, repolie et retravaillée à l ‘ancienne, qui servira de pressoir vertical à l’avenir, et goûter à quelques jus de 2005, dont un superbe Trousseau à la matière riche et concentrée, prometteuse, tout juste un peu frais.

    Retour à l’intérieur, près du poêle, où Wanda, l’impressionnant mais gentil chien de la maison se chauffe le poil, pour goûter encore à deux vins rouges de 2005 prélevés sur cuve avant de passer aux vins en bouteille, dont les noms de baptême font souvent se creuser la tête à Jean-Marc. Compte-rendu d’une dégustation effectuée au coin du feu et au son de Coltrane!

    - PP 2005 (nom provisoire)
    ¾ Ploussard, ¼ Pinot Noir. Dans une phase fruitée absolue, un vin gourmand et charnu.

    - Curon 2005
    2/3 Trousseau, 1/3 Ploussard. Le cépage majoritaire, dans un millésime solaire, apporte sa robe, très colorée, d’un rouge burlat soutenu. La matière est concentrée, harmonieuse, déjà bien équilibrée, et fait plaisir à voir et à boire!

    Dsc02689_1- Les Mouches ont pied
    Une intrigante cuvée de VDT, de couleur blanche, au nom bien trouvé, possédant beaucoup de fraîcheur et de gourmandise, laissant parler de jolies notes de fruits blancs. Curieusement, une structure tannique s’impose en milieu et fin de bouche. Il s’agit d’un Ploussard initialement destiné à être rosé, ayant subi deux jours de cuvaison mais qui n’a pas eu le temps de prendre de la couleur et est resté désespérément blanc! D’où la sensation tannique, malgré la légèreté et ses arômes fruités. A tester dans un verre noir!

     

    - Arbois, Ploussard en Retard 2004
    Un potentiel primeur 2004 présenté au moment des primeurs 2005! Si peu en retard, en fait! Un premier nez, sur l’autolyse, s’estompe rapidement, pour faire parler son fruit tout en restant légèrement animal, de légères notes cacaotées faisant le liant. Un vin digeste, à boire pour le plaisir, où à garder un petit peu, pour le plaisir également.

    - Arbois Préface 2004
    Du Ploussard dans les temps, en vendange égrappée, sur le fruit (cassis) avec des notes végétales (dans le bon sens du terme). La bouche est ronde et charnue, possédant une belle structure déjà bien en place, et un brin de rusticité campagnarde pour la personnalité. Une cuvée taillée pour affronter quelques années de cave et s’harmoniser.

    - Arbois Marc 2004
    90% Ploussard, 10% Trousseau, sur Curoulet, en l’honneur de Marc, le premier fils de Jean-Marc. Animal au sens noble, il respire l’autolyse et en constitue une belle définition. La structure est cossue, déjà bien en place, mais le vin mérite d’attendre un peu pour s’exprimer au mieux.

    - Arbois Savagnin Bleu Marine 2004
    Bleu comme la mer, marine comme l’océan, une cuvée destinée aux gens de la Côte normande et élaborée pour accompagner les produits de la mer. Le cépage développe une jolie aromatique fruitée et possède beaucoup de nerf. Une acidité mordante, même, à croquer, qui procure une grande sensation de fraîcheur, apte à relever nombre de défis culinaires maritimes.

    - Arbois Frimaire 2004
    25% de pourriture noble sur du Savagnin vendangé en novembre 2004. Si le premier nez est discret, légèrement confit et botrytisé , une petite pointe de gaz le tonifie, le sucre résiduel se fondant digestement dans l’acidité. Un vin léger et aérien, destiné aux foies gras des Fêtes.

    - Arbois Savagnin Grand Curoulet 2004
    Une prise de voile express et brève, sur une cuve, pendant un mois, et cela apporte déjà des notes oxydatives subtiles et épicées! Bien équilibré, c’est un beau vin dans un registre très fin.

    - Arbois Soliste 2004
    Voilà qu’une des deux cuves de Frimaire a trouvé le moyen de la jouer solo et de prendre le voile! On aura tout vu! De petites notes épicées se surajoutent au botrytis, dans un registre toujours aussi délicat, mais la bouteille que nous dégustons est ouverte depuis quelques jours et manque d’un peu de relief.

    Une gamme déjà assez complète, même si nous ne goûterons pas aux Chardonnays, en cours d’assemblage. Faudra t’il que nous revenions encore? Ce sera avec un plaisir non dissimulé, en tout cas!

    Olif

  • Jean-Marc Brignot, un nouvel As sorti de la Manche?

    Le 06/03/2005 à 19:07

    Nouveau venu dans le paysage viticole arboisien, Jean-Marc Brignot risque fort de devenir le véritable vigneron rebelle du Jura. De son passage chez Pierre Overnoy, il a gardé l'amour de la région (d'ailleurs il est venu s'y installer!), et la haine de la chimie. Privilégiant l'expression nature du vin et du raisin, il travaille de façon quasi-exclusive sans soufre et semble se régaler d'élaborer des cuvées colorées et pétillantes, avec le Ploussard entre autres, un cépage qui devrait lui permettre un certain nombre de fantaisies.

    Nouveau venu sur Arbois, mais pas dans le monde du vin, car depuis 2 ans, il présidait aux vinifications d'une maison de Champagne dont j'ai oublié le nom. D'où sa passion des bulles, aussi! Originaire de la Manche, donc pas forcément prédestiné à l'élaboration du vin, il vient de racheter les vignes du Domaine Robert Aviet. « Les vignes ont connu la chimie, mais ce sont de beaux terroirs! » lui a dit en substance Pierre Overnoy pour le conforter dans sa décision. 2004 sera son premier millésime, aucun vin n'étant pour l'instant commercialisé. Cela ne saurait tarder, car quelques cuvées privilégiant le fruit et le naturel devraient bientôt être mises en bouteilles, à la recherche du plaisir immédiat. Le temps également de baptiser le domaine, qui ne possède pas encore de nom! Certains aimeraient le voir s'appeler « Domaine du Cul Roulé », du nom d'une de ses plus belles parcelles, au lieu-dit Curoulet, mais rien n'est encore joué!

    Dans la famille Brignot, qui a passé son enfance dans un des départements français qui comporte le moins de pieds de vignes au mètre carré, on peut également demander la fille, Elise, dont le Beau Mont de Vénus est un réel petit bonheur! Sans grivoiserie ni familiarité aucune (je ne me permettrais pas, nous n'avons pas encore été présentés!), puisqu'il s'agit d'un vin de table élaboré à Beaumont sur Véron, sur les coteaux de Chinon chers à Rabelais, cuvée qu'elle a elle-même nommée ainsi.

    Lorsque nous arrivons à Molamboz, dans la vieille maison en cours de rénovation, il est presque 13 heures. Il est prévu de commencer la dégustation puis de casse-croûter ensemble.
    Un échantillonnage impressionnant de vins en cours d'élevage est disposé sur la table, assortiment de formes et de couleurs totalement inédites!

     

     

    Perlant 2004
    Un assemblage de 80% de Ploussard et de 20% de Melon, destiné à être la base d'un crémant, mais qui sera embouteillé tel quel pour constituer un joli et revigorant pétillant naturel.
    La robe arbore fièrement une couleur orange pastel, trouble mais homogène. Un vin tout fruit, léger et frais (10°), avec une bulle naturelle marquée, tonifiante. Un vin pour les premiers pique-niques printaniers, qui sera à décapsuler à l'ouvre-bouteilles. Une alternative à l'Orangina?

    Ploussard 2004
    Un rosé vinifié comme un blanc, par pressurage direct. La robe est également orangée, bien soutenue. Présentant une légère réduction au nez, il libère à l'agitation des notes d'agrumes bien mûrs, type pamplemousse rose. Une cuvée légèrement soufrée, destinée initialement à finir en bulles, qui possède de ce fait une finale à peine serrée, gênant le puriste du sans soufre qu'est Jean-Marc, mais je dois avouer que c'est quand même discret!

    Chardonnay 2004
    La robe est encore trouble et les sucres ne sont pas terminés. Mais le fruité primaire est tellement éclatant que la mise ne devrait plus tarder.

    Savagnin Vieilles Vignes 2004
    Des vieilles vignes de savagnin vendangées après la pluie, une fois la pourriture noble installée. D'où une grande sensation de maturité, pour un vin encore en phase primaire, avec un peu de résiduel, mais une charpente et une ossature plutôt prometteuses, avec du gras qui se développe en bouche.

    Savagnin Vieilles Vignes 2004, sous voile
    La même provenance que précédemment, mais un voile s'est installé en 4 à 5 jours, pendant la fermentation alcoolique. Un vin rebelle, qui suit sa propre destinée, possédant encore beaucoup de sucre et un peu de perlant sur des arômes très fermentaires de pomme verte. Une évolution dans le temps à suivre avec curiosité!

    Savagnin Vieilles Vignes 2004, 3ème fût
    Le même toujours, conservé dans une cave moins fraîche. La robe est déjà dorée, témoignant toujours d'une très grande maturité des raisins, et un vin qui possède beaucoup de prestance, d'amplitude et de richesse.

    Melon 2004
    Un vin riche et gras, avec une réduction importante au nez, et une pointe de lourdeur en bouche, peut-être due à une température de dégustation insuffisamment fraîche.

    Melon 2004, 13,7° naturels
    Une cuvée encore très particulière, du melon ramassé à grande maturité. La réduction est bel et bien là , puis le nez se positionne dans un registre lactique, presque fromager. La bouche est ample, avec à peine de résiduel, la finale est très légèrement asséchante, du fait d'une perception boisée un peu marquée. Une barrique qui n'est pas tout à fait du goût de Jean-Marc!

    Savagnin Jeunes Vignes 2004
    La robe est presque limpide, les sucres sont quasiment terminés. Vif et fruité, immédiat, c'est une expression originale et novatrice du savagnin, extrêmement plaisante.

    Ploussard 2004
    Un vin initialement destiné à être commercialisé en primeur (type Beaujolais, pas Bordeaux!) et que Jean-Marc n'a pas trouvé suffisamment convaincant à ce stade. Les quelques mois d'élevage supplémentaires ont laissé la priorité au fruit, pour en faire un réel vin de soif, tonique et tonifiant.

    Trousseau Curon 2004
    Sous une robe groseille soutenue, de superbes notes de griotte, d'amande amère, de colle blanche, envahissent le nez. La bouche, légèrement acidulée, traduit une très belle pureté de fruit.

    Assemblage Trousseau-Ploussard 2004
    15% Trousseau, 85% Ploussard en provenance d'une seule parcelle pour un vin gourmand, rond et charnu, développant d'agréables notes de fruits rouges écrasés sur des tanins soyeux et patinés. Forcément coup de coeur!

    Une gamme déjà bien étoffée qui devrait être commercialisée pour partie courant de cette année, en ce qui concerne les vins fruités et gourmands. Son approche du Savagnin promet d'être passionnante!

    Après tout cela, on a encore goûté pas mal de trucs, pour finir le repas, apportés par les uns et les autres, mais de façon un peu hors sujet et sans prise de notes.

    Le soleil se couche alors sur Arbois et ses coteaux toujours enneigés, l'heure pour le GJP de reprendre de la hauteur, les papilles encore garnies de toutes ces belles découvertes.

     


    Jean-Marc Brignot, retenez bien ce nom, on aura, je pense, l'occasion d'en reparler!

    Olif