Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

les jardins de saint-vincent

  • La charcuterie de Saint-Vincent

    les jardins de saint-vincent,philippe jambon,la tranche,les ganivets,les baltailles

    C'est le genre de petite soirée intimiste qui te sort de la torpeur hivernale d'une petite ville comme Arbois. L'hiver jurassique n'est pas très animé, dans le vignoble, au mois de janvier. À peine peut-on entendre quelques coups de sécateurs, chez les plus courageux, et une poignée de bouchons sauter, chez les plus motivés. Mais quand Monsieur Philippe Jambon fait le voyage depuis son Beaujolais pour présenter sa collection Hiver 2014, fraîchement mise en bouteille, personne ne se fait prier pour pointer le bout de son nez. Surtout que ça faisait un bail qu'il n'y avait pas eu une petite soirée dégustation chez le charcutier de Saint-Vincent. Une sacrée soirée, d'ailleurs, il y avait du vin sur la planche et la trancheuse a plutôt bien fonctionné!

    les jardins de saint-vincent,philippe jambon,la tranche,les ganivets,les baltailles

    Un Philippe Jambon en grande forme, fier et heureux de pouvoir présenter une gamme quasi complète de ses vins, ce qui n'était pas arrivé depuis des lustres, après les années de disette pour cause de grêle répétée. Avec, pour débuter, un retour tonitruant tant attendu par les aficionados: La Tranche! Pas une quelconque Tranche, aussi bonne soit-elle, mais The Tranche! Soigneusement découpée dans les raisins du domaine. On en dégustera deux, bien fines et non filtrées. Les mêmes, à l'aveugle, dont une version décantée minutieusement, pour juger du bénéfice positif (ou pas) de l'apport des lies. Deux vins qui se présentent bien différemment, même si l'on suspecte la même trame. Difficile de trancher, les deux sont bonnes. L'une parait plus évoluée, mais plus fondue, plus nature et plus digeste (le non décanté), tandis que l'autre présente des tanins plus rustiques, mais plus croquants et accrocheurs.

    les jardins de saint-vincent,philippe jambon,la tranche,les ganivets,les baltailles

    Et puis, grand retour aussi que celui de toutes les parcelles du domaine, présentées séparément ou presque: les Baltailles, Disse (assemblage de tous les raisins de 2010 ayant survécu à la grêle), Les Ganivets et la fameuse Roche Noire. Pas tout seul, le pata negra des vins du Beaujolais. Mélangé avec un peu de chardonnay, pour arrondir les angles et équilibrer le vin. Ouaip, il y a eu de la Bruyère sur la Roche noire, sur ce coup-là! Mais personne ne s'en est plaint.

     

    les jardins de saint-vincent,philippe jambon,la tranche,les ganivets,les baltailles

    Et puis, à soirée exceptionnelle, mâchon du même niveau, concocté en partie par Pierre-Ivan Boos, l'alchimiste pontissalien. L'accord le plus étonnant fut réalisé avec du pop-corn au curry et le Jambon Blan........ chard 2010! Pas au bout de nos surprises, encore. Servi à l'aveugle dans un clavelin, le chardonnay 2000 toujours sous voile dans la barrique à droite au fond de la cave en a imposé pour un grand jaune du Jura, tant par la finesse de l'oxydation que par sa présence et sa longueur en bouche. Une bouche qui est restée bée chez la plupart des participants jurassiens, ce qui en disait long aussi sur la prouesse réalisée. Un vin toujours en élevage, non commercialisé, que bien peu de monde aura la chance de goûter, mais il est bon de savoir qu'il existe.

    les jardins de saint-vincent,philippe jambon,la tranche,les ganivets,les baltailles

     

    Olif

     

    P.S.: les vins de Philippe Jambon sont disponibles chez les meilleurs charcutiers de la planète. Et chez les cavistes, aussi, parfois.

  • L'été, il n'y a pas que le rosé, aux Jardins...

    DSC_2113.JPG

     

    Soirée décontractée et estivale aux Jardins de Saint-Vincent, la deuxième depuis que Stéphane-Saint Vernier-Planche est revenu sérieusement aux affaires. La première, c'était en mars, et un compte-rendu figure sur le blog de la Pipette, ce qui fait que je me suis un peu laissé aller à ne rien faire. Cette fois, plus d'excuses, il m'a bien fallu reprendre le stylo.

     

    Plusieurs guests de passage au caveau grand ouvert sur la rue, certains ont même laissé quelques flacons non étiquetés à découvrir en avant-première lors de la soirée. Mais, patience... Auparavant, il s'agissait de trinquer à l'année supplémentaire du jardinier, signe d'une grande maturité de sa part. Fidèle, il l'est, puisqu'il est revenu cultiver son Jardin à la Saint-Vincent. Fidèle, il l'est aussi à Vouette et Sorbée, lui qui nous a fait découvrir le premier ce magnifique Champagne de Bertrand et Hélène Gautherot, toujours aussi impeccable à boire et parfait pour une mise en bouche.

     

    les jardins de saint-vincent,rosé,jean-marc brignot,mouressipe,rémi pouzol,la boria,jamet,petit domaine de gimios,anglore,la sorga

     

    L'été donne envie de rosé, mais ce type de vin n'est pas toujours aisé à appréhender par l'amateur. Par le professionnel non plus, d'ailleurs, même le jardinier de Saint-Vincent a du mal à en trouver un à son goût. Ni blanc, ni rouge, juste rose. À mon sens, le vrai bon rosé est un vin assumé, qui ne louche pas sur une autre couleur. Vineux, mais pas trop, il est destiné à accompagner les mets estivaux qui ne nécessitent pas un blanc et qu'un rouge trop coloré dénatureraient. Un vrai bon rosé doit être rose, sans doute, mais pas trop pâlichon, parce que la robe, finalement, on s'en fout un peu. À poil, le rosé, concentrons-nous exclusivement sur le nez et la bouche.

     

    les jardins de saint-vincent,rosé,jean-marc brignot,mouressipe,rémi pouzol,la boria,jamet,petit domaine de gimios,anglore,la sorga,

    Avec Galéjade 2011, d'Alain Allier (Mouressipe), on n'est déjà pas dans le rosistiquement correct. Robe orangée, bien turbide, mais c'est joli quand même, en harmonie avec l'étiquette. Nez floral, sur la rose fanée, puis agrumes (mandarine) et litchi. Bouche fluide, avec de tout petits tanins accrocheurs et une belle persistance en bouche. Un rosé plein de gourmandise!

     

    les jardins de saint-vincent,rosé,jean-marc brignot,mouressipe,rémi pouzol,la boria,jamet,petit domaine de gimios,anglore,la sorga,

    Le temps fait tout, en Languedoc, c'est Rémi Poujol qui le pense et le dit. La robe de son rosé est plutôt soutenue, groseille. Un nez caramel au lait, franchement lactique, et une bouche imposante, un peu chaude, avec une pointe de volatile finalement bienvenue. C'est un 2009, et il est à souhaiter que le temps fasse tout pour lui, parce que, à ce stade, c'est un rosé un peu compliqué à boire, il faut bien le reconnaître.

     

    les jardins de saint-vincent,rosé,jean-marc brignot,mouressipe,rémi pouzol,la boria,jamet,petit domaine de gimios,anglore,la sorga,

     

    On passe à la pointure au dessus, ce qui se fait probablement de mieux en matière de rosé "nature": Tavel 2010, domaine de L'Anglore. Le velouté de tanins des vins de L'Anglore, je crois bien que je le reconnaitrais entre mille. La robe est légèrement trouble, d'un beau rosé orangé, avec la pulpe. C'est fruité, c'est frais, c'est bon, on en boirait des seaux, mais ce n'est pas aussi simple que cela. Un vrai beau vin de terroir qui fait honneur à l'appellation et au vin rosé d'une manière générale.

     

    les jardins de saint-vincent,rosé,jean-marc brignot,mouressipe,rémi pouzol,la boria,jamet,petit domaine de gimios,anglore,la sorga

     

    On passe au blanc, avec ce Côtes du Rhône 2010 du Domaine Jamet. Un peu fermé à ce stade, avec une pointe de réduction, il a du mal à se lâcher. La bouche est agréable, mais on la sent bridée et la finale reste pâteuse. 60% marsanne, 30% viognier et 10% roussane, et ce n'est pourtant jamais mou ni lourd. Pas vraiment dans un style nature, c'est sûr, mais il faut savoir rester ouvert...

     

    les jardins de saint-vincent,rosé,jean-marc brignot,mouressipe,rémi pouzol,la boria,jamet,petit domaine de gimios,anglore,la sorga

     

    Heureusement, French Wine is not dead. Grâce à Anthony Tortul et à la Sorga, qui nous enchante avec ce blanc 2010 de viognier et terret bourret, non, tu n'es pas bourré, Jean-Claude. La bouche est ronde, marquée Sud, mais gourmande, tout en étant bâtie sur les amers, qui assurent la fraîcheur finale. Une belle réussite.

     

    les jardins de saint-vincent,rosé,jean-marc brignot,mouressipe,rémi pouzol,la boria,jamet,petit domaine de gimios,anglore,la sorga

     

    À ce stade de la dégustation, il est presque temps de faire une parenthèse pour saluer l'un des guests de la soirée, de passage à l'heure de l'apéritif, mais qui n'a pas manqué de nous laisser quelques échantillons de sa production jurassienne, tout juste tirées du fût. D'autant plus émouvant qu'il s'agit sans doute là des dernières bouteilles made in Jura par Jean-Marc Brignot, ex- as tiré de la Manche. Ces vins-là ne lui auront pas trop donné de boulot, à Jean-Marc. Ça tombe bien, il ne court pas après. Des raisins de 2004, sa première vendange arboisienne, qui ont été mis dans des fûts et laissés bien tranquilles jusqu'à maintenant, dans la pénombre d'une cave sans électricité. Chardonnay seul, assemblage chardo-savagnin dans des proportions tenues secrètes (nul ne le sait véritablement, en fait) et savagnin seul, restés 7 ans et quelque sous un voile sans intervention humaine d'aucune sorte. Dur de départager les deux chardonnays, pur ou en assemblage (ma préférence personnelle va au premier cité, pour sa finesse superlative, versus le côté éthanal plus marqué de l'assemblage), mais, ce qui est certain, c'est que le savagnin 2004 fera date. Il ne revendiquera évidemment ni l'appellation "vin jaune", ni le clavelin, ce n'est pas le genre de la maison, mais il marquera sans nul doute les esprits pour les siècles des siècles. Un fruit toujours présent et des airs de fino, qui s'épanouissent dans une finale en queue de paon. C'est magnifique, ce ne sera pas donné, mais on risque de se les arracher car ce sera définitivement collector, puisque cette année 2012 verra le départ de Jean-Marc pour de nouvelles aventures au pays du Soleil Levant, après d'ultimes vinifications pour le compte de Vinibrato, en Beaujolais et en Alsace.

     

    les jardins de saint-vincent,rosé,jean-marc brignot,mouressipe,rémi pouzol,la boria,jamet,petit domaine de gimios,anglore,la sorga

     

    Merci Jean-Marc, mais aussi Merci, Vincent La Boria, pour ce Côtes du Roussillon 2010 made in Trilla, réjouissant, gourmand et enthousiasmant, qui a bien accompagné les plats de charcuterie enfin arrivés sur la table parce qu'il commençait à faire un peu faim.

     

    les jardins de saint-vincent,rosé,jean-marc brignot,mouressipe,rémi pouzol,la boria,jamet,petit domaine de gimios,anglore,la sorga

     

    Pour clore les agapes rouges, petit tour sur le Causse avec ce Rouge de Causse 2010 du Petit Domaine de Gimios, au grain encore serré, un poil rustique, procurant le même plaisir, un brin jouissif, que celui de se frotter contre une joue mal rasée. Viril et séducteur en diable.

     

    les jardins de saint-vincent,rosé,jean-marc brignot,mouressipe,rémi pouzol,la boria,jamet,petit domaine de gimios,anglore,la sorga

     

    Dernier clin d'œil au vigneron arboisien monté en fléchettes, au travers de ses deux dernières réalisations, produites avec les raisins de la famille Bannwarth, en Alsace. Gewurtz et Pinot gris comme il est difficile d'en avoir déjà bu auparavant. Et pourtant, ça se boit, même que c'est bon.

    Sayonara, Jean-Marc Sensei (先生)!


    Olif


    P.S.: la prochaine séance de dégustation aux Jardins, ce sera véritablement au jardin, ou plus exactement dans les vignes, à la Mailloche, avec Carlito et Alice, du domaine de l'Octavin. Le vin nature dans la nature, le retour, et c'est déjà bientôt. Vivement..!

  • VDV#38: en vacances, abandonnez votre caviste, mais pas celui des autres!

     

    Vendredisduvin À l'occasion de cette 38ème session des Vendredis du vin, Patrick Böttcher, monomaniaquement Alsace, plus exactement monomaniaquement vin et alcool de toutes origines, tant il est capable d'ingurgiter des quantités de boissons fermentées, y compris de la bière Cantillon et du schnaps suisse allemand, milite pour la SPC, Société Protectrice des Cavistes, ces bipèdes empêtrés dans un tablier à grandes poches qui passent leur temps à monter et descendre les escaliers en colimaçon de la cave pour remonter des bouteilles à la surface, une chance qu'elles ne soient pas tire-bouchonnées dans le même temps. 

    Mais d'abord, qu'est-ce qu'un caviste, précisément?

    A.− [Dans un restaurant, un hôtel, une auberge]
    1. Employé chargé de l'approvisionnement de la cave en vins.
    2. Employé chargé de pourvoir à la boisson des hôtes. Synon. sommelier :
    Une fille très jolie, accorte et fine, Line, dirigeait admirablement ce relais galant et tenait lieu de dépensière, d'économe, de caviste et de cuisinière.
    Fargue, Le Piéton de Paris, 1939, p. 145.
    B.− VITIC. Ouvrier chargé du soin de la fabrication des vins. Les celliers aux longs toits clôturaient les cours vastes où les cavistes en tabliers blancs roulaient des tonneaux (Hamp, Vin de Champagne, 1909, p. 177).
    Prononc. : [kavist]. Étymol. et Hist. Av. 1790 (Année litt. d'apr. Boiste 1808). Dér. du rad. de cave3* « lieu où l'on conserve provisions et vin »; suff. -iste*. Fréq. abs. littér. : 10.
    Cette définition, pour étoffée qu'elle soit, n'est néanmoins pas exhaustive. Le caviste qui nous préoccupe ici est plutôt un indépendant. Dans des temps immémoriaux, on l'appelait parfois "marchand de vins", lorsqu'il sillonnait la campagne profonde dans son petit camion en déposant par-ci par-là ses vieilles caisses en bois de litrons de rouge. Il n'était pas souvent de sexe féminin, accorte et fin. Il s'appelait quelque fois Marcel plutôt que Line, s'habillait comme son nom l'indique, sous son tablier, et certains étaient même moustachus. Désormais, le caviste tient une échoppe qui a généralement pignon sur rue et tente d'abreuver la population locale autrement, en bouteille de 75cl, voire en BIB de 5 ou 10 litres. Il est également là pour prodiguer une activité de conseil, idéalement judicieuse et avisée. Il est le chaînon, pour l'instant non manquant, entre le vigneron et le buveur, qu'il soit franc, bicéphale ou trilingue. Mais si on le délaisse trop souvent, il pourrait finir par disparaitre, ce qui serait évidemment préjudiciable, à lui ainsi qu'à ses clients par la même occasion, et il existe de tristes exemples récents. Abandonner son caviste habituel l'été, c'est grave et cruel, mais moins quand même que de ne boire plus que de l'eau ou du mélange de différents vins issus de la Communauté Européenne. Partir un peu, ce n'est pas mourir beaucoup et c'est même parfois un mal nécessaire. Sans aller jusqu'à confier ce petit être à une pension pour cavistes nécessiteux lors de son départ en congés, on se consolera en se disant qu'il fera probablement le bonheur de touristes assoiffés venus en masse en vacances chez nous pendant qu'on est partis batifoler chez eux. Pour lutter contre les grosses chaleurs estivales, le vacancier a forcément besoin de se vinidrater, entre deux randonnées, deux visites de musée ou deux parties de pétanque et il faut alors lui souhaiter qu'il y ait toujours un caviste près de son lieu de villégiature.  Le choix est large, dans toute la France, et même un peu plus loin.

    Par exemple, pas un seul campeur d'Ermont-plage n'envisagerait de partir du 9-5 sans goûter aux Cépages d'Ermont. S'enliser dans le Marais poitevin, oui, mais à condition de cueillir au moins une fois Le Fruit Défendu. S'aventurer jusqu'au Bout du monde sans pousser la porte de la Cave de la Presqu'île serait pure hérésie. Se perdre dans la haute vallée de l'Orb sans s'asseoir à la table de la cave/bar-à-vins Chai Christine Cannac ferait désordre. Visiter la Capitale des Ducs de Bourgogne sans se laisser porter O Gré du vin serait susceptible de faire monter la moutarde au nez. S'égarer dans le Jura sans jardiner chez Saint-Vincent ou goûter à l'Essencia des choses paraîtrait incongru. Se goinfrer de jésus à Morteau sans s'humecter le palais chez Terra Vinéa risquerait d'être étouffe-chrétien. Personne ne quitterait Bû sans avoir bu chez Baraou. Faire la Grasse matinée sans rendre visite à l'Espace Vins du Spar face à la gare, quel désespoir! Et il y en a tellement d'autres, dans chaque recoin de la France, même non viticole, qu'il serait illusoire de vouloir tous les répertorier et les citer dans ce seul billet. Ou alors il faudrait faire un guide. Chiche?

     

    Finalement, le pire, c'est quand le caviste abandonne ses propres clients, coincés pour cause de boulot, et part lui-même en vacances! La vie est moche, parfois...

     

    IMG_0753.JPG

     

    Et, don't forget, si toi aussi tu l'abandonnes...

    66098448_p.jpg

     

    Même pas peur!

     

    soph_0602200352_gaycuir.jpg

     

    Olif