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  • VDV#57: l'Italie au naturel...

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    "Vous prendrez bien un petit verre pour les VDV?"

     

    ...et la Belgique, aussi, un peu. Antipasti et pro pasta au menu, avant un cornet de frites et des croquettes de crevettes le lendemain. Le match Italie-Belgique de ces 57èmes Vendredis du vin s'est soldé par la victoire des deux équipes sur le score sans appel de 47 vins naturels italiens qu'on ne boira surtout pas avec Monseigneur Michou. Cela ne nous dérange pas plus que cela qu'il nous les laisse. S'il n'aime pas ça, il n'arrivera malheureusement pas à en dégoûter les autres. Un article maladroit, mal venu, publié malencontreusement dans le Gambero Rosso* ce printemps, et qui lui a valu les foudres de bon nombre de vignerons italiens parfaitement fréquentables. Ce qui a, du coup, nécessité un acrobatique rattrapage aux branches via moult communiqués du B&D, pour que sa Sainteté du vin non naturel ne soit pas définitivement grillé en terre transalpine (de cheval), c'est pourtant tout le mal qu'on aurait pourtant pu lui souhaiter.

     

    Le sang du moine Cantillon, ex-monomaniaque alsacien reconverti aux charmes des vins libres, en particulier italiens, ne fit que 33 ou 45 tours avant qu'il ne se décide à user de sa présidence éphémère des VDV pour rendre gloire à la Vespa pratiquée en mode naturiste, tout en plantant moult banderillas dans le dos de sa Monseigneurité, meilleur dégustateur français du monde, mais pas de vin italien, il faut croire. Et des autres vins sans doute non plus, j'en ai bien peur. Et ce n'est pas un belgicisme, pour une fois, une fois (celui-là, c'en est un, par contre).

     

     

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    Vendredisduvin

    Les VDV, c'est théoriquement le dernier vendredi du mois, mais on a anticipé. Le Président des Brusseleirs avait lui aussi pris les devants, annonçant son copieux sujet aux vacances de printemps afin de laisser le temps aux participants de le préparer, voire de se préparer, pour ceux qui avaient choisi l'option Bruxelles pour se gaver d'Italie une fois, j'en ai bien peur (là, c'est un belgicisme!).

     

     

    Le véritable rendez-vous des Belges, ce fut deux petites heures après Thalys, mais on n'allait quand même pas se priver d'un petit café en attendant la correspondance à la Gare du Nord.

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    D'autant, qu'une fois à Bruxelles-Midi, on allait rentrer directement dans le vif du sujet. Direction Rue Basse (Blaese pour les Flamandophones, même pas roses). Chez Massimo, au Studio 126, atelier déco-cave à boire et à manger. Tenue par un véritable œnologue formé dans une vraie école italienne d'œnologie, en plus: Massimo Coletti, le roi du Prosecco bien secco.

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    Une dégustation gentiment orchestrée autour d'une dizaine de vins italiens gracieusement mis à disposition par Massimo et l'enoteca Cantucci, une cave belge à vins naturels italiens, parmi lesquels je retiendrai un Paski 2010 de la Cantina Giardino, au magnifique accord vino-ungulaire, ainsi qu'un Vino bianco bien orange de l'Azienda Trinchero (voir la photo en en-tête).

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    Une dégustation globalement très homogène et passionnante, qui est venue se marier divinement avec des planchettes de charcuterie, fromages, saumon et sardines de premier choix. Rien que du naturel, en fait!

     

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    Déjà 16 heures! Il est temps de filer au 90 rue du Page. "Je ne suis pas Ixelles que vous croyez!" nous a négligemment fait remarquer le sieur Basin en tapotant sa montre pour nous signifier un po 'in ritardo sur l'horaire initialement prévu et ce, avant qu'il ne fasse la tronche. 

     

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    En guise d'apéritif, une dégustation des vins de la Tenuta di Valgiano, en présence de Laura di Collobiano. Le Rosso 2010, à dominante de sangiovese, complété par syrah et merlot, est une petite merveille de fruits, au grain de tanin très fin et délicat et à l'expression enjouée, très naturelle.

     

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    Après avoir dégommé quelques quilles hors sujet et un morceau de vieux Comté Petite d'octobre 2011 (fruitière de Bouverans), il était temps de se caler le ventre avec des antipasti et la Pasta. Au Caffe al Dente, évidemment. Un petit coin d'Italie délocalisé à Uccle, où il fait bon venir en Fiat 500 chromée boire un Limoncello quand le thermomètre belgicain flirte avec les températures de la botte.

     

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    Crédit photo Caffè al dente

     

    À défaut de limoncello, il est possible de goûter à l'occasion plus d'une quarantaine de vins naturels italiens. Au décours d'une soirée privée, évidemment, orchestrée par le grand apothicaire bruxellois, maitre d'œuvre des Brusseleirs, cette horde sauvage constituée dans le seul et unique but de faire pâlir d'envie tous les autres participants aux Vendredis du vin, au vu du nombre de flacons débouchés à chaque session. Force est de reconnaître que les Brusseleirs ont grands yeux et grand ventre, et qu'il est dur de les suivre sur leur terrain. Un double match à l'extérieur (Italie à Bruxelles) qui a été arrêté par décision de l'arbitre, au bout d'une trentaine de flacons débouchés, une petite dizaine ayant dû rester aux vestiaires. La cause: des joueurs au bord de l'asphyxie vinique. Et pourtant, certains sont plutôt aguerris!

     

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    Démarrée sur un rythme peut-être un peu lent, mais finalement satisfaisant pour bien apprécier les vins et les antipastis servis en même temps, la dizaine de blancs servis fut un plutôt beau moment, relativement homogène. Les stars blanches de la soirée sont venus de Sicile, avec un décoiffant SP 68 2012 d'Ariana Occhipinti, ou le muscat d'Alexandrie transcendé, et un Cos Rami 2011 de Giambattista Cilia et Giusto Occhipinti. Cos, le meilleur Rami de l'homme, quand il n'est pas d'Estournel.

     

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    Crédit photo Brigitte Marien pour les Brusseleirs

     

    Côté rosso, le rythme s'est un peu accéléré, sous l'impulsion d'un Patrick Böttcher survitaminé, qui trouvait que nous avions mené un peu trop la dolce vita bianco... Un train de sénateur jusque là, peut-être, mais qui a laissé aux vins le temps d'être goûtés et appréciés (ou pas). Vu le nombre de vins rouges à déguster, c'était une nécessité de passer la surmultipliée. Même s'il aurait sans doute fallu restreindre la play-liste et se concentrer sur le meilleur. Les 5 premiers vins ne m'ont pas laissé un souvenir impérissable, hormis le Il Frappato d'Arianna Occhipinti, servi en apéritif rouge. Il fallu attendre le Massa Vecchia Le Querciola 2009, dans une version non bouchonnée, pour vibrer à nouveau. Suivi du Macchiona 2006 de la Stoppa, du Tenuta di Valgiano 2010 déjà goûté l'après-midi, mais en magnum cette fois, du Colombaia, du Fonterenza et enfin du Poggio Cuccule 2008 de Caspri, une des grandes bouteilles de la soirée, au coefficient de torchabilité digne d'un pinot noir alsacien de Patrick Meyer, conseiller du domaine à l'époque.

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    Crédit photo Brigitte Marien pour les Brusseleirs

    Pause Dinavolo 10 avec le fromage, histoire de passer à l'orange après tout ce rouge, dont aucun n'était vert. Et retour au rouge, tant les vins naturels sont tous Teroldego entre eux, et encore plus ceux d'Elisabetta Foradori.

     

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    Crédit photo Brigitte Marien pour les Brusseleirs


    Une dégustation planifiée crescendo, c'est une évidence, avec à suivre un Pacina 2008 de belle facture, suivi d'un Brunello de Montalcino 2005 Il Paradiso de Manfredi évolué et asséchant (une déception, tant il avait été annoncé comme un vin immense, peut-être même le meilleur vin du monde), puis d'un magistral Barolo 2008 de Rinaldi, qui constituera le parfait point final à la dégustation. 7 bouteilles resteront aux vestiaires, par arrêt de l'arbitre, dont un Barbareco Pajé 2003 de Luca Roagna. Un banc 4*, digne de celui des meilleurs clubs du Calcio!

     

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    Et puis, comme en Belgique, tout doit finir par un bon cornet de frites pour accompagner des Gambero grigio**, d'une gourmandise exquise, le dimanche midi, avant de prendre son TGV à la Gare du Midi. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour changer des pâtes! Merci Friture René.

     

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    Olif

     

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    * Revue italienne sur le vin et la gastronomie, aux relents de crevette avariée, parfois.

    ** En italien dans le texte, cette croquette belge à base de crevettes grises, toujours d'une qualité extra, se mange très chaude jusqu'à s'en brûler les doigts, la gorge et l'œsophage. En Belgique, on l'appelle tout simplement "croquette de crevettes".

     

    P.S.: pour un compte-rendu exhaustif (et même plus) de cette mémorable session des VDV, prière de se rendre à l'Apotheek Böttcher, là où le bon vin naturel italien est remboursé par la Sécurité sociale.

     

    P.S.2: pour ne pas être en reste et jouer aussi les prolongations, la délégation jurassienne à ces 57èmes VDV a remis le couvert à deux ou trois reprises. Avec le Barbaresco Pajé 2003 de Luca Roagna, en mode repêchage, d'une fraîcheur étonnante sur le noyau de cerise, puis un Barbaresco Crichët Pajé 1998, au nez envoûtant de chocolat au kirsch avec une fine touche d'épices, et enfin un Dinavolo 2008 de Giulio Armani, somptueux vin orange, non mais allo quoi, pas l'opérateur téléphonique, idéal avec un plateau de fromages.

     

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  • Fifty shades of ploussard

    Chapitre 1

     

    Marie-Charlotte s'affairait déjà en cuisine, malgré l'heure. Elle avait pris le temps de se doucher, mais pas celui de s'habiller entièrement. Juste une petite culotte en dentelle noire et le soutien-gorge pigeonnant assorti. Et puis, quand même, un tablier de cuisine. Suffisamment court pour deviner la couleur de ses sous-vêtements lorsqu'elle se penchait. Tout en épluchant une carotte de belle taille, elle laissa son esprit vagabonder. Peut-être était-il trop tôt pour recevoir à la maison ce fichu séducteur de Charles-Henri. Sans nul doute, il tenterait de passer à l'attaque. Oui. Fallait-il se donner déjà? S'abandonner? Sûr qu'il était mignon, mais elle n'était peut-être pas encore tout à fait prête à remplacer Paul-André, feu son mari, parti bien trop tôt d'un fichu cancer du testicule extrême droit, qui eut vite fait de gangréner l'intégralité de ses organes. Il était tendre et gentil, Paul-André. Et attentionné, aussi. Amoureux de la bonne chère et du bon vin, dont il emplissait généreusement la cave. Bon sang! Le vin! Qu'allait-elle faire boire à Charles-Henri? Et aimait-il le bon vin naturel, d'abord? Pas sûr. Il possédait indéniablement le côté "m'as-tu-vu" des buveurs d'étiquettes.

    Laissant subitement tomber son couteau, elle se dirigea vers le vieil escalier en colimaçon qui conduisait au Saint des Saints. Les marches étaient raides. Elle posa sa main contre le mur en pierres pour assurer son équilibre. D'habitude, c'est Paul-André qui se chargeait de choisir le liquide destiné à accompagner le solide. Serait-elle à la hauteur de cette nouvelle mission qu'elle devait assumer? Elle se souvint avec bonheur des jolis vins d'Arbois qu'il ouvrait dans les moments intimes qu'ils passaient ensemble. "Pour le braquemart, rien ne vaut le ploussard!", plaisantait-il volontiers pour masquer l'impuissance à masquer son impuissance. Instinctivement, elle se dirigea vers le casier contenant des bouteilles dont le goulot était vêtu d'un ciré rouge. La cave était fraîche. Un petit frisson lui parcourut l'échine. Elle aurait dû s'habiller plus pour descendre ici. Elle s'accroupit pour empoigner fermement le goulot d'un de ces flacons. En se relevant, le verre à peine humide vint lui caresser l'intérieur des cuisses. Elle frissonna un peu plus, mais de plaisir cette fois. Elle serra un instant la bouteille au creux de son intimité, avant de se décider à remonter au plus vite dans sa cuisine. Légèrement perturbée par la curieuse sensation qui venait de l'envahir, elle posa la bouteille sur la table et retourna à son plan de travail pour ficeler son rôti. Paul-André savait à peine lacer correctement ses chaussures, ce n'est pas lui qui allait lui apprendre toutes les ficelles du bondage. Pourtant, elle se débrouillait plutôt bien. Une nouvelle fois, elle fut troublée par ses pensées. Elle ouvrit le premier tiroir à sa droite, s'empara d'un tire-bouchon et se rua sur la bouteille comme pour chasser les images qui se fixaient petit à petit dans son esprit. Elle caressa longuement le goulot jusqu'au capuchon de cire rouge. Une cire sèche et cassante, d'un beau rouge vif, qui ne changea pas de couleur sous l'effet de ses caresses. Arbois-Pupillin 2006 du domaine Overnoy-Houillon. Un des vins préférés de Paul-André, qui vénérait Pierre Overnoy, le vigneron libre penseur de Pupillin et précurseur du vin naturel.

     

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    Lorsque la vis du tire-bouchon pénétra la cire, puis le bouchon, elle se mordilla la lèvre. Elle extirpa précautionneusement le bouchon de la bouteille, essuyant de la pulpe de son index le rebord du goulot. Elle se servit un verre, puis passa le reste de la bouteille dans une carafe. Le vin avait une belle couleur groseille. Un jus éclatant et sanguin. Du sang bien clair, comme au troisième jour de ses menstruations. Elle ressentit soudainement une envie de devenir vampire. Elle prit le verre et la bouteille, passa au salon et se jeta sur le canapé. Elle trempa ses lèvres dans le breuvage. Sa tête bascula en arrière et ses paupières se fermèrent. Elle fit circuler le vin dans sa bouche, s'enivrant de ses saveurs de fruits rouges. Son entrejambe se serra sur sa main libre, dans un frisson de volupté. Elle resta un instant immobile avant d'avaler lentement la première gorgée de ploussard, en laissant échapper un petit cri de plaisir. D'un geste fluide, elle replia ses jambes et retira prestement sa culotte en pensant fortement à Paul-André. La bouteille vide allait bien lui être d'une quelconque utilité, finalement...

     

    Lorsque Charles-Henri sonna à la porte, elle savait déjà qu'elle ne lui ouvrirait pas.

     

     

    Olif

     

    P.S.: titre piqué sans vergogne à François "Bourgogne live" Desperriers, également inspirateur de ce billet, pour le coup. Quel obsédé textuel, ce François!

     

    P.S.2: mesdames, je ne dis pas qu'à chaque fois que l'on boit du ploussard, ça fait cet effet-là, mais des fois oui, quand même un peu.

     

    P.S.3: non, contrairement aux apparences, vous n'êtes pas sur Littinéraires viniques, de Christian Bétourné, que je salue au passage, lui qui vient d'essuyer, avec Achille, les foudres de la censure facebookienne.

  • Live and let die!

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    Véritable outil de société à visée purement économique, la Santé publique passe son temps à chercher les raisons de mourir et à vouloir les éviter au commun des mortels. Là où, de plus en plus, il conviendrait surtout de chercher des raisons de vivre. Voudrait-on finalement nous conduire dans le meilleur des mondes, façon Aldous Huxley, que l'on ne s'y prendrait pas autrement. Fais pas ci, fais pas ça, mouche ton nez, dis bonjour à la dame, ne mange pas trop gras, 5 fruits et légumes par jour, bouge, ne bois jamais un verre de vin à 18 ans si tu ne veux pas mourir à 70, à dada prout prout cadet. La pilule est un peu dure à avaler, et pas uniquement pour les jeunes femmes sans facteur de risque cardio-vasculaire en quête de contraception. L'infantilisation de la société et la déresponsibilisation complète des citoyens sont en marche. Plus besoin de s'occuper de rien, tout est géré pour le mieux par nos dirigeants, avec un tas de complicités dans le monde économique et médical. La garantie de devenir centenaire! OGM, cultures intensives, pesticides, gaz de schiste et anti-dépresseurs assureront notre avenir, bien au chaud dans des cités sous cloche, où l'on n'aura plus rien à craindre de la famine, de la pollution, de la destruction de l'environnement et des méfaits du tabac, de l'alcool, des drogues douces et du mariage pour tous.

     

     

    Dernier en date, le rapport du Pr Tûûût*, qui prône à mots à peine couverts une nouvelle ère de prohibition pour sauver tous les addictifs contre leur gré, y compris ceux qui s'ignorent. La grande particularité du médecin de Santé publique, c'est de ne pas s'intéresser à l'individu proprement dit, mais à la globalité et aux statistiques. Ce qui compte, au final, c'est sa mission: diminuer l'impact d'un facteur de risque donné sur une population donnée, dans l'espoir d'améliorer les chiffres de la mortalité et de la morbidité. En excluant toute variable subjective liée aux cas particuliers, évidemment. Supprimer l'alcool pour supprimer l'alcoolisme, la seule véritable pathologie problématique liée à la consommation d'alcool, qui ne concerne qu'une petite partie de la population, est une option bigrement tentante, d'un pur point de vue statistique. Un peu comme si on décidait de supprimer la voiture pour régler définitivement la  question des accidents de la route. Ou abolir le travail pour supprimer les accidents de travail, sauf que là, ce n'est vraiment pas possible, faut quand même pas déconner.  Boire intelligemment, avec plus ou moins de modération, pour le plaisir que cela est susceptible d'entraîner, n'est plus d'actualité et ne l'a sans doute jamais été aux yeux des hygiénistes de tout poil. Et ce, même si l'augmentation de l'incidence de cancers liés à l'alcool est sans doute moins importante que ceux occasionnés par l'utilisation des pesticides ou des désherbants. Boire pour le plaisir, fumer pour le plaisir, manger pour le plaisir, c'est péché. Capital même. L'addiction s'il vous plaît, il faut désormais payer les pots cassés d'une frange marginale de la population, qui, elle, a véritablement besoin d'aide, et pour qui la dépendance n'est malheureusement souvent qu'un refuge à la misère ambiante. L'épidémiologiste, qui pense traiter la cause, ne s'attaque finalement qu'à la conséquence. Et tout ça au mépris de ceux que le vin fait vivre, à commencer probablement par la balance du commerce extérieur.

     

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    Touche pas à mon vigneron, c'est une pétition lancée sur Internet, à l'intention de Stéphane Le Foll, qui n'en est pas une mais plutôt ministre de l'Agriculture, dans le but de défendre le vin, les vignerons et leur droit d'expression sur Internet. Une petite signature pour une grande cause, afin de ne pas relèguer le vin à une simple boisson alcoolisée et un vulgaire poison voué aux gémonies, alors qu'il fait partie du patrimoine de l'humanité à plus d'un titre. Et puis, surtout, apprenez le geste qui sauve les vignerons,  grâce à Catherine et Pierre Breton et à Michel Tolmer, aussi un peu..!

     

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    Si le vin de France a de sérieuses vélléités à foutre le camp, le Vin de France n'a pas non plus de sérieuses raisons de se rejouir. Repli parfois stratégique, pour ne pas avoir à supporter le poids administratif de l'appellation protégée, l'ancien statut de vin de table est soumis à une sérieuse remontée de bretelles de la part de fonctionnaires de la DCGRF, dont le sens de l'humour est généralement interdit, quand il n'est pas giratoire. Exit les jeux de mots, à-peu-près, fantaisies, détournements. Le vin de France est une chose trop sérieuse pour être confiée aux vignerons. Rien ne doit permettre l'identification de la région de production, et surtout pas l'évocation du nom, pour ne pas faire de tort à l'AOP. Même les mentions sur sa composition, légales et obligatoires sur tous les autres produits alimentaires, sont mal vues. Un brin paradoxal, à l'heure ou, pour la défense du consommateur, il serait plus judicieux de révéler ce qu'il y a vraiment dans le vin de tous les jours, outre une certaine quantité d'alcool, ce que personne n'est en mesure de nier.

     

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    Et si le coupable à la barre, finalement, ce n'était que le plaisir? Celui de jouer, boire, manger, baiser. Mener une vie d'ascèse devrait permettre de gagner moins vite le Père Lachaise. Une vie plus longue à cotiser, à chômer, à se faire piétiner par les dirigeants, les puissants et les nantis. Une vie censée coûter moins cher à la société et, sans doute, au final, lui rapporter plus..?

     

    Olif 

     

     

    * censuré! 

     

     

     

     


  • Tronches flambées...

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    C'est à l'initiative de Jean Walch, l'indispensable caviste strasbourgeois voguant au fil du vin libre sur l'Ill, quai des Bateliers, que les Tronches ont accosté dans la capitale alsacienne à la fin mai. Une rencontre 3 en 1, éminemment sympathique, associant la Librairie des Bateliers toute proche et L'essentiel chez Raphaël, le roi de la flammekueche bio installé à la Krutenau.

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    Dès 16 heures 30, les quatre tronches alsaciennes du vin avaient répondu "Présent!" à l'appel. Sympa de retrouver ensemble, sous l'égide des tronches, Lucas Rieffel, Christian Binner, Jean-Pierre Rietsch et,  légèrement en retard, mais excusé pour cause de manif anti Monsanto, Patrick Meyer.

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    Lucas Rieffel, le premier sur les lieux, n'a pas tardé à dégainer un Crémant de première bourre, du même niveau que celui de Jean-Pierre Rietsch, qui a enchanté la soirée Lancement de Tronches. Mittelbergheim, pays des bulles? Tout juste le temps de goûter au Katz'en'bulles 2009, version pinot gris, jus atypique plutôt décoiffant, de Christian Binner, et au pinot noir Heissenstein de Patrick Meyer, qu'il était déjà temps pour moi de me téléporter à 100 mètres de là, à la Librairie des bateliers, pour donner une "conférence" improvisée, ce que je n'avais jamais encore vraiment imaginé faire jusque là.

     

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    Et il y avait foule! Sans aucun idiotisme alsacien, même le plus intelligent qui soit, il m'a fallu raconter la génèse des Tronches depuis le début, de la gestation à l'accouchement, cigogne incluse, pour que l'auditoire puisse cerner un peu les motivations des auteurs et une partie des enjeux abordés dans le livre. Un public nombreux, curieux, assidu et intéressant, des libraires visiblement passionnés, de la trempe de ceux que l'on aime bien cotoyer ou rencontrer, qui questionnent, inquisitionnent, cherchent la petite bête pour pousser gentiment l'auteur à la confidence. Un joli moment de partage, ponctué par moult dédicaces de Tronches, et qui s'est cloturé par un verre d'EMMA, le Crémant de Patrick Meyer, du nom de la plus pétillante de ses trois filles.

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    Troisième étape de ce microtour de la Krutenau, si l'on excepte un léger retour à la case dégustation-apéro chez l'ami Jean Walch, jamais à court d'une quille, L'essentiel chez Raphaël. Pour une soirée Flammess à volonté, accompagnée d'un certain nombre de bouteilles pas encore vidées ni entamées. Natures, gratinées au munster, au tofu, salées, sucrées, mais surtout extra fines et extra bonnes, sans nul doute les meilleures tartes flambées jamais mangées, élaborées exclusivement avec des produits bios, et accompagnées de quelques-uns des meilleurs canons alsaco-toscano-jurassiens qui puissent exister.

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    La prochaine fois, en Alsace, on fera soirée choucroute et savagnin, promis!

     

    Olif

     

    P.S.: ce week-end, on remet ça, une fois! Sortie extra-hexagonale du côté de Bruxelles. Podverdeke, fieu, va y avoir de la Tronche au comptoir, du côté de la rue du Page, chez Basin & Marot. Avant de déquiller du nature italien et une ou deux Cantillons, j'en ai bien peur! Et de partir faire un tour de Vespa tout nu du côté d'Ostende...

     

     

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  • Pontarlier-ville ou Belleville?

    "Mais où sont mes racines?..."

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    Traitement "journalistique", à chaud, après un aller/retour express à la Capitale, tout juste de retour de la Bellevilloise, cette ancienne coopérative ouvrière sauvée des promoteurs dans les années 2000 et qui s'est transformée en lieu socio-culturel depuis. Une affluence terrible aujourd'hui, pour accueillir le premier salon des vins Rue89 , co-organisé avec No Wine is innocent, le blog vinique phare de tous les adeptes de la traversée de rue. Heureusement que certains sont venus aux aurores, juste prendre un petit café, parce que le dimanche, quand l'Angélus sonne, faut pas déconner, place au vin sérieux. Au plus fort de l'après-midi, on se serait même plutôt crû à la Belle Isloise, tant les riverains étaient entassés comme des sardines en boîte. Plus de 700 visiteurs d'après les organisateurs, pas mal pour un coup d'essai. Antonin Iommi le Vindicateur a gagné du premier coup ses galons de GO de salon de vin.

     

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    Venu en coup de vent depuis Pontarlier profiter du soleil réapparu à Paris, je n'ai pas trop vu le jour. Juste le temps de découvrir la jolie gamme du domaine Rousselin en compagnie de Laurence la Vigneronne (à contrejour, malheureusement, private joke), de faire connaissance avec Olivier Collin, vigneron discret vivant caché mais dont les cuvées, toutes parcellaires et extra-brut, brillent au firmament de la Champagne, de faire un petit coup BAM!, quand votre verre fait BAM! avec Benoit Tarlant, de regoûter avec plaisir aux jolies roussettes du domaine de Soleyane, dont 2 échantillons un poil atypiques mais délicieuses, compléter mes connaissances de la grande gamme du Petit Domaine languedocien de Julie et Aurélien Petit, avec une majuscule à Petit...

     

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    ... de se régaler une nouvelle fois avec les Chablis d'Alice et Olivier de Moor, de découvrir le rarissime Sauvignon  beaujolais d'Isabelle Perraud, conditionné en bouteille bordelaise de 50 cl, de faire une petite incursion en Loire du côté de Chinon, avec Frédéric Sigonneau, du domaine de l'R, et de savourer les chenins et pineau d'Aunis du domaine de la Grapperie, en compagnie de Renaud Guettier.

    Le casse-croûte, préparé avec amour par tout le team de l'Épure, a permis de tenir le coup jusqu'à la séance de dédicace des Tronches. Un petit coup de Bordeaux, en compagnie des 3 Petiotes et de Gombaude-Guillot (la dernière goutte de Pom'n'roll), et ça repart! Direction la Gare de Lyon, histoire de ne pas manquer le TGV du retour. Et, avec tout ça, je n'ai pas bu de café!

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    Sous les pavés, la vigne continue encore demain. Ce soir, c'est l'after, en compagnie du gratin du cinéma français, à ce qu'il paraît...

     

    Olif

  • 7 qui prend!

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    Ce petit Chérubin les fesses à l'air sur son tonneau illustre le tout premier vin jaune d'Alice Bouvot et Charles Dagand. Une grande première pour ce domaine jurassien désormais phare, qui a su se tailler en moins de 7 ans une place de choix dans le milieu du vin bio et naturel jurassien, dans le milieu du vin du Jura tout court, dans le milieu du vin tout court. Alice et Charles, du domaine de l'Octavin, ont fait leurs gammes avec Mozart et ils ne l'ont pas renié, car ils bossent toujours avec Don Giovanni. Mais ils vont désormais au-delà, proposant une gamme de vins qui dépotent, contenant comme contenu. Pas de recette spécifique, en dehors d'un gros travail biodynamique à la vigne, plutôt un feeling et une inspiration qui leur donnent envie de se laisser guider par le raisin en cours d'élevage, question de confiance. Et le plus souvent, ça paye! D'une année sur l'autre, les vins ont leur propre identité. Un de leurs gros succès, que l'on trouve sur les meilleurs tables du monde, en toute modestie, c'est le Trousseau des Corvées.

     

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    Avec cette cuvée, dite du Nain, boire du trousseau n'est jamais une corvée. Une étiquette signée Mme Olif, tronche de peinture, qui a du coup été sollicitée pour habiller le Chérubin. Avec pour consigne toutefois de lui laisser les fesses à l'air. Un Nain jaune pour une désacralisation du clavelin, dont bien peu de vignerons, pour ne pas dire aucun, osent un nom spécifique, encore plus s'il est fantaisiste. Deux fûts élevés en parallèle dans une même cave fraiche et humide, mis en bouteilles séparément, et deux vins s'exprimant légèrement différemment. Ciré bleu pour un nez épicé, champignon de printemps, qui sait pourtant rester frais dans le gosier. Ciré jaune pour des arômes plus réservés au nez, mais une bouche tout en dentelle et en finesse, hautement salivante. Un jaune réjouissant, qui a pourtant frôlé le déclassement, n'exprimant pas une soit-disant typicité arboisienne, généralement sur la noix prononcée. Il s'est fort heureusement bien rattrapé à l'oral, le contraire aurait pû être un scandale à la hauteur de "la faute grave" qui a coupé les ailes du Moulin-à-Vent du domaine de la Molière tout dernièrement.

     

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    Les autres nouveautés, ce sont des histoires de rébus avec des chardonnays de la Mailloche macérés et un Zest de savagnin, lui aussi cuvé au lieu d'être râpé. De bien belles quilles et de quoi se taper une bonne partie de jeux de société en compagnie d'Alice et Charles! 7 qui prend?

     

    Olif