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  • VDV#61: Il était une fois, la dernière lubie de Francis Lubat...

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    Il était une fois ... un vigneron qui est allé au bout de lui-même. Œnologue de formation, après avoir fait ses preuves dans plusieurs maisons, il décide de se poser là où il est né, ou presque. À Taron, 64, Pyrénées-Atlantique, Sud-Ouest. Pas loin de Madiran. Francis Lubat est son nom. Un battant, qui dès le départ, décide de travailler autrement. Il jette son dévolu sur une propriété de 8 hectares, en location, dont les vignes ont 80 ans de moyenne d'âge. Du tannat, comme dans l'appellation voisine. Pas d'engrais dans la vigne, broyage de l'herbe et des sarments. Un rendement moyen de 40hl/ha, des raisins vinifiés sans assemblage, en parcellaire, pour respecter le millésime. Ni filtration, ni SO2 pendant l'élevage. Juste un chouïa à la mise en bouteilles. Nous sommes en 1996. Francis est quasiment un extra-terrestre dans sa région d'origine. Le vin nature n'a alors aucune existence officielle. Et même encore maintenant, c'est dire. Mais pour l'époque, c'est un peu plus compliqué. Bénéficiant généreusement de l'appellation Vin de table sans même avoir à la demander, Francis, rejoint par 5 autres vignerons des PA, réussit à obtenir le label Vin de Pays des Pyrénées-Atlantique en 2004. Un encouragement loin d'être suffisant, car finalement peu porteur. 2006 sera finalement la dernière récolte de Francis Lubat, qui jettera l'éponge, en vue de nouvelles aventures.

     

    Vendredisduvin

    Un conte véridique pour célébrer ces 61èmes Vendredis du vin, cornaqués par Abistodénas, authentique sudiste occidental et sans doute adepte de Sergio Leone. Il était une fois dans le Sud-Ouest... L'histoire aurait définitivement pu s'arrêter là, si, par un beau jour de l'an 2013, soit 7 ans après le départ de Francis Lubat vers de nouveaux horizons, un lecteur du Blog d'Olif n'avait décidé de me conter lui-même cette belle histoire à la triste fin. Et de m'envoyer personnellement un des derniers ours blancs survivant à l'extinction du domaine Bordes-Lubat. Une bouteille de 2006, 100% tannat à goûter pour le plaisir, pour lui donner mon sentiment sur ce vin, pour me donner l'impression d'avoir participé moi-même, personnellement, ne fût-ce qu'une fois, à cette belle aventure. Une bouteille débouchée non sans une réelle émotion. La robe est toujours d'un bel éclat, ayant résisté brillamment au temps. Un nez fruité, sur de petites notes de cassis, et une bouche fondue et parfaite, légèrement acidulée et particulièrement séduisante. Un vin à point, très harmonieux, frais et hautement buvable. Du tannat à la peau bien tannée et aux tanins civilisés, dont on aurait volontiers suivi l'histoire pendant quelques années supplémentaires. Il était une fois le domaine Bordes-Lubat...

     

    Olif

     

    P.S.: merci à Luc Périssé, fidèle du domaine de la première heure, de m'avoir permis de tremper mes lèvres dans ce précieux nectar empreint d'une certaine nostalgie. Et, accessoirement, de m'avoir transmis le minimum d'éléments pour conter cette histoire à mon tour. Il est le dépositaire des derniers exemplaires existants du domaine Bordes-Lubat. Tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur le domaine, sur ce vin, peuvent le contacter par mail (en cliquant sur son nom).

  • Immersion en Chambertin

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    Jeudi 14 novembre 2013, 16 heures. Hôtel Arts et Terroirs, Gevrey-Chambertin. Chambre Chambertin, tout un programme. Une fois le baluchon déposé, direction l'espace Chambertin. Prêter serment d'allégeance au roi Chambertin et à ses souverains. À la demande des vignerons du cru, le syndicat de Gevrey-Chambertin a décidé de faire bloc et scission pour présenter à la dégustation ses vins du millésime précédent, toujours en cours d'élevage, au mois de novembre et non pas au printemps de la même année, comme il est usuel pour satisfaire les besoins d'une critique lancée dans une course à l'éjaculation de commentaires de plus en plus précoces sous la pression du marché. Des vins qui se goûtent parfois mal à cette période printanière de l'année, souvent encore en cours de fermentation malolactique. D'où la décision de faire cavalier seul et de ne plus répondre aux attentes d'une presse en quête perpétuelle d'information primeur avant le reste du monde. Un cavalier seul à la date judicieusement choisie, puisque tombant à la veille des Trois Glorieuses bourguignonnes, à savoir le grand chapître du Clos Vougeot, la vente des Hospices de Beaune et la Paulée de Meursault. Et, accessoirement, tout juste une semaine avant la grande cérémonie du Beaujolais primeur, 2013 celui-là. L'occasion d'inviter une bonne partie du gratin journalistique effectuant en grandes pompes le déplacement burgonde dans la froidure de novembre, avec ou sans moustache prostatique de circonstance. Petite parenthèse ludique: on reconnait généralement la qualité de l'organe du grand dégustateur à la droiture de son jet en direction du crachoir. Les moins expérimentés, les plus vantards ou encore les véritables prostatiques ne se seraient sans doute pas privés d'éclabousser la face de leur petite stagiaire japonaise.

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    Cette grande dégustation parfaitement organisée fut l'occasion de croiser quelques camarades blogueurs d'envergure, Patrick Maclart et Emmanuel Delmas pour ne pas les nommer, de cracher dans le même tonneau que la fine fleur de la critique française, donc, et de découvrir en avant-première une grande partie de la production 2012 de la commune de Gevrey-Chambertin, du simple village au Grand cru.

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    Les alter égaux de Mimi, Fifi et Glouglou (©Michel Tolmer et Éditions de l'Épure) en dégustation à Gevrey-Chambertin

     

    La première partie "dégustation" fut l'occasion d'appliquer la méthode "Maclart" pour ce type d'événement, à savoir commencer tranquillement par les Grands crus, avant que la foule n'arrive et se jette dessus. Pour prendre le temps de finir par les villages, en principe moins plébiscités par les amateurs de crus. Bon point. Qui a plutôt desservi le roi Chambertin et ses pairs, dont la course à la concentration et à la puissance a aidé à mettre en avant la finesse et la fraîcheur d'un certain nombre de villages. Une dégustation plutôt hétérogène dans un millésime plutôt réussi, jouant sur le fruité et la qualité des tanins. Que les différents styles de vinification gomment ou exacerbent, selon la volonté du vigneron et/ou de l'œnologue.

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    Parmi cette belle rangée de bouteilles, tirées généralement du fût, quelques belles découvertes personnelles, parmi un certain nombre de stars de l'appellation:

    - le domaine Henri Richard, en bio, avec deux cuvées dont un Charmes-Chambertin pas poussiéreux pour un sou.

    - Jérôme Galeyrand, bien pourvu en villages, et pour qui jouer au Billard sur la Croisette ne serait que Justice. Du fruit, de la fraîcheur et un joli grain de tanins sur les trois cuvées. Le pinot noir dans toute sa finesse et sa splendeur!

    - Alain Burguet, dont la cuvée "Symphonie" a fait partie de "Mes favorites", et vice et versa. Deux vins de franche  et bonne expression, laissant la part belle au fruit.

    - Arnaud Mortet, qu'on ne présente plus, s'est fait un prénom en apportant finesse, fraîcheur et élégance aux vins très réputés du domaine Denis Mortet. Tous ses 2012 sont d'une classe folle!

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    Une dégustation d'une telle envergure ne serait rien sans le repas qui suit. Concocté par Thomas Collomb, chef de la Maison des Cariatides à Dijon et, bientôt, de la fameuse Rôtisserie du Chambertin, en léthargie complète depuis plusieurs années. Grâce à lui, Gevrey devrait enfin retrouver un chef à la hauteur de son Roi.

     

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    Un repas sur le principe de la Paulée de Meursault, avec des bouteilles qui virevoltent de table en table. Consigne théorique: le millésime 2002, que bon nombre de vignerons se feront un plaisir de transgresser, en apportant des millésimes parfois plus anciens. Comme cet épatant Latricières-Chambertin 98 du domaine Louis Rémy, mes sympathiques voisins de tablée.

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    Déguster Chambertin, boire Chambertin, manger Chambertin, dormir Chambertin, vivre Chambertin, une sacrée immersion! Cette très belle manifestation fut parfaitement organisée et relayée par Fabienne Ballorin, à la casquette d'attachée de presse pour la circonstance. La prochaine fois, comme les meilleurs, je mettrai mon plus beau chapeau et je prendrai une petite stagiaire, japonaise de préférence.

     

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    Olif

     

    P.S.: rien à voir, mais les 30 novembre et 1er décembre, c'est Plappevignes. Du vin et des quiches! Et deux ou trois bouquins, aussi. Le salon du Grand Est à ne pas manquer!

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    P.S.2: pour ceux qui ne seraient pas du coin de la Lorraine, il leur restera la Touraine. Pas de quiches au menu, mais une bonne partie des meilleurs vignerons bios du coin. Les Vins du Coin, c'est dans le coin de Blois que ça se passe et c'est le salon du Grand Centre à ne pas manquer!

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  • Œnomobilisation générale!

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    Le monde va mal, c'est un euphémisme. Celui du vin guère mieux, attaqué de toutes parts par des ennemis qui ne lui veulent pas de bien. Un peu partout, plutôt au Sud (et pas qu'à Marseille), une guerre larvée est déclarée. Un seul mot d'ordre: MOBILISATION!

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    Mobilisation générale contre le déménagement du centre ampélographique international du domaine de Vassal, qui risque de laisser des ceps dans l'affaire, mettant en péril le patrimoine national de cépages pieusement collectionnés depuis des lustres. La révolte du Vassal contre l'État souverain, dans l'intérêt de tous, ça vous a un petit air de Carmagnole. Ah! ça INRA, ça INRA, ça INRA, les cépages n'iront pas à la lanterne! Mobilisons-nous pour la sauvegarde de ce patrimoine inestimable géré par l'INRA et signons tous la pétition!

     

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    Mobilisation générale contre les exactions anonymes visant (sans doute?) la Confédération paysanne au travers de Robert Curbières, vigneron en bio, non pas en Corbières, mais à Ventenac-Cabardès. Une affaire criminelle et incendiaire pour l'instant non revendiquée, ni élucidée, avec pour dommage collatéral la destruction complète de la récolte d'Édouard Fortin, jeune vigneron en cours d'installation, hébergé au domaine Curbières. Une marche de soutien à Robert et Édouard est prévue le 23 novembre à Ventenac-Cabardès. Alors, ce jour-là, allons tous marcher! Mobilisation! Là-bas pour ceux qui peuvent, ou ailleurs pour les autres. Que le Phénix du Cabardès puisse renaître de ses cendres!

     

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    Mobilisation générale contre la disparition mystérieuse des pluviomètres en Languedoc-Roussillon. Faut bien reconnaître que le ciel du Sud est généralement plutôt clément, mais quand il pleut, il y en a besoin. Alors, à chacun le sien, s'il vous plaît. Ce serait dommage d'avoir à le mettre sous clé à l'intérieur en cas de pluie!

     

    Olif

     

     

     

     

  • Saint-Glou 2013 en Alsace: les bonnes adresses, yoppla! (1)

     

     

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    © Vincent

    Le concept de Saint-Glou ne serait pas grand chose sans le Saint-Miam. Découvrir une région viticole ne se conçoit qu'au travers de sa gastronomie. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les organisateurs ont été gourmands. Et si la gourmandise est un péché, cela ne vaut que lorsque l'on est seul. À plusieurs, cela s'appelle de la convivialité. Chaque stand de ravitaillement a été associé à un ou plusieurs vignerons. La belle occasion de découvrir une jeune garde alsacienne, à côté des monuments viticoles inscrits au programme.

    Comme il s'agissait de ne pas manger une choucroute à chaque repas, la sélection des adresses gourmandes s'est effectuée de manière rigoureuse et totalement subjective, afin d'être au diapason du glou. On commence par le bas, qui, je le rappelle, se trouve en haut.

     

    Strasbourg


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    Les choses devaient démarrer en douceur à 17h30 par une dégustation apéritive chez Benoit Hecker, dans son Œnosphère alternative, au 33 de la rue de Zurich. Cave à boire, bar à vin, cave à manger, le concept est toujours aussi séduisant, surtout quand un vigneron de Gertwiller, Monsieur Yann Herr (pléonasme alsacien), fait le déplacement pour présenter et faire goûter ses vins.

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    De cette série passée un peu vite pour moi, les bouchons de Sélestat et de la Porte de Schirmeck ayant bien eu du mal à sauter, je retiendrai un jovial Pinot Chio, assemblage des 4 pinots vinifiés en fût et sans sulfites ajoutés, et un pinot noir 2012 ayant bénéficié à distance des conseils avisés de Monsieur Henri Milan (pléonasme provençal), chez qui j'ai rencontré Yann Herr pour la première fois, complètement par hasard.

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    Pinot Chio, un peu de bois, celui dont on fait les marionnettes, mais pas au point de lui en tailler une pipe.

     

    Les papilles en éveil pour contrer les oiseaux de mauvais augure, il est désormais temps de s'attaquer à la possibilité d'une Ill. Il suffisait de passer le pont, pour se retrouver Au Pont Corbeau, chez Christophe Andt, the adresse strasbourgeoise que Saint Glou ne pouvait manquer. Le gros travail effectué par Christophe auprès des vignerons qu'il affectionne, associé à une cuisine chaleureuse bien ancrée dans le terroir alsacien, en font un passage obligé lors de toute étape strasbourgeoise digne de ce nom.

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    On y mange une excellente choucroute, ce sera la seule occasion du séjour. Il ne fallait pas se priver. Rejoints à table par Patrick Meyer, la soirée ne pouvait que s'annoncer sous les meilleurs auspices civils. Et, du coup, ça dégoupille sec! Avec la cuvée du vigneron en finale, pour lequel il n'y aura pas match: un liquoreux de pinot gris sous voile sans sparring partner, à siroter jusqu'au bout de la nuit strasbourgeoise.

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    Colmar

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    Le lendemain midi, un peu plus bas, dans le Haut-Rhin, on n'a pas molli. N'en déplaise à Berthe. L'un des sens, oui, mais lequel? Située rue Berthe Molly, une cave à vin, bar à vin, cave à manger, un concept toujours aussi plaisant quand la qualité des produits est au rendez-vous. Pas de flammekueches dignes de Saint Glou, on se consolera joyeusement avec une tourte de la vallée, oui, mais laquelle? Délicieuse en accompagnement des vins servis par les deux vignerons présents. Philippe Brand reprend progressivement le flambeau d'un domaine familial situé tout en haut, dans le Bas-Rhin, à 20 km à l'ouest de Strasbourg. En bio depuis 2001, avec l'envie de titiller du nature. Une agréable Nymphe rose à l'apéritif, crémant à la bulle fine, et un pinot noir sans soufre 2012 dont le principal tort fut de passer avant (ou après) celui de son collègue de goulot.

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    Hubert Hausherr était comme un monsieur à la maison, à Colmar. Son domaine est situé un peu plus bas, dans le Haut-Rhin, du côté d'Eguisheim, à une portée de bouchon de là. Une belle découverte, sans sulfites ajoutés, dans la majorité des cuvées. Du lieu-dit Sunngass 2010 (complantation de riesling et pinot gris) au pinot noir 2011 du Fronenberg, en passant par Aussitôt bue 2011, assemblage de 3 cépages, comme son nom l'indique, et d'une grande buvabilité, comme son nom l'indique aussi. Sui Generis 2011, si sa mission était de nous faire aimer le gewurtz, eh! bien, c'est généreux et réussi!

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    Olif

  • Vendanges littéraires

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    Pendant toute l'année, ils ont été choyés, dorlotés, binés, décavaillonnés, labourés, tannés, traités, maltraités, effeuillés, plumés, harcelés par leurs éditeurs qui ne leur ont jamais lâché la grappe, qui n'ont jamais rien lâché. Ils ont tenu bon, concentré leurs sucs, mûri leur sujet et, finalement, ils sont arrivés  au bout de la maturité de leur processus créatif. Leurs feuilles sont tombées à l'automne, en même temps que le fruit de leur travail. Grosses vendange tardive de bouquins sur le vin en 2013, donc, avec une récolte qui s'annonce plutôt qualitativement bonne, éclectique, dont quelques grands crus.

     

    Mimi, Fifi & Glouglou, petit traité de dégustation

    C'est brut de cuve, souvent nature et ça sent le vécu. Pas que le vécu, d'ailleurs. Parfois un peu le cul de la vache ou encore le poulailler, aussi.

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    ©Michel Tolmer et les Éditions de L'Épure

     

    Mimi, Fifi et Glouglou, parfois remplacés au pied levé par Mimie, Fifie et Louloute, concentrent pas mal les travers des dégustateurs amateurs, quelque soit leur niveau. Ils sont observés avec tendresse, humour et dérision par l'œil aiguisé d'un artiste sociologue dont l'étude pourrait paraître parfois obtuse au néophyte. Heureusement, il y a beaucoup d'images. Des dessins à profusion, à dessein de croquer le trio d'œnophiles le plus craquant de tout l'univers du vin, naturel de surcroît. Tout cela est finement couché sur le papier par Môssieur Michel Tolmer, homme de glou et artiste dévoué à la cause, aimant payer de sa personne, pourvu qu'il y ait une petite poire de Cazottes à la fin.

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    Mimi, Fifi et Glouglou, petit traité de dégustation, par Michel Tolmer, aux Éditions de l'Épure

     

    La face cachée du vin

    Une réédition indispensable, à exposer au grand jour, que celle de la Face cachée du vin, qui n'est pas toujours jolie jolie à regarder. Grâce à Laurent Baraou et Monsieur Septime, prouvons qu'un autre vin est possible, un altervin qui aurait de la gueule, élaboré par des vignerons qui respectent autant la terre que leur produit ou le consommateur. Tout ce que vous n'auriez jamais dû savoir sur le vin sans toujours oser le demander...

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    La face cachée du vin, par Laurent Baraou et Monsieur Septime, aux Éditions François Bourin


    Chroniques de la vigne, conversations avec mon grand-père

    Dans une veine humoristico-poético-autobiographique, Fred Bernard, bourguignon baroudeur, nous conte là de biens belles tranches de vignes, en transcrivant la parole de son grand-père, personnage haut en couleurs, difficile à convaincre de participer à l'aventure ("Le vin, ça se lit pas, ça se boit!").

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    ©Fred Bernard et Glénat

    "Le vin, c'est toute sa vie", au Papy Bernard. Alors, chroniquer la vigne et le vin, c'est aussi raconter la Bourgogne, Savigny-les-Beaune, le raconter lui-même et se raconter soi-même. Un beau récit intime, avec beaucoup de texte et de très jolies images en couleurs directes.

    Chroniques de la vigne, conversations avec mon grand-père, par Fred Bernard, aux Éditions Glénat

     

    Champagne, Le rêve fragile

    La possibilité d'un livre sur le Champagne... Depuis plus de deux ans, Samuel Cogliati vit un rêve. Un rêve fragile rempli de bulles, qui l'a amené à enquêter sur la plus pétillante des régions viticoles françaises. Comprendre la (et le) Champagne, géographiquement, historiquement et géologiquement parlant, faire le champagne (et le vinifier), puis, enfin, le boire. Et le déguster aussi. Le tout en s'appuyant sur le travail d'un certain nombre de vignerons champenois, des RM ("Récoltants Manipulant"), comme on les appelle par opposition aux grandes maisons et aux négociants, alors que vigneron leur colle si bien au teint. Aidé dans sa démarche par Jean-Marc Gatteron, du Rouge & le Blanc, ce qui en dit beaucoup sur le sérieux et la qualité de l'ouvrage.

     

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    L'ouvrage est complété par une fort belle sélection de vignerons champenois, qui pourra grandement aider l'amateur à faire son choix en se basant sur 4 critères: la finesse, la régularité, l'expressivité et la complétude, "autrement dit le sentiment que les qualités des vins dégustés sont le résultat d'un travail abouti et la marque d'un style maitrisé". Vive la complétude champenoise, qui devrait permettre au rêve champenois de ne pas virer au cauchemar, grâce à tous ces bons vignerons engagés dans une reconquête de leur terroir, c'est ce qui ressort de cette complète étude italo-française.

    Champagne, le rêve fragile, par Samuel Cogliati, aux Éditions Possibilia (commande en ligne exclusive)

     

    Grands crus classés de Saint-Émilion

    De toute cette œnobibliothèque, c'est de loin le plus lourd! Aussi bien en kg qu'en K€. Saint & millions, © Vincent Pousson, qui s'y connait question chiffrage de liquides en liquide. Vingt propriétés décortiquées, à la manière de ce que les deux compères avaient déjà réalisé en Médoc. La qualité du travail accompli rive gauche leur a ouvert les portes de la rive droite. Pas toutes, mais certaines des plus incontournables, qui, pour le coup, soignent plutôt bien leur com'. Les grands crus classés du Bordelais sont bel et bien des vins de terroir, comme le prouvent les superbes réalisations graphiques en 3D de Pierre Le Hong, ainsi que les dégustations parcellaires réalisées au domaine, avant l'assemblage des différentes barriques donnant naissance au sacro-saint "Grand vin". Chaque domaine est remarquablement décrypté et disséqué, historiquement et géographiquement, par la plume affûtée et enjouée d'Éric Bernardin, qui se lâche gentiment dans des sous-titres parfois en léger décalage avec le sérieux du propos, ce qui n'est pas pour me déplaire. Une approche touffue, généralement complétée par la parole donnée aux propriétaires/régisseurs/directeurs techniques (biffez les mentions inutiles selon les cas). Une bible non exhaustive qui ravira tous les amoureux de Saint-Émilion, les accros aux classements divers et variés et, sans doute aussi, les passionnés de la rive droite. Les autres pourront toujours s'en servir pour caler un meuble, mais ce serait gâcher.

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    Crus classés de Saint-émilion, par Éric Bernardin et Pierre Le Hong, aux Éditions Sud-Ouest

     

    Bacchus et moi

    Ou quand un auteur littéraire américain à succès se passionne pour le vin au point d'en écrire régulièrement des chroniques dans différents journaux américains, dont The Wall Street Journal, s'il vous plaît, mazette! Il en ressort une compilation des dites chroniques dédiées à Bacchus, qui font la part belle aux vins "stars", de Bordeaux, Bourgogne, Italie, Californie ou ailleurs. Une belle plume au service des vins de luxe, censés faire rêver les amateurs de vins classiques du monde entier. Qui vole même au secours de la pseudo-mode anti-Bordeaux. Ça assure un max, quoi! Quelques incursions en biodynamie, quand même, avec ce qu'il faut de scepticisme, ou, encore plus rarement, dans le milieu plus nature, avec pas mal de réserves, et uniquement chez des valeurs sûres, comme chez Thierry Allemand à Cornas.

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    Bref, c'est plutôt très grand public (c'est une bonne chose), osant des comptes-rendus de dégustation métaphoriques et décomplexés, basés sur le ressenti et des mots simples, qui tendent à désacraliser la dégustation (même si la majorité des vins chroniqués coûte pas loin d'un bras) Et c'est surtout vachement bien écrit et bien traduit. Une bonne bouffée vinique venu des Amériques, qui donnerait presque envie d'ouvrir un Mouton-Rotschild 2001, par exemple!

     

    Bacchus et Moi, par Jay McInerney, aux Éditions de la Martinière

     

    Olif

  • Saint-Glou 2013: Elsass blues!

     

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    Copyright Vincent

     

    Tandis qu'une foule bretonne défilait dans les rues de Quimper, le bonnet incandescent, là où un bouquet d'algues vertes aurait pu suffire comme couvre-chef, sous prétexte de défendre un modèle agro-alimentaire productiviste et polluant à tous les étages, nous conduisant certainement droit dans le mur, mais surfant sur la vague du ras-le-bol général, les adorateurs de Saint-Glou, plus terre à terre, ont préféré arborer fièrement une coiffe alsacienne pour soutenir une viticulture propre et durable au pays du riesling et de la choucroute.

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    Du haut du Wineck Schlossberg, entre chien et loup...

     

    L'Alsace est un vignoble gigogne où il n’y a pas de pétrole mais où il y a du riesling. Il se partage entre les deux départements du Haut et du Bas-Rhin. Sur une carte de France, l’Alsace est située dans la fosse lombaire, avec le bas en haut. La vigne, elle, y est aussi bien cultivée de haut en bas, du Sud au Nord et de la plaine au coteau. Lorsque les cigognes se sont penchées sur le berceau des vins d’Alsace, elles y ont déposé de biens jolis raisins. Riesling, sylvaner, gewurztraminer, klevener, muscat, pinot blanc, gris et noir, ont trouvé sur les plus beaux coteaux des collines sous-vosgiennes, une mosaïque de terroirs bénéfiques à leur plus grande expression. Du grès au schiste, en passant par le granit, le calcaire ou la roche volcanique, tous les types de sols aptes à la viticulture sont représentés et s’emboîtent les uns dans les autres. Une cinquantaine de lieux dits particulièrement qualitatifs ont donné naissance à autant de grands crus, qui peuvent s’afficher fièrement sur les étiquettes, même s'ils peine à obtenir la reconnaissance qu'ils méritent et à tirer véritablement l'Alsace au sommet de la pyramide des grands vins de ce monde. Les grands crus alsaciens se situent volontiers à flanc de montagne et portent un nom difficilement prononçable pour qui n’est pas né à Colmar ou n’a pas fait ses études à Strasbourg. Jadis région des pires excès, en terme de rendements et de sulfitage, la région est désormais quasiment à la pointe en matière de culture biologique ou biodynamique et de vinification « nature », la protection de l’environnement, autant que la santé du consommateur, étant devenue une priorité pour beaucoup de vignerons. Le vin d’Alsace, qui n’a pas d’égal au monde, tous les Alsaciens vous le diront, se servait classiquement au comptoir, dans un verre échassier au pied vert. Désormais, les meilleurs sont plus volontiers consommés à table dans n’importe quel bon verre à dégustation.

     

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    C'est donc ici, en Alsace, qu'a commencé le troisième volet des aventures de la Saint-Glou, grand patron des buveurs, dont la fête se souhaite avec celle de tous les saints, un jour avant celle des défunts. Pas question de finir ivre-mort pour autant, mais plutôt d'avoir un aperçu idéal et totalement subjectif de ce qui se fait de meilleur en matière de miam et de glou dans une région choisie au préalable. Et c'est, comme à chaque fois, un véritable déchirement de clôturer la Saint-Glou et regagner ses pénates!

     

     

     

     

    Olif

     

    P.S.: tout le monde pourra continuer à honorer Saint-Glou comme il lui conviendra, par exemple le 10 novembre, à Latour de France, en compagnie des vignerons du village.

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