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  • Cigales, cyprès et garrigues, côté Jardins!

    Date: le 26/06/2005 à 11:47

    Portes ouvertes aux Jardins de Saint-Vincent, chez Stéphane « Saint-Vernier » Planche, en ce jeudi 16 juin 2005! Porte ouverte sur la rue de la Liberté, en plein cœur d’Arbois, car la chaleur estivale est au rendez-vous, ce qui a pour effet de laisser remonter du Grand Sud des senteurs de garrigue et de cyprès, sur fond de chant de cigales, grâce aux vins de la nouvelle génération de « furieux » du Sud de la France. Des nouveaux vignerons, mais aussi des plus anciens, aux noms plus connus, tous produisant des vins dans un esprit de total respect de la nature et de l’environnement.

    Une porte ouverte mais d’accès limité, selon le principe qui prévaut ici, 20 personnes, 20 heures, 20 €! Même si le maître de céans verrait d'un bon oeil une soirée à 50 personnes, 50 heures et 50 € ! Mais bon, 50 heures, ça nous mènerait un peu tard dans la nuit!

    Nous saluerons la participation "en coulisses" de Madame Brignot, qui est venu apporter une petite touche féminine callygraphique au tableau noir de l'entrée. Les filles, ça écrit quand même mieux que les garçons, d'une manière générale!




    Ce soir-là, quelques "furieux" du Jura se trouvant dans l'assistance, il y avait pas mal de choses à goûter, alors on attaque tout de suite!


    -Domaine du Grand Jacquet, L'amelier 2004, VDP du Vaucluse 
    Robe couleur Malabar. Nez très amylique, chewing gum, bonbon anglais. De la fraîcheur, avec un petit côté perlant. Rigolo!

    -La Begou, vin de table, Maxime Magnon
    Carafé longuement car fermé à l'ouverture(!), et présentant des notes de réduction qui se sont estompées au moment de la dégustation, car le nez est net, assez pur. La texture est lisse et large, riche et puissante, avec une sensation chaleureuse, et en même temps une grande douceur (6 à 7 g de SR).

    -Blanc 2003, Didier Barral
    80% Terret blanc, 20 % Viognier. Robe jaune, à peine trouble. Nez puissant, alcooleux, complexe, gras et riche en bouche, mais non dépourvu de minéralité, il est aussi un peu oxydatif en même temps. Longue finale qui n'en finit pas de revenir. Un équilibre costaud, où l'alcool se perçoit sans être totalement dominant. Une expérience gustative qui a ses adeptes, particulièrement intense en 2003. Je crois que 2004 sera un peu plus «raisonnable»!

    -Vin de Table Ribeyrenc 2004, Thierry Navarre
    Un cépage oublié du Languedoc, l'Aspiran, ou Ribeyrenc, remis au goût du jour par Thierry Navarre, qui est un des derniers à en posséder. La robe est rubis très clair, presque groseille. A peine animal, foxé au premier nez, il délivre par la suite un bien joli fruité, avec un toucher de bouche très soyeux derrière une attaque franche, minérale, presque métallique. La finale est acidulée et fraîche, un peu abrupte, mais revenant bien sur le raisin. Un vin carré et original!

    -Rose rouge 2002, Domaine de Peyre Rose
    La robe est rubis, à reflets carmin, plutôt soutenue pour un vin rosé. Un soupçon de réduction transitoire laisse la place à des notes de fraise écrasée, de griottes, de petits fruits à noyaux. Bien charpenté, avec beaucoup d'allonge. Un grand séducteur en phase fruité flamboyante!

    -Corbières La Démarrante 2004, Maxime Magnon
    60% Carignan, 40% Cinsault. Robe burlat soutenu. Nez très fruit, un peu chocolat et torréfaction, mature et frais, gourmand, avec des tanins qui accrochent, et probablement un peu de volatile. Pour démarrer la gamme de Maxime Magnon, dans la bonne humeur!

    -La Luna 2004, Vin de table, Bruno Duchêne
    Un micro-domaine situé à Collioure, travaillant très proche de la nature. Cette cuvée La Luna, élaborée avec 100% de Grenache, s'offre sous une robe plutôt colorée. Le nez est puissant, chaleureux, alcooleux, mais également un peu végétal. La bouche est concentrée, à la rusticité tannique loin d'être désagréable. Finale légèrement piquante, marquée par une pointe de volatile.

    -La Rozetta 2004, Maxime Magnon
    Une cuvée 100% Carignan à la robe colorée et brillante. Le premier nez est un peu animal, fourrure, puis évolue sur la poudre de cacao. La bouche, soyeuse en attaque, part un peu dans tous les sens, avec une acidité marquée en finale, manquant encore un peu de liant. La fraîcheur qui se dégage permet d'entrevoir l'avenir radieusement, une fois que tous les éléments se seront mis en place.

    -Domaine Roche Buissière 2003, Vin de Pays des Coteaux des Baronnies
    La robe est très colorée. Légèrement réduit à l’ouverture, le nez imprègne ensuite de son fruité épicé, légèrement animal, croquant et frais. Simple et franc!

    -Sauvage de Kokopeli 2003, Bruno Duchêne
    Retour vers les blancs, même si la robe est encore à peine trouble. Le nez est intense et complexe, sur la mirabelle, la pomme, le miel, laissant présager d’une grande douceur en bouche. Que nenni! La bouche est sèche, stricte, droite et longue. Un style surmaturé sec, toujours aussi déroutant, plutôt réussi! Grenache gris et blanc + macabeu, élevé sous voile pendant 2 ans!

    -Mas Valensole, grenache passerillé élevé sous voile

    Encore un truc décapant, signé Le Seb, produit dans un coin perdu du Gard. Robe acajou clair, superbe nez très fin, dans un registre fruits secs, café, moka. Bouche douce, caressante, évoluant par petites touches successives révélant l’alcool présent dans le vin, sans pour autant apporter de la lourdeur.

    -Vin de Paille 2003, Domaine de la Tournelle
    Invité surprise de dernière minute, on ne pouvait refuser un petit verre de Paille apporté par Pascal Clairet. Il s’agit d’une cuvée ouillée, celle déjà goûtée sur fût au domaine en juin 2003. Un équilibre inhabituel pour un Paille, privilégiant la fraîcheur, malgré la grande richesse constitutionnelle du millésime (raisins cueillis début août, pressés début octobre!).

    Place au mâchon, concocté par un autre traiteur arboisien, Maître Jean-Claude profitant d’un repos bien mérité. L’occasion de déboucher quelques flacons de vins de soif, et de profiter de quelques bonus apportés par Jean-Marc Brignot, de passage dans la rue et qui ne s’est pas fait beaucoup prier pour se joindre à nous, n’hésitant pas à aller chercher quelques flacons de sa production chez lui, dont un fort joli Trousseau 2004, cuvée du Puceau, le vin qu’il ne fera qu’une seule fois dans sa vie, puisque le voilà maintenant dépucelé du Trousseau!
    Et, lors d’un petit « after » avec les moins pressés des participants, son Foudre d’escampette, pétillant naturel à base de chardonnay, derrière lequel il n’était pas possible de boire autre chose, si ce n’est un Brut de Selosse. Plus, cela aurait été trop, et notre sobre chauffeur nous a enjoints à monter dans sa carriole, direction le Haut-Doubs.

    La Der de l’année scolaire, qui s’est terminée en beauté, vivement la rentrée prochaine!

    Olif

  • Le Jaja des pas Beaux-Beaux!

    Dimanche 19 juin 2005. C’est l’été, ou presque! La fête de la Musique n’a pas encore chanté, le coucou si, ce qui dans le Haut-Doubs signifie la fin de l’hiver.

    Une foule, très clairsemée et peu prévoyante, se disperse dans les allées du Casino local, pas pour jouer, mais pour compléter à la dernière minute les achats en vue du barbecue dominical. Les rangs se resserrent à l’approche de l’unique caissière réquisitionnée. La file d’attente s’allonge. Le temps de jeter un regard amusé sur la clientèle de l’endroit. Prendre un peu de distance pour un semblant d’étude sociologique. Observer le panier de la ménagère et la clientèle du dimanche matin.

    Ce gars-là m’attire franchement l’œil, par son look détonnant, et aussi parce qu’il stationne devant le rayon Vins du magasin. Un rayon qui ne susciterait guère l’intérêt du Passionné.com, mais à l’évidence, ce quidam ne doit pas surfer bien souvent!

    Torse nu, une chemise à carreaux en grosse laine jetée sur les épaules, un pantacourt élimé, dévoilant des mollets fusiformes, et des chaussettes noircies qui retombent sur des mocassins usés jusqu’à la corde, voilà pour l‘aspect extérieur. Le visage buriné et anguleux, souligné par une fine barbichette, le cuir tanné par de longues heures passées en plein air sous le soleil, et les mains calleuses, aux replis légèrement crasseux, évoquent le bourlingueur vivant d’expédients au jour le jour, plutôt que le simple clodo.
    Les yeux fichés sur les étiquettes, il épluche, inspecte, tâte, soupèse, ausculte. Empoigne une bouteille, la repose, se tourne vers une autre, à la forme inhabituelle, rectangulaire, revient vers la précédente, se concentre, fronce le sourcil, se livrant probablement à un petit calcul intérieur, et finit par la retenir, chargeant deux exemplaires dans son panier rouge.

    Chante Clarette rosé, mis en bouteilles aux Chais Baucairois! En bouteille, mais plastique, du cul au goulot, bouchon à vis, évidemment, à la manière d’une bouteille de Coca Cola. Pourquoi celle-ci, et pas le Rosé d’Espagne en Tétrabrik? Ou encore le Fines grappes Rosé, toujours vendu dans du plastique? Une histoire de packaging? De prix? 1 ou 2 centimes d’€, ça peut avoir son importance, sur un vin à moins de 2 €! Qui pourra nous le dire? Il y aurait peut-être matière à une étude de marché!

    Et dire qu’il y en a ici qui hésitent entre Montrose, Calon Ségur et Cos d’Estournel, au moment de faire leurs courses!

    Olif

  • Petite anthologie des cépages jurassiens

    24/08/2004 19:07             


     

    Le Jura est un très ancien vignoble constitué d’une mosaïque de cépages ; certains sont universels, comme le Chardonnay ou le Pinot noir, d’autres très ancrés dans une tradition locale, parfois uniquement retrouvés dans la région, comme le Savagnin, le Trousseau ou le Ploussard. Petit passage en revue des forces en présence, histoire de mieux cerner les différents aspects de ces merveilleux breuvages que l’on produit dans le Jura !

    Le Trousseau, roi de Montigny!
                       


    Ce cépage rouge, à l’origine des plus grands vins d’Arbois de la même couleur, mérite une plus ample connaissance et une meilleure reconnaissance. Son origine est ancestrale ; on en retrouve la trace depuis 1731 en Franche-Comté, mais il existait probablement antérieurement, peut-être importé dans le Jura par des immigrants savoyards ou valaisans entre 1650 et 1700.


    Le  Troussot figure en cinquième position de la liste des bons cépages établie par le parlement de Besançon en 1732. Il était cultivé un peu partout dans la région où il prenait des noms locaux tel que Trousseau à Montigny et Arbois, Triffaut à Besançon,  Trusseau ou Trussiau encore ailleurs. Ah ! ce patois local ! On le trouve même jusqu’en Argentine sous le nom de Pinot gris du Rio Negro !

    Son nom viendrait du mot ancien « Toursel», qui signifie « paquet», et c’est l’aspect troussé de son raisin et de son cep qui en serait à l’origine, et non pas le vin rouge de garde réservé au financement du trousseau des filles, comme les vieux vignerons se plaisent à le raconter, l’œil brillant !

    Il produit un vin rouge de qualité et de bonne garde, à la robe pourpre et aux saveurs riches, souvent un peu confiturées. Son terroir de prédilection : les sols calcaires de Montigny-les Arsures, autoproclamée à juste titre capitale du Trousseau. Sur les 80 hectares plantés dans le Jura, on en trouve plus de 52 ha en Arbois, dont la moitié à Montigny, seul vignoble qui voit s’accroître la proportion de ce cépage.

    Le Ploussard, l’âme de Pupillin
                 


    Il s’agit de l’un des trois cépages rouges qui donne droit à l’appellation Arbois ou Côtes du Jura, même si on le retrouve souvent étiqueté «Rosé». Raisin noir à jus blanc, de débourrement précoce, il concurrence le savagnin sur ses terres de prédilection, les marnes bleues et rouges du Lias et occupe à lui seul une surface de 300 hectares, soit la moitié de la superficie plantée en rouge dans le Jura.


    Son nom, véritable sujet de controverse, s’écrit et se prononce de façon différente selon qu’on se situe à un endroit ou un autre du département. Et pour ne pas froisser la susceptibilité des vignerons locaux, mieux vaut utiliser le bon nom au bon endroit ! Etymologiquement, le Ploussard tire son nom de la prunelle, dont les grains ont la même couleur, parfois la même forme, et qui se prononçait de façon très différente en patois local selon que l’on habitait à Salins (pleusse ou plesse), Arbois (plusse) ou Poligny (plousse ou pelosse) !
    Le  Poulsard, quant à lui, dériverait du latin "pulsare", pousser violemment, probablement parce que les raisins poussent très vite, mais certains penchent pour une coquille faite par un auteur breton, dans un ouvrage relatant son «Voyage dans le Jura» en 1801.

    Vraisemblablement cultivé dans nos contrées depuis le XIVème siècle (i l s’agissait alors de Polozard!), on est en droit de penser qu’il est originaire de la région ; il fut inscrit dans la liste des bons cépages publiée en 1732 par le Parlement de Besançon et son identité est fortement jurassienne, même si l’on en retrouve un peu dans le Bugey sous le nom de Mescle («Meiklle» en patois, ce qui signifie mélange, car il s’agit ici d’un Poulsard gris, intermédiaire entre le blanc et le rouge, à moins que le nom ne provienne du latin mespilum, la nèfle !). Le Jura, décidément, terre d’une bataille étymologique et vocabularienne !

    C’est pourtant le terme de  Poulsard qui sera retenu en première place dans les décrets d’AOC, au grand dam des habitants de Pupillin, consacrée Capitale mondiale du Ploussard en 1990, car c’est ici que ce raisin s’épanouit le mieux. Pupillin, qui est le seul village pour l’instant à avoir le droit d’accoler son nom à celui de l’appellation Arbois.

    «A Arbois le nom, à Pupillin le bon !», dicton traduisant bien la reconnaissance d’un terroir spécifique à Pupillin, mais pas forcément très apprécié du côté d’Arbois ou de Montigny !

    Généralement peu colorés du fait d’une peau de raisin très pauvre en anthocyanes, les vins de Ploussard prennent en vieillissant une teinte pelure d’oignon qui les a longtemps apparentés à un vin rosé alors qu’il s’agit bel et bien d’un rouge à la robe très claire. Ce sont des vins fruités, frais et gouleyants, néanmoins aptes à une belle garde, très à l’aise sur les charcuteries régionales.

    Pour conclure, je laisserai volontiers la parole à Lucien «Bacchus» Aviet, vigneron d’une infinie sagesse, apte à réconcilier tout le monde :

    « Ploussard ou Poulsard, l’important, c’est d’en boire ! »


    Le Savagnin, emblème de Château Chalon !
                       


    «  Ouaiche grand ! Ça va bien ? Savagnin ! »


    Difficile de ne pas commencer ce chapitre par l’intro du Rap Comtois*, le nouvel hymne des Francs-Comtois branchés, composé par Aldebert et la Madeleine Proust, alias Laurence Semonin, la mémoire humoristique du parler comtois, en VHS, en DVD et en tournée dans toute la France.**

    Le  Savagnin, ou  Traminer, présent de longue date dans le Jura, aurait été importé d’Allemagne lorsque la Comté était Germanique. Le Traminer tire son nom du village italien de Tramin mais les ampélographes discutent encore pour savoir s’il y est né ou bien s’il y a seulement été cultivé !

    Pratiquement rencontré exclusivement en Franche-Comté, en ce qui concerne l’hexagone, on le retrouve sous le vocable de Sauvignin à Besançon en 1732 (dans la fameuse liste des bons cépages du Parlement),  Sauvanon à Arbois et  Sauvoignon à Salins en 1774. Son nom évoluera dans le temps en fonction des prononciations locales, pour devenir Sauvignin, Savignon naturé ou encore Savignien en 1880. Le terme de  Naturel (ou encore Naturé) fut également utilisé au XVIIIème siècle et c’est d’ailleurs sous le nom de Naturé que Frédéric Lornet commercialise sa cuvée de Savagnin ouillé.

    Savagnin et Vin Jaune ! Une histoire pieuse dans laquelle les chanoinesses de Château Chalon ont très certainement joué un grand rôle ! Est-ce par l’intermédiaire de l’une d’elle, née en Andalousie sur les bords du Guadalete, au pays du Jerez, ou bien d’une autre, née en Albigeois, sur les bords du Gaillac, au pays du Perez***, ou encore d’une troisième, originaire de Hongrie et complètement toquée, que la recette du vin de voile est arrivée jusque dans nos contrées? Le mystère demeure et le voile s’épaissit !
    La forte souche du  Savagnin se plaît sur les marnes bleues du Lias, saupoudrées en surface de petits éléments siliceux et calcaires. Son rendement est de 30 à 45 hl/ha. Ce cépage résiste plutôt bien aux premiers frimas de l’hiver et on avait l’habitude ancestrale de le récolter assez tardivement, aux premières gelées ou aux premières neiges, qui survenaient souvent dès la fin octobre à l’époque.
    Ce cépage jurassien à forte personnalité n’a donc pas fini de révéler tous ses secrets, qu’on le consomme non ouillé en blanc, non ouillé en jaune, ouillé, surmaturé, que sais-je encore ?

    A titre d’exemple, la nouvelle cuvée «Solstice» de Pascal Clairet du domaine de la  Tournelle, en Arbois,  Savagnin récolté en surmaturité, apparaît dans le millésime 2001 comme un vin très riche et aromatique au nez, presque exubérant, alors que la bouche se révèle sèche, longue, bien structurée mais stricte. Une nouvelle facette de ce cépage passionnant!



    * « Le 2-5 », rap comtois, d’Aldebert et Laurence Semonin,
    ** « La Madeleine Proust fait le Tour du Monde », spectacle en tournée dans toute la France.
    *** Prénom Jérôme, chantre des vins du Sud en général, et de Gaillac en particulier, sur LPV, le site des passionnés de vin et de single malt. Gaillac où on élabore également de façon ancestrale un vin de voile avec du Mauzac, le cépage local.

    Le Chardonnay, le cépage du renouveau jurassien?
                   


    Présent dans le Jura depuis le XIVème siècle, il n’a fait que naturellement traverser la plaine de Saône pour trouver un terrain propice sur les contreforts du Revermont. La concurrence y était peut-être moins rude qu’en Bourgogne!


    En terme de surface, il représente actuellement environ la moitié du vignoble jurassien. Son nom lui viendrait d’une petite commune du Mâconnais où il proliférait abondamment. Pour se démarquer, les Jurassiens l’appelaient différemment selon son aire de production: il fut Gamay blanc à Lons le Saunier et L’Etoile,  RoussetteMoulan, et  Melan à Poligny,  Melon à Arbois,  Salins et Dole,  Luisant à Besançon,  Pineau blanc en Haute-Saône.
    Beaucoup de ses patronymes ne jouèrent guère en sa faveur! De là à penser que les Arboisiens avaient attrapé le melon ! Ce terme viendrait pourtant du latin mel, mellis, le miel, que ses arômes évoquaient alors!


    Reconnu comme cépage à arracher en 1732 dans la fameuse liste du Parlement de Besançon (si c’est pas misère!), il fut repêché par une ordonnance de 1774. Heureusement que certains en avaient gardé sous le manteau ! Surnommé «le vin blanc bâtard» par les gens d’Arbois, on considérait qu’il rendait le vin blanc "passable" lorsqu’il était assemblé au Savagnin ! J’en connais quelques-uns qui devraient s’étrangler en lisant cela!

    Ce mal-aimé du XVème siècle prend sa revanche avec éclat actuellement, permettant au Jura de s’étalonner sur les autres régions de production, notamment la Bourgogne si proche, qui n’en finit pas de faire de l’ombre malgré le différentiel d’altitude négatif!
    De débourrement précoce, il n’est pas difficile à implanter, même en région semi-montagneuse, mais il se révèle pleinement sur les coteaux argilo-calcaires d’Arbois et du sud Revermont. La Mailloche, les Bruyères, Curon, la Bardette et les Grands Teppes, entre autres, démontrent de façon éclatante tout le potentiel de ce cépage sur ses terroirs de prédilection, lorsqu’il est travaillé par des vignerons talentueux, qui cherchent à le révéler et à exprimer sa capacité à rivaliser en finesse avec les meilleurs, y compris ceux de la Bourgogne voisine.

    Le Pinot Noir, un Bourguignon dans le Jura!
                   


    Apparemment présent dans le Jura depuis la fin du XIVème siècle, sous le nom ambigu de Savagnin noir, il vient tout comme le Chardonnay de la Bourgogne voisine.


    Surnommé  Maurillon en raison de sa couleur noire, on ne sait s‘il faut l‘appeler  Pinot (du latin «pinus», le pin), ou Pineau (du grec « pinein »,  boire).

    Si le vocable  Pineau est très typé Charente, on le trouvait pourtant en Haute-Saône, tandis qu’à Salins,  Arbois ou Poligny, on préférait Petit Noirin, ceci afin de ne pas le confondre avec le Gros Noirin , pourtant complètement différent! Besançon penchait pour Noirum mais dans le sud Revermont, on le qualifiait de Savagnin noir pour profiter de l’analogie avec la star des cépages jurassiens.

    Classé en deuxième position sur la liste des bons cépages en 1732, juste derrière le Poulsard , mais très critiqué du fait de sa maturité précoce, on le considère comme « peu recommandable » au XIXème siècle et certains vont même jusqu’à préconiser l’arrachage de ce «raisin des mouches», surnom qui avait le mérite d‘être très évocateur! Le record de précocité vient tout juste d’être battu en cette caniculaire année 2003 où le ban des vendanges a dû être donné le 19 août pour récolter les raisins de Pinot noir qui commençaient à se transformer en confiture !
    Ce qu’on lui reprochait, en fait, c’était de ne pas produire des vins aussi bons qu’en Bourgogne lorsqu’il était vinifié seul! Sous l’égide du Dr Guyot, plusieurs expériences furent faites afin de rivaliser avec le modèle bourguignon, sans grand succès alors. Mais les Jurassiens, en bons Francs-Comtois à la tête de bois, persévèrent encore jusqu’à nos jours et finissent enfin par en tirer quelque chose, de ce fichu cépage! Il n'y a qu'à goûter les cuvées de Pinot noir de Jean-François Ganevat, par exemple, pour s'en convaincre!

    Il représente actuellement environ 10% du vignoble en rouge et on l’utilise fréquemment en assemblage avec les autres cépages jurassiens pour produire des rouges colorés et charpentés.


    Foirard, Pourrisseux, Gueuche et autres cépages ancestraux !
                       


    Beaucoup d’autres cépages furent cultivés dans le Jura, avec plus ou moins de bonheur. Certains ont totalement disparu en raison de leur fragilité, de leurs défauts, de leur manque de qualité, que sais-je encore ?! De véritables dinosaures dont les noms à eux seuls sont un poème et méritent un petit coup de projecteur; il n’est pas exclu que certains d’entre eux fassent un jour leur réapparition dans un assemblage purement jurassien, pour ne pas dire jurassique !


    - Le Foirard blanc, ou Gueuche, était à l’origine d’un vin vert et acide, estimé pourtant des moissonneurs qui appréciaient son côté rafraîchissant. Je n’ose envisager les origines exactes de son nom! Il ne faisait peut-être pas toujours bon se rouler dans la paille à cette époque!

    - Le Chasselas, importé de Suisse Romande, a préféré retourner chez lui aussi discrètement qu‘il était arrivé!

    - Le Pourrisseux ou Peurion, assez spécifique du Jura, donnait plutôt un bon vin blanc mais sa grande fragilité, comme son nom le laisse supposer, a eu raison de son implantation locale.

    - Le Gueuche Noir  ou Gouais ou Foirard noir, pendant en rouge du premier cité, donnait des vins «plats, acides et de mauvaise constitution » . Les mauvaises langues aimeraient pouvoir prétendre qu’on en trouve encore dans le Jura, mais ceci n’est qu’une légende !

    - L’Enfariné, fréquemment recouvert d’une pellicule blanchâtre, d’où son nom, fut candidat à l’arrachage en 1731. D’après un dénommé Chevalier, il est aussi «désagréable que le nom est déplaisant; son vin léger est acerbe et peu coloré». Il eût pourtant pu être apprécié en assemblage dans un millésime comme 2003 pour corriger naturellement l’acidité qui faisait défaut aux vins!

    - L’Argant, classé dans les meilleurs plants en 1774, connut son heure de gloire au XIXème siècle en raison de sa bonne résistance au mildiou.

    - On peut encore citer le  Gamay noir, le Petit Beclan, le Valais noir et le Gros Béclan, autant de cépages qui ne sont pas passés à la postérité jurassienne.

    Qui a osé dire que le Jura manquait de variété(s) ?





    Olif



    Références bibliographiques :

    « Vins, vignes et vignobles du Jura », de la famille Brisis, éditions Cêtre.
    « Poulsard ou Ploussard » de Françoise Danrigal

     

  • Olifix chez les Bretons

    Date: le 15/07/2004 à 08:38

    « Sea, cidre et chouchen »

    En 2004 pendant JCF, toute la Gaule produit du vin. Toute ? Non, une région résiste encore et toujours au lobby viticole, lui préférant la saveur du cidre et du chouchen.
    Balayée par les embruns, la Fin des Terres n'est pourtant pas une lande aride. On y trouve à profusion du chou-fleur, de l'artichaut, de l'échalote et de la pomme de terre. Sans parler des produits de la mer qui ne sont jamais meilleurs que consommés sur place, au naturel. Ordralfabétix, c'est du passé, le poisson breton n'arrive plus de Lutèce par char à boeufs ! On le pêche sur place !
    Mais du vin, que nenni ! C'est finalement pour le passionné.com l'endroit idéal pour s'exiler et faire un break. Dépaysement, beauté des paysages, excellence des produits frais et surtout, aucun vignoble à  visiter !

    Des vacances, des vraies, loin de la passion, loin du vin, loin de la Passion du Vin !
    Enfin, pas tout à  fait ! A t'on vraiment envie de se passer de la passion, d'ailleurs ? Bien sûr que non !
    D'abord, les Bretons aiment le vin et, s'ils n'en produisent pas, ils en commercialisent beaucoup, notamment pour la clientèle anglaise qui débarque par vagues du ferry de Roscoff. Pour preuve, les Wine Center, Wine Seller et autres Wine and Beer qui fleurissent dans un large périmètre autour de la petite cité corsaire. Pourtant, je ne sais pas pourquoi, mais je ne me suis pas senti concerné !
    Ensuite, dur dur d'accompagner huîtres, poissons et crustacés d'un verre de Chouchen !

    Alors, juste comme ça, quelques notes de dégustation vite fait sur les vins dégustés lors du séjour, et qui avaient fait le voyage depuis le Jura pour la plupart. Et aussi une petite sélection d'adresses, diverses et variées, pour ceux qui comme moi succomberaient aux charmes du Léon, pas Zitrone ni Barral, mais du pays léonard qui s'étend grosso modo de Locquénolé à Plouescat sur la côte du Finistère Nord, jusqu'à Landivisiau dans les terres. Tout ça servi en vrac, s'il vous plaît !

    Bergerac sec, Les Verdots 2000, David Fourtout
    Nez très agrumes, fruits exotiques. En bouche, malgré une belle acidité, une matière très grasse s'impose. Un vin riche et opulent, au boisé superlatif qui devrait néanmoins se fondre car après une longue aération, il s'équilibre sur son côté acidulé qui le rend bigrement séducteur.

    Dunes de Keremma
    Bordant la baie lagunaire de Goulven, un ensemble unique et sauvage de 8 kilomètres de long, une véritable réserve ornithologique, qu'il fait bon arpenter à marée basse pour se rendre sur les récifs éparpillés tout le long de cette côte du Pays Pagan, en faisant bien attention à l'heure de remontée des eaux.

    VDP, Porte de Méditerranée, Solstice rosé 2003, Domaine Viret
    Rosé de saignée de la même cuvée en rouge, d'où une robe assez soutenue, groseille bien mûre. Nez de caramel au lait et vinosité marquée. Curieux comme il me rappelle les rosés du Valais bus courant juin alors qu'il n'a pourtant pas grand chose à voir, à commencer par les cépages.

    Mas de Daumas Gassac blanc 2001
    Un vin blanc gourmand sur des fruits blancs à  croquer, pêche blanche notamment. Idéal pour les poissons d'été.

    Anjou blanc 2001, Château de Suronde
    Même s'il faut encore l'attendre, d'après Francis Poirel, je n'ai pas pu résister ! Un nez puissant, intense et profond, complexe et parfumé, incitant à la méditation. Je ne trouve pas les nuances précises pour le caractériser mais il est très typique d'un vin peu soufré (cire, encaustique, miel ?), sans trace aucune d'oxydation. La bouche impressionne par sa chair et sa longueur. Magnifique ! Aurait mérité un homard mais n'a eu droit qu'à une (excellente) barbue cuite au four.

    Hermitage blanc 1998, Guigal
    A maturité probablement, un beau vin profond qui joue curieusement dans le même registre organoleptique que l'Anjou de Suronde. Plus gras, peut-être, un peu plus de matière, mais si peu ! Une longueur extraordinaire qui permet d'accéder sans aucun problème dans la 4ème dimension. Aurait également mérité un homard, mais ce n'était pas encore le jour !

    Plage des Blancs Sablons
    Changement de sujet, petite excursion le long des côtes du Finistère pour terminer sur cette magnifique plage, juste au nord du Conquet, 2 kilomètres de sable blanc entre 2 pointes rocheuses, un endroit où il fait bon s'allonger en attendant les vagues.

    Graves blanc 2000, Château de Chantegrive, Cuvée Caroline
    Marqué sauvignon, sur les agrumes mûrs et le bourgeon de cassis, il lui manque un petit quelque chose pour faire partie des meilleurs, probablement du fait d'un petit déséquilibre acide.

    Côtes du Ventoux rosé 2003, Domaine de Fondrèche
    Une belle robe saumon, assez soutenue. En bouche, un petit côté légèrement piquant (du gaz ?) lui donne de la vivacité et du tonus. Bien équilibré, presque aérien malgré une vinosité marquée.

    Les Vignes de Merlin, à  Saint-Pol de Léon
    La cave à ne pas manquer, sur la place de la cathédrale de Saint-Pol de Léon. Un vrai caviste, arborant fièrement moustaches et tablier à l'effigie des Coteaux du Languedoc. Des références (domaine Leflaive, Jaboulet, Vieux Télégraphe,...) y côtoient des jolies découvertes (Terres Salées de Ch. Barbier, domaine de Puydeval,...). Et puis un collector, un vin qu'on ne trouve qu'ici, un petit bonheur de vin de copain, au nom qui incite à le boire, le Pif à Pinpin. Une cuvée réservée de vin de pays d'Oc, sélectionnée pour les Vignes de Merlin par le domaine de Creyssels, situé à Mèze, au bord de l'étang de Thau. Une production d'environ 5000 bouteilles que tout le monde s'arrache à Saint-Pol. Existe aussi en version familiale !
    Pinpin, c'est évidemment le caviste, et je sens qu'il ne va pas tarder à  amener son grain de sel sur LPV.

    La Galettière, à  Saint-Pol de Léon
    Une toute petite adresse, avec une toute petite carte, mais pour la gentillesse de l'accueil en cette journée torrentielle, parce que nous avons été les premiers clients « officiels » et aussi parce que l'on peut accompagner les aumônières de crêpe de Pif à Pinpin servi au verre.

    Océanopolis, à  Brest
    Le lieu incontournable à visiter les jours de grande pluie. Mais alors, que de monde ! Une mine de choses à apprendre, sur la mer en général, mais un peu scolaire, quand ce n'est pas le parc d'attractions qui prend le dessus. Mention particulière tout de même aux manchots, dans l'aquarium de la zone polaire, de sacrés cabotins ceux-là !

    Le Pif à  Pinpin 2003, Vin de Pays d'Oc
    Une gorgée de fruits croquants et croustillants, un vin rouge sincère et craquant, qui fait claper la langue et donne envie de s'en resservir une lampée. La seule entorse de la semaine au régime poisson et coquillages, blanc et rosé !

    Muscadet de Sèvre et Maine sur Lies 2002, Henry de Brières
    Une marque assez diffusée en GD, il me semble, le vin idéal pour accompagner quelques huîtres de Prat-Ar-Coum.

    Les Viviers de Prat-Ar-Coum, à  Carantec
    Tenus par Alain Madec, le frère d'Yvon. Parce que c'est le paradis pour l'amateur d'huîtres qui ne sait laquelle choisir et quelle grosseur, parce qu'elles ne quittent leur bac d'eau salée que pour terminer dans l'assiette. Plus frais, ça n'existe pas !

    Captain Crêpes, à  L'Aber Wrac'h
    Parce qu'il fallait bien emmener les enfants dans une crêperie, mais aussi pour les grandes baies vitrées s'ouvrant sur l'aber, somptueux paysage dans le soleil couchant, et pour le Parmentier de Saint-Jacques aux saveurs de Guéméné, accompagné d'un joli Chardonnay d'Oc de Robert Skalli.

    Chardonnay d'Oc 2003, Robert Skalli
    Un très agréable vin blanc, beurrant légèrement, comme un P'tit Lu, avec beaucoup de fraîcheur.

    Clos de L'Hermite blanc 2001, Vin de Table
    Belle bouteille à l'attaque vive, tonique, dont le corps se développe crescendo, gagne en volume pour acquérir un peu de gras en finale. Un vin avec de la chair, qui se densifie avec l'âge. C'est l'Hermite qui a eu droit au homard au naturel, mais il le valait bien !

    Domaine Mourgues de Grès rosé 2003, Les Capitelles
    « Travaillé » 3 mois en fût, comme un blanc, ce rosé allie richesse de constitution et fraîcheur malgré tout. Son côté légèrement gras en fait un vrai vin pour la table.

    Domaine Mourgues de Grès 2003, Les Galets rosés
    De couleur plus soutenue que son grand frère, presque groseille, il est frais, fruité et gouleyant.

    Cabernet d'Anjou 2003, V. Ogereau
    Dégusté aux Vignes de Merlin et sachant garder de la fraîcheur malgré le moelleux caractéristique des cabernets d'Anjou et leur légère sucrosité. En 2003, une cuvée passerillée sur pieds a pu voir le jour du fait des conditions climatiques particulières. La dernière de ce style remontait à 1996.

    Vin de Pays des Côtes de Pérignan 2002, Les Terres salées, Christophe Barbier
    Un vignoble situé à Fleury d'Aude, planté sur des anciens marais salants, ce qui apporte des notes iodées, salines et marines au bourboulenc. L'attaque est vive, la matière consistante, avec à peine de gras. Longue finale saline, très belle. Une découverte signée Pinpin, tout comme le suivant !

    Vin de Pays de l'Aude, Domaine de Puydeval 2002, Morillon blanc
    Un chardonnay sudiste très parfumé, sur les agrumes légèrement acidulés, à l'élevage bien maîtrisé. Equilibre subtil entre gras et acidité, sur le fil, évitant la lourdeur, qu'une aération prolongée voit néanmoins resurgir le lendemain midi.

    Restaurant Le Cabestan, Carantec
    On approche de la fin de l'histoire, il fallait donc un banquet final ! Ce fut au Cabestan, une bonne adresse, qui jouxte la Cambuse, la version bistrot et bar à huîtres, mêmes locaux, même cuisinier. Le service était quand même un peu longuet ce soir-là ! La carte des vins est un peu restreinte en blanc, hormis la Loire, avec une Coulée de Serrant 1995, à 120 euros sur table.

    Côtes de Provence 2000, Blanc de Côtes, Clos Mireille, Domaines Ott
    Un beau blanc de Provence, élégant et raffiné, fruité mais pas trop, idéal pour accompagner le poisson que l'on sert au Cabestan.

    Voilà , c'est tout, ce n'est déjà pas si mal ! Je n'ai pas goûté de Chouchen, comme je m'y étais (presque) engagé, mais j'en ai rapporté une bouteille, Chouchen d'Armor, qui vient des Vignes de Merlin, et que Pinpin m'a certifié être le meilleur de tous. Peut-être que je compléterai ce compte-rendu un jour si j'en ai le courage !

    Kénavo!

    Olif


     

  • Irouléguy, le vin qui colle aux basques

    Date: le 14/07/2003 à 11:43

    Irouléguy, le vin qui colle aux basques

    Petite chronique d'un séjour dans le pays de Saint-Jean de Luz, entre mer, montagne, vin et gastronomie locale.
    C'est les vacances ! Prendre son temps, prendre LE temps !

    Prendre le temps de surfer sur la vraie vague, pas seulement sur un PC ni même sur la vague du succès comme LPV !
    Prendre le temps de randonner sur les sommets des Pyrénées, les premiers du côté Ouest, ceux dont les pieds baignent dans l'Atlantique et qui s'apparentent plus à de la montagne à vaches, comme le Jura cher à mon coeur !
    Prendre le temps de découvrir un vignoble méconnu et ses vins ancrés dans une longue tradition séculaire ! Gloire soit rendue une fois de plus à des moines, ceux de l'abbaye d'Orréaga (Roncevaux) qui ont trouvé comment, au XIIème siècle, tirer parti des ressources du sol pour rendre leurs repas et leurs messes plus agréables.
    Prendre le temps d'apprécier une gastronomie riche et goûteuse, orientée vers la mer mais pas seulement ! Ah ! l'axoa, la piperade et le gâteau basque !
    Enfin, prendre le temps d'aller à la rencontre d'un peuple fier de ses racines, à la forte identité, communicatif, chaleureux et sympathique, surtout lorsqu'il laisse ses bombes aux vestiaires ! La tendance actuelle est de tagger jusqu'à les rendre illisibles les noms français des villes basques sur les panneaux de signalisation. Charmant !

    Concernant les activités physiques, outre celles déjà citées, les plus courageux pourront s'adonner au sport favori de nos amis alsaciens, à qui je demande, ainsi qu'aux autres de bien vouloir me pardonner : Pelote, re-Pelote et Tix te Ter !

    Sinon, s'il reste encore du temps, et même s'il n'en reste pas, se consacrer à sa progéniture, se mettre à sa hauteur et participer à ses jeux, comme cette bataille de boules de sable qui nous a fait passer pour des simplets sur la plage d'Anglet ou encore cette bataille de petites crottes de moutons séchées qui nous a fait passer pour des demeurés au sommet de la Rhune. Le bonheur de redevenir enfant !

    Sanpere : Saint-Pée sur Nivelle, terminus ! Au bord du lac éponyme et quasiment au pied de la Rhune.
    La Rhune ! Parmi les sommets importants dans une vie de randonneur, la Rhune compte pas pour des prunes ! 4204 m, ce n'est pas rien ! Même si cela ne représente que la distance parcourue par le petit train à crémaillère depuis le col Saint-Ignace jusqu'au sommet. Les plus courageux, eux, montent à pied. Le panorama *** sur la côte Atlantique, ça se mérite ! Et pour redescendre, ce n'est pas difficile, il n'y a qu'à se laisser rouler, comme faisait mon copain Guy !
    Justement, en parlant d'Irouléguy, petit flash back sur la deuxième étape du voyage, Saint-Jean Pied de Port.

    Donibane Garazi : petite ville du vignoble, encaissée dans la vallée de la Nive, au nom basque qui sonne plutôt bien. Les coteaux sont ici extrêmement pentus et la vigne y est plantée en terrasse. Le paysage est de toute beauté, incitant à la marche et à la randonnée. Les rues escarpées de la vieille ville regorgent de boutiques et l'on peut y dénicher, entre autres, l'enseigne des Vignerons du Pays Basque ainsi que l'échoppe du domaine Brana, qui a pignon sur petite rue et qui commercialise, outre les vins et liqueurs de la propriété, une jolie sélection de vins du Sud-Ouest, Jurançon, Cahors et Madiran en tête.
    Les autres domaines remarquables (Arretxea, Ilarria, Etxegarraya) sont beaucoup plus difficiles à trouver du fait d'une production beaucoup plus confidentielle.Il faudrait pour cela se rendre au domaine, ce que je n'ai malheureusement guère le temps de faire. La meilleure solution, gagner la ville la plus fameuse de la Côte.

    Biarritz : la célèbre cité balnéaire de la Côte Basque est fidèle à son image chic et branchée mais est plutôt extraordinairement calme en ce début juillet. Un bonheur que de flâner dans les rues sans se sentir agressé par la foule ! Au détour d'une petite rue, en face des Halles, je tombe sur la caverne d'Ali Baba : le Cellier des Halles, grand comme un mouchoir de poche et qui recèle d'innombrables trésors. Toutes les références en Irouléguy y sont, le but de ma visite, mais j'ai également failli repartir avec du Rhône (Réméjeanne, Richaud,etc.), du Bergerac (Tour des Gendres, Verdots), du Languedoc (Roc des Anges, Aurel,etc.), du Cims de Porrera et même du Côtes du Jura de Berthet-Bondet! Accueil de tout premier ordre par des passionnés qui animent également un site Internet à la gloire du vin local.

    [www.vinsdici.com]

    Une visite s'impose, tant sur le site qu'à  la cave.

    Irulegi, le grand nom d'un petit vignoble : 200 ha de vignes dont 148 pour la coopérative des Vignerons du Pays Basque à Saint-Etienne de Baïgorry, le reste se partageant entre 6 autres domaines. Ma mission a consisté à rassembler, non pas l'intégrale des vins produits dans la région mais un échantillonnage que j'ai souhaité le plus représentatif possible, afin de me faire une petite idée de l'expression de ce vignoble. Les comptes-rendus sont livrés dans l'ordre de la dégustation qui s'est effectuée sur une semaine, au gré de mes humeurs et du menu du jour.

    - Herri Mina 98, Jean-Claude Berrouet : il s'agit d'un vin blanc vinifié au domaine Brana par Jean-Claude Berrouet, oenologue de Pétrus, s'il vous plaît, et originaire de la région où il possède un petit carré de vignes. Pour l'instant, ce vin n'existe qu'en blanc mais une cuvée de rouge ne devrait pas tarder à voir le jour.
    Gros manseng, petit manseng et courbu, un air de ressemblance avec le Jurançon tout proche. Sur la pomme reinette au nez, ce vin possède une grande droiture minérale sur une grosse structure acide, avec une pointe de gras en milieu de bouche et une finale qui revient sur l'acidité. Très proche d'un beau Jurançon sec.

    - Domaine Brana 2001 : le blanc du domaine, qui représente en fait le premier vin, la cuvée Ilori étant l'entrée de gamme. La robe est or pâle, le nez légèrement acidulé, aux senteurs discrètes de pomme. En bouche, là encore, on est sur une grande base acide, qui confine un peu à la dureté et à l'austérité, apte à entraîner une striction des mâchoires chez les personnes sensibles. On sent ce vin très jeune, comparé au précédent et, de fait, il nécessite à mon avis un vieillissement de quelques années pour s'exprimer de façon plus harmonieuse. Ce côté très minéral m'évoque bien sûr le Jurançon mais aussi certaines cuvées de chenin de Loire par l'acidité marquée, très mordante.

    - Domaine Brana, cuvée Ilori 2001 : ces Jonquilles offrent une robe très pâle. Ici encore, l'acidité est marquée mais son côté très fruité en fait un vin déjà très expressif, moins minéral que le précédent, que l'on peut boire allègrement.

    - Xuri d'Ansa 2002, les Vignerons du Pays Basque : 40% petit manseng et 60% gros manseng. Nez sur les agrumes, fin et distingué. Un boisé délicat vient nourrir le vin et étoffer sa matière, sans être envahissant, lui donnant un côté séducteur immédiat, assagissant son acidité et le rendant plus accessible à mon palais. Très beau!

    - Omenaldi 99, les Vignerons du Pays Basque : 60% tannat, 30% cabernet franc et 10 % cabernet sauvignon. Cuvée haut de gamme élevée en fût de chêne. Une robe sombre, de légères notes boisées au nez, le vin se la joue ensuite fruit et épices. Les tanins sont un peu sévères et amers (le tannat ?) mais on note là une grande originalité.

    - Les terrasses de l'Arradoy 2000, les Vignerons du Pays Basque : sélection d'une parcelle plantée sur les coteaux de l'Arradoy. 20% CF, 30% CS, 50% T. Le nez est sur le poivron, l'attaque est plutôt souple et la finale un peu courte et acide. Un vin assez simple.

    - Domaine Ilarria, cuvée Bixintzo 2000 : la robe est noire, opaque. S'ouvrant sur un nez de fruits mûrs et d'épices, il développe déjà une certaine rondeur et les tanins sont bien polissés. Belle longueur et très joli vin.

    - Harri Gorri 2001, domaine Brana : cela signifie Pierre Rouge en Basque. Une entrée de gamme d'un rouge soutenu, sur le poivron pas trop vert (majorité tannat assemblé avec du cabernet franc). De bonne constitution, c'est un vin simple et franc, idéal pour accompagner quelques grillades l'été.

    - Domaine Arretxea, cuvée Haitza 2000 : une robe noire comme de l'encre ! Nez joliment fruité et épicé avec une note torréfiée légèrement brûlée. Les tanins sont très légèrement amers mais enrobent bien le palais, de façon homogène, dense et charnue. Très belle bouteille qui mériterait encore un ou deux ans de cave pour s'affiner.

    - Château de Mignaberry 2000, les Vignerons du Pays Basque : robe rouge grenat intense et nez superbe alliant fruits rouges, épices et boisé torréfié encore un peu marqué mais de toute beauté. En bouche, les tanins sont un peu sévères et poussiéreux. La finale, que l'on aurait souhaitée plus longue, présente de la mâche et une légère astringence. Tannat majoritaire (65%), complété par du cabernet franc (20%) et sauvignon (15%), il faut l'attendre encore un peu pour qu'il intègre mieux son bois mais cela devrait donner une belle bouteille d'ici 2 à 3 ans.

    - Domaine Ametzia 2001 : ça bouge en Irouléguy ! Ce nouveau domaine signe avec ce 2001 son premier millésime. Et transforme l'essai d'emblée ! Robe noire et dense, nez tout en délicatesse, sur les fruits noirs et un léger poivron bien mûr. Bouche ronde, charnue et suave, avec de jolis tanins bien enrobés, déjà fondus, avec une pointe d'amertume très agréable. Longue finale rémanente. Splendide ! Jean-Louis Costera, un nom auquel il va falloir s'habituer.

    - Harri Gorri rosé 2001, domaine Brana : la pierre rouge rosée ! Robe rosée soutenue tirant un peu sur la brique. Nez discret, légèrement fruité, bouche gouleyante quand il est servi bien frais, la finale est néanmoins légèrement asséchante. Le tannat ne me semble pas le cépage idéal pour l'élaboration de rosés friands et élégants. Pour grosses chaleurs !

    - Txapa, domaine Brana : ce n'est pas du vin mais presque ! Apéritif élaboré par Jean Brana à la demande de la restauration, pour satisfaire la demande couleur locale d'une clientèle touristique avide de folklore, cette Txapa est constituée par l'assemblage de vins sélectionnés et de liqueurs de fruits. La robe est plutôt claire, rosé tuilé soutenu, le nez sur la griotte et la cerise à l'eau de vie (16,5°). Plutôt sympa, le cadeau idéal à rapporter à Belle-Maman !

    L'impression globale qui se dégage de cette dégustation, c'est que l'on produit de très belles choses en Irouléguy, pour qui aime la rusticité tannique du tannat. Les cuvées haut de gamme ne manque pas d'élégance lorsqu'elles sont arrondies par juste ce qu'il faut de cabernet. Les cuvées plus simples voient leur proportion de cabernet franc augmenter, leur apportant de la rondeur et un côté accessible immédiat au prix d'une exacerbation des notes variétales de poivron. Les blancs sont très intéressants, les rosés à mon avis beaucoup moins. Coup de coeur en blanc pour Xuri d'Ansa 2002 et en rouge pour le tout nouveau domaine Ametzia. Merci aux cavistes du Cellier des halles pour leurs conseils avisés.

    Ahetze : petit village perdu entre Saint-Jean de Luz et Guétary. Vous y trouverez, en pleine campagne, un endroit magique, la ferme d'Ostalapia, au charme fou, où vous pourrez manger des choses simples et bonnes en terrasse avec vue sur le massif de la Rhune. Un petit carré de vignes a même été planté dans le jardin, ajoutant à l'originalité de l'endroit. Il est prudent de réserver. 5 chambres vous attendent si vous souhaitez y faire étape.

    [www.ostalapia.com]

    Enfin, pour clore ce petit panorama sur le Pays Basque, en marge du vin mais pas forcément inutile, tour d'horizon de quelques plages :

    - Bidart, plage d'entrée de ville, en bordure de la RN 110 : couche épaisse de sable sec en attaque suivie de sable fin parsemé d'innombrables cailloux plus ou moins bien polis, agressant le pied. Ménage fait à la va-vite avec entassement d'une partie des déchets sur le parking. Quelques boulettes du Prestige traînent encore par-ci, par-là ! (sad smiley)

    - Anglet, plage dite des Cavaliers : sable un peu grossier en attaque qui devient plus fin au fur et à mesure qu'on approche de l'océan. Propre et bien entretenue, parking ombragé gratuit. (smiling smiley)

    - Hendaye, plage de ville : sable très fin, pur et homogène dès l'attaque. Cadre magnifique, un peu gâché par d'hideuses constructions modernes mais il subsiste ça et là de jolies maisons basques. Parking payant sur le front de mer. Attention, à marée haute, la plage est réduite à la portion congrue.

    Ah! le Pays Basque!

    Olif

    P.S.1: manquent à cette dégustation les notes sur le domaine Abotia, Etxegarraya et sur la toute nouvelle cuvée 100% cabernet franc du domaine Brana, Axeria. Ben oui! j'ai pas eu le temps de tout goûter! Quelques comptes-rendus complémentaires à suivre, donc!

    P.S.2: veuillez excuser les quelques jeux de mots, calembours ou à -peu-près qui émaillent ce texte, je n'ai pas pu m'en empêcher! Je n'ai pas mis de smileys, donc vous n'êtes pas obligés de rigoler!smiling smileysmiling smiley

  • Balade au bout du Médoc

    Date: le 18/09/2003 à 18:36

    Petit clin d'oeil aux amateurs de Bandes Dessinées (le nouvel opus de cette fantastique série fantastique sera prochainement dans les bacs), cette excursion dans le Médoc n'était pourtant pas une « Balade au bout du monde ». Si l'on excepte la rime (riche !), le Médoc n'a rien du royaume de Galthédoc, les châteaux ici n'étant pas moyenâgeux. Nous ne sommes pas pour autant chez Mickey, car, même si la juxtaposition de certains styles laisse songeur, point de vieux roi barbu et bougonnant aux fenêtres, ni de princesse de conte de fées et encore moins de petites souris qui font la farandole.

    Après 7 heures de conduite autoroutière intensive, arriver à Blaye et marquer le stop pendant une ½ heure au départ du bac qui relie les deux rives de la Gironde, cela fait relativiser les choses! D'abord parce que le soleil nous accueille et ensuite, traverser paisiblement l'estuaire au doux son du teuf-teuf du bac redonne tout son sens à la vie. Prendre le temps de humer l'air bordelais et savourer l'instant, loin du rythme trépidant de la vie moderne. Finalement, il va presque trop vite, ce bac qui relie Blaye à Lamarque, Médoc!


    La route qui nous conduit jusqu'à Pauillac, terme de notre voyage, nous fait passer au cÅ“ur du vignoble et nous permet d'entrevoir des silhouettes bien connues (Latour, Pichon, Ducru,...), aiguisant notre appétit de découverte.

    La veille de notre arrivée se déroulait le Marathon du Médoc, épreuve sportive et festive, qui suscite un réel engouement, permettant aux valeureux coureurs (et aux accompagnants !) d'arpenter le vignoble, au pas de course ou non, tout en ménageant des points de ravitaillement pas toujours orthodoxes. En ce dimanche soir, la petite cité a retrouvé tout son calme. Après une nuit de sommeil, nous sommes d'attaque pour notre petit marathon personnel, 6 visites de châteaux étant inscrites au programme !

    Montrose, la modernité high tech

    Comme entrée en matière, on ne peut rêver mieux ! Elle nous permet d'appréhender de fort belle façon la notion de terroir bordelais.
    Situé en hauteur sur une croupe qui regarde l'estuaire, le vignoble offre une jolie vue sur la Gironde, si l'on excepte, au loin, la centrale nucléaire de Blaye. La déclivité du terrain favorise le drainage naturel malgré la faible épaisseur de la couche de graves (moins de 60 cm par endroit), d'autant que celle-ci repose sur une bande argileuse qui permet une bonne régulation de l'eau.
    D'un point de vue climatique, la situation face à la Gironde restreint le risque de gelées printanières et génère une certaine humidité qui a évité à la vigne de trop souffrir de la sécheresse cet été. De fait, les raisins semblent un peu plus gros que ceux aperçus sur certains secteurs de Saint-Julien.

    Pour l'équipe du château, 2003 s'annonce plutôt bien, voire très bien si les conditions actuelles se maintiennent jusqu'à la vendange qui ne saurait tarder. Apparemment, pas de déficit d'acidité trop marqué, ce qui ne devrait pas nécessiter de mesure corrective !


    Le cuvier ultra-moderne réalisé en 2000 a amputé le vignoble de quelques hectares juste autour du château, mais permet une rationalisation du travail. On se croirait dans un grand laboratoire agro-alimentaire tellement l'inox est clinquant ! Et de fait, c'est bien d'agroalimentaire qu'il s'agit dans le cadre de l'élaboration du vin, même si ça casse un peu l'image d'Epinal qu'on voudrait en avoir.
    Après avoir assisté au soutirage du 2002, nous allons avoir un aperçu de sa qualité dans la magnifique salle de dégustation du château.


    - La dame de Montrose 2002 : robe noire, opaque. Notes boisées torréfiées au nez. Le fruit est en retrait et la matière, qui semble belle, est un peu rectiligne et développe une certaine austérité.

    - Château Montrose 2002 : sur ce millésime, les deux vins sont assez semblables dans l'esprit (pour une fois, assemblage identique 70% CS, 30% merlot) avec évidemment une concentration plus importante pour le grand vin qui développe un plus gros volume en bouche. Le boisé est plus fin, discrètement vanillé, et la finale se mâche encore terriblement. Dans une phase assez austère et fermée, peu à son avantage, je trouve que c'est un vin assez difficile à goûter, même si la matière est énorme. Mais la patience n'est pas la moindre des qualités de l'amateur de Montrose !

    Fin de la première visite !
    Avant la deuxième étape, nous faisons une petite halte devant Cos pour la photo et nous en profitons pour grappiller un raisin dans les vignes, raisin qui se révèle extrêmement riche et concentré en sucres.

    Branaire, le raffinement fonctionnel

    Accueillis par le propriétaire en personne, Mr Patrick Maroteaux, par ailleurs président de du Syndicat des Crus Classés du Médoc, nous commençons par nous installer dans la salle de réunion du château pour un petit « débriefing » et des considérations d'ordre général sur le terroir, les vins de Bordeaux, l'économie de marché... On sent poindre derrière le personnage l'homme d'affaires qui ne perd pas de vue les réalités économiques, mais en même temps transparaît le passionné amoureux de son terroir et de sa marque, qui n'a pas hésité à investir des sommes colossales pour hisser le domaine vers les sommets de l'appellation Saint-Julien. Le plus beau compliment qui lui a été adressé sur le redressement de Branaire vient de Las Cases : « Auparavant, dans les dégustations des crus classés de Saint-Julien, on savait qui serait le dernier, maintenant, c'est plus embêtant ! »


    Le GJP devant Branaire

     

    Le cuvier et les chais sont ultra-modernes et très fonctionnels. On a profité de la configuration du terrain pour construire un cuvier par gravité, qui permet d'éviter de remonter le jus en haut de la cuve pour l'y déverser. Il paraît que c'est mieux ! La construction du cuvier est à l'origine d'une petite anecdote savoureuse. A son arrivée à Branaire, Ph. Maroteaux a cherché à échanger des parcelles avec ses prestigieux voisins (Beychevelle et Ducru), notamment pour construire ce fameux cuvier. Après échange, une des parcelles appartenant à Branaire a été cédée par Ducru à la commune de Saint-Julien-Beychevelle pour y construire deux courts de tennis communaux. Un seul court a été réalisé, adossé à un petit bois, au milieu des vignes. C'est le court "le plus cher du Médoc", situé sur une ancienne parcelle de Branaire ! La surface prévue pour le deuxième court a été laissée en vignes que Branaire a récupérées, à charge pour lui de fournir à la mairie chaque année l'équivalent en vins produits sur cette parcelle !

    Justement, nous allons les goûter, ces vins de Branaire, dans le caveau aménagé à  proximité des chais.

    - Duluc 2000 : le deuxième vin de Branaire dans un grand millésime et dans une phase très agréable, fruitée et poivrée. Une jolie mise en bouche.

    - Branaire 2002 : intense, sur des notes boisées légèrement torréfiées, il développe une texture soyeuse avec un grain de tanins très fin. Très beau vin.

    - Branaire 2000 : superbe ! Poivron bien mûr, cassis, gousse de vanille, il est impressionnant de profondeur. Grand vin !



    Grand Puy Lacoste, le renouveau en profondeur et en douceur


    Ce très beau 5ème cru classé de Pauillac, avec un vignoble d'un seul tenant autour du château (hormis une parcelle de quelques hectares à proximité de Mouton) est maintenant dirigé exclusivement, tout comme Haut-Batailley, par François-Xavier Borie qui nous reçoit personnellement au château. Nous sommes gâtés !

    La rénovation est en cours ; les équipements sont modernes mais adaptés à la configuration des locaux, c'est à dire pas toujours rationnellement disposés. Il faut traverser la cour pour se rendre d'un chai à l'autre, ce qui n'est pas forcément pratique, surtout quand il pleut, mais ça a son charme ! Cuvier inox mais rien de clinquant. On se consacre ici à l'essentiel, c'est à dire élaborer un grand vin. Nous avons droit également, ce qui ne manqua pas de piquant, à l'anecdote du court de tennis, version Ducru, cette fois (F.-X. Borie s'est longtemps occupé de gérer Ducru-Beaucaillou).

    Pour en revenir à  GPL, son vin n'a rien d'un carburant pour automobile non polluante !

    - Grand-Puy-Lacoste 2002 : fruité (cassis essentiellement), il est déjà presque aimable avec ses tanins civilisés, non agressifs. Disposant de suffisamment d'étoffe, il devrait donner rapidement une belle bouteille.

    - Grand-Puy-Lacoste 2000 : nez sur le tabac, un peu torréfié et boisé mais les tanins sont fins et racés. C'est une très belle bouteille qui devrait bientôt être prête à boire.



    Lagrange, l'efficacité à  la nipponne

    C'est la plus vaste propriété de Saint-Julien avec 113 hectares de vignes, ce qui nécessite une organisation sans faille. 800 000 bouteilles produites par an pour un prix de revient de 5 euros par bouteille, charges administratives non incluses (environ 2 euros), ce qui induit un bénéfice annuel d'environ 1 000 000 d'euros, un peu moins dans les petits millésimes. Les Japonais du groupe Suntori n'ont pas investi des sommes colossales dans la propriété par philanthropie ! Mais l'objectif essentiel a quand même été accompli depuis 85, à savoir remettre le château sur le droit chemin et à son niveau qualitatif de 3ème cru classé. Nous assistons au soutirage d'une barrique de 2002 avec décantation à la bougie avant de gagner la salle de dégustation pour appréciation de ce millésime justement, puis la salle à manger du château où nous sommes invités à déjeuner. ça sert, d'avoir des relations ! Sur le chemin, nous pouvons apprécier le mini-musée des cépages bordelais, plantés sur deux rangées chacun, ce qui permet de goûter à même la vigne le cabernet franc, le cabernet sauvignon, le merlot, le malbec, le petit verdot et le...carménère, toujours autorisé dans l'encépagement mais, à vrai dire, plus jamais utilisé !


    - Les Fiefs de Lagrange 2002 : très fruité (cassis), il est d'une souplesse déjà  agréable.

    - Château Lagrange 2002 : sur le cassis bien marqué également, il est évidemment beaucoup plus concentré que le second vin. Très beau.

    - Les Arums de Lagrange 2001 : la cuvée de blanc du château, assemblage de sauvignon, sémillon, muscadelle. Cherchant l'expression du terroir au-delà du cépage, il joue dans un registre plutôt subtil, sur les agrumes.

    - Les Fiefs de Lagrange 98 : fruité, concentré et charnu.

    - Château Lagrange 89 : tanins très fondus, dans un registre tertiaire, il est long, fin et élégant, témoignant d'un vieillissement harmonieux.

    - Château Lagrange 85 : le millésime du renouveau pour Lagrange. Sur le havane et le pruneau, il tient encore magnifiquement la distance avec beaucoup de corps et de vigueur, ce qui le place à mon avis légèrement au dessus du 89.

    C'est déjà l'heure de notre prochaine visite et c'est presque à regret que nous quittons nos hôtes pour nous diriger vers Talbot, voisin de quelques kilomètres.


    Château Talbot, le dynamisme et la franchise


    A peine en retard, nous interceptons la directrice du domaine sur le départ ! Elle ne nous attendait que le lendemain ! Il s'en est fallu d'un cheveu qu'on se manque ! Marche arrière toute et visite du domaine au pas de course, non pas qu'elle soit pressée, mais c'est son tempérament ! Elle ne pratique pas non plus la langue de bois. Ici, on a essayé, puis abandonné, devant les résultats décevants, le micro bullage ; l'appareillage quasi flambant neuf est encore accroché au mur. Concentrateur si besoin, mais pas osmose inverse. On fera tout ici pour produire du bon vin mais avec les meilleurs rendements autorisés possibles, il ne faut pas se voiler la face et bien rentabiliser l'entreprise toujours familiale. Le cuvier et les chais sont modernes mais adaptés à l'existant. Comme nous en avons pris l'habitude maintenant, nous terminons notre visite dans la salle de dégustation.

    - Château Talbot 2002 : en pleine phase de prise de bois, il possède néanmoins beaucoup d'élégance avec de jolis tanins.

    - Château Talbot 2001 : nez de fruits mûrs, un peu chahuté par la mise récente, c'est un vin d'une relative souplesse car il contient plus de merlot que d'habitude.

    Châteaux Léoville-Barton et Langoa-Barton, la classe et la distinction


    Nous terminons notre périple médocain par la visite du château Langoa, fief d'Anthony Barton, qui produit deux vins de grande envergure, le château Léoville-Barton (qui ne possède pas ses propres murs) et le château Langoa-Barton, 3ème cru classé, moins connu car exporté de façon quasi exclusive jusqu'à il y a peu.
    Ici, on a privilégié le bois, ce qui donne au cuvier une grande distinction. On se sent dans la chaleur d'une cave et pas dans la froideur d'une usine agroalimentaire. Bois, ciment, inox, la qualité du vin est la même. Le bois, c'est juste moins de facilités et plus d'entretien, mais c'est la classe et un régal pour les yeux! Visite du nouveau chai, récemment construit et qui s'intègre de façon exemplaire à l'architecture existante, puis direction le caveau de dégustation, situé dans le prolongement du cuvier, où nous allons faire connaissance avec deux vins superbes.

    - Château Langoa-Barton 2002 : un vin sur le fruit, gourmand, aux tanins très fins, élégants et féminins.

    - Château Léoville-Barton 2002: Même si je suis loin d'avoir goûté tous les 2002, je pense qu'il s'agit là de la future star du millésime !Robe dense aux reflets violines. Très beau nez fruité, mais ce qui impressionne le plus, c'est un soyeux de texture et une grande concentration. Un vin immense, aussi grand que le 2000 à ce stade pour la propriété.

    Autres vins du domaine dégustés pendant notre séjour, une véritable mini-verticale :

    - Réserve de Léoville-Barton 98 : concentré, puissant et encore un peu massif, il se laisse pourtant boire même s'il est encore …sur la réserve !

    - Léoville-Barton 97 : tanins fondus, plutôt souple, il est parfait à  boire actuellement même si ce n'est pas un vin très profond.

    - Léoville-Barton 93 : à  maturité également, il termine toutefois un peu court à  mon goût.

    - Léoville-Barton 88 : sur le havane, la boîte à cigares, il possède beaucoup d'amplitude et un corps encore vigoureux, avec du tonus et de la concentration. Très beau vin.

    - Léoville-Barton 86 : totalement fondu, il resplendit de classe et d'élégance. Je lui reprocherais néanmoins un peu trop de souplesse en milieu de bouche, préférant la vigueur du 88.

    - Langoa-Barton 95 : très beau nez sur la cerise avec de l'alcool qui ressort un peu, mais pour mon plus grand plaisir. Les tanins sont soyeux et veloutés, m'évoquant un peu le style de certains vins du Roussillon. Elégant et racé, je trouve que c'est un très beau vin, mais les avis sont partagés.

    Epilogue

    Fin de notre aventure en Médoc, et je laisserai volontiers le dernier mot à Jean-Paul Barbier, restaurateur très haut en couleurs du Lion d'Or à Arcins, où nous avons pris notre repas d'adieux : « On fait de bons vins dans toute la France ! ç nous embête de vous le dire, c'est quand même chez nous qu'ils sont les meilleurs ».

    Pas chauvins pour un sou, ces Médocains !

    Merci à Philippe Chapon, caviste du Bon Echanson, instigateur de ce voyage, à Michel Sartorius, qui nous a « drivé » dans le Médoc en nous donnant l'impression d'être des VIP, et à Lilian Barton, pour sa gentillesse et son hospitalité.

    En guise de conclusion, je voudrais souligner qu'il serait bête de bouder 2002, qui est un millésime hétérogène certes, mais d'un plutôt bon niveau qualitatif dans le Médoc. Le très beau mois de septembre a permis de rattraper les retards de maturité des raisins, et a privilégié la qualité des cabernets. En principe non spéculatif, sauf si Parker, qui a très bien noté un certain nombre de vins, ne vient brouiller les cartes, il devrait permettre à l'amateur de se faire plaisir avec des grands vins à prix abordables. Mon coup de coeur, c'est bien sûr Léoville-Barton 2002, un vin immense pour lequel je veux bien faire une exception à mon refus de notation et lui attribuer royalement un 96-99+. Les autres vins de Saint-Julien sont d'une très belle homogénéité qualitative.

    Olif et le GJP

    P.S. : en bonus, comme sur les DVD, 3 autres vins appréciés lors du séjour :

    - Cos d'Estournel 87 : sur des notes tertiaires et des tanins bien enrobés et fondus, il possède encore beaucoup d'allant, contrairement à ce que l'on pouvait craindre. Son côté empyreumatique sur le havane, légèrement fumé, doublé de nuances chocolatées, est extrêmement séducteur, confirmant, après le 84 bu récemment, que Cos excelle dans les petits millésimes.

    - Haut-Bages-Libéral 95 : attaque plutôt franche avec des tanins encore un peu durs, finale un peu courte et acide, il a été un peu écrasé par la race du précédent.

    - Rayne-Vigneau 86 : très beau Sauternes au nez concentré d'abricot et très grande persistance aromatique en bouche.

  • Domaine Robert Arnoux, entre tradition et modernité!

    Date: le 09/11/2004 à 17:11

    Après la Côte de Beaune et le domaine Tollot-Beaut, deuxième volet de cette virée bourguignonne automnale en direction de la Côte de Nuits et Vosne-Romanée, au domaine Robert Arnoux, une exploitation familiale de 14 hectares bien dotée en Grands Crus et Premiers Crus, répartis exclusivement sur le secteur Vosne-Chambolle-Nuits.

    Petit détail qui aura son importance, lors de notre arrivée au domaine, nous manquons d'écraser un piéton tête en l'air qui fonce droit dans notre direction.

    Nous sommes accueillis par Pascal Lachaux, « Winemaker» , comme il est écrit sur la plaquette publicitaire du domaine et descendons illico à  la cave pour goûter à  la production. Homme de conviction, déterminé, Pascal Lachaux ne pratique pas la langue de bois lorsqu'il nous parle de ses réticences vis à  vis d'Internet qui perturbe plus le marché qu'il ne le sert actuellement, de ses méthodes de vinification et de sa conception du vin.

    Une cave qui respire la propreté! Au royaume du 100% bois neuf! Entre 30 et 100% suivant les cuvées. Pourquoi autant de fût neuf? Paradoxalement, dans le cadre d'une recherche optimale de pureté de fruit, grâce à  la meilleure micro-oxygénation générée par le bois neuf et au maintien d'une flore bactérienne autochtone équilibrée. Les vins, issus de beaux terroirs, supportent tout à  fait ce type d'élevage et, à  aucun moment, dans la dégustation qui va suivre, ne seront marqués par des notes boisées envahissantes.

    En guise de mise en bouche, quatre vins du millésime 2003, une année qui nécessitera une approche un peu différente à  la cave: pas de chaptalisation (ce serait un comble!), pas de pigeage, de façon exceptionnelle, pour ne pas trop extraire une matière déjà  bien concentrée, et une légère acidification, pour entretenir le bon milieu microbien et éviter la piqûre acétique. Avec 48% de récolte en moins, suite au gel, aux attaques de chenilles, puis à  la canicule, pas question de laisser se gâter la production restante!

    Bourgogne 2003
    Pour se refaire le palais après le repas de midi, un Bourgogne générique fruité et croquant, simple et bon.

    Vosne-Romanée 2003
    Plus coloré, concentré et mûr, ses tanins sont déjà  très fins.

    Vosne-Romanée 1er Cru Les Chaumes 2003
    Développant une belle amplitude, il possède déjà  de la rondeur, malgré un léger perlant, grâce à  une sensation de sucrosité.

    Clos de Vougeot 2003
    Concentré et riche, à  la robe rubis soutenu, gras et glycériné, il possède une grande longueur qui témoigne de sa race.

    Après cette fort jolie entrée en matière, nous nous dirigeons vers le caveau de dégustation, aménagé sous une voûte, pour apprécier un large échantillonnage du millésime 2002, une aubaine que nous devons au visiteur précédent, celui que nous avons failli écraser, et qui n'était autre que Stephen Tanzer!


    Saurez-vous reconnaître toutes les initiales?

    Vosne-Romanée 2002
    Un vin plutôt rectiligne, dont le nez évoque les épices et la fumée, et dont les tanins sans aspérités terminent sur une pointe d'amertume.

    Vosne-Romanée Les Hautes Maizières 2002
    Un village portant la mention de son climat, du fait de sa situation privilégiée sous les Suchots. Distillant des notes de fruits très mûrs, rouges et noirs, il possède à  la fois la fraîcheur du fruit et la minéralité. Déjà  très arrondi, relativement puissant, une belle pureté d'expression.

    Nuits-Saint-Georges 1er cru Les Procès 2002
    Plus massif que le précédent, il présente également une matière un peu plus dure mais également une minéralité plus affirmée.

    Vosne-Romanée 1er cru Les Chaumes 2002
    Un vin de séduction immédiate au caractère bien trempé! Dans un registre plutôt floral, sur la violette, les pétales de roses fanées, ses tanins sont déjà  soyeux malgré leur volume imposant.

    Echezeaux 2002
    La robe est sombre, en relation avec la grande concentration du vin. Une puissance maîtrisée pour un vin déjà  expressif, aux notes épicées et à  la texture serrée.

    Vosne-Romanée 1er cru Les Suchots 2002
    Derrière un boisé légèrement torréfié, mais non caricatural, on retrouve des notes de pétales de roses, une légère sucrosité, sur des tanins enrobés.

    Romanée Saint-Vivant 2002
    Wow! D'une précision millimétrique, une structure calibrée à  la perfection, des tanins fins, au grain admirable, pourtant accrocheurs, et une longueur immense. Magnifique!

    Clos de Vougeot 1971
    La cerise sur le gâteau, une bouteille de derrière les fagots, que Pascal Lachaux est allé chercher pour que nous puissions apprécier un vin à  maturité. Une bouteille qui nécessite de l'attention, tant les arômes évoluent rapidement dans le verre. Grandeur et complexité des arômes tertiaires qu'il faut savoir cueillir lorsqu'ils se présentent, tellement ils sont fugaces. Comme un petit film qui passe en accéléré, un raccourci de 33 ans d'évolution à  apprécier en quelques minutes!
    D'abord fruits confits, pruneau, sous-bois, tabac blond, presque liquoreux au nez, il évolue sur le cacao et les fruits secs. Une caresse au palais! L'alcool est toujours bien présent, arrondissant la structure du vin, encore loin de se dessécher. Un petit bonheur! Après une telle bouteille, plus rien ne peut nous arriver! L'apothéose!

    Sans arrière-pensée publicitaire, voilà  encore un domaine à  recommander vivement!

    Olif

  • La Bourgogne du bon sens

    La Bourgogne du bon sens
    Date: le 01/07/2003 à 15:52

    Petit parcours de la Côte de Beaune à la Côte de Nuits, du sud au nord (est-ce le bon sens ?), et découverte de 3 domaines bourguignons aux conceptions sensiblement différentes mais pour un résultat approximativement identique : produire d'excellents vins. L'un est une véritable star, le deuxième une référence incontournable dans son (ses)appellation(s), le troisième en passe de le devenir. Trois états d'esprit un peu différents, que l'on peut percevoir dès l'entrée dans la cour du domaine, trois formes du bon sens bourguignon!


    Le domaine Leflaive : le bon sens biodynamique
    Date: le 01/07/2003 à 15:58

    Dans un premier temps, attaque par le versant sud qui place la barre très haut. Il est 9 heures 30 pile lorsque nous pénétrons dans la cour du prestigieux domaine Leflaive ! Une très jolie cour tout en gravier blanc, ceinte d'une grille en fer forgé ; tout est propre, ordonné et les voitures qui y sont garées sont bien alignées. C'est Hervé Bérilley, oenologue et chef de cave du domaine, qui nous reçoit et nous conduit dans le caveau de dégustation. A Puligny, point de cave enterrée, la nappe phréatique étant trop proche de la surface. Il faut donc climatiser pour conserver une certaine fraîcheur à  ce qui s'apparente plus à  un chais. Il fait presque 19° dans le caveau où sont disposées en arc de cercle sur un tonneau 8 bouteilles dont les étiquettes font rêver les amateurs que nous sommes.
    La séance commence par un petit descriptif du vignoble de Puligny grâce à  une carte et une photo aérienne accrochées au mur. Montrachet, la colline parfaite ! En terme de pédologie, de géologie, de climatologie, tout concourt ici à  ce que ce terroir soit l'un des plus grands de Bourgogne. Et quand on se donne les moyens de bien le travailler, on ne peut faire que du grand vin !
    Tout en dégustant le Bourgogne blanc générique du domaine, nous abordons le sujet sensible de ...la biodynamie ! Car, évidemment, le domaine travaille en biodynamie. Mais de la biodynamie concrète et rationnelle et les explications d'Hervé Bérilley sont d'une logique implacable : faciliter l'enracinement profond de la vigne par l'enherbement et le passage de la charrue, préservation des levures indigènes du sol en bannissant pesticides et herbicides, rien que du bon sens qui ne peut que favoriser l'expression du terroir dans le raisin et, par conséquent, dans le vin.
    La discussion s'anime, prend un tour passionnant, parce que notre interlocuteur est visiblement un passionné qui aime son métier. Je hasarde une question sur la cosmoculture et, sans tomber dans la caricature, il semble s'avérer que certaines constatations puissent se confirmer sans pour autant s'expliquer rationnellement et scientifiquement (notamment le fameux « Point d'or » qui voit les bouteilles qui y sont placées vieillir moins vite que celles entreposées juste à  côté, objectivé à  plusieurs reprises par un dosage des anthocyanes du vin par spectrophotométrie).

    - Bourgogne blanc 2001 : jolie entrée en matière avec ce vin aux notes discrètement amyliques, de bonne tenue et déjà  bien agréable, mais qu'il est quand même conseillé d'attendre encore un peu.

    - Puligny-Montrachet village 2001 : un cran au-dessus en concentration, évidemment, mais très abordable également.

    - Puligny-Montrachet 1er cru Clavoillon 2001 : un premier cru bien situé, en quasi-monopole, le domaine possédant environ 75% de ce climat. Un vin généreux et riche, lactique en attaque mais qui s'ouvre crescendo sur des notes d'agrumes qui emplissent la bouche. Très beau.

    - Puligny-Montrachet 1er cru Les Folatières 2001 : un vin radicalement différent du précédent, nous permettant d'apprécier les variations d'expression du terroir, les Folatières étant beaucoup plus droit et minéral. Au moins aussi beau que le précédent malgré ses différences.

    - Puligny-Montrachet 1er cru Les Pucelles 2001 : on retrouve ici un peu le style de Clavoillon, avec une grande concentration et une grande richesse, mais aussi un boisé un peu plus présent même si de toute beauté.

    - Bienvenues-Bâtard-Montrachet 2001 : une vigne sauvée par la biodynamie qui a permis la régénérescence de ceps quasi moribonds et à  deux doigts de l'arrachage. Encore sur la réserve au nez, il révèle en bouche une grande profondeur et une grande complexité. Il lui faut un peu de temps !

    - Bâtard-Montrachet 2001 : riche et gras, avec un énorme volume en bouche et une grande longueur, il la joue très séducteur. « Un vin de banquet », apte à  plaire au plus grand nombre ! Exceptionnel !

    - Chevalier-Montrachet 2001 : moins expressif que le Bâtard, c'est « un vin d'invités », à  n'offrir qu'à  ceux qui le méritent. Intense et complexe, il est d'une grande droiture et termine sur une splendide minéralité.

    Malheureusement pour nous, ce n'est pas le jour du Montrachet, ouvert avec parcimonie du fait du peu de vin produit (une seule pièce, soit environ 300 bouteilles). La dégustation de ce vin mythique, c'était la veille !

    De cette dégustation d'exception, il faut retenir l'extraordinaire homogénéité des vins du domaine, du plus petit au (presque) plus grand (il manquait le Montrachet !), qui incite l'amateur à  vouloir tremper un jour ses lèvres dans un de ces nectars. C'est vrai que c'est relativement cher mais à  ce niveau de qualité, le prix a t'il encore une importance ?

    Pour ceux que ça intéresse:[www.leflaive.fr].

    A suivre...

    Olif

    Domaine Bruno Clair : le bon sens pratique
    Date: le 01/07/2003 à 22:17

    Ayant eu quelques difficultés à  nous arracher du domaine Leflaive, nous arrivons au domaine Bruno Clair avec un ¼ d'heure de retard, après une traversée express de la Côte par l'autoroute.
    Nous pénétrons dans la cour où se côtoient des voitures garées dans tous les sens, une flopée de vélos de toutes les tailles, plus divers objets qui traînent. Cela donne un côté bohème, joyeux foutoir ! Nous sommes accueillis par Philippe Brun, responsable de la vinification et de la cave, tandis que Bruno Clair s'occupe plus des vignes. Ici, la cave est enterrée, et nous descendons les marches pour nous retrouver au frais. Les murs pourtant épais suintent l'humidité et des concrétions calcaires se forment ici et là . Le plafond est tapissé d'une couche épaisse de moisissures et de toiles d'araignées mêlées, recouvrant même les câbles électriques. Une vraie belle cave, quoi, où il fait bon frais entre les fûts et les foudres alignés.
    Le domaine Bruno Clair, c'est 24 ha de vignes réparties sur toute la Côte, principalement en Nuits (Marsannay, Gevrey-Chambertin, Morey-Saint-Denis, Chambolle-Musigny) mais aussi en Beaune (Aloxe-Corton, Savigny, Corton Charlemagne).
    Nous axons la dégustation sur 3 vins dans les millésimes 2002 (au fût), 2001 puis 2000, plus quelques bonus !
    Ph. Brun est très ouvert, décontracté et bon vivant. Sa philosophie, c'est que le vin soit bon dans le verre de l'acheteur, et pour cela, pas de faux scrupules, pour qu'il voyage bien à  l'export et qu'il arrive dans de bonnes conditions sans souffrir, il est soufré, juste ce qu'il faut mais il est soufré.
    Justement, je lui parle d'un Corton Charlemagne 93 oxydé bu cet hiver, il va le regoûter, et en magnum pour juger de l'évolution.
    Il n'aime pas qu'on minimise le rôle du vinificateur ! Un grand vin, c'est un grand terroir, un grand cépage, de bonnes conditions climatiques ... et un bon vinificateur qui est là  pour corriger les déficiences de la nature, qui, si on la laisse faire toute seule, ne mènera jamais à  terme toute seule cette grande entreprise. Le bon sens pratique, quoi !

    Et la dégustation qui va suivre est là  pour le prouver !

    - Marsannay Les Longeroies 2002 : une pointe de gaz normale à  ce stade mais un vin fruité et friand, très charmeur.

    - Savigny 1er cru La Dominode 2002 : un peu plus concentré et boisé, il révèle également un joli fruité. Le gaz aussi présent ne gêne pas, il n'est de toute façon pas question d'intervenir artificiellement sur l'évolution des vins actuellement par ces grosses chaleurs.

    - Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 2002 : richesse et concentration, avec une jolie prise de bois.

    - Marsannay Les Longeroies 2001, Savigny 1er cru La Dominode 2001, Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 2001: pas de notes précises sur chaque vin, mais le souvenir que le millésime 2001 se goûte extrêmement bien dans les 3 appellations, donnant des vins fruités et plaisants.

    - Marsannay Les Longeroies 2000, Savigny 1er cru La Dominode 2000, Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 2000 : idem pour ces 3 vins. Le millésime 2000 est en train de se fondre mais présente des tanins un peu plus durs que 2001.

    - Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 1999 : à  l'aveugle, car il s'agissait pour nous de reconnaître le millésime (trouvé haut la main par le Seb !). Etonnamment ouvert, ce vin possède une grande longueur qui augure bien de son potentiel, mais se laisse déjà  boire avec grand plaisir. Ph. Brun pense également qu'un très grand vin est bon à  tous les stades de son évolution.

    - Chambertin Clos de Bèze 91 : à  l'aveugle également, pour trouver le millésime, décrié par la presse. Après quelques indices, c'est encore le Seb qui double la mise mais il ne repartira pourtant pas avec une caisse de vins et des Spiegelau ! Et je peux dire à  PhR et à  Eliane que tous les 91 sont loin d'être morts ! Celui-ci est superbe, sur le pruneau et des notes de venaison, avec une grande longueur et une belle harmonie. Ce Clos de Bèze en a encore dans le ventre, même s'il ne se bonifiera vraisemblablement plus !

    - Corton Charlemagne 2000 : un grand blanc, porté par une belle acidité et un équilibre somptueux, finissant sur de légères notes torréfiées et grillées de toute beauté.


    Finale en apothéose, donc, et nous nous rendons illico « Chez Guy », à  Gevrey-Chambertin pour nous remplir l'estomac de nourritures plus solides. Excellente adresse à  recommander, cuisine façon bistrot moderne accompagnée, pour rendre hommage à  notre hôte précédent, d'un Marsannay blanc 2001 puis d'un Chambolle Musigny Les véroilles 99. Encore un sans-faute !

    Globalement, tous les vins dégustés étaient d'un très bon niveau, avec une mention spéciale pour les 2001, millésime mésestimé d'emblée mais qui s'avère très bon, les 2002 qui s'annoncent très grands et mériteront qu'on s'y intéresse dès la fin de leur élevage. Le Chambertin Clos de Bèze a dignement tenu son rang même en petit millésime et n'a pas mérité d'être recraché. D'ailleurs, je crois que tout le monde l'a bu!

    A suivre...

    Olif

    Domaine Maillard Père et fils : le bon sens paysan
    Date: le 01/07/2003 à 23:39

    Ultime étape de notre périple bourguignon, un petit retour en arrière dans la Côte pour rendre visite au domaine Maillard Père et fils à  Chorey-les-Beaune . Ce domaine familial possède de très belles parcelles en Côte de Beaune, à Savigny, Ladoix, Chorey, Beaune, Pommard, sur la montagne de Corton avec un très réputé Corton-Renardes et un original Corton blanc, vignes de chardonnay situées en dehors du Charlemagne. Lorsque nous pénétrons dans la cour, nous nous trouvons nez à  nez avec une camionnette d'artisans en train de refaire le toit des chais. De grands travaux pour le domaine qui vient également de réagencer de fort belle façon son caveau de dégustation. Il n'y manque qu'un véritable puits qui devrait bientôt faire son apparition en plein milieu de la salle.
    Accueillis par Monsieur Maillard Père, surpris dans son quotidien, nous sommes rapidement rejoints par Monsieur Maillard fils qui nous conduit au caveau.
    L'accent du terroir bourguignon peut-être un peu moins marqué que celui de son père, il nous explique sa politique d'élaboration et de vente du vin. Pas opposé aux gros rendements lorsque la nature le permet, tout en développant la qualité, très terre à  terre dans son approche, il semble confronté aux dures réalités quotidiennes même si visiblement le domaine investit et sacrifie au modernisme. Très attaché aux commentaires élogieux du guide Hachette ou de la RVF qui doivent apporter leur lot de clientèle, dans un souci de rentabilité. Le bon sens paysan, quoi !

    Nous effectuons ensuite un petit tour d'horizon dans le millésime 2001 :

    - Chorey les Beaune blanc 2001 : un très beau chardonnay, caressant et fruité.

    - Chorey les Beaune rouge 2001 : friand et gourmand, c'est un véritable bonheur de pinot noir à  un prix très angélique.

    - Beaune 2001 : un peu plus charpenté, il se laisse déjà  bien approcher, comme la plupart des 2001 goûtés ce jour.

    - Aloxe-Corton 1er cru Les grandes Lollières 2001 : prononcez « Alôôsse ». Un cran au-dessus, il procure un sentiment de plénitude.

    - Corton Renardes 2000 :un vin à  la trame serrée qui enveloppe bien la bouche, très harmonieux et déjà agréablement fondu. « Celui-là , interdit de le cracher » nous dit goguenard, le fils Maillard ! Et de fait, nous l'avalons sans nous faire prier !

    - Corton Renardes 2002 : goûté sur fût, il révèle des notes boisées légèrement brûlées et présente encore une petite pointe de gaz en train de se fondre. La prise de bois est jolie et au vu de l'évolution du 2000, cela s'annonce très grand.

    Nous allons ensuite remplir le coffre de quelques bouteilles de Corton 99, entre autres, même si nous ne l'avons pas goûté. Un domaine à chaudement recommander du fait de la qualité des vins et surtout de l'extraordinaire rapport Q/P. N'hésitez pas à  appeler, il y a encore un peu de vin à  vendre !

    En guise de conclusion, je voudrais souligner la grande accessibilité et la belle qualité de ce millésime 2001, tant en blanc qu'en rouge, qui s'annonce extrêmement plaisant. Aucun des vins dégustés aujourd'hui n'a été décevant.

    Si j'ai souhaité agencer le compte-rendu de cette journée de la sorte, c'est pour retranscrire le sentiment général à  l'issue de ce semi-marathon gustatif: nous avons visité 3 domaines à  la philosophie du vin différente, avec surtout plus ou moins d'exigences dans son élaboration, mais toutefois comme dénominateur commun la volonté de faire du mieux possible. Et au final, ces 3 domaines nous ont réservés de grands moments gustatifs, différents du fait de l'hétérogénéité des vins dégustés, mais d'une homogénéité qualitative, tant en blanc qu'en rouge, réellement surprenante.

    Ah ! La Bourgogne ! Finalement, tous les sens sont bons!

    Olif

  • La (Pente)côte des Blancs, deuxième partie

    Date: le 18/05/2005 à 23:19

    La (Pente)côte des Blancs, deuxième partie, Domaine Rodolphe Demougeot



    Après une première journée bien chargée chez Rémi JOBARD, avec dégustation de toute sa gamme, puis repas festif avec moult flacons à l'aveugle, le dimanche de Pentecôte fut consacré à une petite séance de décrassage matinal chez Rodolphe DEMOUGEOT, qui avait accepté de nous recevoir, mais pas trop tôt quand même ! Les cloches de l'église de Meursault sonnaient à la volée lorsque nous franchîmes le portail du domaine, situé en plein cœur du village.

    Tout le monde arborait des petits yeux, mais le palais avait été bien reconstitué par un solide petit déjeuner préalable. Quelques verres, une pipette, un panier à bouteilles, et nous voilà partis, direction la cave, pour une découverte de la gamme, d'abord au fût en ce qui concerne les quelques 2004, puis en bouteilles avec des 2003. Même si le domaine est situé à Meursault, Rodolphe produit essentiellement des vins sur Pommard, Savigny et Beaune, rançon de l'héritage familial.

    Les 2004 au fût

    Bourgogne rouge
    Malo finie, un beau rubis brillant qui possède une déjà bien agréable rondeur fruitée.

    Savigny Les Bourgeots
    Le nez est net, la matière consistante, il est déjà assez friand malgré des tanins un tout petit peu durs en finale.

    Beaune Les Beaux Fougets
    Encore un peu piquant (malo non terminée), il offre une jolie matière plutôt soyeuse.

    Pommard Les Vignots
    Malo non faite. Une robe très colorée, et plein de fruits au nez, sur des tanins encore serrés. Une matière prometteuse.

    Beaune blanc 1er Cru Clos Saint-Désiré
    Nez encore très fermentaire et un peu boisé, il possède à la fois une belle acidité et de la rondeur. Goûté également sur un deuxième fût, en fin de malo, alors qu’il n'a pas encore terminé tous ses sucres.

    Les 2003 en bouteille

    Savigny Les Bourgeots
    Le nez est gorgé de petits fruits rouges. La bouche est sphérique et chaleureuse, à peine alcooleuse en finale, assez typique du millésime. Un vin à faible acidité (aucun rouge n'a été acidifié au domaine), mais non dépourvu de fraîcheur.

    Savigny 1er Cru Les Peuillets
    Un vin sérieux, au nez un peu fermé, avec en bouche des tanins lisses et denses, une bonne longueur sur une finale épicée. Beaucoup d'élégance et de finesse.

    Pommard Les Vignots
    Nez minéral et racé. La bouche est concentrée, fraîche, au grain soyeux, et possède une jolie tension minérale qui garde bien l'acidité. Très beau vin !

    Beaune blanc 1er Cru Clos Saint-Désiré
    Un beau climat situé juste en amont du Clos des Mouches. Nez très fruits blancs, un peu pêche, avec une petite touche de silex et une pointe grillée. De la vivacité et une belle tension, jusque dans la finale, qui paraît à peine abrupte. Globalement plutôt charmeur, il nécessitera une petite harmonisation en bouteille.

    Un 2001, aussi en bouteille !

    Beaune Les Beaux Fougets 2001
    Pour avoir une petite idée de la qualité des vins sur un millésime plus ancien et classique. Une matière serrée pour un vin aux tanins fins sur un beau support acide. La finale est encore tannique, mais sans astringence. A attendre encore, évidemment !

    Voilà, petit tour rapide de la production de Rodolphe Demougeot, qui ne manque pas d’intérêt. Les 2003 rouges sont assez séduisants et 2004 est plutôt prometteur. Un domaine à suivre, dans un style puissant et généreux. Mention particulière en 2003 au Pommard Vignots et au Savigny Peuillets.

  • La (Pente)côte des Blancs, Première partie

    Date: le 17/05/2005 à 19:11

     

    La (Pente)côte des Blancs en Bourgogne, Première partie, Domaine Rémi Jobard

     

    Tandis que la météo de ce week-end de Pentecôte 2005 annonçait des « pluies éparses sur l’Alsace, la Bourgogne et la Franche-Comté », le GJP a préféré quitter les trombes d’eau frontalières pour gagner la Côte et le soleil. La Côte, oui, mais celle des Blancs, en fait, pour un pèlerinage murisaltien, qui s’est déroulé sous les meilleurs hospices, et pas que de Beaune (ça, c’est un clin d’œil pour Luc winking smiley!),  le caractère exceptionnellement éparse des pluies bourguignonnes les ayant rendues totalement subliminales.

    Soleil dehors, donc, mais aussi dedans (les verres), 2003 étant un millésime particulièrement chaleureux, comme chacun sait.

     


    La (Pente)côte des Blancs: Meursault, vue depuis les Bouchères!


    Rémi JOBARD, négoce et propriété, millésime 2003



     

    Depuis la récolte 2003, Rémi Jobard a adjoint au domaine une partie négoce, ce qui lui permet de faire quelques gammes hors de Meursault. Sous forme d’achat de moûts, la façon la plus communément admise par le vendeur pour qu’il contrôle mieux ses volumes, même si cela ne permet malheureusement pas à l’acheteur la parfaite maîtrise sur la façon dont le raisin est pressé.

    Reçus dans le grand salon, comme les clients importants et/ou les journalistes influents smiling smiley, nous avons gagné en confort de dégustation ce que nous avons perdu en charme (la dégustation dans la cave!), mais la convivialité était évidemment au rendez-vous!

    Le Négoce

    Puligny-Montrachet 2003
    Robe jaune pâle, brillante. Le nez est riche, sur les fruits blancs, avec déjà du gras, mais aussi une pointe minérale. La bouche est ronde, enrobée, enrobée, dans la largeur mais avec suffisamment de nervosité, même s’il elle est somme toute assez caractéristique du millésime.

    Chassagne-Montrachet 2003
    La robe est brillante. Le nez, légèrement grillé, voire un peu vanillé, reste pourtant relativement frais. En bouche, de la tension et de la droiture, avec une petite amertume finale. Probablement marqué par une prise de bois trop importante, il n’en demeure pas moins un vin plutôt agréable.

    Chassagne-Montrachet  1er Cru La Maltroye 2003
    Le nez gagne en netteté et en précision. L’attaque est ronde, avec du volume, et une jolie définition en bouche. La finale est tout en délicatesse. Une belle bouteille, avec de la fraîcheur et du potentiel.

    Puligny-Montrachet  1er Cru Les Champs Gains 2003
    Le nez est retenu, à peine grillé. La bouche, plutôt agréable, présente un petit creux mou en son milieu, mais affiche une longueur satisfaisante.

    Puligny-Montrachet  1er Cru Les Refferts 2003
    Nez ouvert, sur les fruits blancs, un peu pêche blanche, suivi d’une jolie bouche toute en rondeur, riche et épanouie. Petite amertume finale assez typique de 2003, mais un beau vin.

    Corton Charlemagne 2003
    Le nez est assez caractéristique, empyreumatique, finement grillé, gagnant énormément à l’aération. La bouche est ample et majestueuse, large et longue, avec une finale persistante. Un vin au beau potentiel, qui mérite d’être attendu un petit peu.

    La Propriété

    Bourgogne Aligoté 2003
    Un vin simple, loin d’être désagréable, plutôt enrobé, manquant néanmoins de vivacité et d’acidité pour faire un bon Kir. A boire préférentiellement sans cassis, donc, malgré la petite amertume finale.

    Bourgogne blanc 2003
    Le nez est particulièrement grillé, de façon plutôt élégante. La bouche possède une belle structure et de la rondeur, ce qui la rend très plaisante. Un vin pour soif actuelle, qui évite l’écueil de la lourdeur.

    Meursault Sous la Velle 2003
    Le nez est citronné mais la matière est pourtant riche, avec de la rondeur et de la douceur. Retour acidulé en finale pour un vin bien mûr, une belle entrée de gamme pour le domaine.

    Meursault En Luraule 2003
    Le nez est plutôt réservé. La bouche est grasse, un peu alcooleuse, donnant un sentiment de dissociation actuelle, pour finir un peu trop chaleureuse. Nécessite une harmonisation en bouteille.

    Meursault Les Chevalières 2003
    Le nez possède une certaine race, mais on retrouve en bouche de la chaleur, malgré le volume et la longueur. Encore un vin très mûr, d’où se dégage pourtant un certain charme.

    Meursault 1er Cru Le Poruzot-Dessus 2003
    Nez mûr et chaleureux, légèrement fermentaire. Bouche riche, avec du volume et de la longueur, la marque du millésime, une fois de plus, estompant le caractère habituellement plus tendu de ce beau terroir.

     


    Le Porusot, au deuxième plan, sous les Bouchères!Le Porusot-Dessus se situe à droite de la haie, à même hauteur que les Bouchères.

     

    Meursault 1er Cru Les Genevrières 2003
    Elles ont moins pris le chaud en 2003, ces Genevrières, plutôt bien placées au sein du climat. Elles possèdent une indéniable fraîcheur et de la minéralité en bouche, malgré un enrobage qui n’exclut pas la droiture. Légère sensation de chaleur en finale, qui n’empêche pas l’harmonie du vin. Décidément un bien beau Cru que ces Genevrières!

    Meursault 1er Cru Les Charmes 2003
    Le nez est plutôt fermé, mais la bouche est arrondie et riche. La finale est fondue, sans amertume, mais manque d’un peu de nerf.

    Bourgogne Passetoutgrains 2003
    Nez fruité et réglissé, convivial et croquant, avec une petite mâche finale rustique de bon aloi, m’évoquant les belles cuvées de Dôle valaisanne! Un comble?

    Bourgogne rouge 2003
    Un vin qui pinote allégrement! De la fraîcheur et de la concentration, pour une jolie finale à mâcher, font de ce vin un petit régal simple à partager avec les copains.

    Monthélie 1er Cru Les Vignes Rondes 2003
    La robe est rubis soutenu, brillante. La bouche est ronde et tonique, fraîche, d’une bonne longueur, avec une finale sur le Zan. Un vin friand, faisant logiquement preuve d’un peu plus de complexité que le vin précédent.

    Monthélie 1er Cru Les Champs Fulliots 2003
    La robe est très soutenue, carmin. Le nez est très fruité, évoquant bien le Pinot noir. La bouche est aimable en attaque, presque friande, puis devient concentrée et riche, avec une finale un peu serrée mais au grain très fin. Une très jolie matière, qui ne demande qu’à s’épanouir, la plus belle réussite du domaine en 2003 d’après Rémi.

    Volnay Santenots 2003
    Vendangé précocement, le 26 août, avant la pluie. La robe impressionne par sa densité. Le nez est plutôt atypique pour un Volnay, un peu cuit, confituré, mais non dénué de fraîcheur, à mon avis. La bouche exprime la puissance de l’alcool, au travers de tanins plutôt soyeux. Un Santenots aux accents sudistes, qui ne conviendra guère aux puristes de la Bourgogne, mais qui ne manque pas d‘un certain charme!

    Décidément, 2003 est un millésime qui n’a pas fini de faire parler de lui! Si les blancs, d’une manière générale, n’offrent pas la tension minérale que l’on attend habituellement d’eux, ils ne sont pas dépourvus de qualités et possèdent déjà une rondeur affable. Ils seront à même d’accompagner agréablement un repas et permettront d’attendre les 2001 et les 2002.

     


    La (Pente)côte des Blancs: le millésime 2005 en avant-première!



    Olif

     

  • Domaine Tollot-Beaut, une affaire de famille !

    Date: le 04/11/2004 à 19:16

     

    Domaine Tollot-Beaut, une affaire de famille !





    Chorey-les-Beaune : une appellation bourguignonne un peu en marge, coincée entre la capitale de la Bourgogne viticole et la célèbre montagne de Corton, coiffée en brosse par le petit bois qui la surmonte. C'est là  que se trouvent les racines du domaine Tollot-Beaut, situé rue Tollot, comme son nom l'indique. C'est l'arrière grand-père Tollot qui a donné son nom à  la rue, en tant qu'ancien maire de la commune. Un vigneron précurseur, qui a commencé à  mettre en bouteille sous son propre nom depuis 1921. Le domaine, repris par son fils, a été étendu dans les années 1960. Il compte actuellement 24 ha, dont 10 sont en appellation Chorey-les-Beaune. A la descendance du grand-père (trois fils), ont succédé trois cousins germains, enfants de chacun des trois frères, qui gèrent le domaine actuellement. Les vignes appartiennent à  l'ensemble de la famille et sont exploitées en fermage.

    Les vendanges 2004 se sont terminées le 27 septembre. Une année abondante, malgré des vendanges en vert et des rendements moyens que l'on essaie ici de limiter entre 40 et 45 hl/ha. A notre arrivée, la rue Tollot est encombrée de plusieurs camions de grand tonnage, venus chercher l'envoi annuel à  l'export outre-Atlantique. Nous réussissons à  nous frayer un chemin entre les tire-palettes pour retrouver Nathalie Tollot, charmant petit bout de femme tout sourire dehors, qui nous conduit illico à  la cave, où reposent déjà  les fûts de 2004. L'occasion d'avoir un avant goût de ce millésime avant la sortie tant attendue des Beaujolais primeurs! Au domaine Tollot-Beaut, on privilégie la qualité et on regrette que "la réputation de la Bourgogne soit défaite par les productivistes". Le vignoble a "besoin d'une image positive forte" pour sortir de la mini-crise qui couve. La crise, ce n'est pas ici qu'on en retrouvera des symptomes car toute la récolte est vendue d'une année sur l'autre sans pouvoir accepter de nouveaux clients (malheureusement pour eux!). Ce qui confirme bien, et cela confortera certains dans leur approche, que si le terroir est indispensable, "l'important, c'est le vigneron".

    Savigny 1er cru Lavières 2004
    Un vin peu coloré, à  la robe rubis claire, en partie à  cause de peaux peu épaisses, pauvres en anthocyanes. Un boisé très fin ne parvient pas à  masquer le fruité croquant du vin. "ça sent le raisin!" s'exclame Nathalie. Pour sûr, il y en a! Un peu de groseille, aussi. En tout cas, de bien belles promesses.


    Changement de cave pour aller goûter aux 2003 sur fûts. Il a fallu déménager les fûts dans la cave attenante pour rentrer la nouvelle récolte mais toutes les fermentations malo-lactiques ne sont pas terminées . Le fait de maintenir volontairement le vin en cave fraîche n'y est pas étranger. Cela permet également de mieux contrôler les différents processus de la vinification, de la fermentation alcoolique à  la malo-lactique. Appliquant les théories d'Henri Jayer, on préfère ramasser à  12,5° et légèrement chaptaliser (il s'agit parfois de saupoudrage!) pour mieux maîtriser l'extraction, qui sera un peu plus longue mais surtout beaucoup plus douce. Les cuvaisons durent entre 10 et 15 jours. 2003, millésime atypique qu' il a fallu légèrement acidifier, Nathalie Tollot ne s'en cache pas, et le revendique, même! Beaucoup de travail à  la vigne n'empêche pas de devoir agir aussi à la cave selon les circonstances. Nous entendrons d'ailleurs un peu le même discours plus tard dans l'après-midi au domaine Robert Arnoux. Et les 2003 que nous allons goûter ne lui donnent pas entièrement tort!


    Savigny 1er cru Lavières 2003
    La robe est soutenue, colorée, et tranche par rapport à  celle du 2004. Le nez, finement torréfié et grillé, laisse pourtant parler un fruité éclatant et intense, charmeur avec ses tanins soyeux et veloutés, dense avec sa grande longueur.

    Beaune 1er cru Clos du Roi 2003
    Une vigne qui a particulièrement souffert de la canicule avec des raisins littéralement cuits sur pieds. Cela se ressent dans le vin, totalement atypique de ce qui peut être produit sur ce secteur. De la soupe de fruits rouges, un peu confits! Une immense concentration, mais déjà  de la rondeur, et, malgré tout, une sensation de fraîcheur, même si la texture est encore serrée. Cela me plaît beaucoup, mais c'est un vin plus typique de son millésime que de l'appellation et l'on sent que Nathalie Tollot n'est pas fan de ses 2003!

    Aloxe-Corton 2003
    Beaucoup de souplesse et une grande buvabilité. Une expression plus "conforme" pour cette appellation, d'après Nathalie, plus classique serais-je tenté de dire, mais c'est un joli village qui procure beaucoup de plaisir.

    Aloxe-Corton 1er cru les Vercots 2003
    Une parcelle plantée en 1928, arrachée pour moitié en 2002, et replantée cette année. Donc une production tout naturellement divisée par 2. Par rapport au précédent, il est plus soutenu et procure une sensation de grande douceur en bouche. 2003, millésime de la sucrosité!

    Corton 2003
    En provenance du lieu-dit Les Combes, une parcelle généralement non revendiquée, ce Corton est pourtant un beau vin opulent, riche et gras, qui titre 14° et qui tapisse à  la fois les parois du verre et celles du palais. Le nez est très fin, avec quelques notes encore grillées nettement ressenties.

    Fin de la dégustation au fût et découverte de quelques vins en bouteille, dont une mini verticale de Savigny Champs-Chevrey. Un beau moment en perspective!



    Chorey-les-Beaune 2002
    Mis en bouteilles en janvier, ce vin est un petit bonheur de vin frais, à  la robe rubis éclatante, au nez de petits fruits rouges, au grain déjà  soyeux, bien concentré et faisant preuve d'une belle persistance, sur de beaux tanins bien fins.
    Amateurs de vins friands et complexes à  la fois, accessibles et de bonne qualité, d'un excellent rapport Q/P, n'hésitez plus un instant! Buvez du Chorey! De Tollot-Beaut de préférence, mais pas uniquement! Une appellation à  privilégier dans ses achats pour des vins de plaisir!

    Savigny Champ Chevrey 2002
    Une parcelle plantée par le grand-père Tollot en lieu et place d'anciennes cultures de chanvre, d'où son nom, sur un sol plus riche en terre que les Lavières. Un vin à  la matière dense et serrée, de beaux tanins qui tournent un peu amers en finale, mais qui ont bien le temps de se fondre.

    Savigny Champ Chevrey 2001
    Assez fermé au nez, la matière est très serrée et il possède des tanins imposants avec une grosse mâche finale. Un vin indéniablement à attendre.

    Savigny Champ Chevrey 2000
    Après une fugace note de réduction, le vin se révèle rond et charmeur, tout en fruit. De loin le plus prêt à  boire actuellement, pour un plaisir non dissimulé!

    Savigny Champ Chevrey 1999
    Pas très causant, ce millésime 99! Dans une phase de repli complet pour Nathalie. Mais la matière est bien là ! Il faut juste lui laisser un peu de temps pour s'exprimer, à  la fois en cave et dans le verre. Beaucoup de volume et d'amplitude en bouche, témoignant de la richesse d'une année très mûre, et de raisins ramassés presque en surmaturité.

    Pas de fausse note dans cet échantillonnage et un domaine à recommander vivement, dans toutes les appellations produites. Il faudra donc plutôt compter sur des cavistes avisés pour se procurer les vins du domaine.

    Olif
  • La Paulée de Meursault 2004

    Date: le 25/11/2004 à 16:13

     



    "Allons enfants de Meursault,
    Le troisième jour de gloire est arrivé !"

     

    On aurait pu l'appeler la "Meursauillaise", ce gigantesque banquet organisé à Meursault le lendemain de la vente aux enchères des Hospices de Beaune et qui vient clôturer les Trois Glorieuses ! Elle fut baptisée Paulée, traditionnel repas festif de fin de vendanges, puisqu'elle réunit les vignerons, leurs clients, leurs amis, leurs invités pour un grand repas bourguignon, façon auberge espagnole, où chacun amène ses propres flacons pour accompagner le succulent et plantureux repas concocté à cette occasion. L'occasion unique de goûter à une multitude de très rares et beaux vins.

    Cette soixante-douxième édition de La Paulée de Meursault est aussi la soixantième où l'on décerne un prix littéraire, récompensé par 100 bouteilles de vin de Meursault, offertes par un généreux donateur qui, dans la soirée, a le privilège d'ouvrir également ses caves pour accueillir les amis de la Paulée.

    Une assemblée tirée à quatre épingles, où des têtes connues du monde du vin (vignerons, critiques, journalistes) côtoient la foule des anonymes. L'occasion de saluer, pêle-mêle, Bernard Burtschy, Sylvain Pitiot, Pierre-Antoine Rovani, Pascal Lachaux et encore bien d'autres vignerons rencontrés précédemment et revus avec plaisir à cet instant.

    699 couverts ont été dressés dans la grande salle du Château de Meursault, salle dans laquelle on accède après un parcours rituel passant par la galerie de peinture fort garnie en Buffet (le peintre, pas les meubles !) et les caves du château.


    Au-dessus du buffet, c'est encore un Buffet !

     

    Convivialité et communion autour du vin, dégustation orgiaque et anthologiaque, tout juste entrecoupée de chants bourguignons et ponctuée de bans bourguignons, orchestrés de main de maître par le groupe des Joyeux Bourguignons, la Paulée, c'est tout cela en même temps ! Après le Clos Vougeot samedi et les Hospices de Beaune dimanche, le coeur de la Bourgogne bat à Meursault, en ce quatrième lundi de novembre.


    Pierre Schoendorffer recevant son prix et parlant d'une époque où "le vin était le pétrole de la marine à  voile".

     

    Après le bref discours officiel de présentation, qui nous a promis un beau millésime 2004 à Meursault, et la remise du soixantième prix littéraire de la Paulée à Pierre Schoendorffer, pour son dernier livre paru, les brigades de Fabrice et Maurice Bugaud entrent en action avec le service du premier des quatre plats qui vont se succéder. Les bouchons sautent dans tous les coins et chacun part, bouteille à la main, faire goûter son vin aux membres de sa tablée, mais également à la salle entière. Des salves parfois rapprochées qui ne permettent pas toujours de prendre le temps d'apprécier pleinement les vins servis. Mais qu'importe ! L'instant est à la convivialité, au partage, à la fête! Des crus prestigieux défilent dans les verres, de façon furtive, de très beaux vins sont aussitôt éclipsés par d'autres, certains n'ont pas le temps de convaincre que déjà il faut vider son verre avant de le "pleindre" à nouveau ! En ce pantagruélique festin, constitué de 2 entrées, 2 plats, fromages et dessert, servis en à peine 5 heures, ce ne sont pas moins de 72 vins qui ont effleuré mes papilles. Pas le temps de prendre de notes évidemment, ce fut déjà une prouesse d'arriver à colliger tous les noms figurant sur les étiquettes ! La proximité de certains voisins de table a pour beaucoup influencé la liste des vins dégustés, et, à vrai dire, nous ne sommes pas trop mal tombés ! Il y avait matière à goûter probablement plus de 2000 bouteilles, la plus belle carte des vins qu'aucun restaurateur ne pourra jamais s'offrir! Personne n'a donc finalement bu la même chose. Voici ma longue liste personnelle, celle des vins qui sont passés à ma portée, dans un ordre à peu près chronologique, mais parfois décousu, quelques blancs qu'il aurait été cruel de décliner ayant été servis en même temps que les premiers rouges:

    Savigny 1999, Château de Meursault
    Château Simone blanc 2002
    Pouilly-Fumé 2000, De Ladoucette
    Meursault-Perrières 1997, Coche-Dury
    Pur Sang 2002, Dagueneau
    Meursault En Luraule 2001, Rémi Jobard
    Beaune Clos Saint-Désiré 2001, R. Demougeot
    Font du Broc 2002, Côtes de Provence blanc
    Meursault Genevrières 2001, Rémi Jobard
    Batard-Montrachet 2002, Hospices de Beaune (magnum)
    Meursault Genevrières 2000, Rémi Jobard
    Chassagne-Montrachet 1er cru Vergers 2001, Ramonet
    Grange des Pères blanc 1999 (magnum)
    Meursault Les Tillets 2003, Alain Gras
    Corton Charlemagne 2001, Henri Boillot (magnum)
    Chevalier-Montrachet 2002, Henri Boillot (jéroboam)
    Bienvenue-Bâtard-Montrachet 2001, Ramonet
    Meursault Poruzots dessus 1999, Rémi Jobard
    Meursault Perrières (millésime ?), Prieur
    Meursault Genevrières 1997, Rémi Jobard
    Corton Charlemagne 1995, Remoissenet
    Meursault-Blagny 1995, François Jobard
    Meursault-Charmes 2000, J.M. Bouzereau
    Meursault 1988, Coche-Boulicault
    Meursault Genevrières 1995, Rémi Jobard
    Chevalier-Montrachet 1999, Ramonet
    Meursault Poruzots 1989, François Jobard
    Le Montrachet 2000, Remoissenet
    Chevalier-Montrachet 1991, Prieur
    Meursault Genevrières 1994, Rémi Jobard
    Montrachet 1979, Ramonet
    Meursault 1996, Sylvain Dussort
    Meursault Genevrières 1997, Yves Boyer
    Meursault Charmes 1996, Michelot
    Meursault Charmes 1992, Rémi Jobard
    Puligny-Montrachet Les Champs Gains 1998, Philippe Bouzereau
    Château de Fargues 1995 (demi-bouteille)
    Le Pergole Torte (sangiovese) (millésime?)
    Vosne Romanée Aux Brûlées 2000, Méo-Camuzet
    Chevalier-Montrachet 1993, Domaine Leflaive
    Meursault 1989, Sylvain Dussort
    Beaune Marconnets 1996, Darviot
    Beaune Clos du Roi 1995, Tollot-Beaut
    Prieuré Saint-Jean de Bébian 1991
    Meursault 1971, Buisson-Battault
    Pernand-Vergelesses 1997, Laleure-Piot (magnum)
    Hermitage 1995, J.L. Chave
    Mazy-Chambertin 1994, J. Roty
    Meursault-Charmes 1983, Roullot
    Volnay Santenots 1999, Rémi Jobard
    Beaucastel 1995
    Savigny 1er cru Les Peuillets 1993, Rodolphe Demougeot
    La Réserve de Saint-Eugénie 2002, Corbières
    Charmes-Chambertin 1998, Geantet-Pansiot
    Clos de la Roche 1999, Jadot (jéroboam)
    Clos-Vougeot 1996, Denis Mortet
    Nuits-Saint-Georges Les Porrets-Saint-Georges 1998, Gouges
    Pommard Rugiens 1993, Balot-Millot
    Volnay Cailleret 1997, J. Boillot
    Pommard 1990, Hospices de Beaune
    Romanée-Saint-Vivant 1997, R. Arnoux (magnum)
    Château d'Arlay Vin jaune 1973
    Richebourg 1979, DRC
    Pommard Les Vignots 1993, Rodolphe Demougeot
    Pommard 1997, Rodolphe Demougeot
    Santenay 1er cru Clos Roumier 1990 (producteur?)
    Marsanne Grain Noble 2000, Chappaz
    Mas Amiel 2000, Cuvée Charles Dupuy
    Château Rieussec 1995
    Layon- Chaumes 1982 (domaine?)
    Gourt de Mautens 2001
    Mas Amiel 10 ans
    + 2 Single Malts


    La la, la la, lalalalalère, lalala lalala la la la!

    Un ban bourguignon pour le Montrachet 1979 de Ramonet! Je faisais remarquer ici même il y a peu que je n'en avais encore jamais goûté, c'est chose faite maintenant, et à deux reprises: d'abord Le Montrachet 2000 de Remoissenet, qui ne m'a pas procuré la grande émotion tant attendue, et puis ce 1979 de Ramonet, de toute beauté, d'une finesse et d'une longueur impressionnantes! L'extase!

    La la, la la lalalalalère, lalala lalala la la la!

    Un ban bourguignon également pour le Meursault-Charmes 83 de Roullot, le Poruzots 89 de François Jobard et le Meursault 1971 de Buisson-Battault. L'âge sied à merveille aux grands Meursault! La mini-verticale de Genevrières de Rémi Jobard confirme la grande qualité des vins du domaine, même en millésime difficile (1994), et par conséquent une très belle régularité. Iconoclaste Grange des Pères blanc 1999, à l'équilibre subtil et un rien "bourguignon", magnifique! Et puis, ce vin jaune du Château d'Arlay 1973, apprécié surtout par les grands connaisseurs, mais quelle bouteille!

    La la, la la lalalalalère, lalala lalala la la la!

    Un ban Bourguignon pour Pierre-Antoine Rovani! Un homme ouvert, aimable et accessible, ce Monsieur Rovani. "A la Paulée, il n'y a pas de Monsieur Rovani! Appelez-moi Pierre-Antoine!" Pas de problème, P.-A.! Convaincu du potentiel des grands vins du Languedoc, il analyse fort justement, à l'aveugle, Bébian 1991, plus que correct, mais aux tanins qui serrent un peu en finale. Grand amateur de vin jaune, et notamment des Château Chalon du domaine Macle, il ne refuse pas un verre de Château d'Arlay 1973 et me sort de sa manche sa botte secrète, un vieux Gouda de 96 mois d'affinage, déjà passablement entamé, qui se marie à merveille avec le vin. Un grand moment, en grande compagnie!


    Pierre-Antoine aime le vin jaune, le vieux Gouda et les jolies serveuses !

     

    Pas de ban bourguignon en rouge en ce qui me concerne, malheureusement, malgré des bouteilles prestigieuses. Gamme fort homogène chez Rodolphe Demougeot, joli Beaune Marconnets 96 de Darviot, très beau Mazy-Chambertin 94 de Roty, à maturité, Romanée-Saint-Vivant 97 de R. Arnoux encore dense et serré, Nuits-Saint-Georges 98 de Gouges égal à lui-même. Un comble, je suis passé à côté du Richebourg 79 de la DRC! Aucun souvenir, mais je n'ai fait qu'y tremper les lèvres! Comme quoi, abondance de biens nuit, et pas que Saint-Georges! !Il est vrai que beaucoup de blancs étaient passés par là auparavant! Le rouge le plus épatant que j'aie goûté ce jour-là pourrait bien être ... Beaucastel 95! J'ai presque honte de l'avouer!

    La la, la la lalalalalère, lalala lalala la la la!

    Et enfin, un autre ban bourguignon pour la plus belle jupe de l'assemblée, qui avait dans ses poches des trésors en provenance de son pays natal. Deux vieux Single Malts dans des éditions limitées et indépendantes (dont un vieux Strathisla de Signatory). Parfait en digestif!

     

    Au rang des vraies déceptions, très peu, finalement. Un problème de bouteille sur Gourt de Mautens 2001, un Corton Charlemagne 95 de Remoissenet iodé et bien mal structuré et un immonde Coteau du Layon-Chaumes 82 dont je n'ai pas retenu le nom, le veinard!

    Fin de la première partie. Les amis de la Paulée rompent les rangs et se dispersent pour se retrouver en petits groupes chez les vignerons qui ont l'honneur et le plaisir d'ouvrir leur caveau ce jour-là . Nous attaquons la tournée par le donateur du prix 2004, le domaine des Comtes Lafon.

    Dégustation au domaine des Comtes Lafon

    Une occasion inespérée de franchir les grilles de ce domaine emblématique de Meursault, qui ne reçoit que de façon exceptionnelle. Petit tour de la propriété pour pénétrer dans la cave où les 2004 en fût nous attendent. J'ai à ce stade abandonné le stylo, et ne suis plus tout à fait sûr des vins dégustés, la fatigue commençant à se faire humainement sentir. Clos de la barre, Charmes et Perrières 2004 ont à peu près terminé leur sucre. Une matière globalement prometteuse sur laquelle je me garderai bien de me prononcer, n'ayant pas suffisamment l'expérience des vins à ce stade. Les vins en bouteille (Charmes 2003 et Gouttes d'Or 2002) sont de toute beauté, de même que le Volnay-Santenots 2002.

    Dégustation au domaine Roulot

    Les 2004 (Tillets, Luchets, Tessons et Perrières) sont marqués par une réduction importante et une acidité soutenue. Durs à juger en l'état! Le Meursault Luchets 1999 fait preuve de beaucoup plus d'amabilité, même si le millésime n'est pas encore pleinement épanoui. Au vu du 83 goûté lors du repas, je suppose que ces vins nécessitent du temps.

    Dégustation au domaine Pierre Morey

    Ici encore, des 2004 bien difficiles à évaluer sur fûts : Meursault Pellans, Tessons et Perrières, suivis d'un beaucoup plus convaincant Meursault 2002 et d'un rouge dont j'ai, coupablement et honteusement, oublié les origines. Le plaisir d'échanger quelques mots avec Pierre Morey et la découverte rétrospective d'avoir frôlé, sans le savoir, un murisaltien d'en face, seront les temps forts de cette visite.

    Dégustation au domaine Boyer-Martenot

    Passage rapide chez Yves Boyer, car il n'était pas envisageable de manquer un seul de ces rendez-vous murisaltiens nocturnes, pour y goûter quelques vins au fût et en bouteilles. Un domaine que je ne connaissais pas, des vins intéressants, mais goûtés un peu rapidement et que je serais bien incapable de juger dans ce contexte pléthorique très particulier.

    Dégustation au domaine Michelot

    Le 5ème vigneron à ouvrir ses caves ce soir-là . Pas mal de vins à goûter, pour des passionnés qui commencent à crier "Grâce !". Le souvenir d'un beau Perrières 2004 au fût, celui du sourire et du décolleté de Valérie qui servait un joli Meursault 2002 en bouteilles, le plaisir d'une rencontre avec "JFK" (Jean-François Coche-Dury)!

    La valse des phares de voiture dans les rues de Meursault commence à baisser d'intensité. Le Pauléon rassasié et fatigué rampe à la recherche de sa couche, la tête dans les étoiles (ou, c'est moins poétique, dans le seau, pour les plus déraisonnables d'entre eux ). Le sommeil du juste l'attend. Un repos mérité et réparateur.

    Après la fête!

    Histoire de se refaire un peu le palais le lendemain matin, petite "extrapaulation" pour une dégustation des 2004 de Rémi Jobard, ceux de l'activité de négoce qu'il est en train de mettre en place. Des 2004 qui sont loin d'avoir fini leurs sucres, contrairement à la plupart des vins de la veille. Des vins très intéressants, du Meursault Meix-Chavot au Corton Charlemagne à la structure imposante, en passant par un Chassagne Montrachet 1er cru (climat ?) et un Puligny-Montrachet 1er cru les Champs Gains.

    Et c'est totalement repus, fatigués, mais heureux, que les gars et les filles du GJP ont repris le chemin du retour, laissant derrière eux la Bourgogne et ses trois jours de gloire, avec la ferme intention d'y revenir bientôt.

    Olif et le GJP

  • Le Beaujolais, tout sauf nouveau...et aux Jardins!

     

    Date: le 21/11/2003 à 16:51

    Nouvelle soirée de dégustation festive aux Jardins de Saint-Vincent, chez Stéphane « Saint-Vernier » Planche et voilà -ti-pas que cela coà¯ncidait avec la sortie du Beaujolais nouveau ! L'occasion était trop belle pour ne pas faire un petit tour d'horizon de la production de cette région mésestimée à  tort, qui, d'un côté, profite des retombées d'une opération commerciale pendant une période plutôt brève, et qui, de l'autre, pâtit des conséquences de ce coup médiatique en terme de reconnaissance qualitative. Il y a pourtant des choses intéressantes en Beaujolais ! La preuve !

    - Beaujolais blanc 2002, domaine des Terres dorées, JP Brun

    La cuvée de base, qui ne connaît pas le bois, élevée 10 mois en cuves sur lies. Nez sur les fruits frais, les agrumes, la rhubarbe rose, avec des notes de légère surmaturité et des souvenirs de son élevage sur lies (son côté lactique !). Un peu court, sympa, mais pas impérissable !

    - Côtes de Brouilly 2002, Domaine des Terres Dorées, JP Brun

    Nez réduit, viandé, masquant un peu le fruit, mais ces notes de réduction disparaissent un peu à  l'aération pour laisser la place à es notes lactiques (lait de coco). Manque un peu d'ampleur et divise les dégustateurs. A sa décharge, 2002 est un millésime vraiment difficile en Beaujolais.

    - Morgon 2002, Marcel Lapierre

    Nez végétal, eucalyptol, un peu pharmaceutique et iodé, que pour tout dire, je n'aime pas trop. Vin acidulé et frais, qui tapisse et enveloppe bien le palais, qui divise un peu les dégustateurs. Il s'agit d'une cuvée légèrement sulfitée à  la mise.

    -Morgon 2002, Marcel Lapierre

    Le même, non soufré. Les notes végétales et iodées sont toujours là , mais moins présentes. La bouche est ample, charnue, vive et de bonne tenue. Le côté légèrement végétal (fenouil ?) me gêne toujours un peu, mais moins que sur le précédent vin. Il existe une troisième mise, avec sulfitage et légère filtration. Trois facettes d'un même vin qui pâtissent très certainement de la faiblesse du millésime 2002.

    - Morgon 2001, Côte de Py, Jean Foillard

    Petits fruits rouges croquants au nez, un vin épanoui, rond et charnu, presque sensuel. Beaucoup d'élégance, un vin qu'on a envie de boire ! Rétro acidulée et fraîche sur le cassis.
    Deuxième rencontre avec ce vin friand et gourmand, je craque complètement. Le millésime y est peut-être pour quelque chose par rapport au précédent.

    - Moulin-à -Vent 2000, Clos du Tremblay

    Robe rubis soutenu, nez fruité, caramel au beurre salé de Noirmoutier (ce sont ceux que je mange en ce moment!), compote de rhubarbe. Structure équilibrée, se patinant avec le temps, une sensation de plénitude. Très beau, il entre dans sa phase de maturité.

    -Labeur d'Octobre, Domaine des Terres Dorées, JP Brun

    C'est une véritable déception ! J'avais fait de ce chardonnay botrytisé mon coup de coeur de l'année dernière. Comme il est déclassé en vin de table, il n'est pas millésimé et celui-ci est loin d'être une réussite. Manque de gras et de confit, déstructuré, végétal et acide. On ne pouvait pas rester là -dessus ! Stéphane est descendu chercher une bouteille de derrière les fagots, sélectionnée par Dionis.

    - Strohwein 1997, Neusiedlersee, Georg Lunzer, Osterreich

    Il s'agit d'un vin de paille autrichien qui embaume le litchi. Riche en glycérol et en sucre mais frais et acidulé. Assemblage de plusieurs cépages dont du gewurtztraminer que nous avons évoqué sur les notes intenses de litchi. Très bon même si on est loin des vins de paille du Jura (non, je ne suis pas chauvin!:)).

    Pour accompagner le petit mâchon qui a suivi, on a fait une entorse au titre de la soirée et on a quand même ouvert quelques flacons de Beaujolais nouveau du Château de Cambon (je ne suis pas sûr du nom !), vinifié par Marcel Lapierre. Plutôt sympa, car fruité et pas trop lactique.

    La Bourgogne l'après-midi (compte-rendu à  suivre !), le Beaujolais en Arbois le soir, il est temps de regagner les verts pâturages du Haut-Doubs, les papilles totalement gavées !

    Burp!(Pardon!)

    Olif

  • Mes Nuits sont plus Chambolle que vos jours !

     

    Date: le 17/01/2004 à 09:58

    Sous ce titre un peu tiré par les cheveux, se cache ce que pourrait dire un vigneron réputé de Nuits-Saint-Georges à  un autre, tout aussi réputé, de Chambolle-Musigny.

    Mais n'anticipons pas !

    La météo bourguignonne nous devait bien une revanche ! La dernière fois, nous avions quitté le soleil radieux du Haut-Doubs pour le brouillard murisaltien, cette fois-ci, nous avons bravé la tempête de neige pontissalienne pour arriver sous une éclaircie ensoleillée à Chambolle.

    Quel joli village que Chambolle-Musigny ! Un village de poupée enserré dans les vignes avec de petites rues et des maisons qui semblent petites, mais que les vins sont grands !
    Pourtant peu étendu, le vignoble, qui comporte 2 Grands Crus et 24 Premiers Crus, affiche une personnalité différente selon qu'on se situe au nord ou au sud du village. Vérification immédiate et preuve à l'appui lors d'une visite chez l'un des plus prestigieux domaines de l'appellation.

    Et Vogüe le Chambolle ! (je ne l'aurais pas déjà  faite, celle-là  ? :) )

    Accueillis par Monsieur Millet, régisseur du domaine du Comte Georges de Vogüé, nous descendons sans perdre de temps les marches qui conduisent à  la cave.
    Les barriques soigneusement empilées recèlent une partie de la quintessence bourguignonne. La totalité de la production 2002 du domaine se trouve ici, ce qui semble finalement très peu quand on sait qu'il en faut pour le monde entier.
    Méticuleusement et consciencieusement, notre hôte fait sauter les bondes en bois de certains fûts. On rechigne ici à  utiliser des bondes en silicone, plus pratiques et maniables, sauf lorsqu'il s'agit de rouler les fûts, leur préférant les classiques bondes en bois recouvertes de toile de jute qu'il faut changer toutes les semaines pour cause d'hygiène.
    Relativement peu disert et renfermé, l'oeil de Monsieur Millet s'allume à  notre contact, de passionnés, évidemment !- et sa langue s'agite lorsqu'il s'agit de goûter, puis de commenter et de décrypter ses vins.
    Nous allons goûter la gamme des 2002 au fût, la mise ne devant se faire que dans les semaines à  venir, de préférence en fonction de la lune, mais nous ne nous appesantirons pas sur le sujet !

    - Chambolle-Musigny 2002 : un vin composé à  partir de vignes en appellation village auxquelles s'ajoutent des jeunes vignes de parcelles en premier cru, voire en grand cru, destinées à  optimiser l'équilibre. On la bichonne, cette cuvée d'entrée de gamme qui constitue la meilleure des introductions aux vins du domaine. Diablement séducteur à  ce stade, il s'exprime sur les petits fruits rouges (en gelée pour Mr Millet), témoignant de la belle maturité des raisins. Pas de notes confiturées car la minéralité vient la contre balancer de fort belle façon, nette et précise. D'une manière schématique, le millésime 2002 est la résultante d'une micro sécheresse sans chaleur, ce qui a favorisé une maturité optimale des raisins tout en préservant leur acidité. Un équilibre naturel quasi-parfait donc un grand millésime !

    - Chambolle-Musigny 1er cru Les Amoureuses 2002 : le nez s'ouvre sur une pointe de grillé que j'attribuais à  des notes boisées mais qui correspondent, pour Mr Millet, aux arômes caractéristiques du terroir des Amoureuses. Seulement 25% de fût neuf et surtout du poivre, de la cannelle, du pain d'épices, qui viennent souligner la grande minéralité de ce vin. Les autres notes caractéristiques de ce cru, la grenade et la rose, ne nous semblent pas évidentes. La finesse, l'élégance et la race s'imposent par contre très nettement. Un très grand vin !

    - Bonnes Mares 2002 : Changement radical de mode d'expression ! On passe au nord de Chambolle avec un vin plus proche des grands crus de Morey, encore que ce Bonnes Mares, issu d'une parcelle sud-est, soit plus censé jouer une partition intermédiaire. La robe est légèrement violacée. La myrtille s'impose au nez parmi les autres fruits noirs. Une touche florale de violette (et pivoine ?) vient s'y ajouter. L'attaque est franche, le grain des tanins peut-être un peu moins fin que sur les Amoureuses, mais pourtant très racé et élégant. Du grand art !

    - Musigny 2002 : LE Musigny ! Le cru qui fait rêver, presque autant que la Conti ! Enfin y tremper ses lèvres ! Si les Amoureuses sont souvent considérées comme un «petit» Musigny, on pourrait également penser que le Musigny est une «grande» Amoureuse ! On retrouve les mêmes arômes s'exprimant avec plus de densité et de concentration. Epices, grenade et rose, sur une grande trame minérale. Un monument de finesse et d'équilibre. De quoi rester sans voix !

    Ou alors la retrouver juste un petit peu pour remercier et saluer Mr Millet de la bonne heure qu'il nous a consacrée. Et de nous encourager à  revenir goûter les 2003 l'année prochaine ! Mais pas de problème, c'est enregistré !

    Un petit tour par Ma Cuisine

    Cap au Sud, à  Beaune, pour une petite halte restauratrice, non sans avoir fait un crochet au coeur du village de Vosne pour arpenter le muret d'une certaine Conti !
    La capitale des vins de Bourgogne est plutôt calme en cette mi-janvier, mais nous avons pu trouver une table et des chaises dans Ma Cuisine ! C'est le nom du restaurant, situé place Carnot ! Une carte des vins à  faire pâlir bien des cavistes ! ça tombe bien, ils le sont aussi cavistes, à  la Cave Sainte-Hélène qui jouxte le restaurant. Bourgogne, évidemment, avec tous les domaines en vue (sauf le Comte de Vogüé, tiens !), mais aussi tous les grands du Rhône, de Bordeaux, de la Loire et du Languedoc. Impressionnant ! Et surtout à  prix plus que raisonnable sur table, juste un tout petit coeff. 2 !

    Vérification immédiate et preuve à  l'appui, pour accompagner le repas :

    - Meursault 98 Comtes Lafon : à  peine réduit de prime, il s'ouvre, du fait d'un carafage bienvenu, sur des notes de foin coupé, de pain légèrement grillé, de cire d'abeille. L'attaque est nette est franche, la bouche bien soutenue et harmonieuse. Très beau !

    - Pommard Pézerolles 97 Domaine de Montille : un millésime très ouvert pour un Pommard qui présente de jolies notes tertiaires qui commencent à  se développer, mais qui ne masquent pas la trame minérale. Un beau vin pour hédoniste !

    Après une petite flânerie dans les rues quasi désertes de Beaune, remontée vers le Nord, direction la Côte de Nuits !


    Le domaine Henri Gouges, au pays des mille et un Nuits !

    Pas tant que ça en fait ! J'exagère un tout petit peu mais je ne sais pas résister à  la tentation de faire un bon mot, aussi vaseux soit-il!
    Accueillis par Christian Gouges, nous descendons dans les caves après une petite présentation du vignoble de Nuits-Saint-Georges.
    Comme à  Chambolle, le vignoble est scindé en deux parties. Au nord du village, on produit des vins fins et élégants qui se rapprochent de ceux de Vosne Romanée, dont ils constituent le prolongement naturel. Au sud de la vallée du Meuzin, qui travers la ville de Nuits, les vins sont plus puissants, plus austères, demandant du temps pour se fondre.

    Ce très beau domaine familial, dont les caves sont situées dans l'ancienne gendarmerie de Nuits, en est à  la troisième génération de vignerons, la quatrième étant actuellement en formation. Le grand-père Gouges, à  l'origine de la création du domaine, fut un visionnaire novateur en son temps, au début des années 30 et il a joué un rôle déterminant dans la modernisation du vignoble bourguignon.
    Décidé à  se lancer dans le vin, il cherche à  acquérir une parcelle propre à  une époque où les Bourguignons se détournaient un peu de leurs vins, jugés trop capiteux (parce que volontiers coupés avec d'autres vins plus puissants pour les structurer) et peu rentables économiquement.
    Le Crédit Agricole lui fait alors quasiment cadeau d'une vigne de 3 ha au lieu-dit Les Porrets. Il fut l'un des premiers à  vouloir mettre son vin en bouteille au domaine, garantissant ainsi son authenticité, et ne plus le confier au négoce qui se livrait à  des pratiques soit disant amélioratrices comme celle citée plus haut.
    Un riche Suisse (pléonasme ?) ayant goûté sa production souhaita la lui acheter en totalité. Après s'être fait longuement prier (il aurait voulu conserver pour lui sa première récolte !) et devant l'insistance de ce client, il consentit à  lui vendre, le prix de départ ayant été multiplié par 10 au passage.
    Le grand-père Gouges put donc rembourser sa dette en une année et se lancer dans la grande aventure les coudées franches.
    L'esprit avisé, il entreprit avec succès le marché américain, s'offrant même une page entière de publicité dans le New York Times (nous étions en 1930 !). 90% de son vin partait alors à  l'export !
    Lors du classement des terroirs, toujours dans les années 30, aucune parcelle de Nuits ne fut classée en Grand Cru (les Saint-Georges l'auraient certainement mérité, peut-être les Vaucrains). Les Nuitons n'étaient pas des gens suffisamment riches et aisés pour boire des Grands Crus ! Fiers de leurs vins mais conscients de leur statut ! Le grand-père Gouges n'aurait pas été sans influence sur cette décision !

    Fin de la parenthèse historique ! Retour au présent avec le petit-fils, un vigneron sincère et nature comme je les aime, qui m'a rappelé Francis Poirel des Quarts de Chaume, de par sa conception du vin la moins interventionniste possible. Et pourtant, les gros mots sont lâchés !- point de biodynamie (trop cartésien pour cela !), ni même de bio tout court (des essais sont néanmoins en cours). De la lutte raisonnée et une volonté de laisser s'exprimer le raisin et le terroir !

    Ses vins sont à  son image, solides et généreux ! Même si, contrairement à  lui, ils nécessitent du temps pour s'exprimer.
    Les vins sont dégustés au fût, la mise ne devant intervenir que dans les deux mois à  venir.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Clos des Porrets 2002 : un nez que je trouve tendre, joliment fruité. La bouche est pourtant un peu massive, les tanins sont imposants mais pas sévères. Grande longueur.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Pruliers 2002 : un vin encore plus imposant que le précédent, avec beaucoup de mâche en finale, rappelant la prunelle, à  l'origine du nom de ce climat. Petite touche métallique également caractéristique d'après Christian Gouges.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Vaucrains 2002 : Très fruité et rond, il est encore marqué par une pointe de gaz, qui possède un effet réducteur naturel, permettant de limiter l'apport de soufre. Cela donne beaucoup de fraîcheur au vin.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Saint-Georges 2002 : Beaucoup de similitudes avec le précédent, la race et l'élégance en plus. Les tanins sont déjà  bien polissés. Très beau.

    Pas faciles à  appréhender dans leur jeunesse, ces vins de Nuits, qui méritent du temps pour s'affiner! Vérification immédiate, preuve à l'appui, avec deux exemples en bouteille :

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Clos des Porrets 1999 : Une pointe de réduction à  l'ouverture, mais de la bonne réduction, celle qui protège le vin et lui permet de se révéler à  l'oxygénation. Des tanins très fins, bien enrobés, et de jolies notes de framboise bien marquées.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Saint-Georges 1967 : Attention ! Moment rare ! Un vin filtré, contrairement à  la tendance actuelle du domaine, car c'était le souhait des clients américains majoritaires à  l'époque. La robe est rubis, encore soutenue, d'un bel éclat. Nez très ouvert sur de somptueuses notes tertiaires d'humus, de champignon, de sous-bois et puis surtout, après, du cacao ! Du bon, du Van Houten, dont les notes s'intensifient à  l'aération. Quelle élégance ! Quelle harmonie ! Quel fondu ! A maturité, évidemment, mais pour encore bien longtemps d'après Christian, car rien ne vient perturber cet équilibre, quasi intemporel ! Pas craché, celui-là  !

    Pour clore cette belle série, il nous fallait passer par la cave des blancs, une originalité et quasi exclusivité de la maison sur le secteur de Nuits. Encore un coup du grand-père, qui a eu la surprise de découvrir une branche de grains blancs sur un pied de pinot noir. Une branche mutante qu'il a la bonne idée de couper et de greffer sur d'autres plants qui trouvèrent un terroir calcaire de prédilection au lieu dit Les Perrières.

    - Bourgogne blanc 2003 : une mutation massale de pinot noir provenant de jeunes vignes dans le secteur des Dames Huguette. Un vin simple et franc, idéal à  partager entre amis, véritable concentré de pêches de vignes qu'on a l'impression de croquer à  pleines dents. Malo non faite, et on espère qu'elle ne se fera pas ! 13,3° naturel à la récolte !

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru La Perrière 2003 : fruité (pêche et fruits blancs), sur des notes encore fermentaires, il est doté d'une belle minéralité qui lui confère une pointe de dureté. La perception de tanins en bouche, comme sur un vin rouge, témoigne de ses origines (pinot noir muté et non chardonnay).

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Saint-Georges 2003 : pour clore définitivement avant de se quitter, petit aperçu du millésime 2003 en rouge. La robe est sombre, presque noire, et pourtant brillante. Au nez, c'est encore du raisin, tandis qu'en bouche, on ressent nettement une belle acidité, malgré l'absence de mesures correctrices ! Les taux sont naturellement remontés pendant les vinifications, confortant Christian Gouges dans sa politique peu interventionniste. Beaucoup de mâche et d'astringence ! Il faut encore attendre avant de connaître le résultat final. Est-ce que le terroir va finir par supplanter le millésime ? C'est la grande interrogation du vigneron, qui se place toujours en retrait et observe !

    La bouche bien retapissée par les tanins de ce 2003, nous pouvons à présent remonter à  la surface. La nuit est tombée sur Nuits, il est temps pour nous de continuer à  reprendre de la hauteur, direction le Haut-Doubs !

    Ah ! La Bourgogne !

    Olif et le GJP

  • Ambiance de fin de vendanges...à Meursault!

    Date: le 04/10/2004 à 09:32



     

    Histoire de ne pas mourir idiot, ni même sot, une petite immersion, pour le fun, dans le grand bain des vendanges 2004 en Bourgogne s'imposait. Voici donc, en forme de double clin d'oeil, les impressions extérieures d'un touriste qui a réussi à profiter d'une magnifique journée dominicale pour s'imprégner de l'ambiance de la dernière journée de vendanges au Domaine Rémi Jobard, à Meursault. Point de sensationnalisme, pourtant, car pas de cru prestigieux à se mettre sous la dent, il ne restait plus que deux parcelles d'aligoté à couper. Et vous n'y couperez pas non plus!

    Débutées samedi dernier sous un ciel gris et dans la fraîcheur, il aura fallu neuf jours pour arriver au terme de ce moment-clé de l'élaboration du vin. En ce dimanche matin 3 octobre, la vigne murisaltienne a retrouvé son calme, loin de l'agitation des jours précédents où elle s'apparentait à une véritable fourmilière. Il y règne un sentiment de sérénité, de devoir accompli, son bel agencement à peine troublé par la présence éparse de quelques vendangeurs retardataires. On commence en général à couper parmi les derniers, chez Rémi Jobard, qui préfère attendre d'avoir la maturité optimum et le meilleur degré. Une récolte 2004 abondante, qui a peiné pour l'atteindre, ce degré satisfaisant, mais qui y est finalement parvenu grâce à un mois de septembre exceptionnel. Les Genevrières furent les premières à être vendangées. Le meilleur n'a donc pas été gardé pour la fin puisque c'est « Sous le chemin» que nous retrouvons les derniers coupeurs en compagnie de Charles Jobard qui dirige les opérations.

     

    Sous le chemin, mais aussi sous la RN 74! Gare à la traversée! Ambiance bon enfant au sein de la petite communauté des vendangeurs, même si la fatigue commence à se lire sur les visages. 8 jours de travail intensif, de soirées festives et de nuits courtes finissent par émousser les plus résistants. Surtout qu'ils sont parmi les derniers à encore bosser!

    Et c'est cramponné aux arceaux du tracteur conduit par Rémi que j'ai sillonné les chemins viticoles de Meursault pour acheminer les dernières bennes vers le pressoir.

     

    La vendange y est simplement foulée, pour faciliter la dissociation de ces grappes un peu compactes, avec des raisins à peaux épaisses.

     

    Dans un coin du chai, les cuves de Volnay-Santenots, récoltés il y a tout juste 8 jours, démarrent gentiment leur fermentation alcoolique en dégageant une odeur agréable.

    Le temps de goûter au « vin doux», du jus de raisin blanc encore non alcoolisé, pur fruit, il est déjà temps de se rendre dans les Busigny (non, je ne suis pas enrhumé, il ne s'agit pas du Grand Cru de la Côte de Nuits!), puis aux Corvées, où l'aligoté affiche une meilleure mine!

     

    La fin des vendanges initialement prévue pour midi, l'horaire ne pourra finalement pas être respecté. La Paulée, traditionnel repas de fin de vendanges, sera donc reportée en fin d'après midi et il faudra improviser un casse-croûte campagnard sur les coups de 11 heures 30, que les cueilleurs accueilleront avec délectation. Nous terminerons les restes de ce casse-croûte vers 13 heures, et c'est vrai qu'ils avaient faim, les forçats de la vigne! En guise de compensation, nous aurons droit, au lieu du Passetoutgrains rituel, à une bouteille de Meursault Sous la Velle 2001, puis à un Volnay Santenots 2002.

    Si les vendanges laissent des traces dans les organismes, elles laissent aussi quelques séquelles (heureusement transitoires!) sur le terrain, témoin ces tas de « gennes», les résidus de la presse qui seront ramassés régulièrement par des sociétés spécialisées dans la distillation, en quelque sorte un genre d'impôt versé à l'état sur la récolte. A droite du tas odorant, même si cela ne se sent pas sur la photo!, on aperçoit les Gouttes d'Or, et à gauche les Poruzots. Le paysage est alors un peu moins idyllique!

     

    15 heures! C'est la fin! La dernière benne est remplie et Isabelle, qui devait ramener les vendangeurs au bercail, ne coupe pas à une immersion en raisin frais, comme il lui avait été promis.

     

    S'ensuit une bataille de raisins au cours de laquelle je paierai même de ma personne! Décidément, la neutralité des « reporters» n'est même plus respectée!

     

    15 heures 15. Retour au domaine, où une deuxième « bataille» éclata, à coup de jet et de seaux d'eau! Pour une douche préliminaire réjouissante. Puéril mais défoulant! La fête, quoi! Et même si nous ne sommes pas en Alsace, c'est une copieuse choucroute qui attendra nos gaillards, une fois complètement décrassés par une toilette approfondie.

    Trop tard pour les « touristes» jurassiens, devant regagner les hauteurs, après ce petit bout de vendange, une belle et vraie tranche de vie, avec des morceaux de raisin dedans!

     

    Olif

     

  • 1963, Mission (Haut-brion) impossible ?

     

    Date: le 05/10/2003 à 17:59

    Cette Mission, si vous l'acceptez, consistera à  goûter (et plus, si affinités) un vin du millésime 1963, réputé être un des plus piteux de la deuxième moitié de XXème siècle.

    La Mission Haut Brion 1963, vin de Graves

    Musique: Ta ta! tatata ta! ta tata ta! tatata!

    La bouteille d'abord ! Elle est plus grande qu'une bouteille normale ! En fait, cela s'explique: c'est un magnum !
    L'étiquette a beaucoup de choses à  nous raconter : elle trahit ses origines mais il faut l'habitude d'un expert pour la faire parler! Visiblement conservée dans une bonne cave humide et sur des porte-bouteilles en métal (elle est un peu déchirée et roulée sur elle-même par endroits), elle inspire confiance!
    Le bouchon est complètement imbibé, un peu mou, et malgré une manoeuvre prudente d'extraction avec un château Laguiole, il se casse à  la base, juste au niveau de la mention du millésime. 1963 ! Mon coeur palpite d'émotion ! Miracle ? Les effluves qui se dégagent sont fort alléchantes, déjà  au niveau du bouchon en lui-même, puis au dessus du goulot.

    La robe est grenat évoluée, mais encore sombre, brillante, limpide et d'un superbe éclat. Il se dégage des senteurs de prune, de vieux cuir, de sous-bois (pas trop marqué). Intensément aromatique, subtil, ce nez est vraiment très beau et enivrant !
    En bouche, les tanins sont joliment fondus, le vin est rond, charnu, d'une constitution irréprochable. De faiblesse ou de creux, point ! Un modèle d'équilibre ! Long et intense !

    Au delà  de l'émotion procurée par la découverte de mon année de naissance, la satisfaction de boire un vieux vin qui en remontrerait aux jeunes, dans un millésime sur lequel personne ne miserait un kopeck, fut source de grande satisfaction. 40 ans et une jeunesse incroyable, c'est tout moi, tiens !

    Ce merveilleux magnum a éclipsé les petites soeurs sélectionnées pour l'accompagner : La Mission 86 en bouteille, au nez très expressif mais austère et fermé en bouche, et La Chapelle de la Mission 98, en demi-bouteille, plutôt bien construit mais ne jouant pas dans la même cour.

    Un grand moment gustatif! Si vous avez eu 40 ans cette année, ruez-vous sur tous les magnums de La Mission Haut-Brion 1963 que vous pourrez trouver!

    Olif

  • Parlez-moi d'amour!

     

     


    Pour répondre aux sollicitations d'une muse coquine, j'ai affûté ma plume et mon clavier pendant que Cupidon aiguisait ses flèches. Le résultat ne s'est guère fait attendre!

    L'hiver est encore bien là! Pourtant Saint Valentin, qui nous tend les bras, vient titiller nos sens et réveiller nos ardeurs d'amoureux passionnés, bien avant l'afflux de sève du rut printanier.

    Bien sûr que je t'aime, mon Amour! C'est toujours toi que je préfère, même lorsque mon esprit vagabonde, attiré par d'autres formes, d'autres couleurs, d'autres envies, d'autres plaisirs... Fantasme échappatoire pour mieux revenir me lover contre toi. Tu es à  nulle autre pareille.

    Sous le chapeau lisse de ton ciré jaune, j'aime à  t'imaginer nue, sans atours. D'un geste sec et volontaire, je le fais voler, dégageant ainsi ta coiffe. Nul ne peut te prétendre hautaine, même lorsque tu dresses le col. C'est pour mieux dégager ton épaule au creux de laquelle je peux me blottir et m'abandonner avec délice en m'imprégnant de ton odeur. Ivresse des sens, frôlant l'indécence...

    Mes doigts effleurent alors avec volupté ton corps ferme et très en forme(s), ne se lassant pas de l'explorer, s'attardant sur le tatouage qui décore ta poitrine, puis glissant lentement sur le petit carré d'étoffe niché au creux de ton ventre et rempli de promesses.

    Avec beaucoup de tendresse, t'inclinant pour mieux te prendre, ma main s'immisce dans un endroit secret, essuyant quelques petites perles humides.

     

    Ah! Ce cul, ma Mie! Doux et rebondi, accueillant et frémissant sous mes doigts, il s'offre sans retenue à  celui qui le désire. Pas celui d'une fille facile pour autant, plutôt celui d'une femme mûre, avec quelques années d'expérience, un qui se mérite et nécessite un apprentissage pour l'apprécier à  sa juste valeur.

    Un liquide parfumé et doré s'écoule alors, dans une symphonie haletante et jouissive, prélude à  un orgasme annoncé ...

     

    Olif, calme-toi mon garçon, avant que les esprits ne s'échauffent, le tien en premier. Tu vas te faire censurer. Ici, c'est un blog où l'on parle de vin, au cas où tu ne l'aurais pas deviné.

     

    Mais c'est pourtant bien de cela dont il s'agit, non?

     

    Olif




  • La vie de château en Languedoc

    Date: le 18/06/2004 à 21:08

    Temps fort du programme annuel du GJP, cette dégustation languedocienne prévue de longue date, a permis de faire un break professionnel salutaire, de rencontrer des vignerons et des gens exceptionnels et de concilier dépaysement, plaisirs gustatifs et plaisirs tout courts. La formule " on the road " a quand même ceci de bon qu'elle permet de rendre l'approche du vin plus palpable et concrète.
    Les visites ont été planifiées longtemps à l'avance, pour éviter d'avoir à subir des désillusions, ce qui n'a pas empêché d'être exposé à des imprévus mais aussi de recourir à l'improvisation.

    La recherche d'un hébergement nous a finalement souri après un premier couac : L'Auberge du Cèdre complète depuis plus de deux mois à cette date, nous n'avons pu y élire nos quartiers. Nous n'avons cependant pas perdu au change, en optant pour une résidence plutôt classieuse, dans un cadre majestueux, le Château de Jonquières, qui dispose de 4 chambres d'hôtes récemment aménagées. Cela eût en outre le mérite de nous recentrer sur 2 visites essentielles inscrites au programme, le Mas Jullien et le domaine Peyre Rose.



    Jonquières

    Arrivés à Jonquières après un voyage sans encombre, notre départ du Haut Doubs fut légèrement retardé ; nous prenons néanmoins possession de nos chambres avant la tombée de la nuit. Accueillis fort sympathiquement par le chien Loubard puis par Isabelle de Cabissole, les valises sont déchargées vite fait et nous gagnons immédiatement Saint-Saturnin, plus précisément l'auberge du Vieux Pressoir, où une table nous avait été gentiment réservée.

    Saint-Saturnin

    Proche de Jonquières, ce village vit surtout par sa coopérative, peu de vignerons ayant repris leur indépendance. On y trouve l'une des plus agréables et conviviales tables de la région, l'Auberge du Vieux pressoir. Un lieu animé, où l'on croise de façon totalement improbable, ce jour-là et à cette heure-là , un membre d'une joyeuse bande du petit écran, bande pas complètement nulle ni inconnue et qui a pris ses habitudes ici lors d'un tournage sur le plateau du Larzac pour le grand écran ! Hasarrrrrrd de l'existence ! La patronne est très accueillante et charmante, le patron, amoureux des vins du Languedoc, nous fait profiter de sa grande expérience après avoir pris connaissance de notre commande, qui force son respect ! La carte des vins, évidemment spécialisée Languedoc, recèle de nombreux trésors qui aiguisent notre soif de découvertes ! La cuisine, originale et goûteuse, basée sur de bons produits fermiers, dans un registre traditionnel mais pourtant novateur, s'allie parfaitement à la qualité des vins.

    Château de Jonquières blanc 2000
    Un très agréable blanc d'apéritif, frais et désaltérant, qui nous permet de trinquer à  distance avec nos hôtes.

    Mas de L'écriture, Les Pensées 1999
    Légèrement réduit à l'ouverture, malgré un carafage, il s'exprime très avantageusement à l'aération, sur un fruité très frais. Une très belle bouteille, harmonieuse et fondue.

    Le Merle aux Alouettes 1999, Domaine de Fontcaude
    Malgré un carafage plus long et vigoureux, avec remuage et secouage régulier par Le Seb, le vin conserve des tanins un peu serrés et se livre difficilement. Mais quelle matière ! Un vin à attendre et qui devrait être très beau.

    Domaine Puech Lazert 1999, Saint-Jean de la Blaquière
    La bouteille du patron, sortie pour accompagner les délicieux fromages de brebis et de chèvre. Saint-Jean de la Blaquière, futur grand nom des Coteaux du Languedoc d'après notre hôte, car c'est un terroir encore largement sous-estimé. Laurent Taisse est un original, voire un marginal, qui produit du vin pour son plaisir et comme il en a envie. Une bouteille coup de poing ! Un vin puissant, où l'élevage se fait encore sentir, mais de façon fort élégante, avec une belle acidité et de la fraîcheur sur des notes de griotte et de bigarreau, qui s'accordent parfaitement avec les fromages de chèvre.

    Plan de l'Om 2001, Miéjour
    Autre domaine notable de Saint-Jean de la Blaquière, ouvert en parallèle avec le précédent, pour cause d'hésitation sur le flacon à déboucher. Un style différent, très fruité, fraise écrasée, cassis giboyeux, avec une belle minéralité et de la fraîcheur.

    Carthagène, domaine de la Sauvageonne
    Pour rester sur Saint-Jean de la Blaquière et pour terminer en beauté, une très belle Carthagène prise en digestif, parfumée et agréable.

    Saint-Pargoire

    On attaque fort d'entrée de jeu ! Le Seb, qui a ses entrées au domaine depuis l'année dernière, nous a organisé une petite rencontre avec Marlène Soria, rencontre qui a bien failli tourner court puisqu'elle nous attendait par erreur la semaine précédente. Comme elle était présente et disponible, elle nous a gentiment consacré deux petites heures qui sont passées très vite.
    Au bout de la ligne téléphonique, le domaine de Peyre Rose ! Une route tout juste carrossable (mais par la suite nous avons fait pire !) qui longe les poteaux en bois (ou alors est-ce l'inverse ?), ce qui évite de se perdre puisque le fléchage du domaine est très discret. D'abord sur une réserve que je qualifierais de naturelle, Marlène Soria se livre peu à peu, tout en nous faisant visiter les chais, et nous raconte son installation et ses déboires avec la coopérative du coin, quand elle n'hésitait déjà pas à afficher ses convictions sans concession.


    Arrivée au milieu des années 80 dans cet endroit perdu au milieu de la garrigue et des vignes, d'abord pour des vacances " sauvages ", elle décide de s'y installer définitivement et de vivre du vin.
    Petite anecdote au sujet du nom du domaine, choisi délibérément par Marlène en raison de son affinité pour la couleur rose, il s'est avéré que les pierres qui constituent le terroir aussi bien des Cistes que de Léone sont, malgré quelques différences liées au terroir, des pierres à reflets rosés. Une prédestination en quelque sorte ! Petit à petit, de gros travaux sont réalisés au domaine, notamment le creusement d'un chai dont toute une partie est enterrée, adossée à la colline. La particularité de Peyre Rose, c'est que les vignes sont en hauteur, sur le plateau, et que les bâtiments sont situés dans une combe (je ne sais si cela s'appelle ainsi en Languedoc !). Cela permet le travail par gravité et le maintien d'une certaine fraîcheur malgré la canicule, mais par contre, la partie habitation reste très humide, ce qui peut être plus gênant, notamment en hiver.
    Nous jetons un oeil sur toutes les installations, dont de belles cuves peintes en rose, pour terminer dans le caveau de dégustation ou nous allons découvrir quelques merveilles, certaines connues, d'autres moins ou pas encore !

    Rosé 2002
    Un rosé de grenache à la robe plus sombre que tous les rouges jurassiens réunis ! C'est frais, fruité et gouleyant, très vineux. Pour tout dire, excellent, même si cela s'apparente plus à un rouge qu'à un rosé ! De quoi rallier tous les détracteurs des vins rosés !

    Clos des Cistes 1998
    La robe de celui-ci nous fait mieux comprendre pourquoi Marlène appelle le précédent " Rosé " Légèrement chocolaté (la marque du terroir ?), il s'impose par ses notes de fruits noirs et sa grande concentration. Superbe !

    Syrah Léone 1998
    Encore plus noir que le précédent, crème de fruits noirs, réglisse, impression " virtuelle " de boisé (qui n'existe pas sur ce vin). La définition des deux terroirs s'affine de plus en plus au cours des années pour aller vers une minéralité très marquée. Magnifique !

    Blanc 1997
    Après une première expérience décevante en 1994 (de par l'évolution en bouteille après la mise), Marlène a décidé de garder toute sa (petite) production de blanc en barrique depuis 1995. Nous avons le plaisir de goûter au 97, soutiré devant nous. Une merveille ! Minéral, frais, équilibré, sa tenue à l'air est admirable (un échantillon prélevé il y a plus de 15 jours traîne encore en carafe et son nez est loin d'être oxydé), probablement du fait de son caractère très finement oxydatif, justement.

    Quand on goûte à tous ces vins, récoltés avec un rendement moyen de 18 hl/ha, conservés en foudres ou en cuves plus longtemps que la moyenne, puis portés financièrement encore une année supplémentaire en bouteilles pour qu'ils s'harmonisent, il paraît évident qu'une telle exigence qualitative se paye.
    Après avoir salué Marlène et réservé la totalité de sa production pour les 10 ans à venir (pas de panique, vous pourrez en avoir aussi, c'est juste de l'humour !), nous nous offrons une petite marche entre Clos des Cistes et Syrah Léone jusqu'en haut de la colline pour apprécier le panorama sur l'étang de Thau et le Mont Saint-Clair au loin. Finalement, il n'est pas si surprenant qu'un endroit aussi magnifique produise de tels vins, un peu à son image !



    Clermont L'Hérault

    12 heures 30. Petite halte restauratrice au Café des Négociants, une adresse sympathique que j'avais fréquentée il y a 2 ans, avec terrasse au coeur de la ville. La nourriture est tout à fait correcte mais nous tairons par pudeur les vins pris ici pour accompagner le repas. La carte est plutôt restreinte, avec quelques jolies choses, mais pas celles que nous avons choisies en essayant de rester simples. Il faut dire que nous venions à peine de quitter Marlène et que passer derrière un vin de Peyre Rose tient un peu de la gageure!

    Jonquières

    Retour dans notre terre d'accueil, mais pas à  la maison ! Direction le Mas Jullien, où je devais prendre livraison de ma commande printanière. Accueillis chaleureusement par une charmante hôtesse, d'abord inquiète de nous voir débarquer, puis poussant un ouf! de soulagement lorsqu'elle apprend le motif de notre venue. De vin à vendre, il y a longtemps qu'il n'y en a plus. Il en reste un peu à goûter, mais plus pour très longtemps. Nous ne nous faisons pas prier pour tremper nos lèvres dans toute la gamme.

    Blanc 2002
    Jolie vivacité pour un blanc équilibré, encore une prouesse d'Olivier Jullien pour qui réaliser un blanc ici tient du pari.

    Rosé 2002
    Robe rouge groseille soutenue et arômes fruités de groseille, rafraîchissants au nez. Très vineux, un rosé de saignée de belle facture, sur lequel Olivier Jullien veille jalousement tant que la couleur souhaitée n'est pas obtenue.

    Etats d'âme 2002
    Un vin rouge d'une fraîcheur revigorante dans un millésime réputé difficile et une étiquette d'humeur enfantine, constellée d'onomatopées de gazouillis de nourrisson. Olivier Jullien n'aurait-il pas été papa cette année-là ?

    Mas Jullien 2001
    La grande cuvée, plus sérieuse, élevée en demi-muids depuis quelques années ; c'est un beau vin d'une grande densité de texture.

    Clairette Beudelle 2001
    Par curiosité, j'en avais commandé 2 bouteilles sans vraiment savoir de quoi il retournait. Il s'agit en fait d'un vin à base de moût de raisin fermenté issu de raisins passerillés, de clairette beudelle, bien sûr. Le problème, c'est que les bouteilles sont reparties en fermentation du fait du taux de sucre résiduel élevé. Le flacon que nous dégustons, débouché depuis plusieurs jours, commence à s'assagir. Un vin de paille sans la paille, en fait, s'ouvrant sur de très élégantes notes oxydatives de fruits secs. Une gourmandise !

    Une fois le coffre chargé, nous nous rendons compte que nous avons un peu de temps libre avant de nous intéresser à la production de nos hôtes du Château de Jonquières. L'opportunité de se rendre dans l'un des plus beaux terroirs méconnus du Languedoc, d'après l'aubergiste du Pressoir.

    Saint-Jean de la Blaquière

    Cette commune se situe juste à l'aplomb ouest du Rocher des deux Vierges de Saint-Saturnin. « Un petit vent entre les 2 Vierges et on glisse jusqu'à Saint-Jean » nous a t'il confié dans un éclat de rire. Sans aller jusqu'à faire du parapente entre les deux rochers, nous avons emprunté la route étroite et sinueuse au travers de cette terre rouge volcanique caractéristique, évitant de justesse un blindé de la gendarmerie peu enclin à nous laisser de la place sur la route, ni à ralentir.

    Notre objectif, c'était le Domaine de Puech-Lazert. Après l'avoir déniché au coeur du village, nous avons fait chou blanc. Probablement dans les vignes, Thierry Taisse! Finalement, direction La Sauvageonne, dont la Carthagène nous avait enchanté la veille au soir. Planté il y a presque trente ans, il a été repris depuis 2001 par Gavin (et Amanda) Criesfield, un ancien sommelier aidé par des investisseurs, avec pour mission de produire un vin de qualité et de respecter le terroir, de le magnifier même, par pratique de l'ébourgeonnage et la limitation des rendements sur les 31 ha de vignes exposées différemment au soleil et à la tramontane sur des terroirs schisteux et gréseux. Gavin arrive juste à point nommé pour nous faire découvrir sa gamme de vins.

    Les Ruffes 2003
    Issu des bas coteaux, sur cette terre volcanique rouge si caractéristique du paysage, un vin constitué de syrah et grenache qui se révèle être une véritable petite bombe fruitée et gouleyante, vendue, pour ne pas dire donnée, au prix de 6 €. Avec une entrée de gamme comme cela, on peut aborder la suite en confiance !

    Pica Broca 2002
    Syrah, grenache et Carignan en provenance de différents terroirs plutôt schisteux. Beaucoup de fruits noirs, aux tanins soyeux, la petite perception boisée vient de l'assemblage cette année-là avec la cuvée Puech de Glen, élevée habituellement en fûts neufs, et qui ne sera pas produite car insuffisante qualitativement.

    Puech de Glen 2001
    Un vin dense, aux tanins patinés et veloutés, sachant préserver sa grande fraîcheur. Très beau et ambitieux, à  attendre !

    Sauvignon 2003
    Un joli vin blanc de soif, fruité (pêche, poire, fruits blancs), gras et frais, équilibré juste comme il faut.

    Que voilà un très beau domaine, travaillé dans un très bon esprit, dont les vins sont réjouissants ! Nul doute qu'il y a là un très gros potentiel et surtout une volonté de bien faire.

    Jonquières

    Retour à  la case départ pour découvrir en profondeur les vins de François et Isabelle de Cabissole du Château de Jonquières. Des chais extraordinaires, enterrés, dans une des ailes du château, avec un espace climatisé pour entreposer les fûts. Nous attaquons par le domaine 2001 avant de passer à une fort instructive dégustation des 2003 au fût.


    Domaine de Jonquières 2001, Vin de Pays de L'Hérault
    Assez facile, mais très agréable, avec ses notes de fraise, de cassis, de gibier.

    Grenache 2003
    Fruité, plein et charmeur, tout à  fait dans le style du millésime.

    Mourvèdre 2003
    Puissant, un peu marqué par l'alcool.

    Syrah 2003
    Plus animal, poivré, avec un gros volume et de la mâche.

    Carignan 2003
    Très crème de cassis car il présente encore un peu de sucre résiduel. Son volume épate !

    Assemblage grenache-syrah-mourvèdre 2003, barrique de 225l, puis de 500l
    Paradoxalement, le boisé est à peine plus perceptible dans la 500l ! L'assemblage est très beau. Le Carignan sera peut-être incorporé lorsqu'il aura fini ses sucres.

    Château de Jonquières 2001, 12 mois de fût puis 18 mois de fût
    Les tanins commencent à bien se fondre. La note boisée du 18 mois est assez discrète et ne me gêne personnellement pas. Les deux cuves seront assemblées pour la mise.

    Château de Jonquières blanc 2002
    Plutôt exotique, pamplemousse, coco, il est frais et aromatique, destiné l'apéritif ou à une entrée simple ou encore un poisson en sauce.

    Rosé 2003
    Un très beau rosé pour la table, juste comme il faut ! Agréable et gouleyant !

    Risée de blanc 1998
    Une expérimentation de François de Cabissole lorsque le millésime le permet. C'est un vin de table à la belle liqueur, un peu marqué fruits secs, donc légèrement oxydatif, resté 6 ans en fût, uniquement à base de chenin.

    Fin de la première journée de dégustation mais la bouche reste très fraîche malgré la quantité de vins dégustés. Qui a osé dire que les vins du Languedoc étaient " lourdingues " ?

    Lauret

    L'Auberge du Cèdre complète pour le dormir, nous avions néanmoins réservé une table pour le manger le vendredi soir, histoire de faire un pèlerinage dans cet endroit magique. Le Pic Saint-Loup se trouvant quand même à une quarantaine de kilomètres de Jonquières, nous ne tardons pas à quitter notre résidence pour gagner le restaurant, sous un ciel plutôt menaçant au-dessus du Mont Saint-Baudille. Et paf ! Arrivés à hauteur d'Aniane, où aucune visite n'a été prévue, on se demande bien pourquoi, nous prenons des sacs d'eau sur la tête (sur le toit de la voiture, pour être plus précis, car nous n'avons pas de décapotable). Nous apprendrons le lendemain que 36 mm d'eau sont tombés sur le Pic et juste quelques gouttes à Jonquières ! Le Cèdre sous la pluie possède un tout petit peu moins de charme, d'autant que nous ne pourrons pas manger en terrasse. C'est la foule en ce vendredi soir et nous sommes un peu serrés mais l'équipe est vraiment charmante. Nous apprendrons également que, hors quelques trous ponctuels en semaine, les réservations pour les chambres doivent se faire au moins 6 mois à l'avance, quand ce n'est pas un an pour les WE à rallonge ! La rançon de la gloire ! Il faut arrêter de faire de la publicité pour cet endroit, on ne pourra bientôt plus y aller en raison de leur succès!
    Le manger au Cèdre, c'est très bien, cuisine ensoleillée et conviviale, le boire, c'est pas mal non plus, avec une carte languedocienne d'anthologie (à noter que la pratique du Doggy-bag pour le vin est vivement encouragée). Quelques exemples testés pour vous :

    Clos Marie blanc 2001, Cuvée Manon
    Un domaine que nous n'aurons malheureusement pas la possibilité de visiter, mais dont nous aurons plaisir à boire le vin. Très fruité, floral, il est plutôt agréable, même sans grande complexité.

    La Grange de Quatre Sous, Lo Molin 1996
    Un vin à  maturité, aux tanins fondus, marqué par un léger poivron bien mûr. Un très beau Languedoc de 8 ans d'âge.

    Domaine de Cazeneuve, Le Sang du Calvaire 1997
    Le nez est encore un peu marqué par le bois, avec un petit côté racoleur à mon goût. Bouche volumineuse portée par une grande acidité. Pas totalement accompli, je trouve, mais c'est visiblement un monstre au potentiel évident. On peut (on doit ?) lui préférer la finesse et l'élégance de Lo Molin 1996.

    Pic Saint Loup

    A ce stade du récit, à peu près à mi-parcours, se situe le véritable morceau de bravoure, en marge du vin. Le Seb a quitté son costume de Gardien de la Tour, la ravissante chambre dans laquelle il dort, pour enfiler celui du Copilote. Nous avons rendez-vous en Pic Saint Loup avec son Tonton et un ami de celui-ci, vigneron en retraite, qui doit nous faire visiter 2 domaines dont nous ne savions encore rien, même pas le nom. Idéalement, nous devrions lever le camp à 8h30 dernier carat pour arriver vers 9h15-9h30 à Saint-Mathieu de Tréviers. à‡a commence mal, nous avons oublié de prévenir que nous prendrions le petit déjeuner un peu plus tôt que le jour précédent ! Pas grave, tout finit par s'arranger, nous ne devrions pas être trop en retard. Le parcours reconnu la veille au soir pour se rendre au Cèdre ne le satisfaisant pas pleinement, Le Seb nous propose de prendre un raccourci! Défendable, car sur la carte, qui n'est pas d'état-major, la distance semble effectivement plus courte ! Sauf qu'une toute petite portion figure en pointillés ! Et nous nous retrouvons alors sur un chemin empierré, boueux, parsemé de trous d'eau suite à l'orage de la veille, coincé entre un champ de tir militaire (Interdiction d'entrer, Danger de mort !) et une réserve de chasse au sanglier (Danger, Tir à balles !). Pour éviter le frottement du bas de caisse de la voiture sur les cailloux à chaque nid de poule, les passagers sont obligés de descendre et de faire le chemin à pied, pour le plus grand plaisir des filles, Valérie et Catherine, qui ont ainsi l'occasion de faire une petite promenade sous le soleil, ça les change des dégustations non-stop ! Le responsable de ce mauvais choix décide de s'auto-flageller en s'infligeant de sévères ampoules aux pieds. Les sandales, c'est pas fait pour randonner !

    Le Seb ? Les amortisseurs de ma voiture ne lui disent pas merci !

    Finalement, le parcours VTT que nous avons emprunté convient aussi aux VW , même pas 4X4 ! Et ce n'est qu'avec une bonne heure de retard que nous arrivons à notre rendez-vous !
    Accueillis par un petit casse-croûte réconfortant (fougasse et Pic Saint Loup Clos Saint Hubert, issu des vignes en fermage de l'ami du Tonton du Seb. Non ! On ne crache pas, François, même à 10h30 du matin, notre hôte se vexerait !), nous ne tardons pas à prendre la direction de L'Ermitage du Pic Saint Loup, connu également sous le nom de Domaine de Sainte-Agnès (prononcer Saintonnesse, en patois du Pic).

    En ce samedi 12 juin, nous tombons en pleine Vignes Buissonnières, que nous aurions pu inscrire à notre programme d'ailleurs, ce qui fait que la plupart des domaines ne reçoivent pas ; il faut aller à leur rencontre sur le parcours tracé dans la garrigue. Hubert, en tant qu'ancien viticulteur et ancien maire, a des relations ! Madame Ravail nous attend dans le superbe caveau récemment aménagé dans la propriété. Après quelques échanges sur la pluie, le beau temps, les fleurs, nous plongeons dans le vif du sujet!

    Rosé 2002
    Il s'agit d'un rosé de presse, relativement vineux, mais vinifié avec un peu de gaz qui maintient la fraîcheur. Sympathique!

    Blanc 2002
    Roussanne et marsanne majoritaires. Un très beau fruit se développe en bouche dans une structure onctueuse, bien équilibrée. Très joli!

    Ermitage du Pic Saint Loup 2002
    L'entrée de gamme en rouge, plutôt très bien faite, fruits mûrs, feuilles de cassis. Un vin frais et relativement gouleyant en ce millésime difficile qu'est 2002.

    Cuvée Saint-Agnès 2001
    Très marqué syrah, poivré, avec un beau volume en bouche et une belle persistance.

    Cuvée Guilhem Gaucelm 1999
    Un Coteaux du Languedoc à base de syrah et grenache, sur un terroir de galets roulés, récolté « à l'ancienne » avec des rendements de 15-20 hl/ha. Elevage de 2 ans en barriques (neuves pendant 6 mois sur lies fines). Un vin très mûr, confit, presque Porto, avec des tanins soyeux et patinés évoluant sur le pruneau. Structure impressionnante pour un vin qui ne laisse pas indifférent!
    Une gamme très étoffée qui mérite bien quelques emplettes. Mention particulière pour ce blanc séducteur en diable et la très belle cuvée Guilhem de Gaucelm!

    Et c'est reparti, direction le domaine de l'Hortus ! Idéalement situé, sous le Pic Saint Loup et celui de l'Hortus qui lui répond, nous sommes accueillis au pas de course pour compenser notre retard, ce qui n'est pas pour nous déplaire. On attaque illico presto!

    Bergerie de l'Hortus blanc 2003
    Très aromatique, sur la pêche blanche, avec une minéralité un peu crayeuse, il est plutôt marqué viognier pour l'instant (assemblage viognier, chardonnay, sauvignon).

    Bergerie Rosé 2003
    Un rosé de saignée comportant 40% de syrah. Frais et fruité, un peu poivré, il se laisse boire.

    Bergerie rouge 2002
    70% syrah, 30% grenache. Réglisse et fruits noirs, beaucoup de fraîcheur pour ce vin simple, franc et bon!

    Grande cuvée 2001
    50% mourvèdre, 40% syrah, 10% grenache, 13 mois d'élevage en fût. Si le boisé est bien présent, il se fond dans une belle matière crémeuse aux tanins soyeux, non agressifs.

    Clos du Prieur 2001
    Syrah, grenache et Carignan pour un vin « à l'ancienne », comparable à Guilhem Gaucelm de l'Ermitage. Très riche, presque confit, c'est de la liqueur de fruits noirs qui possède une belle acidité qui permet à la structure de rester fraîche.


    Fin de l'excursion en Pic Saint Loup avec une superbe impression d'ensemble. Invités à nous restaurer dans une ancienne bergerie restaurée, nous prenons fort heureusement la direction de notre prochaine étape, ce qui nous permettra de ne pas arriver trop en retard chez un vigneron fort connu sur LPV.

    Saint-Sériès

    C'est dans la maison familiale, terrain de ses premiers exploits, que nous retrouvons Robert Creus, pour une excursion en Terre Inconnue et en plusieurs étapes.
    Petite dégustation dans la cuisine pour commencer, avec les 3 cuvées dans le millésime 2001. Je n'ai guère eu l'occasion de griffonner quelques notes, mais de mémoire, la petite pointe de gaz sur Léonie s'estompe complètement à l'aération pour donner un sentiment de plénitude, le petit résiduel sur Los Abuelos donne presque l'impression de boire du Banyuls et l'immense concentration de Sylvie mérite de se fondre un peu.

    Après une visite commémorative dans le jardin et le garage, terrain de ses débuts, puis un petit échange de bouteilles, deuxième étape, direction le terroir de Saint-Christol où nous partons arpenter les vignes. Fouler le fabuleux terroir où s'épanouissent des ceps de Carignan presque centenaires, faire le tour des parcelles de grenache et de syrah sur un chemin chaotique auquel ma voiture est désormais habitué, parler de vins du Languedoc, mais aussi de poulsard et de vin jaune avec quelqu'un de passionné par tout ce qui est bon et bien fait, autant de petites choses qui font passer le temps à toute vitesse.


    Il est déjà temps de passer à la troisième étape, la dégustation d'un cabernet et d'un merlot, vinifiés pour le compte d'un copain, qui vient tout juste de finir de construire un chai pour protéger ses merveilles. Premier millésime qui aurait pu plus mal tomber que ce 2003 au fruité et à la richesse qui devraient devenir légendaires. Peut-être plus impressionné par le cabernet que par le merlot, l'assemblage à la pipette se révèle être quasiment du Montrose!

    On enchaîne illico pour la troisième étape, la visite de la nouvelle cave de Robert, située à une vingtaine de kilomètres de là . Une fois sur place, je pense halluciner lorsque nous prenons le chemin de la coopérative du coin et qu'une immense bâtisse se dresse devant nous! Ainsi Robert nous aurait menti et ne serait qu'un coopérateur parmi d'autres? Non, pas de blague! Sa cave n'est que la petite bicoque dissimulée derrière le grand hangar! Ouf! Cela lui convient mieux! Le Papet devait être là pour mettre en bouteille mais la bouchonneuse est en panne! Il est donc reparti à Saint-Sériès pour tenter de remédier à ce problème technique. Nous ne l'attendons pas pour commencer à goûter quelques merveilles au fût.

    Guilhem 2003
    La nouvelle cuvée en l'honneur du petit dernier, joli assemblage de 4 cépages, dont de la serine, une variété de syrah en provenance directe du Rhône Nord.

    Los Abuelos 2003
    Une couleur tellement claire pour un rouge de Robert que l'on dirait du rosé! Un nez réellement étonnant et envoûtant sur le pamplemousse rose, avec une grande minéralité, de la fraîcheur et une relative souplesse. Dans des verres noirs, nul doute que tout le monde parte sur un vin blanc!

    Syrah 2002
    Elle est monumentale, tellement que j'en reste sans voix!

    Cinsault 2003 en vendange tardive
    Une déclinaison étonnante et détonnante de ce cépage injustement méconnu et méprisé.

    Los Abuelos 1997
    Une bouteille dénichée aux Caves du 41 par FrançoisB, et apportée depuis Pontarlier pour qu'elle finisse ses jours sur la terre de ses ancêtres, à la manière des anguilles ou des éléphants. Le nez est à point, fondu, sur la griotte à l'alcool et le cacao, la bouche également, harmonieuse et agréable. L'alcool ressort à peine lorsque le vin est à bonne température.
    Il est temps pour nous de regagner notre base, les papilles arrivant à saturation devant tant de richesses. Nous quittons à regret la Terre Inconnue (et ses habitants), avec le sentiment de mieux la (et les) connaître. Serions-nous maintenant en terrain connu?
    Le coffre du Break VW est désormais plein à  ras bord, il va bientôt être temps de regagner les montagnes jurassiennes.

    Saint-Saturnin

    Dernière halte restauratrice au Vieux Pressoir pour un succulent agneau fermier cuit à  la broche, assorti de quelques flacons, évidemment!

    Seigneur des deux Vierges blanc 1999
    Une cuvée de la coopérative de Saint-Saturnin à la robe dorée, lumineuse, soutenue. Le nez est profond et complexe, sur la cire et le miel, dans un registre plutôt oxydatif. Bel équilibre pour un vin à qui on peut évidemment reprocher son manque de typicité. En tout cas, on se régale!

    Vin de Pays d'Oc 2000, Virgile Joly
    Un des rares vignerons indépendants de Saint-Saturnin, qui est la vedette d'un livre publié par un Anglais qui l'a suivi dans son travail pendant une année complète. Nez un peu animal, poivre, cassis, très beau.

    Coteaux du Languedoc 2000, Virgile Joly
    Mes souvenirs concernant cette cuvée sont plus imprécis, d'autant que nous avons entre temps fait découvrir la Terre Inconnue au patron de l'auberge. Plus concentré que le précédent, peut-être un peu plus boisé, mais globalement, l'impression est très bonne.

    Jonquières

    Dernière nuit châtelaine à Jonquières. Dernières emplettes au Château. Les valises sont vite bouclées le dimanche matin, les coffres de voitures sont plus longs à charger. Par chance, tous les cartons trouvent leur place! Sur les conseils de François et Isabelle de Cabissole, nous testons un itinéraire bis pour rejoindre l'autoroute, direction Ganges par la vallée du Haut-Buèges. Magnifique circuit empruntant une petite route de montagne sur laquelle tout croisement de 2 véhicules est impossible. Nous en avons vu d'autres ! Achat de quelques provisions pour la route, des fruits, des tomates et des fantastiques fromages de chèvre au Font de la Griffe, un élevage caprin perdu sur le Mont Saint-Baudille. Paysages grandioses jusqu'à Saint-Jean de Buèges, un village pittoresque qui vaut le détour. Le Languedoc est maintenant derrière nous mais les nombreux flacons entassés à l'arrière de la voiture nous permettront de nous en souvenir pendant encore longtemps. Et voilà que déjà le projet d'une nouvelle sortie sur le terrain travaille nos esprits.

    Pas tout de suite quand même, laissons l'idée mûrir doucement !


    Olif et le GJP

    Liens :

    Pour mener la vie de château en Languedoc :

    [www.chateau-jonquieres.com]

    Pour voir la vie de château en Languedoc et en images :

    [monsite.wanadoo.fr]

  • Sucre ou sec, cépage ou terroir, que se passe t’il en Alsace…et aux Jardins?

    Date: le 13/05/2005 à 23:09

    Petite thématique Alsace organisée par Stéphane Planche aux Jardins de Saint-Vernier-Vincent, la résultante d’une petite virée intensive d’à peine deux jours et pas moins de 7 domaines visités. Avec dans ses bagages, quelques trésors!

     

     

    Une assemblée un peu moins dense que d’habitude! Serait-ce à dire que les Jurassiens ne plébiscitent pas l’Alsace? Que nenni! Malgré quelques défections, le public resserré n’a pas boudé son plaisir! Les vins sont dégustés à l’aveugle, comme il se doit!

    On attaque par une petite mise en bouche sympathique!

    Senteurs des Vignes 2004, Albert Mann
    La robe est jaune pâle, limpide, à reflets verts. Le nez très variétal, primaire, n’en est pas moins très agréable: citronnelle, châtaigne, fruits blancs, mâtinés d’exotisme. Plutôt amylique, mai croquant, avec de la rondeur, juste ce qu’il faut de sucrosité résiduelle pour ne pas gommer la vivacité.
    Un vin de plaisir à petit prix, pour l’apéritif estival!

    Klevener d‘Heiligenstein 2000, Cuvée particulière, Jean Heywang
    On ne tarde pas à changer de registre et à passer à plus sérieux! Nez très mûr, intense, soupe d’agrumes, avec un petit côté miellé, ciré.La bouche est puissante, grasse, mais avec de la vivacité, et des amers finaux sur une petite touche citronnée et une note d’amande. Atypique, beaucoup, oxydatif, probablement un peu, j’adore, évidemment! C’est bon comme un vin du Jura, dis! Une certaine parenté, puisqu’il s’agit en fait de Savagnin rose!

    Riesling Rot-Murlé 2002, P. Frick
    Une petite déclinaison en deux versions, à décapsuler comme une Kro!

    La première, sans soufre, possède un nez miellé et lacté, une attaque incisive, puis de la rondeur, du gras, à peine de résiduel, et un peu de gaz, aussi, très peu, ce qui lui donne un petit air de cidre de pomme. Un Alsace extra-terrestre, mais passionnant, même s’il déconcerte les puristes!

    Le deuxième, servi juste derrière, offre un nez un peu moins riche, dans un registre un peu lacté également, mais beaucoup plus minéral. La bouche est droite, rectiligne, moins enrobée et plus stricte, mais non dépourvue de longueur.

    Il s’agit pourtant bien du même vin, le deuxième ayant dû recevoir un peu de soufre à la mise pour cause d’accident technique de dernière minute, alors que ce n’était pas prévu initialement. Une expérience passionnante en forme d’interrogation: lequel est mieux que l’autre? La séduisante atypie du premier ou bien la droiture du second? Il y a de la place pour les deux, cela est certain!

    Le Verre est dans le Fruit 2000, Domaine Schueller
    Ma bouteille semi-mystérieuse! Un nez très minéral de prime, puis verveine, tilleul, très légèrement acidulé. En bouche, la droiture minérale très aiguisée s’impose, de manière très pure, où l’on ne retrouve que de très légères notes terpéniques. Un Rieling qui rieslingue à peine, on croit rêver! La raison de son non-agrément en Grand Cru Pfersigberg? Une très belle bouteille, en tout cas!

    Langhe Bianco, Riesling  2001, G. D. Vaira
    Une bouteille doublement mystérieuse, apportée par l’un des participants comme vin pirate. Un Riesling du Piémont, de vignes sur greffées avec des plants de Jean-Michel Deiss. Un Riesling d’école, très terpénique, légèrement acidulé, avec un peu de résiduel. Si l’attaque est incisive, il s’ensuit de la rondeur, suivie d’un petit creux en milieu de bouche, avant une rétro satisfaisante, même si la perception résiduelle refait surface! Un vin très au Sud de l’Alsace, non dépourvu d’intérêt!

    L‘insolite 2000, P. Frick
    Il s’agit d’un Pinot noir vinifié en blanc, que, sauf erreur de ma part, nous avons goûté dernièrement aux LPViades. La robe est ambrée, et le nez se présente comme celui d’un surmaturé sec, sur les fruits secs, l’écorce d’orange amère confite. Un petit côté Tokaji, avec de l’acidité et une présence alcoolisée en finale, faisant un peu Cognac! Détonnant! Pour un lièvre à la Royale?

    Pinot Gris A 360P 2000, André Ostertag
    Nez sur le botrytis, l’ananas, les agrumes. Olfactivement une VT! Et pourtant, en bouche, l’acidité et la vivacité s’imposent dans un sentiment de puissance contenue. Grande longueur sur une finale poivrée et épicée. Un magnifique Pinot Gris à l’immense potentiel!

    Gewurtztraminer SGN 1994 Cuvée Anne-Marie, Rolly Gassmann
    La robe est jaune citronnée. Le nez, très aromatiquement fruité, exhale d’abord l’ananas, les fruits exotiques, avant de s’orienter sur la pétale de rose et un léger litchi. Un Gewurtz, à n’en pas douter, qui semble encore très jeune malgré les ans. Il vient tout juste d’être commercialisé, d’ailleurs! La bouche est élégante, vive et onctueuse. Seule la finale donne une légère impression pâteuse, avec un peu d’amertume. A n’en pas douter, une belle bouteille potentielle, peut-être encore un peu jeune!

    Mais oui, que se passe t’il donc en Alsace? Bien des choses, visiblement! Un élément de réponse aux Jardins de Saint-Vincent, avec cette belle diversité qui nécessite néanmoins un apprentissage préalable.

    Olif


  • Soirée « Nature et Découverte » aux Jardins!

    Date: le 17/04/2005 à 17:27

    Sans Pataugas, ni lampe frontale, ni sac à dos! Juste quelques vins élaborés dans le plus pur respect du raisin. Un thème de dernière minute, n’ayant pas laissé à notre ami Saint-Vernier le temps de préparer son ardoise, il a fallu improviser pour la photo-souvenir désormais traditionnelle!

     

     

    On rentre de plein pied dans le thème avec deux vins identifiables immédiatement par leur couleur, pour qui a déjà croisé un jour leur route.

    Limo-Brinio 2004
    Le Pétillant rosé naturel de Jean-Marc Brignot, à base de Ploussard (80%) et Melon (20%), qui nécessitera un dégorgement avant commercialisation. La robe est actuellement toujours pastel orangée, trouble. Le vin, pas encore totalement harmonisé, présente un peu de réduction, puis des arômes fermentaires évoquant le cidre fermier et termine sur une légère amertume. Une phase peut-être un peu moins séductrice que lors de notre précédente rencontre, il y a deux mois, mais le produit n’est toujours pas fini.

    Foudre d‘Escampette 2004, Jean-Marc Brignot
    Encore un pétillant naturel en perspective, toujours inachevé pour l’instant, à base de chardonnay uniquement. Granny Smith, raisin frais, banane. Très frais, malgré ses 70 g de sucre résiduel, une perle discrète commence à poindre, qui va évoluer vers une prise de mousse naturelle.

    Muscadet de Sèvre-et-Maine 2000, Landron
    Un vin élégant et raffiné, que personne n’a osé situer à l‘aveugle dans cette appellation! Maturité, minéralité, rectitude et linéarité, avec une finale sur de beaux amers, font de ce vin un modèle de pureté aromatique. LE Muscadet! Superbe!

    Anjou La Roche 2002, Domaine des Griottes
    Nez très mûr, sur l’ananas rôti et caramélisé, faisant discuter un côté oxydatif versus grande maturité. La structure est ample et large, puissante, avec une finale vive qui ramène un peu d’acidité sur des notes miellées. Un style radicalement opposé au précédent, mais tout aussi beau! Deux vins complémentaires!

    Les Mortiers, Domaine du Briseau
    On passe au rouge, avec ce vin à la robe rubis légèrement trouble, donnant le sentiment d’une légère évolution. Le nez est par contre d’une grande pureté de fruit, sur les petits fruits rouges (groseille, cerise, framboise), les épices, la violette avec un côté légèrement acidulé. Très friand, avec des tanins lisses, il se boit avec délectation. Du fruit enfermé dans la bouteille! Issu du Pineau d’Aunis, c’est une production de Christian Chaussard et Nathalie Gaubicher, vignerons aux Nérons, dans la Sarthe.

    Arbois-Pupillin 1997, Pierre Overnoy
    Une bouteille apportée par Manu Houillon. Le premier nez est très réduit, fromager, et gêne un peu les âmes sensibles! Il gagne pourtant son fruit à la force du poignet. La bouche est large, patinée, lisse et caressante, avec des tanins soyeux.
    « Un vin qui a du mal à vieillir », dira Manu Houillon. Et c’est vrai qu’il ne fait pas son âge, ce Ploussard, peut-être même qu’il ne le fera pas avant longtemps! Pour Manu, ces arômes pouvant paraître désagréables au prime abord, sont la conséquence de l’autolyse des levures et ne sont pas liées à une banale réduction. Et c’est ce qui explique très certainement le fait que le temps ne semble pas avoir d’emprise sur le vin pour l’instant. Personnellement, j’adore!

    La Mémé 2000, Domaine Gramenon
    La robe est rubis soutenu. Le nez est déjà un peu secondaire, cacaoté légèrement, mais exprimant encore bien les fruits des bois, la griotte. En bouche, une tension minérale donne de la structure au vin, avec un petit côté acéré, vif. On trouve alors une petite note parasite, diversement appréciée, liège, terre, racine de gentiane, qui laisse supposer un léger défaut et empêche d’être totalement conquis. Les tanins finaux sont accrocheurs, avec une pointe d’alcool trop marquée.
    Un vin quand même bien séduisant, malgré ses petites imperfections, probablement bouteille dépendante!

    Humagne rouge 2000, S. Maye
    Une bouteille-mystère apportée par l’un des participants. La robe est burlat, le nez est intense, animal et végétal, un peu chargé en alcool. La bouche est sphérique, avec un volume consistant. La rétro porte encore bien le fruit et fait ressortir une pointe d’alcool. A aucun moment je n’ai évoqué une humagne, un cépage qui semble pourtant assez caractéristique à identifier! Un vin plutôt bien bâti, et pas encore au bout de sa route! L’effet millésime?

    L‘Oriental 2002, Domaine de la Rectorie
    Un nez qui m’évoque le grenache, sur la cerise et le kirsch. La bouche est large, puissante, chaude en alcool, mais veloutée. Pas de réel déséquilibre, malgré cet alcool marqué, mais un vin costaud! Il s’agit d’un « Banyuls non muté », donc commercialisé en Vin de Table, qui a trouvé spontanément son équilibre autour de 15°. Une bouteille originale et étonnante, et une découverte signée Le Seb.

    Faugères Jadis 2001, Domaine Barral
    Premier nez sauvage et bestial, animal, avec de la volatile, mais une grande fougue séductrice. Une grande digestibilité malgré la puissance de l’alcool, et des tanins accrocheurs en finale. Une forte personnalité! J’adore!

    La Folie 2002, Domaine de Puydeval
    Un domaine situé dans l’Aude et un viticulteur, Jeff Carel, qui commence à faire parler de lui. Du chenin égaré en Limouxois, qui a bien réussi à piéger son monde!
    Nez miellé, botrytis, minéral avec un petit côté mine de crayon. La bouche est fraîche mais la finale est un peu dysharmonieuse, déliquescente, avec un côté sucré qui ressort et vient légèrement l’alourdir. Equilibre imparfait, mais vin tout à fait correct. Un vin-étonnant, pour tout dire!

    Cuvée Caroline 2000, Domaine des Griottes
    Sa robe ambrée et son nez sur les fruits secs, l’abricot et la figue séchée évoquent irrésistiblement un Vin de Paille jurassien. Sa minéralité, également, sur des notes de mine de crayon. Mais pas son côté pharmaceutique, camphré, étheré, qui est un peu moins agréable. En bouche, il y a un bel équilibre sur l’acidité, sans lourdeur aucune. Et pourtant, il persiste environ 300 g de résiduel! Il s’agit d’une version collector produite à environ une centaine de bouteilles, un botrytis total sur un chenin d’Anjou, rafle incluse. Et une vinification sans soufre, de surcroît. Un premier essai plutôt intéressant, même si imparfait, qui devrait en appeler d’autres.

    Fin de la randonnée en pleine nature, et casse-croûte récupérateur concocté par Maître Jean-Claude, le charcutier-traiteur attitré des Jardins. Des balades comme cela, on en redemande!

    Olif