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  • REVEVIN 2010: Le Savagnin dans tous ses états, la dégustation


    Compte-rendu de la première session de ces REVEVIN 2010, où le Jura, et plus spécifiquement le Savagnin, se sont retrouvés sous le feu des projecteurs l'espace d'une matinée. Le Jura fut donc le premier invité à monter les marches du patio du Chai Carlina, ce vendredi 14 mai à Saint-Jean de Monts. Son climat aussi, puisque des températures, interprétées comme jurassiques en cette Ascension vendéenne, se sont invitées en dernière minute. Mamert, tu nous fous les glandes. Retourne au Groënland avec Servais, ton pote Inuit. Et, par la même occasion, emmène Pancrace avec toi. Il ne faisait pas -36,7°C le matin, comme à Mouthe dans le Doubs en janvier 1958, mais on y ressentait une fraicheur océanique  non négligeable, à l'origine d'une extériorisation des poils de l'avant-bras des escapadeurs frileux et d'une intériorisation dans le Chai dès le début de soirée. Pas question, toutefois, de ne pas d'enfiler la tenue rituelle lors de ce séjour ascensionnel vendéen: short et sandales. En mai, fais ce qu'il te plaît et déguste les mollets et orteils à l'air.

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    Du savagnin plein les verres. Exclusivement, même. Le regard crispé de certains des  courageux participants pouvait faire croire que l'on s'apprêtait à  tourner un remake de Fear factor, mais la peur laissa progressivement la place à l'ébahissement et au plaisir au bout de quelques verres. Enfin, j'ose le supposer, personne n'avait de revolver sur la tempe. Les vins ont été servis, généralement par deux, dévoilés en plusieurs temps afin d'apporter les précisions nécessaires à la compréhension de chaque série. J'étais le seul à connaitre l'ordre de service et les vins dégustés, évidemment.

     

    Mise en bouche

     

    -      Arbois Traminer 2006 Stéphane Tissot en 2 services, bouché à vis et bouché liège, sur le même millésime : une vision particulière du savagnin, voulue par Stéphane Tissot. Élevage court, en cuve, pour préserver le fruit et les arômes primaires du cépage. Destiné à une consommation rapide, même si une conservation est possible quelques années, il a été bouché à vis depuis 2006, parallèlement au bouchage classique. Le vin bouché liège semble plus fruité et épanoui. Simple et direct, il est plaisant mais un peu alangui en bouche. Le vin à capsule fleure une petite réduction. Légèrement pétrolé, il est tonique et vif, se révélant au contact de l'air. A mon sens, le bouchage à vis s'avère supérieur, en terme de vieillissement sur ce type de vin destiné à être immédiat, préservant mieux la tonicité et la nervosité. L'avis ne fut pas unanime, mais juste majoritaire. Les deux bouteilles ont leur intérêt, mais, dorénavant, il est fort probable que l'intégralité du Traminer soit bouchée à vis. C'est en tout cas ce que souhaite Stéphane.

     

    -      Savagnin du Domaine Macle, prélevé sur fût, destiné à du Château Chalon, en 2 services sur 2 millésimes, 2008 et 2005: deux futurs Château Chalon qui ne le sont encore pas. Ou la perception du basculement vers  un autre monde, celui de l'oxydatif. Ce type de dégustation de deux savagnins en cours de vieillissement est toujours un moment d'exception, à apprécier religieusement. Le 2008 est encore fermé et peu expressif au nez. Le pamplemousse s'éloigne pour laisser apparaître des épices. La structure du vin est déjà en place, en filigrane. 2005 fait voyager dans l'autre dimension. Ça y'est, le voile fait son effet. La noix verte est apparue, le curry également, un petit peu. La bouche est profonde et dense, développant déjà une pointe de gras, avant de se fondre dans une finale immense et persistante. Un grand Château Chalon en perspective.

     

     

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    Savagnins ouillés

     

    Le Païen, cépage valaisan, n'est autre que le savagnin blanc jurassien. Il est classiquement élevé avec ouillage, même si certains tentent des essais de voile dans un but purement expérimental. Dans le Haut Valais, il prend le nom de Heida. Ces deux pirates, qui vont ouvrir le bal de la série des savagnins ouillés, ont été sélectionnées par Laurent « Vins-Confédérés » Probst et ont joué leur rôle à la perfection, ne venant même pas semer le trouble dans l'esprit des Revevineurs.

     

    -      Heida 2008, Collection Chandra Kurt, Cave de Provins, Valais : cette cuvée est vinifiée par Madeleine Gay, l'œnologue-vedette de la cave de Provins-Valais. Nez plutôt floral et discret, bouche simple, sapide et fraîche. Une jolie entrée en matière, tout en délicatesse.

     

    -      Païen 2008, La Cave à Polyte, Valais: nez ouvert, épicé, sur des notes de céleri en branches. Décoiffant! La bouche est vive, développant de l'acidulé qui termine sur une pointe d'amertume. Aromatique particulière (levurage?) et structure pas complètement en place, mais un vin intéressant.

     

    -      Arbois Savagnin 2006 et 2008 (prélevé sur fût), Domaine de l'Octavin : deux cuvées de savagnin ouillé d'un jeune domaine jurassien extrêmement prometteur, à comparer, pour juger des progrès en matière de vinification (entre 2006 et 2008, évolution vers la biodynamie et plus de naturels dans les vins). 2008 possède tension, acidulé et vivacité, mais ne s'exprime encore que très peu dans le verre. L'élevage devrait lui amener de la complexité. 2006 possède du gras et de l'onctuosité, avec une belle minéralité jurassienne sous-jacente, mais manque à peine de nerf en finale.

     

    -      Côtes du Jura Novelin 2006, La Maison de Rose : un joli savagnin ouillé d'un fort sympathique domaine situé à Saint-Lothain, au Sud de Poligny, qui travaille chardonnay et savagnin dans le même esprit de fraîcheur. Ce 2006 est à point, floral avec un zeste d'épices et une pointe de massepain.

     

    -      Côtes du Jura Savagnin Chalasses Marnes bleues 2006, Jean-François Ganevat : une référence dans le landerneau jurassien, en matière de vins ouillés. Le Chardonnay des Chalasses est un must, le Savagnin l'est tout autant, grâce à la présence de ces marnes bleues si caractéristiques et propices au bon développement du savagnin. Une grande cuvée, qui se goûte au top, avec toujours autant d'acidité directrice et de droiture. Un modèle du genre!

     

    -      Côtes du Jura Fleur de Savagnin 2001, Collectif Labet : une cuvée désormais classique de ce domaine, qui est plutôt réputé dans les  sélections parcellaires ouillées de Chardonnay. Le Savagnin a aussi grandement sa place en Sud-Revermont, le terroir s'y prête. La robe est dorée, le nez est complexe, iodé, sur la cire et les épices. Une bouteille à boire, parvenue à maturité, qui garde encore de la fraicheur.

     

    Vieux Savagnins ouillés

     

    -      Côtes du Jura Savagnin 2001 ouillé 6 ans, Collectif Labet : un collector, totalement épuisé au domaine. Le même que précédemment, si ce n'est qu'il a vieilli 6 ans en fût plutôt qu'en bouteille. Le nez est plus miellé, marqué encaustique, avec un séduisant côté "vieux chardonnay". L'attaque est plutôt doucereuse, puis développe de l'amplitude, s'élargit et persiste longuement.

     

    -      Arbois-Pupillin Savagnin 2003, Domaine Overnoy-Houillon : le domaine de référence en matière de vieux savagnins ouillés, sur un millésime très particulier. Où l'on devrait découvrir que la canicule n'a que très peu affecté les sols jurassiens marneux, l'élevage long permettant en outre un affinage de l'alcool. Premier nez champignonneux, faisant craindre une déviance liégeuse. En bouche, noix, épices, et toujours cette petite sensation "liège". La structure du vin me parait altérée, ne ressemblant nullement à la précédente bouteille dégustée. Aurait-il été frappé de savagninite aigüe?

     

    -      Côtes du Jura 1999 Les Vignes de mon père, Jean-François Ganevat : 9 années d'ouillage pour acquérir une complexité digne d'un Jaune. Vive l'élevage long, même s'il est encore légèrement perceptible au nez. La bouche est fraîche, riche, immense, puissante et longue, très épicée. Magnifique!

     

     

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    Savagnins sous voile

     

    -      Côtes du Jura 2007, Clos des Grives : un savagnin classique, élevé sous voile. Vignoble du Sud-Revermont, culture bio certifiée depuis de nombreuses années. D'expression classique, sur la noix verte. Pas immensément complexe, mais agréable.

     

    -      Arbois Soliste 2004, Jean-Marc Brignot : le premier millésime de Jean-Marc Brignot, qui découvrait à la fois ce cépage et le voile. Élevage d'un an en cuve sous voile, sans soufre. Nez oxydatif très fin, gardant du fruit. Bouche fine et élégante, juteuse et fraiche, persistante. Un savagnin oxydatif tout en dentelle. J'adore.

     

     

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    Vins jaunes

     

    -      Arbois Vin Jaune 2003 Les Bruyères  et Arbois Vin Jaune 2003 En Spois, Stéphane Tissot : les premiers Vins Jaunes de terroir, par Stéphane Tissot. Une approche de la finesse du Jaune dans un essai de hiérarchisation et de différenciation des terroirs à oxydatifs. En Spois toujours plus rond et immédiat, Les Bruyères tourbé et fumé, plus large et riche en alcool.

     

    -      Château Chalon 2003, Domaine Macle : le dernier-né de Château Chalon, en avant-première (ou presque) sur la croisette de Saint-Jean. Tout jeune, presque bébé, il est plutôt sphérique, très rond en attaque, avec une relative fraicheur.

     

    -      Arbois Vin Jaune 2000, Michel Gahier : un Jaune d'Arbois dans un style classiquement différent de celui de Château Chalon, mais s'exprimant ici dans un registre plutôt fin. Miel, épices, après une fugace note de croûte de fromage. Long, persistant et très agréable. Il a déjà du répondant et devrait franchir les années sans trop de peine.

     

    -      Arbois vin jaune cuvé 1992, Stéphane Tissot : une version « cuvée » d'un savagnin, dont les raisins ont été laissés à macérer dans le jus comme s'il s'agissait au départ d'un vin rouge, à la façon ancestrale de certains vins italiens (type Radikon). Ensuite, élevage classique sous voile pendant 6 ans. Rien à voir avec un Jaune traditionnel. Avant tout un vin blanc « cuvé », avec cette sensation tannique si particulière ! Et une jolie couleur orangée. Fin et complexe, immensément bon.

     

     

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    Savagnin surmaturé

     

    -      Arbois Solstice 2003, Domaine de la Tournelle, Evelyne et Pascal Clairet : un savagnin ouillé en surmaturation, vinifié en principe en sec. En 2003, il reste 42g de sucre résiduel, du fait de la richesse du millésime. Pourtant, il goûte sec, ayant commencé à manger les sucres qui lui restent. Equilibre entre deux, lié au millésime, pas complètement convaincant.

     

    Savagnins avec sucres résiduels

     

    -      L'école Buissonnière 2008, La Maison de Rose, Vin de Table : vendange tardive de Savagnin à l'équilibre demi-sec plutôt aérien. La robe est très claire, l'acidulé bien développé. Un vin séducteur, de pur plaisir.

     

    -      Arbois-Pupillin 2007 L'ivresse de Noé, Philippe Bornard : vendange tardive de novembre à l'équilibre demi-sec léger, avec une pointe d'acidité.

     

    -      Arbois-Pupillin 1998, Philippe Bornard : une bouteille de derrière les fagots, vendange tardive de savagnin élevée sous voile pendant 8 ans et jamais commercialisée. Un équilibre irréel et improbable, entre sucre et oxydation. Le nez est complexe, sur la croûte de fromage et les raisins de Corinthe. Bouche arrondie par l'alcool, oxydative mais bien en place.

     

    -      Arbois Mélodie 2004, Stéphane Tissot : Savagnin de glace récolté en 2004, au mois de décembre, par -11°C. Une véritable curiosité à découvrir, que j'ai la chance de suivre depuis son berceau. L'évolution est à la hauteur de ce que j'ai pu goûter dans sa jeunesse. On y retrouve de subtiles notes de clou de girofle qui ponctuent un équilibre magique, sur la tension acidulée.

     

    -      SulQ 2002, Jean-François Ganevat, Vin de Table : sélection de Grains Nobles de Savagnin récoltés en décembre 2002. Les millésimes récents ont été réalisés en assemblage avec des vieux cépages oubliés et ne sont donc plus un vin de pur savagnin. Une bouteille collector, un liquoreux ultra-concentré réservé aux gourmands, qui sait préserver son petit coin de fraîcheur. Exceptionnel!

     

    Savagnins avec bulles

     

    -      Ça va bien, Philippe Bornard : pétillant naturel à base de savagnin, des bulles acidulées pour se refaire le palais. Festif, sur des notes de pomme et d'épices, avec un côté très rafraichissant. Ben oui, après ça, ça va bien.

     

     

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    Voilà pour un aperçu volontairement sélectif, mais que j'espère représentatif des potentialités et de la valeur du Savagnin, un cépage à découvrir sans restriction ni modération.

    Un grand merci aux vignerons sollicités, qui ont tous répondu présent avec générosité, ainsi qu'à Laurent Probst, de Vins-confédérés pour sa contribution courageuse autant que désintéressée, et au CIVJ, pour avoir gracieusement fourni toute une documentation à l'intention des participants. Quelques bouteilles proviennent également de ma cave personnelle, soit parce qu'elles étaient épuisées au domaine, soit parce que je n'ai pas eu la possibilité matérielle de passer récupérer auprès des vignerons les échantillons promis.

     

     

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    Crédit photo: Escapades

    Olif

     

  • Oyez Oyez, braves gens...


    ... la Percée du Vin Jaune is back to the Roots. Comme la Dive bouteille! Même si ça ne se passera pas dans des caves troglodytes mais plutôt jurassiques. A Poligny, sur les lieux mêmes de la première Percée, il y a 14 ans maintenant.

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    Nul doute qu'à cette occasion, on saura tout sur le Vin Jaune, mais aussi sur le dzidzi*, puisque c'est Pierre Perret qui sera le parrain de la manifestation. On se réjouit de chanter quelques paillardes en sa compagnie lors de la mise en perce de quelque jeune et jolie polinoise rondelette.

    Oyez oyez, mais n'omettez pas d'ouiller de temps en temps, histoire de révéler toute la diversité du Jura.

    Ouillez ouillez, braves gens ...

    C'est ce que n'a pas hésité à faire Laurent Macle depuis 2007, rompant ainsi avec la tradition familiale, mais en s'inspirant des vignerons jurassiens qui excellent dans cette technique, Fanfan Ganevat en tête. Cette cuvée de Côtes du Jura Chardonnay, qui devrait bientôt être suivie par la même en Savagnin, cela fait quelques mois que je l'apprécie régulièrement. Elle devrait enfin être commercialisée, réservée à quelques initiés privilégiés qui sauront la dénicher, depuis qu'elle est enfin habillée. Pour l'étiqueter, à l'instar de Mouton-Rotschild, il a été fait appel à une grande artiste du cru, qui a su reproduire la fraicheur, l'innocence et la minéralité de cette cuvée. "Vendanges à Manue" pourrait être son intitulé, Carmen a été bien inspirée. Cliché en avant-première mondiale!

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    On est autant ravi de ce contrepied au royaume de l'oxydatif que de participer au grand raoût du Vin Jaune le 6 février 2010 à Poligny! Vive le Jura libre!

    Olif

    * le dzi, c'est le petit robinet vissé dans le fût qui sert à goûter le Vin Jaune en cours d'élevage sans avoir à percer le voile.

  • G.P.S

     

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    Janvier, mois du blanc. Pas trop tôt! Petite couche de poudreuse, premières sorties lattes aux pieds. Pour éviter de se perdre dans le dédale des pistes enneigées, une seule solution! G.P.S. Dans la gourde. Un vin blanc d'antan pour hiver d'antan. Gourmandise fruitée sur trame acidulée. Fraicheur hivernale réchauffant le cœur. Gamay blanc, Poulsard et Savagnin 2008, vendangés, pressés et vinifiés ensemble, de la manière la plus simple et la plus franche qui soit. Sans gibolin ni autre cochonnerie en n'dans. Ben, c'est bien bon, ma foi! Gouleyant comme pas permis. Un petit bijou de vin en provenance du domaine Pignier, à Montaigu. Dans le Jura. Loin de la digue.

     

    G.P.S, le vin blanc des Saint-Bernard des pistes, à boire au tonneau.

     

     

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    Olif

     

    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.

     

     

  • Château Chalon: Jean Macle à la puissance 10!

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    A l'occasion de la sortie annoncée des grenouilles d'automne (de mignons batraciens qui profitent des jours humides pour transhumer du marais jusqu'au bois (à moins que ce ne soit l'inverse?), se laissant volontiers ramasser par le grenouilleur quand ils ne font pas écraser sur la route), une date fut retenue pour se sustenter autour de quelques flacons que l'on a voulu jaunes, trapus et timbrés. Dix clavelins estampillés Château Chalon. Plus précisément marqués d'un M, comme Macle, la prestigieuse marque jaune castelchalonnaise. Tous antérieurs aux années nonante, en provenance de caves personnelles, où ils ont été conservés pieusement pendant toutes ces années, suite à leur acquisition en direct du domaine. Une vraie verticale pour Jurassiens montagnards, dans leur auberge favorite, celle des Montagnards, là où l'on mange les meilleures cuisses de grenouilles de tout le cosmos, et même au-delà.

    Les clavelins ont été débouchés entre 4 et 10 heures au préalable (une moyenne honorable de 2 à l'heure!) et ont été dégustés à découvert, par ordre décroissant des millésimes, avant d'être en grande partie achevés tranquillement au cours du repas qui a suivi.

    En l'honneur du grand absent de la soirée, Laurent Macle, retenu ailleurs par d'autres obligations, on s'est fait la bouche avec son fort joli Côtes du Jura, pas encore commercialisé, un Chardonnay ouillé 2007, frais et vif, citronné, à la belle minéralité jurassienne sous-jacente.

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    Place aux clavelins élaborés par Jean Macle, après une deuxième mise en bouche, par un aïeul qui ne fait pas son âge:

    - Château Chalon 1951, Georges Bury: nez très nettement rancio, avec de l'orange amère, des notes de sous-bois, de champignon, de fruits secs. Très changeant au niveau de la palette aromatique, il faut le prendre comme il vient. La bouche possède une relative finesse, avec de la douceur et du moelleux en son milieu. La finale redevient sèche, légèrement fuyante. Un passionnant voyage dans le temps!

    - Château Chalon Jean Macle 1990: le plus jeune de tous, réellement et potentiellement. Plutôt fermé au nez, il laisse pudiquement échapper quelques notes pétrolées. De la minéralité, un côté chaleureux témoignant de sa richesse en alcool et puis une longueur exceptionnelle, qui s'étire autant que faire se peut. A enfermer dans un coffre dont la clé à été jetée au fond d'un puits, pour être sûr de ne pas y toucher avant une bonne décennie.

    - Château Chalon Jean Macle 1989: nez d'une grande finesse, ouvert, légèrement surmaturé, dans lequel on retrouve des épices, de l'écorce d'orange confite et du pétrole. Bouche d'une grande jeunesse, épurée, tendue, enveloppant le palais. Déjà beaucoup de plaisir dans ce clavelin doté d'un énorme potentiel.


    - Château Chalon Jean Macle 1988: le deuxième grand absent de la soirée, pour cause d'année de mariage. Les 2 exemplaires restants en cave seront consommés pendant la nuit de noces d'or par les heureux récipiendaires. Nous n'aurons donc pas pu faire le grand chelem des eighties!


    - Château Chalon Jean Macle 1987: 12 ans et on commence à sentir l'évolution au nez. Miel, moka, et toujours ces notes pétrolées caractéristiques de l'évolution des vins de Jean Macle au vieillissement. L'attaque est presque doucereuse, laissant la place à une tension acidulée prononcée. La bouche est fuselée, dans un registre très fin, sans excès ni caractère démonstratif. Son versant acide marqué et très sec en finale ne l'avantage pas par rapport aux autres millésimes, mais il sait néanmoins bien se tenir.


    - Château Chalon Jean Macle 1986: avec celui-ci, on pénètre dans toute la complexité du Cru. Toute sa richesse, également, mais aussi sa finesse et sa subtilité. L'orange confite s'impose au nez comme en bouche, domainant les épices et le curry, enrobant la belle acidité qui se prolonge jusque dans une finale salivante. Nickel! Une très grande bouteille!


    - Château Chalon Jean Macle 1985: un cran en dessous, mais sur le même registre d'épices et d'écorce d'orange. La bouche possède une certaine rondeur alcooleuse et une pointe d'acidité finale, pas complètement fondue, ni totalement harmonieuse.


    - Château Chalon Jean Macle 1983: les arômes d'évolution révélés par l'âge sont désormais bien présents. Moka, épices, orange amère sont sur le devant de la scène. Le vin s'épanouit dans le verre, joue sur la séduction, se laisse cajoler et boire avec délectation.


    - Château Chalon Jean Macle 1982: un millésime dilué, d'une manière générale, qui rend les vins plus simples et faciles d'accès. Celui-ci ne déroge pas à la règle. On est sur l'évolution, avec des notes hyrocarbures bien présentes. La complexité est moindre. Sa structure sphérique fait qu'il manque de longueur, finissant court sur une légère amertume qui me dérange un peu.


    - Château Chalon Jean Macle 1981: un échantillon légèrement défectueux, au nez perturbé par une petite note liégeuse, n'altérant pourtant en rien la structure du vin. Les notes de pétrole sont toujours présentes. A revoir sur un autre échantillon, au grand regret des jeunots  de l'assistance, nés la même année!


    - Château Chalon Jean Macle 1979: 30 ans et des notes d'évolution pourtant très discrètes au nez. Moka, caramel au lait, épices, curry, champignon, truffe même, pour certains. Le sotolon fait son œuvre en bouche, démultipliant les arômes. C'est complexe, c'est bon, c'est une grande bouteille!


    - Château Chalon Jean Macle 1976: le nez est complexe, confit, sur des notes douces d'écorce d'orange, d'épices, de cannelle, de miel. L'acidité est toujours là, mais arrondie, comme patinée par le temps. Une tension sous-jacente maintient le vin en bouche et prolonge la finale. Magnifique! Une nouvelle vie s'ouvre devant lui, celle de la maturité pour encore longtemps.

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    La cerise sur le gâteau, ce fut cette bouteille sans étiquette ne ressemblant pas à un clavelin et qui s'est avérée être un vieux Macvin antediluvien du domaine Macle, non millésimé mais probablement lui aussi des eighties, si ce n'est plus. Les notes de marc se sont magnifiquement intégrées à celles du raisin de Corinthe, l'équilibre est somptueux, le vin n'est que douceur et séduction, ça se boit comme du petit lait. Clap de fin. Château Chalon est vraiment le roi des vins, dans des mains aussi expertes que celles de Jean Macle. Dans 10 ans, on s'est promis de refaire la même, version nineties, pour confirmer que Laurent Macle a parfaitement digéré et intégré l'héritage du père.

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    Olif


  • Nicolas Joly's Birthday

    Jeudi 16 juillet 2009. Jour chaud, jour solaire. Celui d'une sympathique rencontre impromptue, quasi-improvisée, avec deux journalistes, chez Stéphane Tissot, dans son antre de Montigny. De passage dans le Jura, Marc Vanhellemont, de la revue belge IVV, et André Devald, journaliste danois dont le nom de la revue m'échappe (je ne parle pas danois couramment, mais André maitr!se bien le français, par contre), font le plein de sensations jurassiennes. Trois jours de pérégrinations intensives pour capter la quintessence d'une région que Marc connait déjà sur le bout du pouce, s'y sentant quasiment comme chez lui. In vino du Jura véritas!

     

    Tour de vignes vite fait, d'En Muzard à Curon. Pas loin de 30° sous le soleil, exactement. La Tour est là pour nous mettre à l'ombre. N'y manquent qu'une table, des chaises et des verres.

     

    Arbois vu de la Tour

    Arbois vu de la Tour de Curon, aux volets habituellement clos, ouverts pour l'occasion

     

    Retour à Montigny pour déguster les 2007 de Stéphane. Jour fruit? Ça goûte plutôt bien. Insolamment, même! Quand des vins biodynamiques goûtent comme ça, c'est que c'est au moins l'anniversaire de Nicolas Joly! Cuvée classique 2007 désaltérante, des Bruyères qui maillochent un peu (probablement en raison de l'intégration d'une nouvelle plantation en échalas, qui avait donné naissance à une cuvée Troisième feuille en 2006), des Graviers minéraux comme jamais, une Mailloche qui mailloche de moins en moins, perdant progressivement sa rusticité argileuse au profit d'une élégance de plus en plus racée, En Barberon 2006 d'une grande complexité olfactive et à la personnalité résolument affirmée, et, pour finir, Curon 2006, qui vous expédie direct dans la quatrième dimension vinique. Côté rouge, le Plouplou dessoiffe toujours autant, sans soufre et sans esbrouffe, le Trousseau possède un beau soyeux et un joli fruit, le Pinot noir En Barberon a rarement été aussi buvable et digeste dans sa prime jeunesse (une seule cuve, vinifiée 100% en grains entiers). Dernière session à la santé de Nicolas Joly, les savagnins. Du limpide Traminer 2007 au Jaune 2002, fruité en attaque, profond en finale, en passant par le jouissif Savagnin 2005 sous voile, passionnante passerelle entre les deux. De l'oxydation maitr!sée. C'est à dire comme ménagée, mais en mieux.

    Direction La Balance, mets et vins en Arbois. Les mets, ce sont ceux concoctés par Thierry Moyne, les vins, Stéphane y pourvoira encore largement. On (re)commence avec deux Crémants 2007 servis à l'aveugle en parallèle. L'un élaboré avec les levures du commerce, standard, l'autre avec des levures indigènes (pied de cuve de Paille). Le premier pète le fruit, est plus immédiat, mais lasse vite. Le second est moins facile à appréhender, mais au final est bien plus vineux et complexe. Pas photo, même si une dégustation trop rapide peut fausser le jugement. Je me suis laissé prendre! A l'avenir, la majorité des Crémants du domaine seront indigènes.

    S'en suivront un certain nombre de bouteilles, pour accompagner le menu Délices de Saison et, entre autres, quelques blancs (superbes En Barberon 2007 et 2000, douteuses Bruyères 99 (liège?)) sur le pas du tout vaseux Tartare de carpe de Mme Roubez. 2 ou 3 rouges (exceptionnel Arbois Pinot noir Aymeric 1997, entre autres) pour ceux qui avaient pris de la viande ou juste pour le plaisir, et enfin une petite poignée de jaunes (le puissant et original Vin jaune cuvé, millésime 1992 et le 1985, fondu et prêt à boire) sur le sublimissime coq maison.

    Avec le dessert, déclinaison de liquoreux, à apprécier comme un dessert à eux tout seuls: Mélodie 2004, le Savagnin de glace qui est en train de  la briser et de changer gentiment de registre aromatique, Audace 2006, Spirale 2005 et 2006 (beaucoup plus acidulée, car quasi-exclusivement savagnin, le Ploussard étant rentré majoritairement dans Audace), et enfin PMG 2005, très PMG, voire encore plus, avec pas loin de 500 g de sucres résiduels.

     

    Y'a pas, c'était vraiment la fête au village ce jeudi soir-là. Et très certainement l'anniversaire de Nicolas Joly!

     

    Arbois

     

    Olif

  • Philippe Bornard, rusé vigneron pupillanais

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    Philippe Bornard est un vigneron rusé. Comme son nom semble l'indiquer. Coopérateur de longue date à Pupillin, il a, depuis toujours, vinifié quelques cuvées à titre personnel et privé. Depuis 2005, il avance crinière au vent. Il a cessé de vendre son raisin à la coopérative, pour produire désormais ses propres vins. Et c'est tant mieux! Un jeune domaine, mais un vigneron qui a de l'ancienneté et du bagage. Et des millésimes anciens à la cave. Son plaisir: les ouvrir et en faire profiter les amateurs et les amatrices, bien au frais dans le joli carnodze aménagé dans une des magnifiques caves du domaine. Une dégustation à l'aveugle, où il s'agissait d'identifier cépage et millésime. Le producteur? Ben, on le connaissait tous! Cela peut paraitre facile de prime abord, mais le sans-faute est rare. Les meilleurs se fourvoient allègrement, confondant trousseau et ploussard, voire, pour les plus mauvais, ploussard et poulsard, ce qui est définitivement mal vu à Pupillin. Même si, comme chacun sait, l'important, c'est finalement d'en boire.

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    Philippe Bornard à la Beaujoloise 2009 (une photo piquée à Estèbe, mais il n'avait qu'à pas la laisser trainer sur mon disque dur!)


    Les cépages rouges jurassiens, ces grands incompris, ont largement de quoi séduire les amateurs lorsqu'ils sont travaillés intelligemment. Ils possèdent en outre une grande aptitude au vieillissement. Les plus anciens, récoltés mûrs et bien vinifiés, dans les beaux millésimes, ont de beaux jours devant eux et paraissent encore bien jeunes. La preuve avec le premier vin à ouvrir le bal, un Arbois-Pupillin Ploussard 1976 à la robe œil de perdrix, une grande partie des anthocyanes étant restée accrochée aux parois de la bouteille. Dépouillé de ses atours, pas de sa matière. Evolué, certes, mais sa structure droite, acidulée, poivrée et fraiche porte encore bien loin. 33 ans, le gaillard! Et toujours debout. Le Trousseau 1997 fut l'un des plus beaux vins proposés à la dégustation. Le plus complet, certainement. Une structure parfaitement bien définie, à maturité optimale, un grand moment gustatif. Le Pinot noir 1990 était un petit cran en-dessous, sans démériter pour autant. Plusieurs autres vins au programme, pas un seul âgé de moins de 10 ans, mais une grosse panne de stylo n'a pas permis la prise de notes précises. Sans aucun doute la faute à Mehdi, le trublion retardataire de la soirée, ratapoil* de surcroît. Quelque soit leur âge, aucun des vins n'a failli. En blanc, mention particulière pour un Chardonnay 1976, impeccable, qui n'était pas s'en rappeler les vins de Camille Loye du même millésime. Certains ont préféré le 1979, malgré un petit manque de netteté sur le premier nez. On ne peut pas pour autant leur en vouloir! Des vins idéalement vinifiés, avec le moins d'intrants possibles, embouteillés avec un peu de gaz, ce qui leur assure fraicheur et longévité.

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    La jolie et rusée étiquette orangée du domaine. Seul le nom de la cuvée change de l'une à l'autre, Goupil, lui, est toujours là.

    Beaucoup plus récent, servi sur les succulentes saucisses vigneronnes cuites dans la cheminée, cet Arbois-Pupillin Ploussard 2008 en macération carbonique sera le dernier coup de cœur: du raisin, point barre! D'ailleurs c'est son nom, à cette cuvée. On en boit des seaux,  Point barre! Le futur est en marche, mais le passé a de beaux restes, du côté des Chambines** et de la Côte de Feule**.


    Olif

     

    * ratapoil: nom masculin, si c'est un homme, féminin le cas contraire. Personne qui a élaboré du vin pour sa propre consommation alors qu'il n'est pas officiellement vigneron.

    "Hmm!, il est bon, ton vin de ratapoil. Meilleur que celui que fait Untel!" En principe, ce genre de choses ne se dit pas. Ce n'est pas correct pour Untel.

    ** Les Chambines et la Côte de Feule sont deux noms de parcelles situées sur Pupillin. On essaiera d'y voir un peu plus clair sur les terroirs pupillanais un de ces jours.

  • Vendanges 2008 chez Emmanuel Houillon: Coupez!

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    Cette belle grappe de Chardonnay récoltée à Pupillin et photographiée amoureusement par Anne Houillon, du domaine Overnoy-Houillon, n'a pas résisté au coup de sécateur. Voilà résumé brièvement la teneur du petit message adressé par Anne aux amis du domaine. C'est parti pour deux à trois semaines de vendanges et les Chardonnays donnent pour l'instant entière satisfaction. On est impatient de tremper ses lèvres dans tout ça et heureux d'avoir des nouvelles quasi en direct-live des vendanges jurassiennes, qui se poursuivent sous une petite pluie et dans la fraicheur actuellement.
     
    Le Chardonnay 2007 de Manu se goûte très bien en ce moment, apparemment, si l'on en croit cet homme de goût familier du domaine. On peut le vérifier dans une petite vidéo tournée sur place et charmante comme tout, où toute la famille Overnoy-Houillon défile devant la caméra et où l'on boit les paroles de Pierre Overnoy comme si c'était son bon vin.
     
    Olif

  • L'affaire du voile

    Voile

    Rien à voir avec l'Islam, les Talibans, la lapidation, Pétillon ou Jack Palmer, mais, quand même..., ce voile, quelle affaire! On va donc causer terroir, pierres, que l'on sera aimable de ne pas jeter à la femme adultère (même si je ne suis pas derrière), levures, savagnin, vin, Château Chalon, Jura, rien que des choses habituelles sur ce blog. De manière tout à fait ludique, parce qu'on n'est pas là pour s'ennuyer, mais néanmoins intéressante, on va tout faire pour.


    Avant

    Après!

    Pourquoi ce raisin, si fruité et pamplemoussé à la sortie du pressoir, développe des notes maltées, épicées, "noyées" et "terpéniquées", après 6 ans d'élevage? Comment son acidité se civilise-t'elle, se complexifie-t'elle, se densifie-t'elle? Ceci pour en faire un des plus grands vins du Jura, système solaire inclus, comme aurait pu dire l'esthète Helvète Estèbe, qui ne perd jamais une occasion de ne pas garder sa langue dans sa poche, surtout lorsqu'il s'agit de lapper du Jaune! Autant de questions qui devraient rester sans réponses, mais au moins, j'aurais fait mon possible d'essayer!
    Pour cela, une seule solution, direction Château Chalon, au domaine Macle, pour y retrouver Laurent, le fiston de la famille, qui nous a concoté une nouvelle fois une dégustation exceptionnelle.

    "Petite" mise en bouche par une série de Chardonnay sélectionnés sur fûts, avant d'attaquer la grande verticale de Savagnin:

    - Chardonnay 2006: toujours en cuve, celui-là, malo non faite. Il exprime un fruité primaire gourmand, avant de se laisser aller à un peu de mordant en fin de bouche.

    - Chardonnay 2005: une année supplémentaire d'élevage, et le voile a fait son apparition. Prélevé sur un fût relativement récent en provenance de Bourgogne, il est encore marqué par une légère note boisée qui n'est absolument pas la marque du domaine et qui sera complètement gommée à la fin de l'élevage oxydatif. Petite note "éthanal", vernis à ongles, et grande longueur. Un vin déjà pourtant doté d'une suprême élégance!

    - Chardonnay 2004: le premier nez n'est pas d'une grande netteté, très levurien, un peu iodé, la signature d'un voile épais, d'après Laurent Macle. La bouche est ample et puissante, marquée par une grande acidité et une rétro sur les épices et la noix.

    - Côtes du Jura 2004: le même que précédemment, assemblé à 15 à 20% de savagnin, ce qui correspond au "standard" du domaine en appellation Côtes du Jura. L'apport du savagnin dans l'équilibre est fondamental sur un millésime aussi délicat que 2004. Le nez est franc, pur et droit, la note levurienne n'est plus perçue. La bouche possède plus d'allonge, est mieux constituée, la finale se fait sur une belle acidité salivante.

    - Chardonnay 2003: un échantillon sous voile prélevé avant la dernière mise de ce millésime. Le nez est tout à fait caractéristique d'une très belle oxydation fine, sur les épices et la pomme. Un vin rond, gras et soyeux en bouche, qui ne manque pas de nerf.

    - Côtes du Jura 2003: nez légèrement malté, sur les épices douces et le froment. Toujours de la levure, mais dans ce qu'elle apporte de mieux au vin. Bouche élégante et fraîche, avec une belle acidité finale.

    - Côtes du Jura 2000: un lot de millésime plus ancien remis à la vente après avoir subi une légère filtration qui lui faisait défaut à l'époque de sa première commercialisation. Cela permet d'attendre les premières mises de 2004, qui démarrent tout doucement, le 2003, une superbe réussite, étant désormais épuisé au domaine. Nez discret avec une pointe de menthol. Bouche arrondie, développant une pointe de gras. Long et harmonieux, un joli vin prêt à boire!

    - Côtes du Jura 1996: superbe nez d'une grande pureté, légèrement malté! D'une droiture parfaite en bouche, il est long et puissant, d'une persistance intense, mais toujours d'une grande finesse. Un très beau vin, issu d'un millésime très réussi ici.

    - Savagnin 2006: prélevé sur cuve, un Savagnin tout nu, avant la formation du voile. La robe est encore trouble, le premier nez réduit fugacement, sur des notes de caoutchouc. En bouche, le fruité domine, sur le pamplemousse, sans l'amertume, d'une grande gourmandise. Une petite perle signe vraisemblablement le début de la fermentation malo-lactique.

    - Savagnin 2005: prélevé sur fût, comme les suivants. Le voile est pudique, encore discret, mais il me semble déjà en percevoir l'apport au niveau de la trame du vin. Un peu moins fruité, un peu plus minéral, pas encore totalement oxydatif, déjà très élégant.

    - Savagnin 2004: le voile fait son oeuvre, nappant le vin d'arômes de pommes plus marqués, tandis que la structure s'étoffe, se densifie et s'enrichit. Pas l'éclat du 2005, mais une belle matière pour le millésime.

    - Savagnin 2003: le voile s'emballe, mais probablement du fait d'un effet millésime. Le nez claque sur l'éthanal, avec ses flaveurs de noix verte, ce qui n'est pas la marque habituelle des vins du domaine. Bouche large, riche et puissante, mais ne tenant qu'imparfaitement sur la longueur.

    - Savagnin 2002: un voile d'une grande délicatesse, presque sensuel, a recouvert ce vin aux senteurs florales et aux arômes discrètement levuriens, sur la mie de pain. Le retour vers la finesse. Le fruit n'est pas masqué, l'acidité est bien présente. Longueur et droiture semblent caractériser ce superbe futur Château Chalon. On approche tout doucettement du produit fini.

    - Savagnin 2001: sur celui-ci, exit le voile, il est en bouteilles; son élevage s'est arrêté au bout de trois années pour cause de déclassement complet du millésime avant la vendange. Un "simple" Côtes du Jura, donc, une cuvée de Savagnin pur, collector qui n'est pas à la vente. Il y en a de toute façon très peu, une grande partie de la (petite) récolte étant passée dans l'assemblage de Côtes du Jura du domaine. Nez légèrement caramélisé, avec un soupçon de végétal. Un peu mou en attaque, il se reprend en finale pour délivrer une acidité bienvenue sur une sensation un peu chaleureuse.

    - Savagnin 2000: le futur Château! Bientôt mis en perce à la Percée de Salins les Bains. Le voile a fait son oeuvre. Assez classiquement, avec un nez sur la noix et les épices douces. La bouche s'harmonise, avec beaucoup de rondeur, rendant ce nectar déja bon à avaler!  Au fur et à mesure que le Savagnin prend le voile, le Château Chalon se dévoile. Il lui a fallu 6 ans pour peaufiner ce petit bijou, il était temps de le découvrir! Il ne sera néanmoins pas commercialisé avant le printemps, une fois les 99 définitivement écoulés (ils sont toujours rationnés), ceci afin de combler le vide laissé par le millésime 2001.

    - Château Chalon 1999: le lot 02, bientôt épuisé, possède un superbe équilibre dans la droiture, avec une grande trame acide. Le lot 03, bientôt en vente, est pour l'instant légèrement différent, sur des notes de marc. Il n'est pour l'instant pas complètement en place, à mon avis. Avec le temps, d'après Laurent Macle, les mises différentes d'un même millésime finissent par tendre vers la même expression.

    - Château Chalon 1988: pour être convaincu du statut de plus grand vin du monde du Château Chalon (Curnonsky en cite 4 autres, mais je n'en ai retenu qu'un, le principal, en fait!), il faut pouvoir goûter un jour à l'un de ces clavelins affinés par le temps. La robe dore comme les blés. Le nez est superbe et épanoui, sur le moka, l'écorce d'oranges confites. Un rien minéral, avec quelques notes type hydrocarbure qui apportent de la complexité et de la tension. En bouche, c'est d'une grande douceur. L'acidité porte le vin délicatement jusque dans une finale harmonieuse d'une grande beauté. Incrachable!

    En trois petites heures, une joyeuse bande de détectives amateurs a réussi à résoudre l'énigme du voile. Enfin, résoudre...!  Approcher! Jack Palmer, l'homme au chapeau mou, serait quand même fier de nous.

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    (Dessin extrait de Wikipédia)

     

     

    Merci à Laurent Macle de nous avoir offert un tel moment de plaisir.

    Vivement la Percée 2007!

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    Olif

    P.S.: On peut également aller consulter à loisir les notes prises par l'ami Zappa lors de cette dégustation sur le Forum des Dégustateurs.